Des milliers d’oiseaux et des millions de poissons à la mort « mystérieuse »

Une personne a eu la bonne idée de créer une carte répertoriant les décès en masse d’animaux ayant eu lieu dans le monde. La carte créée le 5 janvier a été mise à jour, et on peut la voir ici. La voici également reproduite ci-dessous.

Rappelons les faits : le 2 janvier, on trouvait 5 000 oiseaux (des carouges à épaulette) morts dans l’Arkansas aux Etats-Unis, à Bebee (on peut voir une vidéo ici). Deux jours après, on en trouvait 500 en Louisiane (toujours des carouges à épaulette), puis des centaines (des choucas des tours) en Suède à Falköping le 5 janvier.

Au départ, les médias ont expliqué que les morts avaient été provoquées par les feux d’artifices du réveillon. Une explication facile et plus ou moins douteuse, même s’il est vrai que ceux-ci peuvent s’avérer dérangeant et très dangereux pour les animaux, notamment en raison de la peur endurée.

Mais là il est évident que l’explication ne tient pas : on a en effet remarqué depuis que des millions de poissons sont également morts. On a retrouvé 100 000 poissons morts dans un fleuve de l’Arkansas, deux millions dans la baie de Cheasapeake (Maryland).

Pareillement, on a retrouvé des poissons décédés sur les côtes de Nouvelle-Zélande et du Brésil, et il y a quelques jours 40.000 étrilles (des crabes) mortes sur des plages anglaises.

Notons également (les médias n’en ont pas parlé) qu’un même phénomène s’est déroulé fin décembre à Haïti, dans le lac Azuei

En fait, même si l’on sépare le vécu des oiseaux et des poissons (ce qui est a priori le cas, leur environnement étant différent), on peut voir que les prétendus « scientifiques » ne savent en fait rien du tout.

Lisons par exemple le caractère absolument ridicule des propos de Philippe Dubois, ornithologue membre de la LPO (Ligue de protection des oiseaux).

«La seule explication scientifique raisonnable reste celle d’un mouvement de panique en pleine nuit, explique-t-il à 20minutes.fr. Pour les oiseaux retrouvés dans l’Arkansas, on n’a identifié aucun poison ou lésion neurologique (…).

Ils se sont posés en urgence et se sont écrasés sur le bitume. »

Il faut vraiment considérer les oiseaux comme des « animaux-machines » pour s’imaginer que ceux-ci auraient réagi suffisamment « mécaniquement » et hors-contrôle pour aller se pulvériser sur le sol.

De manière plus sérieuse, regardons une information nous venant du Canada. L’article en question parle du phénomène des oiseaux morts, qui a eu également lieu là-bas, à Saint-Augustin-de-Desmaures.

On y apprend une chose très intéressante (c’est nous qui soulignons).

Les policiers pourraient intervenir, parce qu’à deux occasions, le 18 décembre et le 5 janvier, l’un des propriétaires, qui habite le 3e rang Ouest à Saint-Augustin, a composé le 9-1-1, craignant une main criminelle pour expliquer ce phénomène étrange.

En août 2009, un phénomène semblable était survenu en plein cœur du quartier Limoilou à Québec, alors qu’une quarantaine de pigeons avaient été en proie à de violents spasmes avant de s’effondrer au sol.

L’enquête avait alors déterminé qu’une substance chimique appelée Avitrol, utilisée pour éloigner les oiseaux nuisibles nichant dans des lieux où l’humain est dérangé, était responsable de ces décès.

On a ici une piste plus sérieuse que ce que dit le « spécialiste » de la LPO ou bien que Le Figaro, dont un article titre : « Les hécatombes d’animaux en série pas si mystérieuses. »

Le Figaro explique le tout en effet par les feux d’artifice ou les maladies visant une espèce précise. Soit, admettons, mais on sent bien que l’explication ne vise qu’à se débarrasser du « problème. » L’absence complète d’empathie montre bien le caractère faux du raisonnement.

