Vegan straight edge VS hippie célébrant le localisme pacifique et identitaire

Difficile de copier LTD, très difficile ! On peut être en désaccord sur plein de choses, vu le nombre de problématiques et le début d’un inévitable vaste mouvement écologiste qui va naître. Mais copier, plagier, tenter de faire semblant LTD, sans atteindre le coeur de la question – le biocentrisme – c’est très vain.

Vegan Pays Basque est une initiative d’une certaine manière plutôt sympathique qui se situe, comme son nom l’indique, au pays basque. Nous ne disons pas simplement cela parce que leur présentation consiste en l’interview que nous avons faite d’eux (mais « LTD » a été enlevé) ou qu’ils distribuent la brochure sur la Libération animale produite par des gens de LTD (bien entendu, Vegan Pays Basque se l’est « approprié »).

Non, nous trouvons très bien que Vegan Pays Basque prenne l’initiative, et ait repris ce que fait LTD comme mettre en avant les refuges. C’est bien qu’il y ait des initiatives véganes locales. Il faut aller de l’avant!

Par contre, le hold up culturel et intellectuel est honteux lorsqu’il s’agit en fait de massacrer les concepts, de les fausser, de les tronquer, de les inverser.

A LTD, nous avons été les premiers à assumer la libération animale et la libération de la Terre, à utiliser le concept d’écologie radicale en lui donnant un sens : celui du biocentrisme. Nous avons été les premiers et d’ailleurs les seuls à parler de l’ALF et de l’ELF, et nous notons que Vegan Pays Basque ne publie pas les communiqués de l’ALF : pourquoi ? Pourquoi n’y a-t-il que LTD qui le fasse ?

Aussi, nous prévenons nos très nombreux lecteurs et lectrices que la tentative de Vegan Pays Basque de mettre en avant « l’écocentrisme » est une escroquerie.

Ce concept n’est là, justement, que pour ne pas utiliser celui du biocentrisme. Au-delà de toutes polémiques et divergences, même si pour nous cela de l’importance, le fond du problème est que cela en fait un truc de fachos.

Dans la tradition progressiste, on considère qu’on appartient à la Nature et on veut une société moderne, utopique, universelle, qui l’assume en tant que telle. Finies les frontières, finies les « identités », finies les découpages : un seul mode de vie universel, positif, voilà ce dont on a besoin.

Pour Vegan Pays Baque, il faut non pas se considérer comme relevant de la Nature, mais « respecter » celle-ci et le modèle est dans le passé : il est dit qu’il faut « retrouver les bases d’une société respectueuse de la Nature ». Les pétainistes ne disent pas autre chose.

On a le même « différentialisme » culturel, le culte du « local », de la « décentralisation », des formes agricoles respectueuses des « milieux » c’est-à-dire des paysages. Vegan Pays Basque reprend tous les concepts classiques de l’extrême-droite, absolument tous :

« Il valorise la diversité d’un point de vue culturel, en promouvant l’autonomie locale, la décentralisation, des formes d’agricultures respectueuses de leurs milieux (permaculture, agro-foresterie…) ainsi que la restauration et la préservation de la nature sauvage. »

Ce n’est guère étonnant, dira-t-on, de gens qui célèbrent le « pays basque » et non l’universalisme. Inévitablement, même sans le savoir, on en revient alors à toutes les approches de l’extrême-droite des années 1930. C’est pareil pour les zadistes.

Là, à la différence des zadistes, il y a toutefois le véganisme qui est assumé. Sauf que le véganisme est universel et entre l’universalisme et les célébrations national-révolutionnaires, il faut choisir. Entre vegan straight edge et hippie célébrant le localisme pacifique et identitaire, il faut choisir.

Le véritable affrontement, finalement, c’est cela. Demain, ce sera la bataille rangée entre précisément ces deux camps, la jeunesse devant choisir : ou la révolution ou la réaction.

A l’ignominie de reprendre à LTD plein de choses sans l’assumer, succède désormais chez Vegan Pays Basque ce pétainisme si traditionnel en France, ce culte du terroir, d’une « nature » statique, où tout est stable, sans changement, sans évolution…

Bref, cette vision réactionnaire du monde, à une époque où l’universalisme doit enfin être assumé par l’humanité. La planète est un tout, un grand ensemble, et ceux qui prétendent dire cela pour en faire en célébrer les « parties » sont justement les fachos se faisant passer pour ce qu’ils ne sont pas. Savoir les reconnaître est précieux!

