Chili : Attaque contre l’entreprise Chilectra

C’est un fait que nous avons plusieurs fois souligné : le discours anti-technologie des zadistes est, en plus d’être franchement réactionnaire, infiniment moins radical et offensif, bien moins porteur de contenu que le primitivisme d’Amérique latine.

Ce primitivisme est critiquable sur plus d’un point ; il n’est pas constructif, il est velléitaire de par ses actions multiples sans perspectives, voire son nihilisme ouvert sur le plan social et politique, au nom de l’anarchie se réalisant du jour au lendemain, etc.

Toutefois, on ne peut pas leur reprocher de ne pas tenter quelque chose qui soit en adéquation avec l’ampleur du désastre. C’est justement la différence avec les zadistes : ces derniers nient la Nature, les primitivistes d’Amérique latine assument sa défense, en raison – ou au-delà – de leur anarchisme insurrectionaliste.

Chili : Attaque contre l’entreprise Chilectra

Vendredi 16 octobre

Les nuages, les pluies, les tempêtes, les ouragans, les raz-de-marée, les tremblements de terre et les séismes, les volcans qui ont brûlé il y a quelques mois sont le signal de ce que la terre commence à se venger, qu’elle crie et fait la guerre à cette civilisation qui jour après jour collabore avec sa société dans la destruction et l’assassinat d’animaux, le coupage d’arbres et la destruction de montagnes, l’expansion de signaux invisibles et l’obligation faite aux animaux, insectes et toute forme de vie à fuir loin de là où ils ont grandi.

Tout cela n’est pas nouveau, nous le savons et nous le tenons en compte, mais il s’agit de quelque chose que nous ne pouvons pas laisser passer comme si de rien n’était, nous devons attaquer d’une façon ou d’une autre en cellules, en groupes d’action contre les points des collaborateurs pour qu’ils sachent qu’il y a des groupes et des cellules prêts à attaquer et à venger, qu’il n’y a pas de destruction sans vengeance.

Si l’électricité et leurs centrales nucléaires envahissent les habitats naturels et sauvages où il ne se trouve aucun envahisseur de la société civilisée, il faut attaquer cette centrale électrique, de la façon que l’on juge la meilleure (peinture, molotovs, engins explosifs, etc.).

La nuit du vendredi 16 octobre, pour faire front à la réalité imposée par la technologie industrielle qui à son tour est utilisée comme main de l’État et du Capital

(Parenthèse 1 : Parce que sans la technologie actuelle endormante, ceux-ci ne disposeraient pas de la facilité de manipulation qu’ils ont « grâce » à leurs appareils technologiques)

(Parenthèse 2 : En disant « grâce » et « technologie actuelle », nous ne faisons PAS référence au fait que nous acceptions celle-ci, il s’agit d’un exemple pour comprendre pourquoi nous pensons que le système technologique industriel est à la tête de toute la destruction de la terre, et nous ne nous éloignons pas non plus totalement de la préoccupation de savoir que ces serviteurs marchent avec ces appareils en main, parce que ce sont eux qui collaborent avec la destruction des vallées natives et l’installation de câblages dans les montagnes) afin de pouvoir endormir et convertir en machines qui marchent tout en émettant des signaux wifi, nous nous sommes dirigés comme des flèches, inaperçus des policiers qui patrouillaient dans le secteur (puisque certaines rues de l’avenue avaient un problème de lumière), en toute normalité mais avec vengeance et décision, vers une entreprise électrique du nom de Chilectra, sur l’Avenue El Parron à Santiago.

Nous avons placé un petit artefact explosif qui était une bouteille métallique de jus avec quelques grammes de poudre et un système de double mèche à retardement (tandis que le gardien de cette entreprise était assis dans sa cabine) pour faire frémir l’ouïe des patrouilles du secteur et bien sûr pour dire que les installations électriques de ce « pays » sont nos objectif, car elles ont pendant des années collaboré et détruit des parties de la terre pour y placer leurs structures métalliques dégueulasses ou encore leurs antennes qui stressent les oiseaux et qui pour leur part (les entreprises d’électricité) collaborent avec les destructeurs de montagnes que sont les barrages.

Nous regrettons que l’engin explosif installé dans l’une des grilles du périmètre ait eu un petit défaut que nous avons pensé être le fait que l’utilisation de la double mèche à retardement, en créant deux orifices dans cette bouteille métallique, a fait que l’un des deux a permis que le gaz de la poudre noire s’échappe plus facilement, ce qui a fait que le bruit et l’explosion que nous espérions n’a pas été aussi forte et destructrice qu’il était planifié. Nous nous améliorerons grâce à nos erreurs.

Que les assassins sachent qu’il n’y a pas de poudre qui n’explose face à leurs visages.

Que l’esprit et l’action aillent de pair contre le système techno-industriel.

Cette attaque n’est qu’un avertissement de ce que nous sommes attentifs et le son de l’explosion ne se repose ni ne dort.

Nous saluons le Guerrier Ignacio Muñoz, séquestré dans « le laboratoire » Santiago 1. Ton action est génératrice de grandes idées d’amour et de destruction de civilisation.

Cellule Karr-kai

Note 1 : Nous mettons laboratoire entre guillemets parce qu’Ignacio Muñoz, dans un de ses communiqués, faisait référence à la prison entreprise de Santiago 1 comme à un laboratoire.

John Zerzan répond à la revue VICE

Nous avions déjà posé quelques questions à John Zerzan, le principal théoricien du primitivisme (voir Quelques questions à John Zerzan).

Il a accordé une interview à la revue en ligne Vice, revue se voulant par ailleurs au top de la branchitude et de l’information version hipster. Voici quelques unes des questions et réponses reflétant la pensée de Zerzan, toujours plus « magique ».

VICE : Vous défendez l’idée selon laquelle il faudrait abandonner toute technologie et retourner à un mode de vie inspiré des chasseurs-cueilleurs. Ça vous fait quoi, de discuter avec moi sur Skype ?

John Zerzan : J’étais invité sur un plateau de télévision il y a quelques années, et le présentateur n’arrêtait pas de me dire que pour vivre en cohérence avec ma philosophie, il fallait que j’aille vivre dans une grotte. Je lui avais répondu : « Oui, c’est vrai. Mais dans ce cas nous n’aurions jamais eu cette conversation. » J’essaie de maintenir une connexion avec les autres. Il faut communiquer avec eux, avec la société – le contraire ne me semble pas sérieux.

VICE : C’est la seule chose qui vous retient d’aller vivre dans la nature ?

John Zerzan : J’imagine, même si je dois admettre que comme beaucoup de gens, je suis aujourd’hui domestiqué. J’aime être dans la nature, mais je n’ai pas les ressources pour pouvoir y vivre.

VICE :  Vous avez déjà essayé d’y vivre ?

John Zerzan : Pas vraiment, même si je suis allé plusieurs fois passer quelques jours en montagne.

VICE :  Et quand vous y étiez, vous aviez l’impression de trouver ce qui vous manquait dans la vie d’aujourd’hui ?

John Zerzan : Oui, c’est certain. On se déconnecte pour vivre en osmose avec la nature. C’est une chose de l’écrire, mais il faut également le vivre. Nous ne pourrons jamais procéder à une transition vers un mode de vie de chasseurs-cueilleurs si nous n’apprenons pas progressivement à vivre sans technologie – et à terme, sans civilisation. Ce sont des détails pratiques, mais il faut en tenir compte.

(…)

VICE : Comment convaincre les gens d’abandonner la technologie ?

John Zerzan :  Ça n’arrivera que si les gens finissent par se lasser du nombre toujours croissant de médiations. Tant qu’ils se satisfont d’être des zombies devant leur écran, rien ne se passera. Mais j’espère que les gens finiront par voir ce mode de vie tel qu’il est : triste.

VICE : Quand avez-vous commencé à penser de cette façon ?

John Zerzan : C’est venu progressivement – à partir du moment où j’ai réalisé que la technologie n’était jamais neutre, mais toujours intentionnelle. La Révolution industrielle ne fut pas simplement dicté par des enjeux économiques. Comme l’écrit Foucault, il s’agissait surtout d’imposer une discipline aux autres. J’ai alors commencé à m’interroger, et à me dire que la technologie avait peut-être toujours fonctionné ainsi. Les gens n’y réfléchissent pas encore trop – mais Hollywood si. Regardez Her, regardez Transcendance. Des films commencent à poser ce genre de questions.

VICE : Vous n’avez pas le moindre espoir que le progrès technologique puisse être positif ?

John Zerzan : Non. Je n’y crois pas. Le transhumanisme prétend que plus de technologie, c’est l’assurance du progrès, l’assurance que tout ira bien. Tous les problèmes seront résolus par la technologie, on finira par vivre éternellement. Mais il suffit de regarder où en sont les choses. Nous sommes au cœur d’une crise environnementale et sociétale sans précédent. Ils prétendent que nous sommes tous connectés, mais je crois que dans l’Histoire, nous n’avons jamais été aussi déconnectés les uns des autres.

VICE : Vous voulez que les gens soient connectés, et les trans-humanistes aussi. Serait-il possible que vous rêviez en réalité d’un même monde, que vos utopies convergent ?

John Zerzan :  Peut-être, mais ces gens-là assimilent le cerveau à un ordinateur. Ce n’en est pas un. Ça n’a rien à voir, ce n’est pas une machine, et nous non plus. Ils n’ont aucune idée de ce qu’est la conscience ; personne n’en a d’ailleurs la moindre idée.

VICE : Il me semble que ce qu’ils entendent par là, c’est que le cerveau est une entité purement physique, comme l’ordinateur. Vous, vous pensez qu’il existe un élément spirituel, impossible à répliquer par la technologie ?

John Zerzan : Ils n’ont rien fait de mieux que de concevoir une machine capable de battre un être humain aux échecs. Mais il s’agit juste de calculer plus vite. En quoi est-ce de l’intelligence, l’expression d’une conscience ? Je me souviens d’un voyage en Turquie – j’ai discuté avec une jeune femme qui m’a dit qu’elle pensait que l’anarchisme vert était avant tout un « mouvement spirituel ».

(…)

VICE : Si la civilisation s’effondre, comment se déroulera le processus de retour à la nature ?

John Zerzan : C’est la principale question. Comment allons-nous vivre ? Nous avons perdu la totalité de nos compétences, comment les acquérir à nouveau ? Il faudra réapprendre à fabriquer des outils en pierre, réapprendre à distinguer les plantes comestibles. Il faudra commencer par réacquérir ces savoirs, sinon nous n’oserons jamais sauter le pas.

Et en dehors de l’apprentissage de compétences oubliées, sera-t-on capable d’apprendre à oublier, justement ? Pourra-t-on oublier ce que sont les étoiles ? Avant, les gens regardaient le ciel et ne savaient pas ce que c’était – le mystère était partout.

Après tout oui, pourquoi les gens auraient besoin de savoir ce genre de choses ? À quoi cela leur sert-il ? Je ne pense pas que ce soit de l’ignorance. C’est tout le contraire. Les chasseurs-cueilleurs savaient décrypter d’autres choses, comme un brin d’herbe. C’était déjà une forme de science.

Quelques questions à John Zerzan

Dans la critique que nous faisons de la « Décroissance », il y a en fait aussi la critique du primitivisme. En fait, on peut même dire que la « Décroissance », c’est le primitivisme sans la radicalité et surtout sans le respect de la Nature.

Pour repréciser tout cela, voici quelques questions posées à John Zerzan, l’un des principaux penseurs primitivistes. Cela dans un but d’information, mais également de distinction et de discernement dans la grande bataille pour réaliser  l’utopie.