Voici d’ailleurs le tour de passe-passe final de l’article :

La célèbre «pluie de l’Arkansas» a donc tout simplement provoqué un effet boule de neige médiatique sans que les différents événements ne soient liés entre eux. Robert Thomson, professeur de «pop culture» à l’université de Syracuse, l’explique bien :

«En 1960, quand des oiseaux se mettaient à tomber du ciel, c’était peut-être noté par quelques personnes et repris dans le journal local, mais cela n’allait pas plus loin. Aujourd’hui, certaines de ces histoires, du fait qu’elles apparaissent sur internet, font tout de suite les titres de la presse nationale si elles sont spectaculaires». Piqués, les curieux n’ont alors aucun mal à trouver des histoires similaires par dizaines dans la masse d’informations disponible sur le net. Au risque d’alimenter les fantasmes les plus délirants.

A LTD, nous sommes démocratiques et nous ne pensons pas que les gens soient idiots. Nous ne pensons pas que l’inquiétude concernant la mort de ces animaux soit un phénomène « pop » fabriqué par internet…

Nous considérons au contraire l’intérêt massif des gens pour la question de ces morts « mystérieuses » comme quelque chose de très bien!

Bien entendu, les explications complotistes (tests de l’armée américaine etc.) n’ont aucun sens, mais elles ne forment qu’une goutte d’eau dans l’intérêt énorme et réel des gens pour Gaïa. Une telle chose est bien entendu intolérable pour ceux qui veulent que la Terre ne soit qu’un « caillou » à détruire le plus vite possible…

Nous ne faisons nullement confiance à des « spécialistes » dont les valeurs sont coupées de la Nature, et qui sont formés par et pour l’exploitation animale. Ces gens ne creusent jamais bien loin. Ils sont payés pour effacer les traces des crimes.

Nous ne ferons ainsi jamais confiance aux explications rapides qui nous sont jetées à la tête.

Nous exigeons des explications. Et même dans le cas où des millions de poissons et des dizaines de milliers de crabes seraient morts d’hypothermie, nous voulons savoir : d’où provient ce changement de température ? Quelle en est l’origine ?

Car nous savons qu’il n’est pas « normal » que des millions de poissons meurent d’un coup, de telle manière! Nous n’acceptons pas que l’idéologie dominante fasse passer cela pour un « fait divers » !

Ce que nous pensons, c’est que toutes les explications sont jetées à la figure des gens, afin d’éviter une colère terrible par rapport à l’arrière-plan : la destruction de Gaïa.

Initiatives océanes

Nous parlions récemment de l’association Surfrider, voici quelques questions posées au sujet d’Initiatives Océanes, un projet lié à cette association et qui organise des nettoyages de plages.

1. En quoi consistent les Initiatives Océanes?

Les Initiatives Océanes est un projet qui a vu le jour il y a 16 ans au sein de l’association Surfrider Foundation. Cette association lutte pour la défense, la sauvegarde et la mise ne valeur de la gestion durable de l’océan, du littoral, des vagues et de la population qui en jouit.

Les Initiatives Océanes ont tout simplement été crée pour aider les personnes sensibles à ces problématiques d’apporter leurs pierres à l’édifice.

Les bénévoles organisent localement leur opération de nettoyage et le siège de Surfrider Europe s’occupe de coordonner les opérations, d’apporter un soutien logistique et pédagogique et de communiquer sur l’événement au niveau européen, national et régional.

2. Comment ce projet a-t-il été lancé, et dans quel esprit?

Le projet est né de l’envie des surfeurs de protéger leurs terrains de pratique. Ils sont très sensibles à la destruction du littoral et lutter contre la pollution.

L’esprit étant de protéger l’océan en faisant réfléchir chaque personne à sa responsabilité individuelle. Comprendre qu’il faut agir si nous voulons garder notre patrimoine. Par exemple, trier ses emballages est un geste simple qui permet de réduire la quantité de déchet !

3. Où en est-on aujourd’hui, et quelles sont perspectives?

Aujourd’hui le grand public est de plus en plus conscient de cette pollution et souhaite agir.

Pour l’année 2010 les initiatives océanes c’est plus de 950 actions de sensibilisation qui ont mobilisé 40 000 personnes (soit le double de l’année 2009 qui a vu se dérouler 500 nettoyages).

L’objectif principal de ce projet est d’avoir toujours plus de manifestation à travers le monde.

