Les errements de la SPA (de Paris) continuent

Cela fait maintenant un an et demi qu’un administrateur provisoire a été nommé à la SPA dite de Paris. Rappelons en effet que les SPA sont le plus souvent indépendantes les unes des autres.

Les divers scandales qui ont marqué ce que les médias appellent « la SPA » concernent en l’occurrence celle de Paris et les SPA qui lui sont rattachées.

Et justement deux députés viennent de déposer une demande parlementaire de « commission d’enquête parlementaire sur la protection des chiens et des chats. » S’il n’y a pas que la SPA (de Paris) qui est concernée, elle est concernée aussi, avec ses 58 refuges.

Encore un « scandale » en perspective ? En tout cas, il y a déjà une plainte contre… l’administrateur provisoire de la part de… l’ancienne présidente de la SPA, Caroline Lanty, qui auprès de la cour d’appel de Paris demande que celui-ci reverse à la SPA 178 000 euros d’honoraires…

Ces deux personnes ont également reçu des lettres d’insultes… alors qu’un blog a été condamné plusieurs fois pour diffamation et qu’il y a plusieurs procédures judiciaires en cours !

Et dans ce panorama, la SPA (de Paris) a eu l’année dernière un déficit de 1,4 million d’euros. Logiquement, ce n’est pas grave il ne s’agit pas de faire du profit bien entendu, sans compter que la SPA (de Paris) est riche de par les legs (environ 20 millions d’euros par an!) et donations (environ 6 millions d’euros par an!).

La SPA (de Paris) est en effet une très grosse structure : elle a 600 personnes salariées et 3000 personnes travaillant comme bénévoles, pour s’occuper de 40 000 animaux.

Sauf que 30 millions d’euros par an en gros, le tout accumulé chaque année, c’est énorme. Si l’on dit que 15 millions d’euros vont aux animaux directement, cela fait un peu moins de 400 euros par an par animal…

Quand on sait avec quels bouts de ficelle on doit se débrouiller dans des petites associations (s’occupant parfois de centaines d’animaux), on ne peut qu’être songeur !

Il y a un problème évident, et à cela s’ajoute l’intervention de l’État qui par l’intermédiaire de l’administrateur provisoire envisage des mesures d’économie !

Ce qui souligne un fait dont il faut avoir conscience : l’État se moque des animaux et laisse les associations se débrouiller, sur le tas.

Il en résulte des situations hyper difficiles où le moral au sein des associations est forcément parfois au plus bas, devant les difficultés techniques et financières, le mépris de la mairie, les bâtons dans les roues de la préfecture, etc.

Au passage, soulignons que la Direction Départementale des Services Vétérinaires n’existe plus, elles sont intégrées dans les « directions départementales de la cohésion sociale et de la protection des populations », ce qui fait pour résumer que la question « vétérinaire » se retrouve mélangée aux chasseurs et autres institutions en conflit avec ceux et celles défendant les animaux !

Il ne faut donc nullement s’étonner de la situation. Tant que les animaux seront oubliés socialement, les individus qui luttent seront en proie à une marginalisation certaine. Lutter contre cette marginalisation n’est pas facile, mais c’est indispensable.

Sans cela, si on combine marginalisation + la connaissance de la souffrance animale, il y a de quoi déprimer. Et la déprime est une valeur malheureusement trop présente chez les personnes luttant pour les animaux, au point que cela en est devenu un fétichisme (être misanthrope, s’habiller en noir, célébrer les préjugés contre des gens accusés d’être à l’origine de tous les malheurs du monde, etc.).

Il est pourtant évident qu’on ne convainc personne avec du glauque. Et pareillement, comment convaincre les gens de reconnaître l’existence animale si c’est pour n’en avoir soi-même rien à faire et se désintéresser d’eux ?

Le projet de monde vegan est pourtant si beau ! Que désirer de meilleur qu’une planète bleue et verte ?

Donc, c’est déjà un bon début d’aider les associations s’occupant des animaux, toutes les structures de refuges et d’adoption. Cela ne coûte rien de passer dire bonjour et de proposer un coup de main ponctuel ou habituel.

Nous avons toutes et tous des qualités particulières, des choses que nous savons plus ou moins bien faire : pourquoi ne pas proposer cette aide particulière aux refuges ? Cela peut aller du covoiturage au coup de peinture ou au fait de retaper l’électricité !

