Un honteux éditorial de 30 millions d’amis

L’éditorial du dernier 30 millions d’amis est un miracle d’équilibrisme. C’en est presque palpitant de découvrir ici la mauvaise foi, là l’hypocrisie, ailleurs un peu de sincérité, et surtout une soumission complète à l’exploitation animale. Toute la mystification de la « protection animale » se révèle ici dans ce qui est un savant mélange des discours de Brigitte Bardot, de L214, des discours « welfaristes », des publicités mensongères du bio, etc. etc.

On aimerait bien… Mais ce n’est pas possible: pour résumer, voilà ce à quoi cela ressemble. Cependant, ce qui en ressort, c’est l’absence totale de volonté et de culture, car parler des « dérives » de l’exploitation « intensive », c’est jeter de la poudre aux yeux et masquer que la moindre mise à mort est un meurtre. Il faut toute l’hypocrisie, bien catholique encore une fois, pour parler de mise à mort « digne », sans souffrance, etc., et d’ailleurs on a bien sûr le coup du halal et du casher distillé savamment, avec en arrière-plan plus qu’un clin d’oeil à l’extrême-droite et sa démagogie.

Car oser parler, en 2013, de la « France pastorale », en plus pour parler du salon de l’agriculture, qui en serait le « symbole », c’est du mensonge pur et simple dans une France qui est un pays agro-industriel depuis belle lurette!

Et oser expliquer qu’il faut aller à ce salon saluer les animaux, parce que « la défense de la vie sous toutes ses formes est un concept que nous devons faire accepter par tous », là on est dans la schizophrénie la plus totale.

Les gens aiment les animaux, mais ne savent pas s’y prendre, et n’ont pas conscience de la dimension de l’exploitation animale, alors qu’ils la voient très bien. Voilà la terrible contradiction, et profitant de ce décalage, on a des choses qui peuvent exister comme cet éditorial qui combine discours radical et pratique sans envergure ni dimension.

Edito – Avec tristesse et respect

Février 2012 – Traditionnellement au mois de février, veaux, vaches, cochons, moutons nous donnent rendez-vous au Salon de l’agriculture. Etrillés, pansés, brossés, nattés avec des rubans aux couleurs de leur région, ils sont accueillis à Paris avec les honneurs, sous les vivats d’un public enthousiaste.

Mais ne nous voilons pas la face : le destin de la plupart de ces magnifiques bêtes est de finir dans nos assiettes.

Il est vrai que l’homme est carnivore et on ne pourra pas changer de sitôt des pratiques ancestrales comme celle de manger de la viande.

Mais nous pouvons néanmoins agir pour que ces bêtes qui nous nourrissent puissent avoir une fin digne et que leurs dernières heures ne soient pas synonymes d’atroces souffrances. Nous pouvons, nous devons agir. Nous médias, en continuant à porter à la connaissance du public l’insoutenable martyre des animaux qu’on transporte vers l’abattoir.

Les associations de protection animale, en protestant auprès des pouvoirs publics et des instances européennes pour que les réglementations soient respectées et que la provenance de la viande soit clairement étiquetée.

Notamment lorsqu’elle provient d’animaux abattus sans étourdissement préalable sur l’autel de rituels religieux. Vous consommateurs, en acceptant de changer d’habitudes et en exigeant des labels garantissant que les animaux n’ont pas souffert et qu’ils ont été élevés dans des conditions respectant les besoins sociaux de leur espèce.

Il nous incombe à tous de refuser la généralisation de l’élevage intensif et ses dérives inquiétantes, voire monstrueuses, où les animaux ne sont plus considérés comme des êtres vivants à part entière, mais comme de la matière première utilisée sans états d’âme au nom du plus grand rendement !

Ces pratiques qui sont une torture pour les animaux mettent aussi en danger la santé humaine. Tous les nutritionnistes s’accordent à dire que la consommation en viande est trop importante dans les pays occidentaux et provoque de nombreux problèmes de santé. Malgré cela, la demande en protéines animales, assimilées à un confort indispensable, ne cesse d’augmenter.

Nous irons donc au Salon de l’agriculture, symbole de la France pastorale, pour admirer, caresser, applaudir ces animaux… avec tristesse et respect, tant il est vrai que la défense de la vie sous toutes ses formes est un concept que nous devons faire accepter par tous.

Reha Hutin