Benoît Hamon et François de Rugy : l’écologie réduite à un outil

La primaire organisée par le parti socialiste a amené deux vainqueurs en vue du second tour et l’écologie est réapparue de deux manières.

Pas avec le candidat Manuel Valls, que le thème n’a jamais interpellé, mais avec Benoît Hamon et François de Rugy.

Benoît Hamon, qui est arrivé en tête, a utilisé l’écologie comme argument lors de son discours de victoire, en résumant celle-ci, bien entendu, à l’environnement.

Voici ses propos :

Tout au long de cette campagne, j’ai été à la rencontre des Français et je tire la conviction des échanges nombreux que j’ai eu avec vous, qu’il faut en finir les vieilles recettes, la vieille politique, ces vieilles solutions qui ne marchent plus.

Demain [lundi] dans plusieurs villes de France, il y a aura à nouveau un pic de pollution atmosphérique qui va mettre en danger la santé des Français les plus vulnérables et à commencer par les plus jeunes, les enfants.

Qui ne voit pas qu’il faut aujourd’hui impérativement changer de modèle de développement, placer la conversion écologique de notre économique en tête des politiques de notre pays, sauf à accepter, sauf à tolérer de laisser à nos enfants un monde qui va devenir de plus en plus invivable ?

C’est d’une certaine manière anecdotique, mais c’est un grand indicateur : l’écologie ne sera jamais ici qu’un faire-valoir.

Un faire-valoir que François de Rugy compte utiliser. Il n’appelle pas à soutenir Benoît Hamon ni Manuel Valls mais espère les rencontrer aujourd’hui, en vue bien entendu des places à prendre pour l’avenir…

François de Rugy compte être, dans tous les cas, la béquille écologiste du parti socialiste…

Il est tellement content qu’il se vante d’être le candidat écologiste qui a eu le plus de voix à une primaire, quelle qu’elle soit !

Sauf qu’il n’y en a qu’une autre, en 2011, et qu’il n’y avait pas de candidat écologiste… Quel racolage !

Voici sa déclaration d’hier soir, dont le vide est complet : l’écologie est directement présentée comme une béquille à la gauche.

Mesdames, Messieurs,

Je veux avant tout remercier celles et ceux d’entre-vous qui avez participé à cet exercice démocratique de la primaire de la gauche.

J’avais dit que je serais le candidat du parler-vrai : je le serai jusqu’au bout.

La participation enregistrée aujourd’hui doit interroger tous les progressistes qui ne se résignent pas à devoir choisir au deuxième tour de la présidentielle François Fillon contre Marine Le Pen.

C’est pourquoi je pense aussi à vous, qui étiez venus voter à la primaire en 2011 et n’avez pas voté aujourd’hui. Je pense à vous qui avez voté François Hollande au premier tour de la présidentielle et êtes « ailleurs » aujourd’hui.

Il nous faut renouer ce fil d’ici le 23 avril prochain.

Le parler-vrai, c’est de reconnaître que j’aurais aimé obtenir un résultat plus important.

Je constate que dans une campagne très courte, une mécanique s’est mise en place qui a eu pour conséquence de concentrer l’attention médiatique sur quatre candidats, et finalement de polariser les choix sur trois d’entre-eux.

Pour autant, vos 60.000 suffrages – c’est une estimation à cette heure- font qu’aucun candidat écologiste n’avais rassemblé autant de voix, lors de primaire, quelle qu’elle soit.

Tout au long de cette campagne, je me suis employé à faire entendre une voix nouvelle : celle d’une écologie positive et pragmatique, une écologie responsable et concrète, une écologie du bon sens. Une écologie qui s’inscrit dans le rassemblement des progressistes.

A chacune et chacun d’entre-vous qui m’avez apporté votre suffrage aujourd’hui, je veux dire ma détermination à continuer dans les mois qui viennent à porter cette voix : celle du progrès par l’écologie.

C’est dans cet esprit que je propose à Benoit Hamon et à Manuel Valls – que je félicite pour leur qualification au deuxième tour-, de les rencontrer dès demain.

A l’un et à l’autre, je demanderai quels points du projet que j’ai porté ils sont prêts à intégrer dans leur programme.

