Notre-Dame-des-Landes : le triptyque rustique – petite propriété – petite exploitation animale

Nous sommes quelques jours après la décision gouvernementale d’abandonner le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Déjà il faut se réjouir de la protection de la Nature là-bas.

L’aspect principal reste pour nous la vie sauvage, et le fait qu’une partie d’entre elle puisse être préservée est essentiel. Même s’il faut être prudent pour l’avenir, d’autant plus que selon les propres lois de l’Etat français, le projet lui-même aurait dû être impossible en raison de la protection des zones humides…

Mais il faut également voir ce qu’il ressort de cette lutte à Notre-Dame-des-Landes, qui a eu beaucoup d’aspects. Ici il s’agit également voir si nous avons raison de tout d’abord saluer grosso modo le mouvement zadiste, pour ensuite le dénoncer comme s’étant retourné en son contraire.

Nous avions en effet constaté que loin de l’initiative écologiste du début, la ZAD s’est vite retrouvée comme un bastion des partisans de l’individualisme forcené, de la petite propriété et de la petite exploitation animale.

Il y a eu quelques végans pour servir de caution à la ZAD, tant sur place qu’en général, mais c’est absurde car les zadistes se sont toujours positionnés radicalement comme non végan, et donc comme anti-vegan, puisque la petite exploitation animale est leur valeur absolue.

Ces gens sont des réactionnaires, ils veulent réagir contre le monde moderne, ils veulent le passé. Le prochain rassemblement sur la ZAD, le 10 février 2018, confirme même la validité de notre critique rien que par son titre : « enracinons l’avenir ».

C’est là du pétainisme et l’utilisation du terme « s’enraciner » est un exemple pathétique de plus. Un tel vocabulaire relève exclusivement de l’extrême-droite à la française, avec le fameux « la terre, elle, ne ment pas » de Pétain, la terre comme « recours » comme il le dit dans son fameux discours.

Le communiqué de l’association ACIPA au sujet du rassemblement de février développe d’ailleurs tout l’argumentaire mystique du triptyque rustique – petite propriété – petite exploitation animale :

« Depuis des décennies, les 1650 ha de la zad sont menacés par un projet d’aéroport climaticide, destructeur de terres nourricières, de zone humides et de liens sociaux.

En lieu et place de ce projet, des paysan.ne.s résistant.e.s ont continué de vivre  sur leurs terres et de nouveaux.elles habitant.e.s sont arrivé.e.s dans les 10 dernières années. Il s’invente sur la zad des formes de vie, d’habitats et d’agriculture fondées sur le partage, la rencontre, le soin du vivant et des biens communs. »

Le soin du vivant, c’est en effet la petite exploitation animale ; les biens communs servent ici de justification au maintien des biens qui ne le sont justement pas, communs ! Les paysans, sur « leurs » terres, voilà le rêve de certains en 2018, alors que nous avons besoin d’une humanité unifiée à l’échelle mondiale pour protéger la planète…

Certains ont d’ailleurs été surpris que le gouvernement n’ait pas décidé de déloger les zadistes. Mais pourquoi serait-il si pressé ? Cela ne dérange personne et cela fait genre la seule opposition consiste en des gens voulant vivre comme il y a cinquante ou cent ans.

Et rappelons que non loin à Nantes les anarchistes cassent régulièrement des choses au centre-ville lors de manifestations. Sans que cela ne change rien, à part permettre au gouvernement d’avoir l’air « démocratique ».

Les zadistes comptent par conséquent continuer tranquillement leur démarche, comme le dit le communiqué de « victoire » :

« Dans le futur, ce territoire doit pouvoir rester un espace d’expérimentation sociale, environnementale et agricole. »

On ne peut pas faire moins révolutionnaire : c’est vraiment l’éloge du repli sur un petit terrain, pour une « expérimentation ». Rien à voir avec l’urgence dont on a besoin !

Et comme le dit le texte commun de l’assemblée du mouvement du 18 janvier 2018, il y en a pour des années à négocier avec l’État, se mettre d’accord sur ce qui va être fait, etc.

Avec l’abandon de l’aéroport à Notre Dame de Landes nous vivons un moment important pour notre devenir commun.

Tandis que l’avenir de ce territoire fait l’objet de fantasmes médiatiques ici nous nous emparons de notre avenir et l’ensemble du mouvement avance concrètement sur sa construction.

