Michel Fize définit sa candidature à l’élection présidentielle

Tout récemment, nous parlions de Michel Fize voulant se présenter aux présidentielles.

Voici la présentation qu’il fait de sa démarche, dans une tribune dans le Huffington post. Michel Fize entend défendre le vivant, ce qui est bien, mais place de manière étrange les « animaux de compagnie » au coeur de la problématique.

En fait, il veut passer par là pour gagner les coeurs… Sauf que c’est là contourner la question de la rationalité, donc du véganisme.

Pour défendre les animaux, ma candidature à l’élection présidentielle

Nous, les hommes, de France et d’ailleurs, portons la responsabilité de la survie des espèces, et d’abord des espèces animales.

Comment, me dit-on ici ou là, pouvez-vous, vous, le sociologue sérieux, vous lancer dans pareille aventure ? Comment pouvez-vous être candidat aux plus hautes fonctions de l’Etat pour y défendre cette cause animale (jugée évidemment pas sérieuse du tout dans le microcosme politico-médiatique) ?

Manière polie pour ne pas me dire : n’avez-vous rien d’autre à faire que d’aller défendre les « bêtes »?

Mais il me plaît à moi, par cette candidature, de briser le silence face à la grande misère animale qui règne dans ce pays, de dénoncer les euthanasies que subissent les animaux de compagnie (100.000 par an), les abandons (100.000 encore), les maltraitances au quotidien dans les foyers jusqu’à la mort parfois, de briser le silence face à la souffrance des animaux d’élevage dans les abattoirs, le génocide des insectes (pollinisateurs ou non), la mise aux normes (industrielles) de tous les végétaux, pour ne citer que ces quelques exemples.

La cause animale, n’en déplaise au microcosme, est une juste cause, surtout, bien sûr, quand on sait la replacer dans la bonne perspective.

La cause animale n’est en réalité qu’une facette de la grande cause du vivant, de ce vivant, partout dans les sociétés, la nôtre en tête, malmené, tourmenté, raillé, oublié, de ce vivant qui comprend l’animalité proprement dite mais aussi cette humanité, qui est mise au ban, pauvre, précaire.

Embrasser le vivant, qui est un impératif, c’est rejeter ces coupures catégorielles : nature d’un côté, homme de l’autre, monde animal, au milieu peut-être de l’une et de l’autre ?

Nous affirmons aujourd’hui que l’Homme et le reste du monde vivant ont un destin commun, que les sociétés ne pourront réellement évoluer vers le progrès social, le « juste progrès » que si elles acceptent de porter la valeur fondamentale du « respect du vivant ».

Nous, les hommes, de France et d’ailleurs, portons la responsabilité de la survie des espèces, et d’abord des espèces animales, dont beaucoup sont aujourd’hui menacées d’extinction.

Nous pouvons agir, elles ne le peuvent pas. Notre devoir est de protection à leur égard. Le temps est fini où la menace d’un « dérèglement » du fonctionnement de la planète, par l’activité économique des hommes, était lointaine, virtuelle, impalpable. Cette menace est désormais concrète, visible et de plus en plus menaçante.

Nous, membres du « Parti pour les Animaux » (PPA), ne voulons pas d’une campagne présidentielle qui ignore la protection du vivant sous toutes ses formes. Nous ne voulons pas d’une campagne présidentielle qui ignore les défis écologiques, ces défis que nous ne pourrions que subir.

Nous ne voulons pas d’une société qui ignore la souffrance des animaux qu’elle élève. Une société qui nie le droit de l’animal au respect et au bonheur, mais aussi tout simplement à la vie, est une société qui s’apprête à renoncer au progrès réel : ce progrès social qui permet à l’humanité d’aller toujours vers une vie meilleure.

Nous ne voulons pas d’une écologie politicienne et réductrice qui ne s’intéresse qu’aux méfaits des machines sur la vie des hommes.

L’écologie naturelle, celle du vivant, ne peut faire l’économie de la protection aussi des animaux qui partagent nos vies, peuplent nos campagnes, errent dans nos montagnes, l’économie des droits des « bêtes ».

Notre société, inégalitaire, injuste, brutale, est devenue une grande société dépressive. La fonction des animaux de compagnie, surtout auprès des personnes en difficultés, est ici essentielle.