Et je les interrogerai également sur les points de divergences que j’ai pu identifier lors des débats.

Je leur demanderai enfin comment ils entendent, concrètement, contribuer à l’indispensable rassemblement des progressistes d’ici le premier tour de l’élection présidentielle.

Je ferai ensuite connaître ma préférence, chacun demeurant évidemment libre de son expression dimanche prochain.

Mes derniers mots iront à mon équipe, à ma directrice de campagne, Véronique Massonneau, mais aussi aux militants, aux élus, parlementaires, et ministres qui m’ont soutenu.

A eux comme à chacune et chacun d’entre-vous qui m’avez apporté votre soutien, je veux dire que pour rénover la gauche, rénover la vie politique française, inscrire l’écologie au coeur du projet des progressistes, nous avons tant à faire ensemble.

Vive la République !

Vive la France !

De tels propos, face à une crise écologique planétaire, face à la destruction de la Nature de manière accélérée, sont de la poudre aux yeux pour tenter de calmer les esprits.

« Dormez, braves gens » est-il expliqué, nous nous occupons de tout ! Eh bien non, justement, ils ne s’occupent de rien…

écologistes! : « premières rencontres nationales »

Ce week-end se sont tenues les « premières rencontres nationales » du nouveau mouvement politique de de Rugy, « écologistes! ». Un bon démarrage apparemment, puisque pas moins de 300 personnes s’y sont rendues, samedi.

Il ne s’agit bien sûr pas tant de militants que de gens naviguant dans les institutions, aux postes d’élus et autres. D’ailleurs, « écologistes! » s’est réuni pas moins que dans une annexe de l’Assemblée nationale.

De Rugy s’est à ce titre exprimé très clairement devant les gens présents :

« C’est clair, net et précis. Nous sommes demandeurs, nous voulons des élus et nous voulons exercer des responsabilités. »

La voie pour cela, c’est Jean-Vincent Placé qui l’a formulé, avec l’expression suivante: « une écologie pragmatique, réaliste et positive ».

Et histoire d’être bien sûr d’avoir des bonnes places dans les institutions, en octobre, il y aura une unité avec le Front démocrate et Génération écologie pour former l’Union des démocrates et écologistes, comme appui à François Hollande.

De Rugy a aussi, comme c’est la tradition dans ce genre de tambouille politique, exhibé une « prise de choix », sous la forme de Véronique Massonneau, députée du nord-Vienne EELV. C’est une question de crédibilité : un nouveau mouvement institutionnel doit toujours montrer qu’il attire des élus, qu’il est là pour « gagner ».

Voici un petit exemple de comment elle a expliqué son choix d’abandonner EELV dans un coup d’éclat :

« Moi j’aimerais qu’on soit plus pragmatiques et plus réalistes. Et que du coup, on soit LE parti écologiste qui réponde aux enjeux du 21ème siècle.

Et ça, le nouveau parti Ecologistes, il peut le porter. C’est nous qui allons le créer, c’est nous qui allons le porter ce projet. Il y a beaucoup d’élus des collectivités, beaucoup de militants qui partagent cette philosophie portée par Jean-Vincent Placé et François de Rugy.

Bien sûr qu’il y aura des écueils, c’est normal, mais soyons des sentinelles dans ce nouveau parti. Soyons vigilants. On peut le créer ce parti. Faisons-le à notre image. »

Ou encore, tout aussi ridicule :

« Je m’attendais à être attaquée. Je n’ai averti que les gens importants pour moi. Je n’ai pas voulu l’annoncer au mauvais moment. Mais ce qui est sûr, c’est que je ne quitte pas ce parti de gaieté de coeur. J’ai eu beaucoup de mal à quitter EELV.

C’est comme un deuil. J’ai mis beaucoup de temps à mûrir ma décision. Je l’ai prise jeudi 1er octobre 2015, vous voyez, c’est tout frais »

Quelle hypocrisie, prétendre avoir choisi deux jours avant… On est là clairement dans une logique de « places ».

