Sur un aspect de « Laudato si »

Le site « alternatif » sur la COP 21 a publié un nouvel article sur l’encyclique Laudato si, qui jouera malheureusement un si grand rôle en décembre. Le voici :

Jusqu’ici, le pape a exposé les motivations derrière cette encyclique et expliqué en quoi la religion était un moyen de faire face au réchauffement climatique et aux enjeux écologiques. Le troisième chapitre se nomme « La racine humaine de la crise écologique », il permet au pape d’exprimer sa vision du progrès et de la modernité, d’expliquer les risques et les perspectives que la technologie renferme, et enfin de s’attaquer à ce qu’il appelle « l’anthropomorphisme moderne ».

En ce sens, l’homme est nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler. Il peut disposer de mécanismes superficiels, mais nous pouvons affirmer qu’il lui manque aujourd’hui une éthique solide, une culture et une spiritualité qui le limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide. (par. 1.5)

L’anthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité, parce que l’être humain « n’a plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. (par. 115)

La position du pape se veut équilibrée: pas foncièrement contre le progrès technologique, mais il insiste sur les dérives qui y sont liées, (de son point de vue).

De la même manière qu’aux premier et deuxième chapitres, il y a le même discours de fond: la seule perspective est la religion. Le discours se veut équilibré mais en réalité, il ne l’est absolument pas. Pour le pape, l’humanité a perdu ses repères et se comporte comme un dieu sur Terre, les dérives de la technologie et de la finance en sont deux des principales manifestations.

Il ne sert à rien de décrire les symptômes de la crise écologique, si nous n’en reconnaissons pas la racine humaine. Il y a une manière de comprendre la vie et l’activité humaine qui a dévié et qui contredit la réalité jusqu’à lui nuire. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous arrêter pour y penser? Dans cette réflexion, je propose que nous nous concentrions sur le paradigme technocratique dominant ainsi que sur la place de l’être humain et de son action dans le monde. (par. 101)

Les critiques visant le « paradigme technocratique » sont pour le moins très tranchées et s’accompagnent d’une certaine vision du monde.

Il n’est pas permis de penser qu’il est possible de défendre un autre paradigme culturel, et de se servir de la technique comme d’un pur instrument, parce qu’aujourd’hui le paradigme technocratique est devenu tellement dominant qu’il est très difficile de faire abstraction de ses ressources, et il est encore plus difficile de les utiliser sans être dominé par leur logique. (par. 108)

Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son emprise sur l’économie et la politique.L’économie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à d’éventuelles conséquences négatives pour l’être humain. Les finances étouffent l’économie réelle.(par. 109)

L’idée au final et que la technique n’est pas un instrument neutre, elle modèle la société pour répondre à ses intérêts propres. Ce développement est la conséquence d’une perte de repères, de spiritualité. Il convient alors de réguler et contrôler la technique. Ceci va de pair avec le mouvement d’une humanité qui reprend conscience de sa place sur Terre.

Au chapitre précédent, le pape tenait à montrer que la religion apportait des réponses et des respectives. Cette idée revient tout logiquement ici:

La culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train d’apparaître par rapport à la dégradation de l’environnement, à l’épuisement des réserves naturelles et à la pollution. Elle devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à l’avancée du paradigme technocratique. (par. 111)

Pour le pape, tout cela a une cause : anthropocentrisme moderne, un anthropocentrisme « dévié ». Dévié, car pour le pape le rôle de l’humanité est de prendre soin de l’ensemble de la Création, de la ramener avec elle vers Dieu. Il critique donc le « bio-centrisme », car ce n’est pas pour lui la réponse correcte: c’est une autre forme de déviation.

Un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un “bio-centrisme”, parce que cela impliquerait d’introduire un nouveau déséquilibre qui, non seulement ne résoudrait pas les problèmes mais en ajouterait d’autres. (par. 118)

Avant de terminer, il y a deux paragraphes sur lesquels nous aimerions nous arrêter. Le premier évoque les tests sur les animaux.

Dans la vision philosophique et théologique de la création que j’ai cherché à proposer, il reste clair que la personne humaine, avec la particularité de sa raison et de sa science, n’est pas un facteur extérieur qui doit être totalement exclu.

Cependant, même si l’être humain peut intervenir sur le monde végétal et animal et en faire usage quand c’est nécessaire pour sa vie, le Catéchisme enseigne que les expérimentations sur les animaux sont légitimes seulement « si elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines».

Il rappelle avec fermeté que le pouvoir de l’homme a des limites et qu’« il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies ». Toute utilisation ou expérimentation « exige un respect religieux de l’intégrité de la création ». (par. 130)

Après avoir exposé et vanté son « écologie intégrale », rappelé que l’écologie ne doit pas oublier les plus pauvres, critiqué très violemment ce qu’il appelle le « paradigme technocratique »…après avoir été en quelque sorte un défenseur des pauvres et de l’environnement contre toutes les dérives modernes qui, selon lui, ont amené l’humanité et la Terre à cette situation, le pape tient exactement le même discours que l’industrie autour des expérimentations animales.

Il nous semble atypique de se dire écologiste et d’aborder la question des expérimentations animales avec autant de légèreté: car au-delà de la forme, il n’y a rien. Quel laboratoire va se vanter de faire « souffrir inutilement » des animaux ?

De faire des tests « pour le plaisir » ? De faire des tests sans aucune raison ? Aucun. Au contraire, toute la chaîne des entreprises qui « fournissent » les laboratoires en animaux aux laboratoires eux-mêmes aura pour principal argument que cela permet de sauver des vies.

Encore une fois, le pape semble mettre de côté toute une partie de la « création » dans son écologie « intégrale ».

Le deuxième paragraphe concerne l’avortement. Nous trouvons important de nous y arrêter car nous trouvons la manière d’aborder le sujet dérangeante. Tout comme pour les tests sur les animaux, le pape traite ce sujet en quelques lignes après en avoir consacré des dizaines au « paradigme technologique » ou à « l’anthropocentrisme dévié ». Il s’agit pourtant d’un sujet sensible et complexe.

Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement.

Un chemin éducatif pour accueillir les personnes faibles de notre entourage, qui parfois dérangent et sont inopportunes, ne semble pas praticable si l’on ne protège pas l’embryon humain, même si sa venue cause de la gêne et des difficultés : « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent ». (par. 120)

La position de l’Église sur le droit à l’avortement est bien connue et on pourra arguer que le pape n’a pas besoin de s’exprimer davantage sur le sujet dans une encyclique sur l’écologie. Toutefois, un tel sujet ne peut être discuté sans le prendre entièrement en considération : l’embryon et la femme qui le porte.

Un des mots d’ordre de l’écologie « intégrale » du pape est de n’oublier personne. Pourtant ce paragraphe parle d’embryons mais pas des femmes, soit la moitié de l’humanité et première concernée par la question de l’avortement.

Ecologie : Jean Paul II a fourni la base au pape François

Le point de vue du pape François sur la planète, dont nous avons parlé au sujet de l’encyclique « Laudato si », puise notamment dans un document du pape Jean Paul II datant de 2001.

Quand on dit que c’est un texte de Jean Paul II, il vaut mieux dire du Vatican, les productions sont bien sûr établiées collectivement et selon un plan très précis.

Voici donc des extraits des propos… très radicaux, en apparence, de Jean Paul II dans le document « L’engagement pour éviter une catastrophe écologique majeure ».

On a exactement la même approche, déjà, que le pape François dans l’encyclique.

« Malheureusement, si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’humanité a déçu l’attente divine.

A notre époque, en particulier, l’homme a détruit sans hésitation des plaines et des vallées boisées, il a pollué les eaux, défiguré l’environnement de la planète, rendu l’air irrespirable, bouleversé les systèmes hydro-géologiques et atmosphériques,  désertifié  des  espaces verdoyants, accompli des formes d’industrialisation sauvage, en humiliant – pour utiliser une image de Dante Alighieri (Paradis XXII, 151) – ce « parterre » qui est la terre, notre demeure.

4. C’est pourquoi, il faut encourager et soutenir la « conversion écologique », qui au cours de ces dernières décennies a rendu l’humanité plus sen-sible à l’égard de la catastrophe vers laquelle elle s’acheminait. L’homme n’est plus le « ministre » du Créateur.

En despote autonome, il est en train de comprendre qu’il doit finalement s’arrêter devant le gouffre.

« Il faut saluer aussi positivement l’attention grandissante à la qualité de la vie, à l’écologie, que l’on rencontre surtout dans les sociétés au développement avancé, où les attentes des personnes sont à présent moins centrées sur les problèmes de la survie que sur la recherche d’une amélioration d’ensemble des conditions de vie » (Evangelium vitae, n. 27).

Ce qui est en jeu n’est donc pas seulement une écologie « physique », attentive à sauvegarder l’habitat des divers êtres vivants, mais également une écologie « humaine » qui rende plus digne l’existence des créatures, en protégeant le bien primordial de la vie dans toutes ses manifestations et en préparant aux futures générations un environnement qui se rapproche davantage du dessein du Créateur.

5. Dans cette harmonie retrouvée avec la nature et avec soi-même, les hommes et les femmes doivent recommencer à se promener dans le jardin de la création, en cherchant à faire en sorte que les biens de la terre soient disponibles pour tous et pas seulement pour certains privilégiés, précisément comme le suggérait le Jubilé biblique (cf. Lv 25, 8-13.23).

Parmi ces merveilles, nous découvrons la voix du Créateur, transmise du ciel et de la terre, du jour et de la nuit:  un langage qui n’est « nulle voix qu’on puisse entendre », capable de franchir toutes les frontières (cf. Ps 19 [18], 2-5).

Le Livre de la Sagesse, repris par Paul, célèbre cette présence de Dieu dans l’univers en rappelant que « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » (Sg 13, 5; cf. Rm 1, 20).

C’est ce que chante la tradition juive des Chassidim:  « Où que j’aille, Toi! Où que je m’arrête, Toi…, où que je me tourne, quoi que j’admire, Toi seul, encore Toi, toujours Toi » (M. Buber, Les récits des Chassidim, Milan 1979, p. 256). »

La notion de « planète » dans l’encyclique « Laudato si »

L’encyclique « Laudato si » du pape François utilise à de très nombreuses reprises le terme de « planète ». Naturellement, il ne le fait pas du tout comme nous, nous le faisons : selon nous la planète Terre forme un seul ensemble, hébergeant la Nature, c’est-à-dire la vie en tant que processus général.

Pour le pape, la Terre est un lieu, rien de plus. Le terme qui est le plus relié à celui de planète est d’ailleurs celui de « pauvres » : la question écologiste est prétexte au discours social typique du catholicisme.

Voici quelques extraits de l’encyclique, où le terme planète est employé, toujours d’une manière extrêmement similaire.

« J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. »

« Par exemple : l’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète »

« L’accélération continuelle des changements de l’humanité et de la planète s’associe aujourd’hui à l’intensification des rythmes de vie et de travail, dans ce que certains appellent “rapidación”. »

« On observe une sensibilité croissante concernant aussi bien l’environnement que la protection de la nature, tout comme une sincère et douloureuse préoccupation grandit pour ce qui arrive à notre planète. »

« À plusieurs endroits de la planète, les personnes âgées ont la nostalgie des paysages d’autrefois, qui aujourd’hui se voient inondés d’ordures. »

« Aborder cette question serait une façon de contrecarrer la culture du déchet qui finit par affecter la planète entière, mais nous remarquons que les progrès dans ce sens sont encore très insuffisants. »

« À son tour, le réchauffement a des effets sur le cycle du carbone. Il crée un cercle vicieux qui aggrave encore plus la situation, affectera la disponibilité de ressources indispensables telles que l’eau potable, l’énergie ainsi que la production agricole des zones les plus chaudes, et provoquera l’extinction d’une partie de la biodiversité de la planète. »

