La Déclaration de Montréal sur l’exploitation animale d’octobre 2022

Depuis le début sur LTD, nous réfutons l’antispécisme au nom du véganisme, car nous avons toujours considéré que le véganisme c’était l’amour pour les animaux (et la Nature), tandis que l’antispécisme était une position moraliste de gens négatifs cherchant simplement à ne pas participer à des horreurs.

Nous avons également à travers cela considéré que le véganisme devait être populaire et créatif, et non pas bourgeois et un gagne-pain pour une carrière universitaire ou associative ou quoi que ce soit du genre. Voir des gens se mettant individuellement en avant « au nom des animaux » ces quinze dernières années a été l’une des pires choses qui soient, et d’ailleurs bien souvent ces gens ont disparu.

Ces précisions sont nécessaires pour comprendre le sens de la « Déclaration de Montréal sur l’exploitation animale » de début octobre 2022, écrite par des « philosophes » pour des « philosophes ». L’initiative part d’ailleurs du Canada avec le « Groupe de recherche en éthique environnementale et animale ».

Ces philosophes de différents pays, dont bon nombre sont très sympathiques certainement, font ici du lobbying avant toute autre chose ; ils se placent d’ailleurs sur le très long terme et ne veulent surtout pas bousculer les choses.

On ne veut pas forcément (au moins) l’ALF, mais enfin des gens qui s’installent bien confortablement dans la société, avec un bon salaire, une bonne reconnaissance sociale… tout en disant qu’ils font du bien à la société : c’est du même niveau que le capitalisme californien qui prétend avoir une utilité sociale de par son propre égoïsme.

L’état d’esprit est très révélateur, pour cette raison même. Ils ne disent pas qu’il ne faut pas tuer les animaux parce qu’il faut aimer la vie, mais qu’il ne faut pas les tuer, parce qu’il ne faut pas aimer la mort. En apparence, cela revient au même, en pratique cela n’a rien à voir, tant sur le plan des mentalités que de la culture, de la pratique.

Le sens de l’urgence s’en ressent justement et c’est un bon point de départ pour comprendre ça. Si vous aimez la vie, alors vous comprenez qu’on est dans l’urgence, que la Terre est attaquée, que l’humanité menant mal sa barque l’agresse, la meurtrit. Si vous n’aimez pas la mort, vous vous contenterez de dire qu’on peut mieux faire, qu’on doit mieux faire… mais du point de vue anthropocentrique.

En vérité c’est le fond de la question : soit l’humanité se soumet à Gaïa, soit elle continue de s’imaginer un « empire dans un empire » et elle court à la catastrophe. Les philosophes ne veulent pas que l’humanité se soumettent, ou plutôt beaucoup certainement le voudraient, mais ils ne pensent pas que cela soit possible, alors ils se retournent en son contraire.

Il y a tellement de gens qui voient leur démarche se retourner en leur contraire de par leur incapacité à affronter de manière à la fois rationnelle et sensible la question des animaux, car ils ne partent pas de la seule réalité : la Nature !


Déclaration de Montréal sur l’exploitation animale

Nous sommes des chercheurs et des chercheuses en philosophie morale et politique. Nos travaux s’inscrivent dans des traditions philosophiques diverses et nous sommes rarement tous du même avis. Nous nous accordons toutefois quant à la nécessité de transformer en profondeur nos relations avec les autres animaux. Nous condamnons l’ensemble des pratiques qui supposent de traiter les animaux comme des choses ou des marchandises. 

Dans la mesure où elle implique des violences et des dommages non nécessaires, nous déclarons que l’exploitation animale est injuste et moralement indéfendable. 

En éthologie et en neurobiologie, il est bien établi que les mammifères, les oiseaux, les poissons et de nombreux invertébrés sont sentients, c’est-à-dire capables de ressentir du plaisir, de la douleur et des émotions. Ces animaux sont des sujets conscients ; ils ont leur propre point de vue sur le monde qui les entoure.

Il s’ensuit qu’ils ont des intérêts : nos comportements affectent leur bien-être et sont susceptibles de leur faire du bien ou du mal. Lorsque nous blessons un chien ou un cochon, lorsque nous maintenons en captivité un poulet ou un saumon, lorsque nous tuons un veau pour sa chair ou un vison pour sa peau, nous contrevenons gravement à ses intérêts les plus fondamentaux.

Pourtant, tous ces dommages pourraient être évités. Il est évidemment possible de s’abstenir de porter du cuir, d’assister à des corridas et des rodéos, ou de montrer aux enfants des lions enfermés dans des parcs zoologiques.

La plupart d’entre nous pouvons d’ores et déjà nous passer d’aliments d’origine animale tout en restant en bonne santé et le développement futur d’une économie végane rendra cela plus facile encore. D’un point de vue politique et institutionnel, il est possible de cesser de voir les animaux comme de simples ressources à notre disposition. 

Le fait que ces individus ne soient pas membres de l’espèce Homo sapiens n’y change rien : s’il semble naturel de penser que les intérêts des animaux comptent moins que les intérêts comparables des êtres humains, cette intuition spéciste ne résiste pas à un examen attentif. Toutes choses égales par ailleurs, l’appartenance à un groupe biologique (qu’il soit délimité par l’espèce, la couleur de peau ou le sexe) ne peut justifier des inégalités de considération ou de traitement. 

Il existe des différences entre les êtres humains et les autres animaux, tout comme il en existe entre les individus au sein des espèces. Certaines capacités cognitives sophistiquées donnent certes lieu à des intérêts particuliers, qui peuvent à leur tour justifier des traitements particuliers. Mais les capacités d’un individu à composer des symphonies, à faire des calculs mathématiques avancés ou à se projeter dans un avenir lointain, aussi admirables soient-elles, n’affectent pas la considération due à son intérêt à ressentir du plaisir et à ne pas souffrir.

Les intérêts des plus intelligents parmi nous n’importent pas davantage que les intérêts équivalents de ceux qui le sont moins. Soutenir l’inverse reviendrait à hiérarchiser les individus en fonction d’une faculté n’ayant aucune pertinence morale. Une telle attitude capacitiste serait moralement indéfendable.

Il est en somme difficile d’échapper à cette conclusion : parce que l’exploitation animale nuit aux animaux sans nécessité, elle est foncièrement injuste. Il est donc essentiel d’œuvrer à sa disparition, en visant notamment la fermeture des abattoirs, l’interdiction de la pêche et le développement d’une agriculture végétale.

Nous ne nous faisons pas d’illusions ; un tel projet ne sera pas réalisé à court terme. Il requiert en particulier de renoncer à des habitudes spécistes bien ancrées et de transformer en profondeur certaines de nos institutions. La fin de l’exploitation animale nous apparaît toutefois comme l’unique horizon collectif à la fois réaliste et juste pour les non-humains.

  1. Elisa Aaltola, Senior Research Fellow, University of Turku, Finland
  2. Cheryl Abbate, Assistant Professor of Philosophy, University of Nevada, Las Vegas
  3. Ralph Acampora, Associate Professor of Philosophy, Hofstra University
  4. Carol Adams, Author, The Sexual Politics of Meat, Independent scholar
  5. Karim Akerma, Doctor, Independant
  6. Frauke Albersmeier, Researcher in Animal Ethics, Heinrich Heine University Düsseldorf, Germany
  7. Sandra Alexander, Assistant Professor of Humanities, American University in Dubai
  8. Michael Allen, Professor, East Tennessee State University
  9. Ozan Altan Altinok, Post Doctoral Researcher in Philosophy and Ethics of Science in Practice, Center for Ethics and Law in Life Sciences, Leibniz University of Hannover
  10. Bertha Alvarez Manninen, Professor of Philosophy, Arizona State University
  11. Carlo Alvaro, Associate Professor of Philosophy, CUNY
  12. Mahesh Ananth, Professor of Philosophy, Indiana University 
  13. Dave Anctil, Chercheur en technophilosophie, Observatoire internationale sur l’IA et le numérique (OBVIA, Université de Laval)
  14. Jacy Reese Anthis, Sociologist, co-founder of the Sentience Institute, Sentience Institute
  15. Françoise Armengaud, Docteur en philosophie, Ex-Maître de conférences Université de Paris-Ouest-Nanterre
  16. Michael Ashooh, Lecturer, University of Vermont
  17. Nikolaos Asproulis, Academic Associate, Volos Academy for Theological Studies, Greece
  18. Peter Atterton, Professor of Philosophy, San Diego State University
  19. Robin Attfield, Professor Emeritus of Philosophy, Cardiff University
  20. Iván Darío Ávila Gaitán, Postdoctoral Researcher in Animal Ethics, Universidad Nacional de Colombia – ILECA – CIFECT
  21. Christiane Bailey, Coordinatrice Centre de justice sociale, Université Concordia
  22. Normand Baillargeon, Philosophie de l’Éducation, Le Devoir
  23. Liv Baker, Animal Behavior and Wellbeing Scientist, Hunter College, CUNY
  24. Jonathan Balcombe, Author on animal sentience, Self-affiliated
  25. Anne Baril, Lecturer in Philosophy, Washington University in St. Louis
  26. Jeremy Barris, Professor in Philosophy, Marshall University
  27. Robert Bass, Adjunct Full Professor, University of North Carolina at Pembroke        
  28. Piers Beirne, Emeritus Professor of Sociology and Legal Studies and Author, University of Southern Maine, USA
  29. Sofia Belardinelli, PhD Student in Environmental Ethics, University of Naples Federico II 
  30. Jeremy Bendik-Keymer, Professor of Philosophy, Case Western Reserve University
  31. Amélie Benedikt, Professor in Ethics, Texas State University 
  32. Rod Bennison, Independent Scholar, Chair and Founder Minding Animals International
  33. Paige Benton, Researcher in AI Ethics and Moral and Political Philosophy, University of Pretoria, South Africa
  34. Brian Berkey, Associate Professor, University of Pennsylvania
  35. John Berkman, Professor of Moral Theology, Regis College, University of Toronto
  36. Justin Bernstein, Assistant Professor of Philosophy, Vrije Universiteit Amsterdam
  37. Asha Bhandary, Political Philosopher / Associate Professor of Philosophy, University of Iowa     
  38. Faith Bjalobok, Professor of Philosophy, Duquesne University 
  39. Charlotte Blattner, Senior Lecturer and Researcher, Institute for Public Law, University of Bern, Switzerland
  40. Olle Blomberg, Researcher in practical Philosophy, University of Gothenburg
  41. Chris Bobonich, CI Lewis Professor of Philosophy, Stanford University 
  42. Alcino Eduardo Bonella, Professor of Ethics, University of Uberlândia, Brazil
  43. Julia Borcherding, Associate Professor, University of Cambridge 
  44. Leonie N. Bossert, Animal ethicist, University of Tübingen
  45. Mylène Botbol-Baum, Professeure de philosophie et de bioéthique, Université catholique de Louvain
  46. Chiara Bottici, Associate Professor in Philosophy, The New School
  47. Michel Bourban, Chercheur en éthique et philosophie politique, University of Warwick
  48. Bernice Bovenkerk, Associate Professor of Animal and Environmental Ethics, Wageningen University 
  49. Philip Brey, Full Professor in Philosophy and Ethics of Technology, University of Twente
  50. Nicole Broadbent, Researcher on wildlife Ethics and conservation, University of Johannesburg
  51. David G. Brooks, Associate Professor (Honorary), University of Sydney
  52. Teya Brooks Pribac, Researcher in Animal Subjectivity, Independent
  53. Huub Brouwer, Assistant Professor of Ethics and Political Philosophy, Tilburg University
  54. Etienne Brown, Assistant Professor of Philosophy, San Jose State University
  55. Heather Browning, Lecturer in Philosophy, University of Southampton
  56. Florence Burgat, Directrice de recherche, Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, France
  57. Nick Byrd, Philosopher and Scientist, Stevens Institute of Technology 
  58. Philip Cafaro, Professor of Philosophy, Colorado State University
  59. Matthew Calarco, Professor, California State University
  60. Cheshire Calhoun, Professor of Philosophy, Arizona State University
  61. Paco Calvo, Professor of Philosophy of Science, Universidad de Murcia
  62. Douglas Campbell, Senior Lecturer in Philosophy, Researcher of Human Altruism, University of Canterbury, New Zealand 
  63. Deborah Cao, Professor in Animal Law and Ethics, Griffith University, Australia
  64. Silvia Caprioglio Panizza, Marie Skłodowska-Curie Researcher in Ethics, University of Pardubice
  65. Adam Cardilini, Lecturer in Environmental Science, Deakin University
  66. Erik Carlson, Professor in practical Philosophy, Uppsala University
  67. Petra Carlsson Redell, Professor, Stockholm School of Theology
  68. Paula Casal, Full Professor, ICREA and Pompeu Fabra University 
  69. Jodey Castricano, Professor Critical Animal Studies, University of British Columbia
  70. Amandine Catala, Associate Professor of Philosophy, Université du Québec à Montréal (UQAM)
  71. Lucius Caviola, Researcher in Moral Psychology, Harvard University
  72. Jonathan Chen, Instructor in Ethics/Philosophy, Sacramento State University
  73. Andrew Chignell, Professor in Human Values, Philosophy, and Religion, Princeton University
  74. Ryoa Chung, co-Directrice du Centre de recherche en éthique / professeure titulaire philosophie, Université de Montréal
  75. Chris Ciocchetti, Associate Professor of Philosophy, Centenary College of Louisiana
  76. Mich Ciurria, Crip Feminist Philosopher, University of Missouri-St. Louis 
  77. Stephen R.L. Clark, Emeritus Professor of Philosophy, University of Liverpool
  78. Dale Clark, Researcher in Ethics and Epistemology, University of South Dakota 
  79. Alasdair Cochrane, Professor of Political Theory, University of Sheffield
  80. Yolandi M. Coetser, Senior Lecturer in Philosophy, North West University, South Africa
  81. Simon Coghlan, Senior Lecturer in AI and Digital Ethics, The University of Melbourne
  82. Mara-Daria Cojocaru, Doctor in Philosophy, Munich School of Philosophy
  83. Peter Cole, Associate Professor Indigenous and Ecojustice Education, University of British Columbia
  84. Raffaella Colombo, Researcher in Moral Philosophy, Università degli Studi di Milano
  85. Gary Comstock, Alumni Distinguished Undergraduate Professor, North Carolina State University
  86. Sophia Connell, Senior Lecturer in Philosophy, Birkbeck College, University of London
  87. Steve Cooke, Associate Professor of Political Theory, University of Leicester
  88. Guillaume Coqui, Maître de conférences en philosophie moderne et contemporaine, Université de Bourgogne
  89. Raymond Corbey, Professor of Philosophy of Science and Anthropology, Leiden University
  90. Frédéric Côté-Boudreau, Enseignant en philosophie au collégial, Collège de Maisonneuve
  91. Jackson Coy, Philosopher, University of Dar es Salaam, Tanzania
  92. Alice Crary, University Distinguished Professor of Philosophy, New School for Social Research
  93. Simon Cushing, Associate Professor of Philosophy, University of Michigan-Flint
  94. Jennifer Daigle, PhD Candidate in Philosophy, Yale University 
  95. Anya Daly, Senior Lecturer in Philosophy and Ethics, University of Tasmania
  96. Emilie Dardenne, Maîtresse de conférences en études anglophones et animal studies, Université Rennes 2
  97. Ben Davies, Research Fellow, University of Oxford
  98. Gabriele De Angelis, Researcher in Political Theory, NOVA University of Lisbon
  99. Ramiro De Ávila Peres, Researcher in Political Philosophy, NOVA University of Lisbon
  100. Brenda De Groot, Researcher in Primatology and Critical Animal Studies, Leiden University 
  101. David DeGrazia, Elton Professor of Philosophy, George Washington University
  102. Konstantin Deininger, Doctoral Candidate in Animal Ethics and Moral Philosophy, University of Vienna 
  103. Nicolas Delon, Associate Professor of Philosophy and Environmental Studies, New College of Florida
  104. Lara Denis, Professor of Philosophy, Agnes Scott College
  105. Tristan Derham, Associate Researcher, University of Tasmania
  106. Evgeniy Derzhivitskyi, Philosophical Sciences, PhD, Associate Professor at the Department of Ethics, Saint Petersburg State University
  107. Philippe Devienne, Dr Philosophie, D.M.Vétérinaire, Paris-Sorbonne, ENV Alfort
  108. Annalisa Di Mauro, Research Fellow in Moral Philosophy, University of Genoa and member of EtApp (Laboratory for Applied Ethics Research)
  109. Jonathan H. Dickstein, Assistant Professor in Religion, Carleton College
  110. Paulette Dieterlen, Researcher at Institute on Philosophical Research, National University of Mexico
  111. Peter Dietsch, Professeur, University of Victoria
  112. Susan Dimock, Professor of Philosophy and University Professor, York University 
  113. Vitor Manuel Dinis Pereira, Researcher, LanCog, Centre of Philosophy, University of Lisbon
  114. Tyler Doggett, Professor of Philosophy, University of Vermont
  115. Daniel A. Dombrowski, Professor of Philosophy, Seattle University 
  116. Brianne Donaldson, Associate Professor, University of California, Irvine
  117. Marie-Josée Drolet, Full Professor and ethicist, Université du Québec à Trois-Rivières
  118. Jan Dutkiewicz, Postdoctoral Fellow, Swiss National Science Foundation
  119. Heather Eaton, Full Professor, Saint Paul University, Ottawa
  120. Rainer Ebert, International Research Associate, University of Dar es Salaam
  121. William Edelglass, Moral Philosophy, Emerson College and the Barre Center for Buddhist Studies
  122. Mylan Engel Jr, Professor of Philosophy, Northern Illinois University
  123. Erno Eskens, Philosopher, Independent
  124. Diego Exposito, PhD Candidate in Moral and Political Philosophy, The University of Sheffield 
  125. Catia Faria, Assistant Professor / Researcher in Animal Ethics, Complutense University of Madrid
  126. Manuel Fasko, Researcher in History of Philosophy, University Basel
  127. Luc Faucher, Professeur, département de philosophie, Université du Québec à Montréal
  128. Andrew Fenton, Associate Professor of Philosophy, Dalhousie University
  129. Giuseppe Feola, Researcher in History of Ancient Philosophy and Science, University D’Annunzio, Italy 
  130. Laura Fernández, PhD in Communication, researcher in Critical Animal Studies, Centre for Animal Ethics, Universitat Pompeu Fabra
  131. Juan Antonio Fernández Manzano, Researcher in Political Philosophy, Complutense University of Madrid
  132. Estelle Ferrarese, Professeure de philosophie morale et politique, Université de Picardie-Jules Verne
  133. Arianna Ferrari, Senior Researcher, Independent scholar
  134. Andrew Fiala, Professor of Philosophy, California State University, Fresno
  135. Carrie Figdor, Professor, University of Iowa
  136. Iskra Fileva, Professor of Philosophy, University of Colorado, Boulder
  137. Sascha Benjamin Fink, Junior Professor for NeuroPhilosophy, Otto-von-Guericke-Universität Magdeburg
  138. Stephen Finlay, Professor of Moral Philosophy, Australian Catholic University
  139. Bob Fischer, Associate Professor of Philosophy, Texas State University
  140. Corrado Fizzarotti, Researcher in Environmental Ethics, National Research Council of Italy 
  141. Will Fleisher, Assistant Professor of Philosophy, Georgetown University
  142. Leticia Flores Farfán, Researcher, National Autonomous University of Mexico
  143. Lisa Forsberg, Research Fellow, University of Oxford
  144. Björn Freter, Lecturer, SOAS University of London
  145. Katy Fulfer, Associate Professor of Philosophy and Gender & Social Justice, researcher in bioEthics and animal Ethics, University of Waterloo
  146. Elisa Galgut, Philosophy Professor, University of Cape Town
  147. Dmitri Gallow, Senior Research Fellow, Dianoia Institute of Philosophy, Australian Catholic University
  148. Harold Gamble, Emeritus Philosophy Teacher, Colorado State University 
  149. Andrea Gammon, Assistant Professor, Ethics & Philosophy of Technology, TU Delft
  150. Molly Gardner, Assistant Professor of Philosophy, University of Florida
  151. Gabriel Garmendia Da Trindade, Lecturer in Philosophy, Federal Institute of Rio Grande do Sul (IFRS, campus Ibirubá)
  152. Aaron Garrett, Professor of Philosophy, Boston University
  153. Léon Gatien, Chercheur en éthique animale et philosophie décoloniale, Université de Sherbrooke 
  154. Benjamin Ghasemi, Postdoctoral Fellow, Colorado State University
  155. Martin Gibert, Chercheur en éthique de l’IA, Université de Montréal
  156. William Gildea, Researcher in Philosophy, University of Warwick
  157. Sven Gins, PhD Researcher, University of Groningen
  158. William-Philippe Girard, PhD Student, Université du Québec à Trois-Rivières 
  159. Valéry Giroux, Chercheuse en éthique animale, Université de Montréal
  160. Ian Gold, Professor of Philosophy, McGill University
  161. Anahí Gabriela González, Doctora en Filosofía, Profesora Titular de Ética, Universidad Nacional de San Juan, Consejo Nacional de Investigaciones Científicas y Técnicas, Instituto Latinoamericano de Estudios Críticos Animales
  162. John Goris, PhD Candidate in Animal Ethics, Macquarie University
  163. Jennifer Greenwood, Honorary Research Fellow, University of Queensland
  164. Lori Gruen, William Griffin Professor of Philosophy/Coordinator of Wesleyan Animal Studies, Wesleyan University
  165. Allen Habib, Associate Professor of Philosophy, University of Calgary
  166. John Hadley, Senior Lecturer, Western Sydney University 
  167. Thilo Hagendorff, Researcher in AI Ethics, University of Tübingen
  168. Simon Hailwood, Professor of Philosophy, University of Liverpool 
  169. Ishtiyaque Haji, Professor of Philosophy, University of Calgary
  170. Austen Hall, PhD Candidate, Yale University 
  171. Matthew C. Halteman, Professor of Philosophy, Calvin University 
  172. Naïma Hamrouni, Professeure en philosophie, Université du Québec à Trois-Rivières
  173. Étienne Harnad, Professeur de psychologie, Université du Québec à Montréal
  174. Gerald Harrison, Senior Lecturer in Philosophy, Massey University
  175. Victoria Harrison, Full Professor and Head of Department, University of Macau
  176. Ronnie Hawkins, Environmental philosopher, University of Central Florida (retired)
  177. Richard Healey, Associate Lecturer, University College London
  178. Yogi Hendlin, Assistant Professor of Environmental Philosophy, Erasmus University Rotterdam 
  179. Blake Hereth, Postdoctoral Research Associate, University of Massachusetts, Lowell
  180. Alejandro Herrera, Researcher in Animal and Environmental Ethics (retired), National University of Mexico
  181. Claudia Hogg-Blake, Humanities Teaching Fellow, University of Chicago
  182. Benjamin Hole, Contingent Faculty, Pacific University
  183. Daniel Hooley, Doctor, Capilano University
  184. Kai Horsthemke, Professor and Researcher in Animal Ethics and Animal Rights Education, University of the Witwatersrand 
  185. Oscar Horta, Faculty of Philosophy, Universidade de Santiago de Compostela
  186. Chris Howard, Assistant Professor of Philosophy, McGill University
  187. Michael Huemer, Professor of Philosophy, University of Colorado
  188. Rebekah Humphreys, Specialist in animal Ethics, University of Wales Trinity St David
  189. James Humphries, Lecturer in Philosophy, University of Glasgow
  190. Mark Hunyadi, Professeur de philosophie morale et politique, Université catholique de Louvain, Belgique
  191. Ramona Ilea, Professor of Philosophy & Department Chair, Pacific University
  192. Patricia Illingworth, Professor, Northeastern University
  193. David Ingram, Professor of Philosophy, Loyola University Chicago
  194. Ruth Irwin, Professor of Education, RMIT University, Melbourne
  195. Alison M. Jaggar, Professor Emerita, Philosophy and Women & Gender Studies, University of Colorado at Boulder
  196. Pankaj Jain, Professor, FLAME University
  197. Simon James, Associate Professor of Philosophy, Durham University
  198. Andrew Jampol-Petzinger, Visiting Assistant Professor, Grand Valley State University
  199. François Jaquet, Lecturer in Philosophy, Université de Strasbourg
  200. Anja Jauernig, Professor of Philosophy, New York University
  201. Kathie Jenni, Professor of Philosophy, University of Redlands 
  202. Sofia M. I. Jeppsson, Associate Professor of Philosophy, Umeå University, Sweden
  203. Diane Jeske, Professor of Philosophy, University of Iowa 
  204. Alexander Jeuk, Independent author and researcher, 
  205. Kyle Johannsen, Philosophy Instructor, Trent University
  206. Jane Johnson, Field philosopher, Macquarie University
  207. L Syd Johnson, Associate Professor, SUNY Upstate Medical University
  208. Drew Johnson, Postdoctoral Researcher, University of Oslo
  209. Robert Jones, Associate Professor of Philosophy, California State University
  210. Jeff Jordan, Professor of Philosophy, University of Delaware
  211. Hrvoje Juric, Full Professor of Ethics and BioEthics, University of Zagreb
  212. Richard Kahn, Core Faculty in Education, Ed.D. in Educational and Professional Practice, Antioch University
  213. Gerasimos Kakoliris, Associate Professor in Contemporary Continental Philosophy, National and Kapodistrian University of Athens
  214. Julius Kapembwa, Lecturer in Philosophy and Applied Ethics, University of Zambia
  215. Bhanuraj Kashyap, PhD Candidate, Macquarie University
  216. Joel Kassiola, Professor of Political Science, San Francisco State University
  217. Tristan Katz, Researcher in Animal and Environmental Ethics, University of Fribourg
  218. Jason Kawall, Carl Benton Straub ’58 Endowed Chair in Culture and the Environment, Colgate University
  219. Lisa Kemmerer, Professor Emeritus, Montana State University ; Tapestry
  220. Jozef Keulartz, Emeritus Professor Environmental Philosophy, Radboud University
  221. David Killoren, Assistant Professor, Koc University
  222. Roland Kipke, Researcher in Ethics and Political Philosophy, Bielefeld University
  223. Philip Kitcher, John Dewey Professor of Philosophy Emeritus, Columbia University
  224. Andrew Knight, Professor of Animal Welfare and Ethics, University of Winchester 
  225. Daniel Z. Korman, Professor of Philosophy, University of California, Santa Barbara
  226. Magdalena Kozhevnikova, Researcher in Animal Ethics, Warsaw University
  227. Visa A. J. Kurki, Associate Professor of Jurisprudence, University of Helsinki
  228. Olena Kushyna, PhD Student in Ethics, Centre for Ethics as Study in Human Value, University of Pardubice
  229. Oskari Kuusela, Associate Professor in Philosophy, University of East Anglia
  230. Mickaël Labbé, Maître de Conférences en Esthétique et Philosophie de l’Art, Université de Strasbourg
  231. Bernd Ladwig, Professor for Political Theory and Philosophy, Freie Universität Berlin
  232. Hugh LaFollette, Emeritus Cole Chair in Ethics and Professor of Philosophy, University of South Florida 
  233. Arto Laitinen, Professor of Social Philosophy, Tampere University 
  234. Andy Lamey, Associate Teaching Professor, University of California, San Diego
  235. Igor Larionov, Associate Professor, Philosophical Sciences, PhD, Head of Philosophical Anthropology Department, Saint Petersburg State University
  236. Renan Larue, Professeur de littérature, Université de Californie à Santa Barbara
  237. Noa Latham, Associate Emeritus Professor of Philosophy, University of Calgary
  238. Megan Jane Laverty, Associate Professor of Philosophy and Education, Teachers College, Columbia University
  239. Andrew Lee, Postdoctoral Research Fellow, Australian National University
  240. Jonathan Leighton, Author, Ethicist and Executive Director of the Organisation for the Prevention of Intense Suffering (OPIS)
  241. Ana Leite, Associate Professor in Social and Organisational Psychology, Durham University
  242. Noa Levin, Researcher in Political Philosophy, Centre Marc Bloch, Berlin
  243. Abigail Levin, Associate Professor of Philosophy, Niagara University 
  244. Neil Levy, Professor of Philosophy, Macquarie University
  245. Fabiola Leyton Donoso, Researcher in BioEthics, University of Barcelona
  246. Patrick Lin, Professor of Philosophy, California Polytechnic State University, San Luis Obispo 
  247. Erich Linder, PhD Candidate in Animal Ethics, University of Vienna 
  248. Andrew Linzey, The Revd Professor, Oxford Centre for Animal Ethics
  249. Clair Linzey, Deputy Director, Oxford Centre for Animal Ethics 
  250. David Lockwood, Researcher in Moral Philosophy, Cardiff University
  251. Farhana Loonat, Department Chair, Political Science and Philosophy, Skagit Valley College
  252. Mianna Lotz, Associate Professor of Philosophy, Macquarie University, Sydney, Australia
  253. Michael Loughlin, Professor of Applied Philosophy, University of West London
  254. Hilda Nely Lucano Ramírez, Professor and Researcher in Animal Ethics and Law, Universidad de Guadalajara
  255. Simon Lumsden, Associate Professor of Philosophy, University of New South Wales, Sydney, Australia
  256. Joe Lynch, Professor of Philosophy, California Polytechnic State University 
  257. David Lyreskog, Researcher in NeuroEthics, University of Oxford
  258. Joel MacClellan, Assistant Professor of Philosophy, Loyola University New Orleans
  259. Colin Macleod, Professor, University of Victoria
  260. Jocelyn Maclure, Professeur de philosophie, McGill University
  261. Els Maeckelberghe, Associate Professor of Medical Ethics, University Medical Center Groningen
  262. Pablo Magaña, PhD Student, Pompeu Fabra University 
  263. Filip Maj, Lecturer, Macquarie University
  264. Elodie Malbois, Postdoctoral Researcher, Université de Genève
  265. Alejandra Mancilla, Professor of Philosophy, University of Oslo
  266. Moya Mapps, PhD Candidate, Yale Department of Philosophy
  267. Joel Marks, Professor Emeritus of Philosophy, University of New Haven
  268. Angela Martin, Professeure assistante en éthique, Université de Bâle
  269. Alma Massaro, Lecturer in Animal Ethics, Genoa University
  270. Jeffrey M. Masson, Professor and Writer on animal emotions, University of Auckland
  271. Bruce Maxwell, Researcher in education, University of Montreal
  272. Joseph-Marie Mbonda, Professeur et chercheur en éthique, Université des Montagnes, Bangangté, Cameroun
  273. Joan McGregor, Professor of Philosophy, Arizona State University
  274. Leemon McHenry, Professor Emeritus, California State University, Northridge
  275. Erin McKenna, Professor of Philosophy, University of Oregon
  276. Jeff McMahan, Sekyra and White’s Professor of Moral Philosophy, University of Oxford
  277. Tristram McPherson, Professor of Philosophy, The Ohio State University
  278. Eva Meijer, Researcher in Political Philosophy, University of Amsterdam
  279. Garret Merriam, Associate Professor of Philosophy, California State University, Sacramento
  280. Debra Merskin, Professor, University of Oregon
  281. Heidi Mertes, Associate Professor in Medical Ethics, Ghent University
  282. Thaddeus Metz, Professor of Philosophy, University of Pretoria
  283. Letitia Meynell, Professor of Philosophy and Gender and Women’s Studies, Dalhousie University
  284. Ricardo Miguel, Researcher in Animal Ethics, University of Lisbon
  285. Emilian Mihailov, Researcher in Applied Ethics, University of Bucharest
  286. Josh Milburn, Lecturer in Political Philosophy and British Academy Postdoctoral Fellow, Loughborough University
  287. Becky Millar, Postdoctoral Researcher in Philosophy, University of York
  288. Kristie Miller, Professor, The University of Sydney
  289. Mayahuel Mojarro, PhD student, Universidad Nacional Autónoma de México
  290. Susana Monsó, Assistant Professor of Philosophy, Universidad Nacional de Educación a Distancia
  291. Macarena Montes, Researcher in Animal Ethics and Law, Pompeu Fabra University
  292. Nicolae Morar, Associate Professor of Environmental Studies and Philosophy, University of Oregon
  293. Alexander Morgan, Assistant Professor, Rice University
  294. Jeffrey Morgan, Associate Professor of Philosophy, University of the Fraser Valley
  295. Brandon Morgan-Olsen, Advanced Lecturer in Philosophy, Loyola University Chicago 
  296. Nicola Mulkeen, Lecturer in Political Philosophy, Newcastle University
  297. Nico Dario Müller, Postdoctoral Researcher in Ethics, University of Basel 
  298. Hichem Naar, Researcher in Philosophy, University of Duisburg-Essen
  299. Carlos Naconecy, Researcher in Animal Ethics, Oxford Centre for Animal Ethics
  300. Christian Nadeau, Professeur en philosophie politique, Université de Montréal
  301. Yamikani Ndasauka, Doctor, University of Malawi
  302. Christina Nellist, President of Pan Orthodox Concern for Animals Charity, Fellow of Ferrater Mora Oxford Centre for Animal Ethics, Oxford UK
  303. Nathan Nobis, Professor of Philosophy, Morehouse College
  304. John Nolt, Professor Emeritus, Logic and Environmental Ethics, University of Tennessee
  305. Alastair Norcross, Professor of Philosophy, University of Colorado Boulder
  306. Christopher Norris, Professor of Philosophy, Cardiff University
  307. Howard Nye, Associate Professor of Philosophy, University of Alberta
  308. Gary David O’Brien, DPhil Student in Philosophy, University of Oxford
  309. Tim Oakley, Researcher in Ethics, La Trobe University, Melbourne, Australia
  310. Tzofit Ofengenden, Doctor, Tulane University
  311. Markku Oksanen, Senior Lecturer in Philosophy, University of Eastern Finland
  312. Gustavo Ortiz Millan, Researcher in animal Ethics, National Autonomous University of Mexico
  313. Maude Ouellette-Dube, Researcher in Ethics and Animal Ethics, University of Fribourg
  314. Christine Overall, Professor Emerita of Philosophy and University Research Chair, Queen’s University at Kingston
  315. Ibrahim Ozdemir, Professor of Philosophy and Ethics, President of Forum on Environmental Ethics, Uskudar University, Turkey
  316. Burkay Ozturk, Senior Lecturer of Philosophy, Texas State University
  317. Eze Paez, Beatriu de Pinós Postdoctoral Fellow, Pompeu Fabra University
  318. Patricia Palulis, Associate Professor, University of Ottawa
  319. Eleni Panagiotarakou, Researcher, Concordia University
  320. Juliette Parada Rincón, Research in Animal Ethics, Universidad Santo Tomás, Colombia
  321. Stephen Pattison, Emeritus Professor of Religion, Ethics and Practice, University of Birmingham
  322. Wouter Peeters, Associate Professor of Global Ethics, University of Birmingham, UK
  323. Corine Pelluchon, Professeur de philosophie, Université Gustave Eiffel
  324. David Pena-Guzman, Associate Professor, SFSU
  325. Angie Pepper, Lecturer in Philosophy, University of Roehampton
  326. Eoin Perry, PhD Student in Philosophy of Science, University of Bristol
  327. Erik Persson, Researcher in applied Ethics, Lund University
  328. Ingmar Persson, Professor of Philosophy, University of Gothenburg 
  329. Keith Peterson, Associate Professor of Philosophy, Colby College
  330. Glen Pettigrove, Chair of Moral Philosophy, University of Glasgow
  331. Silvina Pezzetta, Researcher in Animal Law and Animal Ethics, CONICET-Universidad de Buenos Aires 
  332. Benedetta Piazzesi, Chercheuse en histoire et philosophie des sciences de la vie, CRH (EHESS, Paris)
  333. Alexis Piquemal, Enseignant, Lycée Gustave Eiffel et Université de Bourgogne
  334. Arina Pismenny, Associate Instructional Professor in Philosophy, University of Florida
  335. Nigel Pleasants, Senior lecturer in Philosophy and Sociology, University of Exeter
  336. Simone Pollo, Associate Professor of Moral Philosophy, Sapienza University of Rome
  337. Veronica Ponce, Philosophy teacher, Marianopolis College, Canada
  338. Elliot Porter, Lecturer in Bioethics, Brighton and Sussex Medical School
  339. Constantinos Proimos, Doctor of Philosophy and Assistant Professor of History and Theory of Architecture, University of Patras, Greece
  340. Evangelos Protopapadakis, Associate Professor in Applied Ethics, National and Kapodistrian University of Athens
  341. Joëlle Proust, Directrice de recherche émérite au CNRS, Ecole Normale Supérieure de Paris
  342. Alicia Puleo, Senior Lecturer in Moral and Political Philosophy, University of Valladolid
  343. Stephen Puryear, Associate Professor of Philosophy, North Carolina State University
  344. Pierre-Yves Quiviger, Professeur de philosophie du droit, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
  345. Ana Cristina Ramirez Barreto, Researcher in BioEthics, Universidad Michoacana de San Nicolás de Hidalgo
  346. Shyam Ranganathan, Faculty member, Department of Philosophy, and York Centre for Asian Research, York University
  347. Vardit Ravitsky, Professor, University of Montreal
  348. Hili Razinsky, Researcher, LanCog, Centre of Philosophy, University of Lisbon
  349. Paul Redding, Emeritus Professor of Philosophy, University of Sydney
  350. Amy Reed-Sandoval, Assistant Professor of Philosophy, University of Nevada Las Vegas
  351. Philippe Reigné, Agrégé des facultés de droit, professeur titulaire de chaire, Conservatoire national des arts et métiers
  352. Tim Reijsoo, Philosopher, University of Amsterdam
  353. Kurt Remele, Professor Emeritus in Ethics, University of Graz
  354. Hannah Rheinz, Dr. Phil., Psychologist, Animal Ethicist, Independant
  355. Samuel Rickless, Professor of Philosophy, University of California San Diego
  356. Eduardo Rincón Higuera, Investigador en temas de Éticas Interespecie, Éticas Ecológicas y Ecosofías, Universidad Externado de Colombia, Universidad Autónoma de Madrid
  357. Raffaele Rodogno, Associate Professor of Philosophy, Aarhus University
  358. Luke Roelofs, Researcher in Philosophy, New York University
  359. Chandler Rogers, Instructor, Boston College
  360. Wendy Rogers, Distinguished Professor in Clinical Ethics, Macquarie University, Sydney
  361. Simon Rosenqvist, Researcher in applied Ethics, Department of Global Political Studies, Malmö University
  362. Mark Rowlands, Professor and Chair, Department of Philosophy, University of Miami 
  363. Alain Roy, Professeur titulaire, Faculté de droit de l’Université de Montréal
  364. Ricardo Rozzi, Professor in Environmental Ethics and Biocultural Conservation, Subantarctic Biocultural Conservation Program, Dep. Philosophy and Religion & Dep of Biological Sciences, University of North Texas, USA & Universidad de Magallanes, Chile 
  365. Emma Ruttkamp, Professor of Philosophy, researcher in AI Ethics, University of Pretoria & Centre for AI Research
  366. Richard Ryder, PhD, Ex Cambridge, UK
  367. Benjamin Sachs-Cobbe, Senior Lecturer in Philosophy, University of St. Andrews
  368. John Sanbonmatsu, Associate Professor of Philosophy, Worcester Polytechnic Institute
  369. Steve Sapontzis, Emeritus Professor of Philosophy, California State University, East Bay
  370. Işık Sarıhan, Postdoctoral Researcher in Philosophy, Independent
  371. Sahotra Sarkar, Professor of Philosophy and Integrative Biology, University of Texas
  372. Carl Saucier-Bouffard, Professeur, 
  373. Hanno Sauer, Associate Professor of Philosophy, Utrecht University 
  374. Lara Scaglia, Researcher in History of Philosophy and Ethics, Warsaw University
  375. Frank Schalow, Professor of Philosophy, University of New Orleans
  376. Anders Schinkel, Associate Professor of Philosophy of Education, Vrije Universiteit Amsterdam, The Netherlands 
  377. Andreas Schmidt, Associate Professor in Political Philosophy, University of Groningen
  378. Sebastian Schmidt, Postdoctoral researcher in Epistemology, University of Zurich
  379. Friederike Schmitz, Philosopher in Animal Ethics, Independent scholar
  380. Miriam Schoenfield, Associate Professor Philosophy, University of Texas
  381. Vanessa Scholes, Applied philosopher and learning designer, Open Polytechnic Kuratini Tuwhera
  382. Udo Schüklenk, Professor and Ontario Research Chair in BioEthics, Queen’s University
  383. Marcus Schultz-Bergin, Assistant College Lecturer in Philosophy, Cleveland State University 
  384. Lucia Schwarz, Teaching Assistant Professor, University of North Carolina at Chapel Hill 
  385. Jeff Sebo, Clinical Associate Professor of Environmental Studies, Affiliated Professor of BioEthics, Medical Ethics, Philosophy, and Law, and Director of the Animal Studies M.A. Program, New York University
  386. Jérôme Segal, Maître de conférences en histoire et philosophie des sciences, Sorbonne Université, Paris
  387. Dunja Šešelja, Professor, Ruhr University Bochum
  388. Hilal Sezgin, Researcher in Animal Ethics, Lueneburg, Germany
  389. Steven Shakespeare, Professor of Continental Philosophy of Religion, Liverpool Hope University
  390. Hasana Sharp, Associate Professor of Philosophy, McGill University
  391. Yonatan Shemmer, Doctor, University of Sheffield
  392. Minna Shkul, Senior University Teacher in Feminist and Queer Studies, University of Sheffield
  393. Eli Shupe, Assistant Professor of Philosophy, University of Texas at Arlington
  394. Vlasta Sikimić, Researcher and Lecturer in Philosophy, University of Tübingen
  395. Mona Simion, Professor of Philosophy, University of Glasgow 
  396. Virginie Simoneau-Gilbert, Doctorante en philosophie, University of Oxford
  397. Peter Singer, Professor of BioEthics, Princeton University
  398. Doran Smolkin, Doctor of Philosophy, Kwantlen Polytechnic University
  399. Diana Soeira, Researcher in Philosophy & Economics and Public Policy, ISCTE-University Institute of Lisbon, Portugal
  400. Ayhan Sol, Professor, Middle East Technical University, Turkey
  401. John Sorenson, Professor, Brock University
  402. Friderike Spang, Senior Researcher in Political Theory, University of Lausanne
  403. Simon Springer, Professor of Human Geography, University of Newcastle
  404. Susanne Sreedhar, Professor of Philosophy, Boston University 
  405. Gary Steiner, Professor of Philosophy emeritus, Bucknell University
  406. Christian Straßer, Professor, Ruhr University Bochum
  407. Robert Streiffer, Professor of Philosophy and Bioethics, University of Wisconsin-Madison
  408. Alison Suen, Associate Professor of Philosophy, Iona University 
  409. David Svolba, Associate Professor in Philosophy, Fitchburg State University
  410. Swart, Researcher, University of Groningen 
  411. Zeynep Talay Turner, Professor, Istanbul Bilgi University
  412. Agnes Tam, Assistant Professor in Philosophy, University of Calgary
  413. Robert Tappan, Associate Professor of Religious Studies, Towson University
  414. Christine Tappolet, Professeure, Université de Montréal
  415. Aleksy Tarasenko-Struc, Clinical Ethics Fellow, Alden March BioEthics Institute, Albany Medical College
  416. Angus Taylor, PhD, retired, University of Victoria
  417. Larry Temkin, Distinguished Professor of Philosophy, Rutgers University
  418. Camille Ternier, Chercheuse postdoctorale en philosophie politique et économique, Université de Montréal, Centre de recherche en éthique de Montréal
  419. Areti Theofilopoulou, Researcher Fellow, Institute of Philosophy of the Czech Academy of Sciences
  420. Evan Thomas, Researcher in Ethics, Ohio State University
  421. Natalie Thomas, Adjunct Faculty, Philosophy and Fellow, Oxford Centre for Animal Ethics, University of Guelph
  422. Kramer Thompson, PhD Candidate, The Australian National University 
  423. Travis Timmerman, Associate Professor, and Chair of the Philosophy Department, Seton Hall University
  424. Oxana Timofeeva, Professor in Philosophy, European University at St. Petersburg
  425. Inken Titz, Researcher in AI Ethics, Ruhr-Universität Bochum
  426. Zorana Todorovic, Researcher in Animal Studies, University of Belgrade 
  427. Fiorella Tomassini, Postdoctoral Researcher, University of Groningen
  428. Mikel Torres, Adjunct Lecturer, University of the Basque Country (UPV/EHU) 
  429. Ioannis Trisokkas, Assistant Professor, National and Kapodistrian University of Athens
  430. Jens Tuider, Ethicist, Independent
  431. Joseph Tuminello, Assistant Professor of Philosophy, McNeese State University
  432. Carla Turner, Philosopher of animal Ethics, University of Pretoria, South Africa
  433. Gabriela Tymowski, Researcher in Animal Ethics, University of New Brunswick
  434. Peter Unger, Professor of Philosophy, New York University
  435. Peter Vallentyne, Professor, University of Missouri
  436. Kenneth Valpey, Researcher in Animal Ethics, Oxford Centre for Hindu Studies 
  437. Emnée Van Den Brandeler, PhD Candidate, University of Basel 
  438. Willem van der Deijl, Assistant Professor, Tilburg University
  439. Marie Van Loon, Research in epistemology, University of Zurich
  440. Pekka Vayrynen, Professor of Moral Philosophy, University of Leeds
  441. Angélica Velasco, Senior Lecturer in Moral and Political Philosophy, University of Valladolid, Spain
  442. Samantha Vice, Distinguished Professor in Philosophy, University of the Witwatersrand
  443. Elly Vintiadis, Associate Lecturer in Philosophy, The American College of Greece 
  444. Tatjana Višak, Researcher Animal Ethics, University of Mannheim
  445. Kristin Voigt, Associate Professor, McGill University
  446. Ilias Voiron, PhD Student in Philosophy and Environmental Humanities, Jean-Moulin Lyon 3 University & University of Fribourg 
  447. Rose Mary Volbrecht, Professor of Ethics Emeritus, Gonzaga University 
  448. Anabel von der Osten-Sacken, PhD Student in Animal Studies, Universität Hamburg 
  449. Kocku Von Stuckrad, Professor of Religious Studies, University of Groningen
  450. Kirstin Waldkoenig, Doctoral Student and Environmental Ethicist, University of Oregon
  451. Lisa Warden, Researcher, Animals & Society Research Initiative, University of Victoria
  452. Kari Weil, Professeur de Lettres, Wesleyan University
  453. Jennifer Welchman, Professor of Philosophy, University of Alberta
  454. Daniel Weltman, Assistant Professor, Department of Philosophy, Ashoka University, India
  455. Michelle Westerlaken, Postdoctoral Research Associate, University of Cambridge (UK)
  456. Monique Whitaker, Lecturer in Philosophy, University of KwaZulu-Natal
  457. Markus Wild, Professor of Philosophy, University of Basel
  458. Cynthia Willett, Professor, Emory University
  459. Sean Winkler, Lecturer of Philosophy, Loyola Marymount University/University of Redlands 
  460. Jason M. Wirth, Professor of Philosophy, Seattle University 
  461. Matthew Wiseman, PhD Student, University of Southern California
  462. Daniel Wodak, Associate Professor of Philosophy and of Law, University of Pennsylvania
  463. Alex Wolf-Root, Visiting Assistant Professor, The Ohio State University
  464. Matthew Wray Perry, PhD Student in Animal Rights, The University of Manchester 
  465. Laura Wright, Professor of English & Founder of the field of Vegan Studies, Western Carolina University
  466. Ewa Wyrębska-Đermanović, Researcher in Political Philosophy, University of Bonn 
  467. Roger Yates, Lecturer in Sociology, University College of Dublin
  468. Jay Zameska, Junior Research Fellow, University of Tartu, Estonia
  469. Tzachi Zamir, Professor, The Hebrew University of Jerusalem
  470. Sarah Zanaz, Doctorante en philosophie, Université de Strasbourg
  471. Miriam A. Zemanova, Research Associate, University of Fribourg, Switzerland 
  472. Rafael Ziegler, Associate Professor, HEC Montréal
  473. Anna C. Zielinska, Maîtresse de conférences en philosophie morale, juridique et politique, Université de Lorraine à Nancy