Une société pleinement vivante ne peut faire l’impasse sur l’importance de cette relation homme-animal. Les « sans domicile fixe », les personnes âgées ont souvent recours, on le sait, à l’animal pour ne pas souffrir de leur solitude.

De la même façon, les personnes en situation de handicap, les jeunes en détresse, peuvent utilement profiter d’une présence animale de tous les instants.

Les animaux portent les plus belles des valeurs : l’amour, la fidélité, le courage jusqu’à l’abnégation. Il nous faut aujourd’hui mieux organiser le partenariat avec eux, dans notre intérêt mutuel.

Autour de 25 propositions qui forment l’armature du programme du Parti pour les Animaux, que nous divulguerons le moment venu, nous entendons bâtir ce destin commun entre les hommes et les « bêtes », nous entendons avancer vers une société plus équitable, moins dure, ouverte vraiment à la différence.

Nous pensons possible et urgent de porter, politiquement, cette cause animale, cette « écologie du vivant ». Comme disait Auguste Comte, le monde est « un grand Tout » où chacun doit trouver sa juste place.

La politique est imparfaite, l’écologie, ou plutôt l' »EGO-logie », devrais-je dire, est imparfaite. Changeons l’une et l’autre. Quelle plus belle cause fédératrice que la cause animale !

Doit-être vegan pour parler des animaux?

Avec ce qui semble être une émergence de la question des animaux dans l’opinion publique, beaucoup de monde prend la parole. Forcément, on peut penser que plus il y a de gens qui la prennent, mieux c’est.

Le problème est de savoir quelle légitimité il y a, justement, à ce que ces gens prennent la parole. Ou, si l’on préfère, la question est la suivante : doit-être vegan pour parler des animaux ?

Historiquement, il y a dix ans, il y avait grosso modo deux camps : la protection animale disait que ce n’est pas le problème, les vegans pensaient par contre que c’était nécessaire, tout en étant la plupart du temps pas d’accord sur l’approche nécessaire.

Il y a eu depuis tout une bataille pour faire passer les vegans pour des sectaires, en faveur du « végata*isme », etc., et elle a gagné dans les mentalités. Avant, on était fier d’être vegan et cela en faisait une ligne de démarcation absolument nette.

Aujourd’hui, l’idée que le véganisme est un saut qualitatif a disparu. La question des animaux est censée en quelque sorte flotter au-dessus de la réalité.

Voici deux exemples représentatifs et d’une certaine manière sympathiques, ce qui souligne d’autant plus la complexité de la question.

Voici tout d’abord Clément s’emmêle, un youtubeur qui se lance et qui essaie de donner un contenu de réflexion, un peu comme Norman aurait dû le faire s’il ne préférait pas l’option apolitique et commerciale.

La vidéo « Le lait c’est pas bon » révèle un vrai travail de recherche, un vrai effort de présentation de la réalité… Mais à la fin, au lieu de réfuter entièrement le lait, il y a un appel à la « modération » et au libre-choix individuel…

Comment faut-il alors évaluer la vidéo ? Faut-il reprocher la fin ou bien penser que la personne deviendra inévitablement végane ?

Voici un autre exemple. Michel Fize a été sociologue au CNRS et un compagnon de route de Robert Hue, jusqu’à il y a peu de temps, au sein du Mouvement des progressistes.

Traumatisé par la mort du chien qui partageait sa vie, il a décidé d’exprimer ce qu’il a ressenti et compris, dans un ouvrage publié en juin de cette année : Merci Will, et à bientôt.

Fort de cette compréhension de la dignité, Michel Fize se rue dans les aspects de la question, devient végétarien, se dit antispéciste, prend la parole pour défendre les refuges, dénoncer l’exploitation animale.

De manière plus pertinente encore, il parle de la Nature, allant jusqu’à la conception comme quoi il faut vivre en harmonie avec tous les êtres vivants.

Dans sa lancée, il va jusqu’à vouloir se présenter aux présidentielles !

Faut-il le considérer comme un doux-dingue même pas vegan, comme un égocentrique mégalomane faisant fi de l’histoire de la libération animale, comme quelqu’un portant un vrai effort de dignité ?

D’un côté, il est évident que tant Michel Fize et « Clément s’emmêle » ne sont pas végans ils portent une hypocrisie, un décalage entre ce qu’ils disent et ce qu’ils font. On ne peut pas défendre les animaux et assumer de faire du mal au nom de son propre confort.