« Déjà les limites maximales d’exploitation de la planète ont été dépassées, sans que nous ayons résolu le problème de la pauvreté. »

« Mentionnons, par exemple, ces poumons de la planète pleins de biodiversité que sont l’Amazonie et le bassin du fleuve Congo, ou bien les grandes surfaces aquifères et les glaciers. On n’ignore pas l’importance de ces lieux pour toute la planète et pour l’avenir de l’humanité. »

« Les océans non seulement constituent la majeure partie de l’eau de la planète, mais aussi la majeure partie de la grande variété des êtres vivants, dont beaucoup nous sont encore inconnus et sont menacés par diverses causes. »

« Les habitants de cette planète ne sont pas faits pour vivre en étant toujours plus envahis par le ciment, l’asphalte, le verre et les métaux, privés du contact physique avec la nature. »

« De fait, la détérioration de l’environnement et celle de la société affectent d’une manière spéciale les plus faibles de la planète. »

« Je voudrais faire remarquer que souvent on n’a pas une conscience claire des problèmes qui affectent particulièrement les exclus. Ils sont la majeure partie de la planète, des milliers de millions de personnes. »

« On prétend légitimer ainsi le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait même pas contenir les déchets d’une telle consommation. »

« Il faut spécialement tenir compte de l’utilisation de l’espace environnemental de toute la planète, quand il s’agit de stocker les déchets gazeux qui se sont accumulés durant deux siècles et ont généré une situation qui affecte actuellement tous les pays du monde. »

« Mais nous sommes appelés à être les instruments de Dieu le Père pour que notre planète soit ce qu’il a rêvé en la créant, et pour qu’elle réponde à son projet de paix, de beauté et de plénitude. »

Hulot signe la préface de l’encylique « Laudato Si »

L’Eglise catholique a bien évidemment fait imprimer la version française de l’encyclique « Laudato Si » du pape François. On y trouve deux préfaces : une est écrite par le cardinal Philippe Barbarin, qui est le « primat des gaules » c’est-à-dire grosso modo le chef de l’Eglise catholique en France, et une autre est écrite… par Nicolas Hulot! La voici.

Préface de Nicolas Hulot

En ce début du XXIème siècle, notre intelligence est mise en demeure de prendre en charge les manifestations de son propre succès. La crise climatique n’est pas une simple crise environnementale. Elle est le symptôme visible d’une profonde crise anthropologique.

Nier ou réduire sa dimension, c’est prendre le risque d’ajouter de la misère à la misère, de la souffrance à la souffrance. N’oublions jamais que le changement climatique frappe prioritairement les enfants, les femmes et les hommes les plus vulnérables. Rétablir les équilibres climatiques est la pierre angulaire de la dignité humaine, de la justice sociale et de la paix.

Nous focaliser sur les effets du changement climatique sans en comprendre les causes, sans sonder les racines du mal, ne nous épargnera que provisoirement. L’humanité a avec elle-même un rendez-vous critique qu’elle ne doit pas esquiver. L’âme du monde est malade et nous divaguons dans une profonde crise de sens.

L’homme n’est plus relié à rien, c’est son désarroi tragique. L’homme s’est désolidarisé du futur, du passé de la terre et du reste du vivant. Privé d’horizon, l’homme est mutilé.

Dans cette crise de civilisation, la politique, l’économie, la technologie, la science devront être totalement mobilisées.

Mais à cette dimension horizontale, il faut apporter une dimension verticale : replacer l’Homme dans l’univers, dans la Nature, redéfinir collectivement les fins et les moyens, redonner du sens au progrès, voilà le préalable à la solution durable.

Où est l’Homme universel, fraternel ? Où est sa dimension spirituelle, sa sagesse ? Où est l’unité entre l’homme et la Nature ? Où sont le respect et la paix ?

Autant de questions et de réponses qui ne jailliront pas spontanément dans la société d’aujourd’hui. Ses codes d’expression et son rythme sont incompatibles avec une telle introspection.

L’encyclique Laudato si’, comme la voix du pape François, peuvent largement y contribuer. Ce texte peut élever la réflexion et forcer l’esprit humain à partager une vision. Il peut être une boussole providentielle dans un monde désorienté pour retrouver du sens. Une passerelle inespérée pour renouer avec l’humilité, la modération et la solidarité.

L’humanité est à l’aube d’une métamorphose. L’avenir n’est désespérant que si on laisse le temps décider à notre place. La famille humaine doit écrire un nouveau chapitre de son odyssée. Cette encyclique doit être un substrat fécond pour inspirer notre imagination et orienter nos énergies.

Le pape François solennise et sacralise l’enjeu écologique. Il scelle un diagnostic en associant science et morale. En nous invitant au courage et à l’honnêteté, François propose une nouvelle feuille de route pour l’humanité, il ouvre un chemin de maturité jalonné de valeurs incontournables.

Voilà bien l’écologie en mode anthropocentriste, rejetant catégoriquement la Nature! Et voici également, avec un soutien moins ouvert mais en disant long tout de même, la position officielle du ministère des affaires étrangères sur l’encyclique, au moment de la publication de celle-ci:

Publication de l’encyclique « Laudato Si » sur la question écologique – Déclaration de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international et président de la COP21 (18 juin 2015)

Je salue la publication de l’encyclique « Laudato Si » de Sa Sainteté le Pape François, première encyclique de l’histoire de l’Eglise catholique consacrée à la question écologique.

Son titre, tiré des écrits de Saint François d’Assise, et son statut – il s’agit du document de la valeur la plus élevée que puisse produire le souverain pontife -, témoignent de l’importance accordée à la protection de l’environnement par le Pape.

En cette année décisive pour la lutte contre le dérèglement climatique, ce geste sans précédent contribuera à renforcer la mobilisation de la communauté chrétienne et plus largement de l’ensemble des citoyens du monde qui sont sensibles aux messages du Pape. C’est donc une contribution importante pour le succès de la COP21.

