Voici de nouveaux documents au sujet de la pollution des Calanques. On peut espérer que cela soit le début d’une vaste prise de conscience ; une pétition à ce sujet en 2012 avait obtenu en ligne 222 signatures, dont beaucoup de récentes, faites par des gens ayant entendu parler de la question.
Il est vrai qu’il y a eu de multiples autres initiatives, mais elles ne font pas boule de neige. EELV pourrait faire en sorte que cette question soit connue, mais l’écologie n’est pas dans sa culture, qui est en fait « sociétale » – « développement durable ».
Voici d’ailleurs le communiqué fait par EELV, qui se préoccupe peu de la vie marine, mais souligne bien qu’elle s’intéresse aux consommateurs…
Boues rouges dans les Calanques, ou comment donner un permis de polluer impunément dans le silence des fêtes
Depuis des décennies, plus de 20 millions de tonnes de boues rouges ont été déversées sur les fonds marins du Parc national des Calanques par l’entreprise Alteo.
En 1996, un arrêté avait donné 20 ans à l’entreprise pour s’adapter et cesser de rejeter des produits toxiques en mer. Or ces 20 ans n’ont pas du tout été mis à profit pour protéger l’environnement. Le chantage à l’emploi réalisé aujourd’hui est donc malhonnête de la part de cette entreprise au comportement irresponsable.
Pour les écologistes ce permis de polluer accordé par le premier représentant du gouvernement est un scandale environnemental et sanitaire. La toxicité de ces boues atteint les poissons et menace les consommateurs.
Le chantage à l’emploi se fait au mépris d’autres activités menacées, notamment les milliers d’emplois de la pêche et du tourisme local qui vivent grâce à la préservation de la qualité des eaux et de l’environnement.
La France se montre encore une fois bien trop sensible aux arguments des entreprises et incapable de privilégier l’intérêt général.
Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux.
Voici, de manière plus approfondie, le point de vue de Collectifs Littoral, qui dans le fond ne se distingue pas d’EELV dans l’anthropocentrisme.
POUR L’ARRÊT DES REJETS DES EFFLUENTS LIQUIDES CHIMIQUES, TOXIQUES ET RADIOACTIFS DE L’USINE ALTEO DANS LES EAUX DU PARC NATIONAL DES CALANQUES
Nous, citoyens français, responsables, engagés dans la protection de l’environnement, dans la qualité de notre cadre de vie, dans la préservation de notre santé publique, n’accepterons pas la décision que pourrait prendre notre Gouvernement en faveur d’intérêts financiers parcellaires,
sans tenir compte de l’avis de la population largement exprimé lors de l’enquête publique, et en portant de graves préjudices au pouvoir de la vie, de la biodiversité et à notre futur.
À l’heure de la COP21, il n’est plus temps de privilégier les intérêts des Industries polluantes quand ces derniers mettent en danger non seulement l’environnement mais aussi notre santé, notre réservoir alimentaire marin, ainsi que l’économie touristique et résidentielle liée à la qualité de nos eaux et de nos ressources marines.
La France ne doit pas manquer le rendez-vous de l’exemplarité en s’engageant sans concessions pour la protection des Mers , des Océans et de la chaîne alimentaire marine.
En 1993, Péchiney (ALTÉO) s’était engagé à régler le problème des rejets de boues rouges en mer dans les 5 ans. Aujourd’hui non seulement le problème n’est pas résolu mais la France va renouveler à l’industriel le permis de polluer en déversant des effluents toxiques, chimiques et radioactifs, au sein du Parc National des Calanques.
considérant le droit pour le citoyen de demander un positionnement clair des élus de la République Française sur l’engagement de leur responsabilité, aujourd’hui et dans les années à venir,
considérant les objectifs de la Présidence de la République et de la grande conférence environnementale de la COP21 qui doivent adresser aux acteurs économiques et financiers les signaux nécessaires à la réorientation de leurs investissements, afin d’engager la transition vers des économies bas carbone et respectueuses de l’environnement,
considérant que l’industriel ALTÉO doit se conformer à la législation internationale, à la convention de Barcelone et au protocole d’Athènes-Syracuse qui interdisent le rejet en mer de polluants ne respectant pas les normes adoptées, à la charte du Parc National des Calanques, dont l’objectif est de préserver les écosystèmes et la biodiversité marine, ainsi qu’aux exigences des Directives Cadre sur l’Eau (DCE, transcrite dans le SDAGE Rhône Méditerranée) et sur la stratégie pour le milieu marin,
considérant le Droit Public Maritime bafoué et l’opportunité pour la Ministre de l’Environnement du Développement Durable et de l’Énergie, Ségolène Royal, d’une saisine du Conseil d’État,
considérant une augmentation prévisible des effets nocifs, liée au passage des effluents de l’état solide à un état liquide chargé de métaux lourds et métalloïde (mercure, plomb, arsenic, aluminium, uranium etc…) non biodégradables, qui se cumulent au fil du temps. L’eau polluée plus légère que l’eau de mer remontera vers la surface et le phénomène naturel d’«upwelling» accentuera cette remontée, lorsque le mistral souffle, confinant la pollution vers le littoral et les plages,
considérant l’impact désastreux sur la faune et la flore marines de cette pollution invisible sans frontières se dispersant en Méditerranée et les problèmes liés aux questions de santé publique, avec la pollution des plages par les métaux lourds et la concentration des polluants le long de la chaine alimentaire jusqu’à l’humain,
considérant la dangerosité de la vétusté de la canalisation qui déverse les rejets en mer, et le risque écologique et sanitaire majeur lié à une rupture probable de la canalisation ou/et d’un effondrement du plateau continental en zone sismique,
considérant l’immense perte économique que subira la région PACA du fait de l’impact important de la pollution à métaux lourds sur les métiers de la pêche, la consommation des produits de la mer et sur l’économie touristique et résidentielle des villes du littoral, qui repose sur la qualité de leur environnement,
considérant la mauvaise utilisation de l’aide publique attribuée depuis plus de 20 ans à l’industriel, sa volonté de manipuler les études d’impact et de désinformer l’opinion publique en se servant du chantage à l’emploi,
considérant que les solutions pour dépolluer ces rejets existent, lesquelles permettent la récupération des métaux lourds et le recyclage de l’eau actuellement gaspillée avec un débit gigantesque de 270m3 par heure ,
Nous demandons au Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie
la saisine du Conseil d’État
l’ouverture d’une table de négociation ministère, associations, ALTEO
afin de contraindre l’industriel au respect des réglementations en vigueur,
avec la mise en place de techniques d’épuration totale et le recyclage effectif des eaux rejetées,
l’apport de compensations financières aux acteurs victimes de préjudices importants
la surveillance des fonds pollués
une approche sociale et humaine vis-à-vis des salariés de l’entreprise.N’ACCEPTONS PAS L’INACCEPTABLE
C’est terrible : ces points de vue sont entièrement anthropocentristes ; dans leur fond, leur démarche fait de l’océan des ressources, tout comme le font les grandes entreprises. Comment alors critiquer celles-ci?
Une critique écologiste authentique ne peut que rompre avec une telle approche et reconnaître à l’océan une valeur en soi.