Nous nous appuyons sur 10 ans de pratiques communes, assemblées, réunions, activités agricoles, vie quotidienne, organisation d’évènements etc… Nous avons construit une recherche du consensus qui est à la base de notre fonctionnement. Notre travail de réflexion et d’échange a abouti en 2015 à un accord en 6 points. Ils sont ce que nous défendons collectivement aujourd’hui.

Depuis plusieurs mois l’assemblée des usages nous permet de nous organiser sur différents thèmes :
Les hypothèses sur l’avenir qui explorent les formes juridiques possibles pour ce territoire.
Le foncier : ses usages, son partage, son statut
La gestion des conflits tant internes qu’avec l’extérieur (communes proches, organismes officiels etc…)
L’habitat, l’agriculture, la voirie, les communs que nous gérons

Il faudra de longs débats et un travail soutenu pour arriver à une formulation détaillée de notre projet, et nous aurons besoin de temps pour en trouver les formules de mise en place.

L’assemblée du mouvement du 18 janvier 2018

On pourrait se demander si, à la limite, tout cela n’est pas un grand gâchis. Sans doute que non. Tout comme le véganisme devait forcément connaître une décadence et un échec avec L214, l’écologie devait s’effondrer avec Europe Ecologie Les Verts et les zadistes.

Trop d’intellectuels liés aux universités, trop de gens de classes sociales supérieures, pas assez de contenu, pas d’engagement sur le long terme à part le plus souvent de carriéristes et d’opportunistes cherchant un moyen à s’intégrer dans les institutions d’une manière ou d’une autre…

Aujourd’hui, ni l’écologie ni le véganisme ne menacent l’équilibre des idées, la neutralité sociale la plus complète. Pourtant, il faut renverser l’exploitation animale et bloquer la destruction de la planète ; le décalage est énorme entre ce qu’il y a et ce qu’il faudrait.

Mais ce n’est qu’un début et les choses n’en resteront bien entendu pas là. La contradiction n’a été que repoussée… Pour s’exprimer d’autant plus violemment après.

Notre-Dame-des-Landes : la position de l’ACIPA sur les résultats de la consultation

Voici le communiqué de l’ACIPA suite aux résultats de la consultation de dimanche. Nous ne le comprenons pas du tout.

Il n’y aucune autocritique,  par contre il y a un déni total de la réalité et des rapports de force. Au lieu d’aller vers un saut qualitatif vers la défense de la Nature, seule position tenable, on a un repli mélangeant esprit procédurier et contestation en mode « petite production ».

Il est pourtant évident que pour débloquer la situation, il faut élargir le terrain et approfondir la compréhension de ce qui est en jeu…

Notre détermination reste intacte après une consultation savamment orientée !

Communiqué de presse – Notre-Dame-des-Landes, le 27 juin 2016

L’ACIPA, malgré ses réserves, avait choisi de faire campagne pour le NON aux côtés des autres organisations de la Coordination des opposants.

Il était naturellement impensable de laisser le champ libre aux porteurs du projet et de ne pas profiter de cette fenêtre médiatique pour dénoncer sans cesse leurs mensonges et continuer à porter à la connaissance du plus grand nombre les justes raisons de son long combat sur un dossier si complexe.

Qu’aurait-on entendu si l’écart des voix avait été bien supérieur par absence d’un des deux camps ?

Notons déjà que seuls 27,84% des électeurs inscrits ont dit OUI et que 22,65% ont dit NON, soit 5 points d’écart…

Dès que nous avons eu connaissance du lancement de cette consultation, nous avons dénoncé le périmètre honteusement réduit à un seul département alors qu’on nous vend depuis des décennies un aéroport « du Grand Ouest » et que l’État, ainsi que les Régions de Bretagne et Pays de la Loire, contribueraient largement au financement et devraient assumer les conséquences économiques et écologiques du projet.

Nous dénonçons à présent la méthode de sa réalisation.

Du financement public a été utilisé dans la campagne (campagne d’affichage financées par la Région par exemple, dont la couleur bleue ne doit rien au hasard). La CCI a submergé les entreprises de mails, affiches, autocollants, le président de l’Association des Maires de Loire Atlantique a abusé de son mandat pour faire campagne…

Nous dénonçons la partialité du document d’information au public rédigé par la CNDP (Commission Nationale de Débat Public). Une analyse précise de ce document, faite par l’Atelier Citoyen, en pointe les défauts. A la question sur l’adoption du document à l’unanimité de la commission, M. Leyrit, son président, s’est d’ailleurs retranché derrière un soi-disant secret des délibérations. On peut en déduire facilement que cette unanimité n’a pas été atteinte.

