La fuite au lieu de l’universalisme

Ce sont des gens qui sont à la fois extrêmement proches et extrêmement loin du véganisme. Adeptes des religions juive ou musulmane, ou bien partisan des « zad », ils critiquent le « monde moderne ». Ils prônent des rapports différents avec les animaux et la Nature.

Mais au lieu d’aller de l’avant, vers l’universalisme, ils idéalisent le passé. Ils s’imaginent que dans le passé, il y avait justement des rapports corrects avec les animaux et la Nature, et qu’il suffit de recréer cela pour agir correctement.

Car on n’est pas dans la créativité, dans l’éloge de ce qui est nouveau : tant les uns que les autres assument ouvertement de se tourner vers le passé et de « revenir » aux méthodes qui y prédominaient.

Le « monde moderne » n’est pas critiqué, il est simplement nié. C’est l’éloge de la fuite : pour les religieux juifs et musulmans, c’est l’alyah et la hijra, le départ dans des zones où l’on peut vivre de manière « conforme », départ qui connaît plusieurs degrés : le communautarisme (urbain et plus rarement dans des villages), le départ dans d’autres pays.

Pour les autres, il y a les ZAD, ou l’installation dans des zones rurales : il ne faut pas ici penser qu’aux ZAD, il y a tout le mouvement de « l’insurrection qui vient » qui a concerné plusieurs milliers de personnes.

Tous ces gens ne sont nullement choqués par le véganisme, ni par l’affirmation comme quoi il faut changer son rapport avec les animaux et la Nature. Mais au lieu de reconnaître l’existence du monde moderne et de dire qu’il faut le changer, ces gens choisissent une porte de sortie individuelle.

C’est exactement comme l’ont fait (et le font) les hindouistes européens du type « Hare Krishna », qui ont dès les années 1970 appelé au départ pour une vie plus « saine », en dehors du monde moderne. Aux Etats-Unis, cela a également une grande importance avec une partie du mouvement hippie.

Voici un extraitd’un très intéressant article du Monde, intitulé L’antipolitique, péché originel de la Silicon Valley.

Dans les années 1960, les hippies convergeaient vers San Francisco pour y vivre en marge de la société. Aujourd’hui, cette ville attire des geeks prêts à monétiser la moindre ligne de code. Comment s’est opérée cette transformation ?

Une filiation directe existe entre ces deux groupes. Le mouvement néo-communaliste, comme je l’appelle en référence à ses idéaux de vie en commune, a en effet profondément inspiré le monde de l’informatique. Leur ambition était de changer le monde, mais très marqués par la guerre du Vietnam, ils se méfiaient de l’Etat, qu’ils assimilaient au complexe militaro-industriel. Il n’y avait pas chez eux d’ambition politique, comme c’était le cas dans l’autre courant de la contre-culture américaine, plus proche de Mai 68.

La commune devait permettre de cultiver et partager un même état d’esprit, libéré des injonctions de la bureaucratie. Et ainsi, par cercles concentriques, petit à petit, cette communauté de valeurs pourrait s’étendre et changer le monde. Cette idée était au cœur de la contre-culture qui était florissante à San Francisco dès 1967.

La réalisation personnelle constituait le second pilier de cette utopie. L’individu était incité à s’affirmer et se construire au sein de cette commune, notamment par la création d’une petite entreprise, investie dans l’économie durable, ou par la prise de LSD pour arriver à une forme d’éveil spirituel.

Les néo-communalistes nourrissaient enfin un fort intérêt pour la technologie, notamment les systèmes stéréo, que chacun pouvait apprendre à transformer et à adapter en fonction de ses désirs.

Cependant, au début des années 1980, ce rêve s’était évanoui. Les communes des années 1960 s’étaient effondrées. La guerre du Vietnam ne s’était pas terminée avant 1972, et l’Etat était toujours aussi puissant. Pour un personnage comme Stewart Brand, créateur en 1968 de l’emblématique Whole Earth Catalog, qui visait à donner « accès aux outils » pour une vie plus respectueuse de l’environnement et en parfaite autonomie, l’échec était cuisant.

L’informatique est pourtant un outil qui émerge rapidement à partir de la fin des années 1970.

Oui, Stewart Brand a trouvé dans l’informatique le moyen de se réinventer. La lecture du livre du journaliste Steven Levy, The Hackers, fut une grande source d’inspiration pour lui. Paru en 1984, cet ouvrage est le premier à décrire la culture hacker. Stewart Brand va s’inscrire dans ce mouvement dans l’espoir de réaliser la communauté de consciences dont rêvait la contre-culture. L’informatique en serait le véhicule. Stewart Brand organise la première conférence de hackers en 1984 à San Francisco. L’événement ne réunit pas que des mordus d’informatique, mais aussi des hommes d’affaires, ainsi que d’anciens membres de la contre-culture.

Sous prétexte de communauté « correcte », on bascule dans le particularisme, qui soit idéalise un passé comme le font les religions ou les « décroissants », ou bien dans l’esprit d’entreprise utilisant des idées nouvelles pour les transformer en vecteurs de business.

A Tarnac l’appel à la révolution de la vie quotidienne a culminé en ouverture d’une épicerie, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes s’est transformée en apologie de la petite production paysanne, etc.

C’est le principe de la fuite : au lieu de partir de la critique de la réalité pour aller à l’universel, on se précipite dans l’individualisme, pour mieux vivre sa vie pense-t-on, et en tout cas en abandonnant la cause tout à fait nouvelle, moderne, impérativement nécessaire, de la défense de la planète !

Cycle « l’Homme et l’animal » à Rennes

A Rennes, des rencontres, débats et animations autour du thème de « l’Homme et l’animal » ont lieu aux Champs Libres.

Il aurait été bien, si un média végan local existait à Rennes, que des compte-rendus réguliers eussent été fait, que des points de vue critiques soient publiés à chaque fois, etc.

Cela montre la nécessité, encore une fois, d’une activité prolongée, bien loin des postures et des attitudes velléitaires: bien souvent derrière les affirmations les plus radicales se cache l’esprit de capitulation.

Il s’agit, simplement, d’apporter sa pierre à l’édifice, en luttant patiemment pour travailler l’opinion publique. Sans cela on laisse libre cours à ceux qui parlent des animaux pour mieux maintenir l’ordre dominant, pour mieux aseptiser les gens, pour prétendre qu’il y aurait une « opposition » morale au sein de l’ignoble système de l’exploitation animale.

En voici la présentation :

Affectives ou utilitaires, pacifiques ou antagonistes, nos relations avec les animaux sont ancestrales.

L’animal et l’animalité sont présents dans toutes les formes artistiques et dans toutes les civilisations.

La littérature et la philosophie explorent ces liens, les fables utilisent l’animal comme miroir des passions et des travers de l’âme humaine, les animaux sont omniprésents dans les livres pour enfants.

L’animal intéresse les sciences humaines, il inspire l’innovation technologique, interroge l’écologie et aussi le champ du politique.

Ces dernières décennies, les relations à l’animal sont devenues plus radicales, posant de nouvelles questions : l’élevage traditionnel s’est transformé en production intensive, l’animal de compagnie est devenu un phénomène de société, les droits des animaux s’opposent au souhait de l’homme de développer la médecine par l’expérimentation animale…

La Bibliothèque des Champs Libres invite à comprendre ces liens multiformes et complexes.

Des rencontres avec des spécialistes, des échanges avec des associations, la découverte des fables d’Ésope revisitées par l’artiste Jean- François Martin, la création d’un animal-robot avec des ados, des histoires racontées avec les enfants…et bien d’autres rendez-vous rythmeront le premier semestre 2015.

Voici le programme pour les semaines à venir, mais l’initiative dure jusqu’en mai, le programme complet se trouvant au format pdf ici.

le 12-02

Rencontre & débat
Goûter philo : Faut-il encore manger des animaux ?

Café
Faut-il encore manger des animaux ?

le 18-02

Animation
Les P’tits cinéphiles : Chimères et autres créatures fantastiques

le 25-02

Animation
Les P’tits amateurs d’art : chasse dans les collections historiques

Projection
Les vidéos du mercredi : mon animal compagnon

Rencontre & débat
Animal domestique ou de compagnie : quelle histoire ?

le 04-03

Animation
Atelier d’illustration avec Benoît Morel

le 11-03

Projection
Les vidéos du mercredi : mon animal compagnon

le 12-03

Rencontre & débat
Pourquoi tant d’animaux dans les livres pour enfants ?

le 18-03

Projection
Les vidéos du mercredi : mon animal compagnon

le 25-03

Animation
Signe-moi une histoire : Le livre de la jungle et autres histoires à deux et à quatre pattes !

le 26-03

Café
Élargir les droits de l’homme aux hominidés. Qu’en pensez-vous ?

le 28-03

Rencontre & débat
Réinventer l’élevage : une utopie pour le XXIe siècle ?

le 01-04

Projection
Les vidéos du mercredi : mon animal compagnon

le 08-04

Projection
Les vidéos du mercredi : mon animal compagnon

Earth Crisis : Ultramilitance, Born from pain, Fortress

Voici les paroles de trois autres chansons d’Earth Crisis, dont le très grand classique « Ultramilitance ».

Ultramilitance

Legal channels have been exhausted. Uncruel alternatives rejected.
Awareness created and ignored. Direct action is the last recourse.
Ultramilitance. Ultramilitants.
Les voies légales ont été épuisées. Les alternatives non cruelles rejetées.
La sensibilisation créée et ignorée. L’action directe est le dernier recours.
Ultramilitance. Ultramilitants.

Salvation of innocents. Intensified resistance.
Flooded by sabotage disabled whaling ships sink beneath the waves.
Strikes against roving murderers. Through destruction, innocents persist.
A rainforest seen as nothing more than an area on a map
to be stripped of resources for corporate profit.
Le salut des innocents. La résistance intensifiée.
Inondés par sabotage, des baleiniers rendus inopérants coulent sous les vagues.
Les coups contre les meurtriers itinérants. Grâce à la destruction, les innocents persistent.
Une forêt tropicale considérée comme rien de plus qu’un secteur sur un plan,
pour être dépouillée de ses ressources pour les bénéfices des sociétés.

The indigenous cultures and animals are displaced or destroyed
unless bulldozers are disabled to prevent access.
Ultramilitance. Ultramilitants. Salvation of innocents. Intensified resistance.
Les cultures indigènes et les animaux sont déplacés ou détruits
à moins que les bulldozers ne soient désactivés afin d’empêcher l’accès.
Ultramilitance. Ultramilitants. Le salut des innocents. La résistance intensifiée.

Forth from cages into the darkness. Minks liberated by masked rescuers.
Laws designed to protect oppressors correctly regarded as worthless.
Hors des cages dans l’obscurité. Les visons libérés par des sauveteurs masqués.
Les lois destinées à protéger les oppresseurs étant correctement considérées comme sans valeur.

Now this war has two sides…
Ultramilitance.
Ultramilitants. Salvation of innocents.
Intensified resistance. Wreck!
Maintenant cette guerre a deux protagonistes…
Ultramilitance.
Ultramilitants. Le salut des innocents.
La résistance intensifiée. Sabote !

Born From Pain

Strength. Born from pain. Beyond that of my flesh.
Betrayed, robbed and beaten, but not defeated.
Through my search for allies, I have found myself.
Force. Née de la douleur. Au-delà de celle de ma chair.
Trahi, volé et battu, mais pas vaincu.
Grâce à ma recherche d’alliés, je me suis trouvé moi-même.

Persistence is the answer to regain all that was taken.
Hatred drives me onwards
across to desolation of dying dreams and failure,
to find I am my own salvation.
From the experience of injustice, from the
horror that I have witnessed comes the knowledge that freedom must be won.
La persistance est la réponse pour retrouver tout ce qui a été pris.
La haine me pousse à partir
à travers à la désolation des rêves mourant et de l’échec,
afin de trouver que je suis mon propre salut.
De l’expérience de l’injustice, de
l’horreur que j’ai vu, vient la connaissance que la liberté doit être gagnée.

Strangled by frustration, no longer will I be my victim.
My patience is waning, now all it takes is one spark to set me off.
I have to try to find some peace and hold that peace inside before it gets to late.
Étranglé par la frustration, je ne serai plus ma victime.
Ma patience décline, maintenant tout ce qu’il faut, c’est une étincelle pour me mettre hors tension.
Je dois essayer de trouver un peu de paix et maintenir la paix à l’intérieur avant qu’il ne soit trop tard.

Emancipate my mind. Breathing life into my visions,
forcing them into reality.
From paradise into the inferno, into paradise, into paradise.
Émanciper mon esprit. Donner vie à mes visions,
les forçant à aller dans la réalité.
Du paradis à l’enfer, au paradis, au paradis.


La chanson est à 29:46.

Fortress

Encircled. Sodom’s children on every side.
Feeding their selfishness with no regard for the pain that their
actions bring. Forked tongues spill promises
of release through submission through carnal thoughts.
Encerclé. Les enfants de Sodome de tous côtés.
Nourrissant leur égoïsme sans aucun égard pour la douleur que leurs
actions apportent. Les langues fourchues débordent de promesses
de délivrance par la soumission à travers les pensées charnelles.

Their greed or a drug induced deadened state.
Pain awaits the fools who fall prey to the lies.
Time melts their false idols into pools of worthless lead.
Exhume myself from the wreckage to drag my body free.
Leur avidité ou une drogue induit un état mort.
La douleur attend les imbéciles qui sont la proie des mensonges.
Le temps fond leurs fausses idoles dans des piscines de plomb sans valeur.
M’exhumer moi-même de l’épave pour faire glisser mon corps libre.

