En avant vers l’Éden !

Pour que la justice soit obtenue…

“Les yeux fixés sur les profondeurs de l’enfer maintenant je sais / Ce qu’est ma place dans ce monde / Car la justice ne sera obtenue que / Si je me jette dans la ligne de front”

Il y a énormément de choses qui sont mises sur la table par la pandémie et de ce fait il n’y a jamais eu autant à faire pour les amis des animaux, tant sur le plan pratique que sur celui de la réflexion.

Et il y a un constat absolument évident avant toute chose. Oui, il aurait mieux valu que l’humanité écoute l’ALF des années 1970-1990 et qu’il soit mis un terme à l’expérimentation sur les animaux, à l’utilisation généralisée des animaux pour les différentes industries dont l’agro-alimentaire. Oui, il aurait mieux valu que l’humanité écoute l’ELF des années 1990 et qu’elle cesse immédiatement la destruction des environnements sauvages.

Le Britannique Barry Horne est mort lors de sa grève de la faim en novembre 2001 dans l’indifférence de l’opinion publique internationale – vingt après il apparaît comme quelqu’un précurseur de la nécessaire bataille pour la compassion.

Le choix de la confrontation choisie alors reflétait l’exigence d’une époque : il portait les valeurs qui auraient pu permettre à l’humanité de ne pas se retrouver dans la situation où elle est aujourd’hui. La pandémie ne se serait pas produite si l’humanité ne s’était pas précipitée dans une démarche qui relève de l’élan destructeur pour l’ensemble de la planète.

Nous pensons donc, encore plus qu’avant, que tout a été dit déjà au début des années 1990 en ce qui concerne la question du rapport aux animaux et à la Nature en général. Oui, c’est bien d’une guerre dont il s’agissait et dont il s’agit.

Il suffit de lire les textes des nombreux groupes vegan straight edge d’alors, qui témoignent de l’affirmation de la rupture, pour voir à quel point tout était déjà très clair au début des années 1990 : Declaration of war, Holy War, This is it (The storm is coming), Firestorm / Forged in the flames, Declaration, Memento mori (Hunters will be hunted), Stand by…

C’est tellement vrai que même le repli, la retraite, le désengagement… avaient davantage de sens que la participation à une logique infernale. Il y a bien plus de dignité dans le Krishnacore des années 1990, ces gens alternatifs de la culture punk hardcore se tournant vers Krishna, comme les groupes 108 et Shelter, que dans tous ceux qui ont accepté comme une fatalité le triomphe de l’indifférence à l’égard de la misère – que celle-ci soit humaine ou animale.

Nous n’appartenons malheureusement pas à ces importantes années 1990 : nous faisons partie d’une génération formée au véganisme au début des années 2000. Nous pensions alors dans tous les pays que nous consistions la deuxième étape du mouvement : en réalité, nous étions les restes de la première vague.

Nous pensions que tout irait de l’avant : tout n’a cessé de reculer.

Les années 2010-2020 ont été marquées par l’apparition du véganisme à l’échelle du pays, là où c’était auparavant une démarche isolée, entièrement marginale, portée par des milieux uniquement alternatifs, que ce soit dans gens post-hippie ou dans la scène punk / hardcore. Le capitalisme « vegan » s’est massivement développé, les gens se définissant comme « militants » n’avaient plus rien à voir avec un quelconque esprit alternatif.

Fallait-il s’adapter, se corrompre, ou maintenir la flamme ?

Avant, assumer le véganisme, c’était assumer une marginalité de fait, à une époque où le mot n’était même pas connu de la société. Les gens qui ont fait le choix du véganisme dans les années 1990 subissaient une pression énorme, leur mérite n’en est que plus grand. C’est également vrai encore au tout début des années 2000 et nous saluons ce formidable combat mené.

Après, disons au fur et à mesure de la décennie 2010, adopter la pratique du véganisme, c’était de plus en plus simplement faire un choix de consommation, avec une prétention morale, mais bien souvent individuelle. Ce n’était plus une vision du monde, simplement un aspect considéré comme essentiel, mais plus relié à aucune culture alternative.

Nous n’avons bien entendu rien contre le nouveau et il faut bien évoluer. Mais ce que nous avons vu, c’est une nouvelle génération de personnes égocentriques, réduisant leur véganisme à une question individuelle. Cette démarche refusant toute dimension collective alternative est même allée avec la démarche générale de faire comme si l’ALF n’avait pas existé, comme si le véganisme serait né dans les années 2010, à partir de quelques obscurs intellectuels – des professeurs d’universités américaines – ayant écrit tel ou tel ouvrage.

C’est très clairement une tentative de liquidation de l’histoire du véganisme et de la libération animale. Et ce terme de liquidation, nous ne le choisissons pas par hasard.

Depuis 2008 et l’ouverture du site La Terre dabord ! (ou depuis le site Vegan Revolution en 2004), nous avons vu beaucoup de groupes et de structures se monter et disparaître, des gens s’impliquer et disparaître.

Nous avons vu beaucoup de gens prétendent à des choses très radicales, en contournant soigneusement la question de l’ALF et se contentant de rechercher finalement des gloires éphémères au moyen de l’éclat des flashs des photos ou la lumière des caméras.

Et à côté de cela, nous avons vu et rencontré des gens, relevant des couches populaires, très sympathiques s’impliquant, mettant la main à la pâte, aidant concrètement les animaux… mais strictement incapable d’acquérir des notions, des principes « théoriques » et courant derrière n’importe quelle initiative.

Nous ne savons pas si la pandémie va changer cette situation où, pour résumer, des gens opportunistes ont récupéré le véganisme pour mener une carrière médiatique ou pseudo rebelle. Une chose est certaine en tout cas : l’antispécisme s’est montré comme totalement vain avec sa critique d’un « spécisme » imaginaire et des structures comme L214 ont perdu toute crédibilité.

Il apparaît comme de plus en plus clair, pour de plus en plus de gens, que c’est tout ou rien, que soit l’humanité bascule dans le véganisme, soit c’est la catastrophe.

La pandémie montre très bien que le rapport à la Nature, tel qu’il existe, n’est plus tenable. L’humanité doit reculer, elle doit prendre une place constructive dans le système-Terre.

En même temps, l’écrasante majorité des gens maintient son refus de rompre avec le passé et considère encore qu’il suffit d’accompagner un hypothétique changement pour améliorer les choses. Le mouvement autour de Greta Thunberg est un exemple de cette hypocrisie « accompagnatrice ».

Il ne faut pas se leurrer : les gens ont leur confort. La rupture, pour qu’elle ait lieu, exige un déclic, une grande détermination, un engagement. Beaucoup de gens, prêts à faire le saut ou même l’ayant déjà fait, préfèrent se tourner vers une petite vie à l’écart, essayant d’aider de-ci de-là, en sachant pertinemment que c’est totalement insuffisant et que ce n’est pas de cela dont il s’agit.

La culture vegan straight edge est pour nous une clef essentielle pour avancer, parce qu’elle répond justement aux exigences de notre époque en exprimant, au début des années 1990, un grand sens de la rupture exactement sur les points essentiels en ce qui concerne les animaux et la Nature.

Nous ne disons pas qu’il n’y a pas d’autres questions qui se posent. Cependant, pour disposer d’une base personnelle adéquate dans la vie, nous pensons qu’il est fondamental de ne pas utiliser de produits d’origine animale, de ne pas consommer de drogues ni d’alcool, de pas avoir de rapport sexuel en-dehors de la perspective du couple.

C’est ainsi qu’on peut être authentique et avoir la base pour réellement construire sa personnalité, sans être contaminé par une société adepte de l’hypocrisie, de l’indifférence, de la fuite en avant.

Nous ne disons pas que cela suffit, mais c’est un préalable.

Et ce préalable implique, pour l’aspect positif, de se tourner vers les animaux et d’ailleurs les êtres vivants en général, de considérer la Nature comme un ensemble qu’il s’agit de défendre. Le mot d’ordre pour le 21e siècle doit être La Terre d’abord ! Et il va s’affirmer au fur et à mesure de la douloureuse « digestion » de la pandémie par l’humanité.

En avant vers l’Éden !

« No Spiritual Surrender »

Nous sommes en 1990 et le groupe Inside Out, qui existe depuis deux ans, sort un mini-album, tiré à 5000 exemplaires, à l’époque en vinyl (4000 en noir comme c’est l’usage, 1000 en bleu). Ce sera la seule réalisation du groupe.

« No spiritual surrender » contient quatre titres et le chanteur a vingt ans : c’est Zack de La Rocha. Deux ans plus tard sortira le premier album de Rage against the machine, son nouveau groupe, dont le nom vient d’une chanson d’Inside out.

Le guitariste, Vic DiCara, âgé de vingt ans lui aussi, a en fait quitté le groupe, pour devenir moine vaishnavite de la mouvance surnommée « Hare Krishna ». Il rejoint le groupe Shelter pour son album Quest of certainty en 1992, pour former ensuite le groupe 108, qui produit immédiatement deux albums célébrant Krishna, Holyname et Songs of separation, en 1994 et 1995.

Le bassiste d’Inside out vient quant à lui de Gorilla Biscuits, le batteur de Chain of Strength, deux groupes connus de hardcore, de philosophie straight edge.

Le mini-album s’intitule « No spirituel surrender » et c’est le titre de la chanson la plus réussie, en qui on a tout l’esprit tant de Rage against the machine que de 108. Il y a cette idée de refuser ce qu’on qualifiera ici Babylone, par facilité et pour l’image d’une société où tout est corrompue, viciée, mais également corrupteur et vicieux.

Voici la chanson, ainsi qu’une version live interprétée par 108, avec des images soulignant le choix des membres de ce groupe de puiser en Krishna l’inspiration pour s’opposer à cette société.

En voici les paroles, l’ensemble étant repris une seconde fois.

Try to make me bow down to you
Try to take my identity
Try to make me just another pebble on the beach

Essaie de me faire plier devant toi
Essaie de prendre mon identité
Essaie de faire de moi juste un autre galet sur la plage

A green mind twists the plan
A cold hand trying to silence me
You try to grasp me, but I’m out of reach

Un esprit immature dresse de manière tordue ce plan
Une main froide en train d’essayer de me rendre silencieux
Tu essaies de m’attraper, mais je suis hors d’atteinte

No Spiritual Surrender
No Spiritual Surrender

Pas de reddition spirituelle
Pas de reddition spirituelle

Cette chanson est une grande source d’inspiration, qu’on apprécie ou pas, de par l’énergie et la perspective tracée. C’est une piqûre de rappel pour toujours avoir à l’esprit qu’aucune paix spirituelle – ou mentale, intellectuelle, sensible, comme on voudra – n’est possible avec la société telle qu’elle existe.

On ne peut pas ne pas chercher à s’opposer. Et cela exige une profonde attention pour rester hors d’atteinte. C’est là tout le noyau de la philosophie vegan straight edge, qui est un désengagement pour vivre, au quotidien, sur la base de valeurs inversement fondamentalement positifs. À la destruction systématique qu’implique la société telle qu’elle existe, l’opposition répond par le refus et l’affirmation de valeurs positives : la célébration de la vie telle qu’elle est en elle-même.

Voici le mini-album en entier.

Réseaux sociaux : une abstinence nécessaire

S’abstenir est une chose très importante dans un monde qui nous force à faire des choses et, qui plus est, à trouver bien qu’on le fasse. L’écrasante majorité des gens, pour ne pas dire tout le monde, s’imagine choisir ce qu’il fait, alors qu’en réalité tout est impulsé par un environnement social, économique, culturel.

On entend souvent l’argument selon lequel le véganisme peut réussir à s’imposer, car le consommateur est roi. C’est là croire en les mensonges de la société de consommation. En réalité, le roi, c’est celui qui produit et qui parvient à vendre ses produits dans la concurrence d’autres produits.

Si la « viande » est consommée en France, ce n’est pas par choix. C’est parce que tous les supermarchés proposent cette nourriture traditionnelle à bas prix. Nul spécisme là-dedans, simplement le prolongement d’une situation passée s’étant modernisée et étant passée à un niveau industriel. Pour contre cela, il faut une utopie, quelque chose de positif.

Pour avoir une utopie, il faut néanmoins disposer du temps pour réfléchir. Or, la course propre aux réseaux sociaux ne le permet pas. Qui veut réellement rompre avec la course à la superficialité ne peut que proposer l’abstinence à ce niveau.

La raison est évidente : avec les réseaux sociaux, il n’y a pas de juste milieu. Ils sont façonnés par des entreprises pour obéir au principe de l’accumulation de messages, afin de permettre le financement par la publicité. Tout est donc fait, au moyen de coûteuses étude de marché, d’élaborations techniques… pour que les réseaux sociaux soient le lieu de la promotion de l’ego.

Les réseaux sociaux pourraient être très utiles, pour peu qu’ils soient maîtrisés avec parcimonie. C’est cependant impraticable.

Il suffit de voir par exemple les facebook dédiés à la cause animale, axés sur des questions très particulières, tels que les adoptions, les appels à soutien. Normalement, les gens y ont un certain niveau de conscience, puisque le moteur de la présence sur ces réseaux, c’est une aide très concrète.

On peut pourtant voir que les réseaux sociaux poussent à poster des messages courts, émotionnels, de protestation ou d’outrage, le tout étant purement gratuit au sens où cela n’a aucun intérêt, aucun impact, que ce sont comme des mots prononcés tout seul dans son coin.

Et le souci est que les réseaux sociaux c’est surtout cela multiplié des milliards et des milliards de fois. Facebook a 2,4 milliards d’utilisateurs mensuels, Instagram en a un milliard. A l’échelle planétaire, la moitié des gens sont sur des réseaux sociaux.

Pour la France les chiffres sont de 46,9 millions de visiteurs uniques par mois pour Facebook et de 28 millions de visites uniques par mois pour Instagram. Est-ce que cela a changé les choses en France, par exemple pour les animaux ? Absolument pas, les réseaux sociaux ne font qu’accompagner l’individualisme.

Normalement, avec les réseaux sociaux et le degré de connectivité, un animal blessé devrait trouver un soutien concret de manière aisée et rapide. La même indifférence qu’auparavant prédomine pourtant, voire pire car les réseaux sociaux engloutissent le temps et l’attention des gens.

Impossible de ne pas remarquer ici d’ailleurs la marginalisation des refuges. Les refuges en France n’ont bien souvent pas de site internet, ou bien une page catastrophique bricolée sur un blog, voire un forum. Le plus souvent, cela passe par Facebook, et là on retombe dans le côté consommateur des gens.

Il y a inversement des gens qui n’existent que par les réseaux sociaux, à travers des images chocs. L214 ou 269 life n’auraient jamais pu émerger sans l’esprit consommateur propre aux réseaux sociaux. Avec les réseaux sociaux, il est facile de s’acheter une bonne conscience, de s’imaginer protester et donc d’être reconnu comme « contestataire », chacun faisant semblant individuellement et donc valorisant les autres, etc.

Les réseaux sociaux sont ainsi un mensonge permanent de chacun envers chacun. Les réseaux sociaux n’ont même pas à agir véritablement : la forme proposée suffit à réduire tout un chacun à son ego.

On peut ainsi dire que tout comme la société de consommation refuse que les gens s’effacent devant ce qui est plus grand qu’eux – la société, les animaux, la Nature -, elle met en place des points d’appuis à sa manière de concevoir les choses.

Les réseaux sociaux sont en fait une bulle. Ils sont pratiquement l’expression culturelle de la promotion de l’ego de la société de consommation. Qui ne veut pas voir sa personnalité déformée, son esprit happé par un rythme empêchant tout approfondissement… Qui ne veut pas être remplacé par son ego, n’a tout simplement pas le choix. L’abstinence est inévitable.

