La religion jain, ou jainisme, est l'une des principales religions historiques de l'Inde avec l'hindouisme, le bouddhisme et l'islam. Elle est apparue vers l'an 680 avant Jésus-Christ, à la même époque que le bouddhisme.

Mais à la différence du Bouddha qui considérait comme secondaire les affaires du monde et était partisan de la "voie du milieu", le fondateur du jaïnisme, Mahavira, attacha une très grande importance à la vie. La religion jaïn peut ainsi se résumer au mot sanskrit AHIMSA, le mot himsa signifiant blessure et le a étant privatif. Aujourd'hui en hindi le mot ahimsa signifie "non-violence".

Mahavira, a ainsi rétabli les traditions végétariennes qui existaient avant la colonisation de l'Inde par les peuplades aryennes et l'introduction du système des castes. Ces traditions végétariennes étaient parallèles aux structures matriarcales. C'est également dans cette période de l'Inde que se développe la théorie de la réincarnation.





Le jaïnisme respecte la vie sous toutes ses formes. Les jains excluent ainsi de leur alimentation toute viande, tout poisson, tout oeuf, le miel, l'eau non filtrée ainsi que les plantes ayant des racines (en raison des animaux qui pourraient être tués en les arrachant.)

Un moine jaïn historique de la période de Mahavira, Ayaram Gasutta, dira ainsi : "On ne doit tuer, ni maltraiter, ni injurier, ni tourmenter, ni pourchasser aucune sorte d'être vivant, aucune espèce de créature, aucune espèce animale, ni aucun être d'aucune sorte. Voilà le pur, éternel, et constant précepte de la religion, proclamé par les sages qui comprennent le monde."

Certains ascètes jains portent également sur le visage un masque de coton afin de ne pas avaler d'animaux microscopiques, et les jains ont ouvert en Inde de très nombreux hopitaux gratuits pour animaux.



L'hôpital pour oiseaux, à Delhi, est l'un des plus connus. Il se situe à l'emplacement d'un ancien temple jain, en face du fort rouge, un bâtiment très connu. Chaque jour une soixantaine d'animaux sont amenés là-bas, où ils sont soignés et éventuellement hospitalisés; l'hôpital peut s'occuper de plusieurs milliers d'animaux. 75% des animaux guérissent, et ceux qui meurent à l'hôpital, notamment ceux qui sont trop vieux et ne veulent plus quitter l'hôpital où ils sont nourris, sont incinérés sur les berges du Yamuna, comme les sont les humains.

Les jains multiplient ces initiatives. Ces soins vont jusqu'à l'existence de maison de retraite pour animaux. On retrouve ces Panjarapol dans les états du Rajasthan et du Gujarat, mais également à Mumbai (Bombay). Les jaïns ne vivent en effet pas dans toute l'Inde actuelle, et ne forment qu'une petite minorité.



Le jaïnisme considère que les animaux méritent le respect comme toute créature vivante. Tout refus de ce respect amène un mauvais karma aboutissant à la réincarnation, d'où les jaïns veulent s'échapper en respectant les cinq voeux que sont la non blessure (ahimsa), le non mensonge (satya), le non vol (asteya), la non possession (aparigrah) et la chasteté (brahmcharya). Il ne faut, ni en pensée, en parole ou en action: blesser quelqu'un (krita), amener quelqu'un à être blessé par d'autres (karita), approuver une blessure faite par d'autres (anumata, mananat, or anumodana).

L'Inde a conservé ce rapport non conflictuel aux animaux datant du début de l'humanité dans beaucoup de ses représentations religieuses. Hanuman le dieu singe symbolise la force et la sagesse, Ganesha symbolisant la prospérité a une tête d'éléphant, Shiva est représenté avec un cobra autour du cou,Durga chevauche un tigre ou un lion, Saraswati est accompagné d'un cygne ou d'un paon, Vishnu voyage sur le dos d'un aigle.





Les religions de l'Inde n'ont pas inventé ce rapport aux animaux, et il ne s'agit pas non plus d'animisme comme les religions judéo-chrétiennes tentent de le faire croire. L'Inde a vécu longtemps dans une période de matriarcat, caractérisé par le végétarisme, et celui-ci est encore très fort dans le Sud de l'Inde, dans les zones dominées le plus tardivement historiquement par les peuplades guerriers aryens. Les religions d'Inde ont conservé la nostalgie de la compassion ayant existé avant l'implosion sociale des premières communautés humaines.