Dans sa célèbre œuvre de science-fiction, Isaac Asimov a considéré que la surpopulation rendra nécessaire de coloniser l’espace. Nous pensons que c’est peut-être vrai, mais nous luttons pour l’harmonie, dans ce que nous appelons Gaïa, d’une humanité hautement développée.

John Zerzan, vous êtes un auteur prolifique sur la question de ce qu’on appelle le « primitivisme. » Pouvez-vous nous en parler et de comment vous en faire la promotion, et comment vous évaluer notre point de vue?

L’anarcho-primitivisme est également connu comme l’anarchie verte (green anarchy) et la critique de la civilisation. Cela signifie, entre autres choses, je crois, qu’à moins que nous ayons un avenir en quelque sorte primitif, nous n’aurons pas d’avenir.

Cela signifie également que la domestication / la civilisation est à la racine de la tombe et de l’approfondissement de la crise globale. Les humains ont pris un très mauvais tournant avec avec l’adoption de la domestication ou de l’agriculture.

Cet tournant, au détriment des peuples libres de chasseurs-cueilleurs, était un tournant vers le contrôle. Le contrôle des animaux, des plantes et de nous-mêmes. Cette logique de domestication n’est allé que vers l’avant et cela continuera de faire ainsi, jusqu’à ce qu’elle soit reconnue pour ce qu’elle est et qu’elle soit arrêtée.
Freud (Malaise dans la civilisation) a vu que la domestication comme créant la névrose, l’absence de joie, parce qu’elle enlève la liberté des instincts et de l’eros.

Quatre-vingts ans ont passé, on peut voir la vérité de son affirmation. Lorsque l’humain a entrepris de contrôler les animaux et les plantes, nous nous sommes domestiqués nous-mêmes dans le processus.

Il y a de plus en plus de contrôle, ce qui commence, le plus basiquement, avec la domestication il y a environ 10.000 ans, la « pire erreur », dans les mots de Jared Diamond, dans l’histoire humaine. L’objectif est donc, plus simplement, d’en finir avec elle.

La logique interne de la domestication a colonisé la terre et progressivement détruit le monde naturel. De la civilisation, à la société de masse, à l’industrialisation, la mondialisation. Il s’agit d’un cancer, mais pas vraiment compris comme tel.

Coloniser d’autres planètes seraient répandre ce cancer qui détruit celle-ci, une idée absurde, une capitulation. Davantage de gens ont maintenant des doutes quant au Progrès, parce que son bilan est terrible. Est-ce qu’il y a quelqu’un qui ne voit vraiment pas l’échelle gigantesque de l’éco-catastrophe qui se déroule maintenant rapidement?

En France, nous avons l’écrivain Jules Verne qui était fasciné par la technologie, mais nous avons aussi Claude Bernard, le « prince » de la vivisection, ou Descartes qui considérait que les animaux n’ont pas d’âme et ne peuvent pas vraiment souffrir.

Comment comprenez-vous cela dans votre point de vue? Que pensez-vous de la notion de progrès en général, et comment considérez-vous le véganisme?

J’ai beaucoup de respect pour ceux qui adoptent un point de vue vegan. Mais bien sûr, cela doit signifier plus qu’un changement de style de vie de consommateur, plus qu’une attitude moraliste.

Je ne suis pas sûr de ce que « véganisme » signifie dans l’ensemble, pas clair s’il ya un point de vue ici ou plus d’un.

En France, il y a maintenant une lutte importante contre la construction d’un grand aéroport, près de Nantes, dans l’ouest de la France. La plupart des gens qui luttent croient en un projet d’auto-détermination, avec de petites auto collectivités durables, et ils occupent le terrain où l’aéroport devrait être construit.

Nous pensons que c’est à moitié réactionnaire à moitié progressiste, parce que si la raison de lutter est correct, le projet en réponse implique toujours le repli individuel et l’exploitation animale. En fait, nous croyons au progrès et voulons une planète végan.

Comment interprétez-vous cette lutte? Comment croyez-vous que le primitivisme peut ou va gagner, comme façon de vivre sur la planète entière?

Je pense que toutes les luttes contre les aéroports, les barrages, les mines, les trains à grande vitesse
trains, etc. sont en un sens « primitiviste » ou anti-Progrès. La technologie et l’industrie ne sont pas neutres. C’est intrinsèquement anti-vie.

Leurs valeurs ou les choix impliqués sont contre la nature, contre la vie. Leurs promesses sont aussi
fausses que celles de la domestication et le bilan est encore plus évident.

Vous êtes d’origine tchèque. Cela a-t-il joué un rôle? Dans l’histoire, Karl Renner, qui provient d’une région tchèque a fondé les Amis de la Nature en Autriche. N’était-ce pas un mouvement qui a mis en avant des conceptions bonnes?

Je suis Tchèque, mais n’ait jamais visité la République tchèque (bien que j’aie été en Inde 3 fois, en Russie, au Brésil, etc.). Karl Renner est inconnu pour moi, merci pour la référence à lui et aux Amis de la Nature en Autriche.

En France, le cas de l’« Unabomber » est quelque chose qui a été un peu célèbre à l’époque. Que pensez-vous des positions de Theodore Kaczynski contre la modernité, que nous trouvons plus orientées contre la « gauche » que quelque chose d’autre?

Kaczinski a certainement une critique de la Gauche, mais il va plus loin. « La société industrielle et son avenir » (son soi-disant Manifeste) peut être résumer ainsi, à mon avis: plus la technologie est présente dans la société, moins il y a l’accomplissement de l’individu et moins il y a de liberté. Je suis d’accord avec cela.

Désolé de poser cette question, qui est anti-intellectuel, mais nous le devons: en tant que défenseur de primitivisme, vous vivez dans un monde plein de technologie. N’est-ce pas une contradiction? Ou de manière plus intéressante: comment se peut-il qu’une pensée complexe doit exister pour que nous puissions revenir à un passé simple, pour ainsi dire?

C’est certainement une contradiction que d’être anti-technologie et de pourtant utiliser la technologie. Mais surtout on ne nous a pas donné le choix. Je pourrais refuser de voler en avion ou de faire une émission de radio ou de communiquer par courrier électronique des personnes – et donc me retirer de la possibilité de faire une contribution au dialogue. Je n’ai pas choisi ce monde et j’espère voir sa dissolution, mais ce serait idéologique et contre-productif que de rester séparé de lui – comme si on pouvait actuellement.

Est-ce une pensée complexe, l’idée d’un retour? Ce qui me frappe, c’est sa simplicité : nous avons besoin de nous débarrasser de tout cela. Pas si complexe, hein? Difficile à faire, mais pas à penser.

Comment comprenez-vous l’idéologie du survivalisme? Pensez-vous que cela fait partie d’une tendance positive, ou au contraire cela démontre-t-il une non compréhension de la situation?

Le survivalisme en Amérique du Nord a une orientation de droite, tournée vers la propriété privée, quelque chose comme cela. Kaczinski est PEUT-ÊTRE un peu trop près de cela, bien qu’il se soit appelé lui-même un anarchiste.

Nous avons besoin de nous requalifier nous-mêmes, dans un contexte de déqualification massive, de manière à devenir autonome et de quitter notre état domestiqué. Mais je n’utiliserais pas le mot survivalisme.

Je veux un monde de communauté visage contre visage, dans lequel nous pouvons être responsable et rendre des comptes à nous-mêmes et la vie. Un monde radicalement décentralisé, quelque chose qui ressemble à la société en bande, dans laquelle nous avons vécu pendant deux millions d’années.

L’anti-nucléaire en France, un primitivisme sans la Nature ?

De manière fort dommage, il n’y a pas encore de communiqué au sujet du camp de Valognes et de l’opposition au CASTOR. Un seul communiqué a circulé, en date du 23 novembre 2011.

Le voici donc, mais nous voulons préciser ici un point important.

La lutte anti-nucléaire est en train de faire un peu la même chose qu’en 1977 : beaucoup de gens contestataires, ne sachant pas dans quelle direction aller, prennent grosso modo le train en marche. C’est cela qui fait que la lutte anti-nucléaire a pris une certaine ampleur ces derniers mois, suite à Fukushima.

Il y a eu la volonté de faire « comme en Allemagne », mais sans jamais voir dans quelle mesure le mouvement anti-nucléaire de ce pays est lié à tout un fond écologiste diffus dans la société.

Ainsi, il n’y a pas vraiment de saut écologiste, et ce communiqué en est un témoignage expressif . Autant la lutte anti-nucléaire est bonne, autant elle doit faire partie d’un ensemble : l’écologie.

Or, à la place de cela, on a une lutte contre la « nucléocratie » et la « méga-machine », c’est-à-dire du primitivisme… sans même la volonté que disparaisse la société industrielle au profit d’une planète naturelle.

On assiste à la naissance d’un primitivisme français, c’est-à-dire un primitivisme sans la Nature !

Cela témoigne de l’idéologie dominante qui domine la Nature, et que les contestataires anti-nucléaires ne remettent nullement en cause.

Il est ainsi très symbolique que le communiqué dise par exemple : « nous revendiquons l’arrêt immédiat du nucléaire et du monde qu’il engendre. » Nous ne comprenons rien à cette phrase : pour nous c’est un système en place qui fait le nucléaire, et pas l’inverse.

Un système qui assassine Gaïa. Mais Gaïa et la Nature n’intéressent pas les contestataires contre la « méga-machine. »

S’il faut donc bien entendu discuter de nombreuses choses dans le cadre de la lutte, il n’y a, pour ce que nous en avons vu, pas vraiment d’illusions à se faire pour que la lutte anti-nucléaire soit un premier pas dans la construction de l’écologie radicale.

Communiqué du collectif Arrêt d’urgence nucléaire

Aujourd’hui, mercredi 23 novembre 2011 en début de soirée, des trains ont été stoppés dans la région de Rouen par des signaux d’arrêt d’urgence disposés sur les rails. Dans un climat de violentes répressions policières(1), nous avons ainsi contribué à ralentir le 15e train Castor de transport de déchets nucléaires à destination de Gorleben (Allemagne).
Chaque jour, par route ou par rail, des conteneurs irradiants circulent entre les diverses installations nucléaires qui mitent les territoires.
Les déchets sont le symbole de l’incapacité à gérer durablement et véritablement les conséquences du grand délire nucléaire. Leurs transports sont leur manière de faire diversion. Déplacer pour créer l’illusion de savoir qu’en faire, « retraiter » pour « recycler » en partie à des fins militaires, enfouir pour camoufler, et surtout, brasser du vent face à l’impossibilité de gérer l’ingérable.

Nous ne pouvions pas rester assis et nous taire face à ce train-train qu’on nous impose à coups de matraques et de menaces répressives.

En ralentissant le train Castor, nous espérons que chaque minute perdue soit autant de temps pris pour lever le voile sur ce que l’industrie nucléaire désire à tout prix cacher: ses déchets, le danger qu’elle nous fait subir tous les jours par ses centrales, son essence profondément centralisée et totalitaire… Nous voulons faire parler de l’horreur quotidienne que constitue le système nucléaire. Nous voulons faire taire la propagande de la nucléocratie qui nie sans cesse le danger de leur méga-machine, de Tchernobyl à Fukushima, des mines d’uranium du Niger jusqu’à l’usine de production de plutonium de la Hague. Nous voulons faire de ce trafic mais aussi des suivants, un enfer pour tous ceux et toutes celles qui collaborent à ce monde mortifère. Nous seront toujours là, que ces trains exportent la mort à Gorleben ou ailleurs.