La réduction au strict minimum des réseaux sociaux est le minimum à faire ! Car le problème n’est pas technologie, c’est la psychologie. Qui perd son esprit dans une course superficielle doit remettre de l’ordre pour se retrouver… et se préserver !

De la fin d’un cycle au véganisme des années 2020

La seule voie menant au véganisme est le rejet de son ego et le fait d’assumer sa culpabilité individuelle dans son parcours jusque-là. Il faut une vie pour rattraper ce qu’on a fait – si c’est possible.

Le véganisme implique une soumission générationnelle, une acceptation de s’effacer, pour laisser place à une humanité nouvelle, avec un rapport totalement différent à la Nature. C’est une voie qui est celle de l’auto-critique et non de la complaisance, c’est une voie qui implique la correction ininterrompue de sa propre vie et non pas son auto-valorisation permanente.

Soit le véganisme des années 2020 est une véritable philosophie de vie, avec des valeurs bien déterminées dans les attitudes, les comportements, un effacement des egos, une correction de ses pensées.

Soit il ne sera qu’une posture individuelle, c’est-à-dire une imposture.

L’histoire du véganisme en France le montre parfaitement. Si on la regarde, on en arrive à constater quatre générations. La première génération date du début des années 1990, la seconde du début des années 2000, la troisième du début des années 2010, la quatrième s’est imposée dans la seconde partie des années 2010.

On a, au fur et à mesure :

– une génération alternative, en partie liée aux squats, à la culture punk hardcore, marginalisée par la société et ainsi sectaire, mais assumant le véganisme comme une morale complète ;

– un passage de flambeau partiel à une génération plus socialisée cherchant à développer le mouvement de manière plus constructive en cherchant à formuler des fondamentaux ;

– une vague de gens rejoignant la cause mais sans la vision du monde éthique et philosophique, car focalisée sur une sorte de protestation témoignage en mode noir c’est noir ;

– une récupération hipster et bobo et une intégration commerciale, parallèlement à un mouvement anarcho-symbolique (l’antispécisme).

Si l’on regarde les choses objectivement, on se dit alors que le véganisme a connu la même évolution que ce qu’on appelle en anglais les « subcultures », comme la musique disco, les hippies, les punks, les mods, les batcaves, etc.

Le déclic amenant au mauvais tournant est toujours le même : la première génération est dans le repli pour se préserver et a un rejet profond de la société. La seconde génération est portée par le message du premier et propose d’élargir le mouvement en construisant une vraie vision du monde capable de passer du refus de la société à sa conquête, sans rien dénaturer aux principes.

Le processus est encore en cours lorsque l’irruption de gens incapables de s’en tenir à des principes vient tout saccager. S’ensuit une récupération commerciale massive, avec une petite minorité s’imaginant encore dans le coup, alors qu’elle n’est qu’une pâle copie du mouvement, le simple témoignage historique de sa désintégration.

C’est là où on en est aujourd’hui. C’est donc de là qu’il faut partir.

Faut-il donc faire comme L214 et considérer que la cause ne peut triompher que sur des centaines d’années ? C’est absurde et moralement insoutenable.

Faut-il considérer qu’il existerait un « spécisme » flottant au-dessus de la société et manipulant les esprits ? C’est ridicule.

Faut-il vendre le véganisme à une pseudo critique du capitalisme qui montre sa fausseté en affirmant que tout changera… après la révolution seulement ? C’est mensonger. Croit-on vraiment que l’esprit gilets jaunes pourrait avoir un quelconque lien avec le véganisme ? Que la manière avec laquelle les syndicats gèrent la grève contre la réforme des retraites aboutirait à une progression du véganisme ?

Le véganisme exige la remise en cause de soi-même – cela implique une rupture avec la superficialité, un certain confort peut-être, des habitudes en tout cas. Avec des mœurs, avec des normes, avec des raisonnements. Et c’est un travail qui ne s’arrête jamais. C’est une révolution dans la vie quotidienne, avec des étapes, mais ne cessant pas.

C’est ce qui compte, car étant le plus important, c’est le concret, et l’irruption dans le concret provient toujours d’une détermination s’appuyant sur une correction devenue claire. C’est faire œuvre de purification morale dans un monde corrompu.

Pas de viande, pas de lait, pas d’œufs, pas d’alcool, pas de drogues, pas de rapports sexuels en-dehors d’un couple construit, pas de mensonges, pas de jeux d’argent, pas de fuite dans un au-delà imaginaire, pas de consumérisme, pas d’ego, pas d’égoïsme, pas de mise en avant de soi-même, pas de dépendance à la télévision ou aux séries, pas d’oubli des animaux.

Se constituer en opposition.

Renaud : «On Va Pas S’laisser Pourrir»

L’album de Renaud Les mômes et les enfants d’abord témoigne de la prise de conscience des dégâts causés par les drogues et l’alcool et du rejet nécessaire. C’est une excellente contribution contre le « romantisme » que la société laisse se développer aux sujets de ces sources de destruction, qui seraient un témoignage de « rébellion », un moyen de pousser sa « créativité », de développer sa « personnalité », etc.

Par sa démarche, Renaud rappelle ici la nécessité sociale du moralisme, de la protection de l’enfance. Il nous donne de plus une leçon à tous de par sa lutte personnelle contre l’alcool et sa capacité franche à se remettre en cause.

Voici les paroles :

Y a un mec à la récré
Un grand, un lycéen
Carrément m’a proposé
De fumer un joint

Un chichon comme les grands
Eh ouais, un tarpé
J’lui ai dit merci vraiment
Pis j’ai décampé

Je veux pas tomber là-dedans
Et surtout à mon âge
Le cannabis c’est p’t’être marrant
Mais ça fait des ravages

Comme l’a encore insisté
Pour fumer son herbe
J’lui ai dit tu peux t’la garder
C’est que d’la merde

On va pas s’laisser pourrir
Par ces saloperies
Qui nous font que des délires
On est bien trop p’tits

Marijuana, cannabis
C’est que du poison
J’vais p’t’être prévenir la police
Qu’y z’y donnent une leçon

Y a un mec de CM2
Qui m’a proposé
De fumer un clope ou deux
Histoire de frimer
Moi je veux me distinguer
En tirant pas de clopes
En restant en bonne santé
J’ai trop d’amour propre

Dans dix ans ou dans cent jours
Et pour toute la vie
Sera à deux paquets par jour
Ça sera pas joli

C’est compter sans ce putain
De cancer à la con
Qu’a emporté mes copains
Et ils sont légion

On va pas s’laisser pourrir
Par cette nicotine
C’te drogue dure qui fait mourir
Pire que l’héroïne

Ça vous fait chlinguer à mort
Les vêtements, les cheveux
Vous croyez, oui mais à tort
Qu’ça séduit un peu les meufs

Y a un mec qu’est au collège
Qu’est venu me voir hier
Y devait être un petit peu Belge
M’a proposé une bière

Y a un bistrot juste en face
D’ailleurs que c’est interdit
J’me suis dit c’est une farce
Parce qu’on sert pas les petits

J’ai bu une grenadine
Pendant qu’mon pote poivrot
S’enfilait ses cinq bibines
J’dirais qu’c’est un peu trop
Mais il avait l’air content
Pas d’l’alcool mais d’l’ivresse
L’a titubé un moment
J’lui ai dit « faut que j’te laisse »

On va pas s’laisser pourrir
Par cet alcool à la con
On va pas s’laisser mourir
S’bousiller le foie, l’colon

Pochetronner ça vous allume
Même une bière de temps en temps
T’a l’cerveau comme une enclume
Dans la tête rien que du vent

J’connais un pote chanteur
Qu’a paumé dix ans d’sa vie
Dix ans d’errance, de malheur
Dépression, hypocondrie
Tout ça à cause du pastis
Le seul poison de Marseille
À cause d’une vie bien trop triste
À cause d’une vie sans soleil

On va pas s’laisser pourrir
Par cet alcool à la con
Qui nous empêche d’écrire
Pour les p’tits sauvageons

Écluser ben c’est mourir
Lentement, à petit feu
Moi j’ai voulu en finir
L’alcool j’lui ai dit adieu
J’lui dis adieu…

Straight edge pour faire face à la multiplication des dépendances

Lorsque le mouvement straight edge est apparu aux États-Unis dans la scène punk au début des années 1980, trois dépendances étaient visées : l’alcool, les drogues, le fait de coucher avec n’importe qui. C’était cela les paroles du premier groupe de musique portant la culture straight edge, Minor Threat.

Quarante ans après, on peut voir qu’avec le développement de la société de consommation, le nombre de dépendances et leur intensité a explosé. Il y a les jeux d’argent, les réseaux sociaux, la pornographie, les séries, des activités sportives intenses, les jeux vidéos sur console, la voiture, le smartphone, les combats pratiquement sans règles sur les rings, les jeux pour tablette ou smartphone à la Candy crush…

Le nombre de choses où les gens restent « scotchés » est devenu tellement important que la dépendance peut même éventuellement changer de forme, pas de contenu : hier on traînait sur Facebook, aujourd’hui sur Instagram. On regarde Netflix, demain cela sera un autre service.

Car consommer implique de consommer même ce qu’on consomme. C’est la hantise d’Apple que de passer de mode, et qui pourtant n’échappera pas à cette loi du turbocapitalisme. Tout doit être consommé rapidement et efficacement, toujours renouvelé. Hier on appelait cela les modes, aujourd’hui on appelle cela les tendances.

Il est inutile de préciser que le véganisme est devenu lui-même une telle tendance et qu’il a déjà épuisé son quota de crédibilité sur le plan de la consommation. Il y aura quelques restes, car les gens continueront de passer d’une chose à une autre, du non-véganisme au véganisme, puis à autre chose. Mais ce n’est déjà plus une vraie tendance, à part pour les médias pour racler des dernières possibilités de buzz ou d’articles.

C’est bien la preuve qu’il y a tout intérêt pour les personnes véganes à s’intéresser à la culture straight edge. Bien sûr, elle non plus n’échappe à la tyrannie de la consommation et il en existe bien des versions édulcorées, surtout en ce qui concerne le refus de coucher avec n’importe qui, même avec un prétendu « respect ».

Toutefois le principe authentiquement straight edge du désengagement par rapport à toute dépendance est incontournable pour qui cherche à décrocher des valeurs dominantes. Une personne végane accro au simili-carné, c’est une personne encore accro au carné dont le simili-carné n’est qu’un ersatz. C’est un problème.

On pourrait résumer tout cela en disant que le mouvement straight edge est la rencontre fructueuse des valeurs punk et hippie. Ce n’est pas pour rien que des membres de l’un des principaux groupes du straight edge, Youth of today, qui a par ailleurs introduit le végétarisme dans le straight edge, sont passés chez les Hare Krishna. Nul besoin d’aller aussi loin dans l’illusion spirituelle (ou la dérive sectaire), mais en tout cas l’exigence culturelle doit être aussi profonde, aussi dense.

C’est ce qui fait d’ailleurs que les Hare Krishna, même s’ils ne sont pas vegans, auront plus d’intérêt que des antispécistes habillés en noir et broyant du noir ou des straight edge résumant le refus de la dépendance à une simple « protection » individuelle.

Car les dépendances ne sont pas des abstractions, mais une réalité culturelle. Et qui produit cette culture ? Une société qui vise la consommation superficielle et n’éprouve aucun intérêt pour les choses profondes, que ce soit dans les domaines de la sensibilité ou des arts.

Croire qu’une telle société puisse devenir vegan, dans les conditions actuelles, est une illusion complète. Il faut d’abord que les gens décrochent, qu’ils se désintoxiquent.

Et moins ils le font, plus la société a des valeurs pourries, corrompues, exigeant une véritable tempête de feu, pour paraphraser le troisième grand groupe de musique straight edge, Earth Crisis.

On vit dans une société totalement bloquée. Alors, où sont les jeunes portant une culture alternative, du niveau de mai 1968 ou des hippies américains, des squatters allemands des années 1980 ou des punks anglais ? Les raisons de rompre avec les valeurs de la société ne sont-elles pas mille fois plus nombreuses ?

Malheureusement, comme on le sait, les contre-sociétés existantes en France ne sont que religieuses. Des dizaines de milliers de gens, voire des centaines de milliers de gens se sont réfugiés dans la dépendance, se précipitant dans un profond infantilisme. Ces contre-sociétés sont elles-mêmes le reflet de la société : elles sont fades, formelles, sans utopie. Les religions ne donnent que des images en noir et blanc.

Or, ce qu’il nous faut, c’est de la couleur, c’est d’être gai comme la vie. Et la vie est riche, car elle n’a pas de dépendance à des choses qui n’ont aucun rapport avec elle. On en est au point où on se demanderait comment feraient les gens pour vivre si internet était coupé pendant une semaine. Comme s’ils vivaient vraiment !

Aussi y a-t-il tout intérêt d’adopter la philosophie straight edge, qui se résume à un principe simple : pas d’intoxication physique ou mentale par des choses répétitives et encore moins si elles sont impulsées par des industries en tirant du profit.

C’est avec cela qu’on libère sa psychologie et c’est précisément pour cette raison que les straight edge se sont tournés vers le végétarisme, puis le véganisme. Ils se sont demandés : qu’est-ce que je fais de manière mécanique, sans réfléchir, de manière imposée sans même que je le remarque.

Le jour où la société commencera une telle remise en question raisonnable et exigeante, alors l’horizon de la libération commencera à être visible.

Les trois récentes grandes vagues de crise des opioïdes aux États-Unis

Google vient d’annoncer en cette mi septembre 2019 la mise en place d’un site spécial, recovertogether.withgoogle.com, destiné aux… 21 millions d’Américains dépendants aux opioïdes. Avec deux cartes en lignes : les adresses de 83 000 centres pour sortir de l’addication et… les adresses où trouver de la Naloxone, l’antidote en cas d’overdose !

C’est dire l’ampleur de la catastrophe, alors que l’entreprise Purdue Pharma vient justement d’établir une entente provisoire bloquant le procès devant se tenir dans un mois. Pas de hasard dans tout cela : c’est que la crise des opioïdes a atteint aux États-Unis une telle ampleur qu’elle connaît désormais une reconnaissance publique.

L’origine de tout cela, on la connaît. Car évidemment, dans une société célébrant les egos et l’individualisme, il est inévitable que les drogues s’immiscent dans la vie quotidienne. Ce n’est pas seulement une question de relativisme libéral, c’est aussi et même surtout une question de valeurs. Un ego, ça se soigne, ça se cultive, ça se célèbre jusqu’à une volonté de transcendance.

D’où la fascination pour l’ivresse, les sensations très fortes, tout ce qui apporte des illusions, de la virtualité, etc. C’est la fuite dans les paradis artificiels.

Dans une société comme la nôtre, où il y a encore des acquis sociaux, une telle démarche de fuite existe de manière très importante, mais elle est confrontée à nombre d’obstacles. Aux États-Unis, il n’y a pas de tels obstacles et cela a produit trois grandes vagues populaires de consommation massive d’opioïdes.

Les vagues de crise des opioïdes aux États-Unis avec le nombre de morts
pour 100 000 personnes.
En orange on a l’héroïne, en mauve les principaux opioïdes prescrits
par les médecins, en noir les opioïdes les plus puissants, légaux comme illégaux.

Par opioïdes, il faut comprendre des psychotropes comme la morphine, l’héroïne, la codéine, le fentanyl. Ils sont à la fois hautement puissants et hautement addictifs. On peut les utiliser comme drogues, tout comme on les utilise plus communément comme anti-douleurs. Ils sont à ce titre utiles en ce sens.