Crawling through the ashes as their profane creation collapses in upon itself.
Unscatched. I have not partaken.
The X symbolizes my lifetime commitment to live free from their poisons.
I’ve built myself to last.
Ramper dans les cendres alors que leur création profane s’effondre sur lui-même.
Sans blessures. Je n’ai pas participé.
Le X symbolise mon engagement, à vie, à vivre à l’abri de leurs poisons.
Je me suis construit pour durer.

Fortress. Time melts their false idols into pools of worthless lead.
Encircled. Sodom’s children on every side.
Feeding their selfishness
with no regard for the pain that their actions bring.
Forteresse. Le temps fond leurs fausses idoles dans des piscines de plomb sans valeur.
Encerclé. Les enfants de Sodome de tous côtés.
Nourrissant leur égoïsme
sans aucun égard pour la douleur que leurs actions apportent.

« Je ne parle point, ô hommes, de vos légèretés, de vos folies et de vos caprices »

Voici un extrait des « Caractères », une oeuvre du 17ème siècle de La Bruyère. C’est là un passage très intéressant: La Bruyère se moque ainsi de ceux qui considèrent les animaux comme inférieurs, alors qu’en réalité si on regarde pourquoi les humains se moquent des animaux, on s’aperçoit que les humains font pareils en bien pire.

C’est d’autant plus intéressant que la Nature n’est pas statique, elle connaît une évolution, ce que les anti-Nature rejettent, s’imaginant que l’Homme est le summum de la « création ». Les anti-Nature prétendent également que la Nature est cruelle, guerre de tous contre tous: non seulement c’est un reflet de la condition humaine avec ses multiples guerres dans sa société, mais en plus c’est faux car justement l’évolution va nécessairement vers plus d’harmonie, d’entraide, de fusion, etc.

J’entends corner sans cesse à mes oreilles : L’homme est un animal raisonnable. Qui vous a passé cette définition ? sont-ce les loups, les singes et les lions, ou si vous vous l’êtes accordée à vous-mêmes ?

C’est déjà une chose plaisante que vous donniez aux animaux, vos confrères, ce qu’il y a de pire, pour prendre pour vous ce qu’il y a de meilleur.

Laissez-les un peu se définir eux-mêmes, et vous verrez comme il s’oublieront et comme vous serez traités.

Je ne parle point, ô hommes, de vos légèretés, de vos folies et de vos caprices, qui vous mettent au-dessous de la taupe et de la tortue, qui vont sagement leur petit train, et qui suivent sans varier l’instinct de leur nature ; mais écoutez-moi un moment.

Vous dites d’un tiercelet de faucon qui est fort léger, et qui fait une belle descente sur la perdrix : « Voilà un bon oiseau » ; et d’un lévrier qui prend un lièvre corps à corps : « C’est un bon lévrier ».

Je consens aussi que vous disiez d’un homme qui court le sanglier, qui le met aux abois, qui l’atteint et qui le perce : « Voilà un brave homme ». Mais si vous voyez deux chiens qui s’aboient, qui s’affrontent, qui se mordent et se déchirent, vous dites : « Voilà de sots animaux » ; et vous prenez un bâton pour les séparer.

Que si l’on vous disait que tous les chats d’un grand pays se sont assemblés par milliers dans une plaine, et qu’après avoir miaulé tout leur soûl, ils se sont jetés avec fureur les uns sur les autres, et ont joué ensemble de la dent et de la griffe ; que de cette mêlée il est demeuré de part et d’autre neuf à dix mille chats sur la place, qui ont infecté l’air à dix lieues de là par leur puanteur, ne diriez-vous pas : « Voilà le plus abominable sabbat dont on ait jamais ouï parler ? »

Et si les loups en faisaient de même : « Quels hurlements ! quelle boucherie ! »

Et si les uns ou les autres vous disaient qu’ils aiment la gloire, concluriez-vous de ce discours qu’ils la mettent à se trouver à ce beau rendez-vous, à détruire ainsi et à anéantir leur propre espèce ? ou après l’avoir conclu, ne ririez-vous pas de tout votre cœur de l’ingénuité de ces pauvres bêtes ?

Vous avez déjà, en animaux raisonnables, et pour vous, distinguer de ceux qui ne se servent que de leurs dents et de leurs ongles, imaginé les lances, les piques, les dards, les sabres et les cimeterres, et à mon gré fort judicieusement ; car avec vos seules mains que vous pouviez-vous vous faire les uns aux autres, que vous arracher les cheveux, vous égratigner au visage, ou tout au plus vous arracher les yeux de la tête ?

au lieu que vous voilà munis d’instruments commodes, qui vous servent à vous faire réciproquement de larges plaies d’où peut couler votre sang jusqu’à la dernière goutte, sans que vous puissiez craindre d’en échapper.

Mais comme vous devenez d’année à autre plus raisonnables, vous avez bien enchéri sur cette vieille manière de vous exterminer : vous avez de petits globes qui vous tuent tout d’un coup, s’ils peuvent seulement vous atteindre à la tête ou à la poitrine ; vous en avez d’autres, plus pesants et plus massifs, qui vous coupent en deux parts ou qui vous éventrent, sans compter ceux qui tombant sur vos toits, enfoncent les planchers, vont du grenier à la cave, en enlèvent les voûtes, et font sauter en l’air, avec vos maisons, vos femmes qui sont en couche, l’enfant et la nourrice : et c’est là encore où gît la gloire ; elle aime le remue-ménage, et elle est personne d’un grand fracas.

Earth Crisis : Inherit The Wasteland / Forced March

Voici les paroles de deux chansons d’Earth Crisis, qui comme toujours nous semblent vraiment recherchées et pertinentes. Toutes ces paroles forment une véritable culture, dans laquelle nous nous reconnaissons.

C’est le vrai vegan straight edge,  en lutte pour la libération de la Terre, contre l’individualisme et le libéralisme par rapport à Gaïa!

Inherit The Wasteland (Hériter le désert)

Destroyed in the hands of the deranged.
Mankind’s will has been imposed upon the earth as though we
were alone and if our actions had no consequences.
Détruit dans les mains du dérangé.
La volonté de l’humanité a été imposée sur la terre comme si nous
étions seuls et comme si nos actions n’avaient aucune conséquence.

Man crushes all that bars the way on this path to annihilation.
Taking for themselves while the other inhabitant’s
lives are given no consideration.
L’Homme écrase tout ce qui barre la route sur ce chemin à l’anéantissement.
Prenant pour eux-mêmes tandis que les vies des autres habitants
sont données sans contrepartie.

Inherit the wasteland! Spilled oil contaminates the sea.
Inherit the wasteland! Poisons fill the atmosphere.
Hériter le désert! Le pétrole déversé contamine la mer.
Hériter le désert! Les poisons remplissent l’atmosphère.

Inherit the wasteland! Toxins infect the ground. Inherit the
wasteland! Deforestation scars the earth.
The rainforests burn. Countless animals die.
Hériter le désert! Les toxines infectent le sol. Hériter le
désert ! La déforestation défigure la terre.
Les forêts brûlent. D’innombrables animaux meurent.

We must regain control or there will
be nothing left to save. The harmony of nature,
twisted into discordance. Left to die in the aftermath of their destructive
sightlessness. Time is running, time is running,
time is running … Time is running out.
Nous devons reprendre le contrôle ou il n’y aura
plus rien à sauver. L’harmonie de la nature,
tordue en discordance. Laissée pour morte à la suite de leur destructrice
cécité. Le temps défile, le temps défile,
le temps défile… Le temps est compté.

La chanson « Forced March » est au tout début de l’album, sorti en 1995. La chanson « Inherit the Wasteland » est à 20:03.

Forced March (Marche forcée)

Humanity devours itself alive.
Forced march down this path of sorrow to an end that doesn’t justify. Hands
chained, running driven upon those that fall they tread.
Conditioned by a warped value system to not look back, just push
ahead. Lives of excess, lust and material greed.
L’humanité se dévore vivante.
Une marche forcée sur cette voie de la douleur pour une fin qui ne se justifie pas.
Les mains
enchaînées, une course conduite en marchant sur ceux qui tombent.
Conditionnés par un système de valeurs déformé à ne pas regarder en arrière, à seulement pousser
en avant. Des vies d’excès, la luxure et l’avidité matérielle.

A slave to their own desires, apathetic to those in need. Devoid of love no
peace inside. Blinded by their manic greed.
Thoughts consumed with the thoughts of the worthless.
This is their reality.
Esclave à leurs propres désirs, apathique à ceux dans le besoin. Dépourvus d’amour pas
de paix à l’intérieur. Aveuglés par leur avidité maniaque.
Les pensées consommées avec les pensées des sans-valeur.
C’est leur réalité.

Devoid of love no peace inside. Blinded by their manic greed.
Thoughts consumed with the thoughts of the worthless.
This is their reality.
Dépourvus d’amour pas de paix à l’intérieur. Aveuglés par leur avidité maniaque.
Les pensées consommées avec les pensées des sans-valeur.
C’est leur réalité.

I have to free myself from all this madness in my struggle to survive.
As time progresses time reveals the
answers. At last I break through the surface and come to life.
Minds filled with turmoil, nothing pacifies. Forced march down
this path of sorrow to an end that doesn’t justify.
Je dois me libérer de toute cette folie dans ma lutte pour survivre.
Comme le temps passe le temps révèle les
réponses. Enfin je parviens à la surface et viens à la vie.
Les esprits remplis de crise, rien n’apaise. Une marche forcée sur
cette voie de la douleur pour une fin qui ne se justifie pas.

Hands chained, running driven upon those that fall they tread.
Conditioned by a warped value system to not look back, just push ahead.
Lives of excess, lust and material greed. A slave to
their own desires, apathetic to those in need.
Les mains enchaînées, une course conduite en marchant sur ceux qui tombent.
Conditionnés par un système de valeurs déformé à ne pas regarder en arrière, à seulement pousser
en avant.
Des vies d’excès, la luxure et l’avidité matérielle. Esclave à
leurs propres désirs, apathique à ceux dans le besoin.

Devoid of love no peace inside. Blinded by their manic greed. Thoughts
consumed with the thoughts of the worthless.
This is their reality.
Dépourvus d’amour pas de paix à l’intérieur. Aveuglés par leur avidité maniaque. Les pensées consommées avec les pensées des sans-valeur.
C’est leur réalité.

Kropotkine et la sociabilité dans la Nature

Il y a trois manières de voir la Nature: soit en la niant par anthropocentrisme en faisant de l’être humain l’aboutissement unique de l’évolution, soit en considérant que la Nature est tout et que son évolution continue vers l’harmonie, soit en considérant que la Nature est un vaste combat de gladiateurs.

C’est contre ce dernier point de vue que Kropotkine s’élève, dans L’Entraide, un facteur de l’évolution, attaquant en 1902 la position social-darwiniste de Spencer, qui dans le darwinisme social mettait en avant une vision du monde où seul le plus fort survit, ce qui est la logique d’Hitler, Conan le barbare, etc. etc.

Kropotkine voit bien que la position de Spencer est erronée, mais en même temps il n’arrive pas à comprendre que tous les êtres vivants sur la planète sont des composantes d’une sorte de gigantesque organisme général, que l’on peut appeler Gaïa poétiquement, Biosphère scientifiquement.

Kropotkine coupe la poire en deux, selon lui « La sociabilité est aussi bien une loi de la nature que la lutte entre semblables ».

La théorie de Darwin eut le sort de toutes les théories qui traitent des rapports humains. Au lieu de l’élargir selon ses propres indications, ses continuateurs la restreignirent encore.

Et tandis que Herbert Spencer, partant d’observations indépendantes mais très analogues, essayait d’élargir le débat en posant cette grande question : « Quels sont les plus aptes ? » (particulièrement dans l’appendice de la troisième édition des Data of Ethics), les innombrables continuateurs de Darwin réduisaient la notion de la lutte pour l’existence à son sens le plus restreint.

Ils en vinrent à concevoir le monde animal comme un monde de lutte perpétuelle entre des individus affamés, altérés de sang.

Ils firent retentir la littérature moderne du cri de guerre Malheur aux vaincus, comme si c’était là le dernier mot de la biologie moderne. Ils élevèrent la « lutte sans pitié » pour des avantages personnels à la hauteur d’un principe biologique, auquel l’homme doit se soumettre aussi, sous peine de succomber dans un monde fondé sur l’extermination mutuelle.

Laissant de côté les économistes, qui ne savent des sciences naturelles que quelques mots empruntés à des vulgarisateurs de seconde main, il nous faut reconnaître que même les plus autorisés des interprètes de Darwin firent de leur mieux pour maintenir ces idées fausses.

En effet, si nous prenons Huxley, qui est considéré comme l’un des meilleurs interprètes de la théorie de l’évolution, ne nous apprend-il pas, dans son article, « Struggie for Existence and its Bearing upon Man », que :

« jugé au point de vue moral, le monde animal est à peu près au niveau d’un combat de gladiateurs. Les créatures sont assez bien traitées et envoyées au combat ; sur quoi les plus forts, les plus vifs et les plus rusés survivent pour combattre un autre jour. Le spectateur n’a même pas à baisser le pouce, car il n’est point fait de quartier. »

Et, plus loin, dans le même article, ne nous dit-il pas que, de même que parmi les animaux, parmi les hommes primitifs aussi,

« les plus faibles et les plus stupides étaient écrasés, tandis que survivaient les plus résistants et les plus malins, ceux qui étaient les plus aptes à triompher des circonstances, mais non les meilleurs sous d’autres rapports. La vie était, une perpétuelle lutte ouverte, et à part les liens de famille limités et temporaires, la guerre dont parle Hobbes de chacun contre tous était l’état normal de l’existence. »

Le lecteur verra, par les données qui lui seront soumises dans la suite de cet ouvrage, à quel point cette vue de la nature est peu confirmée par les faits, en ce qui a trait au monde animal et en ce qui a trait à l’homme primitif.

