Faléa, la menace d’une mine d’uranium

Faléa est une commune d’un peu moins de 20 000 personnes au Mali, et comme la destruction de la planète ne connaît pas de frontières, l’industrie du nucléaire compte s’approprier la zone pour y établir une mine d’uranium. Comme il se doit dans ce cas là, l’absence complète de démocratie est la règle.

Une exposition itinérante à ce sujet se tient à Genève, en Suisse, et il y a vraiment lieu de s’intéresser à ce qui se passe à Faléa. Il y a ici quelque chose de vraiment classique dans la destruction de la planète: loi du profit, décision par en haut, écocide…

Voici une présentation par… la ville de Genève, qui soutient ouvertement le refus de la mine d’uranium.

Exposition «Faléa, la menace d’une mine d’uranium»

Après avoir été présentée au Forum Social Mondial de Dakar, au Sénégal, l’exposition «Faléa, la menace d’une mine d’uranium» s’arrête à Genève, à la Maison des arts du Grütli, du 3 au 15 mai 2011. Soutenue par la Ville de Genève, elle est accompagnée de projections et de débats visant à informer le public des enjeux liés à l’exploitation de l’uranium en Afrique.

Depuis Three Miles Island en 1979, Tchernobyl en 1986 et maintenant Fukushima, il n’y a plus aucun doute: les centrales nucléaires sont des bombes à retardement implantées au milieu de nos paysages. Les déchets nucléaires contamineront pendant des millénaires les générations futures.

Ce constat est largement partagé. Mais que les mines d’uranium laissent également des déchets pour des millénaires et contaminent des régions entières est un constat plutôt écarté du débat public. Ceci mérite également notre attention.

Le village de Faléa au Mali est une commune de 17’000 habitants répartis sur une vingtaine de hameaux. Il est situé sur un haut plateau doté d’une faune et d’une flore très riches et possède dans son sous-sol, enfoui dans les profondeurs géologiques, de l’uranium.

L’une des conséquences inéluctables de l’extraction de l’uranium est la contamination radioactive. Pour empêcher cette contamination et pour éviter la transformation du paysage de Faléa en mine, des habitants et l’Association des ressortissants et amis de la Commune de Faléa (ARACF) informent l’opinion publique. La Ville de Genève accueille, en coopération avec le Forum Civique Européen, ces témoignages sous forme d’exposition, de conférences, de films et de débats.

La Ville de Genève s’est positionnée à plusieurs reprises contre l’utilisation de l’énergie nucléaire. Suite à la catastrophe de Fukushima, elle a récemment lancé un appel pour un arrêt progressif mais définitif de la production d’énergie nucléaire en Suisse. La participation à des projets en amont de l’exploitation à Faléa s’inscrit dans cette perspective.

La Ville de Genève s’est engagée depuis 2010 à soutenir l’ARACF à travers le financement d’une étude du niveau de radioactivité du sol à Faléa, dont elle sera dépositaire, ainsi que la mise sur pied d’une structure de communication satellitaire et d’une radio communautaire, qui permet à l’ARACF d’être en lien avec l’extérieur. A travers cette exposition, elle soutient les efforts des organisateurs pour mieux faire connaître ici les conséquences environnementales et humaines de la filière du nucléaire.

Voici la présentation de l’exposition elle-même.

Exposition Falea au Grütli à Genève du 2 au 15 mai 2011

Depuis de longues années, des ressortissants de la Commune de Faléa ont tissé des liens avec des amis en Europe. Un jour, il y a deux ans, nous apprenons que Faléa est menacé d’une mine d’uranium et que nos amis souhaitent résister à la destruction de leur village natal. Avant de partir au Mali en février 2011, des images ont occupés nos pensées : le Sahel, le désert, la chaleur, la sécheresse, des moustiques porteurs du paludisme.

Mais surprise. Quand nous sommes arrivés sur le haut plateau de Faléa, dans la région frontalière vers le Sénégal et la Guinée, nous avons découvert en plein été de la verdure, des jardins, des ruisseaux, des sources et des manguiers généreux. Et au retour nous nous rappelons que la moustiquaire est restée dans la valise.

Cette région, riche d’une faune et flore très diversifiées risque, dans les années à venir, d’être transformés en mine à ciel ouvert et les jardins muteront en fossés radioactifs pour alimenter, ailleurs, par exemple à Mühleberg ou Fessenheim, des centrales nucléaires.