Rachat de cliniques vétérinaires par le géant de l’agroalimentaire Mars Petcare en Europe

Depuis 2017, le groupe Mars, géant américain de la confiserie alimentaire et de l’alimentation animale a acquis sans grand bruit plusieurs centaines de cliniques vétérinaires. Mars est davantage connu pour sa production de barres chocolatées (Mars, M&Ms ou Snickers), mais son poids est également colossal dans l’industrie du Petfood via Mars Petcare.

Mars Petcare, c’est environ une cinquantaine de marques très connues telles Pedigree, Whiskas, Royal Canin, César, Greenies, Sheba, Perfect fit, Catisfaction, mais aussi la litière Catsan, et c’est aussi désormais les hôpitaux pour animaux Banfield, Bluepearl, VCA, Linnaeus, Anicura…

Après avoir racheté VCA, le plus grand réseau américain de cliniques vétérinaires (environ 800) pour 9 millions de dollars, alors qu’il détenait déjà Banfield Pet hospital et Bluepearl veterinary, Mars s’est offert en 2018 le réseau Anicura. Anicura est un réseau d’origine suédoise de cliniques vétérinaires, il représente environ 450 cliniques vétérinaires réparties en Europe.

C’est là une information importante, à connaître et dont il faut saisir la portée lorsqu’on veut défendre les animaux.

Le soin vétérinaire est devenu en effet un secteur de croissance important, car les gens ont un rapport nouveaux avec « leurs » animaux de « compagnie ». Mais cela est détourné dans le sens du profit et cela s’insère en fait dans l’exploitation animale en général.

Autrement dit, l’humanité se tourne vers les animaux, enfin ! Mais c’est fait alors que l’exploitation animale est en expansion au niveau mondial.

La question est d’autant plus brûlante que Mars a prévu de dépenser un quart du chiffre d’affaires (20 millions d’euros) en France dans la modernisation et l’agrandissement de ses cliniques. En Europe l’industrie vétérinaire se transforme en effet, à la mesure de l’émergence de nouvelles technologies, les vétérinaires se spécialisent et les infrastructures se complexifient.

Il est ici question que la France rattrape les États-Unis et le Japon où les cliniques emploient couramment au moins 300 praticiens. Anicura / Mars les décharge de tout l’aspect administratif, les vétérinaires deviennent ainsi des employés spécialisés.

C’est un processus où les vétérinaires, qui sont devenus de plus en plus vénaux et ne font rien pour leur quasi totalité en direction des refuges pour animaux ou des animaux sauvages, passent de petits capitalistes à des éléments d’un grand capitalisme.

Cela ne va d’ailleurs pas sans heurts, puisque l’Ordre des vétérinaires a annoncé la radiation de plusieurs cliniques dont trois de Anicura en 2020 en s’appuyant sur le Code rural ; il conteste en effet l’indépendance des cliniques une fois rachetées par des producteurs d’aliments pour animaux comme Mars. Il en est de même pour le groupe IVC Evidensia détenu par Nestlé.

Cette concentration du capital est donc plutôt nouvelle, là où précédemment primait la petite entreprise individuelle… Mais c’est un processus inéluctable et déjà en cours en fin de compte. On trouvera ici un article présentant de manière claire les données de l’atlas 2020 des vétérinaires en France, avec les revenus, la localisation en France, la part de salariés, etc.

Si l’on approfondit les choses, on peut voir d’ailleurs que les cliniques vétérinaires vendent depuis une dizaine d’années de plus en plus de produits d’aliments pour animaux, aliments eux-mêmes dits spécialisés et élaborés selon des recherches vétérinaires : croquettes spéciales pour les maladies rénales, pour les maladies urinaires, pour les problèmes intestinaux … problèmes de santé bien souvent générés ou au moins aggravés par les croquettes elles-mêmes d’ailleurs.

L’alimentation humide chez l’animal permet de préserver les reins par exemple, contrairement à une alimentation sèche chez un animal qui ne consomme que des croquettes, cela est plutôt logique, il s’agit un peu des mêmes problèmes que rencontre l’humain avec l’alimentation ultra-transformée.

Ainsi la boucle est bouclée : le groupe possède les cliniques vétérinaires, mais aussi les marques d’alimentation elles-mêmes vendues dans ces cliniques … où l’on soigne les animaux parfois tombés malades des suites d’années de consommation d’alimentation industrielle, ou alors aussi profitable, que l’on soigne en prescrivant telles ou telles croquettes spécialisées/pâtées spécialisées.

Et que voit-on avec Mars petcare ? Que c’est la multinationale qui se tourne vers la protection animale. Cela ne représente rien pour eux, à part du charity business. Et il est il est très facile d’investir ce terrain puisque celui-ci est complètement délaissé.

Lorsqu’on regarde la publicité du groupe Mars Petcare sur instagram par exemple, on peut y voir de tout : de la promotion pour l’adoption en refuges avec l’opération « Agir pour l’adoption » menée avec Pedigree et la fondation 30 millions d’amis, des dons de produits aux associations locales, un soutien à des associations historiques telles Handi Chiens etc.

Il faut bien souligner qu’une telle démarche de Mars n’est possible que parce que les cliniques vétérinaires n’ont jamais portées d’exigence démocratique pour les animaux, et parce que les associations de défense des animaux sont marginalisées dans la société. Il est alors facile pour des grands groupes d’intervenir et, par de savants coups de mains, apparaître comme incontournables pour des associations dans le besoin.

L’Arche des Associations par exemple, une structure ayant fédéré de nombreuses associations et refuges agissant pour les animaux, a été mise en place par Jean-Philippe Darnault, le PDG d’Animalis ; les choses marchent en tandem indirect, de manière subtile.

En fin de compte, avec ce genre de démarche, une entreprise peut se donner une bonne image, tournée vers le « bien-être animal » tout en faisant de la publicité pour ses propres marques auprès des associations, c’est une assurance de se trouver un peu partout.

On le comprend bien, les animaux domestiques font partie de notre monde, ils n’échappent pas à la fuite en avant, au libéralisme, cela va dans le même sens que la création en 2017 de l’entreprise américaine Sinogène qui est une société de clonage d’animaux de compagnie .

On peut cloner son animal de compagnie, conserver des cellules pour plus tard… D’un côté, on abandonne des animaux, environ 100 000 par an pour la France, de l’autre, on peut cloner son animal, pensant ainsi se placer au dessus de la vie et de la mort, encore une fois au final l’animal est interchangeable et ce sont deux faces d’une même médaille : on peut bien l’abandonner pour l’été, on en prendra un autre à Noël… on peut bien cloner un animal qu’on aime, s’il meurt, on obtiendra le « même »…

Enfin, concluons sur cette triste ironie de l’histoire, car dès qu’on parle de Mars, les partisans de la libération animale pensent immédiatement à la campagne de l’ARM (Milice pour les Droits des animaux) de 1984 en Angleterre.

En effet, les barres Mars étaient testées sur les animaux, plus précisément sur des singes. C’était la question dentaire qui était ici la « raison » de cette expérimentation sur les animaux.

L’ARM a alors annoncé avoir empoisonné de nombreuses barres de Mars vendues dans le commerce, ce qui n’était pas vrai mais a obligé Mars à retirer ses produits, ce qui lui a alors coûté neuf millions de livres sterling. L’affaire avait alors été retentissante en Angleterre, alors qu’alors l’ALF menait pratiquement plusieurs opérations par jour, dont de libération d’animaux des laboratoires.

C’était en fait l’apogée de la libération animale et on parle de quelque chose s’étant passé il y a quarante ans !

Pour toute personne qui connaît un minimum l’histoire de la libération animale, l’entreprise Mars est donc un symbole fort. Et la voir s’accaparer toujours plus la vie des animaux a de quoi donner la nausée. C’est une fuite en avant aux dépens des animaux qui révèle que ce monde se rapproche toujours plus du gouffre et que l’humanité refuse de le voir.

Il faut croire que l’illusion vendue à coups d’infâmes barres chocolatées, de productions culturelles prêtes à consommer, de béton partout… séduit davantage qu’une vie collective tournée vers la Nature.

Et l’inclusion toujours plus grande des animaux de « compagnie » marque ici une étape à double sens : d’abord pour eux, parce que victime directes de la barbarie anti-Nature de l’humanité ; et ensuite pour les êtres humains, qui sont au fond obligés petit à petit de réaliser que la seule réalité est la Nature.

Hors de Gaïa, point de salut, même pas d’existence, à part la folie et l’autodestruction.

Aujourd’hui encore, l’histoire semble bloquée, les consciences emprisonnées… Mais un nouveau cycle se dessine, un nouveau monde bourgeonne pour qui veut bien tendre l’oreille et prendre le temps de regarder. Patience, notre heure viendra. Pas de compromis en défense de notre mère la Terre !

Le Parti Animaliste aux législatives de juin 2022: échec d’un hold up émotionnel

Le Parti Animaliste n’est qu’une énième imposture vivant sur le dos des animaux. S’il a gagné en visibilité ces dernières années et s’est senti pousser des ailes suites aux élections européennes de 2019, le décalage entre ses immenses prétentions et la réalité n’a fait que s’agrandir, parce que dès qu’on touche aux animaux, on ne peut pas faire semblant. Les faits parlent d’eux-mêmes.

D’où l’imposture pour les élections législatives de juin 2022, visible avec son programme. Parce qu’il est très facile de se lancer dans de grandes déclarations pleines de compassion, beaucoup moins d’assumer cette dernière. L’infantilisme du Parti Animaliste, comme en témoigne l’affiche de campagne, n’est pas fortuit, il vise à cacher sa nature.

Intéressons-nous donc concrètement à quelques sujets révélateurs de ce fameux programme pour les législatives de 2022 : vivisection, centres de soins pour la faune sauvage et animaux de compagnie. Ce sont les clefs idéales pour comprendre la question.

Vivisection

La vivisection est un thème incontournable et un symbole très fort lorsque l’on se soucie des animaux. Historiquement, la défense des animaux est étroitement lié au refus de la vivisection. Le Parti Animaliste ne peut donc pas la contourner et y consacre un chapitre dans son programme pour les élections législatives de 2022 : « Promouvoir une science avec conscience – Vers la fin de l’expérimentation animale ».

Mais qu’on ne s’y trompe pas, la célèbre citation « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » employée n’est là que pour se donner un air civilisé. Tout n’est en fait qu’apparence puisque le programme du Parti Animaliste à ce sujet fait passer la Fondation Brigitte Bardot pour des énervés.

Car le Parti Animaliste se dit contre la vivisection et souhaite y mettre un terme mais… ce sera pour on ne sait pas trop quand. Cette absence d’exigence dans le temps révèle la dimension accompagnatrice de la catastrophe en cours. Il y a une prétention de changement, mais le Parti Animaliste ne porte pas la rupture vers le changement. Sa démarche est mensongère.

Le Parti Animaliste est porté en fait par l’opportunisme de gens refusant d’affronter la réalité. Il ne faudrait surtout pas de rupture, culturelle, morale et politique ; comme assumé en introduction de son programme :

« Il [le Parti Animaliste] ne propose d’ailleurs aucune rupture brutale ou radicale. »

Alors quoi, donc, on réfute le véganisme, car c’est une rupture? On réfute d’aimer les animaux, car c’est une rupture? On réfute d’intervenir en faveur des animaux, car c’est une rupture? Car il ne faut pas se leurrer, pour la société française, tout engagement en faveur des animaux est une rupture brutale ou radicale.

Tout ce qui touche la Nature en général est d’ailleurs une rupture brutale ou radicale pour une société anthropocentrée allant à l’auto-destruction. Alors quoi, on accepte cela et on rentre dans le rang?

Rien que pour la vivisection, la position du Parti Animaliste est intolérable. En 2022, on pourrait se dire qu’une structure politique qui prétend ne se soucier que des animaux et rien que des animaux aurait au moins un message clair au sujet de la vivisection : interdiction immédiate. C’est la base même de la morale.

Même cela n’est apparemment pas possible, afin de ne pas « heurter ». Dans les faits, le Parti Animaliste pourrait très bien avoir 25% des voix, il ne ferait pas basculer les choses et c’est assumé. Pour preuve pour qui en doute : le thème de la « transparence ».

Plus de « transparence » dans la vivisection

Le Parti Animaliste propose de rendre cette barbarie qu’est la vivisection plus transparente et notamment de former des comités d’éthique composés à 50 % de « représentants de la protection animale (éthologues, juristes, philosophes, associations de malades, sociologues) ».

Leur définition de « représentant de la protection animale » est au passage incroyable : chacun sait que l’on croise énormément de juristes, philosophes et autres sociologues dans les refuges… Mais il est vrai que si l’on prend la liste intégrale des candidats du Parti Animaliste aux législatives 2022, les professions intellectuelles et libérales sont très largement hégémoniques.

Et on ne peut pas attendre de gens coupés du peuple de considérer la vivisection comme du terrorisme. Quand on est libéral, on discute de tout.

Mais comment peut-on prétendre défendre les animaux et accepter de se mettre autour d’une table avec ces gens-là ? Ces pseudos-scientifiques sont une insulte à la Science pour commencer tellement leur démarches ne reposent sur rien si ce n’est un tâtonnement criminel, et bien entendu des tortionnaires et des terroristes pour les animaux qu’ils torturent et tuent sans le moindre remords.

Comment peut-on prétendre défendre la civilisation et aider des barbares qui ont les mains pleines de sang à avoir une image plus acceptable ? On est dans l’accompagnement du crime.

Une lecture technocratique

La position du Parti Animaliste est de refuser la politique à tout prix et de saupoudrer leurs mesures d’un zeste de morale qui n’engage à rien afin de son donner un air sympathique. C’est un hold up moral et émotionnel.

Et le résultat est que sur un sujet comme la vivisection, cette structure explique sans honte et sans gêne vouloir réformer la vivisection jusqu’à ce qu’elle disparaisse d’elle-même.

L’idée du Parti Animaliste ici est de dire qu’il faut plus de transparence, plus de pression et de lois pour encadrer ce secteur d’un côté, et promouvoir les innovations allant dans le bon sens de l’autre. Ce n’est ni plus ni moins que du libéralisme de jeunes startup innovantes qui rêvent de détrôner les grands méchants industriels. Entravons et encadrons les veilles pratiques, soutenons les nouvelles innovations et le vieux monde disparaîtra de lui-même, bien sagement.

Alors que la question de la vivisection est un véritable marqueur civilisationnel, le Parti Animaliste se propose de neutraliser le peu de conscience et de culture existant en France. Au lieu de proposer un rupture nette avec la barbarie, il détourne cette question vers une modernisation technocratique. Où sont les gens dans la proposition suivante? Où est la démocratie?

« Remplacer les comités d’éthique actuels (mis en place par les établissements pratiquant l’expérimentation, essentiellement constitués de leur personnel), par des instances sur le modèle des CPP (Comité de protection des personnes) constituées de 50 % de représentants de l’expérimentation animale (chercheurs, vétérinaires, techniciens) et 50 % de représentants de la protection animale (éthologues, juristes, philosophes, associations de malades, sociologues). Ces instances doivent être, a minima, instituées au niveau régional et financées par les établissements demandeurs, comme en Suède et en Italie. »

Le rapport de force est là et continuera d’exister qu’on le veuille ou non!

Admettons un instant que la démarche du Parti Animaliste soit acceptable moralement. Comment comptent-ils s’assurer que leur encadrement et leurs lois seront respectées ? Pensent-ils réellement que de tels terroristes que sont les pseudo-scientifiques pratiquant la vivisection vont accepter cela sans broncher ?

Qu’on le veuille ou non, un rapport de force existe. Le nier c’est accepter la situation existante et ne proposer que des impasses et des illusions. On peut discuter du chemin à suivre, de la vision du monde qui doit nous éclairer, mais on ne peut pas le nier.

Tout ceci est d’autant plus révoltant quand on sait l’histoire de la lutte contre la vivisection qui existe depuis plus d’un siècle, tout particulièrement en Angleterre.

La position du Parti Animaliste est ici une insulte aux animaux torturés chaque année, et une insulte à toute l’histoire de la libération animale, sa culture, ses organes de presse, ses luttes… C’est une accompagnement bobo d’un monde horrible pour les animaux.

Les centres de soin (faune sauvage)

La question des animaux sauvages est essentiel. Comme on le sait, on a historiquement le problème suivant : les gens qui aiment les animaux n’arrivent pas au véganisme, et les gens s’alignant sur le véganisme se coupent des animaux. On trouve très rarement la jonction, et cela parce que la question centrale de la reconnaissance de la Nature n’est pas vue.

Le Parti Animaliste, pour maintenir sa fiction, doit prétendre être productive à ce niveau. D’où le thème des centres de soin pour la faune sauvage. On peut toutefois constater que le programme ne contient que six points à la fin de leur chapitre « Étendre le champ de notre considération » :

  1. Étendre aux animaux sauvages le champ d’application des infractions commises à l’encontre des animaux domestiques, apprivoisés ou tenus en captivité.
  2. Créer dans chaque département un centre de soins des animaux sauvages.
  3. Former les vétérinaires libéraux aux premiers soins et secours aux animaux sauvages locaux (première prise en charge d’urgence avant transfert éventuel vers un centre de soins spécialisé plus éloigné).
  4. Confier, aux vétérinaires libéraux formés, une mission de premiers soins et secours aux animaux sauvages locaux financée par l’État.
  5. Développer les intercultures favorisant les conditions de vie des animaux sauvages.
  6. Encourager la plantation d’arbres et arbustes de variétés locales, pour favoriser la présence d’animaux sauvages dans les espaces privatifs, par une TVA à taux 0 à l’achat.

On a ici de vagues phrases terriblement vides, puisque le programme est incapable de donner ne serait-ce qu’un début de projet, de guide pour leur applications concrètes. Et qu’il oublie les questions matérielles, concrètes qui devraient être au cœur du sujet des centres de soins.

Appeler à créer un centre de soins de la faune sauvage dans chaque département est facile. Expliquer avec quels financements est plus compliqué. Avec quel personnel encore plus. Et ne parlons même pas de questions tout aussi importantes : où et comment seront relâchés les animaux ? Quelle va être la philosophie morale de ces centres ? Que faire des centres déjà existant ?

Creuser la question des centres de soin révèle le caractère fictif de la position du Parti Animaliste, qui ne vise qu’au hold up émotionnel.

Un centre de soin nécessite des personnes compétentes

Le Parti Animaliste a-t-il bien conscience lorsqu’il écrit son programme que les vétérinaires ne connaissent rien, absolument rien, aux animaux sauvages ? Et que certains s’imaginent pleins de savoir et administrent des traitements mal dosés à des espèces qu’ils ne connaissent absolument pas ? Est-il au courant que très peu de personnes en France ont de réelles connaissances leur permettant de gérer un tel centre au quotidien ?

Ensuite, vient la question du personnel : salariés et bénévoles. Combien de salariés, au minimum, doit compter un centre ? Sur combien de bénévoles devrait-il compter ?

A partir de quelle taille un centre devra-t-il disposer d’un vétérinaire un temps plein ? Et pour les autres, comment travailler avec un vétérinaire ? Ce dernier devra-t-il être bénévole, comment seront assurées les éventuelles urgences et autres rendez-vous au sein de sa structure ?

Mais surtout : comment faire dans à court terme pour venir en aide aux centres de soins ? Va-t-on attendre que les vétérinaires aient pris le temps de suivre une formation complémentaire qui leur permettra de soigner un grand nombre d’animaux sauvages ? Que des particuliers se forment sur le tas ? Et d’ailleurs : qui va former tout ces gens ?

Avec quels moyens fonctionneront-ils ?

Avec quels moyens ces centres paieront-ils tout ce personnel ? Les centres de soins actuels vivent principalement de dons et de legs et connaissent d’importantes difficultés financières la plupart du temps, comme la protection animale dans son ensemble. Ils manquent cruellement d’argent aujourd’hui et le Parti Animaliste annonce qu’il faut créer de nouveaux centres sans expliquer comment ils seront financés.

Avec quels fonds seront achetés les terrains nécessaires à ces nouveaux centres, aux nouveaux locaux et matériel nécessaire à l’accueil digne des animaux ? De l’argent magique est-il aussi prévu pour ceux qui existent déjà aujourd’hui ?

Il est facile de promettre du nouveau, mais il serait aussi bon de penser à l’actuel qui connaît souvent de grandes difficultés ! Là le Parti Animaliste montre qu’il vit dans un monde virtuel de bobos.

Ensuite, avec quel budget seront aménagés les terrains pour les remises en liberté ? A moins que le Parti Animaliste ne considère que la situation actuelle ne soit idéale

Tout cela demande d’importants moyens humains et financiers : le Parti Animaliste ne dit rien et préfère lancer des incantations magiques afin de prétendre se soucier du sort des animaux.

Avec quelle logistique ?

Avoir un centre de soins dans chaque département n’est pas tout, il faut encore organiser les livraisons de nourriture et de matériel, les arrivées et les départs d’animaux.

Pour les arrivées, l’objectif est-il d’avoir des centres ouverts en continu, toute l’année ? Ou seulement du lundi au samedi, aux horaires de bureaux ?

Si la première option n’est pas retenue, que faire si une personne trouve un animal blessé, par exemple, à 20h ? Devra-t-elle chercher une clinique vétérinaire ouverte ? Une avec un vétérinaire qui doit s’y connaître et qui a la possibilité et l’accueillir, elle et toutes les autres personnes qui viendront déposer un animal blessé ?

Enfin, le Parti Animaliste pense-t-il que chacun prendra le temps de déposer un animal blessé dans un centre de soins ? Si des personnes pleines de compassion existent et sont prêtes à prendre une journée et parcourir des centaines de kilomètres pour qu’un animal soit pris en charge, il faut être réaliste : en France, en 2022, la plupart des gens ne seront pas prêts à prendre plus d’une heure pour déposer un animal. Que faire dans ce cas ?