C’est également ce qui a amené Barbara Pompili, députée de la Somme, à abandonner EELV il y a quelques jours. Là aussi, EELV est quitté, mais pas la place de députée, tant qu’à faire!

Elle ne rejoint pas (encore) « écologistes! », mais sa logique est la même : rejet de l’extrême-gauche et volonté de soutenir François Hollande.

Car ces gens, outre de n’en avoir rien à faire de la Nature, prétendent faire barrage à Marine Le Pen en soutenant François Hollande, qui serait le seul recours… On est vraiment très mal parti.

La blague est également venue d’Aline Archimbaud, sénatrice qui avait déjà annoncé avoir pris ses distances avec EELV l’année dernière. Mauvaise pioche médiatique, aussi a-t-elle réitéré hier, annonçant quitter EELV la veille du congrès du mouvement « écologistes! », étant ainsi certaine de trouver un petit écho… Que ne faut-il pas faire!

Ou peut-être faut-il plutôt considérer que la pire des blagues vient de Jean-Vincent Placé, dans ses propos relatés par Challenges.

Il se plaint qu’à EELV on se soit moqué de son look de cadre, et affirme qu’il a, ô miracle apparemment pour lui, « évoqué » la cause animale….

« L’ancien numéro 2 d’EELV est d’ailleurs peut être celui qui s’est montré le plus critique avec son ancien parti.

En charge du discours de clôture du congrès, le sénateur de l’Essonne s’est longuement attardé sur les errements de son ancienne formation « où l’on s’est parfois écharpé pour des virgules sur un communiqué de presse », où « si l’on n’acceptait pas les 120 idées du partis on était stigmatisé- y compris sur son style vestimentaire » et où « l’on s’est même moqué de moi (rires) quand j’ai évoqué la cause animale qui m’est chère ». »

Sans doute y aura-t-il des doux naïfs ou de sacrés opportunistes pour croire cette thèse de « cause animale » qui lui serait chère. Cela ne sera pas notre cas…

L’appel lancé par « écologistes! »

« écologistes! », issue d’une scission d’Europe Ecologie les Verts, comme nous en avions parlé, a désormais un site internet avec un appel que nous reproduisons ici.

Comme prévu, c’est ce qui manque qui est d’autant plus frappant : pas de Nature… Pas d’animaux…

La France, l’Europe et le Monde font face à des bouleversements écologiques sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Ces bouleversements, nous les vivons déjà toutes et tous : nous savons qu’ils auront des conséquences sur la vie de nos enfants et de nos petits-enfants. Le dérèglement climatique bouleverse déjà la vie de 200 millions de personnes chaque année. Il a, de par le monde, des conséquences migratoires qui s’ajoutent à celles des guerres.

Dans le même temps, l’économie mondialisée produit des richesses, mais épuise la planète, les sols, le sous-sol, les ressources en eau. Elle offre des opportunités d’accéder à de nouveaux services, de nouvelles libertés, mais entretient et creuse des inégalités. Elle met en concurrence les territoires et les pays, elle détruit des emplois en même temps qu’elle en crée, fragilise les systèmes sociaux au risque de mettre en danger le pacte républicain.

Refuser la mondialisation est un mirage, un mensonge : elle ne résiste à aucun mur, aucune frontière physique ou réglementaire.

Se soumettre à la mondialisation sans tenter de lui fixer des règles, de la dompter pour qu’elle ne conduise pas à une catastrophe environnementale et climatique, à une désagrégation sociale porteuse de dangers totalitaires, ce serait un abandon.

Et si on commençait, ici, à faire de la réponse à la crise écologique, à la raréfaction des ressources naturelles, au défi climatique des opportunités pour vivre mieux et pour mieux vivre ensemble ? Telle devrait être l’ambition de l’écologie politique, appuyée sur une méthode : accompagner les initiatives, encourager, faciliter les choix individuels, porter des choix collectifs clairs et démocratiquement débattus, élaborés et partagés.