Est ce que nous réussirons le défi avec nos amis de Faléa d’éviter que la société canadienne Rockgate Capital Corp y ouvre la boîte de Pandore ? Nous avons quelques idées. Dès le début de notre engagement, Faléa a trouvé la Ville de Genève comme allié précieux.

Pour informer le public, une exposition (anglais et français) sera présentée au Grutli (Maison des Arts du Grütli, 16 rue du Général Dufour, Arrêt Tram et Bus Cirque (Pleinpalais) à Genève du 3 au 15 mai 2011.

Faléa, la menace d’une mine d’uranium.

Voici le programme :

CONFÉRENCE INAUGURALE MARDI 3 MAI 2011, 19H Extraction d’uranium – une contamination ignorée avec Bruno CHAREYRON, CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité) Valence ; Professeur Many CAMARA, Bamako, Mali ; Patrice MUGNY, Conseiller administratif de la Ville de Genève

PROJECTIONS ET DÉBATS

MARDI 10 MAI 2011, 19H-21H

Uranium, l’héritage empoisonné

(2009, 52’) en présence de Dominique HENNEQUIN, réalisateur

MERCREDI 11 MAI 2011, 19H-21H30

Mali d’or

(2010, 94’)

en présence d’Eric PAUPORTÉ, réalisateur

CONFÉRENCE JEUDI 12 MAI 2011, 19H-21H

Conférence du journaliste Gilles LABARTHE [1] sur le thème

« Or et uranium : le « boom » de l’exploitation minière en Afrique de l’ouest »

Introduction : Alison KATZ, IndependentWHO, et Éric PEYTREMANN, Contr’atom. Débat avec la participation du Chargé de Communication de ARACF le journaliste Nouhoum KEITA

BIENVENUE, BENVENUTI, WELCOME

FORUM CIVIQUE EUROPEEN – St Johanns Vorstadt 13 CH-4056 BASEL/BALE SUISSE

Plus d’informations : 0041 78 746 97 08

Notes

[1] Gilles Labarthe : « L’or africain : Pillages, trafics & commerce international », avec François-Xavier Verschave, Éditions Agone, 2007. « Sarko l’Africain », Éditions Hugo&Cie, 2011.

Campement contre une mine de charbon à ciel ouvert en Écosse

Demain et pour quatre jours aura lieu une conférence en Écosse, en résistance à l’industrie du charbon. Dans ce pays s’est organisé en effet à la mi-septembre un campement dans une forêt, afin de s’opposer à un projet de l’industrie du charbon, et une conférence de soutien se tiendra là-bas, pour une réunion de quatre jours.

Celle-ci entend établir une mine à ciel ouvert aux dépens de la forêt, tout en installant à côté un centre commercial, un grand hôtel, des bureaux, etc. Il y a déjà 12 mines à ciel ouvert dans la région, et l’Écosse s’oriente de manière importante dans la consommation du charbon comme source d’énergie.

L’initiative Coal Action Scotland – Action Charbon Écosse – est à l’origine du campement. A ses yeux, « les intérêts des entrepreneurs dans l’extraction de l’énergie fossile dans la quête de profits continue d’exploiter, de marginaliser et de détruire les travailleurs, les communautés, et l’environnement, au niveau international.

Les industries de l’extraction et les entreprises derrière elles sont responsables du déplacement des communautés indigènes, et la répression, l’emprisonnement, la torture et le meurtre de ceux qui défient le système dans le monde entier. »

Pour l’instant, le campement s’organise bien, même s’il y a deux jours le responsable de la « National Eviction Team » est passé dans la zone concernée. Il s’agit d’une équipe spécialisée dans l’évacuation des personnes, notamment des travellers et des campements de protestation, ou encore des squatts (comme par exemple la rue de St Agnes dans le sud de Londres, squattée pendant 30 ans et de culture rastafari).

L’esprit de la lutte est celui de la mobilisation populaire. Voici un extrait d’un document de la Coal Action Scotland :

« Cible les patrons, pas les ouvriers – Une transition juste

Les communautés de mineurs ont une longue histoire marqué par la mise de côté et les privations.