Et si l’on veut un travail socialement utile, qui fait que l’on se change soi-même, c’est bien cela ! Un travail totalement désintéressé et dans l’intérêt des animaux tellement opprimés dans un monde d’oppression !

De la nécessité d’aider les animaux en étant Famille d’Accueil

La situation des animaux dans les refuges est souvent catastrophique car les animaux n’ont pas de place, sont en surnombre et le personnel (trop peu nombreux) manque de temps pour s’occuper individuellement de chaque animal.

Face à cette saturation des refuges-prisons, il devient indispensable de prendre, pour un moment, un animal (ou plusieurs selon ses possibilités) chez soi. L’animal bénéficie donc d’un contact plus rapproché (et moins stressant à cause de la surpopulation et des cris…) avec la personne responsable de lui.

Sur le site d’appels d’urgences diverses Rescue, il y a chaque semaine, des dizaines d’annonces de recherches faites par les associations pour des Familles d’Accueil. Et c’est sans compter les appels et les recherches de FA sur les autres « petits » forums, consacré à un animal particulier (chats, pigeons, souris, chiens etc.) !

A cause de notre irresponsabilité face aux animaux (portées voulues suite à un caprice ou désistements des adoptants, refus de la stérilisation etc), ou bien par les gens qui arrivent à faire des sauvetages, les refuges n’ont plus la place d’accueillir correctement les animaux, qui s’entassent les uns sur les autres.

C’est pourquoi, avec un petit aménagement adéquat chez soi, il est très facile d’héberger un animal qui recherche une maison définitive. Les frais vétérinaires sont assurés par les associations en demande de FA et certaines associations fournissent même le matériel (ce qui n’empêche bien sîr pas de participer financièrement à cette juste cause!).

Etre vegan n’est pas une démarche individualiste bonne à donner bonne conscience. Etre vegan c’est s’ouvrir à la Nature, aux animaux, qu’ils soient sauvages ou vivant en ville. Partager notre quotidien avec un ou des êtres qui vivent une situation triste ou dramatique est une base minimum et altruiste.

C’est pourquoi il est indispensable d’aider les animaux abandonnés. Que se soit en faisant du bénévolat en refuge, en devenant famille d’accueil ou bien encore mieux, en adoptant définitivement un compagnon à poil…

Trois (ou quatre) stratégies pour la libération animale

On nous a fait part d’une intéressante réflexion au sujet de ce qu’on peut appeler, de manière plus ou moins utopique, la « période de transition. » Utopique parce qu’évidemment, une société végane n’est pas à l’ordre du

jour, ni à court terme ni à moyen terme. Et à long terme… justement, y a-t-il un long terme?

Voici donc les différentes stratégies existantes pour le long terme, présentées bien évidemment sommairement. Mais connaître ces stratégies, au moins dans les grandes lignes, est nécessaire pour toute personne luttant pour la libération animale.

Le premier raisonnement logique: l’abolitionnisme

Quand on devient vegan, le premier raisonnement logique est le suivant: si je le suis devenu, pourquoi pas les autres? Le veganisme est une chose bonne, positive; n’importe qui peut, sans mauvaise foi, reconnaître qu’il s’agit d’une manière de vivre et une idéologie allant dans le bon sens.

Il suffit donc de mettre en avant le véganisme, de faire en sorte que ses principes puissent être aisément connus, et forcément, au fur et à mesure, toujours davantage de gens le deviendront. Les vegans doivent se montrer ouvertEs, disponibles, dans une perspective pacifique d’éducation.
Cette conception est celle de l’abolitionnisme, dont le principal théoricien est Gary Francione.

Deux problèmes se posent cependant, à nos yeux en tout cas. Tout d’abord, il est évident que le véganisme ne progresse pas de manière linéaire. Il y a des avancées… Mais aussi des reculs. Certaines personnes devenues veganes abandonnent et redeviennent végétariennes, ou même omnivores.

Accumuler mécaniquement des gens, pour construire une force morale de plus en plus forte… cela ne marche pas.