Si le projet est que des équipes mobiles soient prêtes à se déplacer n’importe où pour recueillir le moindre animal, ce qui est souhaitable, mais nullement proposé comment le Parti Animaliste compte-t-il financer et organiser tout cela ? Faut-il un numéro d’urgence pour la faune sauvage ? Avec une plateforme de régulation, à l’instar des services d’urgences existant ?

Nous n’en saurons rien, puisque le Parti Animaliste ne sait rien faire d’autre que du marketing. Il ne connaît rien à la problématique qu’il soulève. Il pratique la démagogie. D’ailleurs, si le Parti Animaliste s’était réellement soucié du sort de la faune sauvage et s’était réellement intéressé à la situation des centres de soins, il aurait ajouté deux points : en finir avec l’obligation de tuer les animaux d’espèces allogènes et des « nuisibles » handicapés.

Animaux de compagnie

Le Parti Animaliste propose de nombreuses mesures pour les animaux de compagnie et les animaux abandonnés. Le problème bien évidemment est que dans la France de 2022, elles sont inapplicables : elles partent du principe, encore une fois, que la démocratie ne compte pas, que ce qui est décidé par la technocratie fonctionne.

Euthanasies

Prenons un exemple très concret. Le parti propose d’interdire les « euthanasies » qui sont des mises à mort déguisées :

« Interdire l’euthanasie des animaux de compagnie sauf à des fins de soulagement, dans toutes les structures (fourrières, refuges..) et pour les particuliers. Création d’une infraction spécifique à l’encontre des vétérinaires en cas de violation de cette interdiction. »

En lisant cela on se dit très bien, cette proposition est juste : il n’est pas acceptable moralement de mettre fin à une vie, à moins que cela soit la seule solution pour abréger des souffrances et éviter une violente agonie.

Le premier problème est de savoir ce qui peut rentrer dans l’idée de « soulagement » : certains affirment qu’un oiseau handicapé est en souffrance et que l’envoyer au paradis est une délivrance justifiée. Certains diront que l’exemple est caricatural, très bien. Qu’en est-il d’un animal atteint d’un cancer ?

Beaucoup refuseront une chimiothérapie pour commencer et demanderont une piqûre avant l’issue fatale. Doit-on considérer cela comme un soulagement pour l’animal ? Nous considérons que non : la vie doit être défendue jusqu’au bout, seul l’animal compte. Les humains qui refusent les traitements n’ont bien souvent pas envie de s’engager financièrement, d’abord, et psychologiquement ensuite.

Enfin, qui contrôlera ces actes ? Comment seront-ils justifiés ? Qu’est-ce qui empêchera un vétérinaire corrompu de pratiquer des mises à mort ?

Il est simple d’avoir des propositions vagues dans son programme, mais sans une direction claire, il est plus que légitime de se poser plein de questions quant à leur possible application. C’est d’ailleurs cela le sens du véganisme : tracer une ligne claire entre le juste et l’injuste. Le Parti Animaliste contourne inversement tout problème concret.

De la même manière, si les « euthanasies » sont interdites dans les refuges et les fourrières, que propose le Parti Animaliste concernant le manque de place criant en France aujourd’hui ? Il pourra clamer fièrement qu’il a interdit ces pratiques, mais cela n’aura fait que déplacer le problème ou l’abandonner à lui-même.

C’est cela la réalité de la question des animaux : tout est lié. On ne peut pas se contenter d’un aspect, en imaginant qu’il est coupé du reste. Et quand la situation est catastrophique comme aujourd’hui, on ne peut pas se contenter de faire des belles annonces pour se donner une belle image. Il faut du concret, du très concret. Ce qu’est incapable de faire le Parti Animaliste.

Une sécurité sociale pour les animaux ?

Une autre série de propositions concerne les mutuelles, existantes, et la mise en place d’une sorte d’assurance maladie pour animaux.

En 2022, une structure qui prétend défendre les animaux, rien que les animaux, n’est même pas capable de proposer une sécurité sociale universelle pour les animaux ? A ce niveau-là, c’est du sous-réformisme afin de prétendre avoir un avis sur la question.

« Créer une couverture médicale universelle pour les animaux identifiés (plafond d’actes par an) au profit des personnes ayant un revenu inférieur à un seuil (seuil de progressivité). »

Quel plafond d’actes ? Une piste ? Non, rien. Quel seuil de revenu ? Smic ? RSA ?

Comment peut-on faire une proposition aussi vide, pour une question aussi essentielle ? Sans parler du fait qu’évidemment, une couverture médicale implique des structures de soins. Parle-t-on alors des vétérinaires, qui tous relève du privé ? Ou alors faudrait-il bien plutôt instaurer un système public pour les animaux ?

Mais c’est là une réflexion impossible pour le Parti Animaliste qui accompagne la modernisation du capitalisme en prétendant changer les choses de l’intérieur.

Une manne financière sans comptes à rendre

Le Parti Animaliste n’est en fin de compte que l’extension juridique et politique des fast-food vegans et de L214. Il n’est que l’expression d’un secteur moderniste qui a su s’installer dans les centres des grandes villes et devenir une mode avec ses consommateurs dépensiers. Cette niche capable de générer d’importants bénéfices a dorénavant besoin d’un cadre juridique et politique plus poussé afin d’asseoir ses positions et même essayer de récupérer des parts de marchés auprès de grands groupes.

La nature a horreur du vide, l’économie et la politique n’y échappent pas : les bénéfices liés à la mode vegan devaient nécessairement prendre une nouvelle forme, permettant à se secteur de consolider ses bases. Le Parti Animaliste effectue ici sa mue et montre sa véritable nature : une entreprise parasitaire de petit-bourgeois désirant des places confortables au sein de mairies, d’assemblées, comités en tout genre, etc. en échange, ils s’engagent à défendre la niche vegan et ses restaurants, ses startup « 100 % végétal » innovantes et autres merveilles.

Tout le bruit autour des élections législatives, tout ce hold up émotionnel, a ainsi comme fond que les partis qui ont réalisé au moins 1% de voix dans au moins cinquante circonscriptions bénéficient de financements publics : environ 1,70€ par voix pendant cinq ans. Avec ses 255 086 voix, le Parti Animaliste obtient une assise confortable… Sans en rien dépendre de la Protection animale, ni même la soutenir !

La fin d’un cycle

Au lieu de reconnaître que nous sommes à la fin d’un cycle de corruption et de destruction, qu’il faut révolutionner sa vie et se tourner vers la Nature, une partie de la société préfère tenter sa chance dans les restaurants vegan, les startup soit-disant écolo, un mode de vie bobo, un travail dans le business vegan, etc. Bref, toute l’horreur de la « modernité », du libéralisme et de ces villes qui avilissent la nature et l’esprit.

Le Parti Animaliste reflète cette troisième vague du véganisme, celle consistant en la récupération capitaliste par les carriéristes. Et sa trajectoire est classique de l’opportunisme : apparition sur le marché de manière racoleuse, utilisation massive de la démagogie lors des élections européennes de 2019 (avec 490 074 voix soit 2,17 % des votants) avec un chien ou un chat sur les affiches, recul massif mais installation dans le paysage (en 2022 avec 255 712 voix soit 1,125 % des votants), intégration financière dans le panorama… et donc désintégration inévitable à terme.

Cette imposture ne connaîtra jamais la victoire, le Parti Animaliste n’est ici qu’un énième avatar de la corruption, de la tentative de freiner l’inévitable révolution morale à venir. L’humanité doit renverser sa vision des choses et se soumettre à la Nature, dont elle est une composante. C’est cela la seule perspective et, au fond, chacun sait que la Nature finira par reprendre ses droits.

A chacun de se préparer en fonction, et la fin de l’ancien monde sera brutale, car il s’agit de rompre. Pas de compromis en défense de notre mère la Terre !

La situation de la Cause animale en France en mai 2022

Nous voulons ici faire un petit bilan de la situation de la Cause animale, le moment s’y prêtant selon nous particulièrement bien, ou plutôt mal. La Cause a connu en effet un profond recul, avec non seulement un vrai tassement des initiatives en faveur des animaux, mais même un effacement de nombreuses choses considérées, à tort, comme des acquis.

Autrement dit, on est revenu à une situation où les défenseurs des animaux se retrouvent de nouveau sur la défensive, face à une société indifférente, et surtout des gens indifférents lorsqu’il faut agir concrètement pour protéger les animaux.

Les éléments qui sont ici, pour nous, des centres d’orientation dans l’analyse sont :

– la candidature en mai 2022 d’Aymeric Caron à la députation à Paris ;

– l’élection présidentielle d’avril 2022, avec Marine Le Pen au second tour, qui a cristallisé de très importants espoirs dans une partie significative de la protection animale ;

– le premier procès en mars 2022 d’un groupe, « Animal1st », suite à la répression de la « cellule Déméter » de la gendarmerie ;

– une tendance très forte dans la société française au rejet de la question animale, très bien représenté par un appel publié en février 2022 dans Le Figaro par une centaine de « personnalités ».

La candidature d’Aymeric Caron à la députation

La question d’Aymeric Caron est pour nous emblématique d’un véritable problème de fond. Ce journaliste a eu un grand succès en tant que Chroniqueur dans l’émission On n’est pas couché sur la chaîne France 2 dans la première partie des 2000.

Il s’était alors mis à parler de la question animale, et il a été très vite invité ici et là afin de prendre la parole, commençant à sortir des bouquins comme No steak en 2013. Il était tout à fait évident qu’il jouait sur son côté beau gosse et figure médiatique pour s’imposer et nous avons trouvé le personnage détestable, d’autant plus qu’évidemment il n’était même pas vegan en 2016 encore.

Et quand il a sorti son ouvrage Antispécisme, à la première page il dit qu’il n’aime pas les animaux. Pour nous, cela veut tout dire et c’est non merci. Le type est un intellectuel faisant un hold up sur la Cause pour faire carrière, comme le montre d’ailleurs sa fondation en 2018 d’un mouvement intitulé « La Révolution écologique pour le vivant », qui disait la même chose que nous mais de manière édulcorée, trafiquée, aseptisée, intellectualisée, etc.

Cela ne veut pas dire qu’il n’est pas sincère. Mais sa sincérité est encadrée par la société et il a servi de cheval de Troie des bobos dans la question animale. L’essor d’Aymeric Caron est d’ailleurs strictement parallèle avec l’émergence et le développement du capitalisme vegan.

Et en mai 2022, on a alors l’exemplarité (négative) de son parcours lorsqu’on voit qu’il se présente pour être député à Paris, dans le cadre de La France Insoumise dont son mouvement est membre (il est membre le premier candidat officiellement investi), dans la 18e circonscription de Paris, qui regroupe une partie du 9e et du 18e arrondissement.

Le bobo retourne chez les bobos, avec forcément un discours bobo, un style bobo, une envergure bobo. On est ici aux antipodes des gens mettant la main à la pâte pour les animaux et cela s’est ressenti d’ailleurs de manière flagrante avec l’important soutien qu’a connu Marine Le Pen.

Le soutien à Marine Le Pen

Aider concrètement les animaux, de manière organisée à travers des structures de la protection animale, implique de subir deux choses difficiles à vivre. La première tient à un certain regard dédaigneux des gens, parce que c’est considéré comme de la « sensiblerie », une attention déplacée, une fragilité exacerbée, etc. La seconde, c’est d’avoir à encaisser des situations odieuses ou horribles, où l’on fait face à la cruauté et à la souffrance, à l’ignominie et à la mort.

Cela est bien connu de qui connaît la protection animale. Malheureusement, celle-ci n’a aucun recul sur elle-même dans son ensemble et vit dans une immédiateté à la fois forcée, en raison des urgences ininterrompues à assumer, et choisie, en raison d’une tendance à un prisme asocial, voire franchement misanthrope.

Il y a ainsi eu toujours des courants d’extrême-droite cherchant à profiter de cette situation, pour happer les gens en leur faveur. Il est bien connu que Brigitte Bardot a longtemps représenté un sas en cette direction. Cependant, c’est davantage une tendance de fond qu’autre chose… Jusqu’à, toutefois, l’élection présidentielle de 2022.

Il y a eu ici tout un mouvement de soutien à Marine Le Pen, porté par une sorte de mélange de rejet complet d’Emmanuel Macron, d’esprit Gilets Jaunes, d’influence des milieux anti-vaccins, d’espoir en Marine Le Pen se mettant en scène comme femme « normale » avec ses chats, de fuite en avant en raison d’un profond sentiment de désespoir.

Il n’y a ici rien d’étonnant, et en même temps on ne peut pas parler d’une évolution dans le sens de quelque chose de réellement politique, ou d’organisé, ou quoi que ce soit qui s’y rapproche. On est dans quelque chose d’élémentaire, on est ici dans la connaissance fondamentale d’être délaissé par la société, ou abandonné, et cela a convergé avec le sentiment de rancoeur qui a été au coeur du vote en faveur de Marine Le Pen.

Un « véganisme » bobo et une protection animale populaire

Si nous savons observer cela aujourd’hui, c’est parce que nous avons pu voir comment le véganisme a connu en France, après une première phase, une vague commerciale et carriériste, avec parfois une dimension pseudo-activiste, assumant de rejeter la protection animale ou du moins de l’ignorer.

Cela correspond à une réalité fondamentale : la situation des refuges pour animaux, des centres de soins, des associations de la protection animale… n’a pas évolué ces dernières années, malgré que la question animale a été abordé par les médias et qu’il y ait désormais des restaurants proposant une alimentation végétalienne dans de nombreuses villes.

La question animale a débarqué dans la société française de manière artificielle, elle s’est développée à sa surface seulement, pour n’aboutir qu’à l’établissement d’une micro-société de plus dans une société totalement fragmentée.

Autrement dit, il y a un milieu urbain très tourné bobo qui se la joue « vegan » ou « flexitarien » (comme Jean-Luc Mélenchon par exemple), sans que les animaux en eux-mêmes ne soient réellement pris en compte autrement que comme objets de projection pour des valeurs très « classes moyennes » cherchant à s’élever par un style néo-branché ou des discours universitaires incompréhensibles.

La protection animale a constaté ce phénomène, lui restant entièrement extérieur, et a ressenti cela comme mise à l’écart de plus de la part de la société, y compris de gens qui auraient dû se tourner vers elle. Une figure médiatique comme Aymeric Caron comme dit plus haut, ou une association tout aussi médiatique comme L214, font leur carrière résolument à l’écart de la protection animale, considérant leurs propres activités comme une fin en soi.

Le pire étant cependant, dans le registre, les activistes « antispécistes ».

Le premier procès d’Animal1st

L’un des mouvements les plus bruyants de l’antispécisme a été « 269 libération animale », qui organisait de la « désobéissance civile » notamment pour des occupations d’élevages industriels.

Ces actions, menées publiquement, avec les personnes présentes devant laisser les photocopies de leur carte d’identité, etc., ont immanquablement amené la répression, puis après des actions similaires dans les pays voisins de la France, il y a eu un repli sur un refuge pour des animaux emportés dans ces actions.

Naturellement, ce refuge se place totalement en-dehors de la protection animale, « 269 libération animale » se contenant de discours néo-anarchistes, tout en ayant plus de dimension activiste, après avoir épuisé l’énergie activiste de plein de gens de bonne volonté, mais se contentant d’intervenir ponctuellement dans des actions spectaculaires.

C’est un phénomène de consommation particulièrement nocif. Les « antispécistes » consomment l’activisme, tout en se présentant comme des gens très déterminés, motivés, et comme des martyrs incompris en première ligne pour les animaux. C’est une sorte d’existentialisme se faisant au nom des animaux, ou plutôt sur le dos des animaux.

On a une exemple révélateur de cela avec le groupe « Animal1st », dont le nom veut d’ailleurs tout dire. C’est une caractéristique des antispécistes en effet que de jouer sur une certaine imagerie visant à frapper les esprits, avec des noms en anglais (ici Animal1st, soit Animal First, soit les animaux d’abord), des actions choc, l’utilisation de l’écriture dite « inclusive », des discours hyper agressifs, etc.

Animal1st, en l’occurence, a été visé par une enquête de cellule de gendarmerie Déméter (visant ouvertement les défenseurs des animaux), ce qui a abouti à un procès avec un délibéré rendu le 31 mars 2022.

Et de manière typique de la démarche « antispéciste », à la fois élitiste et hors sol, Animal1st n’a rien publié sur son site internet à la suite du délibéré. Le groupe s’est contenté d’un live sur Facebook et Instagram le jour même, au tribunal. Les vidéos ont ensuite été publiées sur ces réseaux.

Ce groupe était accusé de dégradations, en l’occurrence des tags, dans des fermes d’élevage, ainsi que d’avoir « volé » sept agneaux. Les peines prononcées vont des quelques mois de prison avec sursis à deux mille euros d’amendes, avec des travaux d’intérêts généraux au milieu. Cependant, ce premier procès concernait avant tout les tags, la question des sept agneaux sera jugée de manière séparée le 15 novembre 2022.

L’affaire n’est pas finie, mais on l’aura compris le groupe vit en vase clos, s’imaginant qu’il va déclencher à lui tout seul, sur la base d’actions qu’il a lui-même défini, un mouvement « antispéciste ». A moins qu’il ne s’imagine rien et qu’il fasse des actions pour faire des actions, car c’est à proprement parler illisible.

C’est un cas exemplaire de comment les animaux sont utilisés pour un aventurisme existentialiste. En juin 2021, par exemple, le collectif publie un long texte sur son site, intitulé « La répression des animalistes s’intensifie comme jamais ». Il s’agit d’un long texte au langage universitaire contestataire (parsemé de « iel »), plein d’indignations qui explique en long et large comment se sont déroulées les perquisitions et les gardes à vue, pour finir deux paragraphes grandiloquents sur l’oppression et des animaux et (surtout) la répression des animalistes.

Au sujet des animaux concernés, on ne sait par contre pratiquement rien ! Alors qu’ils devraient être au coeur de la question. On saura seulement que cinq sont recherchés et que deux sont « sous-scellé ». Le texte ne prend la peine de donner plus d’informations sur l’état de santé des animaux recherchés, ni sur le sort de ceux retrouvés.

Les animaux ne sont pas du tout au centre de la démarche. Ils sont un lieu de projection d’une certaine vision du monde, qui est très négative, tourné vers le nihilisme, sans aucune lecture historique des choses, sans mémoire des luttes passées pour les animaux…

Ce qui révèle pour ce dernier point le fond des choses, c’est que ces gens, prétendument super activistes, passent l’ALF sous silence. C’est que l’ALF, en exigeant l’anonymat, le don de soi aux animaux sans obtenir de reconnaissance, est à l’opposé de leurs valeurs.

Et ces antispécistes, non seulement gâchent les énergies, apportent la confusion, mais sont qui plus est les idiots utiles au service des pires ennemis des animaux.

La tribune du Figaro de février 2022

La tribune du Figaro est pour nous exemplaire du fond réel de la situation sur le plan des idées. En apparence, elle dénonce en effet les « antispécistes ». En réalité, si on regarde ce qui est combattu, c’est très exactement le mot d’ordre « la Terre d’abord ! ». La tribune est un manifeste anti-Nature.

Les « antispécistes » ont réalisé un hold-up sur la question animale, qu’ils vident de sa substance, tout en aidant en même temps le vieux monde à s’adapter, à se protéger, à se préparer contre une opposition réelle.

« Animalistes et écologistes extrémistes ne menacent pas que la chasse, tant s’en faut ! »

 Ruralité, Le Figaro

Les animalistes et certains militants écologistes font preuve d’un véritable acharnement contre la chasse. Et leur hargne s’inscrit dans une entreprise plus vaste de démantèlement de pratiques culturelles ancestrales, s’alarment dans une tribune au Figaro 100 personnalités* parlementaires comme François-Xavier Bellamy et Jean Lassalle ou membres de la société civile tels Pascal Bruckner.

Si, parmi nous, d’aucuns sont chasseurs et d’autres non, nous estimons tous qu’il est de notre devoir de dénoncer l’acharnement dont la chasse fait l’objet : la volonté d’abolir celle-ci n’est que le premier acte d’un mouvement de fond beaucoup plus large et dangereux. Un sapin de Noël qui disparaît. Le foie gras qu’on interdit.

Des « nouveaux fermiers » qui « réinventent la viande à partir d’ingrédients 100% végétaux » – alors que de vrais fermiers meurent. Du poisson sans poisson, là encore à base de végétaux. La pêche de loisir menacée d’interdiction, comme le seul fait de monter à cheval. Les passionnés de véhicules automobiles mis au banc des accusés. Les zoos, les dresseurs pointés du doigt.

De vastes territoires acquis pour être « réensauvagés », c’est-à-dire livrés à eux-mêmes. Des rats et des punaises de lit élevés au rang de commensaux… Tout cela n’est que le début de bouleversements profonds, que le traitement réservé à la chasse est en train de révéler.

S’il a jadis attiré l’attention sur de vraies questions, le « vert » n’est plus, en 2022, la couleur de l’espoir. Aujourd’hui, une poignée d’inquisiteurs confisque l’espace public à la seule fin de transformer la nature en une sorte d’Éden au sein duquel l’humanité devrait faire figure de spectateur bâillonné, menotté.

Tout ce qui fut éprouvé au fil du temps est frappé de détestation automatique. « Il faut déconstruire ! », répètent-ils. Au nom d’une nature personnifiée et d’animaux réduits à leur capacité de souffrir, on nous intime de biffer une part essentielle de nos identités plurielles.

Minoritaires, ces gens répandent leurs thèses dans tous les milieux, avec autant d’efficacité que les tenants du wokisme : université, showbiz, journalisme, culture, marketing, sphère politique. Pas un jour sans injonctions à « vivre autrement », parce qu’il y va de l’avenir de la Terre. Pas un jour sans que l’on ne crie : « Vous êtes coupables ! »

Dans une telle atmosphère de terreur bienveillante, comment imaginer qu’une partie de l’opinion ne se sente pas obligée de rejoindre ces nouveaux croisés ?

Ce n’est pas aux seules conséquences que nous devons nous opposer, mais à l’agrégat d’utopies qui les rend possibles. Que notre rapport à l’animal soit perfectible, que la biodiversité subisse une forme d’érosion qu’il conviendrait d’enrayer , nul ne le conteste. Cependant, eux rêvent d’une mise sous cloche de la nature et d’une mise aux fers de l’humanité.

Nous sommes à un tournant civilisationnel qui, sous couvert d’appliquer partout le principe d’inclusion, ouvre la porte à une multitude d’exclusions : comment le fait de capturer tel gibier par l’acte de chasse ou simplement d’utiliser l’animal serait-il justifiable, dans un univers moral qui s’impose le végétarisme voire le véganisme comme fin ultime ?

Comment la moindre intervention de l’homme sur les espaces naturels serait-elle légitime, quand on répète à l’envi que ledit homme est essentiellement destructeur, et que la nature se débrouille bien mieux seule ?

Nous perdons le sens de la mesure – celui qui nous permet de distinguer entre élevage industriel et traditionnel, chasse et braconnage, agriculture intensive et agroécologie, amour de la nature et idéalisation, ce qui est intolérable et ce qui doit être accepté.

Voilà pourquoi nous lançons un appel à l’adresse de ceux qui ne peuvent plus supporter le diktat des purs autoproclamés de l’écologie.

Alors que l’élection présidentielle approche, que nous assistons à une surenchère de propositions aberrantes de la part d’idéologues plus désireux de détruire que capables de bâtir, il revient à l’opinion de dire non aux animalistes et aux catastrophistes, de se dresser contre l’intolérance qui voudrait que nous rompions avec tout notre passé – parce qu’une coterie a soudain découvert la souffrance et la mort et a tout bonnement décidé de les congédier, avec, parfois, l’appui de puissances financières colossales.

Il nous revient à tous d’opposer une fin de non-recevoir catégorique aux prédicateurs de l’apocalypse qui ont tout intérêt à nous faire croire que la fin est proche – parce qu’ils soupirent après l’avènement d’un homme et d’un monde neufs.

Les chasseurs, oui, sont en première ligne. Cependant, bientôt, c’est l’ensemble de notre rapport immémorial à l’animal domestique ou sauvage et à la nature qui sera incriminé.

Le rejet de la prétendue « domination » frappera de plein fouet, et avec les meilleures intentions, aussi bien les éleveurs, agriculteurs, pêcheurs, bouchers, cavaliers, amoureux du cirque, que les sylviculteurs, gastronomes, aquaculteurs ou mushers (conducteurs de traîneau à neige tirés par des attelages de chiens, NDLR).

Non exhaustive, cette liste donne une idée de l’ampleur du front qui, organisé, serait capable de contrarier les architectes du monde terrifiant qui se préfigure.

Face aux contempteurs du passé, prenons garde de ne pas sacrifier la chasse en se disant que le vent retombera. Soyons unis contre l’extrémisme vert, qui se donne pour priorité de bannir toute pratique, profession et tradition qui ne correspond pas à son cadre idéologique. Interpellons nos politiques, faisons entendre notre voix : il y a urgence !

* La liste des cent signataires :

Députés : Julien Aubert (Vaucluse, LR), Anne-Laure Blin (Maine-et-Loire, LR) , Jean-Yves Bony (Cantal, LR), Jacques Cattin (Haut-Rhin, LR), Bernard Deflesselles (Bouches-du-Rhône, LR), Claude de Ganay (Loiret, LR), Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques, Libertés et Territoires), Emmanuel Maquet (Somme, LR), Alain Pérea (Aube, LREM, président du groupe Chasse, Pêche et Territoires), Didier Quentin (Charente-Maritime, LR), Frédéric Reiss (Bas-Rhin, LR), Jean-Luc Reitzer (Haut-Rhin, LR), Antoine Savignat (Val-d’Oise, LR), Nathalie Serre (Rhône, apparentée à LR), Benoit Simian (Gironde, Libertés et Territoires), Guy Teissier (Bouches-du-Rhône, LR).

Sénateurs : Jean Bacci (Var, LR), Philippe Bas (Manche, LR), Christian Bilhac (Hérault, Rassemblement Démocratique et Social Européen), Etienne Blanc (Rhône, LR), Max Brisson (Pyrénées-Atlantiques, LR), Laurent Burgoa (Gard, LR), Jean-Noël Cardoux (Loiret, LR, président du groupe d’étude Chasse et Pêche), Anne Chain-Larché (Seine-et-Marne, LR), Pierre Charon (Paris, LR), Marie-Christine Chauvin (Jura, LR), Guillaume Chevrollier (Mayenne, LR), Pierre Cuypers (Seine-e, Nathalie Delattre (Gironde, Rassemblement Démocratique et Social Européen), Chantal Deseyne (Eure-et-Loir, LR), Dominique Estrosi-Sassone (Alpes-Maritimes, LR), Christophe-André Frassa (Français établis hors de France, LR), Daniel Gremillet (Vosges, LR), Pascale Gruny (Aisne, LR), Charles Guené (Haute-Marne, LR), Alain Houpert (Côte-d’Or, LR), Corinne Imbert (Charente-Maritime, apparentée LR), Alain Joyandet (Haute-Saône, LR), Florence Lassarade (Gironde, LR), Daniel Laurent (Charente-Maritime, LR), Antoine Lefèvre (Aisne, LR), Dominique de Legge (Ille-et-Vilaine, LR), Pierre Médevielle (Haute-Garonne, Les Indépendants – République et Territoires), Franck Menonville (Meuse, Les Indépendants – République et Territoires), Sébastien Meurant (Val-d’Oise, LR), Louis-Jean de Nicolaÿ (Sarthe, LR), Jean-Jacques Panunzi (Corse-du-Sud, LR), Kristina Pluchet (Eure, LR), Rémy Pointereau (Cher, LR), Jean-Paul Prince (Loir-et-Cher, Union Centriste), Frédérique Puissat (Isère, LR), Jean-François Rapin (Pas-de-Calais, LR), Bruno Sido (Haute-Marne, LR), Laurent Somon (Somme, LR).

Député européen : François-Xavier Bellamy.

Ex-députée européenne : Véronique Mathieu.

Président de région : Laurent Wauquiez (président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes).

Membre honoraire du parlement, ancien député : Jean-Charles Taugourdeau.

Société civile : Claude Aguttes (commissaire-priseur), Bertrand Alliot (chercheur, naturaliste, ancien administrateur nationale LPO), Guillaume Beaumont (secrétaire de la Société des Amis de Chambord), Olivier Berthold (président de l’Association Nationale des Chasseurs de Gibiers d’Eau), David Bizet (chef étoilé), Pascal Bruckner (écrivain, philosophe), Thierry Cabanes (président FDC Tarn-et-Garonne), Urbain Cancelier (acteur), Bruno de Cessole (écrivain), Nicolas Chaudun (écrivain), Jacques-François de Chaunac-Lanzac (ancien directeur de la Fondation François Sommer), Benoît Chevron (président FDC Seine-et-Marne, conseiller régional), Thierry Clerc (président de la FICIF et de la Fédération régionale d’IDF), Johanna Clermont (influenceuse chasse), Jean-Marc Delcasso (président FDC Hautes-Pyrénées), Jean-Philippe Delsol (avocat), Frank Demazure (président FDC Aisne), Jean-Pierre Digard (ethnologue et anthropologue), Jean-Luc Fernandez (président FDC Ariège), Marie de Greef (journaliste), Jean-Louis Gouraud (écrivain), Louise Groux (artiste peintre), Charles-Marie Jottras, Philippe Justeau (président FDC Maine-et-Loire et de la Fédération régionale des Pays de Loire), Benoit Labarthe (président de l’Association des autoursiers et fauconniers français), Stanislas Larget-Piet (président du Club Chasse HEC), Jean Le Bret (vice-président du Club Chasse HEC), Didier Lefèvre (président Union Nationale des Associations de Piégeurs Agréés de France), Gilles Luneau (journaliste, essayiste), Emmanuel Michau (chef de la Délégation française du CIC, Comité International pour la Chasse durable et la protection de la biodiversité), Paul Mougenot (conseiller départemental de l’Aisne, agriculteur, président de l’Association nationale de conservation du petit gibier), Olivier Nasti (chef étoilé), Benoît Perrot (président d’Aktis Partners), Jérôme Philippon, Emmanuel Pierrat (avocat, écrivain), Alexandre Poniatowski, Eddie Puyjalon (président du Mouvement de la Ruralité), Gerbert Rambaud (avocat, essayiste), Humbert Rambaud (rédacteur en chef Jours de Chasse), Richard sur Terre (Youtubeur), Dany Rose (président FDC Loire-Atlantique), Pierre de Roüalle (président de la Société de Vénerie), Henri Sabarot (président FDC Gironde), Antoine Sinniger (ancien président du Pôle international du cheval de Deauville), Éric Turquin (expert en tableau), Dominique Villeroy de Galhau, Thibault de Witte (artiste peintre), Steven Zunz.

La question animale n’est pas négociable

Le rapport aux animaux est incontournable pour l’humanité au début du 21e siècle et il n’y a aucune raison de ne pas être vegan. Tout relativisme à ce sujet est une convergence avec les forces du passé cherchant à retarder les échéances, à bloquer le caractère universel et universaliste du véganisme.

La vérité est qu’il faut une révolution des mentalités, qu’aucun compromis n’est faisable avec une société cherchant à « inclure » toutes les différences, à mettre sur le même plan le véganisme et le flexi-tarisme, le véganisme et la consommation de produits d’origine animale, au nom du « respect des différences » et de l’individualisme.

Il est évident que le véganisme n’est pas compatible avec le libéralisme, sous aucune forme. Qui ne le voit pas est obligé de basculer dans la capitulation à un moment ou à un autre. Et on sait comment les capacités de corruption de la société sont nombreuses !

Voilà pourquoi nous soulignons que pour être vraiment vegan, il faut être vegan straight edge, c’est-à-dire refuser et réfuter l’alcool, les drogues, les relations sexuelles sans lendemain, et plus généralement d’ailleurs toutes les fuites dans ce qui intoxique, depuis les jeux d’argent jusqu’aux séries du type Netflix ou Amazon.

L’humanité est à un tournant : elle doit reconnaître qu’elle n’est pas un « empire dans un empire », mais une simple composante de la Nature. Elle doit modifier ses propres valeurs, se soumettre à la Nature et la servir. Tout le reste n’est que fuite en avant délirante d’une humanité s’imaginant posséder une dimension divine.

Les gens tendent d’ailleurs toujours plus à se poser comme des sortes de « néo-dieux » ayant le droit de s’approprier ce qu’ils veulent s’ils peuvent le consommer, de prétendre être ce qu’ils ne sont pas parce qu’ils auraient « choisi », de vivre dans leur bulle particulière sans aucune responsabilité collective, d’être entièrement différent et comparable à personne.

Tout cela est l’expression d’une humanité en perdition, hors-sol, ayant perdu toute orientation cohérente en raison de la cassure assumée avec la Nature. Cela doit cesser.

En avant vers l’Eden !

Les trois générations du véganisme en France (1990-2020)

Nous voulons ici fournir une présentation de ce qui forme clairement trois périodes distinctives du véganisme en France, avec de telles distinctions et différences qu’on peut parler de trois générations. Nous pensons que c’est utile, parce qu’il n’existe pas de continuité dans le véganisme en France, il y a une sorte de renouvellement permanent, depuis toujours, faisant qu’il n’y a pas de mise en perspective. Or, cela est fatal pour un mouvement désireux de changer les choses en profondeur, d’aboutir à une révolution des mentalités, à des modifications concrètes de la société dans son rapport aux animaux.

On peut et on doit distinguer trois périodes ; avant de les présenter une par une, voici comment on peut les « résumer ».

1ère génération, années 1990 : le véganisme est porté par des gens à la marge, liés à la culture punk-hardcore d’un côté, à l’anarchisme pacifiste utopiste de l’autre. Le véganisme est inconnu et socialement totalement rejeté, les gens ostracisés.

2e génération, années 2000 : le véganisme est assumé par des gens d’origine populaire ou petite-bourgeoise ayant fait le choix de défendre les animaux. Il se produit une multiplication des idées, groupes, conceptions, alors que le véganisme commence à se diffuser.

3e génération, années 2010 : le véganisme est reconnu socialement. Des gens diplômés et d’origine sociale aisée prennent le contrôle des choses avec des commerces, des restaurants, ou encore des associations (même « militantes » alors définies comme « antispécistes »), le tout de manière « professionnelle » (ou « corporate »).

La première génération

Il y a très peu de vegans en France dans les années 1990. Ceux-ci connaissent le véganisme par l’Angleterre, où dans les années 1970 et 1980 il y a un grand mouvement pour les animaux, avec notamment l’ALF menant des milliers d’actions et ayant formé une véritable actualité pour l’opinion publique.

Ils sont liés à la culture punk-hardcore, de nombreux groupes ayant thématisé le véganisme en Angleterre, ainsi qu’à une approche anarchiste pacifiste. Pour cette raison, des squats sont ouvertement tournés vers le véganisme, à Paris et surtout à Lille où c’est profondément marqué dans la démarche « squat » alors.

