Hamster d’Alsace face à des communes du Bas-Rhin : la question du biocentrisme

L’article que nous republions ici, qui vient du Monde, est d’une grande importance, et il est significatif que ce soit ce quotidien qui en parle, parce qu’il a l’habitude de tenter d’atténuer les contradictions, d’aider les gestionnaires de l’État dans leur travail.

Pour résumer, même s’il ne le faut pas car il faut bien cerner les enjeux : des communes d’Alsace veulent se « développer » et s’opposent formellement à une réglementation visant à protéger le hamster d’Alsace (qui est en voie de disparition).

La contradiction est extrêmement simple à comprendre. C’est soit l’humain d’abord – l’humain dans sa version liée à un certain type de développement, capitaliste pour dire les choses telles qu’elles sont – soit la Terre d’abord !

Entre les deux, il n’y a rien. Soit on dit : le hamster d’Alsace, il est bien gentil mais le développement économique capitaliste est plus important, il ne faut pas empêcher l’étalement urbain des maisons individuelles, il faut maintenir la monoculture de maïs parce qu’elle est économiquement profitable, etc.

Soit on dit : le hamster d’Alsace a des droits en soi, parce qu’il est un être vivant, et l’humanité doit se soumettre. C’est un point de vue biocentriste, qui est le nôtre.

Bien entendu des associations, voire même l’État parfois, interviennent pour tenter de préserver une partie de la « biodiversité », au nom de l’utilité de celle-ci (recherche, nouvelles productions, santé, paysage, etc.).

Mais ce que l’article retranscrit bien, c’est que la contradiction est totale : soit on est biocentriste, soit on ne l’est pas ; entre les deux, tout est broyé par l’impitoyable machine du profit.

C’est d’ailleurs pourquoi la lutte contre la construction de l’aéroport de Notre Dame des Landes est dans une terrible contradiction, parce que l’appel à refuser l’État va très souvent de pair avec un élan individualiste, un appel à la petite production, à l’artisanat.

Or, cela revient à dire que chacun peut faire ce qu’il veut. Et c’est en contradiction avec la soumission nécessaire de l’humanité à Gaïa.

Et ce n’est pas une figure de style ! Nous savons très bien que le béton et les tracteurs peuvent triompher, malheureusement, du hamster d’Alsace. Mais Gaïa est un ensemble, la vie sur la planète, et l’humanité peut bien s’imaginer, au nom de Dieu ou du profit (ou des deux!) qu’elle est sortie de la Nature et qu’elle peut faire ce qu’elle veut : c’est une fiction !

La vérité est qu’inéluctablement, la réalité planétaire rappellera à l’ordre l’humanité. Le réchauffement climatique en est bien entendu une des principales formes de ce rappel à l’ordre.

Alors, inévitablement, l’humanité devra non pas s’imposer, ou bien « composer », « biaiser » ou toute autre chose du même genre. Elle devra reconnaître qu’elle est une composante de Gaïa, et que c’est la Nature, qui évolue, qui est au cœur de la vie, de la planète vivante se transformant.

Nous ne savons pas si l’humanité le comprendra à temps ou si de grandes catastrophes vont se dérouler avant qu’il n’y ait une prise de conscience. Nous avons ici bien évidemment plus confiance dans les nouvelles générations que dans les anciennes. Mais nous le savons : l’humanité doit changer son mode de vie et sa conception du monde, et cela arrivera inévitablement en ce 21ème siècle !

Hamster d’Alsace : des communes du Bas-Rhin refusent d’être transformées en « réserves »

Le débat autour de la protection du hamster d’Alsace prend une tournure politique. Une cinquantaine de communes du Bas-Rhin ont annoncé, vendredi 30 novembre, avoir déposé un recours « pour excès de pouvoir » devant le Conseil d’État. Le motif : un arrêté gouvernemental qui étend les périmètres de protection de ce rongeur « de façon disproportionnée » et « sans aucune concertation avec les élus locaux ».

L’association Alsace Nature, fédération régionale de France Nature Environnement (FNE), qui doit tenir, mardi 11 décembre, à Strasbourg, avec six autres associations alsaciennes liées à l’environnement, une conférence de presse sur le devenir de l’espèce, conteste, quant à elle, « le manque d’ambition »du programme de l’Etat.