AU delà de sensibiliser les participants à la protection de l’environnement, l’opération permet de porter les revendications de l’association auprès des institutions nationales et européennes

Nous proposons une opération simple à organiser pour qui veut à la fois sensibiliser son entourage à la protection de l’environnement et militer pour la réduction des déchets.

4. Comment participer et soutenir Initiatives Océanes?

Le procédé est simple, ces bénévoles inscrivent leur nettoyage sur le site internet des Initiatives Océanes.

Pour cela un guide de l’organisation a été crée pour permettre à ces bénévoles d’avoir une démarche individuelle et simplifiée dans l’organisation d’événement. Il est disponible via le site internet.

Les participants consultent la liste des nettoyages de plages via www.initiativesoceanes.org pour connaitre le lieu de l’opération.

Il suffit ensuite de s’inscrire sur le site et le jour venu, de se rendre à l’endroit et à l’heure indiquée.

Il est demandé à l’organisateur de nous faire parvenir un bref bilan de cette opération avec quelques photos.

« Est-ce que je pense qu’ils savent exactement ce qu’ils font? Pas totalement »

Un porte-parole de BP a expliqué que l’interception d’une partie du pétrole par le long tuyau de 1,6 kilomètres de long ne fonctionnait plus aussi bien. 216 000 litres de pétrole ont été siphonnés ces dernières 24 heures, alors que vendredi le chiffre était de 350 000 litres.

A côté de cette nouvelle encore une fois peu rassurante, BP a défendu l’utilisation de son dispersant et affirmé ne pas vouloir stopper son utilisation pour le moment, malgré la demande du gouvernement américain de cesser ce genre d’opération dans les 72 heures.

Ce qui se passe est en réalité assez simple: il est désormais clair que la situation est hors-contrôle. BP va de nouveau essayer de cimenter la fuite (une opération dénommée « top kill » soit « meurtre par le haut »), mais cette fois le triomphalisme passé, non seulement parce que la crise est déjà d’une grande ampleur, mais en plus parce qu’il est désormais plus que clair que stopper la fuite est extrêmement difficile.

Le gouvernement américain n’a plus d’autres choix que d’espérer que cela fonctionne, et l’amiral Thad Allen responsable de la lutte contre la marée noire a affirmé sa « confiance » en BP, et Lisa Jackson, directrice de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), a réaffirmé que cette affaire concernait avant tout… le « secteur privé »!

Comme on le voit avec la marée noire dans le Golfe du Mexique, tout est une question de priorité.

Ainsi, il y a trois ans, les gardes-côtes du secteur de Key West en Floride et les agences gouvernementales locales avaient prévu un plan d’urgence et de gros manuels pour parer à l’imprévu : depuis une marée noire provoquée par un échouage de tankers jusqu’à une attaque atomique.

Mais bien évidemment, la destruction d’une plate-forme n’avait elle pas été prévue, malgré les centaines et centaines de plate-formes présentes dans la région.

Pourquoi cela? Parce que l’Etat ne se mêle surtout pas des affaires de business…

C’est une question de priorité ou, si l’on préfère, de culture. Soit on a une culture avec Gaïa, soit on a une culture contre. Et il n’est pas difficile de voir dans quel camp est la culture dominante, parce qu’elle sert l’industrie.

On a ainsi l’exemple de cette même administratrice de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), Lisa Jackson, qui est passée ce dimanche sur les plages, afin de tenter de calmer les esprits…

Alors que le secrétaire américain aux Affaires intérieures, Ken Salazar, dit: « Est-ce que je pense qu’ils savent exactement ce qu’ils font? Pas totalement », tout en ne remettant bien entendu pas en cause la direction des affaires par BP…

Les gouvernants jouent leur rôle : ils se dédouanent de toute responsabilité. Barack Obama a expliqué de la même manière que « D’abord et avant tout, ce qui a conduit à ce désastre, c’est une rupture de responsabilité de la part de BP et peut-être d’autres, dont Transocean et Halliburton. »

Ces propos ont été tenus il y a deux jours, samedi, dans son allocution hebdomadaire à la radio et sur internet. Il a demandé à ce que les futurs forages pétroliers en mer ne soient autorisés qu’avec suffisamment de garanties pour prévenir d’autres catastrophes du même type.