Nous ne sommes pas les seuls aujourd’hui à agir, et demain nous seront plus nombreu-ses-x encore. Ne nous y trompons pas, nous ne revendiquons pas l’arrêt des transports de déchets nuclaires, nous revendiquons l’arrêt immédiat du nucléaire et du monde qu’il engendre.

Arrêt d’urgence nucléaire

arretdurgencenucleaire arobase riseup point net

(1) Hélicoptères, gaz lacrimogène, grenades assourdisantes, flash-ball, matraques…

Lettres depuis la prison de Silvia, Bill, Costa et Marco

Il y a quelques jours nous parlions du procès en Suisse contre des activistes. Une brochure en ligne est disponible, rassemblant des textes de luttes et leur vision du monde (attention la brochure est en version impression, donc les pages ne sont pas dans l’ordre linéaire).

Une vision du monde au croisement de l’anarchisme, du primitivisme, de l’insurrectionnalisme le plus ouvert (jusqu’aux communistes), parfois de la libération animale… Il n’est pas difficile de voir la dimension sentimentale et l’aspect parfois très pessimiste ou négatif.

 

Voici le texte de présentation de la brochure:

Nous avons ressenti la nécessité de nous lancer dans ce travail de traduction car dans la réalité suisse au delà des murs des prisons, de la censure de l’appareil répressif, nous sommes confronté-e-s à des fortes barrières linguistiques.

Le système carcéral et le monde qui en a besoin veut faire taire les contestataires, nous voulions faire circuler ces lettres pour que Silvia, Billy, Costa et Marco ne soient pas réduit-e-s au silence, que nous partagions qu’une partie ou l’ensemble de leurs idées. Plus que leurs actes, ce sont leurs idées qui font peur à l’État, leur/notre seule présence est considérée comme criminelle ou dangereuse et nous ne voulons pas entrer dans le jeu de la répression.

Face à l’ enfermement, la correspondance est un des moyens les plus importants pour rester actifve-s, pour continuer à participer aux luttes en développant un lien entre dedans et dehors. La solidarité est notre arme !

Février-mars 2011.

 

Les attentats d’Oslo et UNABOMBER

L’auteur du double attentat à Oslo a publié un très long manifeste de 1500 pages, et chose intéressante, on peut constater qu’il avait repris des passages du manifeste d’UNABOMBER.

Nous avons déjà parlé d’UNABOMBER, un mathématicien brillant ayant adopté le point de vue primitiviste, s’étant installé dans une cabane au milieu de la nature et ayant envoyé des lettres piégées pour contrer le développement de la « technologie. »

Si l’auteur de l’attentat d’Oslo n’est pas primitiviste, il partage les points de vue les plus arriérés d’UNABOMBER (mais aussi finalement du primitivisme, en raison de son pessimisme anti-humaniste). Au point qu’il a repris des passages entiers.

Voici ce qu’on lit dans le manifeste d’UNABOMBER :

Une des manifestations les plus répandues de la folie de notre monde est le gauchisme, et donc une discussion sur la psychologie du gauchisme peut servir d’introduction à la discussion sur les problèmes de la société moderne en général.

L’auteur du double attentat à Oslo, Anders Behring Breivik, dit cela dans son manifeste :

Une des manifestations les plus répandues de la folie de notre monde est le multiculturalisme, et donc une discussion sur la psychologie des multiculturalistes peut servir d’introduction à la discussion sur les problèmes de l’Europe de l’Ouest en général.

Le passage qui suit est très similaire aussi. Voici ce qu’on lit dans le manifeste d’UNABOMBER :

7.Mais qu’est-ce que le gauchisme ? Durant la première partie du 20ème siècle, le gauchisme sest pratiquement identifié avec le socialisme. Aujourd’hui, le mouvement est divisé et ce n’est pas clair de savoir qui peut être appelé un gauchiste.

Lorsque nous parlons de gauchistes dans cet article, nous avons à l’esprit principalement les socialistes, les collectivistes, les catégories « politiquement correct », les féministes, les activistes gay et en faveur des handicapés, les activistes pour les droits des animaux et assimilés. Mais pas tout le monde qui est associé à l’un de ces mouvements est un gauchiste.

Ce à quoi nous essayons d’arriver en discutant du gauchisme, ce n’est pas tant un mouvement ou une idéologie qu’une catégorie psychologique, ou plutôt une collection de catégories reliées. Ainsi, ce que nous appelons « gauchisme » émergera plus clairement dans notre discussion sur la psychologie gauchiste.

L’auteur du double attentat à Oslo, Anders Behring Breivik, dit cela dans son manifeste :

Mais qu’est-ce que le multiculturalisme ou le Communisme Culturel ? Le mouvement est divisé et ce n’est pas clair de savoir qui peut être appelé un marxiste culturel.

Lorsque nous parlons de marxistes culturels dans cet article, nous avons à l’esprit principalement les individus qui soutiennent le multiculturalisme : les socialistes, les collectivistes, les catégories « politiquement correct », les activistes les féministes, gay et en faveur des handicapés, les activistes pour les droits des animaux, les environnementalistes, etc.

Mais pas tout le monde qui est associé à l’un de ces mouvements soutient le multiculturalisme. Ce à quoi nous essayons d’arriver en discutant des Marxistes culturels, ce n’est pas tant un mouvement ou une idéologie qu’une catégorie psychologique, ou plutôt une collection de catégories reliées.

Pas difficile de voir que le fond est le même, et que le norvégien en question a directement repris le manifeste d’UNABOMBER. Le norvégien d’extrême-droite ajoute « environnementaliste », ce que UNABOMBER, de son vrai nom Ted Kaczynski (UNABOMBER étant le nom donné par la police et la presse), ne fait pas.

Mais le norvégien a toutes les raisons de le faire, car c’est la même mentalité de facho, de culte du plus fort, etc.

Voici ce qu’écrit encore Kaczynski dans son manifeste :

Les deux tendances psychologiques qui sont à la base du gauchisme moderne, nous l’appelons les « sentiments d’infériorité » et la « sursocialisation. »

Le norvégien écrit lui dans son manifeste :

Les deux tendances psychologiques qui sont à la base des Marxistes culturels, nous l’appelons les « sentiments d’infériorité » et la « sursocialisation. »

C’est du Nietzsche en version moderne, du « survivalisme », une mentalité qu’on retrouve d’ailleurs beaucoup dans le mouvement pour les animaux en France, dégoulinant de pessimisme et de mépris pour la population.

Justement voici encore deux citations en chassé croisé que pourraient parfaitement assumer ceux qui refusent la libération animale au profit d’une politique semi-réformiste semi-raciste.

Kaczynski dit dans son manifeste :

« Il est très connu que l’hostilité est une composante du comportement gauchiste, tout comme la quête du pouvoir. Qui plus est, une large part du comportement gauchiste n’est pas calculé rationnellement pour le bénéfice des gens que les gauchistes prétendent aider.

Par exemple, si quelqu’un croit que la discrimination positive est bonne pour les personnes noires, est-ce que cela a un sens d’exiger la discrimination positive dans des termes hostiles ou dogmatiques ? »

Le norvégien écrit lui dans son manifeste :

« Il est très connu que l’hostilité est une composante du comportement Marxiste culturel, tout comme la quête du pouvoir. Qui plus est, une large part du comportement Marxiste culturel n’est pas calculé rationnellement pour le bénéfice des gens qu’ils prétendent aider.

Par exemple, si quelqu’un croit que la discrimination positive est bonne pour les Musulmans, est-ce que cela a un sens d’exiger la discrimination positive dans des termes hostiles ou dogmatiques ? »

Critiquer, cela serait « être hostile », avoir des définitions fermes, ce serait être « dogmatique. » Ajouté à l’obsession raciste, pas difficile de voir qui défend en France des positions très proches dans le mouvement pour les animaux !

Procès en Suisse de Costantino Ragusa, Silvia Guerini, Luca Bernasconi

Demain commence un procès express en Suisse, qui ne durera qu’un jour même peut-être, celui de personnes arrêtées il y a un peu plus d’un an, pour une tentative d’action illégale contre IBM.

Voici l’information que nous avions alors publié (en mai 2010) :

En Suisse, trois personnes ont été arrêté en possession d’une importante quantité d’explosifs et sont accusées d’avoir eu comme objectif un site de nanotechnologies d’IBM en construction à quelques kilomètres de là.

Ce site en construction, d’une valeur de 63 millions d’euros, est situé à Rueschlikon et ouvrira normalement l’année prochaine, il sera alors le plus important centre européen de nanotechnologies et de recherche biologique.

Les personnes arrêtées sont Costantino Ragusa et Silvia Guerini, d’origine italienne, et le suisse Luca Bernasconi. Elles sont véganes et connues pour leur éco-activisme; les médias les présentent comme faisant partie d’une organisation nommée « Il Silvestre. »

Leurs conditions d’emprisonnement ont immédiatement été très dures : isolement carcéral dans différentes prisons, et limitations du courrier à l’envoi et à la réception de trois lettres seulement parr semaine (par la suite cela est passé à deux lettres, de deux pages maximum).

Il y a également eu un moment une grève de la faim des personnes emprisonnées.

Les contacts directs avec les avocats ont également été rendus extrêmement difficiles, officiellement « pour des raisons d’organisations. » Les personnes accusées ne rencontreront leur avocat qu’aujourd’hui, à partir de 14 heures, alors que le procès commence demain matin…

Le procès aura lieu dans une petite salle et la défense n’a pas le droit d’être accompagnée, on l’a compris évidemment afin de passer sous silence ce qui se passe.

Il y a ainsi une large mobilisation en Suisse afin de les soutenir lors de leur jour de procès (le 20 juillet étant férié pour le tribunal), qui se tiendra dans la petite ville de Bellinzone.

Un site de solidarité existe (en italien, il s’agit de la Suisse italophone) :  http://silviabillycostaliberi.tk, des réunions d’informations sont prévues (au sujet de la lutte anti-nucléaire, des nano-technologies ainsi que la solidarité révolutionnaire), ainsi que des tentatives d’être présents au procès.

Il est bien entendu parlé en Suisse d’éco-terrorisme en raison de cette affaire, car la mobilisation en faveur de ces personnes emprisonnées est générale dans ce qu’on peut appeler les mouvances « primitiviste » et « anarcho-insurrectionnaliste. »

Ainsi, les prisonniers en Grèce de la Conspiration des Cellules de Feu ont émis un message de solidarité, alors que différents communiqués d’actions illégales dans le monde font de même (Londres, Madridcomme par exemple l’action de l’ARM en France qui saluait précisément ces personnes).

Voici justement un document d’une des personnes concernées, Siliva Guerini, qui exprime son point de vue, qui combine libération animale, libération de la Terre et primitivisme.

 

Message pour la rencontre de libération animale et de la terre de septembre 2010

Malheureusement je ne peux pas être présente à ces trois journées très importantes de la première rencontre de libération animale et de la Terre, mais avec ma pensée et mon cœur je suis là avec vous.
Je vous envoie ce message et je vous pense avec amour.

Nous sommes continuellement bombardéEs par une multitude de substances toxiques rejetées dans l’air, dans le terrain, dans les fleuves, dans les mers; submergéEs par des nocivités industrielles et technologiques. Biotechnologies et nanotechnologie sont en train de pénétrer dans l’entier tissu de cette société.

IntoxiquéEs, considéréEs des cobayes et des pièces de rechange, violéEs dans la profondeur des nos corps… entre l’aliénation d’un monde de circuits électroniques…

Tous les jours, dans tous les moments, une partie de la forêt amazonienne est détruite définitivement.

Espèces animales et végétales dont on ne connaît pas l’existence sont en train de s’éteindre, pour les fragiles et complexes liens et équilibres du monde naturel ensemble à ces-ci aussi des autres espèces sont destinées à s’éteindre.