Les masques tombent. L’écocide est de plus en plus grand, il faut choisir son camp, et les anthropocentristes sont obligés de montrer le caractère de leur « écologie »…

Nicolas Hulot dans les bras du « Saint-Père »

Nicolas Hulot, en tant qu’envoyé spécial du président de la République chargé de l’écologie, est un partisan acharné du Vatican, oeuvrant par tous les moyens pour que le pape soit à Paris à l’occasion de la conférence de l’ONU à la fin de l’année.

Lors de la publication de l’encyclique « Laudato Si' », il était présent à une conférence avec des évêques. A ses yeux, l’encyclique est une « magnifique feuille de route »… Comme il l’explique ici à Radio Vatican, en utilisant même l’expression « Saint-Père » pour parler du pape!

On a ici un éloge de l’anthropocentrisme, une volonté acharnée de refuser de reconnaître la Nature…

J’ai reçu ce texte avec beaucoup d’enthousiasme, avec un sentiment, pour une fois de satisfaction, c’est à dire que grâce à ce texte, on va enfin placer l’enjeu écologique, à un niveau, à une échelle supérieure majeure. On replace bien l’enjeu écologique comme étant un profond enjeu humaniste.

Donc, tous les doutes sont levés sur le fait que l’enjeu écologique et l’enjeu climatique placent bien l’Homme au cœur de nos préoccupations. C’est donc un texte qui confirme, conforte, éclaire et qui analyse.

Ce qui est aussi très important , c’est qu’il ne se contente pas simplement, même s’il le fait avec beaucoup de discernement, de faire un constat sur la situation à la fois écologique- mais quelque part- j’allais dire presque sur la situation culturelle de notre société mais c’est un texte qui nous invite à une forme d’introspection pour essayer de comprendre finement comment nous en sommes arrivés à ce point, qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans notre paradigme et même temps c’est une magnifique feuille de route pour chaque individu, mais également pour les responsables politiques et économiques.

En proposant une écologie globale, cette encyclique va permettre de dépasser les couleurs politiques, de transcender le débat ?

Oui, vous savez l’écologie c’est justement par principe normalement, transcender les dogmes.

Et malheureusement, c’est l’effet inverse qui s’est produit, ici et ailleurs depuis des années. D’un enjeu qui est un enjeu universel, qui est un enjeu supra-politique, il a été perçu ou parfois même exprimé avec un substrat idéologique ou dogmatique, ce qui fait qu’on a réduit dans sa perception un enjeu universel à un enjeu partisan.

Là, l’intérêt notamment de ce texte, c’est qu’il place cet enjeu au-dessus de tout cela et qu’il confirme encore une fois, ce que la science nous a expliqué, c’est que nous sommes dans un point critique, un moment de rupture psychique et physique de notre planète et que nous sommes dans une profonde crise anthropologique, nous ne sommes pas simplement dans une crise environnementale, nous sommes dans une profonde crise systémique et je pense que c’est important que le diagnostic soit à la hauteur si l’on veut que les révisions de modes de vie, de comportement soient également à l’échelle.

Si le diagnostic n’est pas à la dimension de la situation, la réaction de la communauté internationale, ne sera pas également proportionnée au diagnostic.

Vous militez depuis de nombreuses années pour sensibiliser au changement climatique, aux enjeux environnementaux, il faut que l’Homme soit placé au centre de cette question, c’est pour cette raison que vous souhaitiez entendre la voix du Pape François, que vous attendiez cette encyclique ?

Pour un ensemble de raisons, d’abord oui on a besoin de sacraliser un enjeu que certains ont parfois tourné en dérision, qui peut parfois provoquer une forme d’aversion ou simplement parce que cet enjeu pouvait susciter une forme de malentendu, sur le fait que l’Homme n’était pas la priorité de nos préoccupations.

On avait besoin aussi, que cet enjeu ne soit pas simplement abordé sous un plan économique ou technologique mais également avec une dimension spirituelle parce que comme le rappelle cette encyclique nous traversons une profonde crise de sens, et comme nous y appelle l’encyclique nous avons besoin collectivement de partager une vision et de redéfinir le progrès, et de ce fait, je pense qu’ il y a des voix qui peuvent tout y indiquer, des voix qui seront écoutées, qui portent au-delà de la communauté des croyants, et la voix du Pape à travers cette encyclique fait partie de ces voix qui passent au-dessus du bruit de fond de nos sociétés qui nous empêchent parfois de discerner l’essentiel du superficiel et justement le Pape nous invite à ce discernement.

Le Pape nous invite à choisir ce qui participe vraiment au progrès de l’humanité.

Le Saint-Père a très clairement dénoncé les différents sommets sur l’environnement qui ont lieu jusqu’à présent, vous pensez que cette encyclique peut véritablement peser avant les discussions qui auront lieu à Paris lors de la Conférence sur les changements climatiques en décembre prochain ?

Vous savez quand je suis allé plusieurs fois au Vatican, justement j’ai mis en exergue le fait que c’était un peu la Conférence de la dernière chance, et que compte tenu des échecs précédents, il ne suffirait pas que la France fasse preuve de bonne volonté pour que cette Conférence devienne un succès.

Il fallait placer chacun, et notamment les responsables politiques devant leur responsabilité. Ils ont l’Histoire en main, voilà.

Alors, je ne surestime pas l’importance de cette encyclique, mais je ne la sous-estime surtout pas.

J’en vois déjà d’ailleurs les réactions, y compris du Président Obama, et quand je dis que la voix du Pape porte au-delà des croyants, je vois les réactions dans le monde entier, c’est une contribution excessivement positive, et compte tenu de la complexité de la négociation, compte tenu que les États ont du mal à se débarrasser du prisme de leurs intérêts nationaux, c’est l’appel également à l’universalité, à une vision universelle des enjeux et pour moi aussi contribution magnifique.

Si on peut se réjouir de l’attente qu’a suscitée cette encyclique, de l’accueil qu’elle a reçue, est-ce que dans le même temps ce n’est pas un constat d’échecs pour les dirigeants politiques de ce monde qui jusqu’à présent n’ont pas véritablement pris à bras le corps cette question écologique ?