Il est évidemment très difficile d’être vegan alors. Sur le plan matériel, ce n’est pas aisé d’avoir une vision claire des aliments sur lesquels on peut s’appuyer alors qu’en plus on a très peu accès aux produits nécessaires. Il n’y a à l’époque que très peu de magasins bios, qui sont d’ailleurs très tournés alors en mode ésotérique ou mystique.

Le grand symbole vegan des années 1990 est ainsi la Marmite. Cette pâte à tartiner anglaise, à base de levure de bière, fournit en effet la B12 et comme on peut parvenir à en trouver, même de manière difficile, c’est tout un symbole.

Au-delà de cette question technique pour l’alimentation, être vegan est impossible socialement et aboutit à une ostracisation générale. Le groupe de hardcore Primal Age se voit jeter de la « viande » dessus dans les concerts, alors que la tentative d’influencer la Fédération Anarchiste aboutit à une interdiction des thèses « antispécistes » en son sein en 1995 (nous racontions cet épisode ici).

Il reste pour cette raison très peu de choses de cette période sur le plan culturel. Les (rares) gens sont parfois partis dans d’autres pays, ou bien ils ont capitulé, alors que de toutes façons les initiatives étaient tellement marginales, voire éphémères, que rien ne s’est ancré, à l’exception de deux phénomènes, d’ailleurs entièrement antagoniques.

Il y a eu d’un côté la naissance d’un courant intellectualisant cherchant à établir un véganisme à la française, au travers de la revue « Les cahiers antispécistes ». Fondée en 1991 à Lyon, la revue a eu 43 numéros jusqu’en 2019 et a posé les jalons de toute une culture philosophique – associative, avec un esprit réformiste sur le long terme mais se voulant philosophiquement exigeant. Cela va donner des figures historiquement importantes de par leur succès intellectuel à ce niveau comme David Olivier et Yves Bonnardel.

Il y a de l’autre l’ALF, qui commence à mener ses actions de manière régulière à partir des années 1990, chose qui perdurera largement pendant la seconde génération, en prenant même une certaine ampleur, pour s’assécher jusqu’à disparaître avec la troisième.

La seconde génération

Il n’y a malheureusement pas d’étude précise sur la naissance du seconde génération du véganisme, au début des années 2000. La raison en est l’effervescence provoquée par l’arrivée d’une nouvelle génération. Si le véganisme des années 1990 avait en France un côté assez abstrait, en raison de sa marginalité, la seconde génération est porté par des gens qui ne découvrent pas les animaux par le véganisme, mais le véganisme par les animaux : c’est très concret.

On parle de gens, d’origine populaire ou petite-bourgeoise, aimant les animaux ou voulant les défendre et ayant pris connaissance du véganisme par la suite, ou parallèlement. Ces gens vont alors s’affirmer vegan, faisant qu’au milieu des années 2000, il existe une vraie scène vegan en France, très restreinte mais suffisante pour qu’il y ait des conceptions très différentes.

A côté, des gens sont de nouveau issus de la scène hardcore pour arriver au véganisme, grâce à la scène metalcore vegan straight edge du début des années 1990 (comme Earth Crisis), puis de la fin des années 1990 à la fin des années 2000 (Arkangel, xDestroy Babylonx, Children of Gaia, Nueva Etica, Gather, Purification, xLinha de frentex…). Si certains restent à l’écart de la scène vegan française, d’autres décident de s’impliquer dans différentes associations et collectifs.

Il faut se souvenir ici que le véganisme n’est pas encore reconnu socialement, que même le mot vegan est inconnu des gens. Il commence toutefois à se passer des choses, car récusant la marginalité, les vegans de la seconde génération cherchent à influencer la société, à marquer les choses de leur empreinte, sans forcément trop d’optimisme, mais de manière volontaire en tout cas.

Naturellement, l’empreinte recherchée était très différente, posant des cassures très nettes entre les gens. Les deux courants dominants alors furent justement ceux apparaissant comme « au-delà » des querelles :

– la Veggie Pride, avec des marches parisiennes annuelles de 2001 à 2007, sur une base naïve ou folklorique non agressive, mais affirmative, et enfin terriblement anthropocentriste (n’oublions pas leur lutte indécente contre la « végéphobie ») ;

– Droits des animaux, comme mouvement organisant des tractages, pratiquant les happenings, organisant des sabotages de chasse à courre, publiant des documents, etc.

En raison du manque de maturité en effet, les gens choisissant le véganisme ont en effet cherché à œuvrer de manière la plus ouverte possible. Mal leur en a pris… Car il y a eu alors inflation de groupes tombant du ciel se présentant comme la structure à suivre au niveau national, de gens se présentant comme les leaders du mouvement devant être suivis…

Prenons l’exemple des Furieuses carottes, nées en Île-de-France, mêlant anarchisme et antispécisme avant même que l’antispécisme ne s’affirme en tant que tel, afin de trouver une manière de faire de la surenchère permanente. Le groupe a tablé sur une approche purement activiste et brouillonne, accusatrice sans aucune analyse réelle des faits : on pensera à la campagne « les fachos dans la protection animale » totalement déconnectée de la réalité dont nous avions parlé à l’époque.

Évidemment, cet activisme (par ailleurs anti-ALF) frisant avec l’illégal sans franchir le pas n’avait ni queue ni tête et s’il y avait de la dignité dans le fait de protester ouvertement contre la vivisection, le mouvement n’avait aucune base solide, ni intellectuelle, ni culturelle, ni rien d’ailleurs. Pour terminer, le mouvement était connu dans les cercles militants, mais totalement inconnu des gens, et la répression policière aura fini par le détruire très facilement en plus de l’esprit de capitulation.

On se souviendra également peut-être de la suite totalement délirante d’une partie du collectif qui partira dans la décadence totale et la pornographie comme acte « militant ». Ceci n’a malheureusement rien de surprenant, le phénomène est bien connu d’aventuriers ou de gens mal dans leur peau prenant les animaux en otage pour délirer quelques temps.

A l’opposé, se trouvait l’association vegan.fr. Tournée vers les masses, proposant une démarche éducative, elle se situait à l’opposé de groupe activiste anarchisant et sans constance. On avait une présentation « normale » du choix de la raison et de la compassion . Seulement la société française n’était pas prête et l’association s’est retrouvée dans l’ombre d’opportunistes sans principes comme L214 proposant une démarche consumériste, un véganisme prêt-à-porter, sans fond.

Cela annonçait la troisième génération, formant une vague destructrice. LTD, née comme « Vegan Revolution » le 9 Octobre 2004, disposait d’un très bon lectorat et d’une actualité permettant, d’une manière ou d’une autre, une publication quotidienne. A l’instar de la seconde génération, il a fallu subir l’énorme contre-coup de la troisième génération.

La troisième génération

L’exemple le plus criant de la transition de la deuxième à la troisième génération est Droits des animaux. Après avoir surfé sur une vague de militantisme forcené, isolé, coupé des masses mais avec une certaine dignité malgré tout, l’association s’est arrêtée net ou bout de quelques années. Au passage l’un des fondateurs a décidé de lancer une boutique de produits vegan, jouant sur son carnet d’adresse et sa notoriété acquis au cours de ses années de militantisme ? Quelle trahison!

C’est que le véganisme n’a plus rien de marginal ni de populaire. Il est désormais une opportunité, il est donc opportuniste, bourgeois dans tous les sens du terme, et c’est pourquoi il est extrêmement facile de connaître son histoire : tout est très carré, très structuré, très bien formulé, très présentable, etc.

C’est ici la chose la plus horrible qui soit. Les gens de la seconde génération se sont fait broyer. N’ayant pas les codes ni les moyens matériels pour atteindre un certain niveau, ils ont été la victime d’un gigantesque hold up. Et les trois gangsters sont les suivants.

Déjà, il y a les entrepreneurs, qui dans les années 2010 ont multiplié les commerces et restaurants, au point qu’appeler au crowd funding pour ouvrir un espace commercial était présenté comme quelque chose de « militant ». Et, avec le temps, sont arrivés des poids lourds, puisque des entreprises puissantes, d’ailleurs parfois partie prenante de l’exploitation animale, proposant du « vegan ».

Le rejet populaire a d’ailleurs été immédiat et aujourd’hui par vegan on comprend une sorte de jeune femme bourgeoise (ou désireuse de l’être) au style bobo élitiste de centre-ville, pour qui le véganisme c’est une consommation très souvent d’ailleurs en réalité « flexitarienne ».

Ensuite, il y a L214 (et Sea Shepherd), qui ont littéralement siphonné les soutiens au moyen d’une sorte de populisme « animaliste » à la fois ignoble et subventionné, puisqu’on parle d’associations avec des moyens financiers très importants.

Il est d’ailleurs significatif de voir à quoi sert tout l’argent que brasse ces structures : à rien. Rappelons que L214 dispose de plusieurs dizaines de salariés (75 fin 2020 selon leur site) et gère des millions d’euros de budget (7 millions pour 2020).

Et tout cela pour quoi ? Montrer que les abattoirs sont des lieux ignobles et demander leur modernisation. Se féliciter qu’une agence nationale est pour des repas « végé » en cantine. Bref, des millions pour faire tourner le réformisme le plus ignoble qui soit, tout en prétendant être abolitionniste, alors que les associations croulent sous les abandons et les factures vétérinaires, et qu’au final rien ne change pour les animaux.

Enfin, il y a 269 libération animale, une structure entièrement anti-ALF ayant siphonné les activistes les plus « militants » en les amenant dans un cul-de-sac complet avec des actions de blocages d’abattoirs et un culte forcené de l’individu (même les animaux seraient des individus et à sauver pour cela justement).

Mais ce qui est très marquant justement, c’est que tout cela a échoué ! La cause animale est trop réelle. 269 libération animale ne peut plus mener d’actions cat trop connue de la police et s’est rétréci à un groupe producteur de discours intellectuels anarchistes incompréhensibles. L214 s’est institutionnalisé alors que de toutes façons la société française ne regarde cela que d’un œil lointain et perplexe, quant au capitalisme vegan il n’existe plus que dans les centre-villes et ne parvient pas à se développer réellement autrement que dans les supermarchés.

Une quatrième génération ?

Les gens arrivant au véganisme en ce moment doivent être compris, et ce n’est pas chose facile. On parle en effet d’une génération entièrement nouvelle. Pour ces gens – des jeunes de moins de 21 ans on peut dire – le véganisme n’est pas une absurdité, mais pour autant trop exigeant. Le passage au véganisme est donc plus accessible, mais en même temps son socle est bien moins solide.

Être un végan de la première ou de la seconde génération, c’était aller à la guerre avec sa famille, son entourage, la société, et l’assumer (pour la troisième, c’était déjà être un urbain « branché »). Pas de guerre pour la quatrième génération, donc c’est plus simple, mais en même temps l’esprit de tolérance mal compris aboutit à un vrai libéralisme.

Libéralisme qui empêche toute réelle prise de conscience : comment espérer un véganisme authentique sans reconnaissance de la Nature ? de la dimension naturelle de l’être humain ? de Gaïa ? Et tout ceci est bien entendu impossible lorsque sous couvert de bienveillance et d’inclusivité (en réalité de pur libéralisme), tous ces jeunes sont prêts à soutenir l’activisme trans, exemple même de l’aventurisme psychologique niant les faits.

On comprend vite ici que ce sont les réseaux sociaux qui sont l’alpha et l’oméga de ce véganisme. Et, d’ailleurs, rien ne change au niveau des refuges pour animaux : on ne voit aucun de ces jeunes faire quoi que ce soit. C’est un véganisme passif, consommateur, qui va dans le bon sens mais s’arrête en cours de route.

Car le véganisme, à un moment ou un autre, est trop hors normes. « Perdre » son temps dans un refuge… se salir à nettoyer… Ramasser des fils de poubelles par terre pour empêcher les oiseaux de s’y prendre… Récupérer un animal malade… Tout cela est trop « bizarre ». Cela ne correspond pas du tout aux codes des réseaux sociaux.

Tant qu’il n’y a donc pas des gens prêts à salir les mains – donc à mettre leur apparence, leur ego de côté – rien ne sera possible. Aider les animaux implique une rupture, cela ne peut pas être un « à côté » d’une vie normale. Psychologiquement c’est un choix d’engagement, concrètement cela amène à être en décalage avec une vie consumériste où tout est dans l’apparence, humainement cela exige une empathie, une compassion, en conflit avec la compétition permanente qui existe dans la société.

Une nouvelle génération ne peut pas arriver sur le devant de la scène sans, par conséquent, avoir assimilé toute une culture. LTD contribue à cela. La transformation complète du monde est inévitable, la vie ne peut que l’emporter sur la destruction.

Lorsque la nuit est la plus noire, c’est que le jour est en marche.

En avant vers l’Eden !

La faillite de Sea Shepherd avec «Rewild» et celle de L214

Nous voulons ici documenter deux phénomènes qui se sont exprimés tout récemment et qui expriment la faillite de toute une génération qui s’est placée sous l’égide de Sea Shepherd et de L214. Il s’agit de l’échec complet (et terrifiant) du projet « Rewild », dont Sea Shepherd a été le moteur, ainsi que la parution par Mediapart d’un dossier à charge contre L214.

Cette documentation critique est justifiée par le fait qu’on parle là des deux associations qui, ces dix dernières années, se sont accaparée les forces vives de la cause animale, en termes de militants, de soutiens, d’argent. Il faut bien dire accaparer, parce que ces associations ont adopté un profil consensuel visant clairement à isoler les gens de trois choses : des refuges, de l’ALF et d’un débat avancé sur la nature du véganisme comme rupture.

L’échec emblématique du projet « Rewild »

L’association Rewild a beaucoup fait parler d’elle en 2020 suite à l’annonce du rachat d’un zoo en Bretagne : le zoo de Pont-Scorff. Le but du projet était de transformer le site en lieu d’adaptation pour les animaux issus de saisies en vu des les « ré-ensauvager » ou des leur trouver une place dans un sanctuaire.

Les critiques ont été très vives, en premier lieu dans le monde des zoos : le projet serait farfelu, ingérable, un gouffre financier, les personnes incompétentes, etc. Face à eux, beaucoup de personnes ont soutenu le projet tant moralement que financièrement.

Le 20 mai 2021, un an et demi après avoir racheté le zoo, le projet est un échec : le zoo a été liquidé et racheté par un repreneur qui souhaite rouvrir les portes au public. Et bien évidemment, les principales figures du projet se déchirent entre elles, formant deux camps qui règlent leur compte sur les réseaux sociaux, et par tribunal interposé.

On annonce que le nouveau repreneur est prêt à collaborer avec les personnes qui ont trouvé des places pour des animaux du zoo afin qu’ils puissent terminer leur vie hors du zoo. Quand bien même. Ce projet reste une faillite morale très grave qui pèsera lourdement sur les animaux et tout véritable mouvement de libération.

Les premiers mois suite au rachat du zoo

A l’origine, le projet Rewild est une coalition d’association qui déclare que son but est le « ré-ensauvagement » d’animaux sauvages vivant en captivité. L’achat d’un zoo ne faisait donc pas partie des pistes envisagées : c’est seulement en apprenant la situation du zoo de Pont-Scorff que le projet se penche sur cette opportunité.

Jérôme Pensu, une figure majeure ici, dit qu’il a longuement discuté avec le gérant de la SARL Bretagne zoo qui possède le zoo. Convaincu, ce dernier accepte de vendre le zoo à Rewild qui prend les commandes de la SARL. A ce moment là, le zoo est dans un piteux état, beaucoup de travaux sont à réaliser, et ce depuis des années et des années. On se demande bien comment l’ancien gérant a pu changer d’avis : Jérôme Pensu aurait-il réussi à lui ouvrir les yeux sur le sort des animaux de son zoo ? Aurait-il réussi à le faire changer de camp ?

Rappelons tout de même que le projet ne compte que sur les dons pour vivre, le temps de mettre en place une nouvelle économie. Mais laquelle ? Les choses ne semblaient pas alors bien tranchées aux débuts. Pour payer les salaires, le rachat de la SARL, payer les frais vétérinaires, la nourriture, etc. Rewild annonce lors qu’il faudrait environ 80 000 euros par mois au minimum.

La première cagnotte a connu un franc succès avec plus 700 000 euros récoltés en quelques jours, notamment grâce à l’implication du très vendeur Hugo Clément. Il faut être très optimiste pour s’imaginer tenir dans la durée avec de tels frais de fonctionnements. Sans parler des travaux à réaliser, ne serait-ce que pour être conformes à la réglementation, qui peuvent compliquer encore la tâche.

En clair : le projet sort de nul part, demande des dons en masse grâce à des figures médiatiques, et espère maintenir ce fonctionnement le temps qu’une « nouvelle économie » se mette en place. Tout cela semble tellement déconnecté de la réalité, et pourtant l’idéalisme l’a emporté.

Le rachat et les premiers contrôles

Arrive alors le 16 décembre 2019 et le changement de propriétaire : dès le lendemain de son arrivée, Rewild ferme l’accès au public et reçoit une mise en demeure de la part des services vétérinaires. Les contrôles et les ennuis avec les services vétérinaires commencent très rapidement, différentes informations seront remontées à la presse et les attaques contre le projet commencent.

Plusieurs mois passent, non sans difficulté, et en septembre 2020, Rewild tient une conférence de presse afin de répondre publiquement aux principales accusations qui sont faites. Sont présents : Gilles Moyne et Laurane Mouzon du Centre Athénas, Lamya Essemlali de Sea Shepherd France, Jérôme Pensu du Biome et Jean Tamalet l’avocat de Rewild.

La conférence de presse

L’objectif principal est de répondre aux principales attaques formulées contre le projet :

1. Rewild est soupçonné d’avoir laissé mourir beaucoup d’animaux, avec le fameux chiffre de « 2 tonnes de cadavres d’animaux » récupérées par la société d’équarrissage lors de son premier passage.

2. L’absence de certificats de capacité.

3. Toujours pas d’animaux relâchés.

4. Absence de registre vétérinaire.

5. Utilisation de médicaments périmés.

Rewild répondra clairement, à chacune de ses accusations, en rappelant les responsabilités des anciens gérants (animaux dans les congélateurs à leur arrivée, d’où les 2 tonnes), ou la flexibilité des services vétérinaires vis-à-vis d’autres zoos (certificats de capacité manquant pour certaines espèces de temps en temps). Les exagérations et affirmations fausses (absence de certificat de capacité au lieu d’absence de certains certificats de capacité), médicaments périmés alors que non, etc. seront aussi démenties.

Tous rappelleront également le temps que nécessite le travail de « ré-ensauvagement » et les complications qui sont arrivées avec la crise Covid. L’explication, posée, reste néanmoins beaucoup plus nuancée que les annonces faites lors de la naissance du projet et de la première cagnotte : besoin de vendre, de faire le « buzz » et jouer sur les émotions plutôt que sur la raison ?

L’avocat de Sea Shepherd France dans la partie

Il reste deux points qui méritent d’être mentionné : tout d’abord la figure de l’avocat. Celui-ci se présente au début de la conférence et explique qu’il travaille pour un grand cabinet international : gage du sérieux du projet. Le cabinet en question est King & Spalding, l’un des trente premiers cabinets d’avocat au monde, par revenus, et qui compte plus de 1 100 avocats.

Qu’un tel projet s’aide d’un avocat… pourquoi pas. Mais il est tout de même étonnant de voir un tel professionnel intervenir ici. Toutes les associations qui s’occupent d’animaux n’ont pas le luxe de travailler avec un avocat qui se retrouvera à conseiller le médiatique ex-PDG de Renault, Carlos Ghosn, en janvier 2021.

Nous n’en saurons pas plus concernant les frais d’avocat de Rewild qui, rappelons-le, ne vit que de dons de particuliers, de « généreux mécènes » et d’autres associations. Est-ce Sea Shepherd France qui apporte ici une autre contribution financière étant donné que Jean Tamalet est également leur avocat ? Pas de réponse à cette question, presque anecdotique au vu des toutes les questions qui subsistent.

Pour terminer sur l’aspect juridique, il est intéressant de noter qu’il est annoncé lors de cette conférence que le cabinet de Jean Tamalet va déployer « un bouclier juridique » autour de l’équipe de Rewild. Ainsi qu’une pluie de « missiles » : il « attaquera systématique tous ceux qui entraveront le projet de manière illicite ».

Donc au moment de la conférence de presse, Rewild qui n’a pas brillé par sa communication, qui n’a pas de projet net et précis concernant sa nouvelle économie, qui découvre l’étendue des travaux à réaliser, etc. nous annonce que des « missiles » (juridiques) seront lancés vers tous ceux qui s’en prendront au projet. Cette agressivité reflète un vrai problème de fond alors, comme on s’en doute.

On touche en fait ici au deuxième point qui mérite d’être mentionné : d’un côté Rewild se veut le grand défenseur de la nature sauvage face aux zoos qui ne respectent rien, et de l’autre Rewild demande à être traité de la même manière que les autres zoos.

Un « traitement équitable »

Résumons : en France, en 2020, des personnes expliquent fièrement que leur projet est une menace pour les zoos et l’industrie de la captivité, soit tout un pan de l’exploitation animale, et viennent ensuite demander que l’État français leur réserve un traitement équitable. On tombe ici au niveau zéro de l’engagement. Comment demander un traitement équitable à un État qui autorise et défend la vivisection ?

Il n’y a pas de traitement équitable possible. La seule option pour un tel projet était d’être irréprochable et inattaquable. Chercher à s’en sortir, au bout de dix mois, en expliquant que les principales attaques sont soit dues aux anciens responsables, soit de la diffamation des services vétérinaires (pour reprendre la défense de Rewild)… et jouer les pauvres victimes innocentes, est incompréhensible.

D’ailleurs, une question qui revient inévitablement est : ne connaissaient-ils pas l’état du zoo avant le rachat ? Si non, pourquoi s’être lancé dans une aventure qui risquait d’être plein de (très) mauvaises surprises ? Les animaux ont-ils été ici réellement pris en compte ou bien ont-ils les victimes d’une sorte de projection idéaliste, forçant les choses?

Là encore : Rewild avait une idée, mais ne s’imaginait pas que le zoo serait dans un tel état. Une trop bonne affaire à saisir, une « opportunité » à ne pas rater ?

Difficile de ne pas voir aujourd’hui qu’il s’agissait d’une grande opération de communication sans fondement solide : l’exploitation animale en sort vivifiée et les animaux en général sont ici les grands perdants.

Rewild peut bien lister en détail les contrôles inopinés des services vétérinaires que ce soit dès le lendemain du rachat ou encore le premier jour où le site se trouve en défaut de capacitaire concernant certaines espèces (suite au départ d’une personne). Le projet peut bien se plaindre du « harcèlement » juridique dont il est l’objet, de l’absence de dialogue avec les services vétérinaires, etc. Le problème reste là : ces gens semblent découvrir la réalité, la France et son indifférence, le capitalisme et son cynisme, la vanité de la communication comme fin en soi, l’ampleur de ce que représente un travail quotidien de soins animaliers…

Ces gens découvrent ainsi que la France n’a rien contre les burgers vegan parce qu’elle s’en fout mais qu’elle va siffler la fin de la récréation une fois qu’on annonce s’attaquer un petit plus concrètement à l’exploitation animale et sa corruption.

Rewild voulait d’ailleurs moderniser en fait légèrement le capitalisme, étendre un peu une niche née dans les centre-villes et s’est heurté à la réalité. Il y a des espaces démocratiques, il y a des espaces pour protéger tant bien que mal la faune sauvage en France en 2021. Des espaces limités mais existant malgré tout. Mais il n’y a pas de place annoncer fièrement que l’on va mettre à mal tout un pan de l’exploitation animale parce que des bobos l’ont décidé dans leur coin.

De la conférence de presse à la liquidation

Après la conférence de presse de septembre 2020, la situation ne s’est pas améliorée pour Rewild : six mois plus tard, la société est placée en liquidation et le zoo est finalement racheté par une entreprise qui ouvrira les portes au public.

Que s’est-t-il passé ?

Le projet a initialement continué, la situation des animaux s’est améliorée, mais l’état du zoo est resté déplorable. Il n’y a pas eu de rentrée d’argent fiable : Sea Shepherd injecte énormément d’argent et essaie de faire jouer ses mécènes ; d’autres associations entrent en jeu vers la fin pour éviter pour éviter le pire, comme la fondation Brigitte Bardot qui a débloqué 50 000 euros pour payer l’alimentation et les soins.

On n’en apprend toujours pas davantage sur la fameuse « nouvelle économie » : les informations publiées sur Facebook se concentrent sur les attaques du monde du zoo et des services vétérinaires jusqu’à l’hiver à l’automne, avant de laisser plus de place à la vie du centre et des animaux.

Cette communication devient alors très au jour le jour et cela donne étrangement l’impression que le projet est implanté depuis un certain temps et que tout fonctionne plus ou moins correctement. Comme si tout allait bien alors que les frais de fonctionnement mensuels sont très élevés, qu’il y d’importants travaux à réaliser, des transports d’animaux (les premiers « ré-ensauvagements »)… Le projet est attaqué de partout et n’en est même pas au stade d’une potentielle stabilité financière, mais officiellement tout va bien.

La suite est alors terrible : en mars 2021 la société est en liquidation, et le zoo sera finalement racheté afin de redevenir un zoo avec ouverture au public.

Et comme si cela ne suffisait pas, aux problèmes financiers se sont ajoutés les conflits internes avec d’un côté Sea Shepherd et de l’autre Jérôme Pensu ainsi que les trois quarts des soigneurs sur site.

Le premier signal a été le départ du centre Athénas qui a préféré prendre ses distances avec le projet Rewild, sans donner plus d’explication. Le discours est classique : on ne donne aucune explication, mais on souhaite le meilleur à l’équipe, etc.

La cause du conflit

Le camp Pensu reproche à la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali, : 1) d’avoir été rude avec des soigneurs et d’avoir accusé Jérôme Pensu d’être la cause de tous les problèmes de Rewild ; et 2) d’avoir lancé une « OPA hostile » à l’encontre de Rewild.

De son côté, Sea Shepherd France et sa présidente, très peu présents sur site, suivent le projet à distance et font confiance à Jérôme Pensu jusqu’au moment où la présidente découvre, selon ses dires, que le site n’est plus assuré (début 2021) et qu’il y aurait beaucoup de laisser-aller sur place.

Sea Shepherd France aurait alors exigé d’avoir plus de poids au sein de la gestion de Rewild. En clair, de ne plus laisser Jérôme Pensu aux commandes, voire de le mettre à l’écart progressivement. Le situation s’envenime alors rapidement : Sea Shepherd France ne trouve pas normal qu’un tel soutien financier ne permette pas d’avoir davantage de poids dans la gestion, et finit par se couper du projet lorsque la SARL est officiellement en liquidation, car l’association se positionne comme repreneur et ne pourrait donc plus intervenir de la sorte.

Chaque camp défend sa version et jure qu’il n’y a aucun problème d’ego de son côté, que tout ceci dessert les animaux et qu’il est dommage d’en arriver là, etc.

On tombe déjà très bas avec ce niveau et quand chaque camp évite soigneusement de répondre à une partie des critiques de l’autre, tout cela sent malheureusement beaucoup trop la magouille.

Liquidation de la SARL et coups-bas

Ce qui se trame en arrière-plan à partir du début de l’année 2021 et surtout avec l’annonce de la liquidation en mars est toutefois clair : chaque camp essaie de passer pour le bon élève aux yeux de l’État et de la Justice.

L’escalade continue jusqu’au point où Sea Shepherd France dénonce la cagnotte mise en place par l’autre équipe et coupe les accès aux réseaux sociaux.

Ces règlements de compte iront même jusqu’au tribunal… les uns cherchent à récupérer les accès aux réseaux sociaux, les autres à mettre sur la touche un gérant qui n’aurait plus aucune légitimité.

Les mêmes qui faisaient front en septembre pour dénoncer l’économie des zoos et de la captivité, qui n’avaient pas peur des attaques des services vétérinaires, se retrouvent six mois plus tard à se chamailler et demander l’intervention de la justice française ? On marche sur la tête.

On ne peut pas bomber le torse face à l’exploitation animale lors d’une conférence de presse un jour pour tomber aussi bas le lendemain.

On passe ainsi de : c’est de la faute des anciens gérants qui nous ont laissé un zoo dans un état lamentable, aux services vétérinaires qui font délibérément du zèle pour nous faire couler et enfin au monde des zoos qui nous perçoivent comme une menace à éliminer… à c’est de la faute de Jérôme Pensu / c’est de la faute de la présidente de Sea Shepherd France.

La dégringolade continue encore

D’un côté la présidente de Sea Shepherd France vient expliquer que tout est de la faute de Jérôme Pensu, qui serait un manipulateur et qu’elle lui a fait confiance à tort. Ce qui revient plus ou moins à reconnaître que Sea Shepherd France peut se permettre le luxe de dilapider des centaines de milliers d’euros sans trop se préoccuper de leur utilisation. Cela aussi il faut en parler. Il y a un vrai problème ici. Les refuges n’ont pas un euro et là on a ça ? C’est inacceptable.

La présidente de Sea Shepherd France affirme également qu’elle a pu discuter avec le préfet qui s’est montré très coopératif et aimable. Ce dernier aurait expliqué que le problème n’était pas Rewild, mais Jérôme Pensu. Tout naturellement, Sea Shepherd France publie alors des témoignages de membres apparemment fondateurs de Rewild qui attaquent publiquement Jérôme Pensu avec beaucoup de sous-entendus.

Quand bien même Jérôme Pensu serait un incompétent et un manipulateur de haut rang… chercher à s’en sortir d’une telle manière est tout simplement anti-démocratique et inacceptable. Il y a un principe qui s’appelle la démocratie, la vraie démocratie : celle des débats, de la raison, des échanges, des valeurs… Encore faut-il une base ferme pour cela, avec des valeurs développés. Et ne pas se comporter comme un petit boutiquier qui vient s’en prendre au concurrent qui vient d’ouvrir son commerce dans la même rue.

Un véritable spectacle pour l’exploitation animale

Une base idéologique ferme permet aussi d’éviter des déclarations invraisemblable. Comme par exemple lors du live de l’équipe du site de Pont-Scorff dans lequel Jérôme Pensu défend calmement et fièrement le fait de s’engager payer intégralement le rachat de la SARL. Il s’agirait d’une question de principe et d’honneur.

Principe ? Honneur ? Tenir à payer des dettes d’un zoo, d’un société issue de l’exploitation animale, par principe avant tout… au nom de l’honneur… cela est incompréhensible. Des capitalistes qui ont investi dans l’exploitation animale risquent de perdre de l’argent si la société fait faillite, et certains qui disent défendre les animaux se font du souci ?

Tout cela contraste encore une fois avec l’attitude de la conférence de presse de septembre 2020. On ne peut pas attaquer toute l’économie des zoos, être prêt à balancer des noms de zoo qui ne respectent rien et se retrouver à faire la course à qui sera le plus « respectable » d’une telle manière.

D’un côté Sea Shepherd France vient jouer les victimes manipulées et chercher l’appui de la préfecture afin de récupérer le projet, de l’autre Jérôme Pensu, droit dans ses bottes, rejette tout sur Sea Shepherd et essaie de rester présentable et de passer pour la personne modérée, le contact fiable.

Six mois après avoir promis une pluie de « missiles » juridiques, après avoir attaqué les services vétérinaires, après avoir dénoncé la complicité de ces derniers avec les grands noms des zoos… le projet coule donc, après une guerre interne qui aura été un véritable spectacle pour l’exploitation animale.

Les uns et les autres peuvent se voiler la face et raconter qu’il y a une victoire dans la défaite : soit parce que l’esprit de Rewild vit encore, soit parce que le nouveau repreneur est ouvert à la discussion concernant le ré-ensauvagement de nombreux animaux… mais la réalité est qu’il s’agit d’une importante défaite.

Deux tendances modernisatrices en concurrence, parties en roue-libre

La source de cette situation, c’est l’invasion de petits-bourgeois végétaliens s’imaginant avoir des opportunités de business et de carrière. On a une vraie vague de fondations de pseudos-associations, d’appels au financement par crowd-funding pour telle épicerie, tel restaurant… Les élans modernisateurs capitalistes ont carrément tenté de passer en force, après s’être senti poussé des ailes durant les années 2010 avec le « véganisme » version fast-food de centre-ville. On ne rappellera jamais assez la critique dure de Barry Horne, figure de l’ALF et de l’ARM, envers cette démarche, dès les années 1990 !

Cet élan a consisté ici en deux tendances, de sensibilité différente mais convergeant sur le fond. Il y a la plus modernisatrice, la plus confiante menée par Sea Shepherd France et sa présidente, et l’autre plus ancienne, davantage ancrée dans le paysage officiel, plus terre à terre. La première se sent pousser des ailes avec l’aide de ses mécènes prêts à lancer le capitalisme vegan dans toutes les directions, aidé de son image « moderne ». La seconde, plus discrète, plus ancienne, se veut plus raisonnable, plus ouverte au compromis.

Les deux se sont alliées avec un objectif commun, la seconde suivant la première alors à son apogée. Seulement, la réalité a sifflé la fin de la récréation : le projet commençait à être un peu trop ambitieux, il était temps d’en finir. Et il n’aura pas fallu grand-chose pour couler Rewild et faire éclater les tensions entre les deux parties.

La première tendance s’est crue invincible et espérait regarder le tout de loin avant récupérer la mise. Les choses ne sont pas passées comme prévue, et là, panique à bord, il fallait à tout prix reprendre en main le projet quitte à se débarrasser de la caution respectable.

On ne peut qu’être choqué par l’énergie et les sommes investies en un an et demi. Tout ça pour moderniser un centre d’exploitation animale, en somme ! Et le problème aujourd’hui est double : l’exploitation animale ressort grandie de tout cela, et l’absence de véritable culture va encore plus assécher le niveau de conscience catastrophique en France.

La fin de Rewild à Pont-Scorff

Après des débuts difficiles avec les services vétérinaires, le projet s’est terminé officiellement le 20 mai 2021 lorsque le tribunal de commerce a choisi de confier le site à un zoo, et donc de le rouvrir au public. La date du 29 mars 2021, annonce de la liquidation, avec la fin de Rewild sur le site de Pont-Scorff, a été le moment pour les deux camps d’exposer chacun leur projets de reprises et de continuer la guerre fratricide.

Le projet de l’équipe du site

Autour de Jérôme Pensu, des soigneurs ont proposé de monter une SCOP (Société coopérative et participative) afin de sauver le projet initial de Rewild : « Save Rewild Project ». Il n’y a eu que très peu de communication, une page Facebook avec quelques publications, un compte Instagram et une intervention lors d’un podcast… le tout très peu suivi.

Une équipe, qui n’a plus le soutien de Sea Shepherd France qui a injecté plus de 500 000 euros pour maintenir le projet en vie, s’imagine sérieusement qu’une SCOP va miraculeusement permettre de continuer ?