Etre écologiste, c’est vouloir mettre à profit les transitions énergétiques, technologiques, sociales indispensables et inéluctables pour créer des emplois durables, c’est parier sur la capacité d’initiatives, de création, d’innovation. C’est avoir conscience que face à l’immensité des défis qui se posent au monde, qui concernent chacun (rendre l’air plus respirable, conserver la qualité des eaux, des paysages, dégager notre système économique de sa dépendance aux énergies carbonées…) personne ne peut prétendre à lui seul détenir LA solution. C’est privilégier le dialogue, l’échange de pratiques, c’est refuser tous les prêt-à-penser.

Etre écologiste en politique, c’est vouloir placer l’écologie au cœur des politiques publiques, c’est rechercher, construire et assumer dans la durée les compromis indispensables sans lesquels l’action politique n’est que vaine incantation.

Etre écologiste en politique, c’est également affirmer que ce qui nous unit sur les questions écologiques est plus fort que ce qui nous distingue sur les autres sujets qui rythment notre vie démocratique, mais que cela ne gomme pas nos différences, qui sont une richesse : c’est l’accepter et l’assumer, et ne pas chercher à créer de toutes pièces un système ou une idéologie de plus – alors même que les idéologies du XXème siècle se sont, les unes après les autres, effondrées.

Il est temps de réconcilier les Français avec une écologie politique trop souvent perçue comme sectaire, principalement contestataire, contraignante, prescriptive. Il est temps de tenir la promesse d’une écologie positive, constructive, d’une écologie qui parle à chacun.

écologistes ! c’est l’affirmation d’une ambition pour le XXIe siècle.

Notre société est caractérisée par le morcellement : les représentations classiques ne tiennent plus face à la réalité vécue. Les facteurs d’inégalités se superposent, les identités sont multiples, chacun étant porteur d’origines, d’intérêts, d’aspirations qui forment autant de tribus éphémères ou mouvantes. C’est un constat : nous pouvons en faire une chance à condition de retrouver un objet de mobilisation collective, qui concerne chacun et qui nous pousse à voir au-delà des différences et des peurs pour agir ensemble.

Quels que soient les milieux sociaux, les croyances, les situations sociales, les convictions philosophies, les lieux de résidence, les pratiques culturelles, nous sommes tous confrontés au défi écologique : parce que la pollution touche chacun, que les modifications de l’environnement nous concernent tous, que nous partageons tous, d’où que nous venions, une même et unique planète.

Oui, le défi écologique est le nouveau dénominateur commun, capable de parler à tous les Français. Y répondre collectivement, c’est faire des choix politiques cohérents, et c’est permettre à chacun d’être, dans sa vie quotidienne, l’écologiste qu’il souhaite.

écologistes ! c’est l’affirmation d’une ambition pour la France

La persistance de la crise, les discours de repli et de stigmatisation, les populismes, mais aussi un courant intellectuel théorisant le déclin et cultivant la nostalgie d’un passé fantasmé ont plongé la France dans une dépression collective. Et pourtant, la France regorge de talents, d’aspirations inassouvies, de forces créatrices.

Et si la France apprenait à tirer de son environnement la force de ses habitants ? Il y a tant de combats à mener : pour le respect, l’entretien et l’amélioration de nos paysages, si divers, si riches, de nos côtes, de nos rivières, pour la préservation et l’amélioration d’une qualité de vie que le monde nous envie, pour le soutien aux créateurs économiques qui s’engagent dans la transition écologique, aux filières technologiques qui sont des pôles d’excellence que le monde reconnaît, pour l’accompagnement d’initiatives individuelles ou collectives qui concrètement participent du combat pour la planète.

Soyons fiers également de cette idée du vivre ensemble qui considère que la diversité humaine, à l’image de la biodiversité, est une richesse qui s’épanouit dans le respect mutuel : en France, cela s’appelle la laïcité.

Sachons tirer de la place de la France dans le monde, de son rayonnement historique, intellectuel et spirituel, les ressources pour peser sur la marche de la planète : ancrons clairement et sans ambiguïté le projet national dans une perspective européenne, et dans une dimension internationale. La France, en matière d’écologie et de nouveaux droits individuels et collectifs peut et doit tout à la fois se fixer comme objectifs d’être exemplaire, d’être un moteur, et d’être un partenaire actif de ses voisins et de la communauté internationale.

Oui, la France a besoin de se fixer une ambition collective : celle d’être le pays de l’écologie.