Cependant, aux États-Unis, de tels anti-douleurs ont commencé à être prescrits de manière massive au cours des années 1990. Cela a une telle ampleur, que désormais aux États-Unis, toutes les onze minutes une personne meurt d’une overdose d’opioïdes.

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L’opioïde considéré comme étant le démarreur de tout le processus est l’OxyContin, une version commerciale de l’oxycodone, diffusé par l’entreprise Purdue Pharma. Elle a été commercialisée comme une sorte de potion magique, non plus simplement pour les personnes ayant le cancer et souffrant de manière très importante, mais pour tout le monde, comme pour des blessures dues au sport, l’arthrite, le mal de dos, etc.

Les médecins ont été corrompus à coups de séminaire par exemple dans la prestigieuse station balnéaire de Boca Raton en Floride, il y a plein d’objets de promotion distribués, etc. Le site STAT, qui présente ces « cadeaux », raconte que le pare-soleil contenait deux textes : au recto on lisait « l’oxycodone durant le plus longtemps ayant jamais existé », avec en petit « attention, peut provoquer l’addiction », et au dos, en rouge… « AI BESOIN D’AIDE S’IL VOUS PLAÎT APPELEZ LA POLICE ».

En cinq ans, le médicament « magique » rapportait déjà un milliard de dollars par an. Jusqu’en 2016, il ramènera 31 milliards de dollars.

Une sorte de funeste blague est ici que le responsable de la Food and Drug Administration (FDA) ayant autorisé la mise sur le marché s’est retrouvé deux ans plus tard cadre de Purdue Pharma ! Une belle preuve de corruption, poudre aux yeux y comprise. Car le gouvernement fédéral des États-Unis a infligé à l’entreprise 635 millions de dollars d’amendes pour publicité mensongère, en 2007.

Une somme totalement négligeable par rapport aux gains, qui n’a en rien empêché la famille Sackler de devenir richissime. Mortimer Sackler, l’un des deux frères ayant fondé Purdue Pharma, s’est même empressé d’abandonner la nationalité américaine pour payer moins d’impôts.

La famille a d’ailleurs été entre autres une mécène du Louvre. Son nom était inscrit pour douze salles de l’aile des antiquités orientales du Louvre depuis 1997, avant d’être enlevé cet été en raison d’une protestation qui vient d’être mené par le groupe PAIN, qui vise tous les mécénats artistiques faits par la famille Sackler.

Cependant, il s’agit de simples entrepreneurs : le père des deux frères fondateurs était un simple épicier. Si ce n’était pas eux, cela aurait été un autre, car le véritable problème est la manière de concevoir la santé dan un système fondé sur la compétition.

Les assurances privées américaines ne veulent pas payer sur le long terme et les gens veulent être rapidement efficaces, pour continuer à « fonctionner ». C’est la fuite en avant et l’opioïde qu’a été l’OxyContin a répondu à une véritable demande.

Le résultat, c’est qu’entre 1991 et 2011, les prescriptions d’antidouleurs sont passés de 76 millions par an, à 219 millions par an. En 2016, on était passé à 289 millions de prescriptions par an.

Une évolution des prescriptions de l’hydrocodone et de l’Oxycodone.
Les données cessent ici au moment de l’arrivée de la Fentanyl,
qui est elle non plus semi-synthétique, mais synthétique.

Le nombre de morts est tel – 130 par jour, en comptant l’héroïne qui est à l’origine d’un tiers des morts – que pour la première fois depuis les années 1950, l’espérance de vie aux États-Unis est de nouveau en baisse. Les victimes ne sont évidemment pas les couches supérieures de la société. Ce sont, si l’on veut, les électeurs de Donald Trump : blancs, pauvres, vivant en périphérie plutôt rurale.

Les états de la Virginie occidentale de l’Ohio sont les plus touchés. La Virginie occidentale est l’un des états les plus pauvres – Donald Trump a obtenu 68,5% des voix en 2016, son meilleur score. Il a également gagné dans l’Ohio, avec 51,69%, alors que les démocrates avaient gagné les deux précédentes présidentielles. Google y a ouvert cet été un centre de traitement des personnes dépendantes aux opioïdes.

Pour 2012, la carte du nombre de prescriptions pour 100 personnes.
On remarquera que dans tous les cas, le chiffre dépasse 50% !

Les populations amérindiennes sont également touchées, entre 1999 et 2015 le nombre d’overdoses a été multiplié par cinq. Les populations afro-américaines échappent par contre à cette tendance, en raison de leur marginalisation sociale.

Car la crise des opioïdes n’est pas une crise des marges de la société, elle se développe en son cœur même.

L’État américain a d’ailleurs essayé de mettre un frein. Comme on le sait, on ne peut pas freiner un phénomène ancré dans la société, on peut le renverser, le dépasser, mais pas le mettre de côté. Il s’est donc passé une chose simple : en rendant les prescriptions plus difficiles, il y a une vague de passage à l’héroïne.

Toute la question de la drogue mexicaine vient de là. Plus de 90 % de l’héroïne aux États-Unis vient du Mexique ; entre 2005 et 2018, la production mexicaine d’héroïne a été multipliée par 10.

Chiffres du nombre d’hectares de production d’héroïne au Mexique,
et de la production pure estimée, en tonnes.

La troisième crise a quant à elle commencé en 2013, avec l’arrivée sur le marché d’un nouveau produit, le Fentanyl, qui est 100 fois plus fort que la morphine, 40 à 50 fois plus fort que l’héroïne. En 2016, il y avait aux États-Unis déjà 20 100 morts par overdose de Fentanyl, parmi lesquels le chanteur Prince.

Il faut dire, des pharmaciens et des médecins géraient des «pill mills», des endroits où recevoir des prescriptions adéquatement placés près des grands axes, ce qui en a fait de véritables supermarchés légaux pour opioïdes. 200 personnes par semaine, pour 250 000 dollars de bénéfices par mois…

Il faut bien comprendre que l’ouverture légale aux opioïdes a engendré toute une mafia et cela au coeur même de la société. Avec un appel d’air sur le plan des profits : un kilo d’héroïne coûte 6-7000 dollars à fabriquer, un kilo de fentanyl 5000 dollars. Le premier rapportera 80 000 dollars, le second peut tellement être dilué qu’il en ramènera 1,5 million de dollar.

C’est un énorme problème d’ailleurs pour les policiers et les premiers secours. Rien qu’en contact avec la peau peut provoquer un coma ! Aussi, désormais, la naloxone, connue sous le nom commercial de narcan aux Etats-Unis et servant d’antidote, fait partie de leur matériel !

Donald Trump a justement imposer un état d’urgence sanitaire en octobre 2017, afin de débloquer six milliards de dollars pour que la naloxone, qui fonctionne comme injonction nasale, soit plus aisément disponible dans le pays.

Tout cela est donc désormais connu de par l’opinion publique, dans ses grandes lignes. Des sentences tombent : cette année, l’entreprise Johnson & Johnson a fait un accord pour payer 572 millions de Dollars. Mais c’est trop tard. Les estimations les plus pessimistes craignent 500 000 morts dans les dix prochaines années comme conséquence de la crise des opioïdes.

Et, déjà, entre 1999 et 2017, 400 000 personnes sont décédées en raison d’une overdose d’opioïdes.

Il faut ici préciser qu’il est parfois considéré que les estimations officielles du nombre de morts par overdose d’opioïdes sont sous-évaluées et qu’il faudrait augmenter leurs chiffres de 30% !

Les coûts pour la société, en plus des pertes humaines, sont énormes. Il est déjà estimé par l’État américain lui-même que toute cette crise coûte 500 milliards de dollars par an à la société.

C’est toute une société en faillite économique, culturelle, humaine. La machine à vendre du rêve tourne à fond, mais l’envers du décor est terrifiant.

Et il va le rester. Purdue Pharma, au centre de la tourmente, vient tout juste de passer un accord provisoire : elle va proposer de payer 12 milliards de dollars, dont 3 par la famille Sackler, en devenant parallèlement un «public beneficiary trust », une entreprise dont les bénéfices serviront pour payer.

C’est un beau coup de jarnac : le capitalisme vend des horreurs à des gens voulant fuir le réel, les profits s’accumulent, la société et l’État réparent ensuite ce qui peut l’être, et on recommence.

C’est la conséquence inévitable d’un mode de vie anti-naturel, célébrant les egos et faisant de l’intoxication un style en soi. Une société rejetant les valeurs vegan straight edge au quotidien ne peut que s’enfoncer dans une crise de civilisation.

Aux Etats-Unis, la conscience de la gravité de la situation est là et Donald Trump a été obligé d’être très lyrique :

« Nous causerons une défaite à cette crise, nous protégerons nos merveilleux enfants, et nous leur assurerons un avenir meilleur, plus fort et plus grand que tout ce qui a existé auparavant. »

Mais il est lui-même une partie du problème. Et cet exemple américain n’est qu’un reflet extrême de ce qui se passe en France, dans de moindres grandes proportions, mais dans la même tendance et à terme la même ampleur.

C’est l’agonie existentielle d’un monde sans empathie, sans compassion, fondé sur les egos.

Nouvelle offensive pro-légalisation du cannabis

Nous y sommes donc. La légalisation du cannabis – que nous annonçons comme une grande menace depuis quelques temps déjà – vient de passer une étape fondamentale, celle de son introduction théorique dans le cadre juridique. L’ennemi approche et se montre.

En fait, la campagne intense en faveur de la légalisation du cannabis ces dernières années avait fini par s’enliser, parce que la majorité des gens est finalement contre. Le pourcentage de gens sondés refusant cette légalisation s’amenuisait, mais restait au-dessus des 50 %. Cela est vrai y compris pour la jeunesse.

Cependant, l’esprit libéral du « moi je fais ce que je veux » est une constante traversant toute la société. C’est par là que la légalisation du cannabis compte justement passer, jouant sur la passivité générale des gens par rapport aux questions de morale universelle, de principes, de normes.
Car le cannabis est un problème de grande ampleur.

Et là il n’y a pas quarante chemins possibles. Il n’y en a que trois. Le premier chemin, c’est celui de la capitulation et donc la légalisation. Il est soutenu par une vaste industrie et par l’esprit libéral en général.

Le second chemin, c’est l’envoi de l’armée briser les « fours » diffusant cette drogue. Cette option n’aura jamais lieu. La police et les ministères sont trop libéraux, passifs ou bien simplement corrompus, ce dernier aspect étant important.

D’ailleurs, si l’on appliquait la loi sur l’interdiction de la promotion du cannabis, la police pourrait frapper un nombre très significatif de fois Or, elle ne le fait pas. Elle accepte, parce que l’État accepte, parce que tout le monde s’en moque et qu’il y a du business de possible.

Le troisième, c’est un vaste mouvement de la société faisant s’abattre un déluge de feu sur les dealers et liquidant de manière expéditive les grands barons de la drogue. En clair, cela veut dire bastonner les dealers, briser par la violence les points de vente, anéantir les réseaux et détruire leurs têtes.

Utopie ? Mais que croit-on qu’il se passera inéluctablement aux États-Unis, par exemple ? Il y a un moment où la vie quotidienne devient tellement impossible qu’il faut bien un grand nettoyage face à des criminels nés de la décadence de toute une société. Le cortège armé anti-drogues à Athènes, ou le très long communiqué d’un groupe d’extrême-gauche grec, ayant exécuté un mafieux, sont ici très utiles pour comprendre comment une situation peut aboutir à une rupture nécessaire avec le cannibalisme social.

Paradoxalement, c’est justement pour éviter d’arriver à cela que des gens disent qu’il faut légaliser, pour briser les mafias. C’est l’argument de « L’Obs », anciennement Le nouvel Observateur, l’hebdomadaire bobo, qui se revendique de gauche mais parle achat de logements et de montres de luxe.
Voici son « appel », qui vient de paraître.

L’appel de « l’Obs »

Il faut en finir avec le statu quo. La France doit légaliser le cannabis, qu’il soit utilisé à des fins thérapeutiques comme récréatives, pour les consommateurs de plus de 18 ans. Alors que ses voisins (Belgique, Allemagne, Espagne, Portugal, Pays-Bas…) ont tous assoupli leur législation, que le Canada, l’Uruguay et plusieurs Etats américains ont légalisé la substance, la France est à la traîne.

Elle s’arc-boute sur une loi répressive datant de 1970, totalement inefficace puisque nous sommes le pays de l’Union européenne où la consommation est la plus élevée. De 18 à 64 ans, un Français sur deux a déjà expérimenté le cannabis, et un adulte sur neuf est un usager régulier. A 17 ans, 48 % des jeunes en ont déjà pris. Au même âge, presque un sur dix en est un usager régulier et un sur douze est estimé dépendant ou souffrant d’un usage problématique (1).

D’un point de vue de santé publique, cette interdiction semble difficile à justifier. alors que le cannabis est moins dangereux, une fois le cerveau formé (2), que l’alcool, qui tue prématurément 41 000 personnes chaque année et le tabac, 73 000 (3). Nous savons que ce n’est pas un produit neutre, mais c’est précisément parce qu’il est nocif pour la santé, particulièrement celle des mineurs, qu’il faut en contrôler la production et la distribution.

La prohibition contribue à engorger inutilement l’activité des magistrats et des policiers : plus de 130 000 personnes sont interpellées chaque année pour en avoir consommé (4).

Aux Etats-Unis, la légalisation dans plusieurs Etats a fait chuter la criminalité le long de la frontière mexicaine (5). Quand la France acceptera-t-elle de regarder la réalité en face, de faire preuve de pragmatisme, face à cette impasse ? Les pouvoirs publics doivent agir. Et vite.

(1) Chiffres clés de l’Observatoire français des Drogues et des Toxicomanies 2017.
(2) Rapport de Bernard Roques, directeur de recherche à l’Inserm, sur la classification des psychotropes (1998).
(3) Christophe Bonaldi (Santé publique France), Catherine Hill (épidémiologie Gustave-Roussy).
(4) Office central pour la Répression du Trafic illicite des Stupéfiants.
(5) « Is Legal Pot Crippling Mexican Drug Trafficking Organisations ? The Effect of Medical Marijuana Laws on US Crime », « The Economic Journal ».