Nous aurions bien sûr aimé que le résultat des urnes, malgré tous ces handicaps, nous soit favorable, néanmoins, nous ne ressentons pas d’amertume, au contraire.

Une rapide analyse des résultats par secteur géographique est riche d’enseignements.

À Nantes, le raz de marée en faveur du OUI que les proAGO appelaient de leurs vœux, n’a pas eu lieu : il s’en est fallu de 100 voix pour que Nantes bascule dans le camp du NON. Le centre-ville n’a pas plébiscité le transfert de Nantes-Atlantique. Les mensonges des porteurs du projet n’ont pas eu prise sur les Nantais.

Sur le territoire de la Communauté des Communes Erdre et Gesvres, celle où devrait s’implanter le projet, force est de constater que la campagne ordurière du président de Région concernant les « zadistes » qu’il fallait « dégager », n’a pas été approuvée puisque le NON l’emporte dans 8 communes sur 12. La majorité silencieuse vivant à proximité du projet est bien opposée à ce dernier et connaît la réalité de ce qui se vit à Notre-Dame-des-Landes.

Au Sud Loire aussi le NON a fait des scores contrastés. Bouguenais ne souhaite pas autant qu’on veut bien le dire le départ de son aéroport puisque le résultat est extrêmement serré sur cette commune. Et que dire de Rezé, Saint-Sébastien-sur-Loire, Le Pellerin, Saint-Jean-de-Boiseau ou La Montagne qui refusent le transfert.

Le Nord du département par contre, secteur oublié et sans doute illusionné par les fausses promesses d’emploi a, lui, suivi aveuglement ses notables favorables au « transfert ».  Nous devrons donc renforcer nos actions d’information dans ce secteur à l’avenir.

Pour conclure, nous reviendrons sur la campagne exceptionnelle qui a été menée par la Coordination. Nous remercions tous les bénévoles, pour leur énergie inépuisable, ainsi que tous les collectifs qui ont permis cette formidable mobilisation et nous les remercions les électeurs pour leur confiance dans  l’action de l’ACIPA au quotidien.

Les soutiens nationaux (et même internationaux) continuent de se tenir à nos côtés en envoyant des messages de soutien.

Nous l’avons dit dès le début, cette « consultation » n’était qu’une étape. Le camp du NON sort renforcé de cette nouvelle épreuve, l’opposition a convaincu. Les comités de soutien sont au travail et sont prêts à venir sur le terrain.

Les prochaines étapes sont le rassemblement estival de la Coordination des opposants les 9 et 10 juillet à Montjean (Notre-Dame-des-Landes), le suivi de la procédure d’appel sur les recours loi sur l’eau et espèces protégées, l’attente de la réponse de la France aux questions portées par la Commission Européenne dans le cadre du contentieux environnemental, étudiée dans le SCoT Nantes- Saint-Nazaire dans quelques semaines.

Nous serons aussi très vigilants à ce que les suites du dossier entamé par les experts du Ministère de l’Environnement en février ne restent pas lettre morte.

L’ACIPA continue le combat, notamment juridique sur le fond du dossier, ainsi que l’information continue en direction des citoyens, pour le respect de la planète et des générations futures dans l’esprit porté par la COP 21.

L’ACIPA  continuera de s’opposer aux expulsions des habitants de la zone définie dans la DUP et à exiger que le Président de la République honore ses engagements locaux : « pas de travaux ni d’expulsion, tant que les recours juridiques ne sont pas tous épuisés ».

Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.

Notre-Dame-des-Landes : le oui l’emporte à la consultation

Malheureusement, le « oui » l’a emporté lors de la consultation concernant l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, avec 55,17%. C’est un résultat qui ne peut que nous attrister, surtout avec une participation de 51,08%.

On ne peut pas dire que la question de Notre-Dame-des-Landes n’était pas connue, qu’il n’était pas facile de connaître les enjeux. Mais c’est l’esprit tourné vers la « réussite économique » qui a primé, sans aucune réflexion sur la Nature, sur la logique totalement commerciale et délirante d’un vaste aéroport comme celui prévu.