L’État fait ce qu’il fait à chaque fois : il affirme qu’il fera en sorte que « cela ne se reproduise plus. » Il se pose comme un contre-pouvoir par rapport aux grandes entreprises.

Mais ce contre-pouvoir n’agit, comme par hasard, qu’après!

Or, il est évident qu’il est totalement fou de laisser l’industrie faire ce qu’elle veut, alors que tout ce qui l’intéresse, c’est le profit, qui n’amène que mort.

La vision de Judi Bari, dont nous parlions hier, est certainement moralement juste, mais les voeux de décentralisation doivent forcément passer en arrière-plan devant les besoins globaux, à l’échelle d’un pays, de la planète elle-même.

Rien n’est pire ici que le localisme, sans parler du « nationalisme », alors que l’enjeu c’est Gaïa elle-même. Rien ne sert de vouloir agir localement si l’on a pas conscience qu’une société comme Shell est sans doute responsable à elle seule du déversement de 4,5 millions de gallons de pétrole dans le Delta du Niger…

Pour changer le monde, il faut comprendre la dimension des problèmes qui se posent; sans libération animale et libération de la Terre, on passe à côté de cette dimension.

Et la compréhension de cette dimension est inévitable, soit avant la crise écologique, soit pendant la crise écologique.

Ainsi, à défaut de vision globale, on peut en tout cas déjà voir qu’il y a des prises de conscience. En Floride une campagne est lancée pour recruter des volontaires pour faire face à la marée noire.

La colère monte évidemment également en Louisiane : la population commence à protester, il est vrai malheureusement uniquement parce que leurs intérêts immédiats sont en jeu. Il faut cependant se rappeler que le peuple américain tient énormément à son environnement.

A côté de la culture de consommation massive, il y a une fascination très puissante de la nature sauvage, la wilderness, et nous ne pouvons que rappeler ici le caractère historique des films « Silent Running » et « Koyaanisqatsi. »

Enfin, voici quelques vidéos concernant les marais de Louisiane, et la marée noire. La première montre les plages et l’absence de tout nettoyage, alors que « le pire reste à venir. » La seconde montre la situation dans les marais. La troisième présente la situation sur les plages. Enfin, une vidéo montrant ce que ressemblait la vie avant la marée noire.

Rappelons également qu’il y a quelques jours, Pavan Sukhdev, directeur de l’Initiative pour une économie verte du Programme des Nations Unies sur l’environnement a affirmé la chose suivante:

« Si les différentes estimations que nous avons reçues se réalisent, alors nous sommes dans une situation où effectivement, dans 40 ans, nous n’aurons plus de poisson. »

Evidemment, la seule solution proposée ici est de mieux gérer les « stocks » et non pas d’avoir une perspective totalement différente. Mais les choses sont de plus en plus claires: loin de tout catastrophisme, les faits rattrapent la fiction: on peut se souvenir du film « Soleil vert. »

Ce film, dont nous faisions récemment une présentation, raconte comment l’industrie se procure « comme elle peut » des protéines alors que les océans ont été assassinés…

Rappelons également la scène la plus connue de ce film (ici à partir de 1h13), alors qu’une personne âgée se suicide par poison, et voit dans les dernières minutes de sa vie des images de la nature, nature qui a été anéantie…

Total doit « payer » en réalité sans rien payer (mais qu’est-ce que le FIPOL?)

Nous ne sommes pas à LTD des personnes expertes en droit. Mais à ce qu’il nous semble les médias non plus, et peut-être pas par hasard. Parce que nous de ce que nous avons compris, Total a payé… mais se fera rembourser. Donc Total, finalement, ne paiera pas.

En effet, ce que les médias disent, c’est que Total a dû déjà payé 170 millions d’euros, sous la pression populaire. Ce qu’ils ne disent pas, c’est qu’il existe un organisme qui s’appelle le FIPOL et qui justement est là pour payer dans ce genre de situation. Et que c’est finalement le FIPOL qui paiera, pour ce que nous avons compris!

Rappelons les faits: le 12 décembre 1999, le pétrolier l’Erika s’est brisé au large des côtes bretonnes lors d’une tempête, avant de sombrer et déverser 20 000 tonnes de fioul sur 400 km.

