Séisme au Japon et risques nucléaires

[AJOUT : ce matin à 9 heures 30 une puissante explosion a eu lieu à la centrale nucléaire de Fukushima N°1, dans le nord-est du pays. Le toit et les murs se sont effondrés.

Un nuage blanc s’élève au-dessus du site. Le gouvernement japonais confirme l’explosion, ainsi qu’une fuite radioactive. La population a été évacuée dans un rayon de 20 kilomètres.

Fukushima est à 250 kilomètres de Tokyo, et la ville a elle-même 290 000 personnes y vivant. Le nuage nucléaire pourrait atteindre les Etats-Unis et le Canada dans les 10 jours. Le risque actuel est en effet que le refroidissement échoue et qu’on ait la même situation qu’à Tchernobyl.

Ici une photo de l’explosion.

Nous reviendrons dessus au fur et à mesure dans la journée.]

Hier, nous parlions de la campagne pour rappeler la signification de Tchernobyl, et malheureusement le tremblement de terre au Japon vient justement rappeler la précarité terrible des centrales.

Un tremblement de terre d’une grande magnitude a eu lieu au Japon, sur lequel nous reviendrons. Mais l’actualité c’est pour l’instant le risque nucléaire. Voici en effet la carte du Japon, avec les emplacements des centrales nucléaires par rapport au lieu du séisme.

Le Japon est une zone sismique, et théoriquement toutes les possibilités ont été prévues. En pratique, on a frôlé la catastrophe, en fait on frôle encore la catastrophe. Le système de refroidissement de 3 réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi est tombé en panne.

Les générateurs de secours se sont alors mis en marche… mais n’ont tenus que 55 minutes ! Résultat, c’est l’US Air Force qui a apporté par avion du liquide de refroidissement, selon les USA. Officiellement, le Japon a refusé la pression.

Et, en tout cas pour relâcher la pression, des rejets radioactifs vont être effectués, ou ont déjà été fait, ici les informations sont contradictoires.

Soulignons les propos très forts de Yukio Edano, Secrétaire général du Cabinet, qui révèlent le fond de cette question:

« Il est possible que des matières radioactives du réacteur fuient à l’extérieur, mais on s’attend à ce que la quantité soit faible, et il faut considérer le vent soufflant vers la mer. »

Quand on ne considère pas Gaïa, on peut comme on le voit ici, de manière « rationnelle », considérer comme une solution que la mer serve de dépotoir nucléaire…

Ne parlons pas non plus de la question démocratique de l’opinion publique!

En tout cas, dans la nuit, la situation était telle que dans l’unité de contrôle centrale de la centrale, le niveau de radioactivité est 1 000 fois supérieur à la normale. La situation était encore tendue.

Voici une image de la centrale.

Il y a également eu le feu pendant huit heures dans le bâtiment abritant la turbine de la centrale d’Onagawa. Un autre feu dans la centrale de Fukushima Daini a duré deux heures.

L’état d’urgence nucléaire a ainsi été décrété. Il va de soi qu’une telle décision montre l’importance du problème, les Etats étant d’une opacité et d’une désinformation sans bornes dans ce domaine (on se souvient du nuage radioactif de Tchernobyl qui se serait… arrêté aux frontières de la France!).

Voici la situation, officiellement:

Centrale Onagawa :
N°1, arrêt automatique
N°2, arrêt automatique
N°3 arrêt automatique

Centrale Fukushima N°1(daiichi)
N°1, arrêt automatique
N°2, arrêt automatique
N°3. arrêt automatique

Centrale Fukushima N°2 (daini)
N°1, arrêt automatique
N°2, arrêt automatique
N°3, arrêt automatique
N°4 arrêt automatique

Centrale Tokai

Concernant la centrale Fukushima Daiichi
15h42(heure japonaise) : Perte de toutes les alimentations électriques (le courant normal extérieur et le générateur diesel d’urgence en panne)
15h45 : A cause du Tsunami, le réservoir d’essence laisse fuir le pétrole.
16h36 : On constate qu’on ne peut plus alimenter le système de refroidissement sur le 1er et le 2e réacteur.

A la piscine de combustibles usés des réacteurs 1, 2, 3, de l’eau déborde et la pompe d’eau de mer ne fonctionne plus. L’incendie a été déclarée à côté du réservoir de pétrole près du 4e réacteur.

Pour l’instant, l’autorité déclare qu’ il n’y a pas de fuite radioactive. Le niveau de l’eau de refroidissement du 2e réacteur est actuellement à 3m au lieu de 5 m.