Naguère chassé comme nuisible, Cricetus cricetus aurait pu disparaître sans bruit de la région – la seule en France où il ait jamais pu se développer – s’il n’était devenu le symbole de la lutte contre l’urbanisation et la monoculture de maïs, qui recouvre aujourd’hui plus de 80 % de la plaine d’Alsace. Et, surtout, s’il n’avait fait l’objet d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne. Le 9 juin 2011, celle-ci estimait que la France n’avait pas pris de mesures suffisantes pour protéger le rongeur, et lui demandait d’y remédier « dans les meilleurs délais ».

En cause : les 480 terriers comptés dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin en 2010, répartis sur 25 communes. Loin en deçà du seuil minimal de population viable, estimé à 1 500 terriers sur une zone de sols favorables de 600 hectares d’un seul tenant.

RAYON DE PROTECTION DE 600 MÈTRES

Menacé un peu partout en Europe, le hamster commun a fait depuis dix ans l’objet de plusieurs opérations de sauvetage sur ses terres alsaciennes. Doté d’un budget de 1,5 million d’euros, le plan d’action pour la période 2007-2011 se limitait à trois zones d’action prioritaire. Soit au total 3 200 hectares à vocation purement agricole, sur lesquels ont été appliqués le lâcher annuel de hamsters élevés en captivité, et la signature de contrats avec des exploitants agricoles pour lesencourager à diversifier leurs cultures. Un cautère sur une jambe de bois : on ne comptait plus que 460 terriers en 2011, et 309 en 2012.

Pour tenter de se conformer aux exigences européennes, les ministères de l’écologie et de l’agriculture, par un arrêté du 6 août, ont étendu les zones de protection du rongeur à toutes les surfaces « situées dans un rayon de 600 mètres autour d’un terrier connu au cours des deux dernières années ». Le 31 octobre, un nouvel arrêté précisait le territoire sur lequel étaient désormais interdites « la destruction, l’altération ou la dégradation » de ces sols favorables à l’espèce.

Publiés plus d’un an après la sanction de la Cour européenne de justice, ces arrêtés, qui concernent au total plus de 9 000 hectares, ont-ils été élaborés trop tard ? Trop vite ? Ils ont en tout cas déclenché l’ire des élus locaux, pour qui ce dispositif a été conçu « au plus grand mépris des attentes légitimes des collectivités, dont l’adhésion est fondamentale pour la préservation de l’espèce ».

Les constructions ne sont pas interdites dans ces zones protégées. Mais elles doivent faire l’objet d’une demande de dérogation et de mesures compensatoires : les promoteurs d’un projet d’aménagement doivent trouver – et payer – des agriculteurs prêts à cultiver du blé ou de la luzerne, afin de reconstituer un habitatpropice au hamster. Et ce, quelles que soient la superficie et la teneur du projet.

« DES COMMUNES OÙ TOUT DÉVELOPPEMENT DEVIENT IMPOSSIBLE »

« Concrètement, cela signifie que si vous voulez construire une maison, il vous faut, en plus des autorisations habituelles, consulter le Conseil national de protection de la nature, démarcher des agriculteurs et les dédommager pendant au moins vingt ans… Et tout ça parce qu’on a découvert un terrier de hamster à moins de 600 mètres de chez vous ! », tempête Baptiste Kugler, directeur du Schéma de cohérence territoriale du piémont des Vosges, qui concerne 35 communes du Bas-Rhin.

« Depuis 2006, nous avions nous-mêmes défini 1 500 hectares où le hamster est protégé, dans des zones naturelles non urbanisées. Mais les mesures touchent maintenant des communes entières, où tout développement devient impossible »,se désole Audrey Schimberlé, directrice de la communauté de communes d’Obernai (Bas-Rhin).

« On fait reposer sur quelques dizaines de communes la totalité des efforts de conservation… Ce n’est pas sérieux. Il aurait fallu depuis le début définir une zone plus large, et prévoir une gradation des compensations », estime également Stéphane Giraud, directeur de l’association Alsace Nature.

Constatant que le plan national d’actions 2013-2016 conduit « à s’acheminer indirectement vers une création de « réserves » à hamsters », les associations environnementales devraient réaffirmer, le 11 décembre, que la politique proposée par l’État est insuffisante pour assurer la survie de l’espèce à long terme.

Elles soulignent par ailleurs que « l’abandon du projet particulièrement destructeur des milieux et non compensable qu’est le grand contournement autoroutier de Strasbourg » – projet qui, lui aussi, déchire les élus et l’opinion – constitue a contrario « un symbole fort » de la volonté de l’État de prendre en compte la biodiversité.