Oui, il y a une critique ou un constat plus qu’une critique sur le fait que, jusqu’à présent la seule chose qui se soit développée, c’est le phénomène que nous somme sensés combattre, que la prise de conscience n’a pas été accompagnée des mutations, des révisions, des ambitions à la hauteur de cette situation et le Saint-Père nous exhorte à du courage et à de l’honnêteté.

Courage dans l’ambition, et honnêteté de ne pas fuir la réalité et d’écrire l’Histoire à Paris. Il nous exhorte quelque part à faire de Paris effectivement un moment de vérité et d’honnêteté.

Et donc, il a raison de dire que jusqu’à présent malheureusement ces conférences n’ont pas réussi, en même temps chacun peut comprendre que c’est très complexe car en même temps combiner le court terme et le long terme, que mettre 195 Etats sur une même dynamique c’est compliqué sachant que 195 Etats ont des situations, des responsabilités, des conditions très différentes.

Mais justement, il faut que pour réussir, nous abordions cet enjeu et c’est ce à quoi le Saint-Père nous invite, avec encore une fois une vision universelle pour comprendre que c’est la famille humaine qui est au pied du mur, qu’il y a une communauté de destins. Il faut aussi que chacun acte cette notion que nous rappelle l’encyclique, cette notion de « maison commune » et cette notion de «bien commun ».

Et puis il y a une chose aussi qui est très importante dans l’encyclique, à laquelle je suis très attachée. Je pense que cette encyclique n’est pas une encyclique qui soit là pour culpabiliser.

L’encyclique est là pour responsabiliser, ça veut dire reconnaitre aussi une forme de responsabilité et notamment quand l’encyclique parle de la dette écologique des pays du Nord vis-à-vis des pays du Sud moi, je me réjouis de cette vérité, de cette transparence parce que nous avons une responsabilité vis-à-vis de l’Histoire et une responsabilité effectivement vis à vis des pays du Sud qui subissent un phénomène qu’ils n’ont pas provoqué, qui est la conséquence d’un mode de développement qui ne leur a pas bénéficié, qui parfois s’est fait d’ailleurs à leur détriment et dont maintenant ils subissent les conséquences. Et je pense que c’est très important de replacer cet enjeu dans cette perspective.

Avec cette encyclique, c’est une révolution verte qui est en marche, qui a été entamée ?

Vous savez, Victor Hugo disait : « Le progrès c’est la révolution faite à l’amiable » et il faut faire cette révolution à l’amiable et nous pouvons le faire à l’amiable si nous sommes capables de transformer nos ambitions en intelligence collective et à l’inverse si nous ne le faisons pas maintenant, cette révolution se fera mais pas forcément dans des conditions pacifiques.

L’encyclique « Laudato Si' » contre le biocentrisme

Petit retour sur l’encyclique « Laudato Si' » du pape, avec cette fois les passages utilisant les mots « anthropocentrisme » et « anthropocentriste ».

Ces passages sont très peu nombreux, car l’Eglise joue avec le feu et elle le sait. D’un côté, il lui est facile, voire très facile, de dénoncer les anthropocentristes, existentialistes, etc. qui relativisent tout au nom de la toute puissance de l’individu. C’est au moyen de cette critique qu’elle va se la jouer « progressiste », alors qu’en réalité sa « révolte contre le monde moderne » implique un retour en arrière.

De l’autre, il y a le biocentrisme qui plane comme menace. A LTD, nous sommes biocentristes, et en tant que tel le seul média vegan biocentriste. Le terme a pu être employé par certains ici et là depuis quelques mois, mais c’est une escroquerie pour se passer comme « radical », principalement du côté des « antispécistes » désireux de masquer leur ultra-individualisme et leur négation de la Nature.

L’Eglise sait très bien que la critique de l’ultra-individualisme ne lui appartient pas et qu’à sa critique appelant à aller en arrière, il y a celle affirmant qu’il faut aller de l’avant: la Terre d’abord!

L’Eglise doit expliquer qu’il y a un ordre naturel… Qui n’est pas naturel, car en fait surtout divin. Les animaux seraient donc « soumis » par… nature et les utiliser serait… écologiste, du moment que ce serait « bien fait ». C’est la même logique que les décroissants.

Ce qui permet de comprendre qu’il y a en pratique trois grandes approches actuellement dans le monde: celle qui affirme l’ego, l’individu; celle qui exige le retour en arrière, aux valeurs conservatrices et passéistes; celle qui exige la collectivité organisée dans la soumission à l’ensemble du vivant existant sur la planète.

Un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un “bio-centrisme”, parce que cela impliquerait d’introduire un nouveau déséquilibre qui, non seulement ne résoudrait pas les problèmes mais en ajouterait d’autres. On ne peut pas exiger de l’être humain un engagement respectueux envers le monde si on ne reconnaît pas et ne valorise pas en même temps ses capacités particulières de connaissance, de volonté, de liberté et de responsabilité.

119. La critique de l’anthropocentrisme dévié ne devrait pas non plus faire passer au second plan la valeur des relations entre les personnes. Si la crise écologique est l’éclosion ou une manifestation extérieure de la crise éthique, culturelle et spirituelle de la modernité, nous ne pouvons pas prétendre soigner notre relation à la nature et à l’environnement sans assainir toutes les relations fondamentales de l’être humain. Quand la pensée chrétienne revendique une valeur particulière pour l’être humain supérieure à celle des autres créatures, cela donne lieu à une valorisation de chaque personne humaine, et entraîne la reconnaissance de l’autre.

C’est pourquoi la législation biblique s’attarde à proposer à l’être humain diverses normes, non seulement en relation avec ses semblables, mais aussi en relation avec les autres êtres vivants : « Si tu vois tomber en chemin l’âne ou le bœuf de ton frère, tu ne te déroberas pas […] Si tu rencontres en chemin un nid avec des oisillons ou des œufs, sur un arbre ou par terre, et que la mère soit posée sur les oisillons ou les œufs, tu ne prendras pas la mère sur les petits » (Dt 22, 4.6). Dans cette perspective, le repos du septième jour n’est pas proposé seulement à l’être humain, mais aussi « afin que se reposent ton âne et ton bœuf » (Ex 23, 12). Nous nous apercevons ainsi que la Bible ne donne pas lieu à un anthropocentrisme despotique qui se désintéresserait des autres créatures.

