Jouets de Noël, exploitation animale et Playmobil

Noël est passé, et il n’est pas étonnant que dans une fête de la consommation, on retrouve les valeurs qu’on a dans la production. Pour parler plus clairement: les jouets reflètent les valeurs dominantes. Faisons un tour dans une petite galerie des horreurs.

Tout d’abord, la technologie aidant, voici « duck hunter » (le chasseur de canards). Un canard mécanique – électronique vole et on tire dessus avec un pistolet muni d’un faisceau laser indiquant si on l’a touché, ou pas. On peut voir ici une vidéo de démonstration (en lien à côté on trouve de nombreuses autres vidéos).

Dans un même genre, voici des « rats » télécommandés, ayant comme but de faire peur. Dans la présentation on apprend qu’il « peut se déplacer rapidement dans toutes les directions comme un vrai »… et que « ses yeux deviennent rouges »…

Voici un autre « rat » télécommandé. Voici la description du « produit »:

Ce rat télécommandé est garantit de rendre vos animaux fous! Observez et regardez votre chat chasser et attaquer ce rongeur diabolique!

Les yeux de ce rat télécommandé s`allument pendant qu`il court et qu`il tourne avec la touche d`un bouton. Vous pouvez contrôler chacun de ses petits mouvements à distance avec la télécommande combiné. Ayez beaucoup d`amusement en regardant les gens sauter, crier, grimper sur leur bureau pendant que vous le faites courir dans les parages.

Caractéristiques : ? Parfait cadeau de gag pour faire peur a vos amis, Le rat RC a des yeux qui s`allument pendant qu`il court

Dans un registre plus simple sur le plan technique, et destiné à des enfants bien plus jeunes, voici… les fameuses « machines de mort jaunes » qu’une chanson d’Earth Crisis appelle à détruire.

Rappelons ici le passage de la chanson en parlant (le texte en entier étant là):

De nouveaux ponts, de nouvelles routes et de nouveaux barrages
pavent la voie pour le développement contre ce qui reste de la nature sauvage.
Tout cela doit être empêché à l’avance ou bien détruit pour que durent les terres sauvages.

Luttant pour sauver les animaux. Leur liberté est notre paix.
Pour la préservation de leurs habitats, pour que cesse la violence contre eux.
La libération de la Terre par l’écodéfense. Stopper cette folie consistant en l’avancée des machines de mort jaunes

Notons d’ailleurs que Playmobil n’est pas en reste…

Playmobil étant une marque très connue et ayant un grand succès, attardons nous sur leur production. Il est bien connu que les enfants aiment les animaux, n’étant pas encore contaminé par l’idéologie dominante. Cela se reflète justement dans la production de Playmobil.

Ainsi, dans la section « La vie dans la savane », on trouve un Centre de soins pour animaux sauvage, un poste d’observation avec des animaux de la savane… et il est vrai que les deux braconniers disponibles ont clairement une sale tête de « méchant. »

Mais on trouve également des pilotes à moto sur une piste de rallye… Dans les jouets Playmobil, les animaux sont là pour les enfants, mais s’insèrent en pratique dans un environnement totalement au service de l’humanité. On trouvera des animaux « sympathiques », mais choisis uniquement pour servir de décor (jusqu’au « pittoresque », avec des hyènes et un vautour autour d’un squelette).

Pour preuve, la grande présence du cirque et du zoo, dont voici des images parlant d’elles-mêmes.

On pourra arguer qu’il s’agit là uniquement de phénomènes connus des enfants, par l’intermédiaire de leurs parents. Raisonner ainsi est faux, comme le montrent les images suivantes, présentant très clairement l’exploitation animale dans son sens industriel (mais, évidemment, sans les abattoirs, et toujours à « petite échelle »). Ajoutons y d’ailleurs l’exploitation de la forêt, qui va avec dans la logique de subordination de la nature.

Cette dernière image est censée être une ferme… On voit la propension à l’idéalisation.

Les enfants aimant les animaux, ces derniers sont présents, mais strictement encadrés par les activités humaines, et servant uniquement de décor. Même dans la série « clinique vétérinaire » les animaux sont clairement là pour les loisirs, alors que le vétérinaire roule… en 4×4.

On ne sera pas étonné donc, là où on a un 4×4 dominateur, d’avoir des chevaux…

Les jouets de Noël – les jouets en général même – reflètent les valeurs dominantes, mais ils contribuent également à ce que ces valeurs soient inculquées dès le plus jeune âge… C’est quelque chose dont il faut avoir conscience, afin de pouvoir critiquer dans son entourage ces vecteurs d’exploitation animale et de destruction de la nature!

Le film « Instinct »

Instinct est un film de 1999 qui intéressera toutes les personnes comprenant la dimension de la libération animale et de la libération de la Terre.

En effet, le scénario pose la question des valeurs du rapport aux animaux, à la nature. C’est même une véritable fable, réussie, et qui partant de là a été bien entendu démonté par la critique, rétive à tout questionnement à ce sujet.

Le scénario de cette fable est le suivant : un anthropologue (joué par Anthony Hopkins) arrive dans une prison américaine, après avoir tué des braconniers au Rwanda. Il est alors soumis à un régime carcéral très dur et soumis au contrôle d’un psychiatre.

Cet anthropologue refuse en effet de parler, et ce n’est pas pour rien : il avait choisi de vivre parmi les gorilles, refusant la civilisation fondée sur le « contrôle. »

Le film consiste alors en une prise de conscience par le psychiatre (joué par Cuba Gooding Jr.) de ce qu’est le contrôle social, et de comment l’anthropologue a raison de vouloir un autre rapport au monde.

Il est intéressant de voir que le titre du film est trompeur, car il ne s’agit pas de se moquer d’une personne qui serait réduite à ses « instincts » et refuserait donc toute culture.

Au contraire, l’anthropologue qui s’est tourné vers les singes est clairement le héros du film, qui donne son sens aux valeurs qui doivent prédominer. Non seulement le principe du « contrôle » social est amplement critiqué, mais il y a une critique des zoos, du caractère dénaturé qu’impose l’humanité à tous les animaux (et donc à elle-même).

Il y a même une mise en avant d’une autre humanité : ce sont les internés de l’hôpital psychiatrique qui se montrent le plus compréhensible et le plus solidaire, aidant l’anthropologue à s’enfuir.

Il s’agit d’un véritable éloge de la liberté, de la vie harmonieuse, sans aucun préjugé; l’hôpital psychiatrique est le symbole de ce qu’est toute la société : brutalité, hiérarchie, exploitation.

La voie à suivre est en quelque sorte, de manière poétique, celle du désengagement : la fuite de l’anthropologue symbolise la nécessité de changer les choses. Et le psychiatre refuse de révéler l’endroit où l’anthropologue s’est enfui, sacrifiant d’une certaine manière sa carrière de brillant afro-américain s’étant vendu aux valeurs dominantes.

« Instinct » est donc un film très intéressant, qui vaut le coup d’oeil, et dont la problématique est plus qu’intéressante.

Il s’agit de quelque chose qui fait partie de notre culture, qui permet de poser des perspectives, de mieux comprendre la société et ses principes. C’est aussi une indication que la question du 21ème siècle est la question du rapport de l’humanité à la nature – la question de la libération animale et de la libération de la Terre!