Du nouveau sur Walter Bond, et quelques réflexions

Voici les dernières nouvelles concernant l’arrestation de Walter Bond pour des incendies au nom de l’ALF alors que les nouvelles de son arrestation sont prétextes aux USA à de nombreux articles et reportages sur les chaînes de télévision (voir par exemple ici).

La première chose qui a marqué est que le groupe Earth Crisis, qui est une si ce n’est la figure principale de la scène musicale de hardcore vegan straight edge aux USA, a fait récemment une chanson sur l’incendie par Walter Bond d’un laboratoire de drogue (pour rappel : le clip est ici et notre interview de Walter Bond est là).

L’arrestation de Walter Bond est ainsi prétexte pour les médias à un aperçu sur la scène vegan radicale et ses revendications.

Ceci va évidemment de pair avec une tentative de ridiculisation. Certains médias affirment ainsi que Walter Edmund Bond avait, juste avant son arrestation… mangé deux hamburgers non vegan. Cela est naturellement prétexte à de nombreuses moqueries anti-vegan allant de pair avec celles sur le physique de Walter Bond. On reconnaît bien ici la culture beauf et son sens des priorités.

Plus sérieusement (même si ce genre de propagande fait évidemment du mal, surtout chez les hommes en raison de la dimension patriarcale), l’office de presse nord-américain de la libération animale a exprimé sa solidarité.

Son porte-parole Jerry Vlasak (qui a été interdit de rentrer en Grande-Bretagne pour participer à une conférence de SHAC) a déclaré : « S’il est celui qu’il prétend et s’il est à l’origine de l’incendie, nous le soutenons et pensons que c’est quelque de très bien. Il y a plein d’exemples de cas où de telles actions ont été menées et nous avons eu des résultats concrets, à l’opposé du lobbying au congrès et des lettres envoyées aux rédactions. Quand vous mesurez ce genre d’actions par rapport aux autres options, cela a montré qu’il s’agissait d’une des voies les plus porteuses pour amener les choses à changer. »

On a appris également que la personne qui a donné Walter Bond au FBI va obtenir 25.000 dollars de récompense. Cette personne est appelée CI-01 par le FBI, qui ne révèle ainsi ni son nom, ni même s’il s’agit d’un homme ou d’une femme (on peut lire ici le rapport de l’agent du FBI concernant l’arrestation).

Il n’est cependant pas difficile de penser que tout cela sent la fuite en avant. Rien que par le fait que, si Walter Bond a agi seul, ce qui semble être le cas (les actions étant signées « loup solitaire » par ailleurs), alors c’est la première fois que des actions de l’ALF sont menées en solitaire de manière revendiquée.

Il faut bien entendu attendre que Walter Bond s’exprime, et il le fera certainement, notamment sur cette question des prétendus hamburgers. Pour autant, il est dans l’ordre des choses que tout cela n’est, finalement, pas très constructif, ni même très clair finalement.

La morale, à elle seule, ne suffit pas à faire une stratégie pour la libération animale. Bien entendu, c’est toujours mieux que ceux qui se placent sur le terrain du « droit », des réformes, etc. qui eux n’arrivent à rien concrètement.

Mais il est évident que pour qu’un mouvement vegan se développe, il y a besoin d’un substrat, d’une culture. Prenons par exemple cette photo d’un stand de SHAC.

Il n’est pas difficile de voir que si en Angleterre le mot d’ordre est que « l’action compte, pas les mots », il y a quand même derrière énormément de mots, énormément de discussions, de débats, de réflexions…

Le tout rentre dans une culture globale, qui permet d’avancer dans la société. N’est-ce pas de cela dont nous avons besoin ?

Nous pensons que si, voilà pourquoi LTD aborde de très de nombreux thèmes, toujours à partir du prisme de la libération animale et de la libération de la Terre. Plus il y aura de gens à faire cela, plus une nouvelle culture grandira.

La question n’est pas de se fonder sur un esprit de réformes, pour aller dans une perspective très lointaine à la libération animale. La question est de commencer tout de suite à faire vivre l’esprit de la libération animale, et de contribuer à cette culture, pas à pas.

Walter Bond est malheureusement coupé de ce genre de démarche, parce qu’il voulait relancer abstraitement un mouvement hardline, qui se serait appelé vegan hardline. C’est honorable, malheureusement les résultats sont ce qu’ils sont et étaient prévisibles, car la démarche était unilatérale.

Naturellement, il faut prendre en compte les situations locales, les particularités, etc. et il ne s’agit pas de critiquer Walter Bond en particulier. Surtout vue sa situation! Non, il s’agit juste de voir de quoi on a besoin.

D’ailleurs, soulignons qu’en France on également a besoin de principes fermes et de refus du libéralisme. Sinon on en arrive à des situations où quelqu’un peut considérer que regarder précisément la liste des ingrédients d’un produit est trop « fatiguant », où quelqu’un peut se dire vegan « pour toujours » pour finalement terminer rapidement omnivore sans l’assumer, etc.

Finalement, que manque-t-il en France pour que la libération animale grandisse ? De la culture, de la fermeté et de la continuité.

Voici pour finir l’adresse de Walter Bond (les activistes aux USA n’ont pas réussi à savoir où il était emprisonné pendant cinq jours):

Walter Edmund Bond
PO Box 16700
Golden, CO 80402-6700
USA

Il n’est pas possible de lui envoyer des revues ou des livres, et rappelons évidemment que son courrier sera contrôlé de très près par le FBI. Il encourt une peine de 20 ans de prison.