Même en admettant que les talents de gestionnaires ait permis de baisser les dépenses mensuelles de 120 000 à 80 000 euros, on se demande bien comment cette nouvelle entreprise pourrait faire pour ne serait-ce qu’éviter une faillite au bout de trois mois.

C’est un projet d’une naïveté, apparente, à peine croyable pour au final, d’ailleurs… apporter son soutien au nouveau repreneur :

« La SCOP ne pourra malheureusement pas voir le jour. Ainsi, nous avons donné notre soutien au porteur du projet de Breizh Park, Monsieur Sébastien Musset. »

La raison est que ce nouveau projet serait très proche de l’esprit de Rewild, que la seule différence est l’ouverture au public… En clair, celui-ci relèverait simplement d’une exploitation animale modernisée, donc pourquoi pas ! Ces gens disent finalement : soutenons la modernisation de la captivité et d’ici un ou deux millions d’années, l’humanité devrait arriver à un rapport correct envers les animaux, ne brusquons pas l’économie, ne critiquons pas de braves investisseurs, entre capitalistes modernisateurs, on se respecte.

Le rouleau compresseur de Sea Shepherd France

Bien entendu, Sea Shepherd France s’est comporté comme un bon boutiquier et a décidé de défendre son projet et détruisant son premier concurrent.

Contrairement à l’équipe du « Save Rewild project », Sea Shepherd France communique. Beaucoup. La cible n’est plus la préfecture, ni les services vétérinaires, ni même les autres zoos. La cible principale est Jérôme Pensu.

La page Facebook du projet Rewild, gérée par Sea Shepherd (ou du moins le camp pro-Sea Shepherd France au sein de Rewild), partage ainsi un article d’Ouest France du 17 avril 2021 intitulé :  « ENQUÊTE. Zoo de Pont-Scorff : du projet Rewild à la liquidation judiciaire, les raisons d’un échec »

Est-il bien nécessaire de préciser que l’article n’est pas complètement contre la préfecture ni les analyse de l’Association française des parcs zoologiques, association très critiquée lors de la conférence de presse de septembre. En revanche, il est se montre très critique envers Jérôme Pensu – qui a toutefois l’opportunité de se défendre un peu.

Inutile non plus de préciser que Sea Shepherd est y présentée sous un beau jour et que sa présidente a eu la possibilité d’expliquer qu’elle est une pauvre victime innocente, trahie par l’infâme Jérôme Pensu.

« Le choix de placer une personnalité aussi forte et radicale que celle de Jérôme Pensu à la tête du projet est aussi source de vives critiques. D’homme providentiel, il est devenu « l’erreur de casting », « le pire ennemi de Rewild », selon Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, qui le portait aux nues un an et demi plus tôt.

[…]

Aujourd’hui, Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, déchante aussi. « Au début, j’ai vu l’énergie débordante, le pédagogue, le bon orateur. Puis j’ai entraperçu une mégalomanie. Aujourd’hui, je vois un manipulateur. Il a le don d’arranger la vérité. Et cultive le syndrome de la persécution et de la victimisation. » Depuis la scission, elle s’est désolidarisée, tout comme l’avocat de Sea Shepherd, des plaintes déposées, entre autres, contre le directeur de la DDPP [directions départementales de la protection des populations] (abandonnée depuis), les Thomas, la famille propriétaire des terrains du zoo. »

Cette même page partage ensuit un article du Jounal du Dimanche du 18 avril 2021, à charge envers Rewild. L’article aurait pu être écrit par le Syndicat national des directeurs de parcs zoologiques à ce niveau-là : pseudo neutralité, on reconnaît quelques points positifs à la fin après avoir démoli le projet. L’article cite des réactions d’une des associations qui s’est mise en retrait de Rewild dès le début, de « l’entourage de la ministre de la Transition écologique », du préfet, des propriétaires du terrain…. et la présidente de Sea Shepherd France qui rappelle que son association a « déboursé plus de 500 000 euros » pour maintenir Rewild en vie.

L’article est politiquement une attaque du camp adverse, mais puisqu’il permet à Sea Shepherd France de démolir Jérôme Pensu et de se mettre en avant… l’organisation n’hésite pas à partager : tout est bon dès qu’il s’agit de s’attaquer à la concurrence directe.

Le projet de reprise de Sea Shepherd France

Contrairement à la SCOP passée presque inaperçue, le projet de Sea Shepherd a beaucoup été mis en avant. Une importante opération de marketing, dont le fond est à peine croyable au vu des prétentions de l’organisation.

En bonne agence de communication, Sea Shepherd Frane a produit une brochure de 24 pages expliquant son projet de reprise. Elle commence par une citation du capitaine Paul Watson, fondateur de Sea Shepherd :

« Il est temps de réconcilier Conservation, Compassion et Économie.

Ce projet de reprise de l’ancien zoo de PontScorff s’inscrit dans un contexte écologique et sociétal en pleine évolution et propose une approche en adéquation avec son époque.

Je soutiens l’initiative de Sea Shepherd France à 200% »

Tout est dit.

Avant de continuer, rappelons comment commence la présentation de la page Facebook de Sea Shepherd France :

« Il vient une heure où protester ne suffit plus : après la philosophie, il faut l’action. »
Victor Hugo, Les Misérables

Il faut de l’action… mais surtout « réconcilier » compassion et économie. Les affaires d’abord !

Revenons à la brochure. Après la citation du capitaine en plein page, celle-ci veut présenter le contexte et l’introduit d’une manière improbable :

« « S’adapter ou disparaître » Principe darwinien sur l’évolution des espèces appliqué à l’économie des zoos »

Ici on touche le fond. Cette vision relève du néo-darwinisme, qui s’imagine que tout est lutte, que la nature c’est la guerre des individus, que par conséquent ici un « bon » capitalisme permettrait de triompher sur le « mauvais » capitalisme.

S’en suit une logorrhée sur le projet dans ses grandes lignes. Avec des déclarations insipides comme :

« La solidité du modèle économique sur lequel Sea Shepherd appuie son développement permet également d’assurer la sécurité des emplois crées dans le cadre du Fonds de dotation et de la partie commerciale ouverte au public »

On voit très bien comment une mentalité gestionnaire a effacé l’engagement pour les animaux. On a ici un exemple de gens corrompus trahissant la cause.

Une nouvelle économie qui ressemble étrangement à celle présentée rapidement six mois auparavant

La partie la plus intéressante arrive à la fin de cette première moitié et explique comment fonctionnera le site avant l’arrivée de cette économie miraculeuse : mécénat, « levées de fonds » ainsi que quelques soutiens financiers supplémentaire.

En somme, le même modèle que depuis le lancement ! Étrange pour une organisation qui n’a cessé d’expliquer partout qu’elle propose de quelque chose de totalement différent, qu’elle sera en mesure de reprendre le site, etc.

Arrive ensuite la deuxième partie avec la description des structures commerciales prévues.

1. une boutique Sea Shepherd (vêtements, livres principalement).

2. 1,5 à 2,5 hectares d’espaces dédiés à divers évènements : centre de réalité virtuelle, stages de permaculture, conférences, marchés et animations, espaces pour les professionnels, salon de tatouage Sea Shepherd (il en existe déjà un au Pays-Bas depuis 2018)…

3. Sea Shepherd café avec restaurant, bar, cave à vin et cave à bière, et ateliers de cuisine végétale.

Donc Sea Shepherd veut faire vivre le site via des conférences d’entreprises, des stages de permaculture, des ateliers de yoga, un salon de tatouage et un restaurant vegan ? C’est là le capitalisme vegan dans toute sa splendeur. Bobos de tout le pays, unissez-vous! Tout le pouvoir aux centre-villes !

On comprend que Sea Shepherd soit fière d’annoncer son partenariat de deux ans avec… l’assureur Allianz ! Il faut saisir ce que cela représente. Allianz, c’est le premier assureur européen, c’est 130 557 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018. S’imagine-t-on vraiment Allianz être dans le bon camp, une partie de la solution à la question du rapport de l’humanité aux animaux ?

Disons les choses telles qu’elles sont. Ici la morale et la compassion sont effacées, seul compte le petit commerce moderne, en phase avec son époque. Sea Shepherd ne vise pas à porter une culture fondée sur la compassion et la défense de la vie, de toute vie, mais sur la défense de son fond de commerce. L’organisation ne vise pas à toucher les larges masses et défendre une morale forte face à l’horreur. Non, elle préfère se comporter comme une petite entreprise qui surf sur une vague et espère rester sur la crête le plus longtemps possible afin d’engranger un maximum de bénéfices.

Sea Shepherd est devenue une fin en soi.

La faillite morale de L214

L’échec de L214 est d’un autre type, mais sur le fond cela revient au même. On peut ici s’appuyer sur le dossier de Mediapart publié le 21 mai 2021, « Burn-out, «harcèlement»…: d’anciens salariés de L214 dévoilent l’envers du succès ».

Ce dossier a une dimension racoleuse et il ne pointe pas du tout les vrais problèmes, tout en constatant certains soucis. Mais si on dépasse la forme et qu’on s’oriente par rapport à la libération animale, les problèmes de fond sont tout à fait clairs.

Le dossier personnalise en effet la crise à L214, en disant que le problème, c’est que les conditions de travail ne sont pas « normales », qu’il y a une surcharge.

« Burn-out réguliers, départs contraints, forte charge de travail, accusations de harcèlement moral, mais aussi relatif aveuglement sur les questions de violences sexistes et sexuelles… Le tableau dressé auprès de Mediapart par une petite dizaine de personnes ayant travaillé pour l’association entre 2008 et 2020 est néanmoins sombre.

Depuis mars 2020, on compte une quinzaine de départs dans les rangs de l’organisation qui œuvre en faveur de l’antispécisme, du véganisme et de l’abolition de l’élevage. Cela représente un salarié sur cinq. »

Et Mediapart de citer des gens considérant qu’ils ont été cassés psychologiquement, d’autres qui considèrent qu’ils ont été des salariés cachés. Il y aurait des problèmes dans le travail d’équipe, certaines personnes auraient été mises de côté ou « harcelées » pour partir, il y aurait même harcèlement sexuel et viol de la part d’une personne, etc.

Or, qu’est-ce que ces reproches reflètent ? Que L214 n’est pas du tout une structure militante, mais une entreprise-association. Il n’y a pas de culture militante, il n’y pas de valeurs communes. On peut très bien avoir un poste important dans la gestion de L214 sans être vegan par exemple.

L214 est une fin en soi, d’où le décalage complet entre ce qui a été une activité militante, à l’initial, et ce qui est devenu un « travail comme un autre ». Quand on est militant, on est engagé H24, on ne raisonne pas en boutiquiers ou en salariés. Mais les gens embauchés de L214 ne sont pas des militants. D’où les reproches absurdes si on considère qu’on est dans une structure militante, mais cohérent si on est en entreprise.

« Un dimanche de mai 2017, on lui demande par exemple de monter urgemment une vidéo d’enquête portant sur des poules maltraitées pour une grande marque française.

Les nouvelles demandes ou les remarques pour modifier son travail se multiplient le dimanche, mais aussi toute la semaine qui suit… jusqu’au week-end suivant, avec des modifications à apporter à nouveau pour le dimanche matin, puis le dimanche soir.

Plusieurs mois plus tard, les fondateurs lui expliqueront que certaines demandes de modification étaient dues à ses propres erreurs, tout en convenant que « le timing était un peu serré ».

Le couple est loin d’être le seul à dérouler le même type de récit. Ainsi de Daniel*, qui a passé deux ans chez L214, au moment où le nombre de salariés avait déjà sérieusement grimpé.

« Pendant une année, je n’ai fait que travailler. Du lundi au dimanche, de 7heures à 22heures, relate-t-il. J’étais très motivé par ce que je faisais et je trouvais ça normal. Mais j’étais seul pour deux postes, j’avais peu de reconnaissance, et j’avais de plus en plus l’impression de faire du mauvais travail. »

Le jeune homme finit par s’effondrer. Il passe plusieurs jours à l’hôpital pour épuisement, s’arrête de longues semaines, puis reprend en mi-temps thérapeutique. « Je n’en pouvais plus », dit-il, décrivant aussi le burn-out d’une collègue proche.

Peu après cette spectaculaire sortie de route, les responsables semblent avoir brutalement pris conscience du problème. Les témoignages des salariés actuels insistent tous sur les consignes strictes données pour que chacun respecte les 35heures hebdomadaires inscrites sur son contrat. »

Un autre exemple très parlant mentionné par Mediapart est le cas de deux personnes traumatisés par le visionnage d’images « difficiles ». C’est totalement incohérent de leur part. Ces images sont en effet le fond de commerce de L214. À l’opposé, depuis le départ, LTD a par exemple refusé cela, considérant que c’était de la manipulation émotionnelle et indigne pour les animaux concernés. C’est un choix.

Les deux personnes se plaignant ont donc tort, car elles ne pouvaient pas ne pas savoir que L214 use et abuse de ces images sordides. En acceptant de travailler pour L214, elles ont signé pour cela. Ce qui est horrible et intenable psychologiquement. Mais elles ne peuvent pas le reprocher à L214… à moins bien sûr d’avoir une raisonnement de salariés passifs reprochant au patron ses conditions de travail.

D’ailleurs, Mediapart publie une réponse de L214 et de la majorité de ses salariés qui rejettent ces accusations. Ce qui est cohérent, car les gens se retrouvant à L214 ne le font pas par hasard. Sauf que le véritable problème reste entier : L214 fonctionne comme une entreprise, alors qu’elle est une association et surtout elle n’a aucune base militante, car aucun fondement solide.

L214 racole et est devenue une fin en soi. Alors que les refuges sont en détresse pour trouver cinquante euros, L214 a récolté 5,9 millions d’euros en 2020 (4,8 millions en 2019), dépense un peu moins de cinq millions d’euros par an pour son fonctionnement et a 7 millions d’euros de trésorerie.

C’est gigantesque, mais ce n’est pas tout. Il y a 74 salariés dont 63 en CDI (12 en 2015). Ce que cela veut dire, c’est que des activités militantes ont été intégrées dans un dispositif salarié, qu’au lieu d’avoir plusieurs personnes actives sans rémunération, on a concentré ces activités dans un nombre réduit de gens. La conséquence est que cela assèche par définition l’esprit militant.

L214 peut bien arguer que chaque salarié gagne 2025 euros net pour un travail à temps plein. D’abord, cela ne veut rien dire, ensuite il sera impossible de conserver cette démarche. Toute professionnalisation en mode « ONG » implique des recrutements pointus, dans un esprit bourgeois, avec des salaires à 5, 10 000 euros par mois.

Encore faut-il que L214 tienne, ce dont on peut douter. En effet, L214 c’est seulement 48 600 membres malgré une surface médiatique gigantesque. Seule une petite minorité est réellement active : on parle ici de 1 000 personnes, 2500 avant la pandémie, mais cela ne change rien au fond, car ces gens se recrutent sur le tas.

N’importe qui n’importe comment peut se retrouver à gérer une activité de L214 et il y a souvent des gens portant de multiples casquettes, agissant en même temps pour diverses associations. En fait, le turn-over est immense. L214 et d’autres associations pseudo-actives aspirent des gens, les épuisent à diverses activités, puis les remplacent par de nouveaux arrivants, alors que les autres disparaissent dans la nature.

Cela indique une crise morale, une crise culturelle : il n’y a pas de fond intellectuel, moral, culturel, on est dans le volontarisme, le velléitaire, sans continuité, sans établissement d’une réelle culture. L214 est devenue une entreprise-association mutante, s’adaptant à toutes les situations et tous les discours, à tous les gens.

C’est le même principe consensuel que pour Sea Shepherd. Et quelle est la conséquence ? Le militantisme vegan est d’une faiblesse inouïe, alors que ces associations pavoisent. Le niveau intellectuel et culturel de la scène vegan est nul, et d’ailleurs il n’y a pas de scène vegan.

Ce dont on doit parler ici, c’est d’un ratage historique, mais d’un ratage qui a une signification. Il y a eu un hold-up sur le véganisme de la part d’entrepreneurs et de petits-bourgeois en quête d’affirmation de leurs egos. Il y a eu une convergence avec la modernisation d’un capitalisme libéral très heureux de trouver de nouveaux marchés, tel les ersatz de « viande » ou bien la « viande » in vitro : voilà pourquoi L214 a reçu, en 2017, 1 347 742 dollars de la part d’Open Philanthropy Project, une structure mise en place par des millionnaires bobos américains.

Quel est le problème ? C’est qu’ici les animaux ne sont que des prétextes à des projections. Il n’y a pas d’amour pour les animaux, pour la Nature, il y a une sorte de misanthropie et de néo-christianisme. Si tel n’était pas le cas, il y aurait un énorme soutien aux refuges ces dix dernières années. Or, il n’y a strictement rien et la situation empire. C’est bien donc que tout cela se déroule à l’écart des animaux, avec les animaux comme prétexte.

Et, osons le dire, contre les animaux, parce que c’est en contradiction avec le fait que la situation mondiale empire de tous les jours pour eux, et que le seul but valable moralement, c’est la libération animale.

L214 et Sea Shepherd sont historiquement liées à la libération animale. Mais ces associations ont prétendu faire « mieux », elles ont prétendu une voie pour faire avancer les choses, alors qu’en réalité elles ont été intégré par un capitalisme ayant les moyens de corrompre.

Leur voie n’est pas celle à suivre.

En avant vers l’Eden !

En avant vers l’Éden !

Pour que la justice soit obtenue…

“Les yeux fixés sur les profondeurs de l’enfer maintenant je sais / Ce qu’est ma place dans ce monde / Car la justice ne sera obtenue que / Si je me jette dans la ligne de front”

Il y a énormément de choses qui sont mises sur la table par la pandémie et de ce fait il n’y a jamais eu autant à faire pour les amis des animaux, tant sur le plan pratique que sur celui de la réflexion.

Et il y a un constat absolument évident avant toute chose. Oui, il aurait mieux valu que l’humanité écoute l’ALF des années 1970-1990 et qu’il soit mis un terme à l’expérimentation sur les animaux, à l’utilisation généralisée des animaux pour les différentes industries dont l’agro-alimentaire. Oui, il aurait mieux valu que l’humanité écoute l’ELF des années 1990 et qu’elle cesse immédiatement la destruction des environnements sauvages.

Le Britannique Barry Horne est mort lors de sa grève de la faim en novembre 2001 dans l’indifférence de l’opinion publique internationale – vingt après il apparaît comme quelqu’un précurseur de la nécessaire bataille pour la compassion.

Le choix de la confrontation choisie alors reflétait l’exigence d’une époque : il portait les valeurs qui auraient pu permettre à l’humanité de ne pas se retrouver dans la situation où elle est aujourd’hui. La pandémie ne se serait pas produite si l’humanité ne s’était pas précipitée dans une démarche qui relève de l’élan destructeur pour l’ensemble de la planète.

Nous pensons donc, encore plus qu’avant, que tout a été dit déjà au début des années 1990 en ce qui concerne la question du rapport aux animaux et à la Nature en général. Oui, c’est bien d’une guerre dont il s’agissait et dont il s’agit.

Il suffit de lire les textes des nombreux groupes vegan straight edge d’alors, qui témoignent de l’affirmation de la rupture, pour voir à quel point tout était déjà très clair au début des années 1990 : Declaration of war, Holy War, This is it (The storm is coming), Firestorm / Forged in the flames, Declaration, Memento mori (Hunters will be hunted), Stand by…

C’est tellement vrai que même le repli, la retraite, le désengagement… avaient davantage de sens que la participation à une logique infernale. Il y a bien plus de dignité dans le Krishnacore des années 1990, ces gens alternatifs de la culture punk hardcore se tournant vers Krishna, comme les groupes 108 et Shelter, que dans tous ceux qui ont accepté comme une fatalité le triomphe de l’indifférence à l’égard de la misère – que celle-ci soit humaine ou animale.

Nous n’appartenons malheureusement pas à ces importantes années 1990 : nous faisons partie d’une génération formée au véganisme au début des années 2000. Nous pensions alors dans tous les pays que nous consistions la deuxième étape du mouvement : en réalité, nous étions les restes de la première vague.

Nous pensions que tout irait de l’avant : tout n’a cessé de reculer.

Les années 2010-2020 ont été marquées par l’apparition du véganisme à l’échelle du pays, là où c’était auparavant une démarche isolée, entièrement marginale, portée par des milieux uniquement alternatifs, que ce soit dans gens post-hippie ou dans la scène punk / hardcore. Le capitalisme « vegan » s’est massivement développé, les gens se définissant comme « militants » n’avaient plus rien à voir avec un quelconque esprit alternatif.

Fallait-il s’adapter, se corrompre, ou maintenir la flamme ?

Avant, assumer le véganisme, c’était assumer une marginalité de fait, à une époque où le mot n’était même pas connu de la société. Les gens qui ont fait le choix du véganisme dans les années 1990 subissaient une pression énorme, leur mérite n’en est que plus grand. C’est également vrai encore au tout début des années 2000 et nous saluons ce formidable combat mené.

Après, disons au fur et à mesure de la décennie 2010, adopter la pratique du véganisme, c’était de plus en plus simplement faire un choix de consommation, avec une prétention morale, mais bien souvent individuelle. Ce n’était plus une vision du monde, simplement un aspect considéré comme essentiel, mais plus relié à aucune culture alternative.

Nous n’avons bien entendu rien contre le nouveau et il faut bien évoluer. Mais ce que nous avons vu, c’est une nouvelle génération de personnes égocentriques, réduisant leur véganisme à une question individuelle. Cette démarche refusant toute dimension collective alternative est même allée avec la démarche générale de faire comme si l’ALF n’avait pas existé, comme si le véganisme serait né dans les années 2010, à partir de quelques obscurs intellectuels – des professeurs d’universités américaines – ayant écrit tel ou tel ouvrage.

C’est très clairement une tentative de liquidation de l’histoire du véganisme et de la libération animale. Et ce terme de liquidation, nous ne le choisissons pas par hasard.

Depuis 2008 et l’ouverture du site La Terre dabord ! (ou depuis le site Vegan Revolution en 2004), nous avons vu beaucoup de groupes et de structures se monter et disparaître, des gens s’impliquer et disparaître.

Nous avons vu beaucoup de gens prétendent à des choses très radicales, en contournant soigneusement la question de l’ALF et se contentant de rechercher finalement des gloires éphémères au moyen de l’éclat des flashs des photos ou la lumière des caméras.

Et à côté de cela, nous avons vu et rencontré des gens, relevant des couches populaires, très sympathiques s’impliquant, mettant la main à la pâte, aidant concrètement les animaux… mais strictement incapable d’acquérir des notions, des principes « théoriques » et courant derrière n’importe quelle initiative.

Nous ne savons pas si la pandémie va changer cette situation où, pour résumer, des gens opportunistes ont récupéré le véganisme pour mener une carrière médiatique ou pseudo rebelle. Une chose est certaine en tout cas : l’antispécisme s’est montré comme totalement vain avec sa critique d’un « spécisme » imaginaire et des structures comme L214 ont perdu toute crédibilité.

Il apparaît comme de plus en plus clair, pour de plus en plus de gens, que c’est tout ou rien, que soit l’humanité bascule dans le véganisme, soit c’est la catastrophe.

La pandémie montre très bien que le rapport à la Nature, tel qu’il existe, n’est plus tenable. L’humanité doit reculer, elle doit prendre une place constructive dans le système-Terre.

En même temps, l’écrasante majorité des gens maintient son refus de rompre avec le passé et considère encore qu’il suffit d’accompagner un hypothétique changement pour améliorer les choses. Le mouvement autour de Greta Thunberg est un exemple de cette hypocrisie « accompagnatrice ».

Il ne faut pas se leurrer : les gens ont leur confort. La rupture, pour qu’elle ait lieu, exige un déclic, une grande détermination, un engagement. Beaucoup de gens, prêts à faire le saut ou même l’ayant déjà fait, préfèrent se tourner vers une petite vie à l’écart, essayant d’aider de-ci de-là, en sachant pertinemment que c’est totalement insuffisant et que ce n’est pas de cela dont il s’agit.

La culture vegan straight edge est pour nous une clef essentielle pour avancer, parce qu’elle répond justement aux exigences de notre époque en exprimant, au début des années 1990, un grand sens de la rupture exactement sur les points essentiels en ce qui concerne les animaux et la Nature.

Nous ne disons pas qu’il n’y a pas d’autres questions qui se posent. Cependant, pour disposer d’une base personnelle adéquate dans la vie, nous pensons qu’il est fondamental de ne pas utiliser de produits d’origine animale, de ne pas consommer de drogues ni d’alcool, de pas avoir de rapport sexuel en-dehors de la perspective du couple.

C’est ainsi qu’on peut être authentique et avoir la base pour réellement construire sa personnalité, sans être contaminé par une société adepte de l’hypocrisie, de l’indifférence, de la fuite en avant.

Nous ne disons pas que cela suffit, mais c’est un préalable.

Et ce préalable implique, pour l’aspect positif, de se tourner vers les animaux et d’ailleurs les êtres vivants en général, de considérer la Nature comme un ensemble qu’il s’agit de défendre. Le mot d’ordre pour le 21e siècle doit être La Terre d’abord ! Et il va s’affirmer au fur et à mesure de la douloureuse « digestion » de la pandémie par l’humanité.

En avant vers l’Éden !

Vaillant, l’ami ailé trouvé lors du premier confinement

L’article précédent de LTD date de mars 2020 (Coronavirus Covid-19: la vengeance de Gaïa), afin de marquer le coup, d’une idée-force : l’humanité se voit remettre en cause.

Jamais il n’y a eu autant de réflexions sur cette question, primordiale, et même si elle est passée à la trappe devant son envergure (la peur du changement !), elle va revenir en force, car l’humanité doit entièrement changer son existence. La perspective ouverte est immense et exige qu’on pose de bonnes bases pour être à la hauteur du défi!

Alors que commence un second confinement, voici un témoignage du premier confinement, qui dit finalement tout ce qu’il y a à dire quant au rapport nécessaire aux êtres vivants, à la Nature. Tout est là, tout est digne, tout est bienveillant : c’est l’avenir qui se présente ici.

En avant vers l’Eden !

Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours vécu et grandi avec des animaux. Au long de mon enfance et adolescence, à la maison, nous avons eu 3 chats, 2 chiens (dont un, Westie, toujours à la maison de mes parents), et je ne sais plus combien de Mandarins. L’époque de l’adolescence est plutôt lointaine pour moi : j’aurai 40 ans d’ici quelques mois, bien qu’il faille retirer pas mal d’années d’âge mental dans certains cas.

Bref. J’ai toujours eu des animaux. J’ai énormément d’affection et d’empathie pour nos amis à plumes et à poils. Leur faire le moindre mal est pour moi rigoureusement impossible.

Les derniers mois écoulés ont été marqués par ce « confinement » dû à ce que l’on sait. Je déteste rester coincé entre 4 murs par obligation et, ayant la chance de disposer d’une petite terrasse en continuité de l’appartement que j’occupe, ce petit bol d’air fut salutaire.

Salutaire, mais également instructif, car cela m’a permis de constater que beaucoup de pigeons occupaient les corniches, toits, et autres gouttières jouxtant la terrasse.

Ils étaient déjà là avant que je n’occupe l’appartement, très probablement, pour certains. Connaissant la rude vie qu’ont ces oiseaux dans nos villes, je me décidai à leur mettre à disposition eau fraîche et alimentation quantitative et qualitative, bien en évidence, sur la table de la terrasse.

Cela me permit de les observer, très discrètement. D’ailleurs, ils n’ont de cesse de m’observer depuis leurs perchoirs. Ces oiseaux, au demeurant magnifiques et gracieux, sont très attendrissants (pour moi, en tout cas). On a littéralement l’impression qu’ils lisent en nous comme dans un livre ouvert et nous connaissent bien mieux qu’on ne les connaît. Personnellement, je suis devenu un amoureux des pigeons.

Ma terrasse est donc devenue, en peu de temps, une sorte de buffet à volonté pour ces pigeons, doublée d’une aire de repos. Un buffet qu’on a rapidement nommé « The Balcony » (« Le Balcon »). Bien qu’ils s’enfuient souvent en me voyant (ne cherchant aucunement à les apprivoiser), certains reviennent quand ils voient que je remets de quoi manger, quoique restant distants (à 1m). Ce sont des habitués, à présent. :)

Parmi ces habitués, il y a de tous âges … Des « jeunes », des adultes, et des âgés. Et cette histoire concerne (hélas ?) un pigeon âgé, affectueusement nommé « Vaillant », que vous pourrez voir sur la photo ci-jointe.

J’avais vu ce pigeon un certain nombre de fois et, ces derniers temps, il me semblait plus calme, moins vif.

Il existe une sorte de « rituel » à chaque matin : j’ouvre les rideaux de la porte-fenêtre menant à la terrasse et déverrouille cette même porte-fenêtre, afin de remettre des graines dans la (grande) mangeoire et changer l’eau des gamelles.

Jeudi (le 1er Octobre), lors de ce même rituel, je constatai qu’un de ces habitués ne s’était pas envolé comme les autres à mon apparition. Il a bien essayé, mais n’a pas réussi, atterrissant 1m plus loin et cherchant à s’isoler dans un recoin, à l’abri. J’ai compris qu’il avait un souci, et j’appelai immédiatement un centre dédié au soin des oiseaux à côté de chez moi (littéralement, à 10 min de marche dans une réserve naturelle) pour connaître la marche à suivre.

Ne pouvant se déplacer (crise sanitaire, effectifs réduits), ils m’ont conseillé sur ce que je pouvais faire pour pouvoir leur apporter ce pigeon.

Le fait est, ce pigeon n’avait du tout l’air en forme. Un pigeon qui cherche à s’isoler dans un recoin à l’abri n’est jamais bon signe (j’avais déjà lu votre article il y a quelques temps). Blessé, malade, ou … trop âgé et vivant ses derniers moments. Celui-ci n’était intéressé ni par les graines que je disposai à côté de lui, ni par de l’eau fraîche. Ce n’était vraiment pas bon signe, il semblait vraiment « sur la fin ».

Suivant les conseils du centre de soins, je tentai de l’attraper délicatement. Bon, j’avoue lui avoir parlé pour tenter de le rassurer pendant … 20 bonnes minutes, avant. Il m’a regardé, alerte, pendant toute cette durée et, bien que visiblement affaibli à cause de son âge, son regard en disait long et il m’implorait de l’aider.

L’attraper ne fut pas spécialement facile, uniquement parce que ça me fendait le cœur de devoir faire ça. Néanmoins, au bout du second essai et toujours en lui parlant, je réussis à le prendre, très délicatement, le corps enroulé dans une serviette bien au chaud, et à le déposer doucement dans une boîte cartonnée suffisamment grande dont le fond avait été couvert par une seconde serviette, avant de créer une obscurité pour le rassurer.

A aucun moment il ne s’est débattu, un peu comme s’il m’avait choisi *moi* pour lui venir en aide. C’est de là que lui vient ce nom, j’imagine, ayant décidé de faire confiance à un Humain pour son bien.

Je filais ensuite, aussi vite que possible et bravant la pluie, au centre afin de confier Vaillant aux soigneurs, remplissant une fiche avec mes coordonnées afin d’avoir des nouvelles quant à l’évolution de sa santé. D’après les soigneurs, Vaillant n’avait aucun signe de blessure ou autres. Si tout allait bien, il serait relâché dès qu’il serait remis/reposé.

Je décidai donc de laisser passer un peu de temps et, le 3 Octobre (hier), je retournai au centre pour avoir des nouvelles et peut-être le revoir. J’y allai, mais avec un nœud colossal au cœur, sans savoir pourquoi.

Malheureusement, le couperet tomba : la vie avait quitté Vaillant dans la nuit de Jeudi à Vendredi. Les soigneurs m’ont expliqué que son état général, lié à son âge, s’était dégradé rapidement et qu’il refusait toute nourriture. Il cherchait donc un coin pour partir en paix, et ma terrasse était idéale pour lui … C’était un lieu familier, isolé, qu’il appréciait.

Bien que les soigneurs m’assurent que j’ai fait ce qu’il fallait (à savoir : leur apporter Vaillant pour qu’ils puissent l’aider mieux que je n’aurais pu), je garde un certain sentiment d’échec de cette expérience. Un certain échec et une douleur conséquente.

Bien sûr, il reste tous les autres habitués (Rony le bagarreur, Louis … Certains ont des petits noms). Et j’ai beaucoup d’affection pour chacun d’entre eux. Mais je n’aurais pas pu/su aider Vaillant comme j’aurais voulu, il y avait un lien spécial, et c’est très très dur à encaisser. Je verse d’ailleurs toujours des larmes à la rédaction de ce message.

Bien que cette histoire soit triste /in fine/, je me dis qu’il a au moins vécu ses derniers moments « en douceur » … avec un humain qui a tenté son possible, et au chaud avec d’autres congénères oiseaux et des humains qui ont fait leur maximum pour le remettre sur pied.

Croyez bien que si j’avais pu moi-même l’accompagner jusqu’à la fin (si j’avais eu une grande cage aménagée …) avec douceur/confort/amour, chez moi, c’est sans hésitation aucune que je l’aurais fait.

Coronavirus Covid-19: la vengeance de Gaïa

Il n’y a que deux camps et l’humanité a été prévenue de puis longtemps. L’humanité n’a pas voulu écouter et les choses n’ont fait qu’empirer. Le coronavirus Covid-19 est ainsi la vengeance de Gaïa.

Il ne s’agit pas de croire que la Terre penserait et choisirait la vengeance contre l’humanité. Il s’agit simplement de voir que c’est objectivement une vengeance, un rappel, un avertissement.

Le passage d’un virus d’une espèce à une autre, puis encore d’une espèce à une autre, la nôtre en l’occurrence, n’a rien de normal et cela correspond à une situation anormale. Soit on accepte cette situation anormale comme normale : on dit que cela relève du hasard, que tout est une question de probabilité.

Soit on ne le fait pas, on pense que c’est logique et on part dans le sens d’une purification morale et matérielle de l’humanité. On devient vegan straight edge, on agit pour défendre notre mère la Terre, on reconnaît qu’on est juste une infime partie d’elle, on définit sa personnalité par sa soumission à elle.

Cela implique déjà de redonner un sens au mot normal. L’humanité est, pour le moment du moins, tellement prétentieuse, qu’elle prétend que rien n’est normal en soi, que c’est elle qui décide de tout. La PMA pour toutes, la GPA, la négation de l’homme et de la femme au profit des « genres »… tout cela relève par exemple de la grande révolte de l’humanité contre la biologie.

La crise sanitaire actuelle rappelle justement qu’on n’échappe pas à la biologie. L’humanité détruit la planète en s’imaginant au-dessus de la Nature. Ce n’est pas possible et elle en paie le prix. Plus exactement, elle commence à en payer le prix.