écologistes ! c’est vouloir adapter les formes de l’engagement politique aux réalités de la vie des citoyens

Pour peser sur les décisions collectives, pour accompagner les projets et les initiatives, les écologistes doivent participer à la vie démocratique.

Nous souhaitons le faire sans hypocrisie, et en assumant pleinement notre ambition de chercher à convaincre et à rassembler lors des scrutins électoraux, notre volonté prendre part, à chaque fois que cela est possible, à l’exercice du pouvoir dans le cadre d’alliances durables et assumées.

Nous souhaitons le faire en adaptant les formes d’engagement aux réalités sociales : les partis politiques, dans leur forme héritée du XXè siècle ont vécu. Trop souvent, ils épuisent leurs militants en débats internes et exigent d’eux une disponibilité et un engagement excessifs. Trop souvent, ils cherchent à constituer des corpus programmatiques artificiels, au prix de la mise à l’écart des opinions divergentes ou de la formulation de propositions fourre-tout. Trop souvent, ils négligent les retours d’expériences, les débats d’idées, les innovations issues de la société.

C’est pour répondre à ces défi qu’ECOLOGISTES ! entend s’appuyer sur deux piliers : le parti, dont la fonction est de participer au débat politique, de présenter des candidats aux élections, de participer à l’exercice des responsabilités, et le réseau, espace physique ou numérique d’échanges, de débats, de confrontations, autour des grandes questions écologiques.

Le parti a vocation à accueillir tous ceux qui, d’où qu’ils viennent, entendent participer à la vie démocratique et électorale, et partagent la même ambition d’une écologie concrète et pragmatique, le même engagement européen, la même vision d’une laïcité émancipatrice et la même volonté de voir le pays mener les réformes nécessaires pour permettre à la fois le développement économique et le maintien d’un système de protection social à la hauteur des besoins des citoyens. Le parti a l’ambition de participer au rassemblement des écologistes et des démocrates. Un rassemblement qui saura bâtir des alliances assumées et durables à gauche, avec les forces politiques qui refusent les facilités du populisme, le danger des extrémismes et agissent pour une démocratie vivante mais apaisée.

Le réseau a pour fonction de participer au débat des idées, à l’approfondissement des connaissances, à la détection et au partage d’initiatives qui concourent à l’écologie. Espace dénué d’enjeux de pouvoir, forum d’échanges, il est ouvert à quiconque souhaite y apporter sa contribution, sans engagement autre que la volonté d’accompagner et d’enrichir l’action politique des écologistes et de l’ancrer dans la réalité. La participation à la vie du réseau ne signifie pas adhésion au parti, elle n’est en rien incompatible avec l’appartenance à une autre formation politique – à l’exception de formations extrémistes.

Citoyens convaincus de l’importance de l’écologie et disponibles pour vous engager, élus, militants ou anciens militants désireux de porter autour de vous une écologie audacieuse, constructive et apaisée, vous êtes, nous sommes écologistes !

« écologistes ! »

Ces histoires électorales sont une tambouille bien indigeste, mais il faut bien en parler, pour ne pas se faire piéger…

Nous avions donc parlé tout récemment du fait que François Goullet de Rugy et Jean-Vincent Placé quittent EELV. Leur motivation est simple et directe : faire de la « politique », et personne n’a jamais été dupe. Placé a, par exemple , toujours été un homme d’appareil (on a un aperçu très clair dans notre article « Beau bar de 47 cm pris au large à la ligne grâce aux conseils d’un maître pécheur« ).

Celle qui mécontente, c’est bien sûr Duflot, qui est sur la même position mais qui entendait qu’EELV ait un candidat au premier tour de la présidentielle : elle-même. De Rugy et Placé sont eux sur la ligne de soutien direct à Hollande, dès le premier tour.

Duflot est une carriériste du même acabit, le plus bel exemple, que nous mentionnons souvent tellement c’est énorme, fut son « coup » lors de la conférence de Copenhague sur le changement climatique : partie là-bas en train devant les médias, elle en était revenue… dès le lendemain… en avion, pour une interview télévisée!

