Les côtes de Floride menacées par la marée noire

La marée noire dans le Golfe du Mexique a désormais une superficie de 26 341 km2.

A titre de comparaison, l’Auvergne a une superficie de 26 013 km2, et la Bretagne en a une de 27 208 km2.

Et un nouveau danger apparaît désormais: la marée noire risque de passer dans le champ d’action du courant océanique Loop. Ce courant se situe le long de la péninsule de Floride, et justement des boulettes de pétrole ont été découvertes à la station balnéaire de Key West, dans le parc national Fort Zachary Taylor.

Le maire de Key West, Craig Cates, a tenu des propos « rassurants » et à ce titre fort étranges, au sujet de cette vingtaine de galettes de pétrole de 7 à 20 centimètres :

« Nous croyons qu’il est improbable que les boulettes de pétrole proviennent de la fuite du golfe mais nous aurons la confirmation dans deux jours. Si nous sommes préoccupés par la situation actuelle, nous essayons de garder une attitude positive. »

En gros, jusqu’ici tout va bien, après, on verra…

En attendant, le courant Loop fonctionne en fait en boucle dans le Golfe du Mexique, pour finalement prendre la direction de l’Atlantique, par le détroit de Floride.

La marée noire est donc une menace terrible pour la barrière de corail en Floride, la plus grande des Etats-Unis et la troisième de la planète après celles d’Australie et du Bélize.

A ce risque s’ajoute celui d’une catastrophe possible pour les tortues du Golfe du Mexique, dont la saison de la ponte arrive. Officiellement ce sont déjà pas moins de 150 tortues de mer qui ont été retrouvées mortes sur les côtes. ..

Rappelons par comparaison, ce que BP disait dans un document daté du 23 février 2009 et destiné à l’Agence américaine de gestion des ressources minières (MMS) par BP :

« Dans l’éventualité d’une explosion inattendue qui causerait une fuite de pétrole, il est peu probable qu’un impact se fasse sentir, en raison d’un équipement et d’une technologie fiables pour y faire face. »

Faire confiance aux assassins de la planète est une folie: on en a ici une terrible démonstration! Et BP continue d’ailleurs dans l’optimisme béat : désormais, l’arrêt de la fuite est prévu pour la semaine prochaine, grâce à un tuyau installé dimanche à 1500 mètres de profondeur.

BP a en effet réussi, avec son dispositif de siphonage, à intercepter une partie de la fuite : l’équivalent de 2000 barils par jour est désormais pompé. Ce qui est intéressant et déprimant, c’est de voir ici que la semaine dernière encore, BP ne donnait pas de chiffre officiel, tout en distillant en certains cas aux médias que la fuite était de… l’équivalent de 1000 barils par jour.

Donc, BP pompe déjà deux fois plus de pétrole qu’il ne devrait y en avoir selon elle…

Forcé de changer de ligne, BP considère désormais officiellement que la fuite est de l’équivalent de 5000 barils ; toutefois, les experts non liés à BP donnent comme chiffres entre 20 000 et 100 000 barils…

Agression en série contre la grande barrière de corail

La grande barrière de corail, au large de l’Australie, est le plus grand récif corallien du monde, d’une taille de 350 000 km², avec 350 espèces de coraux.

Le corail étant un animal, il s’agit donc de la plus grande structure vivante du monde. Qui est bien évidemment menacée, comme en témoignent les deux dernières agressions contre elle qui sont hautement symboliques.

Ainsi hier un capitaine sud-coréen d’un cargo sous pavillon panaméen, ainsi que deux autres membres d’équipages, ont été condamné à payer 70.000 dollars australiens (soit un peu plus de 48.000 euros) pour avoir traversé la « zone interdite. »

Le navire MV Mimosa avait tout simplement décidé de… prendre un raccourci! Et cela sans gêne aucun alors qu’il n’y a même pas quinze jours, un autre cargo, le Shen Neng 1, s’échouait sur un banc de sable dans la même zone!

Le Shen Neng 1 transportait 68.000 tonnes de charbon et il a laissé échapper trois tonnes de carburant (sur les 1000 tonnes de fioul)… Soit une nappe de pétrole de 3 km de long sur 250 m!

La coque a également profondément entaillé le corail, et évidemment… la peinture de la coque était toxique!

Les dégâts qu’il a causé mettront, selon les études, au moins 20 ans à se résorber.

Il a depuis été renfloué et le carburant perdu a été pompé ou dispersé avec… des produits chimiques.

Officiellement une « grosse fatigue » de l’officier de quart est à l’origine de l’erreur de parcours (d’une quinzaine de kilomètres). Et il est tout à fait vraisemblable qu’il n’ait dormi que 2 heures 30 pendant les dernières 37 heures.

Car dans la course au profit, il n’y a pas de place pour la vie. Tout doit être sacrifié pour que les marchandises circulent, la vie elle-même étant marchandise. C’est un cercle vicieux où l’accumulation l’emporte sur toute pensée et tout sentiment.

Et justement il est très symbolique que le navire Shen Neng 1 ait comme armateur Shenzhen Energy Transport, qui dépend de la ville de Shenzen: une ville chinoise littéralement sortie du sol dans les années 1980 en tant que « zone économique spéciale » afin que le capitalisme se développe le plus vite possible!

On ne s’étonnera pas dans ce contexte que les médias chinois ont bien appris de nos médias à nous, et modifient quelques chiffres: les 1.000 tonnes de fioul deviennent 950, les 350 mètres de large de la nappe de 3 kilomètres deviennent 100 mètres, les trois tonnes de carburant qui se sont échappées se transforment en deux tonnes…

Que ce soit en pratique comme au niveau des informations, de la vision du monde ou de la culture: tout sert l’accumulation forcenée. Le modèle de société faisant que la vie est marchandise se diffuse dans le monde entier, formant un modèle destructeur et s’attaquant désormais à tout ce qui vit, même une barrière de corail au bout du monde…