Emmanuel Macron : « Moi, je bois du vin le midi et le soir »

Emmanuel Macron n’est pas qu’un ardent défenseur de la chasse, notamment de la chasse à courre. Il est également un fervent défenseur des agriculteurs et des éleveurs. Parce qu’il sait que le libéralisme qu’il défend s’appuie sur les petits entrepreneurs, sur le maintien d’une culture beauf qui enserre le pays dans l’arriération sur le plan de la pensée et dans la consommation avec un esprit superficiel sur le plan de l’économie.

Ce qui amène, inéluctablement, à la défense de ce qui en France n’est pas considéré comme un alcool : le vin. Alors qu’il recevait 800 jeunes agriculteurs hier à l’Elysée – en réalité il y avait apparemment une bonne part d’éleveurs, il a déclaré la chose suivante :

« Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin. »

Ce relativisme par rapport au vin relève de culte du « savoir-vivre » à la française, masque d’une arriération culturelle ayant le masque du traditionnel, du faussement convivial. C’est l’idéologie du petit gueuleton un peu arrosé, avec ses fausses polémiques, ses psychodrames, son vide culturel.

Ces petites gueulantes qui ne mènent à rien, mais qui flattent l’ego, ces attitudes surjouées, pratiquement théâtrales, le tout considéré comme feutré ou raffiné en raison du « charme » de l’alcool… voilà un style bien français.

Et si l’on ne veut pas que les choses changent, il ne faut surtout rien y changer.  Un pays de beaufs ne fait pas la révolution.

Et le président doit assumer ce style. Tout comme François Hollande trompait sa compagne en se faisant accompagner en scooter chez une autre femme, Emmanuel Macron a expliqué, pour bien montrer qu’il assumait les « traditions » :

« Moi, je bois du vin le midi et le soir. Je crois beaucoup à la formule de (Georges) Pompidou : ‘n’emmerdez pas les Français’. »

Le président de la République qui vante une consommation d’alcool deux fois par jours, voilà la modernité à la française. C’est le prix à payer quand on considère comme « puritain » tout effort prolongé en direction de quelque chose.

Quant à la référence au mot de Pompidou, elle n’étonnera personne, car c’est là très précisément ce qu’est le libéralisme : chacun fait ce qu’il veut, et du moment qu’il n’y a pas de préjudice pour autrui, on ne doit pas intervenir.

Et c’est aussi l’idéologie du scepticisme, de la passivité, du relativisme. Les associations comme L214 disent également qu’il ne faut pas « emmerder » les gens, mais les interpeller symboliquement, en laissant les choses se mettre en place sur le long terme, etc.

C’est là une faillite morale et intellectuelle. C’est là la capitulation devant la valeur morale du véganisme, devant la valeur intellectuelle du besoin de sortir de la beauferie généralisée.

La planète meurt, et il ne faudrait pas brusquer. Et surtout ne pas déranger le pire des policiers : la mentalité de petit propriétaire qui sommeille en chacun… Voire qui ne sommeille pas du tout et est même très actif.

Comme si posséder une maison individuelle permettait d’échapper à la responsabilité de l’évolution du monde, à une France enlisée culturellement, où l’ennui prédomine sauf dans les grandes villes où tout bascule rapidement dans la superficialité, tout se faisant modeler par l’esprit commercial, la volonté de paraître.

Somme toute, on est pratiquement dans une situation qui est celle de l’Ancien Régime, avec une population massivement repliée sur sa vie quotidienne aux traditions célébrées mais fantomatiques culturellement, et une petite minorité qui « s’éclate » et prétend bien vivre avec ses bons restaurants.

Et vu d’un peu plus loin, l’effondrement des mœurs, le relativisme moral, la négation de l’engagement sentimental ou dans le couple, tout cela caractérise une société qui ne vit que de la dissolution de toutes les valeurs comportementales. C’est la fin de toute une époque.