Cette catastrophe écologique à ravagé la nature environnante et tué des dizaines de milliers d’oiseaux. Sans doute 150.000.

Et là en mars 2010, le procès se termine enfin. Quel est le bilan?

1. Les indemnités à verser augmentent… Une victoire?

Sur le papier, les victimes humaines peuvent être contentes. Le tribunal a porté de 192,5 à 200,6 millions d’euros les indemnités à verser.

Et c’est une victoire d’autant plus intéressante que des organismes comme la LPO ont pu intégrer l’écologie dans les revendications, car théoriquement il n’y a que le nettoyage des plages qui est payé. Les animaux ne comptent pas. Là on leur a mis un prix, et le carnet de chèques a été sorti.

Seulement, la vie a-t-elle un prix marchand? Peut-on accepter que les grandes entreprises exploitent et polluent, en payant parfois lorsque les dégâts sont trop apparents?

Car le résultat du procès valide une sinistre réalité: les entreprises comme Total ne sont responsables de rien, et donc n’ont rien à payer…

2. Total responsable, mais pas coupable?!CLC

En effet, les capitalistes du monde entier se serrent les coudes. Les affréteurs de bateaux peuvent ainsi payer des amendes, mais ne paient pas les dégâts!

Car ils dépendent d’une convention internationale: la CLC (International Convention on Civil Liability for Oil Pollution Damage).

Et qu’est-ce que signifie tout cela? Que les affréteurs ont leur propre système d’assurance, par un fonds intergouvernemental, appelé FIPOL (Fonds international d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures).

Conséquence: contrairement au tribunal correctionnel, qui avait considéré dans son jugement du 16 janvier 2008 que la compagnie pétrolière Total était pénalement responsable, cette fois l’entreprise n’est pas considérée comme responsable civilement des dégâts provoqués.

Et ne peut donc pas voir sa responsabilité civile engagée au titre des dommages et intérêts! Daniel Soulez-Larivière, avocat de Total, s’est empressé d’expliquer: « Total n’a pas de responsabilité civile dans cette affaire, c’est expressément dit par la cour. »

Par conséquence, oui les indemnités augmentent, mais elles seront payées par la société de classification Rina et l’armateur Giuseppe Savarese, ou plus exactement par leurs assurances.

3. Mais alors pour le reste qui paie quoi?

Nous avons eu du mal à saisir tout cela avec les innombrables embrouilles médiatiques, mélange de mauvaise foi et de méconnaissance.

Mais ce qu’il ressort de notre compréhension du problème est que Total ne paiera pas 170 millions, contrairement à ce qui a été dit.

Pourquoi? Parce que comme dit plus haut les affréteurs ont leur propre système d’assurance: le FIPOL.

C’est ce Fonds qui paie, à ce qu’il nous semble. Total peut donc prétendre d’un côté avoir payé pour les dégâts de l’Erika, alors que de l’autre il y a tout un système pour protéger les grandes entreprises et permettant le remboursement.

Sur le site du FIPOL, on peut par conséquent trouver cela:

Les faits

Le 12 décembre 1999, l’Erika s’est brisé en deux au large des côtes bretonnes en France, alors qu’il transportait environ 30 000 tonnes d’hydrocarbures lourds. Environ 19 800 tonnes se sont déversées. 6 400 tonnes d’hydrocarbures sont restées dans la partie avant immergée, et 4 700 tonnes dans la partie arrière.

Le pompage des hydrocarbures jusqu’à la surface s’est déroulé entre juin et septembre 2000.
Des opérations de nettoyage ont été menées le long des quelque 400 kilomètres de côtes polluées où plus de 250 000 tonnes de déchets mazoutés ont été récupérées.

Le régime d’indemnisation: qui paye?

Particuliers, commerces, entreprises privées, organismes publics: quiconque a subi un dommage par pollution du fait du sinistre de l’Erika peut prétendre à l’indemnisation, laquelle est disponible aux termes de la Convention de 1992 sur la responsabilité civile et de la Convention de 1992 portant création du Fonds, telles qu’incorporées dans la législation française.