Voici l’article de Vegan Pays Basque au sujet du prétendu « écocentrisme ». Il se veut une « introduction », mais il n’y aura pas de suite, à moins que vraiment le programme facho-terroir ne soit ouvertement assumé…

Introduction à l’écocentrisme

Pour une écologie radicale

«Le droit de toute forme de vie à exister est universel et ne saurait être quantifié. Aucune espèce ne détient plus qu’une autre un droit spécial à exister»

L’écologie « classique » pose comme finalité la satisfaction des besoins humains, et attribue au reste du vivant le statut de simple ressource : tels sont l’anthropocentrisme et l’humanisme. Cette écologie superficielle, qu’elle soit institutionnelle ou associative, ne propose qu’une meilleure gestion du système existant (développement durable, capitalisme vert etc.).

Contrairement à cela, l’écologie radicale se propose, comme son adjectif l’indique, de s’attaquer aux racines de la crise écologique globale envisagée comme une crise systémique¹, et ainsi retrouver les bases d’une société respectueuse de la Nature.

L’écocentrisme, qui est une des formes de l’écologie radicale, inscrit les perspectives de l’Homo sapiens dans une vision totalisante de son écosystème. À ses yeux, l’enjeu n’est pas seulement de protéger l’espèce humaine, mais au contraire d’avoir une perspective globale incluant la planète, les humain-e-s et l’ensemble des espèces avec lesquelles elle-il coévolue depuis son apparition.

L’écocentrisme : une incitation à la réflexion sur les sociétés humaines

L’espèce humaine n’est pas membre seulement d’une communauté humaine mais d’une « communauté biotique » (son écosystème), son milieu d’existence.

Aujourd’hui les modèles de société et les systèmes économiques actuels sont destructeurs de la planète, il convient dès lors de changer de paradigme en sortant du capitalisme et des logiques industrielles et productivistes qui l’accompagnent.

L’écocentrisme propose donc d’opérer une extension de l’éthique aux formes de vies non humaines, c’est-à-dire à toutes les espèces animales, mais également aux plantes, aux eaux, aux terres… Il défend l’idée que toutes les formes de vie et plus globalement les écosystèmes eux mêmes, autant que les humain-e-s, ont le droit de continuer à exister.

Il valorise la diversité d’un point de vue culturel, en promouvant l’autonomie locale, la décentralisation, des formes d’agricultures respectueuses de leurs milieux (permaculture, agro-foresterie…) ainsi que la restauration et la préservation de la nature sauvage.

L’écocentrisme s’inscrit dans la lutte pour la libération de la terre et défend, contre la vision utilitaire dominante, l’idée d’une valeur intrinsèque² de la Nature.

¹ Crise systémique: crise liée directement à la nature même d’un système.
² Intrinsèque: c’est-à-dire inhérente, par elle-même et pour elle-même

Interview de Vegan Pays Basque

Après le groupe Vean né récemment, voici Vegan Pays Basque qui apparaît. Là encore on a quelque chose de très moderne et de vivant, et on est libre de penser qu’il y a au fond une véritable nouvelle culture vegan qui est en train d’émerger, sur une base démocratique à la base et dans le le refus de toutes les oppressions.

On est aussi libre de penser qu’il y aura davantage d’échanges, de critiques, de radicalité… Notre époque en a bien besoin!

Voici donc quelques questions posées à Vegan Pays Basque.

Quel est l’objectif de votre groupe, quelle est votre démarche ?

Vegan Pays basque est un collectif qui fait la promotion du veganisme, de l’antispécisme et de l’antifascisme par le biais de stands et d’happenings. Nous menons une lutte contre toutes formes de domination sur les animaux humains et non humains.

Nous agissons principalement en Pays Basque nord et à proximité. Nous nous inscrivons dans un principe de lutte locale qui nous permet d’avoir une très bonne connaissance des enjeux et des préoccupations de notre lieu de vie.

Vous avez organisé un atelier BD, à la mi-juillet. Pouvez-vous nous parler de cette super idée, et de comment cela s’est passé ?

Nous avons organisé cet atelier BD le samedi 14 juillet et nous espérons qu’il s’agissait du premier d’une longue série. Nous avons passé un excellent moment. Plusieurs enfants et adultes y ont participé, le thème était « les animaux libres ».

Ça a été un moment simple, convivial, et tout le monde c’est bien prêté au jeu. Nous avons préparé lors de cet atelier des gaufres végétaliennes, qui ont permis aux personnes présentes de voir que l’on peut cuisiner facilement sans cautionner l’exploitation des animaux non humains.