Ensuite, de puissantes forces non démocratiques s’opposent à la diffusion du véganisme. Les industries tirent un profit énorme de l’exploitation animale. Ces industries donnent naissance à de multiples associations, regroupements économiques, paient quantité de « chercheurs », de « journalistes » afin de diffuser leur vision du monde.

L’abolitionnisme n’a, dans cette perspective, aucune chance de réussir, même si moralement il apparaît comme étant « idéal. »

En fait, cela a été très vite compris, dès les années 1970. L’abolitionnisme de Gary Francione possède des exigences très différentes des positions de Peter Singer, le premier théoricien de la libération animale.

Mais en pratique, la démarche éducative est la même, grosso modo. Et les frontières ont été très vites vues. Deux réponses principales ont été formulées: une visant à pénétrer les institutions, l’autre à les affronter.

La marche dans les institutions… et son échec!

L ‘exigence d’une prise de conscience de la condition animale a amené depuis les années 1970 la naissance dans chaque pays d’associations connues de l’opinion publique. Ces associations disposent d’une certaine reconnaissance institutionnelle, et en tout cas d’une claire couverture médiatique.

Ces associations n’ont rien contre le véganisme, parfois elles l’assument même comme objectif à long terme (comme PeTA) soit elles n’ont rien contre formellement (la SPA parisienne, la fondation Brigitte Bardot). Mais leur objectif est le mieux-être animal, la protection animale.

Il s’agit ici d’un courant nettement bourgeois, ne concevant même pas que l’on puisse refuser les institutions, qui leur paraissent sinon immuables, au moins totalement incontournables et toutes puissantes.

Bourgeois et donc impuissant: ces associations, malgré des moyens financiers très puissants (des permanents, des millions d’euros…) ne peuvent témoigner d’aucun résultat tangible. Toujours plus d’animaux sont tués dans les abattoirs, aucune progression n’a lieu dans le sens de la libération animale dans l’opinion publique…

Ces associations oscillent d’ailleurs perpétuellement entre un optimisme religieux (nos idées progressent, la civilisation progresse, etc.) et une misanthropie sordide (les gens sont monstrueux, l’humain est mauvais…).

L’ALF: un réformisme armé?

Dans les années 1970, les personnes les plus conscientes socialement ont choisi la voie opposée à celle de la protection animale. Cela a donné le front de libération des animaux.

Ce n’est pas la peine de souligner les innombrables actions menées par l’ALF de par le monde. De ce côté-là, sa démarche a été un succès indéniable. De plus, en libérant directement des animaux, l’ALF a acquis une posture morale impossible à critiquer.

Néanmoins, l’ALF s’est confronté à deux dilemmes, qui sont d’ailleurs encore au centre de ses préoccupations.

Le premier, c’est que finalement l’ALF s’adresse… à ses ennemis. Il s’agit de réformisme armé, de lobbying ultra musclé. Cela peut paraître surprenant dit ainsi, mais c’est une simple constatation et il n’y a pas d’arrière-pensée critique à dire cela.

En pratiquant le sabotage, l’ALF dit: il faut changer de business ou bien on continuera de frapper. Souvent les communiqués de l’ALF s’adressent d’ailleurs directement aux entreprises ou personnes concernées. Il s’agit d’une pression violente et l’ALF ne lutte pas pour la révolution, l’insurrection, le soulèvement populaire (sauf dans sa version sud-américaine).

D’ailleurs les Etats anglais et américain ne s’y sont pas trompés et ayant compris la démarche, ont criminalisé de nombreuses actions légales menées parallèlement à celles de l’ALF (les procès contre SHAC, la loi AETA…).

Puis, la criminalisation a porté sur l’ALF elle-même, et l’exemple des USA est parlant: il y a alors une fuite en avant (des actions de plus grande ampleur, nécessitant un niveau technique plus élevé…), éloignée de la démarche démocratique de l’ALF des origines…

Le second, c’est que les institutions sont solides, très solides. Il a fallu donc élargir le champ des mobilisations: l’ALF est en Amérique (du nord comme du Sud) très poreuse avec l’ELF (front de libération de la Terre). Il y a un esprit d’ouverture à toute la scène social-révolutionnaire, notamment afro-américaine aux USA. Mais tout cela n’en est qu’à ses débuts et en tout cas il n’y a pas d’initiative très large, de masse.

Que fait-on?