Mais nous pouvons remarquer dès maintenant que la manière de voir de Huxley avait aussi peu de droits à être considérée comme une conclusion scientifique que la théorie contraire de Rousseau qui ne voyait dans la nature qu’amour, paix et harmonie, détruits par l’avènement de l’homme.

Il suffit, en effet, d’une promenade en forêt, d’un regard jeté sur n’importe quelle société animale, ou même de la lecture de n’importe quel ouvrage sérieux traitant de la vie animale (d’Orbigny, Audubon, Le Vaillant, n’importe lequel), pour amener le naturaliste à tenir compte de la place qu’occupe la sociabilité dans la vie des animaux, pour l’empêcher, soit de ne voir dans la nature qu’un champ de carnage, soit de n’y découvrir que paix et harmonie.

Si Rousseau a commis l’erreur de supprimer de sa conception la lutte « à bec et ongles », Huxley a commis l’erreur opposée ; mais ni l’optimisme de Rousseau, ni le pessimisme de Huxley ne peuvent être acceptés comme une interprétation impartiale de la nature.

Lorsque nous étudions les animaux – non dans les laboratoires et les muséums seulement, mais dans la forêt et la prairie, dans les steppes et dans la montagne – nous nous apercevons tout de suite que, bien qu’il y ait dans la nature une somme énorme de guerre entre les différentes espèces, et surtout entre les différentes classes d’animaux, il y a tout autant, ou peut-être même plus, de soutien mutuel, d’aide mutuelle et de défense mutuelle entre les animaux appartenant à la même espèce ou, au moins, à la même société. La sociabilité est aussi bien une loi de la nature que la lutte entre semblables.

Il serait sans doute très difficile d’évaluer, même approximativement, l’importance numérique relative de ces deux séries de faits. Mais si nous en appelons à un témoignage indirect, et demandons à la nature : « Quels sont les mieux adaptés : ceux qui sont continuellement en guerre les uns avec les autres, ou ceux qui se soutiennent les uns les autres ? », nous voyons que les mieux adaptés sont incontestablement les animaux qui ont acquis des habitudes d’entr’aide.

Omar Khayyam dans l’ombre bleue du jardin

Les Rubaïyat d’Omar Khayyam (1048-1131) sont des poèmes très connus, en Iran bien sûr mais également en Europe au 19ème siècle avec le courant important qu’a été l’orientalisme (les illustrations plus bas sont de cette époque).

Dans ses rubaïyat, c’est-à-dire ses quatrains, Omar Khayyam célèbre les jardins, la vie et les femmes, jamais vulgairement, le tout formant en effet une allégorie pour mettre en avant une vie harmonieuse, heureuse, qu’il considère cependant comme éphémère et fragile, son époque étant effectivement difficile, surtout quand on a compris la vanité de la religion…

On a ici une exigence très parlante, et évidemment, on ne saurait comprendre les approches de Baudelaire (avec ses « paradis artificiels ») et de Rimbaud (ses « illuminations » et la lettre dite du « voyant ») sans voir l’influence d’Omar Khayyam. Et il saute aux yeux que l’incapacité de Rimbaud à continuer la poésie, ou de Baudelaire à ne pas sombrer dans le glauque, vient de l’incapacité à se relier à la vie dans ce qu’elle a de perpétuellement nouveau.

Voici quelques quatrains, tirés de la Rubaïyat.

I
Tout le monde sait que je n’ai jamais murmuré la moindre prière. Tout le monde sait aussi que je n’ai jamais essayé de dissimuler mes défauts. J’ignore s’il existe une Justice et une Miséricorde… Cependant, j’ai confiance, car j’ai toujours été sincère.
II
Que vaut-il mieux ? S’asseoir dans une taverne, puis faire son examen de conscience, ou se prosterner dans une mosquée, l’âme close ? Je ne me préoccupe pas de savoir si nous avons un Maître et ce qu’il fera de moi, le cas échéant.
III
Considère avec indulgence les hommes qui s’enivrent. Dis-toi que tu as d’autres défauts. Si tu veux connaître la paix, la sérénité, penche-toi sur les déshérités de la vie, sur les humbles qui gémissent dans l’infortune, et tu te trouveras heureux.
IV
Fais en sorte que ton prochain n’ait pas à souffrir de ta sagesse. Domine-toi toujours. Ne t’abandonne jamais à la colère. Si tu veux t’acheminer vers la paix définitive, souris au Destin qui te frappe, et ne frappe personne.
V
Puisque tu ignores ce que te réserve demain, efforce-toi d’être heureux aujourd’hui. Prends une urne de vin, va t’asseoir au clair de lune, et bois, en te disant que la lune te cherchera peut-être vainement, demain.
VI
Le Koran, ce Livre suprême, les hommes le lisent quelquefois, mais, qui s’en délecte chaque jour ? Sur le bord de toutes les coupes pleines de vin est ciselée une secrète maxime de sagesse que nous sommes bien obligés de savourer.
XVII
La brise du printemps rafraîchit le visage des roses. Dans l’ombre bleue du jardin, elle caresse aussi le visage de ma bien aimée. Malgré le bonheur que nous avons eu, j’oublie notre passé. La douceur d’Aujourd’hui est si impérieuse !
XVIII
Longtemps encore, chercherai-je à combler de pierres l’Océan ? Je n’ai que mépris pour les libertins et les dévots. Khayyâm, qui peut affirmer que tu iras au Ciel ou dans l’Enfer ? D’abord, qu’entendons-nous par ces mots ? Connais-tu un voyageur qui ait visité ces contrées singulières ?
XLIII
Bois du vin ! Tu recevras de la vie éternelle. Le vin est le seul philtre qui puisse te rendre ta jeunesse. Divine saison des roses, du vin et des amis sincères ! Jouis de cet instant fugitif qu’est la vie.
LII
Si tu as greffé sur ton cœur la rose de l’Amour, ta vie n’a pas été inutile, ou bien si tu as cherché à entendre la voix d’Allah, ou bien encore si tu as brandi ta coupe en souriant au plaisir.
LXXV
Du vin ! Mon cœur malade veut ce remède ! Du vin, au parfum musqué ! Du vin, couleur de rose ! Du vin pour éteindre l’incendie de ma tristesse ! Du vin, et ton luth aux cordes de soie, ma bien aimée !
LXXXII
On me dit: « Ne bois plus, Khayyâm ! » Je réponds: « Quand j’ai bu, j’entends ce que disent les roses, les tulipes et les jasmins. J’entends, même, ce que ne peut me dire ma bien-aimée. »
LXXXIV
L’aurore a comblé de roses la coupe du ciel. Dans l’air de cristal s’égoutte le chant du dernier rossignol. L’odeur du vin est plus légère. Dire qu’en ce moment des insensés rêvent de gloire, d’honneurs ! Que ta chevelure est soyeuse, ma bien-aimée !



Les animaux dans le Charlie Hebdo n°1178

Pour se faire une opinion, voici les deux articles en tant que tel consacrés aux animaux dans le dernier Charlie Hebdo, le premier à suivre le massacre subi. Ce numéro 1178 se veut dans le prolongement de ce qui a été fait auparavant.

On pourra y voir des bonnes choses… Et surtout des manques, des manquements honteux. On remarquera donc que, en plus bien sûr de l’absence de tout ce qui pourrait se rapprocher du véganisme, la remarque lamentable consistant à appeler à un rassemblement organisé par… « OEDA (Oui à l’Etourdissement Dans les Abattoirs ».

C’est d’un manque d’intelligence par rapport à la situation actuelle, de cohérence par rapport aux animaux….

Charlie Hebdo et les animaux

Sur le net on peut trouver une mise en avant de Charlie Hebdo comme étant proche de la cause animale. C’est tout à fait erroné, les gens de Charlie passé et présent ne sont pas vegans, ni partisans de la libération animale. Il y a juste de la sympathie exprimée de la part de certaines personnes, avec une petite rubrique hebdomadaire comme on en trouve une dans le « Canard enchaîné ».

Cependant, cela n’engage à rien, c’est juste un prétexte à la caricature et cela ne va jamais très loin. Voici quelques images histoire de se faire une opinion.




















L’hypocrisie du Monde par rapport aux animaux

« Tuer les animaux, c’est mal, mais j’aime trop les lasagnes »: la contradiction de tels propos saute aux yeux. C’est incohérent, et par conséquent une telle pensée n’a pas de sens. Quelqu’un dit cela est disqualifié d’office.

Pourtant, le quotidien Le Monde a publié un long article, intitulé « La philosophie à l’épreuve de la viande ». Et les gens qui « défendent » les animaux suivent cette démarche incohérente consistant à dire: je pose un problème mais de toutes manières moi-même je n’y réponds pas et je n’appelle à personne à le faire.

C’est-à-dire que le journal Le Monde – lié au catholicisme comme tout le monde le sait ou devrait le savoir – se permet de donner la parole non pas aux personnes favorables au véganisme, mais aux gens qui justement le réfutent, tout en prétendant poser la question animale sous un jour progressiste.

En faisant ainsi, le journal Le Monde fait le contraire de partout dans le monde, car bien évidemment, il n’y a qu’en France où un tel procédé grossier ne choque pas. La France est le dernier pays « occidental » où la question animale est tellement brûlante que le terme « vegan » ne dépasse pas les pages fashion d’articles pour les bobos.

Et le journal Le Monde contribue à cette entreprise de démolition de la libération animale, dans le même esprit que l’association L214. Et il faut des réformes, et la morale de chacun suit son rythme lent, et patati et patata.

Ce qui passe naturellement par une vision historique propre aux quartiers bourgeois: aucune culture humaine depuis 2000 ans n’aurait pas été carnivore (pas de jaïn, pas de bouddhisme indien, pas de Bishnoïs, etc.),  ignorance de la classe ouvrière anglaise qui rejette la vivisection à la fin du 19ème siècle, l’ALF apparaissant dans les années 1970 n’en parlons même pas, etc.

La philosophie à l’épreuve de la viande

LE MONDE CULTURE ET IDEES | 24.12.2014 à 12h36 • Mis à jour le 29.12.2014 à 11h29 |

Certes, la Journée internationale sans viande (Meat Out Day), fixée chaque année autour du 20 mars, suscite l’intérêt croissant du grand public et des médias. Certes, scientifiques et politiques sont chaque jour plus nombreux à dénoncer l’aberration pour l’environnement que représente la production mondiale de viande (302 millions de tonnes en 2012, soit cinq fois plus qu’en 1950), l’une des grandes causes de la déforestation, du réchauffement climatique et de la pollution de la planète. Certes, de grands chefs cuisiniers prennent position, tel le Français Alain Ducasse, qui a supprimé la viande de la carte du Plaza Athénée, son restaurant parisien. Certes, le nouveau livre du moine bouddhiste Matthieu Ricard, Plaidoyer pour les animaux, est un joli succès de librairie… Et après ?

Après, rien. Ou presque. On sait, et on continue. On évoque avec pessimisme la crise écologique, on s’indigne du scandale des élevages industriels, mais on ne renonce pas à son bifteck. Ni à sa dinde de Noël. Tout juste réduit-on un peu sa consommation… Mais si peu ! Un effort infime au regard de l’essor fulgurant qu’a connu l’industrie de la viande depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En France, alors que la population est passée de 40 millions d’habitants à près de 70 millions aujourd’hui, la quantité de viande consommée par personne a presque doublé entre 1950 et 1980, grimpant de 50 à près de 100 kg par an. Elle a, depuis, légèrement régressé, mais avoisine toujours les 90 kg par personne et par an. Soit près de 500 000 bovins, ovins et porcins tués chaque jour dans les abattoirs, tandis que les végétariens plafonnent à 2 % de la population.

« Défi majeur à la cohérence éthique des sociétés humaines »

« Tous les ans, 60 milliards d’animaux terrestres et 1 000 milliards d’animaux marins sont tués pour notre consommation, ce qui pose un défi majeur à la cohérence éthique des sociétés humaines », constate Matthieu Ricard. Dans un livre choc paru en 2011, le romancier américain Jonathan Safran Foer allait plus loin encore. Faut-il manger les animaux ?, s’interrogeait-il à l’issue d’une longue enquête, en partie clandestine, dans cet enfer insoutenable qu’est l’élevage industriel. « Les animaux sont traités juridiquement et socialement comme des marchandises », conclut-il. Nous le savons tous, comme nous devinons tous l’horreur des traitements qu’on leur inflige. Sans vouloir nous en souvenir. Car c’est un fait : « La majorité des gens semble avoir accepté le fait de manger les animaux comme un acte banal de l’existence. »

En avons-nous moralement le droit ? Le 30 octobre, l’Assemblée nationale adoptait un projet de loi visant à reconnaître aux animaux, dans notre Code civil, le statut d’« êtres vivants doués de sensibilité ». Pouvons-nous, pour notre plaisir ou par simple habitude, faire souffrir et mourir des êtres vivants capables de souffrance, d’émotions, d’intentions, alors même que notre survie alimentaire n’est pas en jeu ? Et si non, pourquoi continuons-nous à le faire ? Pour tenter de comprendre, nous avons voulu interroger la philosophie. Et nous devons avouer notre surprise : la philosophie, jusqu’à un passé (très) récent, ne s’est jamais posée cette question. Elle ne s’est jamais demandé si cette pratique était acceptable. C’était une évidence.