L’écologie est ici un prétexte à la modernisation et à la carrière. Voici ce que Duflot a expliqué dans Libération hier:

Avez-vous été surprise par les départs de Jean-Vincent Placé et François de Rugy d’EE-LV ?

Non, pas vraiment. Ils ont renoncé à la transformation écologique de la société et pensent qu’il faut simplement s’adapter au monde tel qu’il est aujourd’hui. Je le regrette d’autant plus que le chemin
a été long pour en arriver là ensemble. Chacun suit désormais sa route. Je pense, et je l’explique dans mon livre, que la mutation du monde appelle d’autres réponses que l’orthodoxie et les recettes éculées: il faut un grand virage vers l’écologie.

Vous vous préparez même pour la prochaine élection présidentielle…

C’est vrai. Mais je ne souhaite pas que les écologistes reproduisent les mêmes erreurs que lors des trois dernières présidentielles. Est-ce que j’ai décidé de ma candidature ? Pas du tout. Ma priorité
c’est la déminorisation de l’écologie, c’est-à-dire construire une force capable d’exercer pleinement le pouvoir.

Comment peut-on dire qu’on se prépare pour la présidentielle et qu’en même on n’a pas décidé d’être candidat? C’est totalement délirant. Quant au contenu, il n’y en a pas.

Au moins, De Rugy et Placé ne font pas semblant. Ils ont annoncé leur parti, qui n’en est pas un, juste une « fédération » qui d’ailleurs n’existe pas encore. Il y a quelques jours, cela devait s’appeler « Union des démocrates et écologistes », maintenant cela doit s’appeler « écologistes ! ».

Il n’y a pas de contenu, aucun programme, aucune valeur, simplement un logo.

C’est même assumé, voici la réponse de De Rugy à une question d’Ouest France:

Vous en êtes le fondateur, le président ?

Oui, parce qu’il en faut un, on va dire ça comme ça. Le premier animateur. Il n’y a pas d’organigramme. C’est la première pierre que l’on pose : un nom, un logo, un site internet.

Il n’y a même pas de site internet, car il faudrait le remplir… mais de quoi? D’ailleurs, les portes sont ouvertes à tout le monde, comme il est dit d’une manière ultra-opportuniste, toujours à Ouest France:

Tout le monde est le bienvenu ! Ce qu’on veut, c’est être aussi ouvert que possible, en tant qu’organisation, et surtout du point de vue de l’état d’esprit. C’était d’ailleurs l’ambition au départ de Dany Cohn-Bendit, qui s’est complètement perdue en route. Nous, on appellera ça un réseau, pour des gens qui ne veulent pas s’engager directement dans un parti politique, qui permettra de fédérer des gens qui soit sont engagés ailleurs, soit qui souhaitent rester en dehors d’un appareil.

Si ce n’est pas du racolage! Guère étonnant que dans ce projet vide, ils ont été rejoint par Jean-Luc Bennahmias et Christophe Madrolle , tous deux ex Verts et ex MODEM, ayant fondé un « front démocrate ».

Car le seul sens de ce projet, c’est de participer au « front » électoral de Hollande, qui compte bien à la présidentielle apparaître comme le représentant de « l’union de la gauche » face à Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen.

Rien sur le plan du contenu, sur plan de la morale, rien sur le plan de la culture… Mais est-ce étonnant? Notre époque a besoin d’un esprit de soulèvement, d’une indignation morale allant jusqu’à la pratique, critère de vérité : le véganisme. Allant jusqu’à l’affrontement avec la décadence et les destructions, avec la pratique comme critère de vérité, encore, le straight edge!

On ne peut pas défendre ces valeurs positives et être dans l’esprit de participer aux institutions, à une société aux valeurs agonisantes, n’existant que par son antagonisme à notre mère la Terre.

François Goullet de Rugy et Jean-Vincent Placé quittent EELV

Le grand paradoxe historique d’Europe Ecologie Les Verts, c’est de ne jamais ouvertement parler d’écologie. Les thèmes ont toujours été « sociétaux », avec comme optique de rendre agréable aux bobos certaines zones urbaines et de prôner la « modernité » pour mettre de côté les bourgeois conservateurs de Neuilly Auteuil Passy.