Le poids de la destruction d’écosystèmes et de leur biodiversité, de la continuelle déprédation de leurs « ressources » pour le besoin énergétique du système industriel et des bouleversements climatiques est un poids ayant des conséquences si terribles et irréversibles pour la planète toute entière et pour tous les êtres vivants qu’il ne peut plus être considéré une question secondaire.

Ainsi que l’importance des luttes écologistes radicales pour contraster ce système qui se base sur l’avancée du progrès scientifique et technologique.

Les mêmes multinationales qui ont chez nous leurs sièges et centres de recherche et étendent leur pouvoir et leurs projets dans la manière la plus sournoise, dans le sud du monde elles manifestent leur visage de mort.

Pour les agriculteurs dépravés de leurs savoirs et obligés par les multinationales biotech comme Monsanto à planter des semences OGM stériles, pour les dernières tribu restées dans les forêts qui sont en train de disparaître pour laisser espace à des monocultures de soja et pour extraire biocarburants, pour eux il s’agit d’une question du survivance.

Ne pas réagir signifie mourir. Prêts aux armes ils résistent à l’avancée des multinationales et de la civilisation.

Leur résistance est aussi la notre, partie de la même lutte. Les luttes de libération animale et de la Terre font partie du même parcours, elles ne peuvent pas être scindées et considérées séparément.

Tous les êtres vivants sont liés au même fil d’exploitation. C’est le même système, le même paradigme anthropocentrique qui réifie tout être vivant en le réduisant à un pure numéro, à marchandise, à viande de boucherie, à ressource à utiliser, à agrégation d’organes à sectionner, à ensemble de cellules, de gènes et d’atomes à modeler et modifier…

Les nombreux plans d’exploitation et oppression du système sont comme plusieurs dimensions qui se pénètrent et se fusionnent l’une dans l’autre, en formant un filet à mailles serrées de liens et de relations. Éloigner une question spécifique de ce filet signifie perdre le contacte avec la réalité qui nous entoure et ne plus savoir comprendre les évolutions de la domination.

Il faut se demander à quoi on s’oppose, si à la domination dans toutes ses manifestations, quand on conduit des projets spécifiques il faut reconnaître la nécessité de l’union des luttes de libération.

Sans jamais perdre cette tension qui nous amène à être en conflit avec la société toute entière, qui nous empêche de nous contenter, qui nous empêche de nous cacher derrière des mots mais qui les fait devenir pratiques.

« Protester est dire que quelque chose ne nous plaît pas, s’opposer est faire ainsi que ce qui ne nous plaît pas ne va jamais plus arriver. » (Ulrike Meinhof, militant de la RAF).

Nous opposer c’est concrétiser l’ennemi en le rendant bien claire et visible devant nous, c’est concrétiser notre entendre et notre pensée.

Seulement en liant dans un seul front les luttes de libération animale et écologistes radicales nous sauront faire face à la complexité et à la profondeur de la domination, avec une lutte qui va au-delà de la surface pour dégonder à l’origine et dans la totalité toute forme d’exploitation.

Nous pourrons dire que la rue que nous avons entrepris est facile, que nous ne tromperons jamais et que nous réussirons à obtenir beaucoup de victoires.

Nous approcherions plusieurs militants, mais ainsi, sans être prêt-e-s à affronter les premières difficultés, quand elles se présenteront l’entier mouvement pourra couler. Pour l’éviter nous devons être conscients qu’en réalité la rue est longue et tortueuse, pleine d’entraves qui parfois nous semblent insurmontables.

Nous allons faire des fautes, nous allons subir des défaites, certain-e-s vont quitter la lutte et nous devrons s’affronter avec la répression… mais malgré tout cela, malgré le contexte autour de nous nous semble toujours plus désolant et qu’il soit toujours plus difficile de transmettre nos messages dans leur complexité et radicalité, si nous ne sommes pas nous, si ce n’est pas toi à décider de combattre, qui le fera? Si nous ne commençons pas maintenant à lutter, quand? Si nous attendrons, si tu attendras, il sera trop tard…

Face à ce scénario qui nous entoure si nous sommes assailli-e-s par l’impuissance et par le désespoir, nous ne devons par céder à ces sensations, mais les renverser dans la conscience et dans la force. Cette question tourne en tourbillonnant dans la tête: « Qu’est-ce qu’on peut faire? Qu’est-ce que on pourrait jamais réaliser contre tout cela? »

Pour répondre ça suffit simplement de commencer à renverser la route tracée par le système, en arrêtant le cours des événements que les puissants nous veulent faire croire comme inéluctable.

Tou-te-s sont indispensables, aussi seulement un individu peut faire la différence, il peut ouvrir une cage, et un prix trop élevé à payer n’existera jamais pour avoir sauver une vie… Plusieurs individus peuvent devenir un bâton entre les rouages de ce système et ils peuvent l’attaquer dans ses centres vitales.

Si toutes les personnes qui pour la première fois sont à cette rencontre, quand elle sera terminé, s’engageront concrètement et avec continuité, des nouvelles campagnes de lutte pourront naître et des projets déjà existants se renforceront et accroitront.

Ensemble nous pourront développer un mouvement de libération animale et de la Terre fort dans sa radicalité, composé par plusieurs âmes et plusieurs projets spécifiques, mais les tous unis par le même amour, par la même haine, par la même rage, par la même passion et par la même ardente nécessité dans le cœur de combattre contre qui exploite et tue tous les êtres vivants et la Terre, en conflit avec l’entier existant.

Sans peur de se tromper car par les fautes nous apprendrons et nous nous enlèverons plus conscients et forts. Sans peur de la répression car il n’y a pas des cages plus terribles de celles qui enferment million d’animaux.

Car face à une planète mourante il faut apprendre le courage de risquer notre liberté, car les cages les plus grandes ce sont celles que nous nous construisons autour de notre cœur et de notre esprit, faites d’indifférence et de justification pour ne pas agir…

Sous la peau, ce frisson qui nous fait vivre notre vie jusqu’au dernier soupir, qui nous coupe le souffle, avec le cœur battant et les poings toujours fermés. Avec la certitude de combattre avec tous nos efforts jusqu’au fond… Nous élevons les yeux dans la lumière des étoiles et nous conquérons le ciel…

A tous les esprits libres et sauvages qui le restent même si enfermés derrières les barreaux d’une prison ou d’une cage.

Liberté pour Costantino Ragusa, Luca Bernasconi, Marco Camenisch et toutes les prisonnières et tous les prisonniers révolutionnaires.

Silvia Guerini, prison de Bienne-Suisse, juillet 2010.

Le rond et le carré (Lame Deer)

La tentative de faire des cigarettes bios en prétextant une dimension « naturelle » et en faisant référence aux amérindiens, dont nous parlons hier, mérite vraiment qu’on s’y attarde parce qu’il s’agit vraiment d’un détournement… Et nombreux sont les détournements dès qu’on parle de la nature.

Il est ainsi un sacré comble que la société qui produit ces cigarettes mette un amérindien sur les paquets, et soutient financièrement notamment les tentatives de monter des entreprises dans la communauté amérindienne ! Comme si le business était une question les intéressant !

Voici donc ce que dit Tȟáȟča Hušté, un Lakota, connu également sous le nom de Lame Deer (« cerf boiteux » en français). Il est une figure de la culture amérindienne de la seconde moitié du 20ème siècle, de par son mouvement contre l’aliénation et pour la réappropriation de leur propre culture par les personnes amérindiennes. On peut trouver en français des textes de lui, chez différents éditeurs.

Lame Deer vient d’une réserve du Dakota du Sud. Les personnes qui apprécient la culture amérindienne et ses combats connaissent peut-être déjà cette réserve notamment avec le film très bien et très militant qu’est « Cœur de tonnerre » (Thunderheart) de Michael Apted (nous en reparlerons), de 1991.

Le site Vivre dans une réserve indienne propose un compte-rendu de la situation dans deux réserves, dont une justement dans le Dakota du Sud; un ouvrage, rêveurs de tonnerre, est justement consacré aux Sioux Lakotas du sud du Dakota.

Naturellement, malgré la beauté et la force des propos reproduits plus bas, il y a une dimension mystique qui ne fait pas avancer les choses. Ce sont les limites de la critique à la destruction de la planète lorsqu’elle se fonde sur la « spiritualité. »

Il y a ici un « trip » qui n’est pas le nôtre, parce qu’il n’est pas conforme à la réalité, gommant d’ailleurs la vie des animaux pour prôner le « primitivisme » et la fuite dans la quête des esprits. Le fils de Lame Deer, John Fire Lame Deer, était d’ailleurs il y a seulement quelques jours dans les Cévennes (il existe toute une « scène » mystique).

L’expérience amérindienne est très intéressante dans son rapport avec Gaïa, mais aujourd’hui nous pouvons avoir un rapport bien plus développé que celle faite dans le passé. Encore faut-il pour cela que l’humanité assume cette vision du monde, et cela passe par la valorisation des « ronds » et non des « carrés » !

« Mais je suis indien. J’observe les choses simples, comme cette marmite. Cette eau qui bout vient des nuages de pluie. Elle symbolise le ciel.

Le feu du soleil nous réchauffe tous, humains, animaux, arbres.

La viande représente les créatures à quatre pattes, nos frères animaux qui se sont offerts pour que nous puissions vivre.

La vapeur est le souffle de vie. C’était de l’eau, et maintenant elle s’élève vers le ciel pour devenir à nouveau nuage… Ces choses sont sacrées. En regardant cette marmite pleine de bonne soupe, je n’oublie pas que Wakan Tanka prend simplement soin de moi.

Nous les Sioux, nous passons beaucoup de temps à méditer sur ces réalités ordinaires qui, dans notre esprit, se mêlent au spirituel. Nous percevons dans le monde alentour bien des symboles qui nous enseignent le sens de la vie.

Un de nos dictons dit que l’homme blanc voit si peu qu’il ne doit regarder que d’un seul oeil ! Nous sommes sensibles à des choses que vous ne remarquez pas. Vous pourriez, si vous le vouliez, mais en général vous êtes trop occupés pour cela… (…)

Cela me fait toujours marrer quand j’entends des jeunes Blancs traiter certaines personnes de « carrées », ou « rigides », en parlant des Anciens figés dans leurs positions. Ce n’est pas une question d’âge, on peut déjà avoir l’esprit et le coeur racornis à dix-huit ans.

Un Indien aurait très bien pu inventer ce qualificatif de « carré » ! Mais, selon notre façon de penser, ce qui symbolise l’Indien, c’est le cercle.

La nature veut la rondeur. Les corps des êtres humains et des animaux n’ont pas d’angles. Pour nous, le cercle représente le peuple uni, parents et amis assemblés en paix autour du feu, tandis que la pipe passe de main en main.

Le campement, dans lequel chaque tipi avait sa place, était aussi un cercle. Le tipi était un cercle dans lequel les gens s’asseyaient en rond, et toutes les familles du camp formaient ainsi des cercles à l’intérieur d’un cercle plus large, lui-même partie du grand cercle formé par les sept feux de camp de la nation sioux.

La Nation n’était qu’une fraction de l’Univers, qui est de nature circulaire et composé de la Terre qui est ronde, du Soleil qui est rond, des étoiles qui sont rondes aussi. La Lune, l’horizon, l’arc-en-ciel, des cercles dans des cercles dans des cercles, sans commencement ni fin…

C’est pour nous à la fois beau et juste, symbolique et réel, exprimant l’harmonie de la nature, de la vie.

Notre cercle est éternel et s’étend à l’infini ; c’est la vie nouvelle émergeant de la mort, c’est la victoire de la vie sur la mort.