De l’autre, ils portent quelque chose. Mais de quelle manière leur reprocher de ne pas aller assez loin, dans quelle mesure faut-il considérer que le camp du « bien-être » animal les a freinés, comment chercher à tisser des liens (ou pas) avec eux ?

Abandon et euthanasie des animaux de compagnie, une barbarie de masse

Voici un document présentant une réflexion très approfondie sur le meurtre des animaux abandonnés dans les refuges. Il est écrit par Michel Fize, un sociologue et chercheur au CNRS, également membre de la direction du Mouvement des progressistes (issu d’une scission du PCF).

Il a été initialement publié sur le Huffington post et est lié à une pétition demandant de modifier la loi autorisant la mise à mort d’un animal « de compagnie » dont le « propriétaire » n’a pas été trouvé dans les huit jours ouvrés de son arrivée à la fourrière ou au refuge, ou si une association de protection animale ne le prend pas en charge.

Sans vouloir préjuger de la valeur du document, notons que la pétition n’a que peu de sens : ce sont les refuges qui décident s’ils pratiquent une politique « no kill » ou pas,et non pas la loi.

Quant aux fourrières, leur capacité dépend de choix absolument politiques, notamment des maires. Travailler l’aspect juridique reste abstrait par rapport à la question des moyens et des rapports de force.

Pour qu’il y ait vraiment des refuges de ce nom, pour que l’abandon devienne un crime réellement puni et en même tempe rarissime, il faut un mouvement fort pour l’imposer!

Abandon et euthanasie des animaux de compagnie, une barbarie de masse

Commençons par l’abandon. Il y en a de plusieurs sortes. Il y a naturellement l’abandon le plus spectaculaire qui est aussi le plus lâche: l’abandon anonyme de l’animal en pleine forêt (attaché ou non à un arbre) ou sur quelque aire d’autoroute (l’animal est débarqué de la voiture qui repart aussitôt sous l’œil ahuri ou terrifié de la bête, laquelle hurle souvent de douleur devant cette épouvantable situation).

Autre forme d’abandon anonyme, l’animal accroché de nuit, à l’abri des regards, à quelque porte de refuge, geste malgré tout comportant un petit zeste de morale puisqu’il sauve de la mort, au moins pour un temps, l’animal en question: l’on pourrait parler ici, si l’acte en soi n’était pas aussi honteux, d’abandon « sécurisé ». C’est ainsi que mon chien labrador Will a été retrouvé un beau matin par les employés d’un refuge de l’Essonne.

A côté de l’abandon anonyme, existe ce qu’il faut bien appeler le « pseudo » ou « quasi » abandon, car vécu comme tel par l’animal. C’est l’abandon qui fleurit sur internet sur les sites de petites annonces.

Voici les raisons les plus fréquemment avancées par les « abandonneurs »: départ à l’étranger; maladie grave ou invalidante; arrivée d’un bébé au foyer; allergie d’un enfant ou d’un autre membre de la famille aux poils de chien ou de chat; mésentente avec un autre animal; agressivité (au moins supposée) envers des enfants en bas âge; déménagement du propriétaire de l’animal dans un logement plus petit (et/ou sans jardin); insuffisance (supposée) de temps, par suite par d’une soudaine sur-occupation professionnelle qui empêcherait de s’occuper aussi bien de l’animal qu’auparavant; séparation conjugale…

Bien entendu, au sens propre du terme, les propriétaires, en donnant ou en vendant parfois leur animal, ne commettent pas un abandon. Ce qui est plus grave, c’est qu’ils n’ont pas du tout conscience du mal (qui peut être irréparable) dont ils se rendent coupable envers leur animal, ou, ce qui est plus dramatique, n’en ont vraiment cure.

Il faut à cet instant, sans détour, poser la question: celui qui a apporté, parfois depuis de très nombreuses années, un confort de vie à la bête, lui a donné l’amour et l’amitié ainsi que la sécurité a-t-il le droit de s’en séparer pour les raisons invoquées plus haut, même si certaines de prime abord peuvent apparaître « compréhensibles » -et elles le sont quelquefois (maître devenu invalide)?

Cette question vaut également pour tous ces maîtres qui, à visage découvert cette fois, viennent abandonner leur animal dans un refuge, sous le regard stupéfait et affolé de celui-ci qui voit son compagnon s’éloigner de son regard et de sa vie.