Nous organisons ces ateliers avec la volonté d’aller au-devant des gens, de partager des savoirs, de montrer que l’on peut également militer dans la joie, de façon positive et cela, tout en faisant passer un message.

Nous allons renouveler souvent l’expérience, sur d’autres sujets (concevoir ses produits d’entretien, apprendre à cuisiner végétalien, apprendre le jeu d’échecs etc).

Quelle est la situation du véganisme dans votre région géographique ? Vousavez également fait le choix de la référence au pays basque, soutenez-vouspar là la réunification du pays basque / Euskal Herria ?

Pour ce qui est du veganisme, il y a, comme pour trop souvent ailleurs, tout à construire en Pays Basque nord. Mais le Pays Basque est un formidable vivier militant, les gens ici ont une habitude de la lutte et ça se ressent dans tous les milieux, il y a une véritable solidarité.

Lorsque que nous organisons des évènements les gens sont intéressés, nous soutiennent, viennent et partagent avec nous alors que ces personnes ne connaissaient pas, pour la plupart, les mots vegan et antispéciste.

Nous avons donc un véritable espoir que dans le futur les choses changent et que les gens se rendent compte que pour vivre dans un monde juste nous devons reconsidérer notre relation avec les autres espèces.

Concernant notre position vis-à-vis d’Euskal Herri, nous sommes pour l’autodétermination des peuples, donc nous considérons que c’est au peuple Basque de choisir son futur et que la question doit lui être posée, ce qui n’a pas été fait jusqu’à maintenant.

Au contraire il y a une énorme répression envers les militants Basques. Nous soutenons le combat pour que les droits fondamentaux du peuplesoient respectés : rapprochement des prisonniers de leurs familles (comme l’impose la loi), possibilité d’exercer une activité politique sans risquer la prison (12 ans sont souvent requis en Espagne pour de simples meetings ou conférences de presse, etc). Cette situation est honteuse et doit cesser.

Vous expliquez que « Vegan Pays Basque est ouvert à toute personne -mêmenon vegan- souhaitant partager notre combat pour mettre fin àl’exploitation et la souffrance animale. » N’y a-t-il pas une contradiction ? Ou alors voulez-vous par là parler de gens en transitionvers le véganisme ?

Notre collectif militepour mettre un terme aux discriminations et mettre fin à l’exploitation des animaux. Donc nous prônons le veganisme qui est la seule manière de vivre sans utiliser et faire souffrir les animaux non humains et nous ne ferons aucun compromis.

Ce que nous entendions par cette phrase c’est qu’il ne faut pas forcément être vegan pour nous rejoindre mais qu’il faut avoir la volonté de se remettre en question et de devenir cohérent avec ce combat. La seule possibilité pour cela est d’être en marche vers le véganisme.

Vous faites une très intéressante présentation de comment on peut faire soi-même ses produits d’entretien. Vous pouvez nous en parler ?

Malgré qu’il existe plusieurs marques de produits d’entretiens qui ne testent pas sur les animaux, cela ne signifie malheureusement pas forcément qu’il s’agit de marques éthiques.

D’autant plus que dans un souci d’écologie, nous avons la volonté de montrer que nous pouvons nous passer au maximum des produits industriels. C’est pourquoi même si nous parlons des marques qui ne testent pas sur les animaux, nous insistons surtout sur le fait qu’il n’y a pas mieux que « faire les choses

soi-même ». Ces produits sont très faciles à faire, écologique, moins onéreux que les produits industriels et au moins nous savons ce qu’il y a dedans. Nous allons également faire prochainement la même chose pour les cosmétiques et les produits d’hygiène.

Qu’entendez-vous par « antispécisme » ? A LTD, nous n’utilisons parexemple pas ce terme, mais c’est souvent une simple question dedéfinition ; ce que nous reprochons, c’est l’attitude d’être « contre » et de ne pas aimer les animaux. Soutenez-vous par exemple les adoptions ?

Le spécisme est une discrimination basée sur l’espèce, comme l’est par exemple le sexisme par rapport au sexe ou la xénophobie par rapport aux origines.

Les spécistes considèrent que, comme les animaux non humains ne font pas partie de notre espèce, cela nous donne des droits illimités sur eux. Nous sommes radicalement opposés à ce totalitarisme humain et nous disons qu’il est indispensable de prendre en considération toutes les espèces sur le même pied d’égalité.

L’antispécisme et le véganisme, sont les seules éthiques qui permettent de respecter totalement les animaux non humains. Celles-ci sont donc incompatibles avec des personnes n’ayant pas de considération pour les animaux.