Ce qui symbolise l’homme blanc, c’est le carré.

Sa maison est carrée, comme le sont aussi ses bureaux dans des immeubles aux multiples cloisons, séparant les gens les uns des autres.

La porte qui tient les étrangers dehors est carrée, comme le dollar, et la prison.

Carrés sont ses gadgets : des boîtes, des boîtes dans des boîtes et encore des boîtes, téléviseurs, radios, machines à laver, ordinateurs, automobiles… Tout cela est bourré d’angles et d’arêtes tranchantes.

De même le temps de l’homme blanc est plein d’aspérités, avec des rendez-vous, des pendules et des heures de pointage. Voilà ce que signifie l’angle pour moi. On devient prisonnier de toutes ces boîtes !

De plus en plus de jeunes Blancs refusent de devenir rigides et carrés et ils bougent pour s’arrondir un peu, ils rejoignent notre cercle. C’est une bonne chose! »

Semaine contre la civilisation à Montréal

Du 5 au 12 mai 2011 aura lieu une « semaine contre la civilisation avec des réunions d’information et de débats. Voici la présentation de cette initiative:

Il faut abattre le capitalisme. Plusieurs autour de nous, de bien des manières, reconnaissent cet impératif. Nous éprouvons pourtant la nécessité de porter l’attaque au-delà de cette perspective restreinte.

Les générations futures se foutront bien de savoir si nous avons recyclé, si nous avons fait pression sur les dirigeants, si nous avons envisagé des alternatives devant le désastre : du plus plat des réformismes, celui qui nous suggère de consommer responsable-équitable-bio au réformisme plus agressif qui nous enjoint à l’action directe non-violente pour orienter cette civilisation. Ce dont illes auront cure, ce sera de pouvoir boire l’eau, respirer l’air, être nourri-e-s par la terre, offrir un monde habitable à celleux qui les suivront.

La dévastation ne peut plus s’étendre: elle est partout. Mais elle peut encore s’approfondir. C’est pourquoi celles/ceux qui ne veulent pas comprendre, qui s’obstinent à dialoguer avec le pouvoir -même en luttant, qui demandent plus de démocratie, qui ne souhaitent qu’une autre façon de gérer cette civilisation n’obtiendront de nous aucune explication.

Nous nous réunirons autour de ce constat : il faut détruire la civilisation avant qu’elle ne nous détruise. Mais comment ?

Nous ne sommes pas d’accord avec le primitivisme, qui est d’ailleurs de plus en plus anti-végan, se séparant en pratique du principe la « libération de la Terre » qui pour le coup est assumé en Amérique (du nord et du sud) d’une manière de plus en plus associée à la libération animale.

Cette « semaine contre la civilisation » est d’ailleurs organisée par « La mauvaise herbe » , une initiative primitiviste qui n’hésite pas à mettre en avant l’horrible livre « Le mythe végétarien; bouffe, justice et durabilité. »

Cet ouvrage est la bible anti-végan des primitivistes – nous en reparlerons très bientôt. Mais pour résumer, la libération animale est attaquée comme un produit du monde moderne et comme étant liée à l’agriculture qui serait la véritable première cause de la destruction des animaux. Le seul modèle vraiment écologiste serait le retour à une humanité peu nombreuse, pratiquant la chasse et la cueillette.

En tout cas, les questions posées par les primitivistes sont importantes, même si leurs réponses sont purement indiviualistes et consistent en une négation pure et simple de la société.

Voici d’abord le programme de la « semaine contre la civilisation », et un article (tiré de Vert et Noir) reflétant un aspect important de l’inquiétude écologiste face aux destructions en cours.

Jeudi 5 mai 2011, 17h

Le mouvement écologiste peut-il réellement contribuer à une transformation radicale de la société? :

Critique des mouvements écolos dominants d’une perspective anti-civilisationnelle

Conférencier : La Mauvaise Herbe, Lieu : Bar Populaire, 6584 St-Laurent, métro Beaubien

Langue : Français, traduction chuchotée vers l’anglais.

Vendredi 6 mai 2011, 19h

Première montréalaise du documentaire End:Civ, de Franklin Lopez, Suivi d’une discussion avec le réalisateur.

Lieu : L’Alizée, 900 Ontario Est, Langue : Anglais, sous-titré en français, traduction disponible pour la discussion.

Samedi le 7 mai 2011, 19h

Une critique de la science, Conférencier: Denis Rancourt (physicien et anarchiste)

Lieu: 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX, Langue : Français, traduction chuchotée vers l’anglais.

Autres détails : Activist Teacher, le site de Denis Rancourt

Lundi le 9 mai 2011, 19h

Luttes autochtones contre la civilisation occidentale

Conférencier: Clifton Arihwakehte Nicholas, Lieu : 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX

Langue : Anglais, traduction chuchotée vers le français. Autres détails : Garderie disponible

Mardi le 10 mai 2011, 19h

Histoire de l’action directe au Canada, Conférenciere : Ann Hansen, auteure du livre Direct Action, par webcam

Lieu : 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX, Langue : Anglais, traduction chuchotée vers le français.

Autres détails : Garderie disponible

Jeudi le 12 mai 2011, 18h

Au-delà de la civilisation :

Agir pour démanteler la civilisation, Conférencier : atelier collectif

Lieu : 1800 Létourneux, coin La Fontaine, métro Pie-IX

Langue : Français, bilingue, traduction disponible. Autres détails : Bouffe collective et garderie disponible.

Voici donc un article intéressant, présentant bien une question qu’on se pose forcément…

Que faut-il de plus ?

Quelqu’un m’a posé la question: « La destruction en cours de la planète n’est manifestement pas suffisante pour nous pousser à bout. Que faut-il de plus pour que les masses s’unifient derrière une solution efficace ? »

Je me demande sans cesse ce qu’il faut. Jusqu’où devra aller le massacre de la planète ? Devrons-nous souffrir de la faim et suffoquer pour briser le déni ? Nous sommes presque à ce point et le déni est toujours généralisé.

Une partie du problème est que la plupart des gens de notre culture n’ont aucune idée de la façon de vivre en dehors de la production industrielle, sans eau au robinet, sans la nourriture du supermarché. Si le système est la seule source de biens de première nécessité et si les gens ne connaissent aucune autre façon de vivre, alors il continueront de le défendre.

C’est comme le marché de l’emploi. Dans le contexte de cette société, la plupart d’entre nous ne peuvent vivre sans un travail bien qu’il soit l’arène dans laquelle nous sommes exploités. Alors tant que nous n’avons pas compris que ce système doit être abandonné et tant que nous ne pouvons vivre autrement, nous ne pouvons que lui demander de fournir plus de travail.

J’ai vu à la TV quelqu’un montrer des légumes communs (aubergines, tomates, etc.) à des écoliers et aucuns d’eux ne pouvait les identifier. La plupart des adultes des dernières générations ont perdu la capacité de produire de la nourriture, même si nous pouvons toujours l’identifier. Et encore plus grave, la plupart des gens n’ont pas accès à la terre.

Beaucoup de gens disent qu’il faut vivre en communauté, faire de la permaculture, des éco-villages, des jardins communautaires, et ainsi de suite pour montrer un exemple de vie soutenable. Je pense qu’il n’y a pas de mal à faire ces choses mais ce n’est pas ce qu’il faut pour vaincre le système.

Il y a eu plusieurs cultures qui vivaient de manière soutenable sur ce continent (Amérique) et ils ont été tous systématiquement annihilés. Il ne suffit pas de se retirer. Dès que le système voudra ce que vous avez ou demandera votre participation, il détruira violemment tous ceux qui ne coopèreront pas.

Qu’est-ce qu’il faudra faire ? Les mêmes choses qu’il faut pour faire une révolution et extirper toutes les formes d’exploitation et d’oppression.

Il faut dans un premier temps :

  • une large prise de conscience que ce système est en train de tuer la planète et que pour sauver toute vie, y-compris la nôtre, nous devons vaincre et démanteler le système.
  • la reconnaissance de qui est l’ennemi
  • le sentiment qu’il est plus dangereux de laisser aller les choses que de se lever et se battre
  • une vision d’un avenir viable

Ces idées se répandent et nous devons les diffuser encore plus, pour unir le plus de gens possible en un mouvement puissant pour abattre ce système. Nous devons relier la lutte pour la sauvegarde de la planète avec la lutte pour la justice sociale car l’ennemi est le même.

Contre-Grenelle, le 2 avril 2011

Le 2 avril aura lieu à Vaulx-en-Velin, au nord-est de Lyon, le « Contre-Grenelle. » Il s’agit d’une sorte de conférence organisée par les « décroissants. » On pourra trouver le programme sur le site de la conférence.

Pour expliquer de quoi ou qui il s’agit, expliquons tout de suite que le fait que la conférence ait un site internet est, en soi, un scandale pour les « décroissants. » Leur mot d’ordre – la « décroissance » – va de pair avec une remise en cause de la technologie.

La croissance c’est en effet à leurs yeux la crétinisation de masse, une société scientiste (et notamment nucléarisée), un mépris pour les pauvres, qui court à sa perte par l’épuisement des ressources comme le pétrole, etc.

Par conséquent, la décroissance est le seul horizon pour stopper la catastrophe en cours. Il faut une « société démocratique », une « société d’éducation », où le mot d’ordre c’est « moins c’est davantage. »

Le journal « La décroissance » pilonne ainsi non stop les « écotartuffes », c’est-à-dire des gens comme Nicolas Hulot et Yann Artus-Bertrand (avec un personnage fictif qui a même été inventé, comme mélange des deux : Nicolas Bertrand et sa fondation!). En clair, si vous vous dites écolos, mais que vous êtes liés au business de près ou de loin, « La décroissance » ne vous ratera pas !

Évidemment, le journal n’est jamais disponible en ligne : il faut l’acheter ! La décroissance se veut en effet un style de vie, et non pas seulement une critique. Parmi les auteurs de « La décroissance », on retrouve par exemple des gens comme Stéphane Lhomme, dont nous avions parlé car il s’était fait sortir du Réseau Sortir du Nucléaire dont il avait pourtant été un des chefs de file.

Dit comme cela, la décroissance, cela a l’air bien. En réalité, c’est très superficiel, malgré la volonté d’apparaître comme très radical. Par exemple, et c’est tout de même étrange pour des gens critiquant le « productivisme » et prônant la joie de vivre, « La décroissance » ne parle absolument jamais des animaux.

Que ces gens ne soient pas vegans alors qu’ils prétendent vouloir la joie de vivre, c’est à nos yeux totalement absurde. Mais même en étant loin des positions de la Terre d’abord !, on pourrait au moins penser qu’il y aurait une critique des élevages industriels… Eh bien même pas.

Les rares fois où il est parlé des animaux, c’est quand on parle de décroissants « élevant » des animaux pour leur consommation….

A côté de cela, même si « La décroissance » critique radicalement ceux qui détruisent l’environnement, il n’y a jamais de mise en avant de la nature. D’un côté, il y a une critique très forte des faux écolos mais vrais capitalistes. De l’autre cependant, l’utopie consiste en la décroissance pour elle-même.

Ce qui ne va pas sans fascination nostalgique pour un passé idéalisé (faisant que certaines tendances d’extrême-droite apprécient énormément), voire l’apologie des Etats-nations comme obstacle à une sorte de mondialisation dérangeant une vie censée être « simple. »

Pour le coup, c’est très simpliste, très tourné vers un passé censé avoir été bien, et cela ne va même pas aussi loin que le primitivisme, qui lui au moins considère la civilisation et la planète en général, et pas simplement la « croissance » comme phénomène récent (les 50 dernières années).