Il n’est pas difficile de comprendre que le mouvement pour la libération animale est à la croisée des chemins. Le développement exponentiel du mode de vie omnivore sur le mode « occidental » représente un défi terrible… et terriblement rapide.

Dans ce sens, on peut déjà considérer que la démarche « éducative » n’est pas un levier suffisant. Pour une personne « éduquée » l’exploitation animale en contre-éduque des milliers, avec dans la ligne de mire les gens en Inde et en Chine notamment.

Reste alors deux options. Ou bien on tente d’influer sur les institutions, ou bien on considère que c’est impossible. Il n’est pas un secret que nous considérons que c’est impossible. Les institutions sont clairement inféodées à l’ordre établi, et l’exploitation animale est une composante essentielle de cet ordre établi, de ses traditions… et de ses profits.

Que faut-il faire alors? De manière précise, ce n’est peut-être pas très précis, mais il y a des pistes.

Prenons La Terre d’abord! par exemple. Notre site, ou notre blog si l’on veut, a suscité de l’intérêt, y compris de gens qui ne sont pas d’accord sur tel ou tel point. Eh bien, alors pourquoi ne pas ouvrir d’autres blogs, du même type, un peu du même type, ou bien totalement différent?

Car nous n’avons rien contre les blogs qui parlent de recettes de cuisine, cela a son importance, mais pour autant les besoins culturels sont énormes… Et si le véganisme peut avancer, c’est avec un ancrage local, en se confrontant aux réalités locales. On ne peut pas lutter pour le véganisme totalement de la même manière dans toute la France, car sur le plan culturel il y a des différences parfois fortes.

Dans tel endroit la corrida sera un obstacle essentiel, dans tel autre endroit ce seront les chasseurs et leur hégémonie. Dans tel endroit la pollution de l’industrie agro-alimentaire sera un thème incontournable, dans tel autre la santé des habitantEs d’un quartier populaire.

L’exploitation aninale a créé une société à son image… A nous de savoir faire vivre les utopies et la libération animale!

« Le terrorisme végétarien » et un étrange droit de réponse…

Il est bien connu qu’il y a une criminalisation certaine de la cause vegan, ce qui est dans l’ordre des choses vu que l’Etat et les médias sont au service de ceux qui font le plus de profits.

Voici un petit exemple que nous avions raté et qui a amené en réaction une chose assez étrange… Cet article est tiré d’un blog lié au Nouvel Observateur et date du 30 mai 2009:

Le terrorisme végétarien

Les végétariens se targuent volontiers de leur non-violence. Ils prétendent que la consommation de produits animaux rend agressif, et affichent en guise de slogan cette phrase de Tolstoï: «Tant qu’il y aura des abattoirs, il y aura des champs de bataille».

Pourtant, c’est la nébuleuse des amis des bêtes, ennemis de la viande, et autres antispécistes qu’on soupçonne d’avoir, le 28 mai, ravagé par le feu l’important marché de la viande dit le Cadran d’Ussel, dans la Corrèze. Comprenne qui pourra.

Mais peut-être qu’à défaut de manger du bifteck, ces non-violents apprécient l’odeur du barbecue, finalement. Cela les rapprocherait presque des humains ordinaires, c’est-à-dire omnivores.

D’ailleurs les mêmes, dans un communiqué de presse, nous annoncent: «Le 6 juin, ça va saigner ». Il s’agit de promotionner la «Journée contre le spécisme», qui se déroulera samedi prochain dans une dizaine de villes de France, dont Paris bien sûr.

Clou de ces manifestations, destinées à nous dégoûter de la viande: des «opérations barquette», comme il disent. Des corps humains, nus et ensanglantés (mais avec du faux sang, nous rassure t-on), seront exhibés sous cellophane dans de gigantesques barquettes type supermarché. «De la chair humaine en barquettes!», proclament-ils avec gourmandise. C’est certain, ils vont nous dégoûter de la chair humaine. Promis, je n’en mangerai plus jamais!

En tout cas il y en a une qui apprécie la viande. C’est Madame la Gouverneure générale du Canada, représentante de la reine d’Angleterre en ces terres lointaines, et qui fait donc fonction de chef de l’Etat par délégation. Or cette personne très haut placée, en visite chez les Inuits et partageant de bon cœur l’un de leurs repas festifs traditionnels, a, sous les objectifs et les caméras, dégusté un morceau de cœur de phoque. Cru, et a peine extrait de la bête.