Le Catéchisme remet en cause, de manière très directe et insistante, ce qui serait un anthropocentrisme déviant : « Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres […] Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses »

Dans la modernité, il y a eu une grande démesure anthropocentrique qui, sous d’autres formes, continue aujourd’hui à nuire à toute référence commune et à toute tentative pour renforcer les liens sociaux

L’anthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité, parce que l’être humain « n’a plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. Il la voit sans suppositions préalables, objectivement, sous la forme d’un espace et d’une matière pour une œuvre où l’on jette tout, peu importe ce qui en résultera ».[92] De cette manière, la valeur que possède le monde en lui-même s’affaibli

Un anthropocentrisme dévié donne lieu à un style de vie dévié. Dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium, j’ai fait référence au relativisme pratique qui caractérise notre époque, et qui est « encore plus dangereux que le relativisme doctrinal».[99] Quand l’être humain se met lui-même au centre, il finit par donner la priorité absolue à ses intérêts de circonstance, et tout le reste devient relatif. Par conséquent, il n’est pas étonnant que, avec l’omniprésence du paradigme technocratique et le culte du pouvoir humain sans limites, se développe chez les personnes ce relativisme dans lequel tout ce qui ne sert pas aux intérêts personnels immédiats est privé d’importance.

Les animaux dans l’encyclique papale « Laudato Si’ »

Si jamais il pouvait apparaître comme pas forcément très clair le fait d’avoir une catégorie « athéisme » sur LTD, désormais avec l’encyclique papale, tout est limpide. Quand on ne reconnaît pas la Nature… on est obligé de tomber dans les bras de Dieu, et ce même quand on est un existentialiste ultra-moderne. Il faut bien en effet trouver une « origine » à l’anthropocentrisme…

L’encyclique « Laudato Si’ » publiée par le Vatican hier est très longue, avec plus de 240 points. Il y a beaucoup de choses à dire, éclairant notre conception de ce que nous avons appelé l’écologie radicale, s’opposant ainsi à ce que le pape appelle l’écologie intégrale.

Commençons par nos amis les animaux: comment l’encyclique en parle-t-elle? Elle aborde en fait très peu ce qui est une question fondamentale, ce qui est logique : il y a ici quelque chose d’explosif pour les religions. Voici les points mentionnant les termes « animal » et « animaux ». On y reconnaît un anthropocentrisme absolu…

« Par exemple, les changements du climat provoquent des migrations d’animaux et de végétaux qui ne peuvent pas toujours s’adapter, et cela affecte à leur tour les moyens de production des plus pauvres, qui se voient aussi obligés d’émigrer avec une grande incertitude pour leur avenir et pour l’avenir de leurs enfants. »

« Mais il ne suffit pas de penser aux différentes espèces seulement comme à d’éventuelles “ressources” exploitables, en oubliant qu’elles ont une valeur en elles-mêmes. Chaque année, disparaissent des milliers d’espèces végétales et animales que nous ne pourrons plus connaître, que nos enfants ne pourront pas voir, perdues pour toujours. »

« Par conséquent, il est vrai aussi que l’indifférence ou la cruauté envers les autres créatures de ce monde finissent toujours par s’étendre, d’une manière ou d’une autre, au traitement que nous réservons aux autres êtres humains. Le cœur est unique, et la même misère qui nous porte à maltraiter un animal ne tarde pas à se manifester dans la relation avec les autres personnes. »

« L’incohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic d’animaux en voie d’extinction mais qui reste complètement indifférent face à la traite des personnes, se désintéresse des pauvres, ou s’emploie à détruire un autre être humain qui lui déplaît. Ceci met en péril le sens de la lutte pour l’environnement. »

« Cependant, même si l’être humain peut intervenir sur le monde végétal et animal et en faire usage quand c’est nécessaire pour sa vie, le Catéchisme enseigne que les expérimentations sur les animaux sont légitimes seulement « si elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines ». Il rappelle avec fermeté que le pouvoir de l’homme a des limites et qu’« il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies ». »

« La disparition d’une culture peut être aussi grave ou plus grave que la disparition d’une espèce animale ou végétale. »

« S’il n’existe pas de vérités objectives ni de principes solides hors de la réalisation de projets personnels et de la satisfaction de nécessités immédiates, quelles limites peuvent alors avoir la traite des êtres humains, la criminalité organisée, le narcotrafic, le commerce de diamants ensanglantés et de peaux d’animaux en voie d’extinction ? N’est-ce pas la même logique relativiste qui justifie l’achat d’organes des pauvres dans le but de les vendre ou de les utiliser pour l’expérimentation, ou le rejet d’enfants parce qu’ils ne répondent pas au désir de leurs parents ? »

« C’est dans ce cadre que devrait se situer toute réflexion autour de l’intervention humaine sur les végétaux et les animaux qui implique aujourd’hui des mutations génétiques générées par la biotechnologie, dans le but d’exploiter les possibilités présentes dans la réalité matérielle. »

« Quand on analyse l’impact environnemental d’une entreprise, on en considère ordinairement les effets sur le sol, sur l’eau et sur l’air, mais on n’inclut pas toujours une étude soignée de son impact sur la biodiversité, comme si la disparition de certaines espèces ou de groupes d’animaux ou de végétaux était quelque chose de peu d’importance. Les routes, les nouvelles cultures, les grillages, les barrages et d’autres constructions prennent progressivement possession des habitats, et parfois les fragmentent de telle manière que les populations d’animaux ne peuvent plus migrer ni se déplacer librement, si bien que certaines espèces sont menacées d’extinction. « 

« Il est difficile d’émettre un jugement général sur les développements de transgéniques (OMG), végétaux ou animaux, à des fins médicales ou agro-pastorales, puisqu’ils peuvent être très divers entre eux et nécessiter des considérations différentes. (…) Même celles provoquées par l’intervention humaine ne sont pas un phénomène moderne. La domestication des animaux, le croisement des espèces et autres pratiques anciennes et universellement acceptées peuvent entrer dans ces considérations. »

Vers l’encyclique « Laudato Sii »

Ce jeudi, le pape va rendre public son « encyclique », et les résultats vont être dévastateurs. C’est très facile à comprendre : l’écologie est une priorité historique. Or, la gauche est molle et institutionnalisée, tandis que les gens plus à gauche ont abandonné toute utopie, rejetant le concept de Nature au profit de l’individualisme anti « oppression ».