Les signataires

Patrick Aeberhard Cardiologue, ex-président de Médecins du Monde 
Kenza Afsahi sociologue économiste, Université de Bordeaux-Centre Emile Durkheim 
Ingela Alger Economiste, chercheuse à la TSE, directrice de recherche au CNRS 
Stefan Ambec Chercheur à la TSE, directeur de recherche à l’Inra 
Gil Avérous Maire de Châteauroux (LR) 
Jean-Paul Azam Chercheur à la TSE, professeur d’économie, université Toulouse-I Capitole 
Laurent Baron Maire du Pré-Saint-Gervais (PS) 
Jacques Bascou Président (PS) de la communauté d’agglomération de Narbonne
Julien Bayou Conseiller régional, porte-parole (EELV) 
Esther Benbassa Sénatrice de Paris (EELV) 
Christian Ben Lakhdar Professeur d’économie à l’université de Lille  Amine Benyamina Addictologue 
Ugo Bernalicis Député du Nord (LFI) 
Yann Bisiou Maître de conférences en droit privé à l’université Paul-Valéry Montpellier-III 
Jacques Boutault Maire du 2e arrondissement de Paris (EELV) 
Jean-Paul Bret Maire de Villeurbanne (PS) 
Frédéric Cherbonnier Economiste, chercheur à la TSE, professeur à l’Institut d’Etudes politiques de Toulouse 
Renaud Colson Juriste, maître de conférences à l’université de Nantes 
Alexis Corbière Député de Seine-Saint-Denis (LFI) 
David Cormand Député européen, secrétaire national d’EELV 
Magali Croset-Calisto Psycho-addictologue 
Gérard Cosme Président d’Est Ensemble 
Jean-Pierre Daulouède Psychiatre addictologue 
Marie Debrus Pharmacienne, Médecins du Monde 
Philippe De Donder Chercheur à la TSE 
William Delannoy Maire de Saint-Ouen (UDI) 
Karima Delli Députée européenne (EELV) 
Jacques Delpla Economiste, professeur associé à la TSE 
Tony Di Martino Maire de Bagnolet (PS) 
Caroline Fiat Députée de Meurthe-et-Moselle (LFI) 
Michel Fourcade Maire de Pierrefitte-sur-Seine (PS) 
Robert Gary-Bobo Professeur d’économie Crest-Ensae 
Stéphane Gatignon Ancien maire de Sevran 
Raphaël Glucksmann Député européen (PS-Place publique) 
Christian Gollier Directeur général de la TSE 
Benoît Hamon Ancien ministre de l’Education nationale 
Mathieu Hanotin Conseiller départemental de la Seine-Saint-Denis, ancien député de la Seine-Saint-Denis (PS) 
Olivia Hicks Médecin et première adjointe au maire du 2e arrondissement de Paris 
Touria Jaaidane Professeure d’économie à l’université de Lille 
Yannick Jadot Député européen (EELV) 
Pierre Jouvet Président de Porte de DrômArdèche, porte-parole du PS  Laurent Karila Psychiatre 
Michel Kazatchkine Ancien directeur exécutif du Fonds mondial de Lutte contre le Sida, la Tuberculose et le Paludisme 
Bertrand Kern Maire de Pantin (PS) 
Olivier Klein Maire de Clichy-sous‑Bois (PS) 
Gaspard Koenig Président du think tank GenerationLibre 
Bernard Kouchner Ancien ministre de la Santé 
Annie Lahmer Conseillère régionale d’Ile-de-France (EELV) 
François-Michel Lambert Député des Bouches-du-Rhône (UDE, x-LREM)  Bertrand Lebeau Addictologue 
William Lowenstein Médecin, président de SOS Addictions 
Thierry Magnac Chercheur à la TSE, professeur d’économie à l’université Toulouse-I Capitole 
Patrick Mennucci Conseiller municipal de Marseille 
Alain Morel Psychiatre, addictologue, directeur général de l’association Oppelia 
Claire Nouvian Militante écologiste 
Danièle Obono Députée de Paris (LFI) 
Mathilde Panot Députée du Val-de‑Marne (LFI) 
Thierry Pech Directeur général du think Tank Terra Nova
Pierre Person Député de Paris (LREM) 
Emmanuelle Peyret Médecin addictologue, hôpital Robert-Debré 
Eric Piolle Maire de Grenoble (EELV) 
Collectif Police contre la Prohibition (PCP) 
Adrien Quatennens Député du Nord (LFI) 
Jérôme Renault Chercheur à la TSE, professeur en mathématiques appliquées à l’université Toulouse-I Capitole 
Régis Renault Professeur d’économie à l’université de Cergy-Pontoise  Sabine Rubin Députée de Seine-Saint-Denis (LFI) 
Hervé Saulignac Député de l’Ardèche (PS) 
Paul Seabright Chercheur à la TSE 
Guy Sebbah Médecin, membre du directoire du Groupe SOS Solidarités 
Béatrice Stambul Psychiatre 
Jennifer Stephenson Responsable de la communication de la Fondation JJ Laffont et de la TSE* 
SUD Intérieur Syndicat de policiers 
Aurélien Taché Député du Val-d’Oise (LREM) 
Bénédicte Taurine Députée de l’Ariège (LFI) 
Magalie Thibault Vice-présidente du département de Seine-Saint-Denis 
Sylvine Thomassin Maire de Bondy (PS) 
Khalid Tinasti Secrétaire exécutif de la Commission globale en matière de drogues 
Ludovic Toro Médecin et maire de Coubron (UDI), conseiller régional d’Ile-de-France, membre de la commission de coordination des politiques de santé auprès de l’ARS 
Marie Toussaint Députée européenne (EELV) 
Stéphane Troussel Président du département de la Seine-Saint-Denis (PS) 
Daniel Vaillant Ancien ministre de l’Intérieur (PS) 
Thierry Verdier Professeur d’Economie (ENPC-ParisTech et Ecole d’Economie de Paris) 
Michèle Victory Députée de l’Ardèche (PS)
*Toulouse School of Economics

Notons pour l’anecdote cette couverture du même hebdomadaire, en 2005, avant le virage totalement libéral sur le plan des moeurs…

Cet appel ouvertement bobo est également en collusion directe avec les économistes du Conseil d’analyse économique (CAE), qui dépend du premier ministre. Le rapport de ceux-ci au sujet du cannabis propose en effet également sa légalisation. Son rapport « Cannabis : comment reprendre le contrôle ? » reprend les thèmes classiques :

  • il y aurait une prohibition du cannabis qui ne marcherait pas. C’est faux : il suffit de se balader à Paris pour voir que les gens fument partout sans être inquiété. Internet regorge de promotion du cannabis, comme la série de Konbini interviewant des gens racontant comment ils mangent leur sandwich, sans même faire semblant qu’en fait ils parlent du cannabis ;
  • la légalisation aurait eu lieu dans d’autres pays, donc on pourrait et le devrait faire ;
  • le cannabis médical peut s’avérer très utile donc il faut le légaliser sans réfléchir, d’ailleurs plusieurs pays l’ont fait ;
  • cela créerait des emplois, mais en fait l’évaluation d’une filière française parle d’une fourchette de création d’emplois d’entre 27 000 et 80 000. C’est extrêmement faible. Le chômage en France, c’est pratiquement trois millions de personnes, et plus de six millions inscrits à Pôle emploi…
  • cela rapporterait de l’argent pour l’État :  2,8 milliards de dollars de recettes fiscales par an. Et donc bien plus pour les entreprises : voilà la réelle motivation !
  • la question « En finir avec les dealers: à quel prix ? » est prétexte à une explication des plus fumeuses, dont voici un exemple. C’est juste incroyable.

Et tout cela pour expliquer, à coups de chiffres hypothétiques et de calculs pseudos scientifiques, qu’en fait on en sait rien, car les exemples montrent que dans la pratique, malgré la légalisation, il reste 30 % du marché restant dans les mains des mafias opérant en toute illégalité !

L’argument de l’asséchement des mafias ne tient pas. Et d’ailleurs, vue leur ampleur, les mafias se reconvertiraient dans d’autres trafics, tout aussi dangereux.

Non, franchement, tout cela est ridicule. Les bobos veulent légaliser, car eux-mêmes fument et y voient une possibilité de business. Les libéraux, les anarchistes y voient une extension de la liberté. Les fachos s’en moquent, car ils sont eux-mêmes décadents.

Reste les gens normaux, qui ne veulent pas du cannabis. Cela va être à eux de faire le ménage.

Straight edge : la discipline

Être straight edge, c’est une discipline. Celle du corps et de l’esprit, suivant l’adage mens sana in corpore sano, un esprit sain dans un corps sain. C’est une philosophie de la vie, au sens où ce que l’on fait est décidé ou non en fonction de règles bien précises, qu’on applique soigneusement.

Beaucoup de straight edge sont d’ailleurs des gens qui ont été déboussolés dans leur vie à un moment, qui n’avaient plus aucun repères, basculant dans une vie quotidienne de drogues, d’alcool, de promiscuité sexuelle. Ils ont considéré à un moment que cette survie au jour le jour était insupportable et ils se sont arrachés à cela.

Finies les drogues, fini l’alcool, finis les rapports sexuels hors du cadre bien normé du couple. Parce que sinon, on n’aboutit à rien à part à s’auto-humilier et à faire semblant de vivre alors qu’on ne fait qu’accumuler des choses sans intérêt où, en plus, on perd à chaque fois un peu de soi-même.

Et plus on est allé loin dans la destruction physique ou la déchéance morale, plus on a besoin d’une coupure franche. Et même, étant donné qu’on vit dans une société du libéralisme culturel, où rien ne se construit et tout se déconstruit, alors on ne peut pas faire les choses à moitié. Il faut couper court à toute décadence.

C’est en cela que la mentalité straight edge, résolument stricte, est un point d’appui fondamental. Grâce à la méthode straight edge, qui signifie zéro tolérance avec ses propres faiblesses, on surmonte une situation insupportable. On construit des choses dans sa vie et ce sur le long terme. D’ailleurs, tous les gens qui construisent quelque chose dans leur vie sont straight edge sans le savoir.

Tous les gens qui construisent quelque chose sur le long terme y parviennent, car ils sont loyaux. Sans loyauté à ce qui est réel, concret, sensible… on tombe du côté du choix et là on commence à faire n’importe quoi, en croyant « choisir » alors qu’on est porté par une frénésie de consommation et une orgie d’egotrip.

Dire qu’on est straight edge, c’est savoir qu’on est faillible, et donc se mettre des garde-fous, en sachant qu’il faudra se plier soi-même à ces règles. On sait évidemment que le fait d’accepter des normes est plus que mal vu dans une société libérale… Mais il n’y a pas le choix et d’ailleurs ces règles exprime la normalité.

Car il y a des choses qui sont normales et ces choses normales sont bonnes, elles sont déterminées par la Nature. Rien de plus affreux à affronter comme idée lorsqu’on est formaté par une société affirmant la toute-puissance du « choix personnel » !

En ce sens, être straight edge n’est pas un choix, c’est une obligation naturelle. Beaucoup de gens l’acceptent et s’en portent justement bien. Quand on ne boit pas, quand on ne prend pas de drogues, quand on s’établit dans un couple, on est straight edge. Rien de plus normal au final! Au sens strict, rien de plus naturel que ne pas basculer dans les paradis artificiels et ses fuites en avant.

Pourquoi le straight edge, alors ? C’est simplement malheureusement que la société où l’on vit empêche de pouvoir le faire de manière tranquille. Parce que la société veut que l’on consomme tout, y compris les rapports humains, y compris soi-même.

Avec le straight edge, on dit stop! Et on pare les coups à venir. Et c’est nécessaire. La moindre faiblesse est traquée, pourchassée, éliminée. On se force à triompher sur soi-même, pour pouvoir être soi-même. Être straight edge, c’est pouvoir être soi-même, en étant soi-même, un soi-même qui se protège d’un environnement néfaste malheureusement dans les conditions actuelles.

Le straight edge est donc bien une fin en soi. Ce n’est pas un moyen, un levier, un outil pour simplement sortir de quelque chose ou bien en fonction d’un objectif. Ce n’est pas un savant calcul où l’on dit qu’on ferait mieux d’être straight edge pour telle ou telle raison. La mentalité straight edge, ce n’est pas celle du médecin ou du pompier qui se dit qu’il a des responsabilités dans plusieurs heures et ne peut pas ne pas avoir l’esprit clair à ce moment-là.

La mentalité straight edge, c’est simplement être soi-même et le rester. C’est un état d’esprit où l’on est conscient de ce qu’on fait, des phénomènes qui nous entourent, et où on dit non à la dépendance. C’est un processus ininterrompu.

Le groupe Earth Crisis, dans sa chanson « Discipline » qui rappelle la définition du straight edge, a trouvé les mots justes, avec un certain sens de la formule :

« Straight edge – la discipline. La clef de la libération de soi est l’abstinence de l’évasion destructrice par l’intoxication. (…) Par mon refus de prendre part je me suis sauvé. L’abstinence a été le commencement. Ce qui est important est ce qui est fait avec la liberté, pas à pas je surmonte. Seul je grimpe les escaliers de l’édification. »

Le straight edge se rattache ainsi à de nombreuses philosophies du passé, comme l’épicurisme ou le stoïcisme, avec leur sens de la sobriété, de la préservation de l’intégrité psychologique, de l’abstinence de ce qui embarque dans des choses négatives.

Aller quelque part sans réfléchir à ce que cela signifie ? Consommer quelque chose sans savoir ce que cela signifie ? Ce n’est pas straight edge. C’est exactement la raison pour laquelle le straighr edge s’est très rapidement ouvert au végétarisme, puis au véganisme. C’était juste un regard strict porté sur quelque chose : le clip « No more » de Youth of Today le résume parfaitement.

Être straight edge, c’est se désengager, pour soi, et également pour les autres en témoignant de l’importance de la vie menée naturellement. C’est un état d’esprit concernant tous les actes du quotidien et certains diront que cela se passe sur le même plan que la religion, mais de manière athée. C’est tout à fait vrai et d’ailleurs Jeff Nelson, l’un des principaux membres du groupe Minor Threat (à l’origine des mots « straight edge ») a ainsi pu dire :

« Le straight edge est devenu une religion. C’est un sentiment très étrange d’être l’un des fondateurs involontaires de cette religion. »

Le straight edge, c’est une religion qui n’en est pas une, mais qui pose pareillement des exigences de normes, de valeur, mais pas pour l’au-delà : pour la vie réelle, sensible !

Bientôt la tempête

La société peut repousser les problèmes pendant tout un temps, mais à un moment il n’y a plus rien qui tient. Alors, tout s’exprimera frontalement, et plus on a repoussé les choses, plus cela va être profond, violent.

Et dans notre société glauque mais confortable, pas si intéressante mais où l’on peut arracher des choses satisfaisantes, on a droit à la fuite. Tout le monde fuit tout ce qui est responsabilité, engagement, loyauté. Le style de vie dominant, c’est « moi je », « moi j’ai », « moi d’abord ».

La réunion de l ‘IPBES sur la biodiversité n’a ainsi intéressé strictement personne. Cela aurait pu être quelque chose sur quoi s’appuyer, le vecteur d’une prise de conscience, d’un refus de continuer comme avant. Ce n’est pas le cas du tout. C’est une simple anecdote.

C’est un constat qu’on peut faire sans amertume, parce qu’il ne faut pas se leurrer : pour les gens, tout ce qui se passe est virtuel, ou du moins tout est un jeu. On ne peut pas appeler autrement quelque chose qui est considéré comme ne portant pas à conséquence.

Dans les années 1980 en Angleterre, les gens de l’ALF (et de l’ARM) savaient qu’ils risquaient quelque chose et relevaient d’un mouvement de masse. Ils disposaient d’une culture commune, d’une démarche bien déterminée. Ils étaient rationnels. On peut penser ce qu’on veut de leur approche, mais on n’était pas dans une démarche virtuelle ne prenant rien au sérieux.

D’ailleurs, tout le monde les prenait au sérieux. Les gens, l’État, la société toute entière. C’était une vraie proposition, à l’échelle la plus haute, la seule qui tienne. Cela a échoué, mais il y avait un véritable niveau de proposition, ancrée dans la société.

Prenons par exemple le résultat électoral d’Europe Écologie les Verts aux élections européennes. Il a été de 13,48%, ce qui est honorable. En pratique, ce sont surtout les jeunes adultes qui se sont mobilisés en leur faveur. Il y a eu beaucoup de commentaires comme quoi cela serait une prise de conscience, qu’il y aurait un état d’esprit qui s’affirmerait, etc.

Cependant, c’est très superficiel que de penser ainsi. Très concrètement, c’est une sorte d’engouement telle une mode. Et cela n’est même pas de grande ampleur. La preuve en est, EELV a fait un bien meilleur score lors des élections européennes de 2009, avec 16,28% des voix. On est ainsi en-deçà d’il y a dix ans… alors parler d’actualité écologiste, ce n’est pas vrai.