En gros, on a une critique des 50 dernières années mais même pas de l’explosion de l’exploitation animale, et même pas une critique générale de la destruction de la planète par l’être humain (aboutissant à une remise en cause de l’activité humaine – le primitivisme).

Cet oubli de la nature et des animaux rend « la décroissance » comme étant vraiment un phénomène français, oscillant entre écologie new school et finalement ce qui est un pétainisme light. « La décroissance » n’aime pas les fachos, mais les fachos les plus « branchés » adorent la décroissance : c’est bien qu’il y a une erreur quelque part.

D’ailleurs, la conférence du « contre-grenelle » s’appelle « Décroissance ou barbarie. » Il s’agit d’une allusion à la formule de Rosa Luxembourg, « Socialisme ou retombée dans la barbarie. » Mais posons ici la question : peut-on prétendre refuser la barbarie, quand on ne prend même pas les animaux en considération ?

La réponse est non, et citons ici ces très belles lignes de Rosa Luxembourg, qui à notre époque aurait bien compris l’importance de cet aspect :

Ah! ma petite Sonia, j’ai éprouvé ici une douleur aiguë.

Dans la cour où je me promène arrivent tous les jours des véhicules militaires bondés de sacs, de vielles vareuses de soldats et de chemises souvent tachées de sang…

On les décharge ici avant de les répartir dans les cellules où les prisonnières les raccommodent, puis on les recharge sur la voiture pour les livrer à l’armée.

Il y a quelques jours arriva un de ces véhicules tiré non par des chevaux, mais par des buffles.

C’était la première fois que je voyais ces animaux de près.

Leur carrure est plus puissante et plus large que celle de nos boeufs ; ils ont le crâne aplati et des cornes recourbées et basses ; ce qui fait ressembler leur tête toute noire avec deux grands yeux doux plutôt à celle des moutons de chez nous.

Il sont originaires de Roumanie et constituent un butin de guerre…

Les soldats qui conduisent l’attelage racontent qu’il a été très difficile de capturer ces animaux qui vivaient à l’état sauvage et plus difficile encore de les dresser à traîner des fardeaux.

Ces bêtes habituées à vivre en liberté, on les a terriblement maltraitées jusqu’à ce qu’elles comprennent qu’elles ont perdu la guerre : l’expression vae victis s’applique même à ces animaux… une centaine de ces bêtes se trouveraient en ce moment rien qu’à Breslau.

En plus des coups, eux qui étaient habitués aux grasses pâtures de Roumanie n’ ont pour nourriture que du fourrage de mauvaise qualité et en quantité tout à fait insuffisante.

On les fait travailler sans répit, on leur fait traîner toutes sortes de chariots et à ce régime ils ne font pas long feu.

Il y a quelques jours, donc, un de ces véhicules chargés de sacs entra dans la cour.

Le chargement était si lourd et il y avait tant de sacs empilés que les buffles n’arrivaient pas à franchir le seuil du porche.

Le soldat qui les accompagnait, un type brutal, se mit à les frapper si violemment du manche de son fouet que la gardienne de prison indignée lui demanda s’il n’avait pas pitié des bêtes.

Et nous autres, qui donc a pitié de nous? répondit-il, un sourire mauvais aux lèvres, sur quoi il se remit à taper de plus belle…

Enfin les bêtes donnèrent un coup de collier et réussirent à franchir l’obstacle, mais l’une d’elle saignait… Sonitchka, chez le buffle l’épaisseur du cuir est devenue proverbiale, et pourtant la peau avait éclaté. Pendant qu’on déchargeait la voiture, les bêtes restaient immobiles, totalement épuisées, et l’un des buffles, celui qui saignait, regardait droit devant lui avec, sur son visage sombre et ses yeux noirs et doux, un air d’enfant en pleurs.

C’était exactement l’expression d’un enfant qu’on vient de punir durement et qui ne sait pour quel motif et pourquoi, qui ne sait comment échapper à la souffrance et à cette force brutale…

J’étais devant lui, l’animal me regardait, les larmes coulaient de mes yeux, c’étaient ses larmes.

Il n’est pas possible, devant la douleur d’un frère chéri, d’être secouée de sanglots plus douloureux que je ne l’étais dans mon impuissance devant cette souffrance muette.

Qu’ils étaient loin les pâturages de Roumanie, ces pâturages verts, gras et libres, qu’ils étaient inaccessibles, perdus à jamais.

Comme là-bas tout – le soleil levant, les beaux cris des oiseaux ou l’appel mélodieux des pâtres – comme tout était différent.

Et ici cette ville étrangère, horrible, l’étable étouffante, le foin écoeurant et moisi mélangé de paille pourrie, ces hommes inconnus et terribles et les coups, le sang ruisselant de la plaie ouverte…

Oh mon pauvre buffle, mon pauvre frère bien-aimé, nous sommes là tous deux aussi impuissants, aussi hébétés l’un que l’autre, et notre peine, notre impuissance, notre nostalgie font de nous un seul être.

Pendant ce temps, les prisonniers s’affairaient autour du chariot, déchargeant de lourds ballots et les portant dans le bâtiment.

Quant au soldat, il enfonça les deux mains dans les poches de son pantalon, se mit à arpenter la cour à grandes enjambées, un sourire aux lèvres, en sifflotant une rengaine qui traîne les rues.

Et devant mes yeux je vis passer la guerre dans toute sa splendeur…

Never trust an ex-vegan !

Nous avions parlé d’un récent exemple d’une personne qui, en France, a abandonné le véganisme, pour (re)devenir omnivore (voir: Une personne qui n’aime pas les animaux ne peut pas rester végane) et nous engageons nos lecteurs et lectrices parlant l’anglais à lire les « intéressantes » interviews d’anciens vegans (voir ici, puis là, et enfin encore là, et éventuellement ici et ).

Ces interviews ont bien entendu des questions très orientées, et même les photos parlent d’elles-mêmes : sur la première la personne a l’air triste (car vegan) alors qu’après elle est joyeuse (et plus vegan!).

Enfin, ces photos montrent plutôt que ces personnes ont changé de mode de vie, et qu’elles ont décidé de devenir « adulte » et d’avoir un comportement standard. Rappelons ici que le rapport entre véganisme et straight edge ne relève pas du hasard, mais également parce que l’un des principes straight edge est de conserver un esprit « jeune » (l’esprit « youth » formant une « minor threat » une menace mineure).

Il est également nécessaire de souligner qu’il est en partie faux de penser que ces ex-vegans n’étaient pas sincèrement vegans. Cela est vrai certainement d’une partie de ces personnes. Mais oui il est tout à fait possible que ces gens aient été sincères et aient trahis, car elles se sont laissées embarquer dans un tout processus, sans même le remarquer.

Faisons ici une petite synthèse, histoire de voir quelles ont pu être les raisons d’un tel processus amenant à rejeter le véganisme. En pensant bien que lorsque le véganisme se développera en France, inévitablement il y aura des traîtres, des ex vegans qui pourfendront le véganisme, etc.

Le premier prétexte, c’est la psychologie. L’argument est simple : au début du véganisme, tout allait bien, puis après une période assez longue de véganisme, la déprime a primé, la dépression s’est installée, etc.

Ici, le véganisme se voit attribué l’origine de tous les problèmes personnels. Les questions sociales, psychologiques, se voient réduits à une question d’alimentation. Et la personne qui abandonne le véganisme, réintégrant la société dans tout ce qu’elle a d’habituel, s’imagine « renaître », très naïvement.

Naïvement, car le véganisme rentre en conflit avec les valeurs dominantes, et quand on est prêt à assumer le clash avec ces valeurs, ou même quand on ne le voit pas, alors inévitablement on prend des coups, on s’imagine isolé et forcément on prend un coup au moral, aboutissant à une capitulation. On balance alors par-dessus bord ses « rêves de jeunesse. »

Le second prétexte est d’ailleurs proche du premier : il s’agit de la question du corps. Ici, le véganisme est interprété comme un mode de vie masquant un rapport erroné au corps, un rapport perturbé, et lorsqu’on devient adulte et qu’on s’assume, alors on aurait plus besoin de masque, et donc plus besoin de véganisme.

Les valeurs religieuses, ou religieuses inversées (comme les expériences « mystiques » avec le corps dans le sado-masochisme, etc.) sont ici au centre de ce prétexte : le véganisme serait une sorte d’ascèse, de mortification. En devenant adulte, on cesserait cette mortification.

On remarquera ici très nettement que dans les deux cas, c’est l’individu qui est au centre de toutes les considérations. C’est d’ailleurs pour cela que nous ne disons pas antispécistes, comme nous l’avions expliqué au sujet de la personne qui s’était imaginée « vegan pour toujours. »

Car le véganisme n’est pas un refus – celui d’opprimer les animaux. C’est au contraire une ouverture à ces animaux. A LTD, nous aimons les animaux, nous nous intéressons à eux, à leur existence, et donc à la Nature.

Nous considérons que les végétaux ont des droits ; même s’il faut en manger, cela ne veut pas dire inversement que les végétaux n’ont pas une valeur en soi. Ce n’est nullement contradictoire de dire cela, ce sont juste les deux aspects de la question.

Si l’on prend le troisième prétexte d’ailleurs, on voit que cela est vu – mais que la mauvaise réponse est donnée. Dans ce cas de figure, les ex-vegans ont « découvert » les végétaux, et puisque les végétaux ont également une valeur en soi, alors finalement tout se vaut et on peut devenir omnivore !

Un étrange raisonnement, aboutissant dans certains cas au primitivisme, au régime alimentaire « paléolithique. » Un quatrième prétexte, allant de pair avec celui-là, est l’écologie ! Etre vegan ne serait pas écologique, ce serait du gâchis, il faut accepter toute nourriture quand on peut l’avoir, etc.

Dans les deux premiers prétextes, la Nature n’était pas prise en compte, et le véganisme était considéré comme une sorte d’ascètisme personnel. En appuyant sur la touche « égoïsme » et facilité, le véganisme considéré comme un ascètisme était donc éjectable…

Dans les deux autres prétextes, la Nature a été découverte, mais l’aspect personnel jeté : au lieu de comprendre qu’il s’agissait d’agir correctement au sein de Gaïa, tout est relativisé, et donc après tout les « principes » du véganisme sont abstraits !

Ces deux orientations générales de prétexte ont une chose en commun : à chaque fois, il est prétendu que le « corps » parlait et exigeait la viande. Les vegans ne deviennent en effet que très rarement végétariens.

La viande serait énergétique, le véganisme déboucherait sur l’anémie, etc. etc. En réalité, c’est bien évidemment l’idéologie dominante qui parle et la mauvaise foi dit : le corps parle. En réalité, les esprits se sont fait rattraper par la pression générale.

Voilà pourquoi il faut être conscient de ce qu’est l’idéologie dominante. Par exemple, si l’on est vegan et que l’on aime les jardins à la française, il y a une contradiction explosive, car les jardins à la française sont l’expression avancée de la domination, de l’asservissement de la Nature.

De la même manière, si l’on est vegan et que l’on est raciste ou « ethno-différentialiste », alors on nie le caractère uni de l’humanité, on fait des divisions et donc on relativise le véganisme comme valeur pour toute l’humanité, et donc on relativise le véganisme pour soi même…

Voilà pourquoi, on peut dire qu’est indéniablement vegan notre slogan : la planète doit redevenir bleue et verte!

Communiqué de l’ALF Chili

Voici la version française d’un communiqué de l’ALF du Chili, que nous publions car il est assez représentatif des idées de l’important mouvement dans ce pays, qui associe donc évidemment libération animale et de libération de la Terre comme c’est désormais la règle, mais également primitivisme et anarchisme (de type insurrectionaliste).