Par conséquent, il y a un boulevard pour l’anticapitalisme catholique qui compte bien s’affirmer comme la véritable démarche écologiste. C’est le pétainisme qui revient, et les « zadistes » n’en auront été que le signe avant-coureur.

Voici comment La vie (une composante du groupe Le Monde) présente l’approche catholique, qui va monter toujours plus en puissance.

Jamais un pape n’avait écrit une encyclique dédiée à l’écologie. Très attendue, l’encyclique du pape François Laudato Sii (Loué sois-tu) sera publiée le 18 juin. Quatre personnalités engagées pour une approche chrétienne de l’écologie ont confié leurs attentes à La Vie.

Patrice de Plunkett : « Une critique virulente du modèle économique »

Journaliste et essayiste, Patrice de Plunkett vient de publier Cathos, écolos, mêmes combats ? (Editions du Peuple libre, 2015) où il fait la promotion d’une écologie intégrale. Son blog : plunkett.hautetfort.com

« Je ne peux pas prédire ce qu’il y aura dedans, mais je pense qu’on va y retrouver une partie de l’exhortation apostolique La joie de l’Évangile, notamment les paragraphes 54 à 64 qui sont une critique violente et excellente du modèle économique actuel. Nous savons déjà quelle est la vision du monde du pape François, une vision extraordinairement lucide, incisive et constructive en même temps. Cette encyclique sera donc nécessairement dans la continuité, dans la perspective que le pape a ouverte depuis le début de son pontificat. On ne peut que l’attendre avec beaucoup d’espérance et de confiance.

Certains sont très frileux vis-à-vis du pape Francois, on l’a vu avec le texte du banquier Tedeschi, qui a écrit une lettre ouverte au pape pleine de méfiance. Les milieux ultralibéraux sont hostiles au pape pratiquement depuis le début du pontificat, en particulier les milieux conservateurs américains qui se sont déchainés contre lui l’année dernière. Cette cabale contre le pape consiste à lui prêter des intentions qui ne sont absolument pas les siennes sur le plan de la théologie morale. En réalité, ce qui les inquiète, ce sont les positions politiques, économiques et écologiques du pape. Ils n’ont pas apprécié La joie de l’Évangile et redoutent l’encyclique à venir sur l’écologie. »

Fabien Revol : « Des réponses pastorales et théologiques »

Jeune chercheur spécialiste de la théologie de la Création, Fabien Revol est titulaire de la chaire Jean Bastaire, qui vient d’être inaugurée au sein du Centre interdisciplinaire d’éthique de la Catho de Lyon.

« J’attends des réponses dans deux directions. D’abord, dans le domaine de la pastorale. Il y a un lien entre le fait que cette encyclique sorte maintenant, et le sommet pour le climat qui doit se tenir à Paris en décembre prochain, la COP21. Nicolas Hulot s’est rendu plusieurs fois au Vatican, pour demander au pape de quelles ressources il disposait pour mobiliser les catholiques autour des problèmes écologiques. L’encyclique peut être une réponse, même si le pape avait déjà l’idée de l’écrire avant. Cette encyclique, c’est la sensibilisation des catholiques aux enjeux de la COP 21.

Elle peut susciter des démarches d’engagement chez les chrétiens pour la sauvegarde de la Création. Il y a aussi des enjeux théologiques. Je ne sais pas encore ce qu’il y aura dans l’encyclique, j’attends de voir comment le pape François va se situer dans la continuité de ses prédécesseurs, qui ont été eux-mêmes innovants.

Un Jean Paul II s’est démarqué en introduisant des éléments de théologie en provenance de Saint Francois d’Assise, en mettant en valeur la théologie de la Création. Benoit XVI avait emboité le pas de Jean-Paul II. Je m’attends à ce que François soit dans une démarche d’approfondissement de ces questions. Rien qu’à voir le titre de l’encyclique, Laudato Sii, on se dit qu’il a puisé du coté de saint Francois. Est-ce qu’il y aura des idées nouvelles, qui vont étonner et surprendre les catholiques dans leurs habitudes de penser ? Je suis en attente de ces nouvelles idées, j’attends de voir comment cela va féconder, enrichir la pensée catholique sur la question du rapport chrétien à l’écologie. »
François Euvé : « La confirmation de l’engagement de l’Eglise sur l’écologie »

Jésuite, le P. François Euvé est le rédacteur en chef de la revue Etudes et enseigne la théologie au Centre Sèvres, à Paris. Théologien et physicien, il s’est intéressé très tôt à la théologie de la Création.

« J’attends de l’encyclique du pape François une confirmation de l’engagement de l’Eglise sur la nécessaire transition écologique. J’attends qu’il y ait de manière officielle, à haut niveau, la confirmation d’un propos qui n’est pas proprement nouveau. On trouve déjà des éléments sur l’écologie chez Jean Paul II et éventuellement chez Paul VI, dans Benoit XVI aussi. Mais jamais l’écologie n’a fait l’objet d’une encyclique… Symboliquement, même si le contenu n’est pas radicalement nouveau, c’est très important.