Qu’il soit parlé d’écologie, c’est normal, tout devient catastrophique. Mais c’est un accompagnement, pas une révolte. Et c’est tout à fait pareil pour la question de l ‘exploitation animale. Prenons le parti animaliste, qui a fait 2,2% des voix aux élections européennes. Son mode de fonctionnement est le racolage pur et simple, autour du thème apolitique des animaux, comme si la société n’existait pas.

C’est du niveau j’aime mon chien, je vote pour le parti animaliste. C’est une insulte à la pensée, à la culture, à la sensibilité, à tout ce qui est intelligent. C’est de la manipulation émotionnelle et une approche infantile du monde.

Dans le genre, on a aussi eu ces dernières semaines les antispécistes qui n’ont cessé de démontrer qu’ils n’ont conscience de rien et qu’ils n’agissent que mécaniquement, comme sous-produit de l’exploitation animale, eux aussi.

Ils ont cumulé les erreurs, fautes, coups d’éclat pour le coup d’éclat, etc. On a ici atteint un rare niveau de n’importe quoi et d’ailleurs la répression va s’abattre sur ces gens dans les prochains mois, tellement l’isolement social est complet. Quand on est un sous-produit d’un phénomène historique, on disparaît.

Il y a ainsi eu cette action à Paris. Cela s’est passé alors que l’IPBES se réunissait, ce qui montre encore plus le décalage de ces gens. Plus d’une dizaine de gens sont venus arroser de faux sang le stand d’un boucher bio au marché Saint-Quentin, dans le dixième arrondissement. Deux d’entre eux font l’erreur de revenir une demi-heure après voir ce qu’il en est : ils sont suivis par des bouchers, et arrêtés. On est là dans le symbolique, dans le bobo, dans l’idiot. La totale.

Tout aussi idiot, le soutien de L214 à Hénaff. L’entreprise va moderniser son exploitation animale, ce qui à l’échelle mondiale ne changera rien du tout pour les animaux ni pour l’exploitation animale. Et L214 trouve cela bien.

Il n’y a plus rien à faire pour ces gens là. Quand on dit qu’on veut le véganisme et qu’on en arrive à dire du bien d’une entreprise de l’exploitation animale, car elle va s’adapter elle au marché à l’horizon 2030, c’est qu’on s’est perdu en cours de route, totalement…

Voici le communiqué de L214.

HÉNAFF FAIT ÉVOLUER LE MODÈLE INTENSIF BRETON

MOINS DE 2 ANS APRÈS L’ENQUÊTE DE L214

Hénaff vient d’annoncer que les conditions d’élevage des cochons dans les exploitations fournissant la marque allaient être améliorées. D’ici 2030, les élevages devront fournir de la litière et garantir un accès extérieur aux truies reproductrices. Les stalles (cages de contention pour les truies) seront interdites. Plus de mutilations pour les porcelets (fin de la castration, de la coupe des queues et du meulage des dents). Paille et accès à l’extérieur pour les cochons à l’engraissement.

L214 salue cet engagement qui s’appliquera de façon progressive pour aboutir en 2030 à des conditions d’élevage au moins équivalentes à l’élevage bio. Si des réflexions avaient été initiées par la marque depuis quelques années, elles se sont accélérées suite à une enquête révélée en juin 2017 par L214. Les images de deux élevages fournissant la marque montraient des cochons enfermés sur un sol en béton, des truies immobilisées dans des cages exiguës, des cochons aux queues mutilées…

L’enquête, commentée par le chanteur Arthur H, était accompagnée d’une pétition adressée à Loïc Hénaff, président du directoire de l’entreprise, demandant à la marque l’arrêt de l’enfermement des cochons sans accès à l’extérieur, l’arrêt de l’utilisation de sol en béton nu, l’arrêt des cages individuelles pour les truies et des mutilations douloureuses aux porcelets. Elle avait rapidement obtenu plus de 70 000 signatures.

Pour Sébastien Arsac, cofondateur de L214 : « Aujourd’hui en France, 95 % des cochons sont élevés sans accès à l’extérieur. Ils vivent sur un sol bétonné dépourvu de paille et de tout autre matériau. Les truies reproductrices sont enfermées dans des cages et les porcelets sont mutilés. Avec cet engagement, Hénaff s’oriente vers une sortie du modèle intensif et montre la voie à la filière porcine bretonne. Tout un symbole ! L214 salue la réactivité et la bonne volonté d’Hénaff qui a su réagir concrètement et avec sérieux à une demande sociétale qui réclame aujourd’hui de meilleures conditions de vie pour les animaux dans les élevages. »

On notera au passage cette information largement diffusée sur le net ces derniers temps, comme quoi L214 a reçu plus de deux millions d’euros d’associations « philanthropiques » américaines. Cela se passe dans le rapport du commissaire aux comptes de 2017, aux pages 15 et 21.

Il s’agit de la Silicon Valley Community Foundation et de la Open Philanthropy Project, qui sont grosso modo des associations américaines financées par de très riches américains cherchant à pousser les choses dans un certain sens ou dans un autre. On devine que toute l’industrie de la « viande synthétique » y trouve ici son compte.

Mais cela ne dérangera pas les gens soutenant L214, qui ne sont pas dans la rationalité. Ils ne se demandent pas quelle est la nature du mouvement, ses bases théoriques, la source de ses moyens, etc. Ils consomment, passivement. Tout comme leur intérêt pour les animaux est une conséquence du triomphe total de l’exploitation animale.

Sûr évidemment que ces milliardaires et millionnaires ne vont pas donner de l’argent à l’ALF… qui le refuserait par ailleurs. Un mouvement révolutionnaire s’appuie sur lui-même, parce qu’il est ancré dans une perspective historique. Il n’a pas besoin de choses pragmatiques n’amenant qu’à vendre son âme.

Encore une fois cela n’intéresse pas notre époque, avec l’émergence toujours nouvelle d’associations, de structures, surgies de nulle part, à travers les réseaux sociaux, et se faisant connaître pour des actions spectaculaires sans effet. On a eu Extinction Rebellion pour l’écologie… on a ainsi Direct Action Everywhere qui s’est fondé en septembre 2018, pareillement en reprenant des principes, codes, démarches d’entités internationales, nées par en haut.

Cette structure enquête sur les élevages intensifs, ce que d’autres, par exemple L214, faisait déjà. Le député France Insoumise Bastien Lachaud a d’ailleurs participé à une enquête dans un élevage porcin des Côtes-d’Armor. Et justement, si cela ne donne rien, cela aide par contre l’ennemi dans sa propagande, sa répression, ses coups de pression, etc.. Ce mardi, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a promis la « sévérité » :

« Il y en a assez de ces intrusions d’individus, de citoyens, qui viennent embêter les professionnels de l’agriculture. Il y en a assez de ne pas respecter les règles, de venir attaquer les outils de travail. Aucune autre profession ne le supporterait. Ce n’est plus possible, et c’est encore moins possible quand ces actions-là sont faites et cautionnées par un élu de la République. (…)

La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a envoyé une instruction à tous les procureurs de la République pour leur demander d’avoir la plus grande fermeté vis-à-vis de ceux qui attaquent les boucheries, et de ceux qui ont des actes d’intrusion dans les exploitations agricoles »

Ceux qui vont prendre d’autant plus de coups, ce sont les douze activistes de Boucherie Abolition, interpellés ce 21 mai, pour « vol aggravé, entrave concertée à l’exercice de la liberté du travail, dégradations en réunion et violation de domicile ».

Ils seront jugés le 20 septembre pour des intrusions et libération d’animaux menés par le passé dans plusieurs fermes de l’Orne, de l’Eure et de l’Eure-et-Loir. Leur réaction est assez exemplaire du caractère totalement anti-social de la démarche :

En dicktature spéciste, libérer des esclaves conduit à 33h de garde à vue.

La déconnexion de ces gens avec la société française est totale. On a d’ailleurs « 269 libération animale » qui continue ce genre d’actions qu’elle a elle-même initié, dans les pays voisins cette fois, pour parer à la répression ainsi. Avec pareillement un discours sectaire-poétique, dont voici un exemple.

Celleux qui rêvent d’un monde plus juste sans agir,
Cultivent le cauchemar de tou.te.s les opprimé.e.s qui luttent seul.e.s pour leur survie.

Finissons-en avec la logique du « parler pour » ou « au nom de », affublé.e.s de pancartes ridicules et de bons sentiments à mille lieues des opprimé.e.s !
Ouvrons-nous en urgence à la logique du « lutter avec » et même du « vivre et lutter avec ».

Soyons là où iels sont, devenons leurs complices et le pire cauchemar des industries spécistes !

N’y aurait-il donc aucune alternative entre d’un côté des réformistes prêts à se vendre à Hénaff et à l’industrie de la viande de synthèse prévoyant des centaines de millions d’euros de budget, de l’autre des isolationnismes faisant du « spécisme » un véritable mythe qui aurait pris possession des esprits?

Allons donc, bien sûr que si. Ces approches sont récentes, et ce n’est pas pour rien que tant les uns que les autres ne parlent jamais de l’ALF. Ils ne disent pas : l’ALF a échoué pour ceci ou cela, se trompe pour telle ou telle raison. Ils ont toujours nié son existence.

Car ils savent qu’au fond, tout est une question d’identité et de détermination. Non pas qu’on soit obligé de faire comme l’ALF. Mais on est obligé de partir, dans ce qu’on fait, d’une conscience aussi nette, pure, claire, déterminée que l’ALF. Et ce quoi qu’on fasse, même quelque chose de tout à fait légal.

Parce que c’est une question d’orientation, de base rationnelle, de clarté dans les principes. Tout est une question de valeurs, tout est une question de culture. Mais pour cela, il faut décrocher des valeurs dominantes. Il faut décrocher de la société de consommation, des drogues, de l’alcool, de l’individualisme.

Il faut se purifier, s’édifier, se façonner comme quelqu’un capable de choix, d’orientation, d’engagement, en faisant en sorte que tout tende à la confrontation, à la tempête inéluctable qui va s’affirmer.

Qui ne croit pas en cette tempête qui va tout balayer s’imagine simplement que ce monde ne changera jamais, que tout est stable. Or, ce monde est en perdition, il ne peut plus tenir tel qu’il est. Tout le monde le sait, au fond.

Aussi faut-il affirmer la rupture en termes de culture, de valeur, de projet de société, au plus haut niveau. Et non pas accepter le nivellement par le bas des manipulations émotionnelles. On a d’ailleurs eu plusieurs fois Marine Le Pen utilisant le thème des animaux ces dernières semaines, notamment pour la question du transport. Ce n’est pas étonnant: la démagogie apprécie beaucoup l’irrationalisme.

Alors il faut arrêter de faire n’importe quoi. Il faut se forger pour être vegan straight edge, et assumer. Il faut partir de là pour voir comment intervenir et développer les leviers adéquats pour faire élever les consciences. Avec, en tête, la tempête qui vient.

Purification : « Holy war »

Continuons pour les dix ans de LTD avec une autre chanson synthétisant l’esprit vegan straight edge de rupture, de  confrontation, d’engagement complet de son être, avec une vision morale stricte, inébranlable. « Les yeux fixés sur les profondeurs de l’enfer maintenant je sais / Ce qu’est ma place dans ce monde / Car la justice ne sera obtenue que /
Si je me jette dans la ligne de front ».

La chanson date de la seconde moitié des années 1990 ; le groupe, Purification, était basé à Rome.

Holy war, Fight the holy war
Overthrow the empire built on blood
Guerre sacrée, mène la guerre sacrée
Renverse l’empire fondé sur le sang

Countless lives perish day by day
While you stand still in front of this sickness
My life´s mission to bring them liberation
Un nombre infini de vies périt chaque jour qui passe
Alors que tu te tiens silencieusement devant cette folie
La mission de ma vie est de leur apporter la libération

Holy war, Fight the holy war
Overthrow the empire built on blood
Guerre sacrée, mène la guerre sacrée
Renverse leur empire fondé sur le sang

Countless lives perish day by day
While you stand still in front of this sickness
My life´s mission to bring them liberation
Un nombre infini de vies périt chaque jour qui passe
Alors que tu fais face à cette horreur
La mission de ma vie est de leur apporter la libération

Members of species that has collectively waged relentless war
against defenseless creatures and all of the natural world
The human destruction of its own kind and of the myriad forms of life
with whom we cohabit the Earth must be halted
Des membres d’une espèce qui mènent collectivement et implacablement une guerre contre des créatures sans défense et tout le monde naturel
La destruction humaine de sa propre espèce et de myriades de formes de vie avec qui nous cohabitons sur la Terre doit être stoppée

Fight fire with fire, that´s what we must do
To put an end to the slaughter of the innocent
Combattre le feu avec le feu, c’est ce que nous devons faire
Pour mettre un terme au massacre de l’innocent

Their blood flows red just like yours or mine
Their suffering is just as real as yours or mine
Yours or mine
Leur sang coule, rouge comme le mien ou le tien
Leur souffrance est aussi réelle que la tienne ou la mienne
La tienne ou la mienne

As a thousand tears have been shed
Brothers and sisters continue to cry and bleed
Alors qu’un millier de larmes ont coulé
Les frères et les soeurs continuent de pleurer et de crier

Staring into the depths of hell now i know
What my place in this world is
For justice will only be attained
If I throw myself in the frontline
Les yeux fixés sur les profondeurs de l’enfer maintenant je sais
Ce qu’est ma place dans ce monde
Car la justice ne sera obtenue que
Si je me jette dans la ligne de front

Conscience is the light guiding me out of this swamp
Now I know what has to be done
Talk is ineffective and tears won´t end the slaughter
Only action counts
La conscience est la lumière qui me guide hors de cette ornière
Maintenant je sais ce qui doit être fait
La parole est sans effets et les larmes n’arrêteront pas le massacre
Seule compte l’action

Hoy war, fight the holy war
Overthrow the empire built on blood
Guerre sacrée, mène la guerre sacrée
Renverse leur empire fondé sur le sang

Canon : « Declaration »

Continuons donc pour les dix ans de LTD à puiser de l’inspiration dans les débuts du mouvement vegan straight edge, avec la chanson Declaration du groupe Canon. Elle date de 1994 et le groupe provient de la ville américaine  de Philadelphie.

A call for action is here
Your words do nothing more than roll off their backs
Your words of rage pose to them as no threat
To destroy this evil we must start at the roots
Un appel à l’action est ici
Vos mots n’ont aucune espèce d’importance pour eux
Vos paroles de rage ne constituent pour eux aucune menace
Pour détruire ce mal, nous devons commencer par les racines

Their death will bring the liberation
A declaration of freedom for the innocent
Those enslaved and slaughtered must once again roam free
In harmony
A return to nature the way things must be
Leur mort apportera la libération
Une déclaration de liberté pour l’innocent
Ceux asservis et massacrés doivent de nouveau se mouvoir librement
En harmonie
Un retour à la nature la manière dont les choses doivent être

From the slaughterhouses to the labs all must burn
They’ve harvested lives too long
In this land where lives are taken in vain a movement has evolved
Des abattoirs aux laboratoires, tout doit brûler
Ils ont récolté des vies trop longtemps
Dans cette terre où des vies sont prises en vain, un mouvement a évolué

A fight for justice at any cost
Their death will bring the liberation
A declaration of freedom for the innocent
Un combat pour la justice à n’importe quel prix
Leur mort apportera la libération
Une déclaration de liberté pour l’innocent

Those enslaved and slaughtered must once again roam free
In harmony
A return to nature the way things must be
Ceux asservis et massacrés doivent de nouveau se mouvoir librement
En harmonie
Un retour à la nature la manière dont les choses doivent être

Destroy this evil, it’s killing the pure
Pierce through its skin, tear out its heart
Liberation begins with its death
Détruire ce mal, qui est en train de tuer le pur
Perce à travers sa peau, déchire son coeur
La libération commence par sa mort

Les dix ans de « By the knife » de xDestroy Babylonx

La Terre d’abord ! est apparu le 5 octobre 2008, comme prolongement du blog Vegan Revolution, qui avait lui ouvert en octobre 2004. Et c’est un grand honneur pour LTD qu’avoir émergé exactement au même moment de la sortie de l’album By the knife du groupe xDestroy Babylonx, sorti le premier octobre 2008.

