Les bobos d’EELV

Sur le net, on peut trouver un intéressant article intitulé « Joly, Hulot et les « écolo-geeks » à Paris : ils sont « free », ils ont tout compris. »

Un article intéressant parce qu’il montre un aspect essentiel d’Europe Écologie – les Verts : son identité bobo. Bien entendu, il tente d’expliquer que ces bobos ne sont pas « bourgeois », mais c’est évidemment pourtant le cas. Bourgeois « branché », mais bourgeois quand même. La « Bellevillloise » dont il est parlé est le même endroit où a lieu la « Paris Vegan Day », initiative également totalement dans l’esprit bobo.

Voici un extrait.

En Allemagne, les Verts ont conquis une région, en France ils ont toujours eu des hauts et des bas. « Ils avaient obtenu un bon score en 1989 et 1992, dépassant le Front national », se souvient le sociologue Erwan Lecoeur, auteur du livre Des écologistes en politique.

« L’électorat écologiste parisien n’est pas bourgeois, il est bohème, habite dans les quartiers nord et est de la capitale, a fait de hautes études et gagne plutôt bien sa vie ». Historiquement, oui, mais les choses ont changé.

« Depuis 2009, lorsque Europe Ecologie-Les Verts (EELV) s’est présenté avec une équipe crédible (Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit, José Bové, ndr), de nombreux abstentionnistes, mais aussi des électeurs de la gauche radicale et des chômeurs, l’ont rejoint. »

C’est à La Bellevilloise, un établissement chic du 20ème arrondissement, que se sont déroulés en mai les Etats Généraux du nucléaire : une vitrine idéale pour les candidats du noyau dur des Verts français.

« Le pilier, ici, c’est Guy Philippon, un militant de 84 ans qui prépare actuellement le dîner biologique pour Eva Joly », m’explique Patrick Farbiaz, secrétaire du 20ème, après une remarque malicieuse sur le shampoing autrefois sponsorisé par Nicolas Hulot. « Ici, les Verts obtiennent 30% des voix et il y a environ 200 adhérents ; historiquement, ils sont de la petite bourgeoisie ».

Pourquoi l’écologisme a-t-il autant de succès à Paris ? « C’est simple, personne ne s’oppose à l’écologie parce qu’ici il y a peu de voitures, c’est même difficile de trouver une pompe à essence. De plus, nous manquons d’espaces verts, d’où la création des AMAP, de potagers urbains, de cultures biologiques. Toutes ces choses-là sont une nécessité à Paris, pas une mode ! »

Duflot et Cohn-Bendit, la bataille pour la carrière

La candidature Hulot ne représente pas une victoire pour l’écologie ou toutes les personnes qui aiment les animaux. C’est plutôt un symptôme terrible.

Car comme Europe écologie est certain de faire un score électoral « correct », et que le Parti Socialiste a besoin de ce pécule électoral pour former un gouvernement… C’est la foire aux candidats. Les idées ne comptent plus. Il y a même d’ailleurs déjà six groupes de travail thématiques communs PS – EELV.

Les personnalités, elles, comptent. Surtout que le congrès d’EELV a lieu en juin ! Et là, donc, au lieu donc de contenus écologistes, pourtant une urgence évidente, on a un conflit total ente Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit.

Pour résumer grosso modo, Cécile Duflot se pose comme quelqu’un entendant faire carrière (on se souvient de son voyage en train à Copenhague devant les médias, pour revenir en avion dès le lendemain pour passer à la télé en France). Elle veut donc maîtriser le développement d’Europe écologie.

En face, Cohn-Bendit considère qu’Europe écologie doit s’implanter le plus largement possible, en ouvrant les vannes (et en faire en quelque sorte un MODEM de Bayrou qui réussirait). Dans un texte rendu public il y a peu (Non, je ne suis pas un OVNI dans l’espace Europe Ecologie Les Verts !), Cohn-Bendit présente ainsi sa vision des choses :

Je suis convaincu qu’aujourd’hui nous pourrions être entre 30 000 et 40000 si nous étions plus ouverts et accueillants, moins renfermés sur nous-mêmes et plus solidaires. Pourquoi un simple « clic » ne peut suffire pour être adhérent et qu’il faut en passer par « l’inquisition de la validation » de la part d’un comité politique régional? Comment ne pas y voir une forme de discrimination quand on sait qu’il faut être « Vert » pour avoir le droit de devenir automatiquement adhérent à Europe Ecologie? Pourquoi ne peut-on pas adhérer à la coopérative sans passer par « EELV »?

Et j’en passe sur le parcours du combattant qui attend toute personne cherchant à s’impliquer dans le mouvement… Derrière cela, on retrouve évidemment une certaine conception de la politique et de la vie qui n’est pas la mienne.

Et quoi de plus rassurant pour un « dirigeant Vert » que de pouvoir compter sur un « bon Vert combattant » qui a su se plier aux rites initiatiques ou sur celles et ceux que des promesses de pérennisation au sein de la structure auraient amadoués…Et c’est là qu’on a envie de lancer un nouveau « Indignez-vous! » tonitruant.

Duflot n’apprécie évidemment pas cette vision et a tenté de torpiller Cohn-Bendit il y a moins d’une semaine. Elle l’a accusé de ne pas remettre les 1200 euros d’indemnités parlementaires (d’Eurodéputé) à EELV. Ce que Cohn-Bendit ne fait effectivement pas, se justifiant par le fait qu’il a ou aurait dépensé « 31 200 euros de ma poche, en frais d’hôtel et de déplacement. »

Le 9 avril Cohn-Bendit a demandé ce qu’il en était à ce sujet et la direction d’EELV a botté en touche, gagnant du temps et pouvant ainsi le cas échéant dégager Cohn-Bendit sous prétexte qu’il ne respecte pas les statuts.

EELV continue donc son mauvais cinéma. C’est une structure à pure visée électorale, et même là-dessus ses dirigeants ne sont pas d’accord !

Car il est évident que le problème de fond, c’est la définition de l’écologie. Et vu qu’EELV n’accorde strictement aucune attention aux animaux, et qu’elle est en désaccord complet avec l’écologie radicale… Comment pourrait-elle devenir une force réelle du 21ème siècle ?