EELV n’est pas né d’un mouvement populaire en défense de la Nature, avec une culture alternative, comme en Allemagne ou en Autriche. C’est un parti libéral libertaire utilisant les réformes écologistes comme moyen de « moderniser ».

Seulement en France, il y a déjà un parti dont c’est le rôle : le parti socialiste. EELV a donc toujours été la fraction bobo du parti socialiste. Et comme François Hollande organise un réseau pour être réélu, forcément EELV doit en être, obligatoirement pour exister.

Le carriérisme étant ce qu’il est à EELV, la scission se passe entre ceux qui veulent attendre, pour se vendre plus cher voire faire d’EELV un grand parti remplaçant le parti socialiste, et ceux qui veulent s’allier directement.

Du 19 au 22 août lors de son université d’été, EELV a donc connu des affrontements en série. 2000 personnes étaient attendues, seulement 800 sont venues tellement cela s’annonçait mal.

Il y avait, pour l’anecdote, un stand de L214 de présent, preuve de l’opportunisme tout azimut et du manque complet d’analyse de la situation. A moins que tous ces gens dont on craignait qu’ils aillent chez les fachos préfèrent finalement les bobos.

Jean-Vincent Placé n’y est pas allé de main morte : il s’est posé ouvertement et tel quel comme l’homme le plus fidèle de François Hollande et a annoncé que cela continuait comme cela, il y aurait scission avant les régionales et non pas après.

Évidemment quand tout le monde sait qu’une scission va avoir lieu, alors elle se produit sans attendre. Avant-hier, c’est le député de Loire-Atlantique François de Rugy qui a quitté EELV.

François de Rugy, c’est en réalité François Goullet de Rugy, issu d’une famille aristocrate de haute volée, qui est un de ces cadres typiques d’EELV : un technocrate modernisateur qui sait gérer, pas comme ces hippies d’écolos de l’ancienne période !

Le titre de son nouvel ouvrage est d’ailleurs « Écologie ou gauchisme, il faut choisir ». Pétri d’esprit libéral libertaire, il soutient même la légalisation de la GPA c’est-à-dire les mères porteuses…

Voici ce qu’il disait par exemple en 2011. Rien que le titre résume bien l’esprit bobo d’EELV : c’est nouveau dans la société donc c’est bien, la société devrait être libérale libertaire…

Bioéthique : encore une fois, l’Etat est en retard sur la société

Ce projet de loi ne comporte aucune avancée et renforce le statu quo sur ces questions qui transcendent le clivage droite/gauche. Le maintien de l’interdiction de toute recherche sur les embryons et cellules souches embryonnaires est à déplorer. De même, l’impossibilité de lever l’anonymat sur le don de gamètes ainsi que le refus exprimé par la majorité d’autoriser la gestation pour autrui sont extrêmement regrettables. Il est temps de sortir d’une vision conservatrice de ces problèmes de société afin de moderniser la législation pour l’adapter aux évolutions actuelles.

Le départ de François Goullet de Rugy était prévu depuis longtemps en fait. Nous en avions parlé : l’idée est d’avoir des « écolos » au gouvernement pour la COP21, ainsi que pour le front électoral de 2017. François Hollande se dit qu’avec un tel bloc modernisateur, il passera face à Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen…

François Goullet de Rugy se situe dans cette perspective et son action est logique. Son but est que les « écolos » se soumettent tout de suite au parti socialiste, et pas au second tour car c’est trop risqué et surtout cela empêche « l’union » qui est la seule condition au succès de François Hollande.

Dans une interview au Monde, voici ce que dit François Goullet de Rugy :

« Que pensez-vous d’une candidature de Cécile Duflot en 2017 ?

Dans l’opinion, je ne vois pas de dynamique autour de cette candidature mais Cécile Duflot se prépare et EELV est déjà devenu une petite boutique présidentielle. Cette candidature se présente comme l’exact remake de celle de 2012, avec le résultat que l’on connaît. On ne sait d’ailleurs pas bien si ce serait une candidature de la gauche de la gauche ou une candidature rouge et verte. (…)

Vous pensez rejoindre un autre parti ?