LTD puise avec fidélité et loyauté son identité dans le mouvement vegan straight edge apparu dans les années 1990, en pleine acceptation de ses normes et principes.

L214? 269? La COP 21? Allons donc! Tout cela est un simple produit du système pour tenter d’aménager ce qui peut l’être, pour chercher à gagner du temps. C’est en réalité d’une guerre dont il s’agit et il ne peut y avoir qu’un choix : celui de se mettre personnellement en conformité avec le seul avenir possible pour la planète.

Ce qui signifie concrètement : adopter le mode de vie vegan straight edge et s’en aller sur le sentier de la guerre, comme l’explique la chanson « By the knife » dont voici les paroles.

De se forger pour être en adéquation avec les besoins des animaux et de la Nature en général, de transformer son individualité en arme pour la rupture entière avec les valeurs dominantes de ce monde, d’assumer sa personnalité en refusant la décadence et les fuites dans les paradis artificiels, et donc d’assumer la haine la plus complète pour l’ennemi.

Comme le formule la chanson éponyme de xDestroy Babylonx, il s’agit de faire allégeance à notre mère la Terre, et donc à la nécessité de la défendre par tous les moyens. Comme l’explique la chanson Declaration of war, une reprise d’une chanson de 1993 du groupe Green Rage, il s’agit d’être à l’avant-garde de ce qui est une guerre.

Le soulèvement en défense de notre mère la Terre est absolument inévitable. Plaçons nous en première ligne, au premier rang de cette gigantesque bataille qui n’est pas seulement à venir : elle est déjà là !

xDestroy Babylonx : Living by the knife

[Les paroles commencent par un extrait de discours, non identifié, disant qu’avant toute expression de lutte il faut se demander si les griefs sont fondés.]

We are living by the knife
Straight edge
Nous vivons par le couteau
Straight edge

Fuck all those who cheapen what I truly am in others eyes (taken by No Allegiance – Earth Crisis)
Fuck those who bent the straight edge with their fuckin’ lies
Que ceux qui dévalorisent ce que je suis vraiment devant les autres aillent se faire foutre [tiré de la chanson « no allegiance » d’Earth Crisis)
Que ceux qui font se plier le straight edge avec leurs sales mensonges aillent se faire foutre

My heart is free
My life is on the war path
Mon coeur est libre
Ma vie est sur le sentier de la guerre

My pain my struggle my hostility will see no end
till we are all set free.
I am for justice, no matter who it is for
One stone one gun one struggle,
assassination for all drug-lords
Ma douleur ma lutte mon hostilité ne connaîtra pas de fin
jusqu’à ce tous soient rendus libres
Je suis pour la justice, peu importe pour qui
Une pierre une arme une lutte
l’assassinat pour tous les barons de la drogue

Your world is under threat,
Your profit will be slaughtered by the hatred of your own slaves
From Colombia to teenage night fever,
I wage war on your glorified blindfolded whore
Ton monde est sous la menace,
Ton profit sera massacré par la haine de tes propres esclaves
De la Colombie à la fièvre adolescente de la nuit,
J’engage la guerre à ta prostituée glorifiée aux yeux bandés

May I see your blood crimes end
Liberation for all those who still fall prey
Death to all these zombies around me
Militant against the unashamed
Puis-je voir tes crimes de sang connaître une fin
Libération pour tous ceux qui tombent encore comme proie
Mort à tous ces zombies autour de moi
Militant contre ceux qui ne connaissent plus la honte

Burn-burn-burn
Brûle – brûle – brûle

We are living by the knife
Straight edge
Nous vivons par le couteau
Straight edge

La scène punk (et straight edge) à Poitiers

Le 15 août 2018 aura lieu à Poitiers une « journée d’études » avec comme thème  « La scène punk à Poitiers (1976-2016) » . Nous ne sommes nullement favorables à ces interprétations universitaieres, hors mouvement.

Cependant, la présentation de cette journée parle de l’importance de la scène straight edge dans cette ville au début des années 1990 :

La scène punk/hardcore explose, comme partout ailleurs, au début des années 1990, avec un épisode straight- edge radical et des groupes punk/hardcore comme Seven Hate, Undolor, The Sense, noisy/pop comme Liquid Team et Mmoob, des labels, Weird Records, On A Faim !-Label, et une salle de concert, Le Confort Moderne.

Ouvert depuis 1985, le Confort Moderne fait passer entre 1993 et 1996 Biohazard, Suicidal Tendencies, Fugazi, No Means No, Cooper, Grotus, Neurosis, Satanic Surfers, Unsane ou Melt Banana. Sa cour accueille un disquaire indépendant (La Nuit Noire) et des locaux de répétition, autant de lieu d’échanges et de partages pour les musiciens de tous bords.

Si quelqu’un peut nous envoyer des informations ou des documents à ce sujet, il ne faut pas hésiter!

 

 

Le cynisme du lobby des alcooliers

Voici une tribune très importante, dénonçant le lobby de l’alcool. Elle a été publié dans Le Monde en mode payant ! Quelle honte et quelle soumission justement au lobby de l’alcool !

Quel dommage également que les signataires ne saisissent pas qu’il soit nécessaire de partir en guerre contre l’alcool en général pour pouvoir avancer.

 

Afin d’étouffer le scandale du conflit d’intérêts d’Audrey ­Bourolleau, la conseillère agriculture de l’Elysée, et ancienne lobbyiste en chef du monde viticole, conflit démontré rigoureusement par Mediapart le 27 juin, le lobby alcoolier prétend participer à la prévention en santé en publiant une « contribution ».

Avec pour seul objectif de créer un nuage de fumée, et d’empêcher toute politique de prévention efficace alors que le ­niveau de consommation d’alcool dans notre pays est un des plus élevés au monde avec 11,6 litres d’équivalent ­alcool pur par habitant en 2016 (davantage désormais que la Russie).

Plus qu’une contribution, c’est une ­offensive en règle que le lobby alcoolier a engagée.

Alors que les agences sanitaires (Santé publique France et l’Institut national du cancer) ont publié en mai 2017 leur expertise sur les mesures à prendre pour réduire les dommages liés à la consommation d’alcool, alors que les différents experts ou leaders d’opinion en santé publique et en addictologie ont fait publiquement des ­propositions pour mener enfin une ­politique énergique face à l’hécatombe (135 morts par jour dus à l’alcool), alors que toutes les autorités sanitaires internationales rappellent que l’alcool est, juste après le tabac, la deuxième cause de mortalité évitable, le lobby alcoolier met en scène sa désinvolture dans une « contribution » où il propose essentiellement de se charger de la politique de santé pourvu qu’il n’ait aucune ­contrainte, aucune obligation et aucun objectif de résultat.

Son discours est d’une simplicité angélique : « Laissez-nous faire ! Croyez-nous sur parole ! ­Dormez braves gens ! Faites confiance à notre sens des responsabilités ! »

LE LOBBY ALCOOLIER PASSE À UNE ÉTAPE ET À UNE VITESSE SUPÉRIEURES : DÉMONTRER L’INUTILITÉ DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ EN DICTANT LUI-MÊME SA LOI

La conception de la responsabilité ­sociale de ce lobby est visible tous les jours dans la création de boissons ­alcooliques sucrées pour la jeunesse afin de les inciter à entrer le plus tôt possible dans la consommation d’alcool, dans le matraquage publicitaire autour des établissements scolaires, dans les opérations marketing à prix cassés, dans les manœuvres incessantes pour réintroduire la consommation d’alcool dans toutes les enceintes sportives.

Après avoir systématiquement rogné la grande loi de santé publique de 1991, promulguée pour protéger la jeunesse des méfaits de l’alcool et du tabac (loi Evin), le lobby alcoolier passe à une étape et à une vitesse supérieures : ­démontrer l’inutilité du ministère de la santé en dictant lui-même sa loi.

Il va jusqu’à faire des recommandations pour la pratique des professionnels de santé dans le repérage précoce.

On peut aussi écarquiller les yeux ­devant sa pingrerie. Il essaie de faire passer un financement hypothétique de la prévention de 5 millions d’euros pour un apport décisif alors que les chiffres d’affaires cumulés de la filière se comptent en milliards.

Il prétend bien entendu en garder le contrôle total pour éviter que les acteurs de santé publique s’en mêlent. Rappelons que le fonds ­tabac est de 100 millions d’euros, ce qui donne la mesure du minuscule effort que les alcooliers accepteraient de faire, et encore sous la condition qu’on passe sous leurs fourches caudines.

Ce cynisme envers les acteurs de santé ne serait qu’anecdote s’il ne révélait le mépris envers les malades et leurs souffrances, ainsi que la négation des travaux des experts du monde entier sur le risque de l’alcool et les moyens efficaces d’y porter remède.

Enfin, le lobby alcoolier affiche avec une arrogance rare son complet dédain de l’opinion publique, dont un récent sondage de la Ligue contre le cancer a ­révélé qu’elle n’était pas dupe (77 % des Français considèrent que les pouvoirs publics subissent la loi des ­alcooliers), et qu’elle demande une politique concrète et efficace (70 % souhaitent une interdiction totale de la publicité pour les ­alcools, et 80 % une information plus claire sur les risques).

Nous, professionnels de santé, ­experts, militants associatifs, citoyens demandons instamment que le ministère de la santé ne soit pas évincé de l’élaboration de la politique de prévention du risque alcool ; que la politique de prévention s’inscrive dans le cadre de l’avis des experts de Santé publique France et de l’Institut national du cancer ; que des mesures efficaces soient prises pour faire baisser le très haut ­niveau de consommation d’alcool dans notre pays, en interdisant le marketing à destination de la jeunesse, en régulant davantage la publicité, en appliquant strictement l’interdiction du sponsoring des événements sportifs par les ­alcooliers ; qu’un fonds « prévention ­alcool » digne de ce nom et à hauteur des enjeux soit créé, bénéficie de la même dotation que le fonds tabac (100 millions d’euros) et soit sous la responsabilité du ministère de la santé ; qu’il soit mis fin à la situation flagrante de conflit d’intérêts qui règne à l’Elysée.

Les acteurs de santé avaient unanimement salué la nomination d’Agnès Buzyn en raison de son engagement et de ses prises de position pendant la mandature précédente. Nous lui ­demandons de s’exprimer à nouveau fortement et fermement, et pas seulement sur la taille du pictogramme destiné aux femmes enceintes.

Face au cynisme d’un lobby qui ne cherche qu’à préserver ses propres intérêts, quelles qu’en soient les conséquences, il est temps que la rigueur scientifique, le courage politique et l’éthique ­reprennent la main.

Les signataires : Bernard Basset,médecin de santé ­publique, vice-président de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa) ; Amine Benyamina, professeur de psychiatrie et d’addictologie, université Paris-XI ; ­Gérard Dubois, professeur de santé ­publique, Académie de médecine ; Irène Frachon, pneumologue, Brest ; Serge Hercberg, professeur de nutrition, université Paris-XIII ; Catherine Hill, épidémiologiste ; Albert Hirsch, professeur de pneumologie, université Paris-VII, administrateur de la Ligue nationale contre le cancer (LNCC) ; Michel Reynaud, professeur de psychiatrie et d’addictologie, ­université Paris-XI, président du Fonds action addiction ; Nicolas Simon, professeur de médecine, Aix-Marseille université, président de l’Association ­nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa).

Collectif

Le 10 juillet 2018

« Cannabis thérapeutique : «Allons plus vite, madame la ministre !» »

Les partisans du cannabis savent que la société a décidé de calmer leurs ardeurs ; l’offensive est d’autant plus grande en faveur du cannabis thérapeutique, qui se voit attribuer des valeurs miraculeuses, comme ici dans cette tribune publiée dans Le Parisien.

L’opération serait presque crédible, s’il n’y avait pas cet argument massue de la filière économique prometteuse, qui montre qu’en arrière-plan il y a l’idée de légaliser le cannabis en tant que tel…

Eric CORREIA, président PS de l’agglomération du Grand Guéret, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine ; Rachid TEMAL, sénateur PS du Val-d’Oise, vice-président du groupe socialiste et républicain ; Sonia KRIMI, députée LREM de la Manche ; Jean-Baptiste MOREAU, député LREM de la Creuse ; Roland RIES, maire PS de Strasbourg ; Eric PIOLLE, maire EELV de Grenoble ; Daniel VAILLANT, ancien ministre, conseiller municipal PS de Paris XVIIIe ; François VINCENT, professeur de pneumologie au CHU de Limoges, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine ; Amine BENYAMINA, psychiatre, professeur des universités, chef de service addictologie hôpital Paul-Brousse Villejuif ; William LOWENSTEIN, spécialiste en médecine interne, addictologue ; Gaspard KOENIG, professeur de philosophie, écrivain, président de Génération libre ; Fabienne CABY, médecin, Inserm Institut Pierre-Louis d’épidémiologie et de santé publique, unité VIH, centre hospitalier Victor-Dupouy, Argenteuil ; Marlène AMILHAUD, médecin addictologue, hôpital de Guéret ; Stéphane DELPEYRAT-VINCENT, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, président du groupe Generation·s ; Alexandre FELTZ, médecin, adjoint au maire de Strasbourg ; Florent BOUDIE, député LREM de Gironde, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine ; Isabelle BOUDINEAU, vice-présidente du conseil régional Nouvelle-Aquitaine ; Nathalie DELCOUDERC-JUILLARD, maire PS de Bort-les-Orgues, conseillère régionale de Nouvelle-Aquitaine ; Françoise JEANSON, médecin, conseillère régionale PS de Nouvelle-Aquitaine ; Jean-Louis PAGÈS, éditeur, conseiller régional EELV de Nouvelle-Aquitaine ; Benjamin DELRIEU, conseiller régional PS de Nouvelle-Aquitaine ; Pierre JOUVET, président PS de la communauté de communes Porte DrômArdèche ; Jacques BOUTAULT, maire EELV du IIe arrondissement de Paris ; Bruno BOUTLEUX, directeur général de l’Adami, président d’Alca Nouvelle-Aquitaine ; David ANGEVIN, écrivain ; Olivier Bertrand, médecin généraliste, addictologue ; Jean-Paul Besset, ancien député européen.

Produire du cannabis pour un usage thérapeutique en France n’est plus une option mais une nécessité. Comment ne pas déplorer le statu quo national sur cette question de santé publique ? Pourquoi maintenir le sceau de l’interdit et l’arsenal législatif et réglementaire qui l’accompagne à l’égard de plus de 300 000 patients français qui pourraient apaiser leur souffrance autrement ?

Trente-trois pays ont légalisé partiellement ou totalement le cannabis à usage thérapeutique. Parmi eux, quatorze Etats d’Amérique du Nord, Israël, le Portugal, l’Italie, la Roumanie, l’Espagne, la Pologne, le Royaume-Uni, l’Autriche, la Belgique, la Finlande, les Pays-Bas, l’Irlande, la Suisse, l’Allemagne, la Thaïlande et très prochainement le Canada ont entendu les souffrances de millions de malades qui sont désormais apaisés sereinement, en toute légalité.

Pourquoi une minorité de réfractaires persistent-ils à considérer l’usage du produit comme dangereux, en le réduisant à la catégorie des substances prohibées ? Puisent-ils leur opposition dans l’observation concrète d’une patientèle utilisatrice où subissent-ils les affres d’influences spéculatives ?