«Après la dégustation, Madame Jean a utilisé un mouchoir pour essuyer le sang sur ses doigts, et a expliqué son geste de solidarité envers les chasseurs inuits de la région», nous apprend l’agence Associated Press. On se demande ce que les végétariens du Canada vont en penser.

Comme on le voit, rien d’exceptionnel dans le ton, l’attitude, la mentalité. Non, si nous le publions c’est pour archiver et faire remarquer quant au « droit de réponse » qui a été fait.

En effet, le journaliste du Nouvel Obs, après avoir parlé de ce qui est en fait une action de l’ALF (dont nous avions parlé d’ailleurs), dit:

D’ailleurs les mêmes, dans un communiqué de presse, nous annoncent: «Le 6 juin, ça va saigner ». Il s’agit de promotionner la «Journée contre le spécisme»…

Normalement, dans ce genre de cas, la moindre des choses est de ne rien dire, ou alors on est condamné à considérer l’ALF comme « terroriste. » C’est d’ailleurs évidemment le but de la manoeuvre du journaliste et de son titre « le terrorisme végétarien » et de son assimilation ridicule entre « végétariens » et « anti-spécistes. »

Et pourtant… il y a une réponse des associations, expliquant justement que l’ALF est terroriste. Nous avons pensé qu’une telle chose méritait d’être mentionnée.

Voici donc le communiqué des « organisateurs » (les associations participantes étant: Droits des Animaux, PeTA France, Association Végétarienne de France, L214, CLEDA, Combactive, VegNord, VegLorraine, Dignité Animale, Croc Blanc, Animal Amnistie, AVIS, Action mutante, CLAM, collectif marseillais pour l’égalité, collectif Diois pour l’égalité, Collectif antispéciste de Besançon, Lausanimaliste, les Artichauts Mécontents, VegRouen).

Droit de réponse

Dans un article du 30 mai 2009, Fabien Gruhier, journaliste au service « Notre Époque » du Nouvel Observateur, assimile les associations participantes à la «Journée contre le spécisme» (discrimination exercée contre les animaux) aux auteurs d’incendies dirigés contre un marché de la viande.

Un tel amalgame est indigne d’un journal d’information, qui ne se serait probablement pas permis une telle assimilation à l’égard d’autres catégories de la population. Les défenseurs des animaux ne méritent-ils pas d’être considérés avec objectivité ?

Ce ne sera que la seconde fois que Le Nouvel Observateur se livre à ce type de caricature à leur sujet. Un premier droit de réponse leur avait été accordé. Nous continuerons à réagir chaque fois que de tels manquements à la déontologie du journalisme seront constatés.

Véhiculer l’amalgame entre végétariens et terroristes n’est pas anodin. C’est empêcher le débat de fond en discréditant aux yeux du public ceux qui remettent en cause la légitimité de la viande. Il est des moyens plus nobles d’exprimer un désaccord dans une démocratie.

A l’heure où les lois antiterroristes sont utilisées en Autriche pour détruire le mouvement des droits des animaux, dans un mépris éclatant de la liberté d’expression et d’association, de la présomption d’innocence et des droits de la défense, il est profondément choquant de voir Le Nouvel Observateur participer à une stigmatisation qui facilite de telles opérations.

C’est pourquoi nous vous adressons cette protestation collective, comme droit de réponse, afin que soit soulignée clairement la distinction entre les auteurs des incendies et les associations engagées dans la remise en cause du spécisme le 6 juin prochain.

Les associations participantes à la Journée contre le spécisme.

En parlant d’assimilation caricaturale, le communiqué explique donc clairement que l’ALF n’a rien à voir avec le mouvement pour les animaux. C’est une position guère tenable, quel que soit le point de vue qu’on puisse avoir sur l’ALF.