« Tuer les animaux pour les manger, cela allait de soi. On n’en parlait même pas »

« Dans l’Antiquité grecque, on ne pouvait pas tuer un animal ni manger de la viande n’importe comment, tempère la philosophe Elisabeth de Fontenay, auteur de l’ouvrage somme Le Silence des bêtes. La philosophie à l’épreuve de l’animalité (Fayard, 1999). Pour les Anciens, comme pour Aristote et Platon, cette pratique était très codifiée par les sacrifices religieux. Mais tuer les animaux pour les manger, cela allait de soi. On n’en parlait même pas. » A quelques exceptions près : Pythagore (571-495 av. J.-C.), pour qui tuer un animal pour le manger était un crime ; et longtemps après, Plutarque (45-120 apr. J.-C.), dont le traité S’il est loisible de manger chair est un vibrant plaidoyer pour l’abstinence de nourriture carnée. Mais, dans leur immense majorité, les Anciens ne se sont intéressés à l’animal que pour démontrer combien l’homme en était différent. Combien il leur était supérieur.

C’est ce qu’on nomme l’humanisme anthropocentrique : une conception fondée sur l’idée de l’exceptionnalisme humain, que la tradition judéo-chrétienne n’a fait que renforcer. Notamment le christianisme, selon lequel la bête a été créée pour le bien de l’homme, centre et maître de la création. Toute la tradition philosophique occidentale sera marquée par cette coupure ontologique entre l’homme et l’animal. Et il faudra attendre Jacques Derrida, et sa déconstruction du propre de l’homme, pour qu’enfin la question soit posée : comment a-t-on pu à ce point légitimer la violence envers l’animal ? Précisément en le nommant « l’animal », plutôt que de parler des animaux, répond-il. Car « l’animal » n’existe pas, si ce n’est pour désigner l’ensemble des vivants pouvant être exploités, tués et consommés hors du champ de la morale et de la politique. Le meurtre de « l’animal » n’est pas reconnu comme tel. Alors qu’il y a bel et bien « crime contre les animaux, contre des animaux ».

Comme Derrida, Elisabeth de Fontenay l’affirme : « Il n’y a aucun fondement philosophique, métaphysique, juridique, au droit de tuer les animaux pour les manger. C’est un assassinat en bonne et due forme, puisque c’est un meurtre fait de sang-froid avec préméditation. » Elle-même, pourtant, n’est pas végétarienne. « Je n’en suis pas fière, mais comment faire autrement ? Je ne mange pas de la viande tous les jours, mais j’adore les lasagnes ! J’adore la sauce tomate à la bolognaise ! Les goûts de chacun, c’est compliqué. C’est idiosyncrasique, c’est l’histoire de l’enfance… » Elisabeth de Fontenay a le courage de cette contradiction majeure, qu’elle analyse à l’aune de notre histoire. « Manger de la viande, c’est un héritage du néolithique ! Vous vous rendez compte ? Du néolithique ! Et toutes les cultures, toutes, sont carnivores ! » Même en Inde, où le végétarisme hindouiste compte nombre d’exceptions.

Changer une habitude plurimillénaire, source de protéines animales et d’un plaisir gustatif singulier ? S’interdire l’accès à un aliment qui, de tout temps, fut considéré comme un mode de distinction sociale ? Pas si facile. Cela coûte du temps, de l’argent, cela oblige dans nos sociétés modernes à se priver d’innombrables produits fabriqués. Pour une famille nombreuse à revenus modestes, cela frise vite le sacerdoce. « Je peux très bien comprendre que certains trouvent trop compliqué d’être végétarien, et que ces mêmes personnes affirment être contre le fait d’élever les animaux pour les tuer », estime la philosophe Florence Burgat, devenue végétarienne « après avoir été hypercarnivore ». « Cela ne me semble pas incohérent. Beaucoup tentent de réduire leur consommation de viande, ou de la rendre plus éthique. L’important est de tendre vers quelque chose. »

Auteur de plusieurs ouvrages sur la question animale, elle consacrera son prochain ouvrage à « l’option carnivore de l’humanité ». Car une question la fascine. « Nous sommes une espèce omnivore, ce qui signifie que nous avons le choix de notre alimentation, rappelle-t-elle. Pourquoi alors l’humanité, au moment où elle arrive à un niveau de développement suffisant pour s’émanciper de l’alimentation carnée – vers la fin du XIXe siècle, quand les connaissances scientifiques et techniques libèrent les bêtes d’un certain nombre de tâches, et que surviennent les premières lois de protection des animaux –, pourquoi fait-elle au contraire le choix de l’instituer ? De l’inscrire dans les techniques, dans les pratiques ? » Un droit désormais devenu, dans la plupart des pays dont le développement le permet, celui de manger de la viande tous les jours.

Depuis quand ? Symboliquement depuis 1865, date à laquelle furent inaugurés les abattoirs de Chicago. En 1870, les Union Stock Yards (littéralement, les « parcs à bestiaux de l’Union ») traitaient déjà 2 millions d’animaux par an. En 1890, le chiffre était passé à 14 millions, dont la mort et le dépeçage fournissaient du travail à 25 000 personnes – Ford, dans ses Mémoires, affirme s’être inspiré de ces abattoirs pour créer sa chaîne de montage à Detroit. C’est ainsi, aux Etats-Unis, que démarre véritablement la démocratisation de la nourriture carnée. Et la production de masse d’une viande issue de ce que l’historien américain Charles Patterson, dans son ouvrage Un éternel Treblinka (Calmann-Lévy, 2008), qualifie de génocide animal. Un génocide qu’il n’hésite pas à comparer à celui du peuple juif dans les camps de concentration nazis.

C’est aussi ce que fait le philosophe Patrice Rouget, auteur d’un récent essai sur La Violence de l’humanisme. « Cette passerelle tendue d’entre deux horreurs est installée aujourd’hui, écrit-il. Des noms dignes de respect, non suspects de mauvaise foi ou de parti pris idéologique, l’ont bâtie pièce à pièce pour que nous osions la franchir. Singer, Lévi-Strauss, Derrida, Adorno, Horkheimer, des victimes revenues des camps de la mort y ont apporté leur contribution. » Ce qui fait de l’extermination perpétrée par les nazis un événement irréductible à tout autre événement de l’Histoire, et ce qui rapproche ce crime de masse de l’enfer de l’abattoir, c’est le processus industriel qui est à l’œuvre. Un processus qui, à la différence des autres génocides, rend le meurtre « identiquement interminable, au moins dans son principe ».

Qu’ils soient végétariens ou « carnistes », tous les philosophes s’accordent donc sur ce point : la production et la mise à mort des bêtes à la chaîne sont une abomination, indigne d’une civilisation évoluée. « Le problème éthique majeur aujourd’hui, ce n’est pas celui de la consommation de viande, affirme Dominique Lestel, philosophe et éthologue à l’Ecole normale supérieure de Paris. C’est l’ignominie de l’élevage industriel. Il y a une dégradation non seulement de l’animal, mais aussi de l’humain à travers ces pratiques. » Auteur d’une provocante Apologie du carnivore, il estime cependant que les végétariens « éthiques » – ceux qui refusent de manger de la viande au nom de la souffrance des bêtes et de leur droit à la vie –, se trompent de cible en s’obstinant à combattre « le méchant carnivore ».
Le concept de la « viande heureuse »

« Par rapport à l’enjeu qu’est la fermeture des élevages industriels, ces végétariens éthiques seraient infiniment plus efficaces s’ils s’alliaient avec ce que j’appelle les carnivores éthiques : des carnivores qui refusent de manger de la viande industrielle, ou qui considèrent que cela ne se fait pas à n’importe quel prix, ni de n’importe quelle façon, précise-t-il. La moindre des choses que l’on puisse faire pour un animal que l’on tue, c’est de le cuisiner convenablement… C’est-à-dire avoir un rapport avec cet animal mort qui n’est pas celui que l’on a face à une barquette de supermarché. » Dominique Lestel, et il n’est pas le seul, opte pour le concept de la « viande heureuse » – une viande provenant d’animaux bien élevés, bien tués, que nous pourrions ainsi consommer en toute bonne conscience. Un compromis auquel Florence Burgat s’oppose totalement.

« Quelle que soit la manière dont on s’y prend, la violence qui consiste à tuer les animaux pour les manger demeure, observe-t-elle. Elle renvoie à la question de fond : qui sont les animaux ? Est-ce que le fait de vivre leur importe ? Pourquoi tuer un homme serait grave, et pourquoi tuer un animal ne le serait pas ? Je n’arrive pas à comprendre ce qui motive cet argument, et je le comprends d’autant moins que les animaux d’élevage, y compris en élevage bio, sont tués très jeunes. Qu’est-ce que cela signifie d’offrir à des bêtes de bonnes conditions de vie dans laquelle elles peuvent s’épanouir, puis de les tuer en pleine jeunesse ? » Vinciane Despret, philosophe à l’université de Liège (Belgique), n’explique pas cette contradiction manifeste. Mais elle rappelle que « l’acte de manger est un acte qui requiert de la pensée », et que la mise en œuvre de cette pensée a été précisément supprimée par notre alimentation moderne. Ce qui a permis que soit instaurée, « sans plus de révolte, la folie furieuse que constitue l’élevage industriel ».

« Au fur et à mesure des années, ce qui constituait un animal domestique vivant a progressivement disparu de tout état de visibilité », souligne-t-elle. La plupart des gens ne mangent plus que sa chair – laquelle, une fois dans l’assiette, évoque de moins en moins la bête dont elle vient. Le comble est atteint avec le hamburger : à Chicago, une étude a mon­tré que 50 % des enfants des classes moyennes ne faisaient pas le lien avec un animal. « La conséquence de cette logique, qui est en connivence avec l’élevage industriel, c’est que l’acte de manger est devenu totalement irresponsable : c’est un acte qui ne pense pas », conclut Vinciane Despret.

Penser plus, donc, pour enrayer cette tuerie et ces souffrances de masse ? Et manger moins de viande, bien sûr. Mais encore ? Fermer les élevages industriels ? A moins de se payer de mots, il n’y a guère d’autre solution. Mais il s’agirait d’une solution ultraradicale. Supprimer la production intensive et favoriser l’élevage artisanal, même en augmentant les surfaces dévolues aux bêtes, cela reviendrait à disposer d’une quantité de viande infinitésimale à l’échelle des 7 milliards de personnes qui peuplent la planète. A en faire à nouveau un mets de luxe, rare et accessible seulement à une petite partie de la population… L’inverse de la poule au pot du bon roi Henri IV, en quelque sorte. Pas très satisfaisant pour qui espère réduire les inégalités.
La planète ne pourra pas supporter longtemps les humains et leurs élevages

Reste une évidence, non plus philosophique mais écologique : au train où s’épuisent nos ressources naturelles, la planète ne pourra pas supporter longtemps les humains et leurs élevages. En 2001, alors que l’épidémie d’encéphalopathie spongiforme bovine (EBS) battait son plein, Claude Lévi-Strauss publiait un texte magnifique, La Leçon de sagesse des vaches folles (revue Etudes rurales, 2001). Citant les experts, il y rappelait que « si l’humanité devenait intégralement végétarienne, les surfaces aujourd’hui cultivées pourraient nourrir une population doublée ». Les agronomes se chargeraient d’accroître la teneur en protéines des végétaux, les chimistes de produire en quantité industrielle des protéines de synthèse, les biologistes de fabriquer de la viande in vitro – elle existe déjà en laboratoire.

Mais alors, plus de bêtes ? C’est ce que redoute Jocelyne Porcher, ancienne éleveuse devenue sociologue à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui vient de coordonner un Livre blanc pour une mort digne des animaux. Un avenir sans élevage est un avenir sans animaux, du moins sans ces animaux avec lesquels nous avons une relation de travail, prévient-elle. Ce qui ne convainc guère la philosophe Anne Frémaux, auteur de La Nécessité d’une écologie radicale (Sang de la Terre, 2011). « C’est là un argument qui s’appuie sur la préférence abstraite pour l’existence plutôt que la non-existence, et qui ne prend pas en compte la vie réellement et concrètement vécue par l’individu », estime-t-elle, en suggérant de réensauvager les animaux domestiques et d’agrandir l’espace dévolu aux espèces naturelles.

Florence Burgat, elle, n’en démord pas : « Tant que l’homme mangera les animaux, rien ne pourra changer dans sa conduite envers les autres hommes. On ne peut pas éduquer à la non-violence envers son prochain quand des espèces très proches de nous restent tuables. »

Le labrador noir de l’Elysée

C’est un très mauvais signe que ce « cadeau de Noël » consistant en un être vivant qui a été reçu par l’Elysée. En plus, cela a une certaine tradition puisque c’est un Français présent au Canada depuis 1969, le vétérinaire François Lupina, qui a l’air d’être celui toujours à l’origine des labradors noirs comme « cadeaux » à chaque nouveau président de la république….

Cela signifie que les associations mènent campagne chaque fin d’année pour dire : non, un animal n’est pas un jouet et il ne s’offre pas comme « cadeau de Noël », et là on a pu voir un battage médiatique sans précèdent saluant le « cadeau » qui a été « livré » par avion…

Dans le genre mauvaise indication culturelle, il est difficile de faire pire. On est vraiment dans le cinéma bien mesquin, bien populiste, aux dépens des animaux encore une fois.