Plus de 100 000 poules à l’agonie en Alsace

Dans le système de l’exploitation animale, les animaux sont des marchandises. Voici une nouvelle terrible, diffusée telle quelle par les médias. Chaque mot, chaque ligne… tout suinte le crime, le crime et la folie.

En Alsace, des milliers de poules à l’agonie dans un élevage industriel

Dans la puanteur et l’obscurité, plus de 100.000 poules pondeuses agonisent dans les hangars d’un élevage industriel à Kingersheim, près de Mulhouse: l’exploitant du site n’a plus les moyens de les nourrir, et les services de l’Etat vont les euthanasier.

Jeudi, après une semaine sans ration alimentaire suffisante, le taux de mortalité était déjà très élevé dans les milliers de cages du groupe « Alsace Oeufs » implanté à proximité immédiate d’une zone commerciale très fréquentée du Haut-Rhin.

A l’entrée des bâtiments, un coup d’oeil vers le plafond et les six étages de grillages superposés suffit à saisir l’ampleur du problème: dans presque chaque cage, le cadavre d’une poule gît écrasé contre les barreaux.

Une vision dantesque de l’enfer, mais d’un enfer parfaitement organisé par l’industrie de l’exploitation animale. Les moyens techniques et les chiffres parlent d’eux-mêmes:

Entre les deux hangars de 270 mètres de long, une pelleteuse déverse des tonnes de fientes, mêlée de plumes et de quelques cadavres, dans un camion-benne.

Depuis des années, les riverains dénoncent les nuisances de cette installation industrielle, d’une capacité de 200.000 poules « stockées » sur 8.000 mètres carrés.

Après plusieurs allers et venues de camions à destination des abattoirs ces derniers jours, il restait jeudi quelque 120.000 pondeuses sur le site.

Ces poules sont-elles des êtres vivants ou des marchandises? Pour l’exploitation animale, elles sont des marchandises. Et donc pour les gens aussi. D’où des réactions purement égoïstes, sans aucune compréhension de la situation, du sort des poules, de la réalité de l’exploitation animale:

« Le problème principal pour nous, depuis longtemps, c’est la prolifération des mouches, à cause des fientes », explique Jean-François Mann, dirigeant d’une entreprise toute proche et militant d’une association de riverains.

« Aujourd’hui ça va mais dimanche dernier, avec les températures particulièrement douces, c’était l’enfer: une invasion à 5 km à la ronde. Des milliers de mouches partout, qui s’engouffrent même dans votre frigo ».

Les riverains se sont rendus sur place et ont découvert que les poules mouraient de faim, déclenchant un branle-bas de combat médiatique et finalement l’intervention de l’Etat.

« Si les poules sont euthanasiées, pour nous c’est la fin de l’enfer. Notre grande peur, c’était que le gérant mette la clef sous la porte, et laisse les poules crever à l’intérieur », commente M. Mann.

Comme on le voit, les poules sont un « problème. » Et selon les industriels c’est d’autant plus dommage qu’avec cette situation, elles ne pondent plus! Voici les propos exprimant cette folle logique:

Car depuis une semaine, c’est l’engrenage. Etranglé financièrement, le gérant ne peut plus nourrir les gallinacés alors qu' »au bout de trois jours sans nourriture, les poules ne pondent plus », explique Philippe Bouley, le directeur technique du site.

L’entreprise, de toute façon, devait fermer ses portes l’an prochain, incapable de se mettre en conformité avec de nouvelles normes européennes. Les poules devaient partir progressivement à l’abattoir, où elles auraient fini en nourriture pour chien ou chat.

La dégradation de la situation en a décidé autrement: un arrêté préfectoral a ordonné jeudi l’abattage ou l’euthanasie des poules « dans les jours qui viennent dans un abattoir de la région ». Mais une opération d’une telle ampleur « nécessite une logistique complexe et les abattoirs sont pleins », commente sur place un responsable des services de l’Etat. En attendant, l’administration a pris en charge les frais d’alimentation des poules.

Les abattoirs sont pleins, alors que l’entreprise a clairement ici laissé s’effondrer sa structure, se sachant à l’avenir « incapable de se mettre en conformité avec de nouvelles normes européenne »… Voilà bien une folle logique, celle de l’exploitation animale!