Le piège de la consultation a été de poser la question sous forme de celle du « développement » et dans le cadre du chantage à la mondialisation et à la concurrence internationale, sans parler de la question de l’emploi, le piège était grand.

Voici une carte proposée par Ouest-France, montrant où le oui et le non sont respectivement majoritaires : on voit clairement la tendance.

Faut-il pour autant expliquer que la consultation a été biaisée, que tout n’a formé qu’un piège ? C’est ce que pensent les principaux opposants au projet, avec d’un côté l’ACIPA et de l’autre les zadistes.

Mais ce serait très facile de penser cela. Il y a une part de vérité, bien sûr, car les institutions n’auraient pas organisé la consultation sans espoir de succès, ni sans mettre les moyens pour y parvenir.

Reste qu’il n’y a pas eu de vaste mobilisation populaire, de projet de société alternatif visible et pour cause : la Nature n’a jamais été prise en considération.

La question de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes s’est vue réduite à son aspect environnemental, au mieux, car c’est surtout devenu un point de fixation pour des gens cherchant à vivre dans leur coin, de manière autosuffisante, avec une sorte de modèle médiéval…

C’est tellement vrai qu’il semble bien qu’ils n’ont pas compris l’enjeu de la consultation et qu’ils ne voient pas que la répression va désormais être générale, et d’une bien autre proportion que jusqu’à présent.

Il y a ici une part de naïveté, mais de naïveté voulue, car ces gens ne veulent pas changer la France et encore moins le monde. Ils ne sont pas universels, ils veulent vivre leur vie à leur manière, voilà tout.

Ils n’ont pas de sens d’abnégation pour les animaux, ils ne reconnaissent pas la Nature. Par conséquent, il ne peut en ressortir rien de positif.

Une victoire du « non » à la consultation les aurait obligé à porter quelque chose de plus grand, cela aurait pu faire avancer les choses, c’est dommage. Nous avions apprécié la ZAD à son début, alors que tout restait possible, avant le tournant « localiste ».

La consultation sur Notre-Dame-des-Landes a vraiment marqué la fin d’une époque et d’ailleurs, il faudra se souvenir de ceux qui n’ont pas mobilisé pour la victoire du « non », participant au triomphe d’un apolitisme général insupportable, d’un mépris pour la Nature qui dépasse l’entendement.

Le Conseil d’Etat valide la consultation sur Notre-Dame-des-Landes

« Le « référendum » sur Notre-Dame-des-Landes est-il légal ? » se demandait hier le journal Le Monde, alors que le Conseil d’Etat, réuni  en formation collégiale de neuf juges, l’a justement validé.

Pourtant, tout le monde sait très bien que dans un pays républicain et centralisé comme le nôtre, une consultation partielle est impossible : c’est s’opposer au principe général de citoyenneté.

Il n’y a pas de différence légale entre une parisienne et un bordelais et par conséquent, l’Etat ayant décidé pour l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, tous les « citoyens » devraient participer à la « consultation » et non pas seulement les 968 000 électeurs de Loire-Atlantique.

Ce terme n’a lui non plus pas de sens, car normalement la souveraineté revient au peuple. On ne demande pas son avis au peuple : c’est lui qui décide. Normalement…

Car à l’arrière-plan, on retrouve la question du profit. Le journal des entreprises constate ainsi :

Pas moins de douze réseaux économiques ainsi que des entreprises parmi lesquelles InVivo NSA, poids lourd de l’économie morbihannaise, disent oui au projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes. « Nous représentons plus de 2.000 entreprises, employons plus de 50.000 personnes, et nous voulons manifester notre soutien pour l’économie et l’emploi de nos générations futures. »

Pour en revenir à la question de la décision du Conseil d’Etat, voici comment Le Point (une revue de droite) raconte pourquoi il a été fait appel à lui.

Les deux principales associations opposées au projet, l’Acipa et le Cédpa, ainsi qu’Attac 44 et trois couples, expulsables depuis le 25 janvier, attaquaient devant le Conseil d’Etat le décret organisant cette consultation populaire, juridiquement non contraignante mais dont François Hollande avait affirmé qu’elle serait décisive.

