"Bêtes et hommes"

Un drôle de malaise que cette exposition à la Villette du 12 septembre 2007 au 20 janvier 2008 à Paris. Après une énorme expo de 3 500 m2, des animaux enfermés au milieu d'une foule d'oeuvres relevant de l'art contemporain, il y a la librairie. Et dans cette librairie, au milieu d'une multitude d'ouvrages artistiques, de petits manuels anti-végans (du genre faut manger bien mais pas être extrémiste), une petite bédé "antispéciste" publiée plus ou moins à l'arrache chez xerographes.

Un arrière-goût: celui que le véganisme ne serait que... "le dindon de la farce". La cerise humaniste sur le gâteau de l'exploitation animale.



Que dire sur l'expo? Elle était incompréhensible. En théorie, "une scénographie spectaculaire composée d'une quarantaine de huttes". En pratique, des huttes exposant des photos, des vidéos, des explications, avec à chaque fois une thématique particulière: l'animal comme source d'inspiration pour la technique, comme objet de fascination, etc.

En pratique, le tout sert surtout de prétexte à des loufoqueries décadentes d'artistes s'engraissant sur fond d'intellectualisme sur la question du rapport aux animaux. Ou pour la version beauf «Un rendez-vous sur des questions de société et d'écologie à ne pas manquer!» (Télé 7 jours, 15-21 septembre).



Au milieu de ce décor, marqué parfois de slogans sur une banderole au plafond, comme "l'animal est un étranger pour l'homme", il y avait des animaux "en résidence": mainates, iguanes, outardes, corneilles, loutres, vautours... servant de prétexte au côté "touristique" de la chose.

Avec écrit en petit, une phrase "intellectuelle" que personne ne verra: "En résidence ici, parce que ce ne sont pas de nouveaux NAC". Voilà la prétention éducative: d'un côté on se la joue humaniste en affirmant que telle espèce n'est pas un "nouvel animal de compagnie", de l'autre on montre de "belles photos" du montreur d'ours Chesneau et de Julia « la bête ».



Certaines personnes de l'AVES (association de protection des espèces menacées) ont vu l'expo aussi également, et dans un grand élan d'idéalisme, ils disent : "Remarquable initiative pour une expo grand public de montrer des films vidéo sur l'élevage intensif". C'est vrai c'est l'unique chose qui n'était pas à vomir dans cette exposition. Mais les quelques minutes où l'on voit une vache se faire tuer, personne ne les a vu: personne ne s'arrêtait, personne.



Attendre quelque chose d'une exposition relevant de la culture dominante est idéaliste. Le meilleur qu'il est possible d'attendre, c'est un art qui, quand il n'est pas décadent voire pervers, est incompréhensible, comme ce chimpanzé transpercé, symbole de la souffrance, mais qui le comprendra? Comme ces photos de souris mutantes, rendues difformes: les afficher est de l'art?

Un lapin de laboratoire taxidermisé, avec des fils de laine issue de Dolly la brebis clonée qui forment des phrases "contestataires", est-ce de l'art? Ou bien de la complaisance ultra-critique vis-à-vis de ce qui est et doit être compris comme inacceptable?