Des millions de sardines retrouvées mortes

Redondo Beach, en Californie, a été marqué par un de ces phénomènes récents se multipliant de plus en plus : la mort massive, et inexpliquée, d’animaux. Ici, ce sont des millions de sardines qu’on a retrouvé mortes dans le port.

Il est tenté d’expliquer cela par l’absence d’oxygène dans l’eau ; est repris ici l’explication d’un événement similaire à cet endroit, en 2003 et 2005 par des morts de poissons dus à des algues ayant consommé l’oxygène.

Mais là, il s’agit d’un mouvement de grande ampleur. Tant localement (comment des poissons peuvent-ils se retrouver par millions dans un tel endroit?) que sur le plan international.

Nous avions déjà donné ce lien, mais le revoici : cette carte mise à jour montre depuis décembre 2010 les morts massives d’animaux.

On en dénombre un peu moins de 200, allant des dauphins aux merles, des cygnes aux baleines…

Et évidemment, également en France.

C’est une véritable catastrophe. Et là il n’y a que deux possibilités.

Ou l’on considère, comme nous, que Gaïa et son équilibre sont remis en cause par les activités insensées des humains.

Ou bien on fait confiance à l’idéologie dominante qui considère que… En fait qui ne considère pas grand chose. Ou plutôt si, qui considère que la loi du plus fort l’emporte, et que donc finalement tout cela n’est pas bien grave.

C’est-à-dire qu’au lieu de l’équilibre naturel de Gaïa, les anti-écologistes considèrent que le déséquilibre est la règle. Dans ce « chaos », la loi est celle du plus fort. Voici par exemple ce qu’on peut lire sur le net (à côté d’articles comme « Sorties sex-shop et photos nues pour Rihanna »).

« Sur le net, certains avancent même l’hypothèse du rapprochement fatidique de la fin du monde, le 21 décembre 2012. Plus sérieusement, les ondes magnétiques qui traversent la planète pourraient expliquer certaines morts de volatiles. Pour les animaux aquatiques, le réchauffement climatique qui entraine le refroidissement des eaux semble être important dans ces phénomènes.

La situation semble inquiétante, mais ne tombons pas dans le catastrophisme exagéré.  La « patte » de l’homme serait faible dans la plupart des cas observés (même s’il y a quand même des progrès à faire à ce niveau). Et peut-être qu’effectivement, seule la sélection naturelle est impliquée, qui sait ? »

« Malheur au vaincu ! » « Ce qui nous tue pas nous rend plus fort ! » On reconnaît bien là l’explication ridicule qui veut que s’il y a du malheur, c’est parce que c’est comme cela, le monde est ainsi fait.

De manière moins flagrante, mais exactement pareil finalement, voici un extrait d’article concernant la mort de poissons dans la région d’Angers:

20 tonnes de poissons morts ont été retrouvés sur les rives du lac de Maine

4 Janvier 2011. Angers, France – Que s’est-il passé au Lac de Maine ? Des promeneurs ont découvert des milliers de cadavres de mulets. Bactérie ? Epidémie ? Impossible, car d’autres espèces auraient été contaminées ! Plutôt un phénomène climatique ou un changement de la nature de l’eau.

Pas d’explications = une explication, telle est la logique de plus en plus claire de ceux qui gèrent une planète en perdition. Survivra qui survivra! Comme on voit, l’esprit de repli sur soi et de fermeture sur le monde n’existe pas qu’en politique: c’est une véritable vision du monde!

Il y a 20 ans, l’attentat contre Judi Bari

Aux USA on célèbre la mémoire de la tentative d’attentat contre des activistes d’Earth first!, dans la nuit du 23 au 24 mai 1990. Évidemment, les responsables de cet attentat n’ont jamais été retrouvés, et l’enquête a été « bâclée. »

Pire encore, les deux personnes sérieusement blessées, Darryl Cherney et Judi Bari, ont été au départ accusées d’avoir placé la bombe ! Alors que l’enquête montrait clairement que la bombe ne pouvait se déclencher que lorsque la voiture était en marche, et était cachée sous le siège du conducteur.

Judi Bari fut d’ailleurs très grièvement blessée dans l’attentat.

En 2002, l’Etat américain a reconnu son erreur et accordé 4,4 millions de dollars aux deux activistes pour avoir empêché leur droit à l’expression et fausse accusation. Mais la criminalisation d’Earth first ! avait alors déjà été menée, et Judi Bari était décédée en mars 1997, d’un cancer du sein.

Il faut savoir qu’il y avait alors un grand mouvement contre la déforestation dans la région de Redwood (voir ici une présentation du parc national de Redwood), en Californie du Nord, et une très grande criminalisation du mouvement Earth first ! Plusieurs centaines de millions de dollars étaient en jeu.

La répression, y compris par de telles actions, n’est donc pas étonnante. Et cela d’autant plus que, contrairement à tous les mythes anti-écolos propagés en France alors (et jusqu’à maintenant même bien souvent), il y avait un engagement social extrêmement fort de la part d’Earth first!

Judi Bari considérait en effet que c’est le capitalisme qui détruisait la nature, et qu’il fallait donc mobiliser les ouvriers. Earth First! a alors même réussi à mobiliser les bûcherons contre leur direction, en montrant comment les programmes géants d’abattage se faisaient également aux dépens des travailleurs.

Judi Bari pensait ainsi que l’écologie passait par le contrôle ouvrier et une industrie décentralisée ; elle prônait ainsi le syndicalisme de type libertaire (les IWW aux USA) avec des revendications écologistes et une affirmation féministe, anti-patriarcale.

Le point de vue de Judi Bari est notamment exprimé dans Revolutionary Ecology, un document qu’il est possible de lire (en anglais) sur cette page. On peut également lire ici un article de Judi Bari concernant la féminisation d’Earth first! Il existe également un site consacré à Judi Bari, et en été 2010 sortira un ouvrage sur la pensée de Judi Bari, « One big union » (un seul grand syndicat).

Il va de soi que tout cela est très intéressant, et qu’il y a beaucoup à apprendre des eco-activistes des USA. Rien n’a plus été faux que la vision qui prédomine en France depuis une vingtaine d’années au sujet de gens courageux mettant tout en oeuvre en défense de notre mère la Terre!

Et notons à ce titre que depuis l’expérience de Judi Bari, on peut aisément voir que l’ampleur du désastre écologique nécessite plus qu’un « seul grand syndicat », et ce alors que de toutes manières un syndicat se focalise forcément sur les luttes économiques immédiates.

Un syndicat ne peut pas mettre en avant une éthique, une culture, il ne peut pas avoir de principes fermes comme la libération animale, sans compter que la libération de la Terre passerait au second plan, derrière les priorités locales.

Mais, dans tous les cas, quelles que soient les options que l’on choisit en faveur de la libération de la Terre, il y a forcément à apprendre de Judi Bari!