La version originale en espagnol est disponible ici (avec également une traduction en anglais). On notera également et par contre qu’au niveau de la syntaxe, comme sur LTD, tout au long du texte chilien le masculin ne l’emporte jamais sur le féminin.

Pour ajouter une remarque tout de même, on pourra aisément voir que, si La Terre d’abord met l’accent sur l’exploitation (l’oppression en étant selon nous issue), l’ALF du Chili part elle du point de vue inverse (et voit l’exploitation comme découlant de l’oppression).

« Dans la nuit du 22 décembre, nous avons décidé de rompre avec la réalité imposée et nous sommes allés à l’un des endroits les plus fréquentés de la capitale, Vitacura, se situe là-bas l’un des nombreux business existant par la souffrance et la mort de milliers d’animaux.

Cette fois nous avons rendu visite à une cible situé au numéro 1146 de l’avenue Americo Vespucio [NDLR: à Santiago], MaxMara, un centre d’extermination multinational dédié à la vente de corps morts comme vêtement, utilisant les peaux comme une ressource pour faire des profits par millions.

En tant qu’opposantEs à toute forme de domination, l’idée de les attaquer nous a complètement captivé; notre conviction n’a pas laissé de place au doute; nous ne voulons pas que la vie passe par le profit; nous saboterons leurs vies et leur manière de se soutenir eux-mêmes.

Les animaux ont toujours été considérés comme des marchandises utilisées pour le profit des gens; les industries alimentaires, les laboratoires expérimentaux, les entreprises du textile et l’industrie du loisir sont la preuve de cela.

Nous haïssons ces sentiments de supériorité et c’est pourquoi c’est avec rage et plein de peinture rouge que nous avons recouvert de peinture la façade de MaxMara; la peinture représentait l’énorme masse de sang qui a été fait coulé par ce meurtrier motivé par la mode, l’avidité et l’opulence, se moquant que derrière cela il y a des milliers d’animaux qui passent leurs vies entières dans des cages, avec des lésions ouvertes, dormant dans leurs propres excréments, et tués dans des chambres à gaz, électrocutés ou battus à mort lorsqu’ils ont atteint un âge déterminé.

C’est quelque chose de bien connu de la part de ceux qui soutiennent cette chaîne de la mort, qu’ils soient vendeurs ou consommateurs.

Il y a quelques jours, nous avons également de nouveau rendu visite à l’entreprise CueroBat, qui était toujours recouvert de peinture, mais le slogan « fourrure = meurtre » avait été enlevé donc nous  y sommes retournés pour l’écrire de nouveau, mais cette fois en plus grand et à un endroit plus visible.

La passivité transforme les critiques dures en complices du génocide qui est vécu chaque jour, qui est présent où que nous soyons. Mettre des œillères et ne pas participer à des actions est une partie du problème. Avoir un certain type de diète et accepter certaines idées bornées, fait que les gens deviennent de simples consommateurs.

Il y a des centaines de manière d’agir et il y a des centaines de cibles auxquelles se confronter et malgré cela il y en a qui ne font que se réjouir lorsque d’autres font des actions, en purs spectateurs de la lutte.

Nous avons pensé chacune de nos actions à partir du principe qu’elles reflètent notre opposition au pouvoir, et nous avons trouvé que ces actions correspondent à nos sentiments, comme le résultat de la voie visant à directement se confronter à tout ce qui nous oppresse, la voie que nous avons décidé de suivre, conscientEs de combien nous avons à perdre mais aussi de combien peut être réalisé, mais seulement si nous agissons.

Nous sommes heureux et heureuses de voir que la tranquillité de leur vie a été ébranlée, comme cela vient d’arriver et comme cela continuera à arriver, en se moquant de leur sécurité et de leur pathétique bien-être qui sera constamment attaqué. Il est temps de réaliser qu’ils ne peuvent plus se reposer tranquillement et qu’il y en a prêt à menacer l’autorité où que celle-ci se trouve.

La nuit n’a pas été choisie au hasard: le 22 septembre nous nous souvenons du compagnon Mauricio Morales, qui est mort il y a seulement six mois alors qu’il menait une action, une attaque qui défiait le pouvoir. Mauricio a transformé chacune de ses idées en attaques concrètes et bien ciblées, rejetant le mode de vie imposé et choisissant sa propre voie.

L’action a été également menée en tant que composante de la semaine internationale d’agitation et de pression en solidarité avec les prisonniers gardés en otages par l’Etat chilien, parce que nous comprenons que le spécisme est une des nombreuses conséquences du pouvoir, et que nous désirons tout autant l’abolition de toutes les prisons qui enferment tous ceux et toutes celles qui osent rompre le moule et mener des actions contre tout ce qui reflète la domination. Solidarité avec tous ceux et toutes celles qui sont enferméEs par l’autorité.

Contre toutes les formes de domination!
Pour la libération humaine, animale et de la Terre, maintenant!
Front de Libération Animale »

Primitivisme, ou bien libération animale et libération de la Terre?

Un bon ami vegan (et straight edge) nous a demandé ce que nous pensions des posts de « blanc marron » que l’on peut retrouver sur le livre d’or. A vrai dire, nous pensons que ses questions et remarques sont très intéressantes, et se fondent sur une expérience certaine.

Après, nous ne sommes pas des primitivistes, et justement, voici quelques remarques de « blanc marron » qui montrent parfaitement que nous avons raison de critiquer les primitivistes.

Nous avions par exemple fait la critique comme quoi les primitivistes n’assumaient pas le veganisme. Eh bien justement, si « blanc marron » parle « d’antispécisme », il n’est pas vegan… Ni même végétarien d’ailleurs… Voici ce qu’il raconte en commentaire sur un site anarchiste:

Takpi, antispéciste donc ne faisant pas comme les racistes des différences entre végétaux et animaux, et donc mangeant de tout. Mais boycottant tout ce qui vient des camps de concentration de l’agriculture industrielle, qu’il s’agisse des immenses monocultures ou des hangars des élevages modernes.

« Blanc Marron » est-il cannibale pour autant? En tout cas il n’aime pas les vegans, même s’il se la joue sympathique et ouvert sur le livre d’or. Voici d’ailleurs la suite de son commentaire:

Manger est d’abord un acte social , prendre plaisir à être avec des gens pour partager un repas. Pour moi, plus important de savoir avec qui je mange que de savoir « diététiquement » ce qui est au fond de l’assiette. Donc invité quelque part, j’accepterai d’emblée tout ce qui m’est offert, et ne choquerai jamais cette bienveillante hospitalité par un « Oh! désolé ! je suis XXX (au choix n’importe quel nom d’une secte alimentaire), et je ne mange JAMAIS de ceci ou de cela »

Il faut faire bombance, bien ripailler, être paillard à l’occasion et bien boire ! Surtout s’adonner à tous les plaisirs.

Les pisse-froids ne sont pas des révolutionnaires. Ceux qui suivent religieusement des préceptes n’ont rien à voir avec notre impolitesse effrontée défiant toutes les autorités : Ni dieu ni maîtres !

On retrouve ici une mentalité bien française, bien libérale, et bien une preuve que les principes anarchistes sont individualistes sont on ne peut plus éloignés des responsabilités que supposent la libération animale et la libération de la Terre.

On trouve bien entendu d’autres posts de cette personne, car primitiviste peut-être, mais internet bien sûr, et ce qu’on peut lire sur La Terre d’abord est édifiant d’incohérences, d’erreurs, de prétention et d’arrogance.  En voici un, consistant encore en un commentaire d’article sur un site anarchiste:

sous le titre

peste noire

tout un ensemble de textes liés aux anarchistes insurrectionalistes et primitivistes du Chili, parus suite au décès accidentel de Mauri, en allant poser la bombe contre une école de matons :

voir

http://infokiosques.net/spip.php?article723

les meilleurs textes sont signés « Libération totale par la destruction de la civilisation », tous traduits en français !

voir le site http://laterredabord.fr qui semble beaucoup apprécier leur radicalisme explosif : plus de 90 attentats depuis 2004.

Ce site n’est pas la traduction des Earth First des USA mais un site de vegan liés à la musique straight edge, des post punks anti drogue et alcool qui admirent l’activisme des militants de ALF, et, « dans une moindre mesure »(sic) de ELF …

Ils se pensent révolutionnaires mais limitent leurs actions à la « libération animale », oubliant totalement les végétaux !

Sans jamais signer, ils se permettent des critiques bizarres d’Arne Naess, de Ted Kaczinsky et des primitivistes…français, seulement parce qu’ils ont lu un article sur Non Fides !

Ces remarques sont du même acabit que celle sur le livre d’or où il explique que nous nous affirmons « liés à l’ALF ». C’est non seulement faux – l’ALF n’étant relié à rien ni personne, et étant une structure illégale pratiquant des actions clandestines, de manière centralisée. Personne ne peut s’approprier l’ALF.

Mais c’est dangereux et irresponsable.

Le reste est à l’avenant: il relève du n’importe quoi. Affirmer que nous n’avons rien à voir avec Earth First des USA et que nous oublions les végétaux… Là on voit parfaitement que cette personne est larguée et prend ses rêves pour des réalités.

Elle ne peut pas admettre un fait clair: aujourd’hui, dans les années 2000, aux USA (voire dans toute l’Amérique), la libération animale va de pair avec la libération de la Terre.

Etant opposé au véganisme, cette personne invente donc que nous ne serions pas pour la libération de la Terre, mais simplement des « posts punks » faisant des critiques « bizarres ». Alors que nos critiques sont très claires, et nos projets très différents du sien.

Voici justement le sien de projet, comme on peut le lire ici:

Bon, si Sarkozy passe, on prend le maquis, on se barre en Guyane, pour créer des milieux libres, anars, cachés dans les coins sans chercheurs d’or, sans pollution !

Apparemment cela n’est pas encore fait, quoique nous ne doutons absolument pas de sa capacité à le faire (puisqu’il l’a déjà fait), tout comme sa vaste connaissance de ces questions ne saurait être remis en cause (voir ici). Mais est-ce un projet de société sérieux?

Non ce n’est pas un projet sérieux, c’est un projet romantique, anti-social, individualiste, qui ne s’accorde aucune responsabilité.

Pour conclure, pour faire honneur au caractère anarchiste de sa critique, faisons ici une citation de Karl Marx. Cette citation (tirée de l’Introduction à la critique de l’économie politique) est longue et compliquée il est vrai, mais est une critique certainement juste du fondement des robinsonnades.

Les robinsonnades s’imaginent en effet que les individus étaient libres dans le passé, ce qui est faux: l’individu n’existe que depuis récemment, depuis l’avènement du capitalisme et de son idéologie qu’est le libéralisme.

Mais le capitalisme victorieux s’imagine rétablir l’ordre normal des choses: il idéalise alors le passé. Les robinsonnades sont donc aujourd’hui une sorte de rêve de petit capitaliste voulant pouvoir avoir la chance de tout recommencer à zéro (donc sans avoir à affronter dès le départ la concurrence des grosses boîtes du type Microsoft Coca Cola Orange Lafarge etc.)

« L’objet de cette étude est tout d’abord la production matérielle. Des individus produi­sant en société – donc une production d’individus socialement déterminée, tel est naturelle­ment le point de départ. Le chasseur et le pêcheur individuels et isolés, par lesquels commen­cent Smith et Ricardo, font partie des plates fictions du XVIII° siècle. Robinsonades qui n’expriment nullement, comme se l’imaginent certains historiens de la civilisation, une simple réaction contre des excès de raffinement et un retour à un état de nature mal compris. De même, le contrat social de Rousseau qui, entre des sujets indépendants par nature, établit des relations et des liens au moyen d’un pacte, ne repose pas davantage sur un tel naturalisme.