Sur le plan du contenu, je ne sais pas s’il est à attendre quelque chose de nouveau par rapport à ce qui a déjà été dit par les précédents papes. Le pape François aura son style propre, avec l’insistance sur le lien entre écologie et justice sociale. Y aura-t-il des avancées en matière de théologie ? Je ne sais pas. Le pape François n’est pas un théologien comme l’était Benoît XVI. C’est vrai que ce serait intéressant s’il y avait un argumentaire théologique plus développé là-dessus. De fait, cette encyclique sera très intéressante. »

Tugdual Derville : « Un supplément d’âme et de cohérence sur les questions écologiques »

Co-fondateur du Courant pour une écologie humaine, Tugdual Derville plaide pour approche globale de l’écologie, qui concilie le respect de la nature et celui de la vie humaine.

« J’attends d’être surpris, bousculé, éclairé par cette encyclique… Si le texte du pape François ne fait que me caresser dans le sens du poil, quel intérêt aura-t-il pour moi ? Là ou ça va être intéressant, c’est : où est-ce qu’il va me bousculer ? Où est-ce qu’il va me déranger, m’éclairer ? Est-ce qu’il va apporter un supplément d’âme et de cohérence sur les questions écologiques ?

Quand le pape parle du gaspillage comme d’un vol à la table des pauvres, alors là il fait un lien très fort entre la pauvreté et la Création. J’espère que cette cohérence sera écoutée sans faire trop de tri, qu’on ne se mette pas à tirer la couverture à nous en prenant une seule phrase et en oubliant les autres qui pourraient nous faire bouger.

Sur le plan théologique, je trouve qu’on assiste aux prémices de cette encyclique à un renouveau de la théologie de la création. Je trouve cela intéressant d’observer ce manichéisme qui traite l’homme comme une machine dotée de raison sans voir qu’il est partie de la nature, une partie magnifique. Je suis curieux de voir de quelle manière le pape François va aborder la théologie de la Création. Je pense qu’il n’y a pas de rupture à attendre, mais peut-être une mise en perspective éclairante. Et bien sur, j’attends de cette encyclique qu’elle soit accueillie avec des cœurs ouverts. »

Le « Pape vert »

L’offensive catholique sur l’écologie continue tout azimut. Les choses vont par ailleurs plus rapidement que prévu, le pape rendant public son « encyclique » sur l’écologie d’ici quelques jours.

On se doute bien qu’il y a là un programme, un positionnement, valable pour les cent prochaines années…

Voici un article présentant les derniers documents du pape, tiré d’un « rouleau compresseur » catholique, le média aleteia.org, présent dans plusieurs pays, et dont le facebook français a 446 929 « mentions J’aime »…

Écologie : dix textes clés du « Pape vert »

Retour sur les principales interventions de François sur l’écologie, depuis son élection jusqu’à la publication de l’encyclique « Laudato si ».

L’encyclique Laudato si (Loué sois-Tu), qui va paraître le 18 juin 2015, est à la fois la première encyclique du pape François (Lumen fidei, publiée quelques mois après son élection, ayant été rédigée « en duo » avec Benoît XVI) et la première de toute l’histoire de l’Église consacrée (uniquement) à l’écologie (Benoît XVI, pour ne citer que lui, ayant abordé ce thème dans Caritas in Veritate).

C’est dire si ce texte est important et si l’écologie compte pour le Pape actuel.

Elle est même fondatrice de son pontificat, lui qui a déclaré à la presse, trois jours après son élection, à propos du choix de son nom,

« François est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la création ; en ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas très bonne, non ? ».

Exhortation à garder et respecter la création

Discours, homélies, messages, audiences générales, entretien avec la presse… Le Pape est intervenu à différentes reprises sur le sujet à la suite de cette déclaration, dans les mois qui ont suivi son élection, et jusqu’à récemment encore.

Il y dénonce tour à tour (ou en même temps) la destruction de la nature par l’homme, la culture du rebut (« cultura dello scarto »), des choses mais aussi des personnes, le gaspillage alimentaire, la tyrannie de l’argent.

Il plaide en faveur d’une « écologie intégrale », qui réunisse sous une seule bannière écologie de l’environnement et écologie humaine.

Mais surtout, il appelle tous à respecter la création et à en prendre soin, et pour commencer son « chef-d’œuvre », l’homme, en particulier le plus pauvre et le plus fragile.

Autant d’éléments que l’on devrait retrouver dans le document pontifical très attendu, qui les développera en les éclairant.

D’où l’intérêt de mentionner, en amont de sa publication, les principales interventions du Pape sur la question. Les voici, sélectionnées par Aleteia :

Être des gardiens de la création tout entière : Homélie de la messe solennelle d’inauguration de son pontificat, le 19 mars 2013

Cultiver et garder la terre – écologie de l’environnement et écologie humaine – tyrannie de l’argent – culture du rebut et gaspillage alimentaire : Journée mondiale de l’environnement,audience générale du 5 juin 2013

Destruction par l’homme de la création – guerres et pauvreté – culture du rejet : Homélie de la messe de la Toussaint, 1ernovembre 2014

L’homme, gardien de la création : Evangelii gaudium, n. 215, 24 novembre 2013.

La création, don de Dieu et non propriété de l’homme – la protéger et rendre grâce : Catéchèse sur le don de science, audience générale du 21 mai 2014.

Respecter la création – vivre plus sobrement : Déclaration commune du pape François et du patriarche Bartholomée, 25 mai 2014.

Comment vaincre la faim dans le monde : Message du Pape pour la Journée mondiale de l’alimentation, 16 octobre 2014.

Garder et respecter la nature – pour une écologie intégrale – gaspillage alimentaire : Discours du Pape au Parlement européen, 25 novembre 2014.

Prendre soin de la Création est une attitude chrétienne : Homélie à Sainte-Marthe, messe du 9 février 2015.

Faim dans le monde – préparer la table pour tous : Homélie de la messe pour l’ouverture de l’assemblée générale de la Caritas Internationalis, 12 mai 2015.

À l’heure où Aleteia publiait le présent article, le pape François a prononcé un nouveau discours clé devant l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Nous l’ajoutons à cette liste :
Accès à la nourriture, droit pour tous – réduction du gaspillage – spéculation financière sur les produits de la terre – éducation à une saine alimentation – droit à l’eau : Discours du Pape aux participants à la 39e session de la FAO, 11 juin 2015.