Le démantèlement des industries hautes en émission de CO2 doit se dérouler dans un processus de transition juste, afin d’assurer que les changements dans l’emploi et les activités soient équitables et non pas aux dépens de la santé, de la richesse ou des biens des ouvriers ou des communautés.

Un changement durable et significatif à ces industries polluantes ne peut venir que des gens menant campagne et des ouvriers, unis pour stopper ensemble le changement climatique et les dégradations environnementales.

Ce sont les ouvriers, pas les patrons, qui seront frappés le plus par les effets du changement climatique. Et ce sont les ouvriers qui devront payer pour les effets désastreux, par des salaires plus bas, des conditions de travail encore plus mauvaises, des prix plus hauts, et des taxes régressives.

Le travail organisé est en bonne position pour prévenir un désastre climatique, avec le pouvoir de prendre le contrôle des lieux de travail, par la grève, et en stoppant la production.

Nous devons faire en sorte que notre économie s’éloigne des énergies fossiles – mais nous devons le faire d’une manière équitable et juste. »

Voici quelques questions posées à un représentant de la Coal Action Scotland:

1.Un campement a été établi dans la forêt de Happendon, le 12 septembre 2010. En quoi consiste-t-il, et pourquoi a-t-il lieu?

Nous avons établi le campement de la forêt de Happendon pour de nombreuses raisons. La forêt de Happendon se situe dans le sud du Lanarkshire, dans une zone avec déjà de très nombreuses mines.

Coal Action Scotland avait déjà occupé un terrain pour résister à une mine, à seulement un kilomètre de Happendon, à Mainshill. Nous avons construit des liens solides avec la communauté là-bas et avons réussi à tenir le site et à stopper la mine pour sept mois.

Depuis cela, nous avons tenu un week-end d’atelier, afin de partager les aptitudes que nous avons acquises avec des activistes de tout le Royaume-Uni. Nous avons également organisé des initiatives communautaires.

Lors d’une de ces initiatives, dans le sud du Lanarkshire, il y avait quelqu’un habitant juste à côté de la forêt de Happendon et qui nous alerté quant à ce projet. Après cela, nous nous sommes impliqués dans une campagne, et avons décidé que nous devions occuper le site.

Ce site n’est pas seulement occupé pour stopper cette mine-là, mais également pour mener une action contre l’infrastructure du charbon dans la zone, et de s’engager avec la communauté, d’où le nom.

2.Qui a mobilisé pour organiser le campement, et qu’est-ce que la Coal Action Scotland?

Coal Action Scotland est passé par de nombreuses étapes. Cela a été formé comme une sorte de réseau à la fin de 2008 et consistait surtout en de la recherche et d’une action dans un terminal charbonnier. Certaines personnes participantes ont décidé d’occuper les bois de Mainshill.

Nous avons été là-bas pendant sept mois et il y a plus de trente actions, avant que nous soyons évacués par la force. Depuis cela, nous nous impliquons dans les initiatives communautaires et organisons un atelier pour aider les autres activistes qui veulent occuper un terrain.

Coal Action Scotland a également fait en sorte de préparer à l’occupation de cette forêt pour un certain temps.

3.Quelle est la situation de l’environnement en Ecosse, et quel est votre but ? Quelles sont les valeurs que vous mettez en avant?

Les gens dans la Coal Action Scotland ont différents buts et différentes valeurs. Bien entendu, nous nous sentons tous concernés par l’environnement, et nous croyons également en l’auto-détermination communautaire. C’est une injustice massive que ces mines puissent continuer à exister, et il n’y a pas une seule chose que la communauté peut faire pour les stopper.


4.Que répondriez-vous à des gens qui diraient que le charbon est une question d’intérêt « national », et un moyen d’avoir des emplois ?

Il est vraiment clair que les seules personnes profitant de cela, les seules personnes ayant un intérêt à cela, ce sont les patrons, les politiciens corrompus et les classes aisées.

Le propriétaire de la forêt de Mainshill, qui se fait des millions grâce à la mine, est le président de la banque Coutts, la banque utilisée par la famille royale.

Il est le fils d’un ancien premier ministre et a eu certains des princes venant chasser sur ses terres. L’argument des emplois est évoqué, mais les mines amènent une perte en terme d’emplois, comme les autres industries souffrent.