L’état d’urgence nucléaire a été décrété à 19h03 par le comité d’urgence auprès du cabinet du premier ministre, notamment sur la centrale Fukushima Daiichi (N°1)

Elle a décidé suivant et le premier ministre ordonne à 21h23 de :
-évacuer la population dans le diamètre de 3km autour de la centrale Fukushima.
-solliciter de rester à la maison à la population de 10km de la centrale
-envoyer un camion générateur de haute tension, un autre de basse tension. trois autres camions générateurs de basse tension.

18h25 : Le camion-générateur de la préfecture de police est arrivé à la centrale Trois autres camions sont attendus. (d’après la déclaration de le comité d’urgence auprès du premier ministre 22h35)

Tout cela est malheureusement très révélateur. Même le Japon, préparé à ce genre de situation, a du mal à gérer. Il aurait suffi que la situation soit plus difficile pour que les problèmes soient massifs.

Et quand on voit cela, il faudrait davantage de centrales nucléaires ? Et même des centrales sous-marines, comme celles que la France veut mettre en place d’ici quelques années?

Scandale sanitaire : grave contamination radioactive dans une zone résidentielle d’Ile-de-France

Voici un communiqué du Réseau Sortir du nucléaire:

Le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) contamine depuis neuf mois la ville de Saint-Maur-des-Fossés (Val de Marne, Ile-de-France) et ses habitants, avec des déchets nucléaires issus de la fabrication des bombes atomiques. Une forte pollution radioactive au tritium touche en effet une zone résidentielle de Saint-Maur-des-Fossés, contaminant l’environnement et les riverains jusqu’à plusieurs centaines de mètres de la source.

La pollution radioactive a été provoquée par un tamis contaminé au tritium (hydrogène radioactif), objet provenant du centre du CEA de Valduc (Côte-d’or), où l’on fabrique les bombes atomiques. Ce tamis, qui sert à filtrer le tritium, se trouvait dans les locaux d’un prestataire du CEA, l’entreprise 2M Process, installée à Saint-Maur-des-Fossés (1).

Il aura fallu 9 mois pour détecter les rejets radioactifs du tamis, une pollution incontrôlée et dangereuse (2). La contamination de cinq personnes vivant à proximité immédiate est déjà avérée. À 200 mètres de la source de contamination se trouve le collège Camille Pissarro (3), qui accueille des centaines d’adolescents.

À l’entrée des locaux de l’entreprise 2M Process, la contamination en tritium est 100 fois supérieure à celle que l’on mesure autour des installations nucléaires les plus polluantes (4). Les autorités sanitaires, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et la Direction Générale de la Santé (DGS) tentent activement de banaliser cette pollution scandaleuse (5). Aucune information sur la radioactivité du tamis n’a encore été diffusée.

Selon l’IRSN, les niveaux de doses de tritium inhalées par les riverains contaminés « sont inférieurs à la dose reçue en une heure à bord d’un avion à 10.000 mètres d’altitude » (6) mais en juillet dernier, le même institut s’interrogeait, dans une synthèse d’études, sur le tritium et « les lacunes de connaissances sur ses effets sanitaires et environnementaux » (7). L’IRSN demandait dans le même document « une évaluation, dans des conditions réalistes d’exposition, des effets biologiques et sanitaires du tritium sur les organismes vivants » (8).

Le Réseau « Sortir du nucléaire » condamne fermement toute banalisation de cette contamination radioactive qui met en danger les habitants de Saint-Maur-des-Fossés.

Le tritium est un élément radioactif qu’il est difficile de confiner, et qui se substitue à l’hydrogène dans l’organisme humain. Les effets sanitaires de l’incorporation et de l’accumulation du tritium dans le corps humain sont méconnus. Selon plusieurs experts internationaux, la radiotoxicité du tritium est actuellement sous-évaluée (9).

Cette contamination aux conséquences très graves est encore inexplicable. Manifestement, le CEA croyait qu’il s’agissait d’un tamis neuf lorsqu’il l’a envoyé à son prestataire 2M Process. Ce dernier ignorait donc tout de la radioactivité de l’objet.

Comment un tel enchaînement de dysfonctionnements, mettant en danger la population et les prestataires du CEA depuis 9 mois, a-t-il été possible ? Le Réseau « Sortir du nucléaire » demande, dans les meilleurs délais, que toute la lumière soit faite sur la contamination radioactive des habitants et de l’environnement du quartier concerné, et notamment sur les risques sanitaires encourus par les élèves du collège Camille Pissarro. Ces investigations doivent être menées par des experts indépendants de l’État et du lobby nucléaire.

Les organismes officiels concernés (IRSN, ASN, DGS…), les autorités sanitaires et politiques (ministères de la Santé et de de l’Industrie…) doivent absolument prendre la mesure du scandale sanitaire en cours, et mettre en oeuvre des solutions rapides et efficaces.