Et cette fin est vantée comme le triomphe du libre-arbitre, du choix individuel, du « respect » de tous les choix. Il ne faut pas emmerder les gens ! Certains veulent changer de sexe ? Qu’ils le fassent ! Certains veulent acheter des enfants auprès de mères porteuses ? Pourquoi pas ! Certains veulent fumer du cannabis ? Cela les regarde !

Et ainsi de suite à l’infini.

Le symbole de ce refus de l’universalisme, ce sont par conséquent aussi les propos d’Emmanuel Macron disant hier :

« Tant que je serai président, il n’y aura pas d’amendement pour durcir la loi Evin. »

C’est logique. La sécurité sociale a été faite en 1945 pour aider les faibles. Désormais, pour tout le monde c’est simplement une assurance individuelle, comme une sorte de mutuelle et donc par la suite il y aura privatisation.

Découle de cela le principe du « malheur au vaincu ». Donc la Loi Evin – qui vise à protéger les faibles, à bloquer l’accès à l’alcool – ne peut pas être renforcée.

Et même elle doit être supprimée, car il est facile de comprendre que ce qui ne doit pas être renforcé doit être affaibli. Toute loi est un rapport de force, dépendant de la balance des engagements d’un côté ou de l’autre.

Dire que la loi Evin ne sera pas renforcée c’est affaiblir sa légitimité. Au nom de la « liberté ». Au nom du fait que chacun doit faire ce qu’il veut. Au nom du principe comme quoi il ne faut pas « emmerder les Français ».

Afin que rien ne change. Jusqu’à l’écoeurement.

« Le bifteck et les frites »

Dans les années 1950, l’intellectuel Roland Barthes a écrit plusieurs articles, dont un nous intéresse ici, puisqu’il analyse « Le bifteck et les frites. » Si Barthes se contente de « déconstruire » le concept du « bifteck – frites », il tombe sur quelque chose qui nous intéresse énormément : l’idéologie « française » d’un certain « bonheur » lié à la viande.

« Le bifteck et les frites », ce n’est pas qu’un plat barbare qu’il faut critiquer, c’est également toute une idéologie, à laquelle il faut se confronter !

Le bifteck participe à la même mythologie sanguine que le vin. C’est le cœur de la viande, c’est la viande à l’état pur, et quiconque en prend, s’assimile la force taurine.

De toute évidence, le prestige du bifteck tient à sa quasi-crudité : le sang y est visible, naturel, dense, compact et sécable à la fois ; on imagine bien l’ambroisie antique sous cette espèce de matière lourde qui diminue sous la dent de façon à bien faire sentir dans le même temps sa force d’origine et sa plasticité à s’épancher dans le sang même de l’homme.

Le sanguin est la raison d être du bifteck : les degrés de sa cuisson sont exprimés, non pas en unités caloriques, mais en images de sang ; le bifteck est saignant (rappelant alors le flot artériel de l’animal égorgé), ou bleu (et c’est le sang lourd, le sang pléthorique des veines qui est ici suggéré par le violine, état superlatif du rouge).

La cuisson, même modérée, ne peut s’exprimer franchement, à cet état contre-nature, il faut un euphémisme : on dit que le bifteck est à point, ce qui est à vrai dire donné plus comme une limite que comme une perfection.

Manger le bifteck saignant représente donc à la fois une nature et une morale.

Tous les tempéraments sont censés y trouver leur compte, les sanguins par identité, les nerveux et les lymphatiques par complément.

Et de même que le vin devient pour bon nombre d’intellectuels une substance médiumnique qui les conduit vers la force originelle de la nature, de même le bifteck est pour eux un aliment de rachat, grâce auquel ils prosaïsent leur cérébralité et conjurent par le sang et la pulpe molle, la sécheresse stérile dont sans cesse on les accuse.

La vogue du steak tartare, par exemple, est une opération d’exorcisme contre l’association romantique de la sensibilité et de la maladivité : il y a dans cette préparation tous les états germinants de la matière : la purée sanguine et le glaireux de l’œuf, tout un concert de substances molles et vives, une sorte de compendium significatif des images de la préparturition.