La question ainsi posée se heurte désormais au rapport très complet des effets du cannabis sur la santé que les académies américaines des sciences, d’ingénierie et de médecine ont publié en 2017.

Des certitudes et preuves substantielles y sont révélées. Elles confirment l’efficacité du produit dans la gestion de la douleur chronique, les troubles physiques provoqués par les chimiothérapies et les spasmes musculaires liés à la sclérose en plaques.

Sans pour autant s’opposer à la pharmacopée française usuelle qui repose sur différentes classes médicamenteuses dont les opiacées et ses dérivés tels que la morphine, le Tramadol, l’Efferalgan codéiné, l’Oxycontin, etc., utilisés pour le traitement de la douleur, il s’agit d’autoriser l’usage d’un produit alternatif, dont le mode d’action et le mode d’administration tel que la vaporisation n’entraînent quasiment aucun effet secondaire.

Combien de temps la France va-t-elle persister à cultiver son retard ? Le 24 mai 2018, Mme Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, a déclaré vouloir ouvrir le débat national sur le cannabis à usage thérapeutique qu’elle souhaite enrichi d’études approfondies, précisant le retard évident que la France avait pris sur cette opportunité.

« Il n’y a aucune raison d’exclure, sous prétexte que c’est du cannabis, une molécule qui peut être intéressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes », a-t-elle ajouté… Il y a assurément matière à distinguer les molécules de la plante en faisant preuve de pédagogie auprès du public et des élus.

Certains d’entre eux se contentent encore d’observer le cannabis sous le prisme de ses effets récréatifs et de l’économie délictuelle qu’il génère. Selon la récente enquête de l’Ifop (pour Terra Nova – EchoCitoyen, publiée le 11 juin 2018)*, 82 % des sondés sont favorables à l’usage du cannabis sur prescription médicale, 73 % sont convaincus du devoir de l’Etat dans le financement de la recherche sur les usages thérapeutiques du cannabis, et 62 % considèrent que le cannabis médical doit être enfin accessible sous toutes ses formes voire même remboursable par la Sécurité sociale.

Cette enquête souligne le retard pris par la France et démontre l’urgence de mettre un terme à la culture du tabou sur le cannabis. L’efficacité thérapeutique d’une de ses molécules (le CBD) est désormais avérée et pleinement exploitée hors de nos frontières.

Par ailleurs, et d’un point de vue social et économique, les pays ayant légiféré et encadré la production de cannabis thérapeutique constatent la création d’emplois directs et induits, preuve de l’émergence d’une filière économique prometteuse.

Persister à entretenir le flou juridique sur le CBD contenu dans la plante, molécule médicinale et non psychotrope du cannabis, entretien une ambiguïté favorable à l’émergence de commerces opportuns qui jouent sur la crédulité d’un public en attente d’une réglementation claire, favorable à leur usage médical et médicinal.

Les producteurs de chanvre et/ou les agriculteurs qui souhaitent diversifier leur culture déplorent quant à eux ce déficit persistant de réglementation qui les exposerait comme de potentiels justiciables pour trafic de stupéfiants…

Dans l’intérêt général, la situation doit évoluer par des directives clarifiées. Allons plus vite, madame la ministre !

Avec le plan particulier de dynamisation du département de la Creuse décrété par le président , saisissez l’occasion d’instaurer la réglementation d’une filière économique florissante pour un territoire qui en a fort besoin.

Solidaires, nous soutenons la démarche des élus creusois qui revendiquent l’octroi des autorisations nécessaires à expérimenter la production et la transformation d’un cannabis cultivé, conditionné et commercialisé localement, exclusivement à des fins thérapeutiques. Tous les acteurs de la filière sont prêts et attendent du gouvernement un acte fort pour avancer et réguler cette nouvelle activité.

* Sondage réalisé sur un panel de 2 016 personnes âgées de 18 ans et plus, suivant la méthode des quotas

Quelques enseignements d’un sondage sur les addictions des jeunes

Un sondage Ipsos a été réalisé sur l’addiction des jeunes, à la demande plusieurs structures. Ce qu’on y apprend nous conforte formidablement !

Mais en voici déjà la présentation, qui dit de lesquelles il s’agit.

« La Fondation pour l’innovation politique, think tank libéral, progressiste et européen, la Fondation Gabriel Péri, affiliée au courant de pensée du Parti communiste français, et le Fonds Actions Addictions, dont l’expertise éclaire le débat public en matière d’addictions, ont décidé de s’associer pour concevoir et réaliser une vaste enquête d’opinion sur un phénomène particulièrement préoccupant : les addictions chez les jeunes. »

Il y a un aspect ici très intéressant, puisque les addictions sont étudiées dans plusieurs domaines. On a ainsi :

– l’alcool,

– le tabac,

– les drogues les plus fréquentes (cannabis, cocaïne, ecstasy, MDMA et GHB),

– le porno,

– les jeux vidéo,

– les réseaux sociaux,

– les jeux d’argent.

Cela, pour le coup, est vraiment très bien. La question des jeux d’argent, notamment, est une catastrophe chez les jeunes.

Mais voici quelques enseignements très parlants et très utiles.

Déjà, selon le sondage, les jeunes de 14 à 24 ans sont :

– 85 % à ne jamais fumer de cannabis ;

– 96 %  à ne jamais prendre de cocaïne, ecstasy, MDMA, GHB ;

– 32 % à ne jamais boire d’alcool ;

– 70 % à ne jamais fumer de cigarettes ;

– 63 % à ne jamais regarder de pornos ;

– 64 % à ne jamais jouer à des jeux d’argent.

C’est une très bonne base ! Cela montre qu’il y a une majorité très nette qu’on peut conquérir à des valeurs saines, straight edge.

De plus, on apprend la chose suivante concernant la légalisation : les jeunes sont contre.

« Pour la lutte contre les addictions au cannabis, les mesures d’aggravation des peines contre les dealers et trafiquants (64% des jeunes y sont favorables) et, dans une moindre mesure, le dépistage systématique des salariés rencontrent un assentiment notable chez les 14-24 ans (51% l’approuvent).

Dans le même esprit, les jeunes interrogés désapprouvent majoritairement (67%) la suppression des peines de prison pour les consommateurs de cannabis.

Les jeunes s’opposent également à la légalisation de la vente de cannabis dans le cadre d’une autorisation d’achat réservée à des points de vente contrôlés par l’État (60% s’y déclarant hostiles). »

Regardons par contre un aspect négatif. Les réseaux sociaux, qui célèbrent les egos, plombent tout : seulement 25 % les utilisent moins d’une heure par jour (7 % ne le faisant jamais).

30 % les utilisent entre 1 et 2 heures par jour, 22 % entre 2 et 5 heures, 10 % entre 5 et 8 heures, 6 % plus de 8 heures !

Il y a ici un véritable mur. Même si les jeunes se trompent dans leurs réponses – c’est un sondage, pas une enquête – il y a un vrai problème.

Les jeux vidéos forment un problème similaire. 16% des 18-22 ans affirment passer plus de 5 heures par jour sur les jeux vidéo et 7% plus de 8 heures.

Un autre souci, d’importance, est la naïveté des parents qui, pétris de conformisme bourgeois, sont largués devant l’évolution du monde. Ils ont oublié qu’ils ont été jeunes…

Ce que dit le rapport du sondage est édifiant!

Les dangers liés aux produits et aux comportements addictifs ne sont pas toujours présents à l’esprit des parents.

Ainsi, moins des deux tiers (59%) des parents interrogés considèrent qu’il est dangereux de consommer de la cocaïne, de l’ecstasy, de la MDMA ou du GHB, quelle que soit la fréquence.

Cette donnée est d’autant plus préoccupante que 33% seulement des jeunes de 14-24 ans identifient ces consommations comme un danger, quelle qu’en soit la fréquence.

Plus préoccupant encore, 20% des parents considèrent que ce n’est qu’à partir d’une consommation quotidienne de ces drogues que le danger apparaît, ce qui est à peine mieux que les jeunes (29%).

Est-ce de la méconnaissance, du je-m’en-foutisme, du relativisme? C’est un signe parlant en tout cas.

Voyons, pour finir, la dimension sociale, fondamentale. Il existe ainsi une différence sociale entre l’alcool et le tabac.

« Plus les jeunes sont diplômés, plus leur consommation d’alcool est importante. Pour la tranche d’âge des 18-22 ans, 28% des jeunes qui ont un BEPC-BEP-CAP-CEP consomment de l’alcool au moins une fois par semaine, contre 37% de ceux qui ont un bac + 2. »

« Plus le revenu mensuel net du foyer est bas, plus le pourcentage de jeunes qui fument plusieurs fois par jour est élevé (21% en dessous de 1 250 euros, 17% entre 1 251 et 2 000 euros, 13% entre 2 001 et 3 000 euros, 12% au-dessus de 3 000 euros). »

Voici un graphique présentant cela de manière plus générale.

Et étant donné que, partisans de la culture vegan straight edge, nous partisans d’une tempête de feu pour purifier comme le dit la chanson d’Earth Crisis, jetons un oeil sur un aspect essentiel : celui de la grande ville, ce temple de la décadence, ce monstre qui anéantit la Nature.

Les jeunes des villes, des grandes villes encore plus, sont davantage corrompus. C’est un constat dont il faut partir si l’on veut avancer.

Naturellement, cela n’est ici qu’un sondage. Et seulement mille jeunes ont été interrogés… Seulement 402 parents, et 2005 personnes représentant le « grand public »… C’est faible. Et ce n’est pas une enquête, il n’y a ici pas de certitude quant à la véracité des réponses.

Cependant, c’est un indicateu, qui parlera à qui comprend la signification de la décadence dans une société toujours plus relativiste. Une société de l’individualisme roi, sans morale, sans universalisme. Une société qui a besoin de la culture vegan straight edge !

Cannabis : Terra Nova face à une opposition populaire

Cannabis : c’est la ruée sur les coffee-shops, tel est le titre d’un article du Parisien traitant de magasins vendant des produits avec moins de 0,2 % de THC, Le Monde titrant de son côté Le fulgurant succès du CBD, le « cannabis light ».

Que ces titres sont racoleurs! C’est naturellement encore un pas vers la légalisation du cannabis : ces magasins en font la promotion éhontée, si la loi était appliquée ils fermeraient directement. Ce n’est évidemment pas le cas.

La capitulation est générale ; hier c’est ainsi Renaud Muselier, président Les Républicains de la région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui s’est positionné hier sur France Bleu Provence en faveur d’un débat sur la légalisation.

Hier a également été rendu public un sondage de l’Ifop pour Terra Nova et ECHO Citoyen, que le président de Terra Nova, Thierry Pech, considère comme la preuve que le « point de bascule » a été passé. Les Français seraient pour la légalisation.

Sauf qu’en regardant le sondage en question, on voit que c’est en fait bien le contraire ! La manière de présenter ce sondage n’est en fait qu’une fuite en avant. Quand on a tort, on rue dans les brancards en disant qu’on a raison, en espérant qu’en forçant cela passe…

Les gens de Terra Nova, cette institution intellectuelle de la gauche libérale, racolent évidemment à fond, avec l’appel à l’autorisation du cannabis thérapeutique sur ordonnance médicale, auparavant jamais mentionné…

Et le plus cocasse, c’est quand même d’ailleurs quand Thierry Pech explique que légaliser le cannbis serait une mesure… anti-libérale. Ces gens mentent comme ils respirent, ils sont prêts à raconter absolument n’importe quoi !

Voici ses propos, d’une manipulation intellectuelle vraiment impressionnante :

« Les Français ne veulent pas du laissez-faire libéral. Ils ne veulent pas de l’ouverture à tous vents, ils veulent une régulation encadrée qui fixe des règles de protection, de distribution, de consommation et qui maintiennent des interdits forts, en particulier pour les mineurs, dans les lieux publics et au volant. Sous ces conditions, ils sont favorables à un changement de politique. »

Le sondage est d’ailleurs une pure construction intellectuelle en cette perspective. Arguant du fait que 34 % des Français déclarent déjà avoir fumé, c’est considéré comme un fait social qu’il faudrait reconnaître.

Le sondage dit que les gens considèrent que le cannabis est moins dangereux que le tabac : c’est un prétexte de plus pour appeler à légaliser. Le sondage dit que les gens pensent que les politiques dites répressives ne marchent pas : un argument de plus.

D’où l’affirmation :

« Bref, entre les deux tiers et les trois quarts des Français ne croient plus à la pertinence d’un système essentiellement adossé à la logique de prohibition et de répression inspirée par la loi de 1970 et inscrite dans le Code de la santé. Seuls 21% des sondés pensent d’ailleurs que l’on ne devrait rien changer aux lois actuelles. La demande de changement est donc réelle et largement majoritaire. »

Mais regardons le sondage, où l’on voit qu’en fait les partisans de la légalisation du cannabis ont atteint un pic qu’ils ne parviennent pas à dépasser, malgré tout le soutien médiatique et d’une partie de la scène politique.

Le sondage le montre clairement : l’opposition à la légalisation du cannabis ne faiblit plus… C’est une victoire !

De plus, la considération que la consommation régulière de cannabis a des conséquences négatives reste inébranlable! Pas de relativisme, là aussi c’est une victoire.

Les gens considèrent que la légalisation du cannabis banaliserait ce dernier, favoriserait les addictions, tout comme d’ailleurs la consommation… C’est là encore une victoire!

Et même si, heureusement, l’éducation et la prévention sont placées au centre par les gens, ces derniers ne considèrent pas du tout la répression comme « excessive » ! Très bien, là aussi !

D’où la tentative de reformulation, comme mentionnée plus haut, sur un mode « gestion directe » du cannabis par l’Etat. Les gens étant marqués par le libéralisme, ils disent oui, mais cela contredit tout le reste, cela s’oppose aux réponses bien plus précises, ayant une portée culturelle, exprimant le rejet du cannabis…

Terra Nova tente de forcer, mais cela bloque. Citons d’ailleurs ce que le commentaire du sondage dit aussi :

Dans l’ensemble, la consommation de cannabis est plus répandue dans les publics jeunes, diplômés, urbains et dans les CSP+. C’est également là que l’on rencontrera les opinions les plus favorables à une réforme en faveur d’un marché régulé et encadré du cannabis

Cela veut tout dire. La question du cannabis est soulevée par ceux qui profitent de la mondialisation et remplissent leur vie de vide. Ce sont eux qui font d’un style ce qui est une fuite, toutes les drogues étant une fuite.

Et cela en dit long sur la « gauche » à la Mélenchon qu’elle soit ouverte au cannabis, comme le sondage l’explique. Car à gauche historiquement, on a toujours refusé les drogues. Mais cela c’était avant les influences libérales, modernes, surtout des centre-villes.

Et c’est cela le coeur de l’opposition populaire au cannabis que montre le sondage.

Rapport européen 2018 sur les drogues : ce que cela dit sur la France et le cannabis

L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies a rendu public hier son nouveau rapport et, comme c’est l’habitude, en voici une présentation, cette fois par contre une tentative de présenter un certain arrière-plan par rapport à la légalisation du cannabis clairement programmée par l’Etat.

Cela ne doit pas occulter le fait qu’il existe une progression très nette de la cocaïne en France.

Un autre aspect est le nombre toujours plus grande de drogues différentes disponibles par les marchés illégaux. Plus de choix, davantage de disponibilité…

Et également une présence toujours plus réelle dans la vie quotidienne. Voici un aperçu rapide sur cette question, avec quelques chiffres concernant l’Union Européenne.