Je ne suis ni dans l’idée d’adhérer à une autre formation ni d’en créer une autre. Je veux fédérer les écologistes réformistes, ceux qui ne sont pas à EELV et ceux qui y sont encore. Dans les mois qui viennent, il y aura des recompositions et des choses nouvelles à inventer au-delà de la forme du parti traditionnel. Celle d’EELV est d’ailleurs l’une des plus usées. »

Quitter EELV est donc cohérent : il y a juste le temps de « monter autre chose » et de se satlliser au parti socialiste. Sa compagne Emmanuelle Bouchaud, vice-présidente du Conseil régional des Pays de la Loire, avait d’ailleurs quitté EELV en juin 2015.

Et hier, c’est Jean-Vincent Placé qui a annoncé son départ sur Europe 1, en duplex… depuis l’université d’été du PS à La Rochelle ! Un grand moment de ridicule, qui vaut le détour.


Placé : « Pour moi, EELV c’est fini ! par Europe1fr

Cependant, il y a une chose qu’il dit qui est vrai : il assume enfin qu’il est républicain de gauche, qui aurait pris conscience de l’importance de l’écologie. Fini de jouer aux bobos écolos – qu’il n’a jamais été – au moins le masque est tombé et il assume enfin qu’il veut « faire de la politique », aller au gouvernement, etc.

Il a même fait l’apologie d’Emmanuel Macron : « Il bouge les lignes, et il va faire en sorte que ce pays se bouge enfin. »

C’est bien la « modernisation » et l’écologie n’est qu’un prétexte pour cela…

Ce qui est aussi intéressant, c’est que le prétexte de cette scission serait qu’EELV serait trop à gauche. Mais en fait, EELV n’est nulle part… Il n’y aucune défense de la Nature, aucune des animaux… Quand au côté « rouge », on ne peut qu’en rire : EELV ce n’est pas la révolution… Car de toutes manières, au 21e siècle, c’est quoi la seule révolution possible ?

Prendre tout l’argent des riches et s’approprier toutes les entreprises, pour produire des choses réellement culturelles et utiles en partageant tout, en vivant en harmonie avec la Nature et donc en supprimant tous les comportements barbares, individualistes, égocentriques. Une société végane, où tout le monde vit en paix en défendant les animaux et en se cultivant, avec des divertissements intelligents.

EELV en est plus que très loin…

« Les écologistes! » : le nouveau vrai faux parti

C’est une information qui, une fois de plus, en dit long sur Europe Ecologie les Verts. Elle provient du Canard enchaîné, n’en ayant parlé sinon que deux autres médias (le lab d’Europe 1 et l’Opinion).

C’est une information qui pourtant est d’importance, puisqu’il s’agit d’un beau coup de force anti-démocratique : faire croire qu’il y aura de l’écologie au gouvernement au moment de la conférence de l’ONU sur le climat à Paris en décembre…

Le colloque devant se tenir au Sénat, mais le vote sur « l’aide » à la Grèce a fait annuler l’événement. A la base, le prétexte de l’annonce était… un colloque au thème évocateur : «l’entreprenariat et l’écologie», en présence du ministre de l’Economie, le très libéral Emmanuel Macron…

Mettons de côté que tout cela soit une ode au capitalisme vert et regardons juste de manière démocratique. Que voit-on? Que tout passe par en haut… Que tout est magouillé.. Qu’il n’y a aucun débat d’idées… Que tout consiste en une lutte des places…

C’est là mépriser les gens et nier que l’écologie doit être diffusée dans la population et portée par elle. C’est réduire l’écologie à une orientation technocratique pour moderniser l’économie, ce qui revient encore et toujours à nier la Nature…

Au-delà de la question de l’engagement critique par rapport au capitalisme, c’est encore la question de l’anthropocentrisme qui revient : la manière de voir les choses est fausse. L’écologie ne peut pas consister en un raisonnement d’humains isolés d’autres humains et du reste de la réalité.

C’est de la Nature qu’il faut partir… pour revenir, pour avoir un point de vue écologiste authentique. Le reste n’est que de la gestion, de la gestion…du désastre!