Comme le vin, le bifteck est, en France, élément de base, nationalisé plus encore que socialisé ; il figure dans tous les décors de la vie alimentaire : plat, bordé de jaune, semelloïde, dans les restaurants bon marché, épais, juteux, dans les bistrots spécialisés ; cubique, le cœur tout humecté sous une légère croûte carbonisée, dans la haute cuisine, il participe à tous les rythmes, au confortable repas bourgeois et au casse-croûte bohème du célibataire ; c’est la nourriture à la fois expéditive et dense, il accomplit le meilleur rapport possible entre l’économie et l’efficacité, la mythologie et la plasticité de sa consommation.

De plus, c’est un bien français (circonscrit, il est vrai, aujourd’hui par l’ invasion des steaks américains). Comme pour le vin, pas de contrainte alimentaire qui ne fasse rêver le Français de bifteck. À peine à l’étranger, la nostalgie s’en déclare, le bifteck est ici paré d’une vertu supplémentaire d’élégance, car dans la complication apparente des cuisines exotiques, c’est une nourriture qui joint, pense-t-on, la succulence à la simplicité.

National, il suit la cote des valeurs patriotiques : il les renfloue en temps de guerre, il est la chair même du combattant français, le bien inaliénable qui ne peut passer à l’ennemi que par trahison.

Dans un film ancien (Deuxième Bureau contre Kommandantur) la bonne du curé patriote offre à manger à l’espion boche déguisé en clandestin français : « Ah, c’est vous, Laurent ! Je vais vous donner de mon bifteck . » Et puis, quand l’espion est démasqué : « Et moi qui lui ai donné de mon bifteck ! » Suprême abus de confiance.

Associé communément aux frites, le bifteck leur transmet son lustre nationale : la frite est nostalgique et patriote comme le bifteck. Match nous a appris qu’après l’armistice indochinois, « le général de Castries pour son premier repas demanda des pommes de terre frite s ».

Et le président des Anciens Combattants d’Indochine, commentant plus tard cette information, ajoutait : « On n’a pas toujours compris le geste du général de Castries demandant pour son premier repas des pommes de terre frites. »

Ce que l’on nous demandait de comprendre, c’est que l’appel du général n’était certes pas un vulgaire réflexe matérialiste, mais un épisode rituel d’approbation de l’ethnie française retrouvée. Le général connaissait bien notre symbolique nationale, il savait que la frite est le signe alimentaire de la « francité ».

Miss Glou Glou la vinicole propose ses vins pour aller avec les « recettes » d’écureuil

Voici ce que l’on pouvait voir il y a quelques jours sur le site du « Monde » :

Mi-provocation mi-propagande, les médias n’en ratent pas une pour contribuer à l’idéologie dominante. Car l’exploitation animale cherche toujours de nouvelles pistes.

L’article du Monde avait pris comme prétexte le fait que le supermarché Budgens, au nord de Londres qui fait 800 mètres carrés, offre dans ses rayons du cadavre d’écureuil. Une initiative commencée il y a plusieurs mois et qui fait que désormais 10-12 cadavres d’écureuils se vendent chaque semaine.

Car selon Andrew Thornton, le directeur du supermarché:

« Dans quelques années, la viande d’écureuil va devenir comme le lapin (…) L’écureuil est une forme de viande très durable. Pour produire une tonne de bœuf, il faut 15 tonnes de céréales. Ce n’est pas durable. Les écureuils se nourrissent de ce qu’ils trouvent dans la nature et ils sont trop nombreux. »

Comme nous sommes en France, on a même droit à un site qui réagit à la française, c’est-à-dire en se demandant quel vin irait avec cette « viande », montrant une recette de cuisine en vidéo (pour en faire un « un somptueux hamburger !!! »).

Et voici les réponses très sérieuses de « Miss Glou Glou » donc, qui tient ce blog. Car nous sommes en France, et il y a des choses avec lesquelles on ne plaisante pas…

Alors si vous trouvez que votre écureuil tout juste cuit ressemble à un civet de lapin, optez pour un rouge léger comme le Bourgueil, ou un bourgogne blanc Montagny. S’il est cuit au vin blanc, comme un lapin chasseur (c’est alors un écureuil chasseur): tentez un Arbois rouge.