Et on peut remarquer d’ailleurs que ce n’est pas du tout le point de vue des gens inculpés en Autriche. L’association VGT, la principale concernée, ne défend pas la libération animale mais le principe de réformes allant au véganisme; cela n’est pas pour autant qu’elle tient ce discours sur les « terroristes. »

Rappelons d’ailleurs comme nous l’avions dit que l’une des personnes passant au procès en Autriche est arrivée habillée d’un t-shirt avec sur le devant la photo d’une personne masquée tenant un chien Beagle, avec inscrit « Smash HLS » et au dos le slogan « I support the ALF. »

Il y a également durant ce même procès des ballons roses placées au niveau de la fenêtre de la salle, avec accroché en dessous un poster de l’extra-terrestre de la célèbre série télévisée ALF.

Bref, ce communiqué raconte absolument n’importe quoi et il est très révélateur que soit dit justement:

« Il est des moyens plus nobles d’exprimer un désaccord dans une démocratie. »

Démocratie? N’est-il pourtant pas clair que les grandes entreprises décident? N’est-il pas clair aussi qu’il ne s’agit en rien d’un « désaccord » mais d’une vision du monde, et que justement les grandes entreprises qui font des bénéfices se moquent bien des « désaccords »?

A l’opposé de tout cela, faisons-nous plaisir en revoyant les belles photos de la traditionnelle manifestation pour les animaux de la mi-mars à Francfort en Allemagne.

Du rififi chez le Réseau Sortir du nucléaire

Nous publions régulièrement les communiqués du Réseau Sortir du Nucléaire, parce que nous les considérons comme très intéressants, aussi est-il inévitable de présenter l’actuel rififi qui s’y déroule.

Car ce rififi est ô combien révélateur des problèmes auxquels on est confronté quand on veut lutter pour Gaïa, ou plus exactement quand on ne veut pas.

Expliquons-nous: le principal porte-parole du Réseau Sortir du nucléaire a été débarqué de sa fonction.

Cela faisait en fait plusieurs mois que ce réseau de plus de 800 associations est tiraillé par un conflit  entre une partie de la direction du mouvement, regroupée autour du directeur du réseau, Philippe Brousse et une autre, regroupée justement autour de ce porte-parole, Stéphane Lhomme.

Stéphane Lhomme qui était d’ailleurs porte-parole depuis huit ans et dont les médias ont souvent parlé, notamment lors de sa mise en garde à vue par le contre-espionnage français en mai 2006 et en mars 2008 pour s’être fourni un document classé «confidentiel défense» expliquant que le réacteur nucléaire de troisième génération EPR ne résisterait pas au crash d’un avion de ligne.

Lhomme était accusé de « compromission du secret de la défense nationale » mais finalement la procédure a été classé sans suite l’année dernière.

On notera par contre et d’ailleurs qu’il y a quelques jours, on pouvait lire dans le Canard enchaîné que depuis 2006 justement  Lhomme était « espionné »  par une entreprise suisse nommée Securewyse travaillant pour EDF!

Alors pourquoi Lhomme a-t-il été éjecté?

Il faut en fait savoir que le Réseau Sortir du Nucléaire est une grosse structure, qui s’est construite à partir des restes de la défaite du mouvement anti-nucléaire de la fin des années 1970.

Le réseau s’est fondé à la fin janvier 1998, regroupant des associations… mais également des structures politiques. Il s’agit en quelque sorte d’une sorte de lobby anti-nucléaire mi-associatif mi-politique.

Seulement voilà: avec le réchauffement climatique et le renforcement de la conscience écologiste, les rapports de force se modifient.

Auparavant, les choses étaient simples: la France était totalement dominée par le lobby du nucléaire, et cela même malgré Tchernobyl!

Notons au passage pour la culture générale que le fameux « le nuage de Tchernobyl s’est arrêté aux frontières »… n’a en fait jamais été dit, ou tout au moins pas comme cela.

La personne qui est censée avoir prononcé cette phrase, le professeur Pellerin alors Directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants, a toujours nié l’avoir dite et a gagné tous ses procès en diffamation.

Ce qui s’est passé, par contre, c’est que le ministère de l’agriculture avait publié le 6 mai un communiqué contradictoire expliquant d’un côté:

« Le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombée de radionuclides consécutives à l’accident de la centrale de Tchernobyl. »

tout en disant de l’autre:

« A aucun moment les hausses de radioactivité observées n’ont posé le moindre problème d’hygiène publique. »

Ce qui contredit évidemment le passage précèdent!