Les associations avançaient que la question posée était « ambiguë », puisqu’elle passait sous silence le maintien d’une activité industrielle sur l’aéroport nantais, à la demande de l’avionneur Airbus, et que la consultation en elle-même n’était pas « sincère », car portant sur un projet déjà très avancé. (…)

La juridiction administrative a également balayé toute contestation du périmètre de la consultation, jugeant qu’en application du code de l’Environnement, « l’aire couverte par la consultation correspond au seul département, et non à la région, lorsque, comme c’est le cas en l’espèce, la préfecture de département avait été désignée, en cette qualité, comme lieu d’enquête ».

« Pas étonné » non plus du rejet de ce nouveau recours, qui s’ajoute à « 154 décisions précédentes » perdues par les opposants, Alain Mustière, le président de l’association pro-aéroport « Des ailes pour l’Ouest », a fustigé une stratégie de « communication pure », qui « ne sert qu’à troubler les électeurs » quelques jours avant la consultation.

Ce n’est malheureusement pas faux : il est facile de voir que les opposants à l’aéroport, refusant de poser la question en termes de défense de la Nature, se cantonnent dans des voies juridiques, associatives, zadistes, etc.

Cela masque la véritable question de fond. Dans 50 ans, la question de la réalisation ou non de l’aéroport de  Notre-Dame-des-Landes ne sera vu qu’à travers le prisme environnemental. Personne ne s’intéressera aux arguties juridiques qui n’ont aucun sens devant les rapports de force.

D’ailleurs le Conseil d’Etat va de nouveau examiner une autre requête dénonçant le caractère local de la consultation. Sauf que l’Etat a paré le coup par l’intermédiaire d’une ordonnance faite en avril autorisant à « consulter les électeurs d’une aire territoriale déterminée afin de recueillir leur avis sur un projet d’infrastructure ou d’équipement susceptible d’avoir une incidence sur l’environnement ».

Officiellement, ce n’est pas un référendum, simplement une consultation… Même si en réalité, c’est bien un référendum. Tout cela montre bien que l’Etat cherche à embrouiller le tout, alors restons simples : il faut protéger la Nature, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes va dans le sens contraire et est donc à rejeter.

La consultation sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Le 26 juin 2016, les personnes vivant dans les communes de Loire-Atlantique pourront aller voter en faveur ou contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Il a fallu, pour cette « consultation » dont le principe n’existait pas, faire un tripatouillage administratif, avec une ordonnance modifiant le code de l’environnement, effectué le 22 avril 2016 et expliquant que :

« L’État peut consulter les électeurs d’une aire territoriale déterminée afin de recueillir leur avis sur un projet d’infrastructure ou d’équipement susceptible d’avoir une incidence sur l’environnement dont la réalisation est subordonnée à la délivrance d’une autorisation relevant de sa compétence, y compris après une déclaration d’utilité publique. »

C’est un point important, ce n’est pas un référendum, juste une question posée par l’État à une partie de la population pour connaître son avis. Rien n’oblige, de manière légale, à suivre le choix majoritaire lors de la consultation.

Néanmoins, on peut se douter que cela sera décisif, tellement la question est brûlante depuis une longue période. La question, qui sera la suivante, est d’ailleurs sans ambiguïté :

« Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? »

Ce qui est tout à fait intéressant, c’est de bien percevoir le contenu explosif de cette consultation.

Nous ne pensons pas, en effet, qu’il faille voir dans cette consultation une opposition entre d’un côté l’administration de la région Pays de Loire et du département de Loire-Atlantique, qui sont pour le oui, et les « zadistes » qui sont pour le non.

Les uns s’imaginent très modernes, les autres très anti-modernes. En réalité, ils sont tous le produit d’une société qui a décidé de rejeter la Nature et qui sont confrontés à une contradiction Nature-humanité qui prend une place toujours plus immense.

Si l’on regarde les bétonneurs voulant un aéroport, on voit bien que la Nature n’existe pas à leurs yeux. Mais c’est tout autant le cas dans les argumentaires des anti-aéroports, qui ne parlent des zones humides que parce qu’elles sont « utiles », qui prônent la petite production, les petites fermes, voire carrément le terroir.

Les uns et les autres argumentent à coups de chiffres sur les destinations aériennes, les coûts, les usagers, etc. alors que tout cela est totalement secondaire.
Historiquement, cette consultation est une bombe à retardement.

Si le oui gagne, alors on comprend que le grand capitalisme écrase le petit et engloutit la Nature et les zadistes seront démasqués comme des rétrogrades rêvant de vivre comme les colons américains du 19e siècle, en mode petite maison dans la prairie.