Pour ma part, Tic et Tac ressembleraient à du lièvre que ça ne m’étonnerait pas. Il faut alors, comme pour les gibiers, un vin rouge puissant. Alors:

– Si vous faites un écureuil à la broche: accompagnez le d’un patrimonio, vin corse trop souvent délaissé.

– Un écureuil en cocotte, classique: n’hésitez pas à prendre un châteauneuf du Pape ou dans le Rhône septentrional: un crozes-hermitage.

– Pour un écureuil au four, dans des styles différents, un Volnay pour la Bourgogne ou un Saint-Emilion pour le Bordelais pourraient aussi vous régaler.

– Envie de sortir le grand jeu? Avec l’écureuil à la royale, pas d’hésitation, c’est un Hermitage rouge avec ses arômes de violette et pruneau qui se mariera à ravir.

Comme on le voit, LTD n’est pas trop radical, bien au contraire. Nous voyons juste : en France, le véganisme ne se développera pas sans une rupture assumée avec les traditions, avec le conservatisme, avec les moeurs décadentes de grand bourgeois saccageant la planète et prétendant « bien vivre » dans une orgie de massacres!

A noter d’ailleurs que cet article de « Miss Glou Glou » est en page d’accueil du site du Monde… Dans la catégorie « loisirs »!

Apéro « saucisson-pinard », pique-nique « en blanc », halal…

La question végane est une question actuelle, elle a commencé à se poser il y a 20 ans véritablement, et chaque jour qui passe, le véganisme gagne en contenu et se pose comme une alternative nécessaire, tant sur le matériel que celui de la morale.

Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la question de l’alimentation soit mise en avant de manière « radicale », « révolutionnaire »… mais pas forcément dans le bon sens.

Les gens qui ne veulent pas du véganisme tentent inévitablement de contourner la question, comme l’extrême-droite qui attaque le halal afin de ne pas critiquer l’industrie.

Nous en avons déjà parlé avec l’affaire de l’occupation d’un Quick « Halal » à Lyon, ou encore avec la vidéo lilloise du « Front de Libération des Cochons. »

Cette fois encore, on a eu droit à quelque chose du genre. L’apéro parisien « saucisson pinard » a en effet finalement eu lieu, sur le haut des Champs-Elysées plutôt que dans le quartier populaire de la la Goutte d’Or.

Se sont rassemblées… au moins 1.000 personnes, avec comme seule obsession commune l’alcool et la viande, dans un rassemblement au-delà de certains clivages (extrême-droite, associations « de gauche » comme « Riposte laïque » ou certains milieux féministes…).

Et cet apéro fait des émules, avec des initiatives à Douai, Amiens, Lyon…

Tout sauf végan ! Voilà le mot d’ordre de ces gens, qui critiquent le présent non pas en regardant l’avenir, mais en s’attachant au passé, un passé idéalisé, comme en témoigne l’affiche de l’appel à l’apéro.

Mais tout cela est-il bien étonnant ? Non, bien entendu, car sur le plan de la vie quotidienne, les « traditions » l’emportent, et qui représente mieux les « traditions » que l’extrême-droite ?

Cela montre bien à quel point le véganisme doit rompre avec les traditions, et se fonder non pas sur une vision nationale, mais bien une vision planétaire.

L’extrême-droite veut « sauver » la nation et ses traditions, alors que nous voulons la libération des animaux et que Gaïa ne soit pas anéantie par une folle course au profit.

La planète est assassinée, les animaux toujours plus placés dans des conditions d’esclavage… et on trouve des gens désireux de continuer « comme avant » à boire leur petit pinard en mangeant de la « cochonaille » ?

Cet alcool et ces cadavres qui sont consommés seraient l’aboutissement de l’humanité ? Le point culminant de centaines d’années d’évolution culturelle, le fruit de l’avancée de la civilisation ?

Nous le disons clairement : non ! Les innocents ont besoin de nous !