Ce n’est qu’apparence, apparence d’ordre purement esthétique dans les petites et grandes robinso­nades. Il s’agit, en réalité, d’une anticipation de la « société bourgeoise » qui se préparait depuis le XVI° siècle et qui, au XVIII° marchait à pas de géant vers sa maturité. Dans cette société où règne la libre concurrence, l’individu apparaît détaché des liens naturels, etc., qui font de lui à des époques historiques antérieures un élément d’un conglomérat humain déterminé et délimité.

Pour les prophètes du XVIII° siècle, – Smith et Ricardo se situent encore complètement sur leurs positions, – cet individu du XVIII° siècle –  produit, d’une part, de la décomposition des formes de société féodales, d’autre part, des forces de production nouvelles qui se sont développées depuis le XVI° siècle – apparaît comme un idéal qui aurait existé dans le passé. Ils voient en lui non un aboutissement historique, mais le point de départ de l’histoire, parce qu’ils considèrent cet individu comme quelque chose de naturel, conforme à leur conception de la nature humaine, non comme un produit de l’histoire, mais comme une donnée de la nature. Cette illusion a été jusqu’à maintenant partagée par toute époque nou­velle.

Plus on remonte dans le cours de l’histoire, plus l’individu – et par suite l’individu produc­teur, lui aussi, – apparaît dans un état de dépendance, membre d’un ensemble plus grand : cet état se manifeste tout d’abord de façon tout à fait naturelle dans la famille et dans la famille élargie jusqu’à former la tribu; puis dans les différentes formes de communautés, issues de l’opposition et de la fusion des tribus. Ce n’est qu’au XVIII° siècle, dans la « société bourgeoise », que les différentes formes de l’ensemble social se présentent à l’individu com­me un simple moyen de réaliser ses buts particuliers, comme une nécessité extérieure. »

Rejeter la civilisation ou en vouloir une nouvelle?

Sur le livre d’or, une personne nous a formulé une très intéressante critique, concernant l’article « Les primitivistes contre la mégamachine. » La voici:

pas trouvé sur votre site d’explications sur l’origine du mot « vegan » !
Pourquoi dîtes-vous à propos de certains de vos reproches aux primitivistes qu’on a besoin du progrès et de la technologie pour être vegan, et qu’il aurait été difficile d’être vegan au 19e siècle ?
Il me semble que si on est pour la défense des animaux, on est ausi pour la défense du milieu naturel sauvage qui permet aux animaux de vivre libre.Or la société industrielle détruit les milieux naturels. Donc je trouve logique que les primitivistes soient des anarchistes anti société industrielle, et en remontant à la cause de la cause, anti-civilisation, car la « civis » (cité, civilisation) est contre la vie sauvage.
Si vous êtes pour la religion du progrès, vous êtes pour la civilisation, et donc vous êtes un danger pour les animaux, ce qui est paradoxal car je vous sais honnêtement défenseurs farouches des animaux ! Personnellement je suis pour la sylvilisation, car « sylva » est étymologiquement à l’origine à la fois de « forêt » (sylve) et de « sauvage »Je suis contre la ville, la vie civilisée, et tout travail à l’usine, et je ne vois pas pourquoi vouc êtes pour certaines productions du monde industriel.Car alors vous défendez le mode de vie qui va avec ces usines qui produisent ces objets dont vous ne voulez pas vous passer, donc vous défendez le monde industriel qui détruit Gaia, fait reculer chaque jour la vie sauvage, et donc met en danger des espèces animales.
Votre critique du primitivisme me semble pleine de contradictions.
Pourriez-vous être plus précis. Merci

En ce qui concerne le premier point, le terme de « vegan » a été trouvé en 1944 par Donald Watson, le fondateur de la Vegan Society en Angleterre. Le mot « Vegan » est en fait le début et la fin du mot « vegetarian ». Si l’on est un vrai végétarien, alors on est vegan!

Pour le reste des points abordés, sans doute faut-il de nombreux documents et articles, mais nous tenons à remercier pour cette critique, très ferme et pourtant très « polie. » Ceci dit du moment qu’il s’agit d’une critique constructive, il n’y pas lieu de se formaliser devant des mots ou une formulation.

Mais il est déjà possible de souligner quelques points. La grande question est la suivante: la civilisation est-elle forcément opposée à Gaïa?

Nous ne le pensons pas, pour deux raisons suivantes: tout d’abord, sur le plan théorique, si les humains sont issus de Gaïa, alors pourquoi seraient-ils plus mauvais qu’une autre vie animale ou végétale? Ne pourrait-on pas penser que les humains ont un rôle positif à jouer, au service de Gaïa?

Ensuite, il y a de nombreux exemples de civilisation où celle-ci n’était pas en conflit avec Gaïa. Le bouddhisme et le jaïnisme historiques, par exemple, montrent qu’une autre voie est possible, si l’humanité assume un choix correct.

Mais surtout, il serait absurde de critiquer la « civilisation » alors que notre point de vue en est issu. Les primitivistes n’ont commencé à exister qu’à la fin du 20ème siècle, ils sont eux-mêmes un produit de la civilisation.

D’ailleurs, et ce n’est pas une critique mais un constat: la critique nous est faite sur un livre d’or sur internet, elle a été écrite sur un ordinateur, la réponse sera visible sur le net, etc.

Est-ce une bonne chose? Oui cela peut l’être, car le monde industriel n’est uniquement ce que nous en faisons. Ce qui est vrai c’est que la technique doit être catégoriquement subordonnée aux valeurs.

Et justement, nous mettons en valeur, comme projet de civilisation nouvelle, la libération animale et la libération de la Terre. Nous sommes le produit de la société actuelle, alors assumons le futur, plutôt que d’avoir une nostalgie pour un passé cruel et conflictuel.

Il faut être progressiste. La question de dépasser l’opposition entre les villes et les campagnes datent déjà de la fin du 19ème siècle; Marx et Engels en parlaient déjà, et rappelons-nous du chef d’oeuvre qu’est News from Nowhere, de William Morris, qui décrit justement une civilisation en symbiose avec la nature, notamment les forêts. Nous en reparlerons.

Mais avant la civilisation, c’était la barbarie, et d’ailleurs nous en sommes en train d’y retourner… Alors justement assumons un nouveau projet, de nouvelles valeurs, une nouvelle civilisation!

Les primitivistes chiliens et les anti-civilisation en France

L’article sur le primitivisme a mis en avant une perspective qui est importante, que l’on soit d’accord… ou pas. Il faut d’ailleurs savoir que dans certains pays cette tendance politique est forte, et touche même le veganisme; c’est le cas en Amérique latine (comme au Mexique mais surtout au Chili), mais aussi en Espagne.

Le principal pays où ce courant idéologique est extrêmement actif est donc le Chili, et il existe justement quelques documents en français. Il y a en effet un pack de documents récents – appelé Peste noire –  suite à la mort de Mauricio Morales, un vegan du Chili. Ce dernier a été tué par la bombe qu’il transportait.

Dans le pack il y a une partie intitulée « Bref aperçu de la situation avant la mort de Mauri » qui révèle l’ampleur, quasi inconnue en France, des pratiques illégales des primitivistes chiliens, dont les compte-rendus sont diffusés par le site Liberación Total por la destrucción de la civilización! (Mauricio Morales est également en photo dans la colonne de gauche sur ce site).

Et si ces primitivistes du Chili assument les positions du primitivisme (refus de la civilisation et de ses techniques), et veulent également l’anarchie (et récusent l’anarchisme dans sa forme organisée), ils assument en même temps la libération animale et la libération de la Terre.

C’est quelque chose de certainement très intéressant, et donc à connaître quand on est vegan. Toutefois, c’est une chose étrange aussi. Nous avions expliqué en parlant du primitivisme que le retour à la figure du « chasseur cueilleur » était incompatible avec les valeurs du veganisme.

C’est même évident. On en fait même l’expérience tous les jours, car à notre époque être vegan est de moins en moins malaisé sur le plan des moyens de se procurer une alimentation et de l’habillement vegan; retourner en arrière sur le plan technique ne nous aiderait en rien.

De plus, la position chilienne semble plus velléitaire qu’autre chose, car les primitivistes ne sont le plus souvent pas des vegans; en France il existe dans ce qu’on peut appeler au sens large les « autonomes » de nombreuses personnes très proches des thèses anti-civilisation, et elles ne sont pas proches du veganisme, très loin de là.

On peut même dire que les « anti-civilisation » en France sont absolument opposés non seulement au veganisme, mais aussi à l’écologie. Pour ce courant, tout ce qui traite de l’écologie est un vaste complot au service du capitalisme.

Il n’y a donc pas une critique de la fausse écologie, mais une critique de l’écologie tout court, considérée comme une nouvelle idéologie de domination.

Le site anarchiste Non Fides reprend ainsi un article du Collectif contre la société nucléaire intitulé Notes sur l’écologisme d’État et le capitalisme vert, où l’écologie est plus prétexte à une critique de la société qu’autre chose. La Terre ne compte pas. Sans parler des animaux.

Pareillement, tout récemment d’ailleurs le groupe grenoblois « Pièces et Main d’œuvre« , qu’on peut considérer comme « anti-technologie » et proche du primitivisme sous cet angle, publiait un ouvrage, où en présentation il est parlé de manière rapide et dédaigneuse de « l’écoterrorisme », ennemi à peu près imaginaire, produit du FBI et de l’écrivain Jean-Christophe Rufin (Le parfum d’Adam). »

Dit de cette manière, cela ne veut strictement rien dire, et si le FBI considère l’ALF et l’ELF comme l’ennemi intérieur numéro un, ce n’est pas pour rien et il s’agit peut-être de l’expliquer, à moins de voir des complots partout.

Pareillement, ce groupe grenoblois prône l’opposition au pucage des animaux (voir ici et ), en prenant les animaux simplement comme prétextes pour refuser le pucage des humains.

Bref, les primitivistes critiquent la civilisation, et apparemment au Chili ils assument le veganisme. Tant mieux à ce niveau, mais il est évident pour autant que le veganisme a besoin d’un projet de société, et ne peut pas être uniquement une expression négative.

Et on voit très bien qu’en France, les gens proches du primitivisme sont très loin du veganisme, tout comme d’ailleurs le plus souvent les vegans eux-mêmes, malheureusement… car à quoi sert de se dire vegan si c’est pour se désintéresser complètement non seulement de la vie animale, mais aussi de son habitat?

L’animal est abstrait, il sert de prétexte. Soyons bien conscients et conscientes qu’il existe une forme de veganisme (d’ailleurs plus orienté « végétalisme » qu’autre chose), ou encore « l’antispécisme », qui consiste à prendre les animaux « en otage » pour critiquer « radicalement » le monde, sans s’intéresser pour autant aux animaux.

C’est en quelque sorte un christianisme radical, où l’amour du prochain est maquillé en compassion pour les animaux. Sauf que les animaux restent à l’écart, il n’y a pas de bataille pour sauver leur environnement.

Il faut bien voir que pour critiquer radicalement le monde, il ne faut pas être abstrait, et être concret, c’est s’intéresser à la nature en général, aux animaux dans leur habitat. Sans cela, sans la participation à cette bataille, aucun projet « révolutionnaire » n’a de sens, et encore moins d’identité réelle.

Car ce n’est qu’avec la libération animale et la libération de la Terre que l’humanité peut être elle-même. L’humanité travaille et en ce sens choisit ce qu’elle fait – il ne reste plus qu’à choisir le meilleur! C’est le sens universel du veganisme et de la reconnaissance de Gaïa.