C’est ici l’occasion, comme beaucoup de médias l’ont fait, de rappeler la chanson de Renaud consacrée à Baltique, le labrador « appartenant » à François Mitterrand. Renaud dénonce avec verve l’indifférence humaine portant atteinte à la dignité de l’amour du chien laissé sur le perron de l’Église lors de la cérémonie religieuse pour Mitterrand…

Z’ont peut être eu peur que je pisse
Sur le marbre du bénitier
Ou, pire, que je m’accroupisse
Devant l’autel immaculé

Peur que je ne lève la patte
Quelque part dans les allées
Où siège cette foule ingrate
Qui nous parle d’humanité

Ils ont considéré peut être
Qu’c’t’un amour pas très catholique
Que celui d’un chien pour son maître
‘Lors ils m’ont privé de cantiques

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Me voilà devant la chapelle
Sous cette pluie qui m’indiffère
Tenu en laisse par un fidèle
Allergique aux lieux de prières

Les gens parlent à côté de moi
Tu as de la chance toi au moins
La souffrance ne t’atteint pas
L’émotion c’est pour les humains

Et dire que ça se veut chrétien
Et ça ne comprend même pas
Que l’amour dans le cœur d’un chien
C’est le plus grand amour qui soit

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Je pourrais vivre dans la rue
Être bourré de coups de pieds
Manger beaucoup moins que mon dû
Dormir sur le pavé mouillé

En échange d’une caresse
De temps en temps d’un bout de pain
Je donne toute ma tendresse
Pour l’éternité ou plus loin

Prévenez-moi lorsque quelqu’un
Aimera un homme comme moi
Comme j’ai aimé cet humain
Que je pleure tout autant que toi

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens

Un jour pourtant, je le sais bien
Dieu reconnaîtra les chiens…

« Sinceridade… Honestidade… CONVICÇÃO!!! »

Voici les paroles de 2 chansons du groupe « Children of Gaia » (« Enfants de Gaïa »), un groupe de musique brésilien des années 2000.

Vidas Inocentes Entregues à servidão
Manipuladas por almas sanguinárias
Fazem da vida o ciclo da morte
Nuvens negras dspejam ódio sobre a terra
Des vies innocentes livrées à la servitude
Manipulées par des âmes sanguinaires
Faisant de la vie le cycle de la mort
Des nuages noirs versent la haine sur la terre

Flores derramam pétalas ressecadas
O sangue brota, oceanos definham
Des fleurs déversent des pétales desséchées
Le sang coule, les océans déclinent

De olhos abertos
O egocentrismo perpetua entre nós
Foi quebrada
Les yeux ouverts
L’égocentrisme perpétué entre nous
A été brisé

Segue agora o caminho da destruição
Foi quebrada a corrente da vida
O Império do mal lança suas garras contra nós
Criação contra o criador
Maintenant le chemin de la destruction
A été brisé par le courant de la vie
L’empire du mal lance ses griffes contre nous
Création contre le créateur

Surge o momento da revanche
A esperança une nossas mãos
Pérfidos plocramarão piedade a Gaia
Gaia
Traída por seus próprios filhos
Vient le moment de la vengeance
Une espérance rejoint nos mains
Les perfides implorent pitié à Gaïa
Gaïa
Trahi par ses propres fils

Convicção – Conviction

Rejeitando seus venenos
Caminho de cabeça erguida
Sem propagar esta idéia
de autodestruição.
Rejetant leurs poisons
Chemin de la tête haute
Sans propager cette idée
de l’auto-destruction.

Sóbrio torno-me mais consciente
Consciente, torno-me mais forte
Para poder lutar contra
corporações que manipulam o vício de forma lucrativa.
Sobre je suis plus conscient
Conscient je deviens plus fort
Pour pouvoir lutter contre
les grandes entreprises qui manipulent le vice de manière lucrative

Sinceridade… Honestidade… CONVICÇÃO!!!
STRAIGHT EDGE
STRAIGHT EDGE
Sincérité… Honnêteté… CONVICTION !!!
STRAIGHT EDGE
STRAIGHT EDGE

Minha convicção nasce como chave de esperança
Sem medo nem comoções
Rejeite a idéia imposta de conformismo
Aqui nos revelamos guerreiros em um inferno social
Onde a alienação acaba roubando sua liberdade
Ma conviction est née comme clef de l’espoir
Sans peur ou troubles
Rejeter l’idée de conformité imposée
Ici, nous nous révélons guerriers dans un enfer social
Lorsque l’aliénation vient de voler sa liberté

Des animaux et des pharaons: expo au Louvre-Lens

« Des animaux et des pharaons. Le règne animal dans l’Egypte ancienne« : tel est le nom d’une exposition (temporaire) qui se tient à partir d’aujourd’hui et jusqu’à début mars 2015, au musée du Louvre-Lens. 430 oeuvres y sont présentées, et si évidemment on peut deviner que la présentation sera très éloignée de la démarche de la libération animale, elle n’en sera certainement pas moins fascinante, et utile pour comprendre notre rapport avec les animaux, tout au moins avec certains animaux en particulier.

Ainsi, le chat est devenu un animal très proche de la société humaine; on sait qu’il y a eu une sorte de partenariat entre les êtres humains voulant protéger leur récolte et le chat qui est devenu un allié objectif pour cela.

« En Égypte, la faune paraît omniprésente à celui qui découvre la civilisation pharaonique. Mais ce ne sont pas tant les défilés d’animaux visibles dans les mastabas et destinés à devenir nourriture pour le défunt qui ont pu surprendre, que les millions de momies animales occupant des nécropoles réparties dans tout le pays ou les figurations hybrides, mi-hommes, mi- bêtes des divinités du panthéon égyptien.

Ce phénomène était déjà, dès l’Antiquité, un motif d’étude. Après Hérodote, qui, le premier, décrivit son étonnement, Diodore de Sicile put écrire : « À propos des animaux sacrés en Égypte, ce qui a lieu paraît à beaucoup à juste titre extraordinaire et mériter une enquête. En effet, les Égyptiens vénèrent extrêmement quelques animaux, non pas seulement quand ils vivent mais quand ils sont morts aussi, tels les chats, les ichneumons, et les chiens, et encore les faucons et les animaux appelés chez eux ibis, et aussi les loups, les crocodiles et bien d’autres encore du même genre… » (Livre 1, 83, 1). (Alain Charron, Les animaux et le sacré dans l’Egypte tardive, fonctions et signification)

« Après un court chapitre sur la médecine locale, exclusivement attachée à des recettes traditionnelles dont il est interdit de s’écarter, notre auteur consacre plusieurs chapitres à un trait frappant des mœurs égyptiennes, le respect des animaux sacrés, dont Hérodote avait lui aussi parlé longuement.

C’est l’occasion pour Diodore de rapporter un incident dont il fut témoin pendant son séjour dans le pays : un Romain qui avait involontairement tué un chat fut lynché par la populace sans que ni l’autorité du roi lagide, ni la crainte des armes romaines aient pu le sauver. Les renseignements que l’historien nous donne sur la zoolâtrie, objectifs et bien classés, sont d’un vif intérêt pour l’étude de la religion égyptienne, et les réflexions auxquelles il se livre sur l’origine de ces cultes et sur leur diversité à travers les provinces témoignent d’un esprit curieux et avisé. » (L’Égypte d’après Diodore de Sicile)

« Dans l’ancienne Egypte, le chat se nommait maaou ; et ta-maaou, la chatte, était un nom fréquemment porté par les femmes. Les Égyptiens habitant l’Italie voulurent sans doute conserver cet usage et traduisirent en latin la dénomination égyptienne.

Bien qu’aucun texte n’en fasse mention, nous pouvons, je crois, affirmer que la déesse Bast avait aussi un sanctuaire à Pompei, et le plus ancien, vraisemblablement, de tous ceux qu’on lui connaît en Europe. D’après un critique allemand, l’Isium primitif de Pompei remonterait au deuxième siècle avant notre ère; détruit en 63 par un tremblement de terre, les Égyptiens le reconstruisirent; mais, étant fort traditionalistes, ils ne changèrent rien à la forme extérieure du culte, et tout fut rétabli comme par le passé.

Or une peinture du Musée de Naples, provenant de l’Isium de Pompei, nous fait assister à une cérémonie religieuse en l’honneur de Bast. Cette composition, moins importante que celles d’Herculanum décrites plus haut, se réduit à un personnage unique, mais elle offre un élément d’un intérêt exceptionnel, qu’on chercherait vainement ailleurs.

La tête rasée et accotée de deux plumes, un prêtre égyptien, vêtu d’une blanche tunique de lin à franges, chante un hymne écrit sur un rouleau de papyrus à moitié déroulé. Il est debout, face au spectateur, devant un haut piédestal en forme de stèle avec trois marches à sa base, et sur lequel se trouve un chat passant à droite (fig. 2).

Non une statue à tête de chat, mais bien un chat à quatre pattes.

Dans cette image, la tête est surmontée de Yatew, ornement symbolique, placé d’habitude sur le chef des divinités égyptiennes, pour en marquer le caractère sacré. Nous ajouterons qu’ici cet atew est figuré par une interprétation défectueuse du signe meh, emblème de la basse Egypte. Notre quadrupède, qui alors serait une chatte, représente donc, à n’en pouvoir douter, la déesse Bast dans sa forme primitive. » (Le culte de la déesse Bast dans l’Italie méridionale et particulièrement à Pompéi)

« Sentience: animal project »: une BD pour réveiller les consciences

Chaque personne devrait s’épanouir sur le plan artistique. Dans cette société, c’est malheureusement difficile, aussi les gens qui ont pu avancer en ce sens ont de grandes responsabilités. Il ne s’agit pas tant de faire de la propagande (même s’il faut en faire), que de véritables œuvres, ayant un contenu allant dans le bon sens.

Nous avions parlé il y a peu de la bande dessinée américaine Liberator (voir La bande dessinée américaine « Liberator » et Liberator – Salvation of innocents avec l’interview de l’auteur).

Voici un jeune auteur français lançant un appel pour une bande dessinée intitulée « SENTIENCE T1: Animal Project », définissant celle-ci comme « La bande-dessinée qui réveille les consciences ».

C’est un projet ambitieux, dont on peut voir déjà quelques images d’une qualité certaine sur un site expliquant le projet et appelant au soutien financier.

Même si on peut ne pas forcément apprécier le style de la BD, son scénario, son approche, etc. force est de constater qu’il y a là quelque chose qui va dans le bon sens, sur une bonne base. On notera d’ailleurs qu’en cas de succès, pour chaque BD vendue, 50 % des droits d’auteur seront reversés à l’association PRO ANIMA, opposée à la vivisection.

Voici une présentation de l’auteur, qui a raison: c’est une noble cause!

Daewood : Scénariste à l’origine du projet

J’ai 28 ans, je travaille dans la vidéo et je suis passionné depuis toujours par le cinéma et la bande-dessinée. Bien qu’étant un grand ami des bêtes, je ne me suis réellement intéressé à la cause animale qu’après avoir visionné une vidéo « choc » sur Internet, sur les conditions d’élevage notamment. Cette vidéo a été un véritable déclic. Suite à cela, j’ai effectué de nombreuses recherches et ce que j’ai découvert m’a terrifié. Bon nombre d’animaux vivent un véritable enfer au quotidien… j’ai depuis totalement changé mon mode de consommation.

Aujourd’hui, j’aimerais donc apporter ma pierre à l’édifice, amener une nouvelle réflexion sur la sensibilité animale et tenter de faire évoluer les esprits. Avec tout ce qu’il peut se passer aujourd’hui entre l’expérimentation animale, l’élevage industriel, le trafic d’animaux… toute cette souffrance que l’homme peut infliger aux animaux, et lorsque j’entends encore des personnes nier les faits, il m’apparaît comme essentiel de dévoiler certaines vérités et d’impliquer les futures générations.

C’est ainsi qu’est né le projet SENTIENCE. Sous couvert du genre science-fiction, j’ai pu élaborer un scénario solide, riche en rebondissements et basé sur des faits réels.

Mon but : Vous faire vivre une aventure palpitante tout en amenant une vraie réflexion sur la sensibilité animale.

Aujourd’hui, la meilleure chance de Sentience d’exister, c’est vous…C’est un projet engagé en faveur d’une noble cause qui a mon sens, nous concerne tous. Je m’engage également à reverser 50 % de mes droits d’auteur au profit d’associations de défense animale.

The Specials: « Alcohol », « Man At C&A », « Ghost town »

Voici quelques chansons du groupe anglais des années 1980 appelé « The Specials ». Il s’agissait d’un groupe très pointu musicalement, tout en étant très engagé, ce qui donne un mélange des genres largement influencé par le jazz, la soul ou encore les musiques jamaïcaines, ici en l’occurrence surtout le ska.

Voici la chanson intitulé « Alcohol ».

An icy wind blows through the door
You feel like you’ve been here before
You tremble and you start to sweat
The symptoms of withdrawal
Un vent glacial souffle à travers la porte
Tu as l’impression que tu as déjà été ici avant
Tu trembles et tu commences à transpirer
Les symptômes du sevrage

Alcohol
Why do you do it?
Why do you keep beating me?
You give some people a real good time
But you cause some untold misery
Alcool
Pourquoi fais-tu cela?
Pourquoi continues-tu à me battre?
Tu donnes aux gens un vrai bon moment
Mais tu provoques d’indicibles souffrances

Heroin
Why do you do it?
I don’t like what I’ve seen
You promise someone a real good time
And then you take them from their family
You tremble and you start to sweat
You don’t want to withdraw
And when your flesh begins to crawl
You’d rather not be here at all
Héroïne
Pourquoi fais-tu cela?
Je n’aime pas ce que je vois
Tu promets à quelqu’un un vrai bon moment
Et puis, tu les prends à leur famille
Tu trembles et tu commences à transpirer
Tu ne veux pas du sevrage
Et quand ta chair commence à ramper
Tu préférais ne pas être du tout ici

Voici un grand classique: « Man At C & A », « L’homme au (magasin) C & A », qui découvre que la guerre atomique a été lancé. L’ambiance est très bien montrée musicalement, en faisant un classique anti-nucléaire du même niveau que « Dancing with tears in my eyes » du groupe Ultravox.