Pour Konrad Lorenz, le célèbre éthologue autrichien, les raisons invoquées de séparation d’avec un animal sont – sans distinction des raisons – tout simplement pitoyables. « Cela me stupéfie, écrit-il, que tant de gens, qui semblent par ailleurs avoir du sens moral, n’éprouvent aucune honte à tenir ces discours. Les droits de l’animal sont ainsi niés, non seulement par la loi, mais par l’insensibilité de beaucoup de gens… La fidélité d’un chien, conclue l’éthologue, est un don précieux, qui entraîne une responsabilité morale non moins contraignante que l’amitié d’un être humain. »

Le problème, me semble-t-il, vient de la méconnaissance chez beaucoup de « propriétaires » d’animaux des véritables besoins des chiens en particulier. Il faut savoir par exemple qu’un animal souffrira moins d’une réduction d’espace que d’une privation soudaine d’amour, qu’il souffrira moins d’une réduction du nombre de ses balades quotidiennes, ou de leur durée, que de la disparition physique de son « maître ».

Deuxième grande forme de maltraitance, une maltraitance irréversible, définitive: l’euthanasie. La mise à mort est une décision de « particuliers » ou, répétons-le, d’institutions en charge, paradoxalement, de la protection animale.

Si naturellement chacun s’accorde à reconnaître le droit pour un médecin-vétérinaire, sollicité par un particulier ou un refuge animalier, d’abréger les souffrances d’un animal atteint d’une maladie incurable ou frappé d’une vieillesse invalidante, peut-on admettre l’exécution, souvent arbitraire, d’animaux jeunes et/ou en bonne santé ?

Or de tels actes, appelés parfois « euthanasies de confort », se commettent quotidiennement dans le secret d’officines vétérinaires ou le « non-dit » de refuges et fourrières, souvent bondés il est vrai (mais saurait-on voir là une excuse?).

Selon les sources, 100.000 euthanasies de chiens et de chats seraient chaque année, pratiquées en France, soit 10. 000 par mois et donc plus de 300 par jour. Disons le clairement: la mort donnée sans raison légitime, c’est-à-dire médicalement constatée, à un animal, qu’il soit de compagnie ou d’élevage, n’est qu’une infamie qui engage notre responsabilité morale et notre dignité d’homme. De quel droit en effet faisons-nous preuve d’une telle violence envers les animaux? En les tuant (de façon horrible souvent), nous devenons tout simplement des meurtriers, en les faisant souffrir les pires bourreaux qui soient.

Dernière forme de maltraitance: la maltraitance institutionnelle. Celle des refuges et des fourrières pourtant censés protéger les animaux. Cette maltraitance peut être le résultat de contraintes matérielles (ce qui, encore une fois, n’excuse rien). Ainsi, hélas, certains animaux sont-ils encore trop souvent enfermés dans d’étroites cages métalliques, n’en sortant qu’exceptionnellement pour de courtes promenades, ce qui autorise ici à parler de véritable incarcération.

Il faut savoir que de surcroît cette détention peut être de longue durée. Quelque 300 chiens et chats seraient enfermés depuis au moins 5 ans, parfois depuis 12 ou 13 ans dans ces conditions éprouvantes.

D’autres, parce qu’ils sont trop vieux ou n’ont pas la bonne couleur (la couleur noire reste rejetée par les adoptants), ou n’appartiennent pas à la bonne race, peuvent passer leur vie entière en refuge. Mais, et le fait est ici plus grave encore, il arrive que la maltraitance institutionnelle soit choisie, que des animaux soient par exemple sciemment « punis » parce qu’ils ont fait des « bêtises » (ils ont souillés leur cage par exemple), que d’autres soient « mis à mort » parce qu’ils ne plaisent pas à tel ou tel responsable de refuge.

Ainsi, dans une région et un refuge de France que nous ne nommerons pas, parce qu’une enquête est en cours, les molosses sont-ils systématiquement promis à la mort et des chatons délibérément affamés.

Résumons. La cruauté envers les animaux d’élevage ou de compagnie, tous animaux domestiques, est une ignominie, une barbarie. Comment les hommes peuvent-ils encore se targuer d’humanisme et de sensibilité quand, sans scrupules, ils torturent et tuent quotidiennement d’autres êtres vivants? Alors ne faut-il pas faire cesser au plus vite ces « crimes contre l’animalité »?