Le coronavirus Covid-19 est tout simplement une sanction qui tombe en raison du comportement déréglé, anti-naturel de l’humanité. Gaïa se défend, tout simplement.

Ce nom est symbolique et on peut en choisir un autre. On peut appeler la planète Gaïa, Système-Terre, Terre-mère, Biosphère, Nature, système monde… même Création divine si on est croyant. Il y a également le symbole Θ qui est important, cette lettre grecque ayant été repris dans les années 1960 par des écologistes américains pour mêler le E d’environnement et le O d’organisme.

Cela ne change rien à la question de fond : l’humanité n’échappera pas à la soumission au grand ensemble planétaire, au fait que tout est inter-relié, que tout inter-agit.

Le terme de Gaïa est cependant sans doute symboliquement, culturellement le mieux, car il souligne l’aspect de la Terre comme femme, comme mère. Ce n’est pas pour rien justement que la modernité humaine nie le fait qu’il y ait des mères (et des pères), arguant qu’il y aurait seulement des individus qui auraient choisi d’être des « parents ».

On choisit, on consomme, on ne doit rien à personne, personne n’a le droit de rien nous dire, on fait ce qu’on veut, personne n’est comme nous et donc personne ne peut nous juger : voilà la philosophie d’une humanité perdue.

C’est la faillite de toute cette vision du monde à laquelle on est en train d’assister. Tout le monde peut le comprendre désormais : soit l’humanité poursuit sa course destructrice et alors cette pandémie n’est qu’un exemple des catastrophes à venir.

Ou bien l’humanité recule, se soumet à Gaïa et redevient naturelle. Une humanité naturelle profitant de sa haute organisation sociale, se plaçant au service de la planète devant redevenir bleue et verte.

Un exemple d’enquête sur l’activisme vegan

La mise en place de la « cellule Déméter » du côté de la gendarmerie ne doit pas masquer le fait qu’il s’agit, en réalité, d’un processus général. Voici un exemple avec un petit compte-rendu, avec quelqu’un de convoqué et ayant subi un coup de pression.

Naturellement, nous appelons à ne procéder à aucune recherche pour savoir qui est concerné, quand et où cela s’est déroulé, de quelle action il s’agit, etc. Ce serait une erreur contribuant à encore plus faire diffuser des informations qui n’ont pas lieu de l’être.

Comme on le voit en effet, l’État fait son travail et on sait bien qu’il n’a pas comme orientation le véganisme, la défense des animaux. Il veut simplement que les choses restent telles qu’elles sont et surtout pas qu’il y ait du remue-ménage. Il procède donc à des surveillances et, bien évidemment, profite des réseaux sociaux.

Il effectue des enquêtes, des coups de pressions et tente de retourner des gens. On peut se douter également qu’il est procédé à des infiltrations.

Maintenant, sans être paranoïaque, la question est forcément la suivante : combien de coups de pression de ce type ont déjà eu lieu ? Dans quelle mesure cela a-t-il réussi ?

Il y a lieu de s’inquiéter. Il n’est pas évident de résister à la pression d’une convocation ou à la répression. Il faut pour cela un état d’esprit fort, une détermination intellectualisée. Cela ne s’improvise pas. Les idées ne suffisent pas, ni même la bonne volonté : il faut être formé, pas tant pour oser faire opposition que maintenir cette opposition.

Être vegan et vouloir la défense des animaux, c’est bien. Rester vegan et continuer à vouloir la défense des animaux, c’est mieux… et c’est autre chose.

Ce qui aboutit même à une seconde inquiétude. Les gens ne restant pas, le mouvement de défense des animaux ne se structurant pas, il n’y a pas de capacité à recenser les faits de ce type, à les évaluer, à les analyser, à transmettre tout un bagage. Il faudrait un mouvement qui parte d’en bas, qui soit démocratique, avec une agrégation des structures par affinité.

On n’a pas cela, seulement des groupes le plus souvent éphémères faisant des réseaux sociaux l’alpha et l’oméga de leur existence.

Il y à ce titre triplement lieu de s’inquiéter. Il ne s’agit en réalité pas de savoir si le sabotage de miradors de chasse et de piège à corbeaux, sont des actions justes ou pas, ou bien si c’est juste mais qu’il y a mieux à faire, etc. Il s’agit déjà tout simplement de savoir si la défense des animaux, au sens le plus large, doit être influencée, orientée, dirigée par l’État, ou pas.

Veut-on un mouvement pour la défense des animaux avec des gens au milieu aux mains de la police, poussant les choses dans un sens plutôt que dans un autre, en toute opacité ?

Il y a comme on le voit 10 000 questions sur la table et pas de perspective pour y répondre encore. Alors, que faire ? Savoir que ce compte-rendu existe. Ne pas chercher à savoir d’où il vient, ni s’il est vrai. Simplement le prendre en compte, en l’évaluant selon sa propre expérience, au sein de son réseau fermé.

Et ne pas céder à la tentation des réseaux sociaux, pour se tourner vers les gens concrets et, au-delà, avant tout, vers les animaux réels, qui ont besoin d’aide, maintenant !

Mother Sarah et Mother Earth

[Republication d’un article de Vegan Revolution, qui a précédé La Terre d’abord!, au début des années 2000.]

Mother Sarah est un manga, paru en français chez Delcourt en 11 épisodes entre 1996 et 2004, dont le scénario est d’un intérêt certain pour nous qui sommes pour la libération de la Terre. Il faut d’ailleurs noter au passage que ce scénario a été élaboré par Katsuhiro Otomo, qui est également à l’origine du très grand classique manga qu’est Akira.

On retrouve d’ailleurs la même dimension apocalyptique, et on devine aisément à quel point les explosions nucléaires de Nagazaki et Hiroshima ont traumatisé les gens au Japon, et amené l’affirmation du besoin d’un monde sans destruction.

Mother Sarah est l’histoire d’une mère à la recherche de ses enfants qu’elle a perdu. Cette quête se déroule sur la planète Terre, qui a été martyrisé par un conflit nucléaire. Les humains ont été pour cette raison obligé de se réfugier dans des bâtiments spatiaux et au début du manga, les terriens ne sont installés que depuis assez récemment.

Là où le scénario prend une première tournure incroyable, c’est avec les deux factions se faisant la guerre sur Terre, une guerre déjà commencée dans les bases spatiales.

En effet, un scientifique avait, au bout de sept ans dans l’espace, proposé de jeter une nouvelle bombe nucléaire sur la Terre, dans le but de modifier l’axe terrestre. L’hémisphère nord, qui est irradié, serait alors pris dans les glaces, tandis que les déserts de l’hémisphère sud deviendraient habitables.

Deux factions se font alors la guerre: « Epoque » et « Mother Earth ». Les partisans d’Epoque ont pris ce nom car ils sont favorables à la bombe, et espèrent ainsi rentrer dans une nouvelle ère.

A l’opposé, les partisans de la Terre-Mère (Mother Earth) refusent catégoriquement cette nouvelle attaque contre la Terre.

Au bout de trois ans de conflit marqué par l’envoi de la bombe nucléaire, la grande majorité des terriens des bases spatiales revient sur Terre, où la guerre reprend entre les factions.

Le scénario se concentre alors sur une présentation des hommes comme barbares et guerriers, alors que les femmes sont elles orientées vers le pacifisme, tout en étant continuellement victimes des hommes. Les soldats sont présentés comme brutaux et systématiquement violeurs, tentant d’assassiner des innocents dès qu’ils le peuvent.

Mother Sarah est la seule femme combattante, et malheureusement la très grande majorité du manga consiste en des scènes de bataille où Sarah affronte des ennemis, retrouvant par moments ses enfants. Elle se voit ainsi confrontée surtout aux partisans d’Epoque, mais aussi parfois à ceux de Mother Earth, cette faction ayant décadé et s’étant transformée en une armée équivalente à l’autre sur le plan moral. Les deux armées finissent d’ailleurs par projeter de s’allier.

Le scénario fait alors intervenir une nouvelle faction, venue de l’espace à partir des bases spatiales restantes. Cette faction consiste en la Mother Earth originelle.

On a ainsi un parallèle entre la quête de Sarah en tant que mère avec la quête pour notre mère la Terre. Tout le scénario se fonde sur cette double quête.

Les terriens venus de l’espace interviennent car ils ont réussi à recréer une semence devant permettre à l’humanité de survivre de nouveau. Ils ont mis toute leur énergie non pas dans la guerre, mais dans la science et la culture, dans la célébration des végétaux.

Ils sont d’ailleurs dirigés par des sortes de « sages », qui tentent de guider les derniers habitants des bases vers un horizon nouveau, ce qui n’est pas sans erreurs non démocratiques qui sont clairement montrées: encore une fois les hommes pêchent par orgueil et autorité.

Les semences ayant besoin de beaucoup d’apport nutritionnel, les terriens des bases spatiales ont décidé de se les implanter, se sacrifiant pour que les semences puissent réussir à être fertilisé sur la Terre.

La quête de la Terre-Mère signifie donc un sacrifice, une identité totalement tournée vers elle, sur la base d’un altruisme absolu.

L’oeuvre finit sur la destruction du vaisseau de la Mother Earth originelle par des soldats d’Epoque, la Mother Earth militaire étant elle plus ou moins paralysée par le poids de la valeur morale de la Mother Earth originelle.

Mais la fertilisation a réussi, et l’une des dernières images consiste en une famille unie , et on notera qu’il s’agit d’une famille musulmane, l’oeuvre assumant souvent d’ailleurs une orientation humaniste et universaliste.

Mother Sarah n’est pas forcément un excellent manga sur le plan de l’action, qui est uniquement tournée vers Sarah et très décalée par rapport à l’énorme questionnement qui se profile derrière.

Et absolument jamais la question des animaux n’est abordée; il n’y a sur Terre que des êtres humains, voire que des hommes d’ailleurs, tellement les femmes sont présentées comme passives ou seulement capables d’initiatives pacifistes de type religieuse – mystique.

On ne voit pas non plus très bien si le manga est une dénonciation pessimiste d’une catastrophe inévitable, ou bien un appel à saisir le rapport essentiel à la Terre-mère.

C’est donc à nous de faire notre choix, de prendre nos responsabilités!

La déesse-mère, féminine et universelle

Voici une représentation de la déesse Kali, qui dans la culture hindouiste représente la destruction. Mais elle était auparavant une déesse-mère et il y a beaucoup de choses à comprendre du rapport entre les femmes et le véganisme, entre le féminisme et la défense des animaux.

Le mouvement pour la défense des animaux est féminin dans sa très grande majorité. Il est composé surtout de femmes, il est porté par des femmes, il a été porté par des femmes à l’origine. Bien entendu, il y a des hommes. Mais en ce qui concerne la question des animaux, ce sont toujours les femmes qui donnent le ton.

C’est l’image inversée des chasseurs. Il y a des femmes qui participent au mouvement de la chasse dans son ensemble, mais ce sont les hommes qui donnent le ton. Ce sont eux qui façonnent la tradition, la culture, les valeurs.

Partant de là, il faut choisir entre les deux… et on voit bien que c’est le féminisme qui ressort de cette confrontation. Car même si les femmes sont pacifiques (ce qui ne veut pas dire qu’elles ne sont pas capables de violence), face aux hommes et leur brutalité, leur style guerrier, chasseur…. Il n’y a pas le choix, il y a conflit.

Du point de vue concret, au-delà de ce conflit, il y a dans la défense des animaux une dimension féminine du refus de l’affirmation viriliste au profit du travail concret, pacifique.

Les hommes qui participent au mouvement doivent s’y plier, ou partir… ou plus exactement, ils ne sont même pas attirés, parce que le travail concret ne laisse pas d’espace pour faire le malin, pour se mettre en avant, etc.

Il y a toute une soumission qui est demandée à la cause quand on travaille pour les animaux… Cette soumission est insupportable pour les machos croyant tout savoir ou même les femmes égocentriques privilégiant leur petite affirmation individuelle.

Cela n’est vrai bien entendu que pour le mouvement pour la défense des animaux plaçant ces derniers au cœur de leur vision du monde. La scène « antispéciste » ne fonctionne pas du tout pareillement, même si les femmes y sont un moteur. Le côté « anti » permet tout et n’importe quoi, empêche la formation d’une réelle culture et donc toutes les dérives… Toutes les dérives.

D’ailleurs, les « antispécistes » ne sont pas intéressés par l’écologie, alors que pour les femmes du mouvement pour la défense des animaux, c’est un thème considéré comme évidemment parallèle.

Le meilleur symbole du rapport entre la défense des animaux et le féminin, ou le féminisme d’ailleurs, c’est sans aucun doute la déesse-mère. Les petites statuettes datant du Paléolithique représentent la femme comme la déesse du monde : la femme est associée à la Terre, à la vie, au sens de la vie elle-même. La statuette la plus connue est celle de Willendorf, en Autriche, datant de plus de 22 000 ans.

La statuette de Galgenberg, encore en Autriche, a plus de 32 000 ans.

Il y en a beaucoup d’autres exemples et on trouve également les traces de ces déesses-mères dans les premières religions, où elles sont intégrées de manière subalterne. Ce sont les Astarté, Ishtar, Aphrodite, Déméter Parvati, Kali… et bien sûr, Gaïa.

Voici encore un exemple avec la statuette qu’on appelé La Dame aux léopards, qui a été trouvée en Anatolie et date de huit mille ans avant notre ère.

Ces déesses-mères ont été renversé par le Dieu patriarcal, mécontent et massacreur. Ce renversement se déroule parallèlement au triomphe de l’agriculture et de l’élevage, autrement dit de l’activité humaine contre la Nature.

Or, le seul projet valable pour l’humanité, c’est de cesser cette guerre contre la Nature, de trouver sa place dans la Terre-mère… Ou bien de retourner en arrière, ce que veulent les primitivistes.

Ce n’est qu’en considérant la Terre comme une mère que l’humanité acceptera de se soumettre, de comprendre réellement le sens de la vie. Les femmes, mises de côté pendant des milliers d’années par des hommes prenant le dessus dans le prolongement de leurs activités de chasseurs et de cueilleurs, doivent contribuer à la transformation totale de l’humanité. Elles le comprennent par définition, même si c’est de manière totalement aliénée par des siècles de déformation patriarcale ou, désormais, de consommation capitaliste effrénée.

La seule orientation possible pour l’humanité, c’est un abandon de l’élevage, une adaptation de l’agriculture à la planète (et son recul maximum par rapport à la vie sauvage), une soumission aux intérêts de la planète afin qu’elle redevienne bleue et verte.

Les femmes doivent être première ligne dans cette bataille pour les animaux et la Nature, afin de contribuer au premier plan à aller dans la bonne direction.

Introduction aux fascinants cafards

Les cafards comptent parmi les animaux interagissant avec les êtres humains qui sont les plus méprisés par ces derniers. Il existe une incompréhension largement partagée pour ces insectes censés représenter la saleté, quelque chose de visqueux, etc.

En réalité, ils se nourrissent d’un peu n’importe quoi qui traîne à leur échelle, et forcément si l’occasion se présente…

Voici une petite contribution pour aller dans le bon sens et comprendre ces animaux dénommés blattes du côté scientifique. Comme tous les animaux, les blattes méritent notre fascination et notre respect le plus grand.

Il en existe 4 400 variantes connues et leur apparence est impressionnante, car très différente naturellement de la nôtre.

Moins de 1 % interagissent avec les humains, notamment la blatte germanique (ici en a et sur la photo ci-dessus), la blatte américaine (b), la blatte australienne (c) et la blatte orientale (c et d), à quoi il faut ajouter la blatte à bande brune.

Comme on le voit les différences de tailles sont assez marquées. Cela se voit aussi avec les oeufs.

Ceux-ci sont déposés par dizaines dans des poches dénommés oothèques. En voici des exemples, avec gauche à droite, puis de haut en bas, celles des blattes orientales, des blattes germaniques, des blattes américaines, des blattes à bandes brunes.

Voici un exemple.

Cela se devine sur les photos précédentes, mais en voici une autre où c’est plus marquant : les antennes ne sont pas sur la tête, mais au niveau du nez. Car les antennes servent justement de capteurs d’odeurs. Les blattes les nettoient donc régulièrement.

Les plus vieux fossiles de blattes ont 320 millions d’années. Mais on sait en fait peu de choses sur cet animal socialement extrêmement bien organisé, qui est le cousin des termites. En tout cas, les blattes vivent en groupes intergénérationnels et une blatte toute seule dépérit.

Ce qui est bien connu, en tout cas, c’est leur démarche. Voici une vidéo montrant ce que cela donne de près, puisque d’habitude on les voit de loin et de nuit, et souvent de manière brève.

Leur vitesse est étonnante : 1,3 mètre par seconde ! Leur temps de réaction est d’entre 20 à 50 millisecondes, alors que celui des humains est de 200 millisecondes. Une fois qu’on l’a vue, la blatte est déjà loin, très loin…

Voici un exemple de course, à partir de la 40e seconde. La vidéo n’est pas de bonne qualité, mais hors de question de valider des vidéos de laboratoires.

Les blattes peuvent parfois également voler. Seulement certaines le font, d’autres planent en fait surtout et encore rarement. De leurs deux paires d’ailes, une seule est employée, l’autre servant de protection.

Leur capacité d’adaptation étonne souvent. Les entreprises cherchant à les détruire – ce qui est condamnable – constatent souvent des résistances au poison d’une génération à une autre.

C’est cela qui amène la théorie qu’en cas de catastrophe nucléaire, les blattes survivraient. En fait, les blattes résistent aux radiations atomiques de 6 à 15 fois plus que les humains, mais moins que d’autres insectes.

Le généticien Hiram Bentley Glass parlait d’ailleurs des insectes en général pour parler d’une ère post-guerre atomique, dans les années 1950, mais prenant l’exemple de la blatte, c’est cette référence qui est restée.

On aura compris que la clef, c’est leur squelette. Au fur et à mesure qu’elle grandit, la blatte se débarrasse de l’ancien squelette, un nouveau s’étant formé en-dessous et se durcissant progressivement en prenant la place de l’ancien.

Cela ne veut pas dire pour autant que ce squelette bloque l’activité de la blatte… Bien au contraire ! En pratique, la blatte a un corps mou d’un côté et dispose d’un squelette externe de l’autre. Et cet exosquelette dispose d’articulations pour permettre le mouvement et s’adapte.

Le corps d’une blatte peut en effet être compressé de 40-60 % sans dommages, la résistance étant de 900 fois son propre poids. Au maximum, une blatte qui a 12 mm de hauteur peut se faufiler dans un espace de 4 mm de haut. Autant dire qu’elle passe partout.

Et dans un espace confiné, une blatte se meut de manière particulière en rampant, avec un équivalent de 20 fois sa longueur par seconde !

Cette capacité incroyable des blattes a été l’un des prétextes au dessin animé Oggy et les cafards. Les chats sont censés être des repoussoirs pour les blattes et on a ici un affrontement entre Oggy, un chat assez ahuri, et des cafards plus que malins, sans jamais de gagnant, avec un humour assez délirant, très travaillé.

Certaines espèces de blattes peuvent endurer jusqu’à une température de -122° et on trouve effectivement des blattes jusqu’en arctique. Il y a des espèces pouvant tenir un mois sans manger (on se demande malheureusement comment on sait cela). Elles peuvent tenir une quarantaine de minutes sans respirer.

Une blatte décapitée peut encore s’enfuir et éviter les obstacles, continuer à vivre une semaine, alors que sa tête continue à vivre indépendamment pendant quelques temps. La blatte meurt en fait tout simplement car elle ne peut plus s’alimenter.

Il y a en fait énormément de choses à dire sur les blattes, de choses positives bien entendu. Elles sont une composante de la planète, tout comme les humains. Et celles qui les côtoient le font comme conséquence des activités humaines, tout simplement.

Le coronavirus parti de Chine, une problématique vegan par excellence

Pourquoi y a-t-il une attention mondiale extrême au coronavirus parti de Chine, alors que sa dangerosité est relativement faible ? Pour une simple raison : il provient d’une déchirure complète du « mur » censé exister entre l’espèce humaine et la Nature.

Il y a donc des risques énormes de développement incontrôlable. L’humanité qui joue les apprentis sorciers se retrouve avec ce qui peut être une bombe à retardement. Voilà la raison fondamentale de la mobilisation générale en cours.

C’est là la véritable problématique de fond, à laquelle il est tout le temps fait référence à l’arrière-plan, mais ce n’est jamais dit ouvertement, et pour cause ! Car il faudrait pour cela reconnaître que l’humanité dynamite les frontières naturelles, qu’elle provoque avec ses interférences des dérèglements profonds, incontrôlables.

Que donc l’humanité doit reculer, trouver une place dans Gaïa qui soit la sienne, et la sienne seulement.

Le Figaro résume de la manière suivante l’origine du coronavirus :

« Les tout premiers cas de Covid-19 – nom attribué à la maladie provoquée par ce nouveau coronavirus – concernent majoritairement des personnes qui se sont rendues ou qui travaillaient sur un marché de Wuhan, où étaient vendus des fruits de mer et des animaux vivants. L’hypothèse d’une zoonose, c’est-à-dire une maladie transmise par les animaux, est donc hautement privilégiée, comme ce fut le cas pour le SRAS (transmis à l’homme par la civette) et le MERS (transmis par le dromadaire). »

Cela, tout le monde l’a compris. On prend beaucoup d’humains… On les rassemble… On rassemble ensuite beaucoup d’animaux morts, surtout issus de l’industrie… Puis on rassemble beaucoup d’animaux vivants, surtout issus de la vie sauvage… On a alors un gigantesque shaker, à ceci près que les choses ne se déroulent pas de manière quantitative, mais qualitative. Des choses inattendues se produisent, car la vie est quelque chose qui bouge.

Ce qui se résume scientifiquement, encore par Le Figaro :

« Des analyses génétiques ont effectivement montré que le nouveau coronavirus est très proche d’un virus présent chez une espèce de chauve-souris. Des investigations sont toujours en cours pour tenter d’identifier l’animal qui aurait joué le rôle d’hôte intermédiaire entre la chauve-souris et l’homme.

Il pourrait s’agir du pangolin, un animal largement braconné et très convoité pour ses écailles, auxquelles la médecine traditionnelle chinoise prête des vertus thérapeutiques. Pour l’heure, on ne sait pas comment le virus est parvenu à passer de l’animal à l’homme.

Ce saut d’espèce est sans aucun doute la résultante de mutations génétiques et d’une augmentation de la fréquence des contacts entre l’animal infecté et l’homme. »

Les choses sont claires et la Chine l’assume d’ailleurs en interdisant le commerce et la consommation d’animaux vivants issus de la vie sauvage. D’où l’information diffusée par l’AFP à travers plusieurs médias :

« Coronavirus. La faune sauvage, bénéficiaire indirecte de l’épidémie »

Cela signifie concrètement que la Chine a, du jour au lendemain, mis un terme à une consommation ayant une tradition de plusieurs centaines d’années, voire de mille, deux mille ans, trois mille ans. Du jour au lendemain et contre son gré.

N’est-ce pas la preuve que l’humanité peut tout à fait, du jour au lendemain, passer au véganisme ? Il suffit d’ailleurs de mettre cela en parallèle avec l’entreprise finlandaise Solar Foods, qui a produit une protéine issue de bactéries, de minéraux et de l’air.

Une humanité sans conflit avec Gaïa laissera, évidemment, même les végétaux en paix. Le chemin est inévitable. Et la crise mondiale du coronavirus Covid-19 montre que c’est inévitable. Une humanité en guerre contre Gaïa n’a aucune chance de tenir. La planète est un gigantesque système vivant et un élément de ce système ne peut pas se comporter comme il l’entend.

Quoique d’ailleurs l’humanité n’entend rien du tout, se contentant de vivre sans se poser de questions, sans réflexion sur ses comportements, sur ses mœurs, ses mentalités, ses pratiques, ses conceptions.

Les problématiques mondiales sont un rappel à l’ordre. Le dérèglement climatique en est un. Le coronavirus Covid-19 en est un également.

EELV et la proposition de loi anti-vegan pour un « élevage éthique »

Il existe en ce moment une très intense mobilisation en faveur de réformes en faveur du « bien-être animal ». Les forces agissant dans cette direction consistent notamment en Europe Écologie Les Verts, mais pas seulement, il y a également des figures médiatiques, appuyées par telle ou telle personne influente, très influente, extrêmement influente.

Ce que nous sous-entendons par là, c’est que certains ont compris que la question animale avait été très largement saisie par les gens, mais que l’option vegan n’arrive à rien ou pas grand-chose. Il y a donc les moyens de récupérer tout cela par le biais du « bien-être animal ».

La question est ici très complexe, car il y a une partie des gens qui est ici sincère. Pour d’autres, c’est par contre simplement un boulevard à prendre pour s’imposer sur le terrain politique. Inversement, des gens sincères peuvent être corrompus. Ainsi le Parti animaliste a une ligne qui est désormais ouvertement celle du « bien-être animal », en se liant notamment à Europe Écologie les Verts.

EELV propose justement au Sénat une loi « pour un élevage éthique, socialement juste et soucieux du bien-être animal » et cet appel est relayé par exemple sans commentaire par Aymeric Caron, qui se définit pourtant comme « abolitionniste ».

Il est vrai qu’Aymeric Caron revendique fièrement son amitié avec Esther Benbassa, qui est justement la sénatrice EELV proposant cette loi. C’est encore un exemple de corruption : si la proposition avait été faite par quelqu’un d’autre, Aymeric Caron l’aurait descendu en flammes.

Que dit cette proposition de loi, pour laquelle EELV a mis en place une pétition ? Qu’il faut un « abattage éthique et transparent », une « régulation du transport animal », un « encadrement de l’abattage et de l’élevage porcin », un « encadrement de l’élevage et de l’abattage des volailles », un « encadrement de l’élevage cunicole », un « accès au plein air des animaux », un « moratoire sur l’élevage intensif ».

Il y a beaucoup d’arrières-pensées et voici comment il faut en réalité comprendre cela.

Il s’agit tout d’abord de l’interdiction de la « viande » halal et cacher, en exigeant la perte de conscience de l’animal mis à mort. C’est clairement du populisme visant à se donner une image aux dépens d’une partie de l’exploitation animale liée à des religions non majoritaires.

Il s’agit ensuite de faire intégrer les associations du « bien-être animal » dans l’exploitation animale, au moyen d’un « conseil du bien-être animal » pour chaque établissement d’abattage, conseil bien entendu justement composé « d’associations de consommateurs et d’associations de protection animal ».

Cela implique une compensation financière, naturellement, ce qui n’est pas mentionné mais va de soi puisque le conseil peut proposer des « audits en matière de bien-être animal dans l’établissement », des « aménagements », ainsi qu’un « plan de mesures correctrices ».

Il y a ensuite l’interdiction du transport d’animaux au-delà d’un certain nombre d’heures. C’est ici une convergence directe avec les producteurs français, qui torpillent ainsi la concurrence lointaine au moyen d’une loi de « bien-être animal ».

Il y a ensuite l’interdiction de la castration à vif et de la caudectomie des porcelets, ainsi que du broyage des poussins mâles et des canetons femelles vivants. C’est là une « humanisation » de l’exploitation animale qui va avec l’exigence, à partir de 2025, d’un accès au plein air pour les animaux de tout élevage.

Ce dernier point est inapplicable et il n’a qu’un sens : favoriser à fond l’exploitation animale en mode « bio ».

EELV se place en fait comme porte-parole de l’exploitation animale en mode « bio », ce qui est tout bénéfice pour elle au niveau des réseaux. C’est un moyen également, très important évidemment, de prétendre avoir un discours au sujet des animaux.

Voici comment EELV présente, plus directement, son approche.

Quel est le problème ?

Chaque année, en France, plus d’un milliard d’animaux sont abattus. 80% proviennent d’élevages industriels. Ce système agro-alimentaire ne respecte ni les animaux ni les agriculteurs/trices.

Alors que près de 80% des Français·e·s sont opposé·e·s à l’élevage intensif, les lobbies continuent à résister et à défendre un modèle agricole destructeur.
Il est temps de changer de modèle et de passer à une agriculture paysanne, soucieuse du bien-être de l’animal, qui favorise les circuits courts et qui respecte les consommateurs/trices.

C’est pourquoi, la sénatrice écologiste de Paris, Esther Benbassa, a déposé une proposition de loi pour la mise en place d’un élevage éthique, socialement juste et soucieux du bien-être animal.

Demandons son inscription à l’ordre du jour du Sénat !

C’est de la récupération, ni plus ni moins. Les animaux sont pris en otage pour une valorisation opportuniste.

Esther Benbassa, sur son Facebook, essaie même de racoler chez les vegans, c’est dire à quel point c’est de l’opportunisme :

« Tout le monde étant encore très loin d’être vegan, il convient d’œuvrer sans tarder en vue d’un élevage plus éthique et d’accompagner les paysans dans la transition à effectuer pour sortir de l’élevage industriel »

Ce point est très important, car il montre bien que l’initiative est anti-vegan, au sens où elle implique que les vegans se mettent derrière le réformisme du « bien-être animal », comme cinquième roue du carrosse, comme faire-valoir.

Il va de soi que le plan est tellement grossier que cela n’a aucune chance de réussir. Rien qu’en utilisant « élevage éthique », on a une telle monstruosité que n’importe quel vegan un tant soit peu conséquent hallucine littéralement. Cela ne veut bien entendu pas dire que les gens se mettent à former des structures de l’ALF. Mais il y a des limites qui font que, au-delà d’elles, le véganisme n’a plus aucun sens, même en apparence.

C’est ici encore un épisode de plus d’intégration-désintégration. Mais il faut bien avoir en tête que ce n’est là qu’un épisode de ce qui forme un tout nouveau cycle de plusieurs mois s’ouvrant désormais, visant à proposer des réformes, parfois d’ampleur, sans pour autant assumer le véganisme. Voir dans quelle mesure cela est productif ou contre-productif va être ardu.

L’Office français de la biodiversité, en réalité l’Office français du paysage

Le premier janvier 2020, il y a eu la fusion de l’Agence française pour la biodiversité et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, pour former l’Office français de la biodiversité. Emmanuel Macron a tenu le 13 février 2020 un discours d’une heure pour en présenter les contours, comme aboutissement d’un « Conseil de défense écologique » s’étant réuni trois fois depuis mai 2019.

Le logo de l’Office français de la biodiversité,
aux couleurs écologistes classiques, mais un peu étrange car logiquement le bleu de l’eau – et non du ciel – est placé sous le vert de la terre

Emmanuel Macron n’a toutefois pas tenu qu’un seul discours le 13 février 2020. Il en a fait un autre « sur la biodiversité et la protection du Mont Blanc », qui a duré une petite demi-heure.

Regardons d’abord ce qu’a dit Emmanuel Macron « à l’occasion du lancement de l’Office français de la biodiversité ». Ou regardons plutôt ce qu’il n’y a pas. Il y a en effet quelque chose de tout à fait significatif. Le mot animal, au singulier ou au pluriel, ne revient qu’une seule fois, alors que le mot « espèce » revient 12 fois.

On dira, c’est logique puisqu’on parle de « biodiversité » et pas des animaux ; Emmanuel Macron n’est pas en faveur du véganisme et de l’amour des animaux. Il veut préserver les espèces comme on protège un coffre-fort. C’est vrai.

Toutefois, on trouve le réchauffement climatique tout autant mentionné que les espèces. C’est même son axe central. Toute l’orientation de son discours va dans le sens du « soutenable ». Et lorsqu’il parle réellement, au sens strict, de la question de la biodiversité en soi, c’est pour parler d’un :

« objectif de protection de 30 % de la surface de la planète et donc d’avoir des aires protégées – qui sont des aires de liberté, si je puis dire, du vivant »

Il faut voir que cela implique que 70 % de la planète ne sera pas protégée ! Emmanuel Macron raconte d’ailleurs que la fibre c’est super pour…

« recréer de l’activité économique, industrielle, du travail au plus près de l’endroit où on habite »

L’écologie, c’est somme toute souhaitable, mais dans la mesure du possible, et simplement pour un développement soutenable. Emmanuel Macron a d’ailleurs parlé du prix du « porc », des éleveurs qui sont merveilleux car ils travaillent H24 en présence des animaux et pour le bien de ces derniers, du manque d’organisation de la « filière bovine », etc.

Quel rapport avec la biodiversité, mystère ! À moins de saisir que par biodiversité, il entend la diversité des ressources naturelles. Et c’est très précisément le cas. Il reprend d’ailleurs la théorie du 70 %-30 % pour l’appliquer à la France. Cela donne la chose suivante :

« A horizon 2022, 4 nouveaux parcs naturels régionaux — Mont Ventoux, Doux Horloger, Baie de Somme- Picardie maritime et Corbières Fenouillèdes — seront mis en place et 20 réserves naturelles nationales.

La Polynésie a créé une aire marine gérée de 5 millions de kilomètres carrés, Tainui Atea, qui pourrait à terme, si la Polynésie le souhaite et ça fait partie des échanges que j’aurai en avril prochain sur place, devenir elle aussi une aire protégée.

Tout cela, c’est le chemin que nous allons parcourir dans les deux années à venir pour tenir l’objectif que nous nous sommes donnés à nous-mêmes : protéger 30 % du territoire national, terrestre et maritime, dont un tiers à un niveau élevé de protection d’ici la fin du quinquennat. »

Tout cela sonne très bien. Encore faut-il s’entendre sur ce qu’on entend par parc naturel. Car, dit comme cela, on s’imagine un lieu où la Nature existe en-dehors de l’humanité. Sauf que ce n’est pas le cas du tout ! Ainsi, la commune de Saint-Quentin-en-Tourmont est certainement très sympathique. Mais elle fait partie du parc naturel de la Baie de Somme- Picardie maritime, comme 133 autres ! Le parc naturel du Mont Ventoux concerne pareillement 39 communes, etc.

Et, s’adressant aux responsables de l’Office français de la biodiversité, Emmanuel Macron a dit la chose suivante :

« Vous êtes une police rurale de la nature, de la chasse, de la pêche, une police de tous les usages de la nature. (…)

Nous devons tout remettre à plat. A terme, vous aurez ces fameux 30 % du territoire à protéger, 10 % sous protection forte. C’est dire l’importance de votre rôle à cet égard, non seulement pour préserver la biodiversité, mais pour préserver les paysages de France, cette qualité de vie qui fait le rayonnement de notre pays. (…)

Vive la nature, vive la République et vive la France ! »

On a ici la clef pour tout comprendre, avec le mot « paysage ». Les Français rejetant la Nature, ils ne peuvent concevoir « l’environnement » que par l’intermédiaire du concept de « paysage ». C’est ici la prédominance de la conception cartésienne, de la prétention au « libre-arbitre » au-delà de la Nature, bref c’est l’anthropocentrisme sur toute la ligne.