Si le non gagne, alors se pose la question de la Nature et de ce qui doit être fait ou pas fait à Notre-Dame-des-Landes. Les bétonneurs auront pris une claque et les zadistes révéleront leur caractère étriqué, passéiste.

Naturellement, la victoire du non à la consultation est une option bien meilleure, bien moins destructrice. C’est pourquoi il faut l’encourager.

Cependant, il faut l’encourager en prenant la Nature comme thème essentiel, et non pas les débats sur l’aéroport qui sont un prétexte historique pour qu’apparaisse la Nature sur le devant de la scène de la société française.

La bataille de demain, ce n’est pas la lutte contre l’aéroport, mais pour la sanctuarisation de zones naturelles!

Le visage morbide de l’exploitation animale à Notre-Dame-des-Landes

Pauvre poulet mort, au corps étalé de manière indigne devant tout le monde. A côté du corps de cet animal décédé, un panneau indiquait : 27 poulets morts, merci les chiens.

Et cela, dans un lieu considéré comme étant le plus alternatif de France : la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Ce que veut dire le panneau, c’est que les chiens en liberté « empiètent » sur les zones consacrées à l’exploitation animale : au lieu d’être tués par les humains, les poulets le sont par les chiens et cela pose « problème. »

Ça en dit long sur les conditions lamentables là-bas ; tout ce qui s’y passe en général d’ailleurs confirme l’opinion que nous avons émise à un moment donné, après avoir longtemps parlé de la lutte sur la ZAD : il y a eu un tournant, et la ZAD n’est plus un lieu progressiste, mais un rassemblement d’esprit petit-bourgeois, voulant un retour en arrière dans le temps, à l’époque de la petite exploitation.

Il n’y aucun projet de porté, aucune valeur universaliste, il y a la volonté de trouver un moyen de « fuir » la société. Cela a peut-être sa valeur, sauf que cela se fait nécessairement aux dépens des animaux. Ce qui est une preuve comme quoi il faut changer la société, et non pas l’abolir ou quelque chose du genre.

D’ailleurs, non loin de ce pauvre poulet se tenait une « antispézad. » Nous ne l’avions pas annoncé, car nous ne pouvions pas décemment donner une quelconque ambiguïté à ce qu’est la ZAD, quand on voit ce que c’est. Nous ne pouvons pas dire que la ZAD n’est pas progressiste et appeler à discuter du véganisme là-bas, ce serait indécent.

Ce genre d’incohérence ne gêne cependant pas les organisateurs, et pour cause puisque leur esprit est celui de l’antispécisme anarcho-punk, idéologie nihiliste fabriquant des « anti » à la chaîne (anti-sexisme, anti-racisme, anti-capitalisme, anti-âgisme, anti-transphobie, anti-islamophobie, etc. etc. la liste étant pratiquement infinie). On a ici une démarche catholique du choix entre le « bien » et le « mal » (car bien évidemment les « antispécistes » en Allemagne n’ont rien à voir avec ce bric à brac typiquement universitaire français).

Il est d’ailleurs assez fascinant de voir comment une telle idéologie peut naître en parlant des animaux, alors que ceux-ci n’existent pas pour cette idéologie. En effet, elle nie totalement la protection animale (résumée à une activité de gens arriérés pratiquement tous fachos), rejette l’ALF (mais ne l’avouera jamais et n’en parle de toutes manières jamais) et bien entendu rejette formellement tout ce qui peut avoir l’air d’une défense de la Nature.

Il n’y a donc d’animaux nulle part: ni à héberger et à soigner, encore moins à adopter, ni même à libérer, ni même à préserver. Les « animaux » de cette idéologie sont une sorte d’abstraction, un prétexte au romantisme typiquement humain. D’ailleurs, ces gens poussent même l’escroquerie intellectuelle jusqu’à se réapproprier le slogan « libération totale » comme libération animale + libération humaine, alors que ce slogan signifie libération animale + libération de la Terre…

Une telle initiative a néanmoins du mérite: elle rappelle, à l’inverse, la fabuleuse valeur des personnes indignées par la condition animale, mais incapables de l’appréhender rationnellement en raison du contre-coup émotionnel. Cela est normal, c’est tout naturel: on ne peut qu’être traumatisé quand on voit la condition animale. Beaucoup de gens se voilent la face à cause de cela: ils ont peur de souffrir en assumant de regarder la réalité.