Ce scandale vient confirmer que le nucléaire ne peut en aucun cas se prétendre une technologie « propre ».

NOTES :

1) La zone contaminée se situe autour du 22 rue Parmentier, à Saint-Maur-des-Fossés.

2)article de presse

3)Le bâtiment le plus proche de la source de contamination est le réfectoire du collège.

4) Voir la note d’information de l’IRSN du 15 novembre, pages 3 et 4

5) L’ASN, dans un communiqué publié le 9 novembre 2010, déclare que « cinq riverains de l’entreprise 2M Process ont fait l’objet d’analyses et présentent de légères traces de tritium, sans aucun enjeu sanitaire » et que « l’environnement immédiat de l’entreprise 2M Process présente une très faible contamination au tritium, notamment dans certains végétaux ». Le ministère de l’Écologie, dans une dépêche AFP du 9 novembre, a rapporté un propos de la Direction Générale de la Santé : « aucune disposition particulière n’est nécessaire ».

6) note de l’IRSN

7) et 8) Rapport de l’IRSN

9)Voir la synthèse du Livre Blanc du Tritium

Ce document publié par l’ASN en juillet 2010 précise dans son point 4 : « Si la distribution de la dose (radioactive) est relativement homogène quand le tritium est sous forme d’eau tritiée, elle est par contre hétérogène lorsque celui-ci est incorporé dans l’ADN ou les histones. La question se pose dès lors de la pertinence du concept de dose moyenne à l’organe comme indicateur de risque. Autrement dit, les doses calculées selon la méthode classique (en utilisant les facteurs de conversion Sv/Bq de la CIPR) pourraient conduire à une estimation incorrecte du risque. »

Nuclear Baltic Sea Info Tour 2010

Si certainEs partent dans le Nord de l’Europe cet été, il est donc possible de rendre visite aux occupantEs du terrain prévu pour l’abattoir à Wietze. Mais il y a également une autre initiative qui a lieu cet été dans le Nord.

Elle concerne cette fois la mer Baltique, qui est, de toutes les mers du monde, la plus radioactive en raison de l’activité humaine.

La mer Baltique échange en effet peu avec les autres océans : seulement 1% par an; les activités humaines sont donc immédiatement lourdes de conséquences…

Or, il y a vingt installations nucléaires qui sont actives dans la région, et qui polluent la Baltique… Et il ne faut pas penser à la Russie seulement : les réacteurs suédois polluent 100.000 fois plus que la centrale de Saint- Petersbourg…

Est notamment en cause la centrale suédoise de Forsmark, tristement connue pour son accident de 2006, où on a risqué la fusion du coeur dans les sept minutes ou les huits heures, selon les analyses… L’année d’avant, en 2005, on s’était déjà aperçu que les containers devant tenir de 50 à 100 ans présentaient déjà des problèmes au bout de dix ans…

Mais également la catastrophe de Tchernobyl, ainsi que les nombreux tests atomiques…

A quoi s’ajoute l’installation nucléaire de Sellafield, au Royaume-Uni.

Installation qui s’appelle Sellafield et non plus Windscale pour une raison simple : il y a eu un accident dans un réacteur en 1957, avec un nuage radioactif parcourant le pays, alors pour donner le change à l’opinion publique à moyen et long terme…

Sellafield a évidemment eu d’autres soucis, de très nombreux autres soucis, durant toutes les années 1970, 1980…

Et ce jusqu’à aujourd’hui, notamment en 2005 où une zone a été fermée pendant deux années, où dans une pièce en béton armé conçue afin de recueillir les fuites, on a retrouvé… 83 000 litres de matière radioactive, contenant 200 kilos d’uranium, seuil d’une réaction nucléaire en chaîne !

Pour terminer le panorama, des déchets nucléaires sont censés être enfouis… sous la Baltique, à Forsmark, ainsi qu’à Olkiluoto en Finlande…

Un mouvement anti-nucléaire se reconstruit donc au Danemark, en Suède et en Finlande, pays où le mouvement nucléaire s’est effondré à la suite des années 1970, alors qu’en France il s’est maintenu, en Allemagne il est resté puissant, et en Autriche il a réussi à faire interdire en 1978 toute utilisation de centrale nucléaire dans le pays.

Une campagne est donc menée, sur un parcours de 6.000 kilomètres, afin d’alerter quant à la situation de la mer Baltique. Si vous passez dans la région cet été, n’hésitez pas à passer les voir (Saint-Pétersbourg, Riga, Vilnius, Jezioro Żarnowieckie, Greifswald, Copenhague, Malmö, Stockholm, Olkiluoto/Rauma et Oulu).