Warning, warning, nuclear attack
Atomic sounds designed to blow your mind
World War Three.
Nuclear attack
Rocking atomically
This Third World War, atomic sounds.
Attention, avertissement, une attaque nucléaire
Des sons atomiques conçus pour souffler votre esprit
Troisième Guerre mondiale.
Attaque nucléaire
Un rock atomique
Cette troisième guerre mondiale, des sons atomiques.

The man in black he told me the latest Moscow news
About the storm across the red sea they drove their ball point views
I’m the man in grey, I’m just the man at C & A
And I don’t have a say in the war games that they play.
L’homme en noir, il m’a dit les dernières nouvelles de Moscou
À propos de la tempête sur la mer rouge, ils ont pris des décisions avec leurs stylos
Je suis l’homme en gris, je suis juste l’homme à C & A
Et je n’ai pas un mot à dire dans les jeux de guerre qu’ils jouent.

Warning, warning, nuclear attack
Shark attack to hit you on your back.
World War Three.
Attention, avertissement, une attaque nucléaire
Une attaque de requin [sic] frappant sur le dos.
Troisième Guerre mondiale.

The Mickey Mouse badge told, Ayatollah at his feet
You drink your oil you schmuck, we’ll eat our heads of wheat
But I’m the man in grey, I’m just the man at C & A
And I don’t have a say in the war games that they play.
Le badge Mickey Mouse a dit, l’ayatollah à ses pieds
Tu bois ton pétrole espèce de crétin, nous mangerons nos épis de blé
Je suis l’homme en gris, je suis juste l’homme à C & A
Et je n’ai pas un mot à dire dans les jeux de guerre qu’ils jouent.

Boom shakalaka boom
Nuclear nuclear, nuclear war.
Warning, warning, nuclear attack
The boom never ban

Boom shakalaka boom
Guerre nucléaire, guerre nucléaire
Attention, attention, guerre nucléaire
Le boum jamais interdit

Pour finir, voici la chanson « Ghost town », où le groupe explique que la ville devient une ville-fantôme en raison de la violence, qui anéantit toute vie sociale.

La « fête des animaux » en 1970, 1971 et 1972

La mort d’Alexandre Grothendieck a été prétexte de remarques toutes favorables dans la presse, ce qui est logique puisqu’un hurluberlu racontant n’importe quoi correspond parfaitement à ce qu’attend cette presse de la part d’un « écologiste ». Pas de radicalité, un esprit « scientifique », une existence anti-sociale, les animaux oubliés, et surtout pas de Gaïa : Alexandre Grothendieck est ainsi parfait.

Libération en a ainsi fait le « fondateur de l’écologie radicale », ce qui est totalement ridicule. Alexandre Grothendieck ce sont des critiques du nucléaire et de la pollution, de la technique, dans quelques numéros d’une revue qui furent ronéotypés (l’ancêtre de la photocopie), mais cela s’arrête là (voir Grothendieck et le groupe « Survivre et vivre »).

Alexandre Grothendieck parle-t-il des animaux ? Non. Parle-t-il de la Nature ? Même pas. C’est juste un de ces typiques partisans français de la décroissance, de la petite production en mode rustique.

Libération a été bien plus inspiré de dire :

« Il aurait été à l’aise à Sivens avec les zadistes qui ont repris son combat. »

Car, c’est vrai, c’est le même esprit. José Bové y est allé d’ailleurs dans le même topo, toujours dans Libération :

Peut-on faire un lien avec les zadistes ?

Il faut. Que voit-on émerger ? Un lien entre la question des modes de vie et celle de l’engagement écologique. On mène des combats et on change sa vie au quotidien. Il y a une remontée très forte face à l’urgence de la crise écologique que nous connaissons aujourd’hui. C’est ce que portait le slogan Ici et maintenant. La radicalité est la même, on peut dire que les zadistes à Sivens ou à Notre-Dame-des-Landes sont les enfants de Grothendieck.

Aucun contenu, juste un « style » : c’est vrai c’est pareil.

De manière bien plus intéressante, loin de cette logique du « la terre, elle, ne ment pas », voici un extrait de ce qu’on peut trouver dans un bulletin de l’association de Grothendieck. Il s’agit d’une information concernant une « fête annuelle des animaux ».

L’information dans le bulletin consistait en fait à faire appel à des gens de l’association pour passer là-bas, pour tenir un stand, etc.

Or, ce qu’on y lit est terriblement frappant : on est au début des années 1970 (en 1972 exactement) et on peut lire des choses qui correspondent, pratiquement mot pour mot, à l’argumentaire qu’on peut lire aujourd’hui.

C’est inquiétant : on n’a pas avancé en 40 ans, ou bien le discours actuel est franchement dépassé par la libération animale, il y a beaucoup à réfléchir. En tout cas si vous avez des informations au sujet de cette fête des animaux qui s’est tenu le 1er octobre (1970, 1971 et 1972 au moins), n’hésitez pas à nous en faire part !

[Cliquer sur l’image pour l’avoir en (un peu) plus grand.]

Grothendieck et le groupe « Survivre et vivre »

Hier est mort le mathématicien Alexandre Grothendieck, à l’âge de 86 ans, qui était considéré comme une grande figure scientifique du 20ème siècle pour différents travaux. Il a frappé les esprits par son engagement, lié à l’écologie, mais très brouillon.

Alexandre Grothendieck était une sorte de hippie génial en mathématiques. Apatride en raison de la seconde guerre mondiale (son père meurt à Auschwitz), il refuse de l’armée pour devenir français, devient alors professeur dans différents pays avant de l’être en France dans un institut privé, Institut des hautes études scientifiques, qu’il quittera quand il saura que le ministère de la défense le finance en partie.

Lauréat de la médaille Field, l’équivalent du Nobel en mathématiques, en 1966, il refuse d’aller la chercher dans l’URSS sous Brejnev. Par la suite, il refusera de nombreux prix et finira sa vie, seul, en Ariège à Lasserre. Il a écrit de très nombreux articles au sujet de son engagement, de ses réflexions et de sa vie, remplissant des milliers de pages, de manière énigmatique voire franchement obscure ou incompréhensible, comme par exemple « Récoltes et semailles – Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien« .

Au cours de ce parcours, dans les années 1970, Grothendieck avait fondé le groupe « Survivre et vivre » avec d’autres mathématiciens de haut niveau, dont Pierre Samuel et Claude Chevalley.

Ce groupe a été fondé à Montréal en 1970, et se veut un « mouvement international pour la survie de l’espèce humaine », puis un « mouvement international et interprofessionnel pour notre survie ». Son but est présenté comme suit :

« Lutte pour la survie de l’espèce humaine et de la vie en général menacée par le déséquilibre écologique créé par la société industrielle contemporaine (pollutions et dévastations de l’environnement et des ressources naturelles), par les conflits militaires et les dangers de conflits militaires. »

Pour résumer, le groupe « Survivre et vivre » entend survivre en s’opposant aux conséquences du « monde industriel », et vivre en abolissant la contradiction entre les scientifiques et la population.

Pour cette raison, les scientifiques doivent se tourner vers la population, et catégoriquement tout lien, même passif avec les militaires.

Plus concrètement, le groupe essayait de développer une sorte de contre-culture, au moyen d’une sorte de fanzine, allant jusqu’à  tirer 12500 exemplaires. Le milieu était celui de Charlie Hebdo et de La gueule ouverte, ces journaux satiriques engagés dans ce qui était déjà l’esprit de la « décroissance », la CNT, les pacifistes, etc.

On est dans un ton très satirique – cynique, comme en témoigne cet exemple de dessin qu’on pouvait trouver.

Pour le ton, on ne sera guère étonné de voir cette idéologie localiste – décroissant – individualiste qui va du Larzac à Notre-Dame-des-Landes, avec toujours cette mystique de la petite production, de la communauté autogérée, etc.

Entre des appels anti-militaristes et des critiques du nucléaire, on peut par exemple trouver un article très révélateur sur… la recette du lait caillé, afin d’éviter d’avoir à acheter des yaourts industriels, dont l’emballage pollue.

On peut trouver les publications de ce groupe sur cette page ; voici un extrait plutôt intéressant (par rapport au reste!) et pouvant aider à comprendre le sens de cette approche.

Le groupe « Survivre et vivre » n’a jamais ainsi voulu assumer de gérer un quelconque changement : ainsi l’écologie était à la fois saluée, à la fois rejetée comme voulant ralentir la croissance et la gérer à long terme, et donc assumer de diriger l’Etat, ce à quoi le groupe, dans un esprit anarchiste, rejette.

Au final, cela a contribué plus qu’autre chose à renforcer le mouvement dit « désirant » des années 1970 (vivre selon ses désirs, etc. etc.), dans ce fameux esprit libéral-libertaire qui a suivi 1968, avec cet esprit de petites communautés hippies critiques de la « société technicienne », une idéologie qu’on retrouvera par la suite ces quinze dernières années dans ces fameuses revues gratuites distribuées dans les magasins bios.

Linha de frente: Alerta

VEAN a pris l’excellente initiative de fournir le texte de la chanson « classique » du groupe brésilien Linha de frente: Alerta !

Linha de Frente – Alerta from Mamoru Yamamoto on Vimeo.

Combatendo frente a frente o inimigo
Usando todas forças para vencer
Je combats l’ennemi face à face
Utilisant toutes mes forces pour vaincre

O alastramento,degeneração,moralidade
O atentado ao pudor desenfreado
Contre la division, la décadence de la morale
Contre la tendance à l’agression sexuelle

Das ruinas ergue-se a fortaleza
Seguindo alerta
Criterioso
Frente a frente com o inimigo
La forteresse est en ruine
S’ensuit l’alerte
Opportune
Le face à face avec l’ennemi

Em lutas árduas
Pela busca reformatória
Da ética
Das ruinas erguem-se mais fortalezas
Dans de pénibles luttes
à la recherche pour une révolution
Morale
Monte sur les ruines des forteresses

Coragem, bravura
Contra
Os declinios morais
Atravésda mãos
Armadas ou não
Através da linguagem da educação

E esperança
Courage, courage
Contre
Le déclin moral
Par les mains
Armées ou non
A travers le langage de l’éducation
Foi
Et espoir

Purifica sua mente
Fortalece sua alma
Educa sua índole
Purifica sua mente
Purifie ton esprit
Renforce ta conscience
Éduque ta personnalité
Purifie ton esprit

Matendo-se livre do ciclo da ignorância
Com as mãos limpas do sangue inocente
Os gritos ecoam de todos os lados
En vue de te libérer du cycle de l’ignorance
Sans le sang des innocents sur les mains
Les cris font écho de tous les côtés

Ecoam os gritos
Vegan straight edge
Toi aussi fais écho de ces cris :
Vegan straight edge

Green Rage – Sea of blood

Voici de nouveau une traduction d’une chanson de Green Rage, intitulée Sea of blood – Mer de sang. Rappelons le encore une fois : cela date du début des années 1990…

On a d’ailleurs ici peut-être de résumé le plus clairement la philosophie hardline : puisque la violence contre les animaux est complète, alors il faut soulever une tempête de contre-violence, pour faire face et libérer les animaux et la Terre.

Utopique ? Peut-être, mais moralement juste. Et de toutes manières, vue l’offensive tout azimut contre la planète, c’est la seule alternative crédible, à défaut d’être peut-être réalisable en tant que tel. Encore que : comment prétendre que l’humanité pourrait triompher de Gaïa ? C’est impossible.

death cast upon them. their death, your commodity. tortured and enslaved in a world of inhumanity. condemned to a world of darkness.
la mort leur est imposée. leur mort, votre marchandise, torturé et esclavagisé dans un monde d’inhumanité. condamné à un monde de ténèbres.

a realm of cruelty and pain. incessant murder of victims. murderers, you wont go unblamed. a sea of blood arises. death becomes their reality. unkowingly bestowed upon them.
un royaume de cruauté et de douleur. assassinat incessant des victimes. meurtriers, vous ne resterez pas sans punitions. une mer de sang se lève. la mort devient leur réalité. les frappant anonymement.

a demonic destiny. slaves on a factory farm. deprived of their instinct. driven insane. slaughtered in the temple of death. disillusion of pain.
un destin démoniaque. esclaves dans une ferme-usine. privés de leur instinct. rendus fou. abattus dans le temple de la mort. la désillusion de la douleur.

a sea of blood arises. death becomes their reality. unknowingly bestowed upon them.
une mer de sang se lève. la mort devient leur réalité. les frappant par surprise.

a demonic destiny. condemned to a world of darkness. a realm of cruelty and pain. as the temple doors close. too terrified to take the last breath. the final end to their suffering.
un destin démoniaque. condamné à un monde de ténèbres. un royaume de cruauté et de douleur. alors que les portes du temple se ferment. trop terrifiés pour prendre le dernier souffle. le point final à leur souffrance.

their death. our insurrection is being established.
leur mort. notre insurrection est en train d’être établie.

a battle for the animals that are scorned. no longer can we let this conquered flesh be torn. to inflict this pain. you have no right.
une bataille pour les animaux qui sont méprisés. nous ne pouvons plus laisser cette chair conquise être déchirée. infliger cette douleur. vous n’avez aucun droit.

in defense of the sentiment. it’s a war that we will fight. we will win this war.
en défense du sentiment. c’est une guerre que nous ferons. nous gagnerons cette guerre.