Un montant d’environ € 12,8 millions (£12,2 millions) est disponible à titre d’indemnisation auprès de l’assureur-responsabilité du propriétaire du navire, le Club P&I Steamship Mutual. Des indemnités complémentaires pouvant atteindre € 172 millions (£164,5 millions) sont en outre disponibles auprès du Fonds international d’indemnisation de 1992 pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures (Fonds de 1992). Autrement dit, c’est une somme globale de € 185 millions (£177 millions) qui est disponible.

Peuvent donner lieu à indemnisation les frais effectivement encourus et les dommages effectivement subis du fait d’une pollution par les hydrocarbures. Toute demande d’indemnisation doit obligatoirement être accompagnée de pièces justificatives.

Et sur le site de Total, on trouve cela (nous soulignons):

Les indemnisations sont du ressort du FIPOL (Fonds d’indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures). Le FIPOL est un fonds créé entre les États signataires de conventions internationales dont l’objet est précisément d’accélérer et de simplifier les procédures d’indemnisation des victimes des marées noires.

Depuis le naufrage de l’Erika, Total a soutenu la création d’un fonds complémentaire permettant d’accroître le montant des sommes disponibles pour indemniser les victimes de marées noires (plafond d’indemnisation : 900 millions d’euros aujourd’hui, au lieu de 185 millions d’euros en 1999).

Fin 2006, l’Etat avait reçu un début d’indemnisation de 40 millions d’euros.

Total cotise au FIPOL au prorata de ses importations d’hydrocarbures dans les États membres. Cependant, sans attendre la mise en route du système d’indemnisation, Total a dépensé près de 200 millions d’euros dans les trois domaines où il disposait des technicités et du savoir-faire pour remédier aux conséquences de la marée noire ou en limiter les effets.

Le système d’indemnisation des victimes de marées noires est régi par des conventions internationales ratifiées par un très grand nombre d’États. Ce système cohérent permet d’apporter une indemnisation aux victimes sans avoir besoin d’engager une procédure devant un tribunal afin de rechercher les responsabilités.

Ce qui ressort de tout cela, c’est que finalement, Total n’aura à payer que quelques amendes, mais certainement pas 200 millions. Le plus délirant, c’est que même si nous nous trompions ici, et que Total payait cela, ce n’est rien pour cette entreprise qui a une rentabilité de 12,585 milliards d’euros net après impôts en 2006.

Néanmoins, ce qu’il nous semble, c’est que même s’il est dit partout que Total a payé, pour ce que nous avons compris Total n’a fait qu’avancer les fonds car le FIPOL ne disposait pas d’assez de cash, tout en voulant être remboursé tout à la fin du processus.

Tout cela est d’ailleurs logique dans ce gigantesque mécano de magouilles, que même le quotidien Libération est obligé de constater:

« Le Fipol est devenu le seul moyen d’indemniser les victimes de marées noires, tant la chaîne du transport maritime est devenue complexe et opaque : propriétaires, gestionnaires, affréteurs, certificateurs, courtiers, pavillons de complaisance et paradis financiers forment une nébuleuse quasiment impossible à démêler. »

Le procès de l’Erika n’est donc nullement une victoire, il est au contraire la démonstration de l’opacité d’un système, et du fait que des géants comme Total peuvent bien employer à leur service des bateaux-poubelles, au pire ils s’en sortent avec des amendes!

La reconnaissance du « préjudice écologique » n’est alors en rien une victoire: juste une reconnaissance du fait que les géants de l’industrie polluent, et peuvent se permettre par l’intermédiaire des Etats, de sortir le carnet de chèques…

La Ligue de Protection des Oiseaux elle-même doit le reconnaître dans son communiqué suite au résultat du procès:

« Alors qu’il y a dix ans, seul le vivant commercial était reconnu, le vivant non commercial a aujourd’hui un prix. Mais attention, cela ne signifie pas que nous pouvons le marchander ! Il s’agit seulement d’un nouvel outil au service des « avocats » de la nature et une contrainte supplémentaire dissuasive pour les pollueurs potentiels. Nous ne sommes, en effet, malheureusement pas à l’abri d’une nouvelle catastrophe. »

Quelle folie que d’être heureux que « le vivant non commercial » ait un prix! Folie sous-tendant également qu’il y a un « vivant commercial »… Quelle horreur!