Est-il juste de considérer ces gens comme des « idiots » parce qu’ils ne sont pas révolutionnaires, est-il juste de dire qu’ils sont nazis parce qu’ils ont des préjugés formés sur le tas et étant une tentative de comprendre ce qui se passe?

Non, évidemment! A moins de vouloir aider les fachos à gagner ces gens, ce qu’un antifascisme caricatural et unilatéral ne peut que faire (et nous avons déjà critiqué maintes fois ces gens qui ne mettent pas les pieds dans un refuge mais donnent des leçons abstraites d’antifascisme!).

Il y a une fantastique dignité dans la personne révoltée par la situation des animaux. Il y a un début formidable, une reconnaissance de la sensibilité, bien loin de l’esprit cartésien à la française, qui méprise les animaux et en a une conception mécanique. Tout la question est de savoir faire fonctionner la raison en même temps!

« L’écologie, la solution, le projet présidentiel d’Eva Joly »

Nous pensions qu’en parlant du « projet 2012 » d’Europe Ecologie – les Verts, cela en était fini et on savait à quoi s’en tenir. Eh bien, non. En raison du très faible intérêt des gens pour Eva Joly, EELV a tout refait.

Eva Joly se maquille différemment et ne porte plus de lunettes. Voilà pour l’apparence. Et le contenu ? Jetons un œil sur « L’écologie, la solution, le projet présidentiel d’Eva Joly » révélé hier dans un meeting à Roubaix.

Commençons par la question animale. Le projet 2012 affirmait vouloir changer le code civil, pour que l’animal soit reconnu comme un être vivant et non plus comme un « bien meuble » ou « immeuble. »

Désormais Eva Joly recule tout en précisant : la ligne est désormais ouvertement celle du « bien-être animal. »

Il n’y a pas aucune remise en cause de l’exploitation animale, mais une volonté d’aménagement, depuis les cirques jusqu’aux abattoirs, en passant par la chasse. Voilà ce qui est dit :

Définir un nouveau statut de l’animal : la loi sera modifiée pour agir contre le trafic d’animaux et pour favoriser le bien-être de ces derniers, qu’ils soient domestiques ou non, dans toutes les politiques sectorielles : transport, élevage, abattage, animaleries, cirques, etc. La législation sur la chasse évoluera pour introduire le respect de l’animal et la bonne santé des populations d’espèces.

Aucune personne sérieuse et luttant pour les animaux ne peut accepter cela. Parler de « bien-être » pour des situations aussi odieuses, cruelles, meurtrières, c’est même totalement fou.

Mais malheureusement, voilà le cul-de-sac où sont amenés les gens par ceux qui propagent l’illusion que les animaux pourraient avoir des « droits » dans cette société, tout cela parce qu’ils ne veulent pas oser remettre en cause la société.

Ainsi, d’un côté la radicalité est étouffée au nom du « bien-être », et de l’autre l’exploitation animale s’aggrave, Eva Joly appelant d’ailleurs à renforcer « l’aquaculture durable. »

Voyons maintenant ce qu’il en est pour l’écologie. On a, fort logiquement, le point de vue contraire de LTD. Pour nous la nature a une valeur en soi, pour Eva Joly la nature c’est du business et donc il ne faut pas trop l’abîmer…

Voilà ce qui est expliqué :

La nature, les rivières, le littoral et les forêts sont accablés parles pollutions de toutes sortes. Pourtant, c’est de cette nature dont nous dépendons: médicaments, aliments, matériaux de construction… 40% de l’économie mondiale repose sur les services rendus par la nature. Réconcilier l’humanité avec son environnement, avec la nature, est au cœur de la démarche des écologistes. Il est temps de penser un nouveau modèle de développement dans lequel biodiversité et économie ne s’opposeraient pas mais se renforceraient mutuellement pour se compléter.

Pour cette raison, Eva Joly ne prend pas la défense de la vie sauvage ; son univers se réduit à deux pôles : la ville et les terres agricoles.

Nos métropoles ne cessent de grandir. Elles empiètent sur les terres agricoles et nous obligent à passer des heures dans les transports. Il est temps de mettre en œuvre la ville dense et écologique, de réguler le foncier, de préserver les espaces verts.

C’est une vision bobo, qui veut des villes « comme avant » et des espaces verts dans son quartier (encore faut-il avoir un quartier en tant que tel, d’ailleurs). Rien à voir avec l’exigence que la planète redevienne bleue et verte.