Ce n’est donc en tout cas que bien après Tchernobyl que s’est monté le Réseau Sortir du Nucléaire, au point d’être devenu une structure du type entreprise, avec 12 salariés et un million d’euros de budget annuel.

En pratique, cela signifie que Stéphane Lhomme a été licencié (et a priori sans indemnités) par le petit conseil d’administration, comme dit plus haut en raison du conflit entre deux groupes, et officiellement en raison de « plusieurs manquements graves au droit du travail et à ses fonctions. »

Alors, que représente ces deux groupes? En fait, ils représentent deux versions de l’écologie non radicale, même si l’une va plus loin que l’autre. Et tout cela se lit très bien quand on voit les participants au Réseau Sortir du Nucléaire, qui sont de trois types.

Il y a déjà les associations, qui forment le noyau dur; elles sont de niveau national ou bien simplement local (les Amis de la Terre-France, Agir pour l’Environnement, Stop Golfech, Tchernoblaye, Médiane, Sortir du nucléaire Ardennes, Collectif sortir du nucléaire Sud Aveyron, etc.).

Il y a ensuite les politiques, avec les anarchistes (Alternative Libertaire, la Fédération Anarchiste) et la social-démocratie de type « branchée » (Mouvement des Jeunes Socialistes, les Verts, le NPA, les Alternatifs…).

Et enfin, il y a… des entreprises, actives dans les énergies renouvelables, l’agriculture biologique, ou bien commerçantes (comme Biocoop).

Tout cela fait qu’il y a une forte tendance à s’institutionnaliser, car politiquement l’écologie commence à être porteuse et qu’il faudrait donc savoir assouplir ses positions.

Greenpeace est ainsi sorti du Réseau du Nucléaire à la fin 2007 parce qu’elle voulait participer au Grenelle de l’environnement, alors que dès le départ il avait été dit que le nucléaire ne serait pas remis en cause, ce qui a fait que le Réseau avait refusé toute participation.

Mais assumer une telle position était déjà trop radical, à moins d’assumer une position comme nous nous l’assumons de notre côté: la Terre d’abord!

Ce qui fait que la pression a grandi et a donc amené le débarquement de Stéphane Lhomme, qui représentait le courant partisan de la ligne « dure » au sein du Réseau.
En fait de ligne « dure » il faudrait plutôt dire que c’est la défaite de l’influence des politiques et le triomphe de ceux qui voudraient que le Réseau Sortir du Nucléaire s’institutionnalise davantage, un peu à la manière de la Fondation Nicolas Hulot, en quelque sorte.

Ce qui évidemment ne sera absolument pas pour déplaire aux Verts, qui verront leur influence culturelle grandir… Et qui de toute manière, avec « Europe Ecologie » seront clairement prêts à accepter le nucléaire, comme le fait déjà ouvertement Yann-Arthus Bertrand (qui prétend vouloir s’en passer, tout en expliquant en même temps qu’on ne peut pas).

Et l’on notera d’ailleurs que la problématique n’est pas récente, mais date du début du Réseau Sortir du Nucléaire. Ainsi, il n’avait jamais été décidé s’il fallait revendiquer une sortie du nucléaire rapide ou non.

Ce qui fait qu’il était simplement demandé une « décision immédiate de sortie du nucléaire. »

C’est cette ambiguïté qui fait qu’avec l’actualité écologiste, il y a des espaces pour ceux qui considèrent qu’il faut profiter tout de même du nucléaire qui serait « propre » en attendant mieux, ou encore qu’il faut une sortie échelonnée sur du très long terme, etc.

Et comme quoi dans tous les cas, il y aurait le temps de discuter, etc.

Il existe d’ailleurs deux sites (ici et , avec également une pétition) de soutien à Stéphane Lhomme, et l’on ne peut être que frappé du caractère non écologiste des arguments mis en avant (ce qui est d’ailleurs exactement pareil dans le communiqué du NPA à ce sujet).

La lutte entre les deux tendances n’est pas expliquée, ni évidemment son contenu et ce n’est pas pour rien: il faudrait un saut qualitatif et assumer la libération de la Terre.

Car entre les ONG et la libération de la Terre, il n’y a pas d’espace: soit on est une partie du problème, soit on est une partie de la solution!