Il va de soi ici que l’extrême-droite n’est que l’avant-garde, ou plutôt l’arrière-garde des valeurs dominantes.

Voici par exemple le point de vue de Périco Légasse, rédacteur en chef de la rubrique « art de vivre » à l’hebdomadaire Marianne et animateur sur la Chaîne parlementaire (LCP) de l’émission mensuelle « Toques et politique. »

Ce point de vue est édifiant et résume tout ce qu’il faut combattre. Justement, avant de voir son point de vue sur cette histoire d’apéro, voyons d’abord ce qu’il a comme conception du monde :

« BIENVENUE A MA TABLE

Ce blog prétend défendre une certaine idée du goût de la France. Notre patrimoine gastronomique, qu’il soit agricole, maritime, viticole ou culinaire, n’est en aucun cas la propriété exclusive des Français, mais celui de l’humanité toute entière. (…)

Reflets de nos diversités régionales, expression des particularismes qui façonnent notre physiologie gustative, le vin de France, la cuisine française, les produits de nos terroirs ne sont pas les meilleurs, d’autres endroits du monde en proposent d’aussi bons, ils sont tout simplement uniques, donc irremplaçables. Les voici aujourd’hui menacés par la globalisation.

C’est cette spécificité là qu’il convient de protéger, de perpétuer et de partager, afin que les saveurs d’en France continuent à réjouir celles et ceux qui aiment célébrer le mariage des plats et des vins.

Chers lecteurs, ce blog se veut un espace de dégustation, de réflexions sensorielles, de débats alimentaires, de joutes bachiques, de convivialité gourmande, un repère de coups de gueule, de fins palais, de francs gosiers et de dents dures. Tel un festin, il est destiné au partage et à l’échange, dans l’espoir d’accueillir le plus possible de convives autour de la table. »

La mort faite culture, l’abandon de la pensée dans le vin faite civilisation. Au lieu d’une ouverture à Gaïa, voici l’idéologie de l’ouverture à l’égoïsme et à l’égocentrisme.

Quelle hypocrisie que de parler d’éveil des sens alors qu’il ne s’agit que de l’endormissement de tous nos sens par rapport à la vie, par rapport à Gaïa.

Pour ce type de gens, rien ne doit changer, l’esclavage des animaux doit se perpétuer. Voici justement comment ce « gastronome » analyse la question de l’apéro parisien « saucisson pinard »:

« Il est scandaleux que, faute de lieux privés où observer leur culte, des hommes soient contraints de prier sur la voie publique, qui plus est sans autorisation du ministère de l’intérieur (et des cultes), mais il est encore plus scandaleux que l’on s’en prenne au vin et au saucisson sous prétexte qu’ils sont instrumentalisés par un groupuscule fasciste et raciste.

Depuis quand colle-t-on des estampilles politiques sur des aliments aussi ordinaires que le vin et le saucisson dans une capitale où foisonnent en parfaite coexistence toutes les cuisines du monde ? Qui cherche à casser le consensus ? A qui profite l’anathème ?

En fait, dès lors qu’une communauté, qu’elle quelle soit, a privatisé un tronçon de l’espace public, cela devient un acquis auquel on ne peut plus toucher. Dire non, pas ça et pas comme ça, relève aussitôt de la provocation. Il faut se taire, s’écraser, la boucler. Il n’est que de voir les réactions d’hystéries, dans les deux camps, pour s’en inquiéter.

Jusqu’à nouvel ordre, le vin rouge et le saucisson sont des emblèmes inaliénables de la laïcité républicaine.

Cela peut paraître ridicule et dérisoire à première vue, mais ces valeurs-là ne sont pas négociables, car si nous cédons sur celles-là, demain, nous serons peut-être amenés à céder sur d’autres et à effacer des frontons de la République les trois mots qui n’auront plus l’heur de plaire à des citoyens s’étant un jour estimés victime de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité pour lesquelles sont tombés, non seulement nos pères, mais aussi ceux de ceux qui prient dans les rues de Paris et de Marseille. »

Pour ce gastronome, ses valeurs ne sont pas négociables. Les nôtres non plus. Et il s’imagine que la question « alimentaire » n’est pas question politique.