Pas la Nature, mais « l’environnement » par l’intermédiaire du concept de « paysage »

Dans le second discours, moins destiné à des « professionnels » et ayant comme prétexte le Mont Blanc, Emmanuel Macron dit d’ailleurs que :

« Le constat est évidemment celui d’un fort déclin de la biodiversité, mais rattrapable si un sursaut immédiat et une action dans la durée sont conduites. »

Tout est dit. Car bien sûr que c’est « rattrapable », mais par la Nature elle-même, pas en forçant par en haut, en s’imaginant tout contrôler. Il faut que l’humanité anéantisse ses prétentions et même littéralement son ego, pour céder la place à Gaïa comme système.

Il en est bien entendu hors de question pour la quasi totalité des gens… Alors qu’en même temps, cette nécessité est perçue comme la seule réelle option à l’arrière-plan. Les gens nient la Nature, mais ne peuvent pas ne pas savoir que le retrait de l’humanité par rapport à elle est inévitable.

Rien qu’avec le Mont Blanc, d’ailleurs, on le voit bien. Emmanuel Macron peut-il stopper le réchauffement climatique ? Non. L’autre grand thème local, dont il a été obligé de parler en passant, est celui de la Vallée de l’Arve, un bastion mondial de la pollution. Peut-il la supprimer ? Non. Il peut simplement faire en sorte de mettre à l’écart les camions les plus polluants.

Mais cela ne changera rien, car c’est à l’échelle mondiale que cela se joue, et avec tout ou rien. L’humanité doit cesser entièrement son anthropocentrisme, elle doit cesser de croire qu’elle est comme « maître et possesseur » de la Nature alors qu’elle n’est qu’une composante… Qui doit être à son service.

Le seul avenir de l’humanité, c’est dans sa soumission à Gaïa et son identification à son utilité pour elle.

Pas de compromis dans la défense de notre mère la Terre !

Intégration désintégration : un danger

Voici deux exemples totalement différents, mais convergents absolument dans l’idée d’intégration-désintégration. Ils ne sont d’ailleurs différents qu’en apparence, parce qu’au fond ils visent le même public, celui qui consomme, qui est passif, qui est dans le symbole.

En l’occurrence, il s’agit de la cérémonie des oscars 2020 et de l’occupation des locaux parisiens de l’entreprise BlackRock par Youth for Climate Paris. Tous deux ont, à peu de choses près, exactement la même posture.

La cérémonie des oscars 2020 est une fête superficielle hollywoodienne bien connue, et exerçant une puissante fascination. On a Joaquin Phoenix qui a gagné l’oscar du meilleur acteur. Il est vegan et engagé sur ce plan ; c’est lui qui fait notamment la narration sur Earthlings, un célèbre documentaire au service de la cause des animaux.

Lors de la remise de son prix, il a tenu un discours qu’on peut en apparence prendre pour engagé. Après avoir rapidement parlé de l’amour du cinéma partagé par les personnes présentes, il a très vite enchaîné sur la thématique suivante:

« Mais je pense que le plus grand cadeau qui m’a été donné, et à beaucoup de gens [de cette industrie du cinéma], c’est l’opportunité d’utiliser notre voix pour les sans voix.

J’ai pensé à propos de problématiques préoccupantes auxquels nous avons fait face. Je pense que, par moments, nous nous sentons ou sommes amenés à nous sentir les champions de différentes causes.

Mais pour moi, je vois une base commune. Je pense, que nous parlions d’inégalité entre les genres ou de racisme ou de droits des personnes LGBT, des personnes indigènes ou des animaux, nous parlons de la lutte contre l’injustice.

Nous parlons ici de la lutte contre la croyance qu’une nation, un peuple, une race, un genre, une espèce, a la droit de dominer, d’utiliser et de contrôler en toute impunité.

Je pense que nous sommes devenus très déconnectés du monde naturel. Beaucoup d’entre nous sont coupables d’une vision égocentrique du monde, et nous croyons que nous sommes le centre de l’univers. Nous allons dans le monde naturel et nous le pillons pour ses ressources.

Nous nous sentons le droit d’inséminer artificiellement une vache, et quand elle donne naissance, nous lui volons son bébé, alors même que ses cris d’angoisse sont sans équivoque. Ensuite nous prenons le lait qui est censé être pour son veau et nous le mettons dans notre café et nos céréales.

Nous avons peur de l’idée de changement personnel, parce que nous pensons que nous aurions à sacrifier quelque chose. »

Puis ensuite, Joaquin Phoenix s’autoflagelle disant qu’il a lui-même mal agi de par le passé, etc., pour prôner ensuite la rédemption. C’est très religieux, très charity business, totalement hypocrite…. L’Amérique dans ce qu’on fait de pire.

Cela suffira bien sûr pour les gens ne croyant en rien, ne faisant pas d’effort intellectuel ou culturel. Ces gens se précipiteront sur les réseaux sociaux pour dire du bien de cet acteur. Mais c’était justement là le piège.

Pourquoi ? Parce qu’on est là au cœur du système, au cœur de Babylone. On ne peut pas changer les mentalités avec Hollywood… On ne peut les changer que contre Hollywood.

C’est cela que PeTA ne comprend pas par exemple, en utilisant des femmes nues pour ses campagnes. Comme si on pouvait changer les mentalités en s’appuyant sur des mentalités mauvaises.

Un exemple suffit ici pour les Oscars. Les médias ont largement diffusé l’information qu’aux Oscars 2020, il y aurait « un menu à 70% vegan pour la cérémonie ». Ce n’est évidemment pas possible. Le menu est vegan ou il ne l’est pas.

La question n’est pas prise ainsi du côté du charituy business, de l’image promotionnelle. Cela fait bien de mettre un peu de vegan, de connaître des vegans. C’est du veganwashing : on utilise le véganisme comme force d’appui pour se donner une bonne image.

On prétend faire un effort, aller dans le bon sens. On se veut ouvert. Mais cela a ses limites parce que bon, « faut pas déconner ». Le chef Wolfgang Puck s’occupant régulièrement du menu des oscars n’allait tout de même pas supprimer le caviar, le boeuf wagyu, les « statuettes » au saumon fumé !

On remarquera d’ailleurs que Joaquin Phoenix n’a pas parlé du véganisme au sens strict. Il a parlé des animaux parmi d’autres choses, appelant à la fin à se changer individuellement, à ne juger personne. Joaquin Phoenix a joué la carte du « il faut aussi être vegan ».

On dirait que cela ne change rien, mais cela change tout. Car on supprime le véganisme pour faire de l’antispécisme comme produit des catalogues des « anti ».

C’est exactement la même chose que Greta Thunberg. Le véganisme fait partie d’une panoplie de causes diverses et variées, toutes au profit des droits individuels, du respect d’autrui, etc. C’est Jésus au pays du capitalisme.

Le chef Wolfgang Puck a d’ailleurs justifié l’absence de végétalisme complet pour la raison suivante :

« Nous travaillons tous les produits car même si beaucoup de gens aiment le ‘vegan’, la grande majorité mange encore de la viande, du poisson et tout. »

Effectivement, il faut savoir être tolérant, ouvert aux autres malgré les différences, même célébrer les différences, etc.

Et Joaquin Phoenix peut donc raconter ce qu’il veut pour les animaux, il a tout de même gagné un Oscar au moyen d’un rôle, celui du Joker, faisant de la violence folle quelque chose de fascinant. Ce n’est tout simplement pas crédible que de dire qu’on est contre la violence au moment où l’on a gagné un prix en jouant une icône de la violence furieuse.

Et la source des problèmes, c’est la corruption. Ainsi, Natalie Portman était aux oscars. Il est bien connu qu’elle est vegan. Elle a également joué le jeu de « l’engagement », en ayant sur sa cape des nom se réalisatrices non nominées, pour faire « féministe ». Cette cape… est de Dior haute couture. La chanteuse Billie Eilish, qui se revendique vegan également, était quant à elle en tailleur Chanel.

L’engagement, oui… mais confortable. L’intégration désintégration.

C’est pareil pour Youth for Climate Paris. À l’origine, c’est une structure issue directement de l’appel de Greta Thunberg (enfin, de l’équipe autour de Greta Thunberg). Lundi 10 février, ce groupe parisien a occupé les locaux de BlackRock, un gestionnaire d’actifs.

C’est un excellent exemple d’intégration-désintégration, car le communiqué montre parfaitement que l’écologie n’est qu’un prétexte. Ces gens veulent critiquer le capitalisme, soit! Mais ils ne veulent pas rompre avec ses valeurs. Sinon, ils parleraient justement des animaux, de la Nature, du véganisme.

Il faut bien voir que quand il est dit :

« mettre hors service ce qui exploite les humains et le vivant »

C’est là une expression pour avoir l’air de relever du véganisme, de son universalisme, mais sans l’assumer. L’exploitation du vivant, c’est d’ailleurs aussi l’exploitation des arbres. Ces gens sont-ils alors pour dire La Terre d’abord !, pour adopter le biocentrisme ?

Pas du tout, évidemment. C’est donc de l’intégration-désintégration.

En voici le communiqué :

« Mettons Hors Service BlackRock

BlackRock est une multinationale, la plus puissante en gestionnaire d’actions, c’est-à-dire qu’elle gère les capitaux afin de les optimiser un maximum (bien investir pour gagner plus d’argent).

Deux points nous intéressent donc ici:

1. La réforme des retraites

Cette nouvelle réforme pose encore une question primordiale : va-t-on passer d’un système de retraite par répartition (basé sur des cotisations solidaires) à un système de retraite par capitalisation (basé sur l’épargne individuelle) ?

Il semblerait que la nouvelle réforme sur les retraites va grandement profiter à BlackRock puisque cette dernière a tout intérêt à ce que l’on passe à un système par capitalisation.

Avec la retraite par points, le gouvernement aura la possibilité de baisser la valeur du point au fur et à mesure du temps. Afin de s’assurer une bonne retraite, nous serons forcés de nous tourner vers des multinationales comme BlackRock qui investiront notre argent dans des sociétés, des projets, etc… Cet argent nous sera ensuite retourné, valorisé pour nos retraites. C’est le principe du système par capitalisation.

Problème ? Les investissements de BlackRock sont loin d’être en faveur de l’environnement.

2. Les investissements écocides de BlackRock

BlackRock investit dans nombres de sociétés menant des projets écocides comme:

– Vinci (deuxième entreprise mondiale dans le secteur de la construction, elle possède aussi un pôle énergie)

– Total (entreprise pétrolière et gazière, cinquième des six plus grosses entreprises su secteur à l’échelle mondiale)

– BNP Paribas (première banque française dans l’investissement du charbon)

– Société générale (première banque au monde dans le financement des infrastructures d’exportation de gaz de schiste). On a trouvé des documents confidentiels au sein des bureaux de BlackRock montrant leur collaboration, alors qu’on sait que Société générale investit dans des projets comme le Rio Grande LNG Project. http://www.amisdelaterre.org/IMG/pdf/20180712rapportsocietegenerale.pdf

Bref, BlackRock est loin d’être un modèle de sainteté dans la protection de l’environnement.

Tout cela est fait dans un seul but: s’enrichir toujours plus, et surtout le haut de la chaîne, et les actionnaires. Nous observons ainsi une augmentation des inégalités et une accumulation des richesses entre les mains d’une très petite minorité (Rapport Oxfam 2020), alors que les plus pauvres sont aussi les premières victimes des problèmes environnementaux.

Cette course au profit se fait grâce à une exploitation du vivant, et des humains.

Nous n’avons pas peur de le dire : tout cela est symptomatique du capitalisme qui est le mécanisme profond à l’origine de ces problèmes. En nous attaquant à blackrock, nous nous attaquons au capitalisme.

Certains diront que nous sommes des vandales, mais ce sont ceux qui volent notre avenir qui le sont.

Ceci n’est que la première action d’une série pour mettre hors service ce qui exploite les humains et le vivant.

Nous ne demandons donc plus rien, nous voulons mettre le système hors service.

Youth for Climate Paris-IDF

Avec le soutien de Youth for Climate France, Désobéissance Écolo Paris, RadiAction, Mr Mondialisation, Cerveaux Non Disponibles, Gilets jaunes Place des Fêtes, La France en Colère – Carte des Rassemblements, Peuple Révolté, Peuple Uni, Comité de Libération et d’Autonomie Queer, Art en Grève. »

C’est une construction qui repose sur du sable. Cela rappelle Laurence Pieau. Elle a été directrice de la rédaction du magazine Closer qu’elle a contribué à fonder, ainsi que directrice de la rédaction de Télé Star et Télé Poche. Elle est devenue vegane et il y a peu, elle a créé le média Alternative vegan.

Elle prétend donc apporter quelque chose, alors que son parcours a été une contribution à de véritables machines à décerveler. Aux pires machines mêmes, parce que Closer, Télé Star, Télé Poche… C’est là la base de la France beauf, pour qui il faut être passif et consommer, ne surtout pas penser, ne pas entrer en rupture en rien.

C’est tout de même un comble que de la voir se poser comme grande contributrice à une cause qu’elle a peut-être comprise, mais qu’elle a de fait combattu pendant des années.

C’est comme la récupération du concept d’écocide ces derniers temps par des gens découvrant l’écologie et cherchant un mot fort pour avoir une image engagée… Ou encore le concept de « climaticide » forgé de manière totalement absurde sur celui d’écocide.

Intégration-désintégration, usurpation… Qu’on ne sous-estime pas les détournements de la Cause vers des voies de garage !

Surtout que les critiques seront dénoncées comme non constructives. Mais sans bataille pour la définition des valeurs, sans lutte pour protéger le contenu… L’intégration-désintégration est assurée dans un monde corrompu!

« No Spiritual Surrender »

Nous sommes en 1990 et le groupe Inside Out, qui existe depuis deux ans, sort un mini-album, tiré à 5000 exemplaires, à l’époque en vinyl (4000 en noir comme c’est l’usage, 1000 en bleu). Ce sera la seule réalisation du groupe.

« No spiritual surrender » contient quatre titres et le chanteur a vingt ans : c’est Zack de La Rocha. Deux ans plus tard sortira le premier album de Rage against the machine, son nouveau groupe, dont le nom vient d’une chanson d’Inside out.

Le guitariste, Vic DiCara, âgé de vingt ans lui aussi, a en fait quitté le groupe, pour devenir moine vaishnavite de la mouvance surnommée « Hare Krishna ». Il rejoint le groupe Shelter pour son album Quest of certainty en 1992, pour former ensuite le groupe 108, qui produit immédiatement deux albums célébrant Krishna, Holyname et Songs of separation, en 1994 et 1995.

Le bassiste d’Inside out vient quant à lui de Gorilla Biscuits, le batteur de Chain of Strength, deux groupes connus de hardcore, de philosophie straight edge.

Le mini-album s’intitule « No spirituel surrender » et c’est le titre de la chanson la plus réussie, en qui on a tout l’esprit tant de Rage against the machine que de 108. Il y a cette idée de refuser ce qu’on qualifiera ici Babylone, par facilité et pour l’image d’une société où tout est corrompue, viciée, mais également corrupteur et vicieux.

Voici la chanson, ainsi qu’une version live interprétée par 108, avec des images soulignant le choix des membres de ce groupe de puiser en Krishna l’inspiration pour s’opposer à cette société.

En voici les paroles, l’ensemble étant repris une seconde fois.

Try to make me bow down to you
Try to take my identity
Try to make me just another pebble on the beach

Essaie de me faire plier devant toi
Essaie de prendre mon identité
Essaie de faire de moi juste un autre galet sur la plage

A green mind twists the plan
A cold hand trying to silence me
You try to grasp me, but I’m out of reach

Un esprit immature dresse de manière tordue ce plan
Une main froide en train d’essayer de me rendre silencieux
Tu essaies de m’attraper, mais je suis hors d’atteinte

No Spiritual Surrender
No Spiritual Surrender

Pas de reddition spirituelle
Pas de reddition spirituelle

Cette chanson est une grande source d’inspiration, qu’on apprécie ou pas, de par l’énergie et la perspective tracée. C’est une piqûre de rappel pour toujours avoir à l’esprit qu’aucune paix spirituelle – ou mentale, intellectuelle, sensible, comme on voudra – n’est possible avec la société telle qu’elle existe.

On ne peut pas ne pas chercher à s’opposer. Et cela exige une profonde attention pour rester hors d’atteinte. C’est là tout le noyau de la philosophie vegan straight edge, qui est un désengagement pour vivre, au quotidien, sur la base de valeurs inversement fondamentalement positifs. À la destruction systématique qu’implique la société telle qu’elle existe, l’opposition répond par le refus et l’affirmation de valeurs positives : la célébration de la vie telle qu’elle est en elle-même.

Voici le mini-album en entier.

Pas de véganisme dans la «convergence de luttes»

Depuis plusieurs années, il y a des gens qui disent que la convergences des luttes est la clef pour que le véganisme se développe. Il est vrai que ces gens-là ont en fait pratiquement disparu et justement ce n’est pas pour rien, alors il faut bien le constater.

Au sens strict, le moment où cette tendance a commencé à exister, c’est avec la formation du Nouveau Parti Anticapitaliste, en 2009. Pendant toute l’année 2008 il y a eu des comités pour débattre des idées de la future organisation. Comme le véganisme avait commencé à s’élancer en France depuis quelques années, il y a eu des gens disant qu’il y avait un espace pour diffuser des idées, que forcément des gens voulant fonder un « NPA » allait s’y intéresser.

Cela n’a pas du tout marché, mais l’idée est restée et à partir de ce moment-là, il y a eu des gens pour chercher une convergence des luttes. Cela se déclinait de manière très différente, cela allait d’un drapeau en manifestation à des tentatives plus structurées de faire passer le message. Le pic fut d’abord Nuit Debout à Paris, puis la fondation du mouvement de La France Insoumise, Jean-Luc Mélechon jouant même le jeu symboliquement pour ratisser le plus largement possible.

Puis la tendance a décliné, se résumant à un slogan écrit sur un mur pendant une manifestation, ou bien le port d’un drapeau. Enfin, malgré l’opposition prolongée à la réforme des retraites, ou à cause de celle-ci, il n’y a plus rien eu.

La photographie suivante, heureusement assez obscure pour ne pas avoir à la flouter, est représentative de la fin de cette idée. Car celui qui a mis en ligne cette image, avec ce commentaire horrible, c’est Laurent Brun, secrétaire Général de la Fédération CGT des Cheminots.

C’est quelqu’un qui prône la lutte, jusqu’au bout. Il est engagé depuis deux mois lorsqu’il poste cette image et ce commentaire. Il n’est pas isolé, il n’est pas à l’écart de la lutte des idées. Il exprime sa culture de manière tout à fait consciente.

L’erreur de fond, dans cette idée de « convergence des luttes » favorable au véganisme qui a de toute façon échouée, c’est de penser deux choses. La première, c’est qu’il y aurait un spécisme équivalent du racisme, du sexisme, de plein d’oppressions « systémiques ». Il y aurait des dominations flottant au-dessus de nos têtes à déconstruire. Quelqu’un qui se « déconstruit » basculerait alors logiquement dans l’antispécisme, dans la panoplie « anti ».

Sur le papier, c’est cohérent, sauf que la société humaine s’est construite sur le tas et pas par en haut avec des gens se disent : tiens, si on y opprimait les animaux ? Comme si les conquistadors s’étaient posés la question de massacrer les gens dans le continent « découvert ».

La seconde erreur est liée à la première. C’est qu’être vegan, c’est déjà une rupture. Mais le rester, c’est encore plus une rupture. Tout cela exige une certaine discipline personnelle. Or, le principe de la convergence des luttes, tout comme d’ailleurs de l’anarchisme, c’est que personne n’est responsable de rien. C’est on se lance, on discute, on agit, on discute, bref on s’engage et puis on voit.

Qu’une lutte fasse qu’on ait une conscience sociale plus élevée, soit. Mais le véganisme n’est pas une idée, c’est une éthique. Quelqu’un qui devient vegan sans aimer les animaux ne le restera pas. Ce qui fait qu’on devient vegan, qu’on le reste, c’est qu’on relève de toute une culture. Une orientation purement intellectuelle vers le véganisme est fictive, elle ne tient pas, au premier vrai choc, elle s’effondre.

C’est ce terrain friable qui fait que les gens qui ont essayé la « convergence des luttes » n’ont abouti à rien, aucun bilan n’en est ressorti, rien n’en a été tiré. Il doit bien y avoir des rencontres entre les luttes justes. Mais ce ne sont pas que des idées… ce sont des choses portées par des gens, très concrètement. C’est ainsi par la culture que tout se transmet.

Combattre les jeux d’argent, cette machine à dépendance

Dans cette société, il est très difficile d’être hors d’atteinte des agressions psychologiques. La raison est toute trouvée : les gens relativisent tout, se disent que si c’est leur goût après tout ils peuvent bien faire ce dont ils ont envie… et quand on est pris dans l’engrenage, c’est trop tard, car il y a tellement d’ego que le recul est impossible. Et encore moins la capacité de s’en sortir.

Raison de plus de se protéger et d’avoir une position ferme quant aux jeux d’argent. Ceux-ci sont l’un des pièges les plus importants de ces derniers temps, car il y a une véritable vague. Il faut dire ici qu’il y a regain en général du coup du « hold up », de l’appropriation imméritée, en jouant sur sa « chance », sa beauté, son cynisme, etc.

Il faut dire aussi que la vie dans cette société est tellement aliénante que qui ne chercherait pas à s’en sortir, d’autant plus pour quelques euros, comme les jeux d’argent le prétendent ?

Culturellement, les jeux d’argent sont très concrètement incontournables. Ils s’immiscent dans la vie privée, dans les discussions sociales, voire dans les styles de vie. Il y a internet, bien sûr, mais il y aussi une systématisation des domaines où l’on peut parier. On peut parier sur un match en cours dans de multiples sports, il y a de très nombreux jeux différents, allant des cartes au casino.

Dans ce panorama, il y a aussi la privatisation de la majorité des actions de la Française des jeux qui a eu lieu à la fin de l’année 2019. Et même si l’on décide de se faire interdire soi-même des casinos et des jeux d’argent en ligne (la procédure existe), cela n’empêche nullement le PMU et l’hippodrome, les multiples jeux de grattages achetés dans un commerce, ainsi que le loto ou encore les sites illégaux de jeux d’argent.

Il n’y a ainsi aucun contrôle réel permettant d’éventuellement empêcher quelqu’un de basculer dans les jeux d’argent, la situation étant la même que pour l’alcool. La société se lave les mains et confie à l’individu la prise de responsabilité.

Or, les jeux d’argent sont agressifs sur la psychologie. Ils en appellent à l’ego – on est censé montrer qu’on est plus vif, plus courageux, plus chanceux que les autres. Ils en appellent à l’argent facile – l’argent est disponible, il est présent, il n’y a qu’à le prendre, pourquoi attendre ?

Surtout quand on s’ennuie dans une vie morne, il y a l’idée de tout changer… mais sans changer le monde. Juste changer ce qu’il y a autour de soi.

Le PMU, Winamax, Bwin, Zebet, Betclic, Genybet, France Pari proposent qui plus est un remboursement sur le premier pari. Cela devrait être interdit, car c’est évidemment comme les dealers proposant des drogues dures à bas prix au départ. La dépendance une fois installée, les trafiquants sortent gagnants à moyen terme.

L’État se lave les mains ici en disant : nous n’autorisons en ligne que les entreprises mentionnées plus haut, et uniquement pour le poker, les paris hippiques, les paris sportifs. De plus, dit l’État, les jeux de grattage et de tirage sont sous le monopole de la Française des jeux.

Sauf que la Française des jeux est privatisée et que le monopole ne tiendra pas. De plus, la Française des jeux sort tout le temps de nouveaux jeux. Qui plus est, des jeux de grattage sont même disponibles en ligne…

En tirage, on a Amigo, EuroMillions, Joker +, Keno Gagnant à vie, le loto.

En grattage (y compris en ligne), on a Astro Illiko, Banco Illiko, Black Jack Illiko, Maxi Goal, Morpion, 10 ans gagnant Illiko, Cash, Goal, Défoulo, Millionnaire, Jackpot, La Ruche d’Or, 1000 Carats, Olé Sombreros !, Arbre au Trésor, Bingo, Solitaire, Diamond River, Eldorado, Fruitos, Les Kumulos, Astro, Numéro Fétiche, Mots croisés, Pharaon, Yam’s, Precius Aurus, etc.

Les paris sportifs sont le problème principal peut-être en ce moment, car ils gangrènent les jeunes hommes. Dans les collèges et les lycées c’est un massacre, surtout que le taux de retour de jeux est plus élevé que pour les jeux de grattage et de tirage. Il est à 85 %, ce qui signifie qu’on a une chance de gagner significative, suffisamment pour happer les gens.

Les sites aimeraient malgré cela encore augmenter ce pourcentage, pour être au niveau de sites illégaux, mais l’État s’y refuse pour l’instant (France Pari Sportif s’est fait exclure pour ne pas avoir suivi cette règle).

Encore est-il que ce taux est encore plus haut au poker, où il est de 95 %! Exactement ce qu’il faut pour faire tomber les gens, qui se croient plus malins et qui tombent dans l’engrenage. Les sites ne manquent pas : Betclic, Bwin, Party Poker, PMU, Pokerstars, Unibet, Winamax !

Notons ici que l’argent circule surtout entre les joueurs, une simple taxe étant prise par les entreprises et L’État. Mais peu importe, puisque c’est la même chose au final : on joue, on devient dépendant, on sombre.

Que dire d’ailleurs du casino, où la redistribution est encore plus haute (98,5 % au baccara par exemple) ? Dans tous les cas, l’histoire n’est pas une question de pourcentage, mais de capacité à utiliser l’ego des gens pour leur faire croire qu’ils sont plus habiles, plus malins, plus à même de gagner. Une fois qu’on s’imagine supérieur, on a perdu.

Cela, couplé avec l’attrait de l’argent facile propre à une mentalité beauf, c’est fatal.

La question de fond est d’ailleurs comme celle de l’alcool. Il ne s’agit pas que de quelques pourcentages de gens sombrant totalement, même si bien sûr ces gens comptent et doivent être aidés ! Il s’agit du fait que la mentalité des jeux d’argent est également un puissant vecteur culturel de ce qu’il ne faut pas.

Les jeux d’argent ont tout à voir avec l’individualisme, la négation des autres, du monde même. Car si argent il y a, il ne tombe pas de nulle part, et seuls des cyniques peuvent l’accepter ! Si l’on ajoute à cela, en plus, le fait d’être passif et de ne pas vouloir s’impliquer pour que des choses se passent, alors les jeux d’argent sont une catastrophe sur toute la ligne.

Si l’on y réfléchit bien, on peut se dire la même pour les jeux de hasard. Cependant, il y a une différence, au-delà du fond commun, c’est que l’implication n’est pas la même. De plus, les paris sportifs ne se veulent pas des jeux de hasard, mais des jeux fondés sur une certaine habileté s’appuyant sur certaines connaissances. Ceci dit, il est vrai que les jeux de hasard énervent justement les mauvais perdants, qui y voient une injustice effectivement vraiment là.

Tout cela, c’est de la maltraitance psychologique, et cela ne devrait pas exister.

REV, Parti animaliste, 269 Libération animale… la fin des illusions

L’ambiance est morne et parfois elle est même humainement très glauque. La foi du converti, les illusions de succès rapide, l’engouement important mais souvent passager, l’occupation du terrain médiatique… tout cela a tourné la tête de beaucoup de monde agissant sur le terrain de la cause animale, et les lendemains sont affreux.

Affreux, car on s’aperçoit que rien n’a été construit, qu’aucune culture n’a été développée, que somme toute les gens s’en foutent autant qu’avant. Ok, il y a des vegans. Cela s’arrête là. La mode est passée et l’intégration des protestataires a été impeccable au moyen de produits dans les supermarchés et de restaurants.

Pour les plus revendicatifs, il y a éventuellement quelques happenings-témoignages dans une ambiance « noir c’est noir » ou bien, pour les plus agités, quelques sabotages à mener. Cela en reste là. Sans lendemain.

C’est la fin de toute une vague qui a prétendu être ce qu’elle n’a jamais été : une révolution. C’était une prise de conscience, avec retard : le véganisme date des années 1990, tout de même ! Mais les gens le découvrant en France dans les années 2010 ont imaginé tout savoir, tout comprendre, tout mieux faire. C’est très français, finalement.

Ils ont vendu du rêve, aspirant de nombreuses forces captées par le rêve de réussir rapidement et sans trop d’effort. Las, c’est la fin des illusions. Aux prétentions de victoire succède la triste déchéance : les rêves sont vendus à la découpe.

269 Libération animale a par exemple utilisé énormément de ressources humaines, en arguant que la « désobéissance civile » serait la voie royale pour faire tomber le « spécisme ». Stratégie suicidaire pour qui connaît l’histoire de la libération animale… Mais de très nombreuses personnes sont tombées dans le panneau.

Il y a donc eu des premières actions, profitant des réseaux sociaux et des médias pour asseoir un certain prestige. Nombre d’activistes se sont précipités pour cette lutte clef en main, avec également une pression psychologique allant jusqu’au fanatisme. On parle tout de même ici de 350 personnes qui, en 2017, se font marquer au fer rouge le nombre 269 sur leur peau…

269 Libération animale a donc bloqué de nombreux abattoirs en France, sauvant même des animaux. Sauf qu’à un moment, évidemment, cela ne marche plus : quand on agit légalement, à ciel ouvert et même en prenant des précautions, à un moment l’État siffle la fin de la récréation.

269 Libération animale a donc pris les noms des participants aux blocages, afin de parer à des procès des seuls responsables de l’association… Puis, comme cela ne marchait plus, a élargi le périmètre, profitant de son aura. Il y a eu les mêmes actions en Espagne, en Italie, en Suisse, en Belgique.

Puis, bien entendu, la fenêtre de tir s’est fermée. La petite opinion publique activiste consommatrice s’est lassée de l’absence de proposition concrète et s’est détournée, laissant 269 Libération animale passer de la désobéissance civile à la gestion d’un sanctuaire d’ « individus » animaux sauvés, tout en cherchant à parer aux coûts et surtout aux dettes des multiples procès leur tombant dessus pour les actions.

Finies, les grandes ambitions de renverser pas moins que l’industrie spéciste. Des énergies énormes ont été siphonnées pour ça.

Il en va de même pour le Parti animaliste. Officiellement, les ambitions restent importantes.

Et le Parti animaliste maintient, en apparence, sa ligne initiale de « ni droite ni gauche ».

Ce n’est qu’apparence, car en réalité, le Parti animaliste s’est alliée à Europe Ecologie Les Verts à Paris, Grenoble et Montpellier (dans cette dernière ville EELV vient tout juste de finalement ôter son soutien à la liste unitaire de la tête de liste). C’est donc plutôt un « et gauche et droite » en version centriste et cela va toujours plus se renforcer comme tendance, de par la nature du Parti animaliste.

Sa démarche est en effet purement une fin en soi et à proprement parler ignoble. Sur son Facebook, le Parti animaliste racole à fond sur le malheur des animaux, pour faire pleurer Madeleine. C’est systématique et cela s’appuie sur n’importe quel fait divers horrible dont parlent les médias. Puis dit : voter pour nous on va améliorer les choses. Et comment ? En accompagnant on ne sait trop quoi.

Tout en ayant une prétention énorme. Hélène Thouy, co-fondatrice et co-présidente du Parti animaliste, ose dire la chose suivante dans une interview à Libération :

« Notre objectif initial était de sortir la cause animale du flou dans lequel elle était et du désintérêt dont elle faisait l’objet. De ce point de vue-là, c’est plutôt une avancée. »

L’approche est typique du Parti animaliste, qui vise à phagocyter ou à s’approprier ce qui existe. C’est systématique. Le Facebook parle par exemple parfois de la chasse à courre, mais omet bien entendu de parler de l’association d’AVA, pourtant plaque tournante de l’opposition à cette pratique odieuse, alors qu’en plus il y a des gens du Parti animaliste qui y participent.

C’est que le Parti animaliste s’imagine la Cause elle-même. Comme le montre cette image infâme où on fait un cadeau aux animaux… en donnant de l’argent au Parti animaliste. Ben voyons.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas d’une critique gratuite. Il s’agit de dénoncer le mensonge. Le Parti animaliste vend du rêve, alors que ses fondements sont un vague réformisme, d’où la soumission à Europe Ecologie Les Verts, dont il va servir d’appendice « animaliste ».

Prenons l’expérimentation animale. Le Parti animaliste ne l’attaque pas, mais prône l’accompagnement vers sa disparition :

« Le Parti animaliste souhaite que les moyens matériels et humains soient mis en place au plus vite pour que la recherche expérimentale sur animaux évolue vers des méthodes modernes. »

Prenons également ce qui est dit dans « La honte de la mise à mort par claquage des porcelets chétifs », une tribune dans Libération de Yaël Angel, docteur en droit, documentation technique du Parti animaliste (donc, pas n’importe qui au Parti animaliste).

Cela date de fin décembre 2019. On y lit :

« L’alternative réside dans de meilleures conditions d’élevage, répondant aux impératifs biologiques des animaux. Les truies de l’élevage intensif sont issues de croisements destinés à faire naître plus de porcelets à chaque portée. La succession des portées et les conditions d’élevage misérables épuisent les truies, ce qui aboutit à une forte proportion de porcelets chétifs. Les éleveurs doivent offrir aux truies une vie saine : moins d’inséminations, un espace en plein air où elles pourront fouiner le sol, faire un nid pour leurs petits, et ainsi donner naissance à des porcelets d’un poids «normal». »

C’est dit noir sur blanc : il faut « de meilleures conditions d’élevage ». Voilà l’accompagnement proposé par le Parti animaliste. Et la mise à la disposition d’EELV fait que cela ira toujours plus dans cette direction.

Le vrai but, conscient ou inconscient, des dirigeants du Parti animaliste, ce sont des strapontins ministériels d’un gouvernement centriste.

Il faut bien comprendre que la question n’est pas de discuter de la sincérité, mais de l’impact d’une action. Beaucoup de gens veulent bien faire pour les animaux… Cela tourne parfois en catastrophe, parce qu’il n’y aucune analyse de fond et une précipitation telle que cela tombe dans la corruption sans même le remarquer.

C’est vraiment flagrant pour Aymeric Caron, dont nul ne peut remettre en cause la sincérité. Seulement voilà, lui aussi s’est imaginé que rien n’existait avant son propre véganisme. Il a été médiatiquement mis en avant, puis est passé à la trappe.

Il a vendu du rêve… puis plus rien. Le parti qu’il a fondé, le REV – Révolution Écologique pour le Vivant, s’est ainsi également mis sur orbite, non pas d’EELV comme le Parti animaliste, mais de La France insoumise, pour la liste « Décidons Paris ».

Terrible capitulation pour un mouvement prétendant tout révolutionner, mais qui n’a pas été en mesure de se présenter aux européennes de mai 2019, le Parti animaliste y faisant par contre 2,2 %. Il a donc fallu, pour exister au moins quelque part électoralement – car là on parle d’élections – se fondre dans le moule.

Logiquement, la tête de liste de « Décidons Paris » dans le 14e arrondissement sera la vice-présidente de REV – Révolution Écologique pour le Vivant, Lamya Essemlali (également présidente de Sea Shepherd France et de Rewild, qui lutte contre le trafic d’animaux).

