La question des simili-carnés et de leur dénomination

La Coordination rurale est un syndicat d’agriculteurs et d’éleveurs, c’est même le second derrière la FNSEA, qui est critiquée pour représenter les intérêts des plus gros industriels.

Elle représente les petites entreprises qui veulent encore être grandes, et elles viennent de se lancer dans une opération qui est déjà très forte en Allemagne : empêcher que les produits simili-carnés utilisent les mêmes termes pour se définir que les produits carnés.

Voici leur tout nouveau communiqué de presse à ce sujet :

La mention « steak » doit être réservée à la viande. Un steak ne peut pas être vegan !

A l’instar de son homologue allemand, Christian Schmidt, la section Viande de la Coordination Rurale demande au ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll d’interdire l’utilisation des dénominations associées aux produits carnés (steak, saucisse, jambon…) pour la commercialisation des produits ne contenant pas de viande, ou pour les lieux de leurs ventes (boucherie…).

Les plats tentant d’imiter la viande n’en sont pas pour autant. Il faut mettre fin à ces pratiques trompeuses pour les consommateurs.

Les éleveurs de la CR rappellent que les récentes enquêtes de 60 millions de consommateurs à ce sujet ont encore montré que les apports nutritionnels des produits élaborés uniquement à base de protéines végétales ne sont pas équivalents à ceux des produits carnés.

Il serait donc également souhaitable que, dans la restauration collective, en particulier scolaire, des menus végétariens uniques ne soient pas imposés certains jours comme cela arrive de plus en plus fréquemment.

En effet, il revient à chaque adulte responsable de faire ses propres choix alimentaires pour ce qui le concerne, et l’Éducation nationale ne peut contribuer à les formater de manière abusive, au risque de nuire au développement physique et psychique de l’enfant et de l’adolescent ; c’est une question de santé publique.

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Tout cela est totalement logique. A partir du moment où le véganisme ne se pose pas comme moral, comme culture, que c’est l’industrie qui prédomine, alors la question de fond devient celle de la concurrence économique.

A partir du moment où l’on ne met pas en avant la Nature, mais le fait de ne pas tuer, c’est-à-dire non pas la vie mais la mort, on aboutit à l’existentialisme, à une passivité consommatrice.

Tout cela est bien philosophique et pour faire plus simple : réduire le véganisme au remplacement de la viande par du simili-carné, c’est réduire l’alimentation végétalienne à des substituts de viande.

La conséquence en est déjà une base morale insuffisante : nous ne croyons pas qu’à terme il restera grand-chose de la vague L214 – Aymeric Caron, plein de superficialité et d’esprit bobo individualiste.

Une autre conséquence est que le véganisme devient une question capitaliste, avec capitalisme contre capitalisme. Le summum du militantisme semble d’ailleurs être chez certains d’ouvrir son épicerie ou son restaurant dans le centre-ville, ce qui peut être utile, mais si le but est le profit et si les produits vendus sont du simili-carné, le véganisme n’est qu’un prétexte à du business…

Et qui dit business dit concurrence. Il n’est nullement étonnant que les producteurs de « viande » tentent de préserver leurs parts de marché, leur monopole. Et partant de là, qu’ils comptent empêcher l’utilisation de définitions relevant de leur production.

Cela ne nous étonne pas et nous trouvons absurde les gens qui ont envie de retrouver le goût du cadavre dans leur bouche, même si cela n’en est pas un.

Nous considérons le véganisme comme une véritable culture, pas comme une variante de cette société où tout est à changer.

L’autre interprétation du véganisme se donne comme objectif de véganiser la société, en affirmant que c’est possible, qu’on peut faire confiance aux institutions.

Rien que cette question des noms employés pour le simili-carné reflète déjà l’impossibilité de cela : le système veut bien des niches, il n’a rien contre 1 ou 2 % de gens se « perdant dans le décor ». Mais il ne faut pas que cela déborde, cela ne doit pas dépasser du cadre, chaque chose doit rester à sa place…

La couleur noire et les corps des animaux morts

La photographie suivante, publiée par Vosges Matin il y a quelques jours (« Les vegan se mobilisent à Paris »), est peut-être la plus traumatisante dans le genre. Le non respect des animaux décédés est à la base même inacceptable dans ce type de démarche, mais il y a ici en plus quelque chose de directement lugubre, de sombre, de malsain. C’est absolument ignoble.

N’y allons pas par quatre chemins : il faut être vraiment détraqué pour oser faire une exhibition morbide comme cela.

Et qu’on ne prétende pas que cela aide les animaux. La seule image fournie aux gens normaux est celle de gens glauques, incapables de présenter quelque chose de positif, célébrant un culte macabre afin de justifier leur pessimisme, leur absence de perspective.

C’est précisément à ce niveau qu’il existe une porosité très forte avec l’extrême-droite, avec la fascination pour le nazisme, les images fortes, etc.

Montrons au passage le niveau de l’humour de « Cause Animale Nord », encore tout récemment.

Plus sérieusement, on ne peut pas dire qu’on respecte les animaux et utiliser leurs corps de cette manière. C’est manquer de respect. Rien qu’il y a deux jours, des éleveurs ont d’ailleurs procédé de la même manière, en exhibant le cadavre d’une vache, comme le raconte Normandie Actu.

Celle-ci a été pendue par la Coordination rurale, à Avranches, à la permanence d’un député des Républicains). La vache était morte depuis déjà trois semaines…

N’est-ce pas d’un sordide innommable?  Le véganisme n’est-il pas justement l’inverse de cela, à savoir l’harmonie, le positif, la construction, l’amour des animaux, la joie?

Ou est-ce une révolte existentielle, désespérée, tournée vers la couleur noire, comme par exemple à Lyon, il y a quelques jours, pour une marche pour « l’abolition de la viande »?