Et si elle l’est ; elle est une question politique par excellence, c’est-à-dire s’élevant jusqu’à la morale. Qu’est-ce que la politique en effet si ce n’est la question du choix de la morale ?

C’est donc une question de priorité, et notre priorité s’appelle : libération animale et libération de la Terre. Ce sont les critères pour comprendre le monde, pour savoir ce qui va dans le bon sens, et ce qui va dans le mauvais.

Inversement, voici comment le rédacteur en chef de « Riposte laïque » explique sa ligne, dans une interview à Marianne. Il parle justement de l’occupation du Quick Halal… Et évidemment il le fait dans une perspective totalement opposée à la nôtre…

Pourquoi avoir accepté d’organiser cela conjointement avec le Bloc identitaire, une organisation d’extrême droite à la réputation sulfureuse qui semble très éloignée des valeurs que vous défendiez jusqu’ici ?

L’islamisation de la France progresse. Et nous sommes consternés par la passivité des acteurs politiques, par la façon dont ils minimisent le phénomène. Dans la gauche, qui est notre camp, les laïcs et les féministes sont aux abonnés absents. Sur la burqa, ils n’ont pas bougé !

Si les socialistes étaient encore au pouvoir, il n’y aurait pas de loi sur le voile à l’école, et toujours pas de débat sur la burqa. C’est un constat désespérant : sur le sujet de la montée de l’islam et ses enjeux, la gauche est en faillite idéologique.
Alors une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait ? On reste dans un splendide isolement et on demeure pur ? Ou on commence à agir ?

Donc, vous avez choisi de perdre votre pureté en vous associant au Bloc identitaire ?

On est obligés de regarder quelles sont les forces qui sont prêtes à faire quelque chose pour alerter les citoyens sur les enjeux de la montée de l’islam. Il n’y a pas grand monde qui soit prêt à le faire, ni à gauche, ni à droite.

Le bloc identitaire a mené quelques actions qui nous ont interpellés, par exemple sur l’histoire des Quick Halal [invasion d’un Quick halal par 70 personnes affublées de masques de cochons, ndlr] ou de la mosquée de Bordeaux [diffusion d’un bruyant appel à la prière dans les rues du quartier bastide à 6 heures du matin, ndlr].

On ne se reconnaît certes pas dans leur régionalisme et leur conception ethnique. Mais on a senti chez eux une volonté de se défaire de leur côté sulfureux et de se rapprocher d’une droite populiste à l’image de l’UDC suisse [parti ultraconservateur à l’origine de la votation suisse sur l’interdiction des minarets, ndlr].

Ce n’est pas sans rappeler la logique de la fondation Brigitte Bardot, qui ne cesse elle aussi de critiquer le halal en oubliant d’attaquer l’industrie…

La logique des anti-vegans, c’est : « tout doit changer pour que rien ne change. » Et pour finir justement notre propos, voici un article d’hier, au sujet d’un autre pique-nique.

Ce pique-nique là s’est déroulé également à Paris, la veille de l’apéro « saucisson-pinard. » Il est son contraire… Mais justement pas pour nous, en tant que vegans!

Des milliers de Parisiens au «pique-nique en blanc»

La seule condition pour participer était d’être habillé de blanc. Des milliers de Parisiens ont participé jeudi soir au pique-nique géant organisé dans le jardin du Carrousel à Paris. Le must de l’élégance et de la fête chic.  Pendant que d’autres regardaient le match de football, des centaines de personnes ont convergé entre 20 heures et 21 heures en un même endroit tenu secret jusqu’au dernier moment.

Le décor : tables de bridge, nappes blanches, chandeliers en argent, bouteilles de champagne et repas soigné. Depuis vingt ans, cet événement surprise remporte un succès croissant. Hier soir, plusieurs milliers de personnes ont fait bombance… avec l’autorisation implicite de la préfecture de police.

Apéro « saucisson-pinard », pique-nique « en blanc », halal… Aucune différence à nos yeux!