« Déclaration de guerre »

Aujourd’hui, on sait à quel point la planète est attaquée. C’est une évidence, personne ne peut le nier. On ne peut qu’être frappé par conséquence de la justesse de la radicalité des gens qui, au début des années 1990, ont affirmé qu’il fallait assumer la bataille pour la planète.

Leur démarche était visionnaire, tout simplement. Bien entendu, il y avait une certaine naïveté, inévitablement quand des jeunes de 15-20 ans découvrent un nouvel horizon. Il n’en est pas moins vrai que leur démarche était authentique.

Voici un exemple avec le texte de la chanson « Declaration » de « Green Rage » (Rage verte), un groupe de musique américain parallèle aux « classiques » que furent Earth Crisis et Vegan Reich.

Ce texte date de 1993 et c’est justement marquant : plus de vingt ans après, il est d’autant plus évident que les enjeux réels étaient vus, qu’il avait été compris que tout devait changer, totalement, et qu’il fallait le dire, l’affirmer…

Notre mère la Terre a besoin de notre abnégation, pour la confrontation!

Here it is. our confrontation. to eradicate the evil.
Voilà. notre confrontation. pour éradiquer le mal.

a declaration. animals claimed to vivisection everyday. used and abused then euthanized. the earth stripped clean for its prized possesions.
une déclaration. des animaux exigés chaque jour par la vivisection. utilisés et maltraités puis euthanasiés. la terre dépouillée jusqu’au bout de ses possessions prisées.

for a brutal society filled with greed and deception.
pour une société brutale remplie de cupidité et de déception.

by any means necessary. we will attack. we will fight for them because they cant fight back. these are the truths that we hold dear.
par tous les moyens nécessaires. nous allons attaquer. nous allons nous battre pour eux, car ils ne peuvent pas répondre. ce sont les vérités qui nous sont chères.

lives may bew lost if you interfere. your change is crucial for our salvation. our future depends on your edification. join the side of justice. and you will be spared.
des vies peuvent êtres perdues si vous interférez. votre changement est crucial pour notre salut. notre avenir dépend de votre édification. rejoignez le camp de la justice. et vous serez épargnés.

to the demons of society. you will no longer be compared. declaration of war. injustice fuels the hate. your evil makes you weak. your evil is my strength.
aux démons de la société. vous ne pourrez plus comparer [au procès]. déclaration de guerre. l’injustice alimente la haine. votre mal vous rend faible. votre mal est ma force.

by devouring the death of the innocent to slavery you consent. straying from the natural law. you have no choice but to repent. all the sins that are destroying the earth and sentencing its creatures to die.
en dévorant la mort de l’innocent vous consentez à l’esclavage. vous écartant de la loi naturelle. vous n’avez pas d’autre choix que de vous repentir. De tous les péchés qui détruisent la terre et condamnent ses créatures à mourir.

for the senseless sadistic diet on which you rely. restricted by the ignorance of those all around. who encase their minds in toxins and drag us all to the ground. dealing out their poisons. making us blind to see.
du régime absurde et sadique sur lesquels vous vous fondez. limités par l’ignorance de tous ceux qui vous entourent. qui enferment les esprits dans les toxines et nous amènent tous à nous effondrer. vendant leurs poisons. nous rendant incapable de voir.

we are fighting as one team. a militant unity. this is my decree to make it well aware. against the worlds evil. it’s war that I declare
nous nous battons comme une seule équipe. une unité militante. c’est mon décret pour le rendre bien conscient. contre le mal du monde. c’est la guerre que je déclare.

On notera que par la suite, le groupe xDestroy Babylonx a repris cette chanson, en partie.

Le « jus de viande » « viandox »

Lorsque la viande est devenue une production industrielle, au fur et à mesure du 19ème siècle, il est apparu des entreprises proposant des « extraits » de viande. L’une d’elle, très connue, est la « Liebig’s Extract of Meat Company », fondée en 1865 en Angleterre.

Le Liebig en question est Justus Liebig, un chimiste allemand qui participe de plain-pied à l’agriculture nouvelle qui s’élance. Voici quelques publicités typiques du genre pour les « extraits de viande »…



Ces images sont frappantes d’irrationnel… Et c’est tout un arrière-plan.

Prenons par exemple le « bovril ». C’est un « extrait de boeuf » produit par Unilever, et l’origine du nom est tout un symbole. Si « bov » fait penser au bœuf, le terme « vril » fait référence à un roman de science-fiction où une race humanoïde supérieure utilise une énergie magique, appelé justement « vril ».

Le succès du roman d’Edward Bulwer-Lytton, « Vril, le pouvoir de la race à venir », fut énorme dans les milieux mystiques d’extrême-droite, et ceux jusqu’à aujourd’hui… On est dans la logique de la « viande » comme moyen de se dépasser physiquement…

On notera qu’Unilever possède, en plus de Bovril, également la « Marmite » (prononcer « marmaïte »), cette pâte à tartiner végétalienne très connue en Angleterre, et par ailleurs également inventée par Liebig, à partir de levures de bière.

Et Unilever possède aussi, par l’intermédiaire de Knorr, le fameux « Viandox ».

Il s’agit d’une sauce salée avec notamment des exhausteurs de goût (glutamate monosodique etc.) et justement de « l’extrait de viande ».

Voici les conseils « officiels » d’utilisation :

« Pour la cuisson des pâtes, du riz, des pommes de terre et des légumes : versez 2 cuillères à soupe d’assaisonnement Viandox dans l’eau de cuisson.
Pour vos soupes et vos plats de viande ou poisson, versez quelques gouttes d’assaisonnement Viandox pendant la cuisson ou directement dans l’assiette.
Pour une boisson chaude réconfortante : versez 2 cuillères à café d’assaisonnement Viandox dans 20 cl d’eau bouillante. »

Car le viandox, c’est un ancien « classique » du bistro, au point d’avoir été immortalisé dans une chanson de Renaud décrivant cette ambiance « blouson de cuir » :

« Un p’tit Rocky barjo
Le genre qui s’est gouré d’trottoir
Est v’nu jouer les Marlon Brando
Dans mon saloon
J’ai dit à Bob qu’avait fait tilt
Arrête j’ai peur c’est un blouson noir
J’veux pas d’histoires
Avec ce clown

Derrière ses pauv’ Raybane
J’vois pas ses yeux
Et ça m’énerve
Si ça s’trouve i’m regarde
Faut qu’il arrête sinon j’le crève
Non mais qu’est ce que c’est qu’ce mec
Qui vient user mon comptoir
L’a qu’à r’tourner chez les Grecs
Se faire voir

Avant qu’il ait bu son viandox
J’l’ai chopé contre l’juke-box
Et j’lui ai dit
Toi tu m’fous les glandes
Pis t’as rien à foutre dans mon monde
Arrache toi d’là t’es pas d’ma bande
Casse toi tu pues
Et marche à l’ombre »

Voici des images typiques de l’esprit « viandox », encore une fois assez terrible…






Tout cela relève de la logique du « pour avoir du muscle il faut manger du muscle » propre à l’idéologie de la viande. Et on peut être bien heureux que le viandox se soit totalement ringardisé, et même c’est un bon exemple à utiliser pour se moquer de tout cela !

Des tablettes de chocolat au sang

De tout temps, le sang et la viande ont été considérés comme des matières premières pour le traitement d’affections multiples.

La Bible dit « le Sang est la vie ». Maurice Bouvet, dans « Histoire de la pharmacie en France » montre le rôle fondamental qu’ont joué les médicaments d’origine animale ou humaine en médecine, avec un engouement particulier au début du XVIIe siècle : le sang humain, la momie, le sang de bouc, le sang de lièvre, font partie des produits énumérés par Jean de Renou.

L’intérêt pour ces produits s’atténue au XVIIIe siècle et le nombre des produits cités dans les formulaires et les pharmacopées, nous dit Maurice Bouvet, s’amenuise peu à peu. En réalité, certains produits issus du sang ou de la viande vont rester très populaire, ou le redevenir à la fin du XIXe siècle et au début du XXe.

C’est ainsi que les publicités pharmaceutiques vantent en 1905 les mérites de la « poudre de viande crue de Catillon », de « l’hémoglobine Deschiens », de « la poudre de bifteck Adrian » ou encore de « la poudre de viande de Trouette-Perret ».

En 1986, il existait encore, dans le Vidal, 228 spécialités d’origine bovine dont 128 ont disparu du Vidal 1996. Pratiquement toutes ont disparu aujourd’hui. (…)

Les spécialités pharmaceutiques à base de sang et de viande à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle

Le boeuf (Bos taurus) fait partie très tôt des produits pharmaceutiques : chair, os, moelle et bile (ou fiel) figurent au Codex de 1837.

La fin du XIXe siècle voit s’affronter, dans une concurrence parfois ouverte et agressive, différentes formes de médication issues de la viande ou du sang ; ce sont trois formes surtout qui retiennent l’attention (et qui vont persister au-delà de 1945) : les sucs et jus de viande, voire les extraits ; les peptones, qui résultent de l’action de la pepsine sur la viande ; l’hémoglobine et diverses compositions associées. (…)

En 1875, Duroy propose à son tour une spécialité à base « d’extrait minéral et organique de sang de boeuf » sous forme de pilules. Ce nouveau médicament remplace, selon lui, avec supériorité « les ferrugineux, les phosphates, le quinquina, la pepsine, l’huile de foie de morue, la viande crue, l’extrait de viande, etc. ».

Duroy développe toute une argumentation sur le boeuf, « le plus robuste et le plus sain » des animaux utilisés pour l’alimentation et dont le sang « est identique en tout point au sang humain ». (…)

La troisième approche pour utiliser le sang et ses dérivés va se concentrer autour de l’hémoglobine, découverte en 1864. Crinon développe une spécialité (cachets ou chocolats) dès 1876 à base d’hémoglobine, « qui remplace avantageusement les ferrugineux et la viande crue ».

Pour son auteur, c’est la préparation la plus ancienne de toutes celles qui sont présentées sous le nom d’hémoglobine et « elle a rencontré, depuis, de nombreux imitateurs ». Le produit est présenté sous forme de cachets et de tablettes de chocolat. Byla date également à 1876 l’utilisation de l’hémoglobine par Lebon qui présente à la Société de thérapeutique une préparation liquide contenant de l’hémoglobine en solution sucrée. (…)

Cette brève revue des médicaments à base de sang et de viande montre que le XIXe siècle et le début du XXe siècle ont été riches en utilisations médicales de ces matières premières d’origine animale. Le plasma musculaire sera à l’origine de la zomothérapie.

Les peptones et l’hémoglobine, découverte en 1864, seront également très utilisés. L’une des principales indications sera bien sûr l’anémie, mais aussi la tuberculose. Ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale que cet usage va peu à peu disparaître au profit des antibiotiques. La plupart des médicaments dérivés du sang aujourd’hui sont fabriqués à partir du sang ou de plasma humain. »

(Revue d’histoire de la pharmacie: Quand le sang et la viande étaient des médicaments)

« On peut le remonter vivant et le saigner »

« On peut le remonter vivant et le saigner » : voici ce qu’on peut lire en 2014 sur la page « style » du journal Le Monde (lié à M le magazine du Monde), dans l’article « Du beau, du bon, de la BONITE » :

« Pour les marins marseillais, la différence est majeure : « Le bonitou, c’est pas terrible. Nous les pêcheurs, on ne le mange pas, confie Christian Guarino, qui pêche la bonite depuis plus de trente ans, au vallon des Auffes, à Marseille. Ce poisson-là est surtout bon à faire des pâtés. »

En revanche, le pêcheur raffole de pélamide, ou « palamide », comme on dit chez lui. « C’est un poisson moins sanguinolent, la chair est rose clair, moelleuse et ferme à la fois, il survit plus longtemps dans les filets, donc on peut le remonter vivant et le saigner. Son goût est incomparable », affirme celui qui vend ses prises sur le Vieux-Port et fournit des grands chefs comme Gérald Passédat (Le Petit Nice).

Le chef étoilé comme son pêcheur la préfèrent crue, tant sa texture est fine, fondante, soyeuse. L’un la prépare avec des zestes de bergamote et des légumes en julienne, l’autre avec un trait de jus de citron, un peu d’échalote ou un fruit exotique. »

Voilà une barbarie exemplaire de modernité. Car il ne s’agit nullement de nourriture, d’alimentation, mais bien de style, masqué derrière le « goût ». Et ce goût, ici, c’est celui du meurtre.

Voilà pourquoi justement les produits simili-carnés sont une honte : ils ont le goût du meurtre, même s’ils ne sont pas fondés sur le meurtre. C’est toute une culture qui est à refaire, et faire un fétiche d’un goût lié au meurtre, c’est inévitablement, un jour, y retourner.

Même si tout le monde mangeait des produits simili-carnés, un jour forcément un retour à « l’authentique » verrait le jour, et là fini le pseudo véganisme, tout cela rien qu’avec la question culturelle du goût.

Soit le véganisme est un nouveau goût, un saut de civilisation, soit il n’existe pas.

Pour en revenir à la question du goût, voici également ce que dit l’article du monde consacré au « style », et c’est très intéressant de par cet ignoble mélange d’ultra-modernité et de terroir, de « style » et d’irrationel magique :

« En Turquie, le lakerda est un mezze de bonite en saumure dont la recette remonte aux premières heures de l’Empire ottoman. Sur les marchés d’Istanbul, à la belle saison, les bonites (palamut, en turc) sont les trésors des étals. En direct du Bosphore, elles sont présentées avec les ouïes retournées, dont le rouge vif témoigne de leur fraîcheur.