D’ailleurs, Eva Joly propage des illusions dangereuses quand elle dit par exemple que :

L’écologie ce n’est pas seulement la protection de la planète, c’est aussi une meilleure qualité de vie pour ses habitants et ses habitantes.

A terme, c’est vrai, mais tout d’abord il va falloir un grand chambardement, une transformation radicale des habitudes. Beaucoup de choses vont être remises en cause, et pour les gens cela sera compris comme une sorte de recul. C’est la raison évidemment pour laquelle à LTD nous attendons des générations naissantes, qui ne pourront plus se raccrocher à de vaines illusions comme c’est encore le cas aujourd’hui.

Maintenant portons notre attention sur des propositions plus concrètes. On voit déjà que, en prévision de l’accord gouvernemental avec le Parti Socialiste (si Hollande gagne), Eva Joly recule sur la question de Notre-Dame-des-Landes :

Un moratoire sur l’ensemble des grands projets pharaoniques.

Des évaluations permettront de les revisiter ou de les abandonner, à commencer par l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Il ne s’agit plus forcément d’abandonner, mais de « revisiter », ce qui ne veut rien dire bien sûr !

On a ensuite un intéressant objectif :

Un objectif “Triple zéro” : zéro OGM, zéro gaz de schiste, zéro autoroutes supplémentaires (incluant les grands contournements des agglomérations).

En effet, cela n’engage à rien puisque tout le monde est d’accord avec cela.

Portons donc notre attention sur des idées plus sérieuses, en apparence :

Réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020, par rapport à 1990, pour limiter le réchauffement de la planète sous les 2°C. Engager tous les territoires et les secteurs d’activités, en commençant par l’agriculture, à anticiper et à s’adapter dès à présent aux changement climatiques.

La première phrase est trompeuse : ce n’est pas la réduction en France seulement qui va suffire, bien sûr. Et la seconde phrase montre que l’objectif est surtout de prévoir une adaptation. Il n’y a pas de volonté d’affronter radicalement le réchauffement climatique, en modifiant radicalement notre société et la planète !

Organiser la sortie du nucléaire en 20 ans.

Créer un pôle d’excellence industrielle en matière de gestion des déchets et de démantèlement des centrales, pour maintenir ainsi les emplois dans la filière.

C’est un objectif réaliste sur le papier. Sauf que Hollande est totalement pro-nucléaire, comme le Parti Socialiste. Eva Joly propage ici l’illusion dangereuse que ce projet est viable, alors qu’il faudrait un énorme rapport de force pour le réaliser !

Faire de la France un leader industriel des énergies renouvelables, en produisant 40% de notre énergie par des sources renouvelables dès 2020 (hors carburant).

En mettant de côté le carburant, Eva Joly sait très bien que ce point ne remet pas grand chose en cause sur le plan de la vie quotidienne (comme le règne de la voiture), permettant de rester sur son terrain : soutenir les PME à tout prix dans le domaine industriel (ce qui est même une illusion devant la force des grandes entreprises).

Rénover un million de logements par an, d’ici 2020, au niveau «basse consommation d’énergie », en commençant par ceux dans lesquels vivent les huit millions de personnes en situation de précarité énergétique. Les bâtiments publics seront tous rénovés d’ici 2030. Ce plan permettra la création de 400 000 emplois d’ici 2020 dans le secteur du BTP.

Eva Joly ne précise pas ici à qui appartiennent ces logements : certainement pas les pauvres ! Elle propose donc d’aider financièrement les propriétaires, au lieu de proposer des HLM écolos modernes et en masses…

Investir quatre milliards d’euros par an dans les transports alternatifs à la voiture et au camion, en commençant par améliorer la qualité et l’offre de trains sur le réseau ferré local, et en développant le fret ferroviaire.

Eva Joly oublie ici que les trains sont en voie de privatisation : aucune politique globale n’est plus possible, si elle l’a jamais même été.

Ici, comme dans toutes les questions, Eva Joly tente de jouer les pompiers face à un incendie gigantesque, en disant : ici et là, mettons un peu d’eau cela stoppera l’incendie.

Mais il n’est pas difficile de voir à quel point c’est totalement en décalage avec la réalité, avec l’ampleur du désastre, avec l’ampleur de l’offensive contre Gaïa !