Nous sommes bien sûr pour l’adoption qui est une mesure de sauvetage et de compassion qui est adaptée aujourd’hui aux animaux non humains en détresse.

Mais pour nous ce n’est pas une fin en soi, nous pensons qu’il est important de remettre en cause le fait que les humain-e-s créent des espèces animales esclavesà partir de croisements. Combien de fois avons-nous entendus ce type d’argument : « si je relâche mon chien dans la nature il n’a aucune chance de survivre ! »

L’argument est ridicule mais il a le mérite de soulever des questions. La libération animale ne pourra pas se fairesi les humains continuent à créer des animaux n’ayant pas leur place dans l’écosystème.

Vous faites référence à l’antifascisme. Dans quelle mesure cela vous semble-t-il important aujourd’hui ?

Il est important de rappeler qu’il faut se battre pour tous les animaux qu’ils soient humains ou non humains, donc il est évident que ces luttes sont liées.

Le fascisme se nourrit de la frustration et essaie de se positionner comme une alternative révolutionnaire. Cela s’est passé et se passe encore dans les ex pays communistes mais également dans tous les états capitalistes qui connaissent une énorme poussée de l’extrême droite, et qui par conséquent, deviennent des états ultra sécurisés et totalitaires. Nous ne sommes pas dupes, nous savons que cela montre un système en fin de vie.

Nous pensons qu’il est très important de greffer ces notions égalitaires dans la promotion du véganisme à l’heure où se battre pour les animaux est souvent synonyme de l’association PETA et de certaines de ses campagnes sexistes et racoleuses, ainsi que de la fondation Brigitte Bardot et de sa représentante déjà condamnée 5 fois pour incitation à la haine raciale, etc.

Il est donc d’autant plus important d’opposer cet argument aux militants qui affirment : « les animaux avant tout ». Toutes les discriminations/dominations sont liées et s’articulent autour d’un système qui ne fait que pousser dans ce sens.

C’est pour ces raisons que ces luttes doivent être menées ensembles pour arriver à une libération totale.

Vous voulez mettre en avant l’écologie, mais il y a encore peu de textes àce sujet. A quoi cela ressemblera-t-il ? L’huile de palme est-elle unsujet important à vos yeux ?

L’huile de palme est en effet une de nos préoccupations, car elle est responsable de déforestations massives et entraînera dans les 15 prochaines années la disparition de 98% des forêts tropicales

d’Indonésie et de la Malaisie. Elle est également responsable de l’assassinat et de la destruction de l’habitat de très nombreuses espèces animales.

Le nucléaire est aussi un sujet très important car en plus d’être déjà très implanté dans les pays occidentaux il commence à s’enraciner dans les pays à fort développement industriel comme l’Inde ou la Chine.

Ces sujets sont des questions majeures que nous traiterons ainsi que de nombreuses autres.

Nous voulons en effet mettre en avant l’écologie car c’est pour nous une part importante du veganisme. La planète, au même régime que les espèces y vivant, n’a pas à subir la mainmise des humain-e-s. Comment pourrait-on protéger les espèces qui y vivent sans protéger la planète ?

Ça serait en effet un non-sens.

Nous rejetons le capitalisme vert et son développement durable qui pour nous est une simple façon pour les systèmes capitalistes de marchander la nature, de se donner bonne conscience et de récupérer un marché comme un autre.

Nous irons donc dans ce sens en essayant de montrer des alternatives et l’importance de faire les choses soi-même pour sortir de cette dépendance crééepar nos états et industries.

Vous dites : « Plus nous serons nombreux à dénoncer l’injustice envers leshumains et les animaux, plus vite elle deviendra un débat de société. » A votre avis, comment cette perspective pourra-t-elle devenir réalité ?

Certain-e-s croient que c’est en forçant les gens, en créant des lois que nous ferons avancer les choses. Pour nous cela s’apparente à du fascisme et ne changera pas durablement les choses.

Il faut être ferme, sans compromis et ne pas brader nosidées, mais il est surtout important de le faire de manière positive. Nous nous battons pour faire germer dans nos sociétés des idées égalitaires pour qu’il n’existe plus aucune domination et discrimination.

Et même si notre génération ne connaitra peut-être pas la fin de l’exploitation animale, nous contribuons dès aujourd’hui à un véritable changement de sociétés.

Un jour viendra où le monde sera libre, mais en attendant nous combattrons le meurtre, qu’il soit de masse ou pas, ainsi que lesdominations/discriminations à l’encontre de tous les animaux qu’ils soient humains et non humains.

Merci et longue vie à « La terre d’abord » pour tout ce qu’elle apporte à la cause.