Tandis qu’en Océanie, dans les îles Salomon, certaines populations vouent un véritable culte au beau poisson moiré. Ainsi, pour le peuple Owa d’Aorigi, la bonite est porteuse du mana sacré, une énergie vitale symbolisée par la brillance et l’iridescence. « La bonite a un statut très particulier dans l’archipel, explique l’anthropologue Sandra Revolon. Quand elle est en vie, sa peau est irisée ; une fois morte, c’est sa chair qui se pare de reflets arc-en-ciel. C’est un phénomène puissant à leurs yeux. »

Chez les Owa, une cérémonie d’initiation voit les jeunes garçons, futurs grands pêcheurs, se frotter avec les bonites, pour s’enduire de leurs cellules iridophores. « La bonite, ce n’est pas seulement une nourriture, conclut le chef Christian Qui. Elle ajoute du merveilleux, du magique dans l’assiette. » »

Magique et ancestral: voici ce que ces gens sont obligés d’inventer pour légitimer le crime. Tout cela relève de principes, de valeurs, de traditions. Peut-on aider les animaux si on ne connaît pas ces pfincipes, si on n’est pas capable de les vaincre ?
En 2014, ne doit-on pas être prêt à tout renverser pour en finir avec des propos aussi infâmes que : « on peut le remonter vivant et le saigner » ?

Du singe oisif et sans souci à l’homme anxieux et désaxé

Pas facile d’ancrer la reconnaissance de la Nature dans la culture: il faut avoir l’oeil, un oeil local, avec une vue prolongée. Voici un article portant sur une simple pancarte du Muséum d’Histoire Naturelle de Lille, qui est en fait lourde de signification…

L’article vient du site l’Amicale progressiste de Lille, qui a la même démarche d’ancrage dans la culture et l’histoire locales donc que Vegan Edge Antifa Nord (VEAN) et Nantes-Loire vegan straight edge (NALO).

Sur les quelques pancartes du Muséum d’Histoire Naturelle de Lille, on trouve une petite citation bien étrange. Elle est en bas de la pancarte intitulée « L’homme : une espèce animale pas tout à fait comme les autres ? » la conclusion suivante :

« Le processus par lequel le singe oisif et sans souci s’est transformé en homme anxieux et désaxé a reçu le nom d’évolution. » (d’après M. Price)

Une citation aussi cynique laisse une impression de décalage dans un musée dédiée à la science. Elle semble dénigrer l’être humain et également le processus d’évolution, ce qui est particulièrement curieux pour un Muséum d’Histoire Naturelle dont l’objectif premier est de montrer la théorie de l’évolution (des petites brochures sous forme de jeux expliquant la théorie de Darwin aux enfants sont d’ailleurs distribuées à l’entrée du musée).

Mais peut-être que la citation est sortie de son contexte, qu’elle traduit un cri du cœur écologiste, que son auteur est un scientifique méconnu qui avait développé toute une pensée autour de cette citation. Voyons ce qu’il en est.

Une première recherche sur l’auteur montre qu’en réalité il ne se nomme pas M. Price mais Roger Price. Cela peut paraître négligeable mais le Muséum d’Histoire Naturelle est censé être un lieu dédié à la science, un lieu où le savoir scientifique est célébré. Comment un musée qui n’est même pas capable d’écrire correctement l’auteur d’une citation peut-il être crédible ?

Mais ce n’est malheureusement pas tout ! En effet, Roger Price n’est pas du tout un scientifique. Roger Price était un humoriste américain, auteur de comédies, écrivain, dessinateur et éditeur. Le problème n’est pas tant que Roger Price ne soit pas un scientifique mais que le musée n’ait même pas pris la peine de préciser qui était cet homme. Cette pratique tient quasiment de la tromperie !

Voyons maintenant la signification de la citation. Elle est tirée d’un livre nommé Cerveau à sornettes, de l’évitisme en général et de ses rapports avec l’art de la traduction en particulier. Et la citation n’est pas entière, il manque la conclusion. La voici :

« Le processus par lequel le singe oisif et sans souci s’est transformé en homme anxieux et désaxé, a reçu le nom d’évolution. L’évolution est une imposture ! »

Même si la citation a été tronquée – pour ne garder que la partie la moins gênante pour un établissement scientifique – il est inadmissible qu’un muséum puisse mettre en avant de tels propos !

Car même si l’auteur se voulait caustique, il y a un sens profond derrière cette déclaration apparemment humoristique. Le livre Cerveau à sornettes par exemple est considérée par le Wikipédia anglophone comme la Bible de l’« évitisme » qui, pour faire simple, serait un mouvement qui consiste à tout éviter sauf manger, respirer et métaboliser.

L’idée est de ne surtout pas devenir quelqu’un, de ne surtout pas produire quoique soit et, par conséquent, de ne surtout pas connaître de succès. C’est donc une démarche totalement opposée à la science !

Comment faire avancer la science sans vouloir réaliser quelque chose ? Comment améliorer le monde, aider les animaux et vivre toujours plus en harmonie avec la nature en ne voulant surtout pas rencontrer de succès ? C’est impossible bien sûr.

Nous avions déjà parlé de son caractère morbide, de son absence de transmission de connaissance sur la nature, mais le Muséum d’Histoire Naturelle de Lille, en affichant cette citation, montre également que c’est un bien piètre transmetteur de la culture scientifique en général, qui ne fait preuve d’aucune rigueur.

« Vous avez détruit la beauté du monde! »

Aujourd’hui la chanteuse québecoise Diane Dufresne a 70 ans. Elle est bien connue en France, c’est une artiste « à l’ancienne » : entière, inspirée, pas toujours dans la réussite, mais avec l’exigence de contribuer à l’art. Même si c’est parfois idéaliste, cela parle… Comme sa très célèbre et belle chanson intitulée « L’hymne à la beauté du monde ».

Voici les paroles:

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas la beauté du monde

Ne tuons pas la beauté du monde
Chaque fleur, chaque arbre que l´on tue
Revient nous tuer à son tour

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas le chant des oiseaux
Ne tuons pas le bleu du jour

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas la beauté du monde

Ne tuons pas la beauté du monde
La dernière chance de la terre
C´est maintenant qu´elle se joue

Ne tuons pas la beauté du monde
Faisons de la terre un grand jardin
Pour ceux qui viendront après nous
Après nous

Ne tuons pas la beauté du monde
La dernière chance de la terre
C´est maintenant qu´elle se joue

Ne tuons pas la beauté du monde
Faisons de la terre un grand jardin
Pour ceux qui viendront après nous
Après nous

En fait cette chanson a une dimension terrible. Elle n’est qu’une partie d’une chanson plus longue composée par Luc Plamondon, à l’origine notamment du fameux « Starmania », et qui s’appelle « Le monde est fou ».

Elle a été chantée par Renée Claude, et la voici, avec les paroles aussi. Mais l’inspiration pour cette chanson a un arrière-plan historique ô combien parlant, et encore plus tellement d’années après où les choses ont empiré.

Le 4 juin 1972, la poétesse Huguette Gaulin s’asseoit à Montréal, sur la place Jacques Cartier, juste en face de la mairie. Elle s’arrose d’essence et s’immole, ses dernières paroles étant une accusation terrible: « Vous avez détruit la beauté du monde! »

Le monde est fou
On s’en va où?
On s’en va où?
On s’en va où?

J’ai mal aux pieds
Dans mes souliers
J’ai trop marché
Sur le ciment

Déshabill’-moi, libère-moi, emmène-moi
Déshabill’-moi, libère-moi, emmène-moi
Courir nue dans les champs

J’ai mal aux yeux
Je n’vois plus rien
L’soleil est loin
Donn’-moi la main

Emmène-moi au fond des bois ou n’importe où
J’ai l’impression d’être arrivée au bout de tout

Le monde est fou
On s’en va où?
On s’en va où?
On s’en va où?

J’ai mal au coeur
J’ai l’mal de terre
J’ai besoin d’eau
J’ai besoin d’air

Déshabill’-moi, libère-moi, emmène-moi
Déshabill’-moi, libère-moi, emmène-moi
Au milieu de la mer

J’ai mal à moi, j’ai mal à toi, j’ai mal à vous
J’ai mal à moi, j’ai mal à toi, j’ai mal à vous

Arrêtons-nous, arrêtons-nous!
Arrêtons-nous, arrêtons-nous!

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas la beauté du monde

Ne tuons pas la beauté du monde
Chaque fleur, chaque arbre que l’on tue
Revient nous tuer à son tour

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas le chant des oiseaux
Ne tuons pas le bleu du jour

Ne tuons pas la beauté du monde
Ne tuons pas la beauté du monde

Ne tuons pas la beauté du monde
La dernière chance de la terre
C’est maintenant qu’elle se joue

Ne tuons pas la beauté du monde
Faisons de la terre un grand jardin
Pour ceux qui viendront après nous
Après nous…

Maurice de Guérin et le centaure

Aujourd’hui a lieu un pique-nique pour marquer le coup suite à l’opération de destruction du Testet…

En hommage à ce patrimoine culturel et naturel qu’était la zone humide du Testet et toutes les espèces qu’elle abritait, nous invitons tous les participants au désormais traditionnel pique-nique du dimanche à apporter des croix avec comme inscription « Patrimoine tarnais 2014 » et/ou des linceuls (draps blancs). Pour venir, voir le plan ici.

Et comme la journée s’y prête, rappellons les mots de Maurice de Guérin (poète des forêts autour de son Cayla natal, tout proche de Sivens) :

« J’habite avec les éléments intérieurs des choses, je remonte les rayons des étoiles et le courant des fleuves jusqu’au sein des mystères de leur génération. Je suis admis par la Nature au plus retiré de ces divines demeures, au point de départ de la vie universelle; là je surprends la cause du mouvement et j’entends le
premier chant des êtres dans toute sa fraîcheur » (décembre 1834)

Détruire la zone humide du Testet, détruire la nature de Maurice de Guérin est un symbole fort. C’est faire insulte au Patrimoine culturel Tarnais et ne pas être digne de le représenter devant l’histoire.

Il est vraiment intéressant de relier Nature et culture: en France, c’est rompre avec toute l’idéologie dominante. Et c’est redécouvrir une culture totalement différente de celle qui est imposée, car au service des valeurs dominantes…

Voici un extrait d’un poème de Maurice de Guérin, intitulé Le centaure. Le poète y célèbre la vie à travers un centaure philosophant sur la Nature, et passant lui-même de la jeunesse à la vieillesse.

Je me délassais souvent de mes journées dans le lit des fleuves. Une moitié de moi-même, cachée dans les eaux, s’agitait pour les surmonter, tandis que l’autre s’élevait tranquille et que je portais mes bras oisifs bien au-dessus des flots.

Je m’oubliais ainsi au milieu des ondes, cédant aux entraînements de leur cours qui m’emmenait au loin et conduisait leur hôte sauvage à tous les charmes des rivages. Combien de fois, surpris par la nuit, j’ai suivi les courants sous les ombres qui se répandaient, déposant jusque dans le fond des vallées l’influence nocturne des dieux !

Ma vie fougueuse se tempérait alors au point de ne laisser plus qu’un léger sentiment, de mon existence répandu par tout mon être avec une égale mesure, comme, dans les eaux où je nageais, les lueurs de la déesse qui parcourt les nuits.

Mélampe, ma vieillesse regrette les fleuves ; paisibles la plupart et monotones, ils suivent leur destinée avec plus de calme que les centaures, et une sagesse plus bienfaisante que celle des hommes. Quand je sortais de leur sein, j’étais suivi de leurs dons qui m’accompagnaient des jours entiers et ne se retiraient qu’avec lenteur, à la manière des parfums.

Une inconstance sauvage et aveugle disposait de mes pas. Au milieu des courses les plus violentes, il m’arrivait de rompre subitement mon galop, comme si un abîme se fût rencontré à mes pieds, ou bien un dieu debout devant moi.

Ces immobilités soudaines me laissaient ressentir ma vie tout émue par les emportements où j’étais. Autrefois j’ai coupé dans les forêts des rameaux qu’en courant j’élevais par-dessus ma tête ; la vitesse de la course suspendait la mobilité du feuillage qui ne rendait plus qu’un frémissement léger ; mais au moindre repos le vent et l’agitation rentraient dans le rameau, qui reprenait le cours de ses murmures.

Ainsi ma vie, à l’interruption subite des carrières impétueuses que je fournissais à travers ces vallées, frémissait dans tout mon sein. Je l’entendais courir en bouillonnant et rouler le feu qu’elle avait pris dans l’espace ardemment franchi. (…)

Mes regards couraient librement et gagnaient les points les plus éloignés. Comme des rivages toujours humides, le cours des montagnes du couchant demeurait empreint de lueurs mal essuyées par les ombres. Là survivaient, dans les clartés pâles, des sommets nus et purs. Là je voyais descendre tantôt le dieu Pan, toujours solitaire, tantôt le chœur des divinités secrètes, ou passer quelque nymphe des montagnes enivrée par la nuit.

Quelquefois les aigles du mont Olympe traversaient le haut du ciel et s’évanouissaient dans les constellations reculées ou sous les bois inspirés. L’esprit des dieux, venant à s’agiter, troublait soudainement le calme des vieux chênes. (…)

Pour moi, ô Mélampe ! je décline dans la vieillesse, calme comme le coucher des constellations. Je garde encore assez de hardiesse pour gagner le haut des rochers où je m’attarde, soit à considérer les nuages sauvages et inquiets, soit à voir venir de l’horizon les hyades pluvieuses, les pléiades ou le grand Orion ; mais je reconnais que je me réduis et me perds rapidement comme une neige flottant sur les eaux, et que prochainement j’irai me mêler aux fleuves qui coulent dans le vaste sein de la terre.