Tout ça pour ça ? C’est une plaisanterie. La cause animale comme appendice électorale de partis n’ayant rien à faire des animaux ? C’est une mauvaise blague. Surtout que derrière, Marine Le Pen s’empressera de faire de la démagogie au sujet des animaux, et que donc rien ne servira à rien, car cela sera simplement de la poudre aux yeux pour que les gens voulant y croire y trouvent leur compte.

Mais que faire, alors ? Quelle est la solution ?

La solution est très simple. Défendre les animaux exige qu’on sache les aimer. Il faut donc mettre en valeur la Nature, la vie animale. Il faut l’étudier (sans déranger!), en parler, la célébrer. Et le premier pas, inévitable, celui qui décide de tout, c’est de soutenir les refuges. Mobiliser pour les refuges est la condition obligatoire de tout travail vegan.

Non pas pour s’en vanter – au contraire, il ne faut pas tout mélanger, cela doit rester un travail à mener à côté, un soutien concret, mais anonyme. C’est un devoir moral, un devoir affectif envers ceux qu’on aime et qui méritent notre dévotion, et aussi une éducation.

De cette dévotion et de cette éducation, on tire une culture, et là on trouve les voies pour agir, mobiliser, coordonner, lutter, diffuser l’utopie nécessaire.

Il y a trois critères pour déterminer si cela va dans le bon sens : le naturalisme, les refuges, la dévotion. S’il n’y a pas cela… alors les animaux sont un thème récupéré à des fins misanthropes, nihilistes, électoralistes, ou autre.

Réseaux sociaux : une abstinence nécessaire

S’abstenir est une chose très importante dans un monde qui nous force à faire des choses et, qui plus est, à trouver bien qu’on le fasse. L’écrasante majorité des gens, pour ne pas dire tout le monde, s’imagine choisir ce qu’il fait, alors qu’en réalité tout est impulsé par un environnement social, économique, culturel.

On entend souvent l’argument selon lequel le véganisme peut réussir à s’imposer, car le consommateur est roi. C’est là croire en les mensonges de la société de consommation. En réalité, le roi, c’est celui qui produit et qui parvient à vendre ses produits dans la concurrence d’autres produits.

Si la « viande » est consommée en France, ce n’est pas par choix. C’est parce que tous les supermarchés proposent cette nourriture traditionnelle à bas prix. Nul spécisme là-dedans, simplement le prolongement d’une situation passée s’étant modernisée et étant passée à un niveau industriel. Pour contre cela, il faut une utopie, quelque chose de positif.

Pour avoir une utopie, il faut néanmoins disposer du temps pour réfléchir. Or, la course propre aux réseaux sociaux ne le permet pas. Qui veut réellement rompre avec la course à la superficialité ne peut que proposer l’abstinence à ce niveau.

La raison est évidente : avec les réseaux sociaux, il n’y a pas de juste milieu. Ils sont façonnés par des entreprises pour obéir au principe de l’accumulation de messages, afin de permettre le financement par la publicité. Tout est donc fait, au moyen de coûteuses étude de marché, d’élaborations techniques… pour que les réseaux sociaux soient le lieu de la promotion de l’ego.

Les réseaux sociaux pourraient être très utiles, pour peu qu’ils soient maîtrisés avec parcimonie. C’est cependant impraticable.

Il suffit de voir par exemple les facebook dédiés à la cause animale, axés sur des questions très particulières, tels que les adoptions, les appels à soutien. Normalement, les gens y ont un certain niveau de conscience, puisque le moteur de la présence sur ces réseaux, c’est une aide très concrète.

On peut pourtant voir que les réseaux sociaux poussent à poster des messages courts, émotionnels, de protestation ou d’outrage, le tout étant purement gratuit au sens où cela n’a aucun intérêt, aucun impact, que ce sont comme des mots prononcés tout seul dans son coin.

Et le souci est que les réseaux sociaux c’est surtout cela multiplié des milliards et des milliards de fois. Facebook a 2,4 milliards d’utilisateurs mensuels, Instagram en a un milliard. A l’échelle planétaire, la moitié des gens sont sur des réseaux sociaux.

Pour la France les chiffres sont de 46,9 millions de visiteurs uniques par mois pour Facebook et de 28 millions de visites uniques par mois pour Instagram. Est-ce que cela a changé les choses en France, par exemple pour les animaux ? Absolument pas, les réseaux sociaux ne font qu’accompagner l’individualisme.

Normalement, avec les réseaux sociaux et le degré de connectivité, un animal blessé devrait trouver un soutien concret de manière aisée et rapide. La même indifférence qu’auparavant prédomine pourtant, voire pire car les réseaux sociaux engloutissent le temps et l’attention des gens.

Impossible de ne pas remarquer ici d’ailleurs la marginalisation des refuges. Les refuges en France n’ont bien souvent pas de site internet, ou bien une page catastrophique bricolée sur un blog, voire un forum. Le plus souvent, cela passe par Facebook, et là on retombe dans le côté consommateur des gens.

Il y a inversement des gens qui n’existent que par les réseaux sociaux, à travers des images chocs. L214 ou 269 life n’auraient jamais pu émerger sans l’esprit consommateur propre aux réseaux sociaux. Avec les réseaux sociaux, il est facile de s’acheter une bonne conscience, de s’imaginer protester et donc d’être reconnu comme « contestataire », chacun faisant semblant individuellement et donc valorisant les autres, etc.

Les réseaux sociaux sont ainsi un mensonge permanent de chacun envers chacun. Les réseaux sociaux n’ont même pas à agir véritablement : la forme proposée suffit à réduire tout un chacun à son ego.

On peut ainsi dire que tout comme la société de consommation refuse que les gens s’effacent devant ce qui est plus grand qu’eux – la société, les animaux, la Nature -, elle met en place des points d’appuis à sa manière de concevoir les choses.

Les réseaux sociaux sont en fait une bulle. Ils sont pratiquement l’expression culturelle de la promotion de l’ego de la société de consommation. Qui ne veut pas voir sa personnalité déformée, son esprit happé par un rythme empêchant tout approfondissement… Qui ne veut pas être remplacé par son ego, n’a tout simplement pas le choix. L’abstinence est inévitable.

La réduction au strict minimum des réseaux sociaux est le minimum à faire ! Car le problème n’est pas technologie, c’est la psychologie. Qui perd son esprit dans une course superficielle doit remettre de l’ordre pour se retrouver… et se préserver !

De la fin d’un cycle au véganisme des années 2020

La seule voie menant au véganisme est le rejet de son ego et le fait d’assumer sa culpabilité individuelle dans son parcours jusque-là. Il faut une vie pour rattraper ce qu’on a fait – si c’est possible.

Le véganisme implique une soumission générationnelle, une acceptation de s’effacer, pour laisser place à une humanité nouvelle, avec un rapport totalement différent à la Nature. C’est une voie qui est celle de l’auto-critique et non de la complaisance, c’est une voie qui implique la correction ininterrompue de sa propre vie et non pas son auto-valorisation permanente.

Soit le véganisme des années 2020 est une véritable philosophie de vie, avec des valeurs bien déterminées dans les attitudes, les comportements, un effacement des egos, une correction de ses pensées.

Soit il ne sera qu’une posture individuelle, c’est-à-dire une imposture.

L’histoire du véganisme en France le montre parfaitement. Si on la regarde, on en arrive à constater quatre générations. La première génération date du début des années 1990, la seconde du début des années 2000, la troisième du début des années 2010, la quatrième s’est imposée dans la seconde partie des années 2010.

On a, au fur et à mesure :

– une génération alternative, en partie liée aux squats, à la culture punk hardcore, marginalisée par la société et ainsi sectaire, mais assumant le véganisme comme une morale complète ;

– un passage de flambeau partiel à une génération plus socialisée cherchant à développer le mouvement de manière plus constructive en cherchant à formuler des fondamentaux ;

– une vague de gens rejoignant la cause mais sans la vision du monde éthique et philosophique, car focalisée sur une sorte de protestation témoignage en mode noir c’est noir ;

– une récupération hipster et bobo et une intégration commerciale, parallèlement à un mouvement anarcho-symbolique (l’antispécisme).

Si l’on regarde les choses objectivement, on se dit alors que le véganisme a connu la même évolution que ce qu’on appelle en anglais les « subcultures », comme la musique disco, les hippies, les punks, les mods, les batcaves, etc.

Le déclic amenant au mauvais tournant est toujours le même : la première génération est dans le repli pour se préserver et a un rejet profond de la société. La seconde génération est portée par le message du premier et propose d’élargir le mouvement en construisant une vraie vision du monde capable de passer du refus de la société à sa conquête, sans rien dénaturer aux principes.

Le processus est encore en cours lorsque l’irruption de gens incapables de s’en tenir à des principes vient tout saccager. S’ensuit une récupération commerciale massive, avec une petite minorité s’imaginant encore dans le coup, alors qu’elle n’est qu’une pâle copie du mouvement, le simple témoignage historique de sa désintégration.

C’est là où on en est aujourd’hui. C’est donc de là qu’il faut partir.

Faut-il donc faire comme L214 et considérer que la cause ne peut triompher que sur des centaines d’années ? C’est absurde et moralement insoutenable.

Faut-il considérer qu’il existerait un « spécisme » flottant au-dessus de la société et manipulant les esprits ? C’est ridicule.

Faut-il vendre le véganisme à une pseudo critique du capitalisme qui montre sa fausseté en affirmant que tout changera… après la révolution seulement ? C’est mensonger. Croit-on vraiment que l’esprit gilets jaunes pourrait avoir un quelconque lien avec le véganisme ? Que la manière avec laquelle les syndicats gèrent la grève contre la réforme des retraites aboutirait à une progression du véganisme ?

Le véganisme exige la remise en cause de soi-même – cela implique une rupture avec la superficialité, un certain confort peut-être, des habitudes en tout cas. Avec des mœurs, avec des normes, avec des raisonnements. Et c’est un travail qui ne s’arrête jamais. C’est une révolution dans la vie quotidienne, avec des étapes, mais ne cessant pas.

C’est ce qui compte, car étant le plus important, c’est le concret, et l’irruption dans le concret provient toujours d’une détermination s’appuyant sur une correction devenue claire. C’est faire œuvre de purification morale dans un monde corrompu.

Pas de viande, pas de lait, pas d’œufs, pas d’alcool, pas de drogues, pas de rapports sexuels en-dehors d’un couple construit, pas de mensonges, pas de jeux d’argent, pas de fuite dans un au-delà imaginaire, pas de consumérisme, pas d’ego, pas d’égoïsme, pas de mise en avant de soi-même, pas de dépendance à la télévision ou aux séries, pas d’oubli des animaux.

Se constituer en opposition.

La chanson « Supernature »

Nous sommes en 1977 et Marc Cerrone, un Français est expatrié aux États-Unis, seul pays à avoir initialement reconnu ses apports musicaux. Il produit alors la chanson Supernature, un grand classique de la disco.

L’atmosphère est ici inquiétante, l’ambiance est froide et dansante, hypnotique, avec un véritable fond critique puisque les paroles sont un incroyable mélange de libération animale et de libération de la Terre.

Le texte raconte en effet la vengeance rétributive des animaux à l’encontre des humains, du Earth Crisis en mode disco, une quinzaine d’années avant, en quelque sorte.

La musique est de Cerrone, la chanteuse est Kay Garner. Les paroles sont de Cerrone et Alain Wisniak, mais une personne bizarrement non créditée est forcément à la base de tout cela : Lene Lovich.

On connaît cette figure new wave notamment de par la compilation Animal Liberation faite par Peta en soutien à la ligne de l’ALF en 1987.

Once upon a time science opened up the door
We would feed the hungry fields till they couldn’t eat no more
But the potions that we made touched the creatures down below, oh
And they grew up in the way that we’d never seen before

Il arriva une époque à laquelle la science ouvrit la porte
Nous pourrions alors nourrir les champs affamés jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus
Mais les potions que nous fîmes ont touché les créatures en-dessous, oh
Et elles ont grandi d’une manière jamais vue auparavant

Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature

They were angry with the man ’cause he changed their way of life
And they take their sweet revenge, as they trample through the night
For a hundred miles or more you can hear the people cry
But there’s nothin’ you can do even God is on their side

Elles étaient en colère avec l’homme car il a changé leur mode de vie
Et elles prirent leur vengeance sucrée en piétinant à travers la nuit
Sur des centaines de kilomètres ou plus vous pouvez entendre les gens crier
Mais il n’y a rien qu’on puisse faire car même Dieu est de leur côté

Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature, supernature

How can I explain, things are different today
Darkness all around and nobody makes a sound
Such a sad affair, no one seems to care

Comment puis-je expliquer, les choses sont différentes aujourd’hui
L’obscurité partout autour et personne ne fait un bruit
Une affaire si triste, personne ne semble s’en préoccuper

Supernature, better watch out
Look at you now, better watch out
Look at you now, supernature
Better watch out, there’s no way to stop it now

Supernature, vous feriez bien de faire attention
Regardez-vous maintenant, vous feriez bien de faire attention
Regardez-vous maintenant, Supernature
Vous feriez bien de faire attention, il n’y aucun moyen de stopper cela désormais

You can’t escape, it’s too late
Look what you’ve done, there’s no place that you can run
The monster’s made, we must pay
Supernature, you better watch out

Vous ne pouvez pas vous échapper c’est trop tard
Regardez ce que vous avez fait, il n’y a pas d’endroit où fuir
Les monstres créés, nous devons payer
Supernature, vous feriez bien de faire attention

Supernature, look at you now
Supernature, you better watch out
Supernature, look at you now
Better watch out, there’s no way to stop it now
You can’t escape, it’s too late

Supernature, regardez-vous maintenant
Supernature, vous feriez bien de faire attention
Supernature, regardez-vous maintenant
Vous feriez bien de faire attention, il n’y aucun moyen de stopper cela désormais
Vous ne pouvez pas vous échapper, c’est trop tard

(Supernature)

Look what you’ve done, there’s no place that you can run
The monster’s made, we must pay

Regardez ce que vous avez fait, il n’y aucun endroit où fuir
Les monstres créés, nous devons payer

Maybe nature has a plan to control the ways of man
He must start from scratch again many battles he must win
Till he earns his place on earth like the other creatures do
Will there be a happy end, now that all depends on you

Peut-être que la nature a un plan pour contrôler les voies de l’homme
Il doit recommencer à zéro, beaucoup de batailles il doit gagner
Jusqu’à ce qu’il mérite sa place sur la terre comme le font les autres créatures
Y aura-t-il un happy end, cela dépend de toi

Supernature, supernature
Supernature, supernature
Supernature

Voici également la vidéo originale de l’époque, avec une version raccourcie de la chanson (par rapport à la version des clubs, qui est l’original).

Les implications de la « cellule Demeter »

Déméter est la déesse grecque de l’agriculture et des moissons ; c’est le nom choisi par l’État pour sa « cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole ». Elle vient d’être annoncée par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner (le 13 décembre) et dépend de la gendarmerie qui l’a mise en place le 3 octobre.

Les vegans sont les premiers concernés, non pas car ils volent des tracteurs pour les collectionner comme le raconte Valeurs Actuelles il y a peu, mais de par la signification de ce dispositif. Il s’agit en effet :

a) de bloquer l’activisme visant à filmer les élevages, d’en parler, etc. ;

b) de bloquer l’activisme visant à bloquer les élevages, en mode « désobéissance civile » ;

c) de criminaliser les activistes opérant depuis la clandestinité, en premier lieu l’ALF.

Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, présente lui-même la chose de manière on ne peut plus parlante :

« Depuis quelques années, un phénomène grandit, inacceptable. De plus en plus, nos agriculteurs sont visés par des intimidations, des dégradations, des insultes. Des individus s’introduisent dans leurs exploitations agricoles et les bloquent. Ils font des films aux commentaires orduriers, avant de jeter les exploitants en pâture sur les réseaux sociaux. Parfois même, les intrus dégradent, cassent et volent.

En se multipliant, certains actes confinent à l’absurde. Je pense à ces militants animalistes responsables de la mort de plus de 1 400 animaux dans l’Eure pour leur avoir fait peur en s’introduisant dans un élevage de dindes.

Ces phénomènes, nous devons les prendre très au sérieux : ils gâchent la vie des agriculteurs, inquiets chaque jour de savoir ce qui peut leur arriver. Ils nourrissent l’agribashing, la défiance et l’hostilité. »

Mais il faut donc ajouter un autre point essentiel à ceux mentionnés plus haut :

d) de fusionner éleveurs et agriculteurs (cultivant la terre) – deux activités séparées – en un seul bloc promouvant le « terroir ».

L’opération a ici une immense portée culturelle. Il faut d’ailleurs ajouter les chasseurs, puisqu’il s’agit vraiment de former un bloc éleveurs – agriculteurs (cultivant la terre) – chasseurs. En pratique, cela ne peut être contré que lorsque les vegans diront, de manière fort logique, que les agriculteurs cultivant la terre ont tout à gagner à un pays végétalien. Il y a ici une réflexion à mener.

Il y a surtout une conséquence très importante, qu’il faut bien saisir. Voici ce que dit le ministre de l’Intérieur :

Créée au sein de la Gendarmerie nationale, la cellule Demeter va permettre :

– d’améliorer notre coopération avec le monde agricole et de recueillir des renseignements ;

– de mieux connaître les groupes extrémistes à l’origine des atteintes et de pouvoir anticiper et prévenir leurs actions ; 

– de pouvoir gagner en efficacité par des actions et des enquêtes mieux coordonnées. 

Cela implique des enquêtes approfondies sur le mouvement végan, des infiltrations, le recueillement de renseignements complets à tous les niveaux, etc. Si nous n’avons jamais utilisé Facebook, c’est justement pour éviter une telle situation. Avec Facebook, nous aurions démultiplié notre écho, mais nous aurions grillé tous les sympathisants de la libération animale. Ce qu’ont fait et ce que font ceux pour qui Facebook est le moyen absolu de communiquer pour agir.

Il faut bien ici comprendre que de par l’amplitude des tâches dévolues à la cellule Demeter, il y aura désormais l’enregistrement officiel de tous les messages postés sur les réseaux sociaux concernant la question animale au sens le plus large.

Avant, cela était bien entendu fait également, mais là ce sera fait légalement, avec tous les moyens publics officiels. Avec le terme « anticiper » et ceux de « mieux connaître », tout est permis, tout le monde va être surveillé de près, autant bien entendu que c’est techniquement possible.

Concrètement, si tel ou tel message donne prétexte à suspicion, il pourra y avoir écoute téléphonique, accès aux mails, filatures, à quoi s’ajoutent des tentatives d’infiltration, etc.

Voici d’ailleurs la présentation en mode blabla incompréhensible expliquant que les informations seront partagées à tous les niveaux étatiques :

La « Cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole » (cellule DEMETER) est destinée à apporter une réponse globale et coordonnée à l’ensemble des problématiques qui touchent le monde agricole en menant  collégialement les actions dans les 4 domaines :

– de la prévention et de l’accompagnement des professionnels du milieu agricole par des actions de sensibilisation et de conseils destinées à prévenir la commission d’actes délictueux, en lien avec les organismes de représentation du monde agricole (SDSPSR) ;

– de la recherche et de l’analyse du renseignement en vue de réaliser une cartographie évolutive de la menace et détecter l’émergence de nouveaux phénomènes et/ou groupuscules (SDAO en coordination avec SDPJ) ;

– du traitement judiciaire des atteintes visant le monde agricole par une exploitation centralisée du renseignement judiciaire, un partage ciblé de l’information et une coordination des investigations le nécessitant (SDPJ) ;

– de  la  communication,  en valorisant  opportunément  toutes  les  actions  menées  dans  ces  différents domaines par la gendarmerie au nom de la cellule DEMETER et par des actions ciblées destinées à rassurer le monde agricole par la prise en compte de ses problématiques par les forces de l’ordre (SIRPA).

Il est ici parlé par exemple de la SDAO. La SDAO, c’est la sous-direction de l’anticipation opérationnelle, c’est-à-dire les « services secrets » de la gendarmerie. La SDAO travaille évidemment de manière étroite avec le « Service Central du Renseignement Territorial », au sein de la « Direction Centrale de la Sécurité Publique » de la « Direction Générale de la Police Nationale ».

Pour dire les choses plus directement, il s’agit ici de structures dévolues à l’antiterrorisme notamment et disposant de moyens illimités. Si par exemple quelqu’un fait une action illégale, prend une photo et l’envoie, cette photographie sera décortiquée afin de voir son « empreinte » graphique et il sera recherché en ligne d’autres photos avec la même empreinte, ou bien un infiltré fera en sorte de se faire envoyer des photographies par une personne suspectée, histoire de vérifier.

Naturellement, les vols seront une thématique de la cellule Déméter… et même dans les faits sa principale activité. Mais la lutte contre la cause animale est ouvertement mise sur le même plan, ce qui est présenté comme suit :

« Le périmètre de compétence de la Cellule DEMETER englobe la prévention et le suivi :

– des actes crapuleux, qu’il s’agisse d’une délinquance de proximité et d’opportunité (ex : vol isolé de gasoil ou d’outillage,etc.) ou d’une criminalité organisée voire internationale (ex : filière de vol de GPS agricole, etc.) ;

– des actions de nature idéologique, qu’il s’agisse de simples actions symboliques de dénigrement du milieu agricole ou d’actions dures ayant des répercussions matérielles ou physiques. »

Il y a d’ailleurs une petite liste d’exemples d’actions et cela de la destruction de miradors aux free parties. On notera par contre, chose terrible, que la libération d’animaux est placée comme « action symbolique ». Les antispécistes sont ici les responsables de cela, en défigurant la lutte historique avec leur manie sans perspective du « témoignage ».

– les violations de domiciles ou intrusions visant des exploitations agricoles ou des professionnels de l’agro-alimentaire  aux  fins  d’y  mener  des  actions  symboliques  (libération d’animaux, tournage de vidéos clandestines,etc.) ;

– les  occupations  illégales  de  terrains  agricoles  aux  fins  d’installation  temporaire  par  des  groupes constitués de gens du voyage ou d’organisation d’événements festifs non autorisés (free-parties) ;

– les dégradations commises à l’encontre de certains professionnels liés aux milieu agricole ou agro-alimentaire (boucheries, abattoirs, activités de transport d’animaux d’élevage, etc.) ;

– les actions anti-fourrure liées à des élevages spécifiques ;

– les actions menées par certains groupes antispécistes vis-à-vis du monde de la chasse, intimement lié au monde agricole (impact de la régulation cynégétique sur la protection des cultures, identité rurale, etc.) peuvent être intégrées à la cellule DEMETER en fonction des circonstances.

Ce qui est d’autant plus grave, dans toute cette histoire, c’est que la gendarmerie nationale assume ouvertement d’avoir fait une convention de partenariat avec la FNSEA/JA. L’État assume de faire un partenariat avec un syndicat professionnel, tout en se prétendant neutre… voilà qui en dit long. Et c’est un argument qui sera à utiliser en cas d’accusation. L’État a choisi son camp et ne peut pas prétendre le contraire, comme le montre cette « convention ».

La présentation de la cellule Déméter contient également un exemple d’une telle opération « approfondie ».

A cela s’ajoute que la structure est étatique mais para-légale :

La Cellule DEMETER est une structure :

– fonctionnelle, n’imposant pas de mise à disposition co-localisée des personnels des entités impliquées  ;

– permanente afin d’assurer néanmoins un suivi constant de la problématique.

Elle est un réseau de référents (titulaire/suppléant) spécifiquement chargés, au sein de leurs sous-directions ou services, de la centralisation et de l’analyse des informations.

Ce n’est donc pas un service spécifique, qu’on pourrait évaluer. C’est une structure para-légale : elle est mise en place, mais au sein du reste, de manière non officielle, invisible. Cette structure est pourtant « permanente » et cependant, en même temps… elle n’existe pas. On ne peut donc pas lui rendre des comptes, en parler comme institution, car ce serait simplement quelque chose de transversal, etc.

C’est le degré zéro de la démocratie, ce qui n’est guère étonnant, puisque la gendarmerie, c’est une organisation de type militaire. Cela veut dire qu’une surveillance non seulement accrue, mais professionnelle et aux moyens militaires, attend désormais les végans. Et que personne ne pourra légalement avoir un regard déçu. Seule la gendarmerie et le sommet de l’État le pourra.

Cela ne dérangera nullement ceux pour qui être vegan c’est rester dans son coin à broyer du noir en se disant qu’on ne peut rien faire ou bien à signer des pétitions de L214 en s’imaginant faire quelque chose.

En apparence du moins, car dans les faits, la pression va commencer à devenir réellement intense.

Cela va être le début du reflux.

La tension qui va s’imposer va littéralement aplanir le mouvement pour les animaux. Car on ne contourne pas l’Histoire comme cela. Le véganisme date des années 1980-1990, voilà la vérité. Nier cela et s’imaginer que le véganisme était « nouveau », que la victoire allait être à court terme et facile, par les pétitions et la désobéissance civile, tout cela était prétentieux, vain, trompeur, mensonger.

C’est maintenant que la bataille va commencer. Et il n’y aura pas de compromis dans la défense de notre mère la Terre !

La COP 25, un échec dans le silence

L’avantage d’étudier les COP depuis plusieurs années, c’est qu’on voit la vanité des choses, puisque tout se répète, sans résultats pour autant.

On est dans une situation toujours plus tendue, entre une humanité qui sait, mais qui n’agit pas, et quand elle veut agir, se contente de symbolisme et d’engouement pour une adolescente médiatisée. On est au niveau zéro.

Les Français sont sans doute les pires ici. L’année dernière la COP 24 s’était tenue alors que les gilets jaunes connaissaient leur succès médiatique en France. Le résultat, tout est passé à la trappe.

Cette année, la COP25 s’est tenue alors que la France connaît un mouvement social contre la réforme prévue des retraites. Résultat, tout est passé à la trappe.

Mais on aurait tort de penser qu’une contre-actualité vient entièrement parasiter l’information. S’il y avait des réseaux structurés, des gens s’impliquant réellement, la COP25 aurait été une actualité pour tout le pays.

Ce n’est pas le cas toutefois, en réalité, de par un dédain fondamental pour l’écologie, pour un engagement approfondi, prolongé, développé, complexe en ce domaine.

Cela se voit très bien tant chez les gilets jaunes que dans le mouvement social actuel. Ce qui compte, c’est son petit horizon personnel, son goût pour la propriété, la promotion de son ego.

Les gens ne sont pas capables de dire qu’une chose est bien, ils refusent de se considérer comme plus petits que des choses plus grandes. Leur empathie est faible, leur compassion tout autant.

Le monde pourrait s’effondrer, ils ne le remarqueraient pas, ils ont d’autres préoccupations! D’ailleurs, il s’effondre…. A la base, la COP25 devait être au Brésil. Mais avec l’élection comme président de Jair Bolsonaro, un ultra anti-écologiste, cela a été annulé un an auparavant.

Hors de question pour le Brésil de soutenir une telle initiative. C’est alors le Chili qui a dû prendre le relais.

Seulement comme il y a une révolte populaire immense là-bas, avec une répression d’ailleurs au moyen de tortures, de viols et de meurtres en masse, c’est finalement en catastrophe que l’Espagne a récupéré la COP25 un mois avant. C’est dire l’ambiance tout de même !

La COP 25 a donc été présidée par le Chili… A Madrid. Rien qu’avec ça, on s’aperçoit qu’on marche sur la tête. Ce sont les apparences qui comptent, et elles seules.

Du côté français, cela a d’ailleurs été le service minimum, tout comme l’année dernière à la COP24. Voire pire en fait, car les figures importantes sont restées encore moins longtemps que l’année dernière, où c’était déjà risible. Mais comme tout le monde s’en moque…

Le premier ministre, Édouard Philippe s’est simplement chargé de passer pour un discours à l’ouverture, alors qu’Élisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, est restée… une journée, et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, quelques heures seulement.

Emmanuel Macron, qui n’était pas allé à la COP24, avait prévu officiellement de venir à la COP25, les 1 et 2 décembre. En plus, cela se tenait donc à Madrid, dans un pays frontalier. Mais il n’y est pas allé. Avec la réforme des retraites, il y avait autre chose à faire ! Par contre, les 3 et 4 il était à Londres, autre pays voisin. Pour le sommet de l’OTAN.

C’est qu’il ne faut pas se leurrer, chaque pays se bat pour ses intérêts seulement. Derrière l’unité de façade, il y a des intérêts divergents et aucune opinion publique pour une humanité unifiée. Partant de là…

Plusieurs pays ont carrément été des freins assumés : le Brésil en tête, mais également bien entendu les États-Unis, l’Australie, l’Arabie Saoudite.

Voici comment Étienne Leblanc, envoyé spécial de Radio-Canada à la COP25, résume leur comportement :

« Ils sont arrivés samedi, ces pays-là, comme s’il n’y avait pas eu deux semaines de discussions. C’est comme s’ils avaient fait table rase de toutes leurs demandes et on est presque repartis de zéro. »

Il y a aussi le groupe BASIC, avec justement le Brésil, mais aussi la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud. Ils disent : on est en développement, on a fait des efforts, à vous de payer si vous voulez qu’on fasse quelque chose.

Le fond du problème est effectivement là : à problème mondial, solution mondiale. Seulement il n’y a pas de gouvernement mondial… donc chaque pays fait comme ça l’arrange. Rien ne l’oblige à agir. Il peut négocier autant qu’il veut.

L’établissement d’un « marché du carbone » à l’échelle mondiale, « oublié » des accords de Paris, attend donc éternellement sa mise en place.

Qui n’aura évidemment jamais lieu, à moins d’un changement radical à l’échelle mondiale. Qu’on ne voit pas venir, car l’humanité ne veut pas reconnaître Gaïa : aveuglée par son auto-célébration, elle est déconnectée du réel.

D’où le fantasme anthropocentriste d’une hypothétique volonté à venir. Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a ainsi appelé à faire mieux.. la prochaine fois.

« La communauté internationale a perdu une occasion importante de faire preuve d’une ambition plus grande en matière d’atténuation, d’adaptation et de financement face à la crise climatique. Nous ne devons pas abandonner. »

Greta Thunberg s’est contenté du message suivant, dans le même esprit :

« Il semble que la COP25 soit en train de tomber en morceaux. La science est claire, mais la science est ignorée. Quoi qu’il arrive, nous n’abandonnerons pas. Nous ne faisons que commencer. »

La COP25 a même officiellement de son côté appeler à faire mieux… à la COP26. Il faut que chaque pays rehausse ses ambitions, etc.

Tout est ainsi fait, le silence du dédain comme le bruit des COP, pour nier le seul choix possible : la soumission à Gaïa.

Greta Thunberg «personnalité de l’année» du Time

Les événements tout récents permettent de vérifier si était juste le fait de dénoncer Greta Thunberg comme étant anti-vegan dans sa démarche. Ainsi, l’hebdomadaire américain Time vient de la nommer personnalité de l’année. On ne peut pas évaluer ici un jugement de valeur, car du point de vue du Time, la personnalité est simplement considérée comme ayant joué un grand rôle, que ce soit positif ou négatif.

Cela étant, il faut relativiser cette « neutralité », car les photos de Greta Thunberg, toutes récentes avec notamment plusieurs mise en scène au bord de la mer au Portugal, montrent que le Time magazine a accompagné celle-ci depuis au moins début décembre pour une opération « séduction ».

Mais allons au compte-rendu de son activité, avec la très longue présentation de Greta Thunberg dans le Time. Le mot vegan revient une seule fois, au moment où un militant de Greenpeace lui amène à manger un pad thaï vegan, plat qu’elle découvre pour la première fois. Super !

Le mot animal n’est pas présent dans le texte. Celui de Nature non plus. Seul le mot naturel est présent pour parler de l’océan qui mugit et fait comme un écho du monde naturel à la « petite voix » de Greta Thunberg. Poétique. Mais sans intérêt.

Le mot écocide n’est pas dans le texte. Les mots écologistes et écologie ne sont pas là, celui d’écologique est présent… une fois, lorsque il y a une citation de Greta Thunberg disant que la crise sociale serait aussi une « crise écologique ».

Le terme réducteur d’environnementaliste revient sept fois, celui d’environnement une seule fois. Même pour faire semblant, il semble que cela soit trop difficile.

Regardons aussi dans l’article expliquant le « choix » du Time. Il est écrit par son rédacteur en chef. Ici, aucun terme n’est trouvable.

Cela veut clairement tout dire. Il n’y a même plus de contenu, c’est juste une sorte de protestation illuminée contre la fin du monde. C’est une nouvelle religion. L’oubli des animaux est vraiment incroyablement révélateur : les animaux sont les premiers concernés sur la planète, mais ils n’existent pas !

Et ne parlons pas de ce refus de reconnaître la Nature, de dénoncer l’anthropocentrisme, etc.

Mais regardons deux autres choses très récentes et consistant cette fois en les propos de Greta Thunberg directement.

Elle était ainsi à la COP25 se tenant à Madrid (au lieu d’au Chili) et elle a tenu un petit discours le 11 décembre.

Dans ce discours du 11 décembre 2019, Greta Thunberg ne parle ni du véganisme, ni des animaux, ni de l’écocide, ni de la Nature. Elle n’emploie pas le terme environnement non plus, ni même ceux d’écologie, d’écologique, d’écologiste.

Là on peut dire que les choses sont franchement sans ambiguïté.

Elle a également accordé une interview exclusive à l’important quotidien suédois Dagens Nyheter, d’orientation libérale. Là c’est comme le Time, c’est un choix marketing très précis. Accorder une interview quand on ne le fait jamais, surtout dans son pays alors qu’on est connu mondialement, cela ne relève pas du hasard.

Pareillement, on n’y trouve rien du tout des termes mentionnés plus haut. C’est un discours sur le réchauffement climatique, les gouvernements qui ne font rien car ils sont méchants, qu’ils réfutent la science, etc.

C’est un point de vue régressif, qui va très bien avec le côté c’est la fin du monde, les gouvernements nous ont trahi, etc. Zéro remise en cause des mentalités, zéro transformation de soi, zéro morale, rien !

Concluons sur une anecdote révélatrice. L’association américaine PeTA vient tout juste de nommer Greta Thunberg comme modèle pour la jeunesse 2019 à l’occasion d’une remise annuelle de prix. Tout cela parce qu’elle contribuerait au véganisme et qu’elle parlerait « passionnément » de son « amour pour les animaux ». Incroyable, PeTA n’a peur de rien. C’est de la récupération pure et dure, de manière ultra-forcée.

Mais voilà ce qu’est Greta Thunberg. Une adolescente idéaliste, sans contenu, utilisée par n’importe qui pour projeter n’importe quoi. C’est un faire-valoir généralisé, une gigantesque bulle relevant des médias et des réseaux sociaux. Encore une fois, comment va-t-elle s’en sortir sur le plan personnel après avoir été le jouet de tout cela ?