Or, cela montre bien qu’il existe une grande différence selon les pays dans la consommation de drogues. Ces dernières ne sont pas naturelles, elles sont le produit de l’histoire, celui des traffics, des productions possibles, des modes, etc.

Voici les stimulants les plus saisis comme illustration. C’est très différent selon Les pays.

Et donc, regardons justement notre pays où justement 41% des adultes ont déjà consommé du cannabis, avec les saisies de résine et d’herbe de cannabis. La France, tout le temps présentée comme ultra-répressive, ne l’est en fait pas du tout.

La quantité de résine saisie, ce n’est même pas la moitié de l’Espagne, le nombre de saisies d’herbe, c’est à peine un peu plus de deux fois qu’en Autriche, pays de même pas 9 millions d’habitants!

Vérifions bien cette absence de réelle répression en s’attardant sur le degré de consommation chez les jeunes adultes. Plus il y a prévalence, plus il y a mécaniquement possibilité de saisies.

Pour la Suède  et la Norvège, malgré une consommation chez les jeunes plus faibles qu’en France, il y a donc proportionnellement bien plus de saisies… Et on peut voir qu’en Italie la situation est encore pire qu’en France sur le nombre de saisies, pour une même prévalence du cannabis.

Autre exemple de capitulation, l’évolution des consommateurs de cannabis admis en traitement, sur les dix dernières années. Il y a une explosion du nombre d’admission… Ce qui est logique. S’ancrant socialement, il y a désormais des fumeurs au quotidien…

Ce qu’on peut voir par conséquent, c’est qu’il n’y a pas que le libéralisme qui fait que le cannabis s’installe. Il y a également un effondrement sur le plan de la civilisation.

La légalisation du cannabis n’est pas qu’un je-m’en-foutisme, c’est également une capitulation devant la drogue comme phénomène de masse.

C’est finalement, toutes proportions gardées, le même phénomène qu’aux Etats-Unis.  Mais c’est la même décadence, le même anéantissement des structures sociales, avec les mafias exerçant une pression terrible, un véritable cannibalisme social.

Ce qui fait que si jamais quelqu’un conçoit l’idée de révolution, il sera toujours plus obligé d’intégrer l’affrontement total avec les mafias et les drogues dans sa vision des choses.

Walter Bond : pourquoi je suis straight edge

Nous avons beaucoup parlé de Walter Bond, avant même d’ailleurs son arrestation aux Etats-Unis pour différentes attaques incendiaires contre l’exploitation animale. Voici un nouveau texte de lui, où il raconte comment il est devenu straight edge.

Un texte qui rappelle que le Straight Edge c’est la guerre aux drogues, c’est un drapeau qui appartient aux ouvriers, aux gens du peuple, qui sont les premières victimes de ces matières nocives, destructrices.

La guerre aux effets des drogues sur soi-même peut durer une vie. La guerre de soi-même contre soi-même, contre la tentation de fuir dans les paradis artificiels, n’est jamais gagnée dans un monde comme le nôtre.

La guerre aux mafias est une valeur indissociable de la culture straight edge et si dans un pays en crise comme la Grèce, il peut y avoir des initiatives révolutionnaires comme un cortège armé anti-drogues ou bien un affrontement armé avec la mafia, ce n’est pas pour rien.

Quand le social s’effondre, le cannibalisme social intervient. Y faire face est inévitablement violent. Tout le reste est capitulation.

C’est cela, aussi, le sens de l’engagement straight edge : se confronter avec un monde en perdition, où la morale est à l’abandon, où les drogues se répandent pour encore plus anéantir les esprits.

Je suis Straight Edge parce que je déteste les drogues et l’alcool. Je ne veux pas y toucher, je ne vais être avec des personnes qui en consomment et je ne veux rien avoir à faire avec la culture de la drogue, les bars, etc. Je ne suis pas simplement « drug free » (libre de toute drogue) car je m’oppose activement contre la culture de la drogue et j’ai prêté serment, à vie, contre la pourriture de l’enivrement.

J’imagine que chaque personne Straight Edge a ses propres raisons et des valeurs auxquelles elles se tiennent.

Pour la plupart, il s’agit d’une phase qui passera, une scène musicale avec ses modes, ou encore un groupe assez obscur de semblables pour satisfaire un désir tribal. Je suis passé par tout cela il y a des décennies et bien que ce fut plaisant et que j’apprécie toujours la musique, cela a cessé depuis longtemps d’être une histoire de bandes, de groupes et de danses.

Honnêtement, tout ceci n’a jamais ma raison principale de devenir Straight Edge, donc j’imagine… Je vais commencer par le début.

J’ai grandi entouré par les drogues et l’alcool. Mon père biologique, que je n’ai jamais connu, est allé en prison à cause de la méth [méthamphétamine]. Je l’ai rencontré lorsque j’étais adolescent.

Je lui ai rendu visite en prison. Je lui ai parlé quelques fois après sa sortie mais il n’y avait rien entre nous. Le père avec lequel j’ai grandi buvait. Et je veux dire par là : il buvait plus d’alcool que ce que je pensais être humainement possible, il devait ressemblait à un pot de pickles à l’intérieur ! Il jouait de la musique à côté de son travail à plein temps comme soudeur.

Ma mère buvait aussi, mais rien à voir avec mon père. Elle préférait fumer de l’herbe et avait l’habitude de mélanger les drogues. Sans entrer dans les détails, disons que les drogues et l’alcool ont mené mes parents au divorce alors que j’avais dix ans et je n’allais jamais retrouver la stabilité de ma maison disfonctionnelle.

A douze ans je fumais de l’herbe. A treize ans, je prenais toutes les drogues qui passait sous ma main (j’ai une personnalité addictive).

A seize ans, j’étais complètement cramé. Je ne sais pas combien de temps j’étais resté éveillé à cause de la meth et je ne sais pas combien d’autres drogues j’avais dans mon organisme.

Honnêtement, je ne me souviens que de morceaux. Je me souviens de rentrer à la maison et me disputer avec mon beau-père. Je me souviens d’avoir un couteau à la main. Je me souviens d’avoir la face contre terre et un genou dans mon dos.

Je me souviens des policiers passer la porte avec les mains sur les armes et je me souviens d’eux me saisissant. Et je me souviens ensuite de me réveiller dans une clinique psychiatrique.

Il semblerait que j’ai eu un épisode de psychose due aux drogues, ce qui est juste une manière déguisée de dire que je suis devenu fou à cause des drogues.

Après ça, tout étais différent. Je me sentais instable, incertain et effrayé à l’idée que je ne puisse plus me contrôler. J’ai été envoyé en désintoxication pendant quelques mois, ce qui n’a pas vraiment aidé.

Tout ce que j’y ai appris est que je devrai jamais croire en moi mais en une « force supérieure » et que j’étais malade et qu’il n’y avait pas de cure à part de participer à un groupe à douze étapes [programme proposé à l’origine par les Alcooliques anonymes pour se relever d’une dépendance].

J’ai décidé d’éviter tout ce bordel et j’ai fait franchi une étape. La voici : la prochaine fois que j’aurai envie de prendre de la drogue ou de l’alcool… je ne le ferai pas.

Ça a marché pour moi. Cependant, ça a marché parce que je connaissais déjà ce dont j’avais besoin. Je l’ai entendu dans la musique que j’écoutais en grandissant. Gorilla Biscuits, Youth Of Today, Uniform Choice et Sick Of It All.

J’ai su que le Straight Edge était ce qu’il me fallait le jour où je me suis réveillé après ma période de folie due aux drogues.

Faisons un petit retour en arrière. Nous étions au début des années 1990 et le Straight Edge dans ma ville devenait moralisateur et puriste, il devenait à la fois violent et fier d’être exclusif.

Et j’ai adoré ça !

J’ai su à travers tout ce que j’avais expérimenté dans ma vie de jeune que les drogues et la boisson étaient une maladie et un mal pour la volonté, un cancer à l’intérieur de la société. Mais ce n’est qu’à partir du moment où je suis devenu Straight Edge que je me suis senti assez confiant pour me relever et vaincre ce démon intérieur.

Tout ce que j’ai connu pour lutter contre les addictions recherchait soit à me rendre dépendant de programmes en m’empêchant de croire en ma capacité à décrocher seul, soit à me diriger vers la religion. Aucunes de ces options ne me convenaient.

Aussi longtemps que je me souvienne, une partie de la scène se plaignait de l’hyper-masculinité du Straight Edge (je ne dirais pas que c’était plein de testostérones, mais plutôt que c’était agressif) et de l’attitude hautaine qui s’en dégageait souvent.

Cependant, l’autre aspect est que lorsqu’on vient de la rue, d’un foyer brisé, avec des problèmes d’addiction et une rage intérieure bouillonnante, c’était un espace où tout ceci pouvait s’exprimer non seulement d’une manière plus positive que l’appartenance à un gang, mais surtout c’était se positionner de manière antagoniste au problème !

Et c’est ainsi que je suis né à nouveau [en référence aux chrétiens « born again » (renaître)]. J’aimais ma sobriété et avec une passion égale je me suis mis à détester non seulement les addictions mais aussi les consommateurs et les dealers.

Aujourd’hui lorsque je réfléchis à ce que j’étais, je vois où j’étais trop extrême dans ma vision des choses mais je ne pense pas avoir tant exagéré que ça. D’après mon expérience on peut aider une personne à condition qu’elle ait la propension et le désir profond de changer.

En revanche, en tant que groupe, les personnes dépendantes sont moralement déficientes, sournoises et jettent le blâme partout. Ce qui est véritablement horrible ce n’est pas les horreurs qu’un ivrogne ou un junkie s’inflige mais le prix fort et les dommages émotionnels et physiques que des spectateurs innocents, des proches et des communautés où ils vivent doivent endurer.

Quoi qu’il en soit, j’ai remarqué qu’en grandissant beaucoup de personnes autour de moi ont capitulé, abandonné ou renoncé au titre.

Ceci ne m’a jamais vraiment tracassé. Je n’ai jamais eu l’impression que ceux qui sont parti ont trahi la scène ou nous ont menti.

Le seul cas où cela m’énerve est quand ils veulent tirer profit, se réformer, ou revivre l’époque Straight Edge comme si elle était toujours là. Pour ceux individus, je n’ai que du mépris car si tout cela a eu un sens pour eux à un moment, cela leur semblerait étrange et inapproprié après cracher sur tout ce qui leur était cher.

Bien évidemment, cela n’arrive dans un vide social et il y a, malheureusement, toujours de très nombreux vendus, des marchands de nostalgie et des jeunes Straight Edge « non-hautains » qui soutiennent ces minables.

Comme je le disais au début, je suis maintenant plus âgé et plus tellement intéressé dans tout cela ni dans la scène musicale ou les concerts. Mais je suis toujours entièrement anti drogues et anti culture de la drogue et cela ne changera pas.

J’ai l’impression qu’à un moment dans mes vingt ans, j’ai arrêté de faire partie de la scène Straight Edge pour en faire tout simplement une partie de ce que je suis. Une grande partie de ma personnalité s’est construite autour parce que je ne l’ai jamais renié, je n’ai jamais abandonné et, en fin de compte, j’ai toujours été fier de le représenter.

Mes espoirs pour le futur du Straight Edge est qu’il se conserve au-delà de la musique et après que le concert soit terminé ; comme une force tournée CONTRE les drogues et l’alcool et POUR une vie saine et sobre. Car lorsque nous vieillissons, la pression pour boire et se droguer se fait plus forte que dans notre jeunesse. Mais aussi notre capacité personnelle à changer les choses.

Cordialement,

Walter Bond

ALF POW [Prisoner of war (prisonnier de guerre)]

Esther Benbassa veut « plus de cannabis »

Sénatrice EELV, Esther Benbassa est une figure très connue pour son folklore, correspondant tout à fait au cliché que font les fachos de la bobo qui ne cesse de faire des comparaisons ininterrompues (et totalement déplacées) avec la Shoah pour désigner le (triste) sort des migrants et prône l’ultra libéralisme sur le plan individuel.

Depuis la « marée humaine » de Jean-Luc Mélenchon de samedi dernier où elle a participé, il y a une petite vague dans les rapports sociaux consistant à la montrer dans le cortège avec sa pancarte favorable au cannabis.

Elle s’est bien entendu munie de son écharpe tricolore de sénatrice pour chercher à ne pas tomber sous le coup de la loi… Rappelons en effet ce que dit celle-ci :

Article L3421-1

L’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d’un an d’emprisonnement et de 3750 euros d’amende. (…)

Article L3421-4
La provocation au délit prévu par l’article L. 3421-1 ou à l’une des infractions prévues par les articles 222-34 à 222-39 du code pénal, alors même que cette provocation n’a pas été suivie d’effet, ou le fait de présenter ces infractions sous un jour favorable est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende.

Cependant, dans la constitution il est aussi dit :

Article 26
Aucun membre du Parlement [c’est-à-dire l’assemblée nationale + le sénat] ne peut être poursuivi, recherché, arrêté, détenu ou jugé à l’occasion des opinions ou votes émis par lui dans l’exercice de ses fonctions.

Las ! Si Esther Benbassa avait mieux étudié le droit – et si l’État l’appliquait d’ailleurs – il y aurait quand même eu poursuite, contre Europe Ecologie Les Verts. La pancarte que tient Esther Benbassa est en effet signée EELV, et si donc la sénatrice échappe aux poursuites, dans l’ordre des choses la signature impose juridiquement de se retourner contre EELV !

Cela ne sera bien sûr pas le cas, la capitulation de l’État étant complète devant la marche forcée du « capitalisme de l’or vert ».

Notons au passage qu’outre de mettre en valeur la déchéance du corps et de l’esprit (les deux étant une seule chose pour nous), Esther Benbassa est également une lâche. Voici son argumentaire sur twitter, où elle se dégonfle de manière pathétique.

Qu’elle est minable !

Cela montre au passage que notre vision des choses selon laquelle la question du cannabis thérapeutique n’est qu’un prétexte est tout à fait juste. Les partisans du cannabis utilisent le principe de la boule de neige : chaque élément de plus permet d’ébranler l’opposition au cannabis, chaque argument de plus fait avancer la cause.

Et cela ne semble pas parti pour aller dans le sens d’un référendum, désormais ce sera aux opposants de le demander. Les choses vont plutôt dans le sens de l’utilisation du cannabis comme argument pour des élections parlementaires ou présidentielles, sans doute par Emmanuel Macron.

L’appât du gain d’un côté, le libéralisme des mœurs de l’autre, feront que le cannabis s’installera finalement aisément dans la société française.

Et l’en extirper va être difficile ! Montrant une fois de plus qu’il faut un esprit d’opposition frontale : ou bien les valeurs vegan straight edge, ou bien l’effondrement.

Quand Le Monde résume le couple hétérosexuel aux «mêmes frites à la cantine»

Être straight edge, c’est refuser tout rapport sexuel hors du cadre du couple construit. C’est le troisième « X » qui est absolument indiscutable. Et c’est une valeur de plus en plus révolutionnaire.

Pourquoi ? Parce si on a les fachos et les cathos d’un côté, de l’autre on a les dégénérés qui remettent tout en cause au nom de la « liberté », c’est-à-dire de l’esprit de consommation et de l’ultra-individualisme.

Comme on le sait, ces deux phénomènes se nourrissent l’un l’autre. Plus les uns disent qu’une femme doit être soumise, plus les autres disent qu’un fœtus ne vaut pas plus qu’un déchet ; plus les uns disent que le couple est un préjugé du passé, plus les autres disent qu’il faut avoir une conception patriarcale du couple.

On est mal barré !

Pour avoir un aperçu de plus de cette logique de la déliquescence se mariant avec la progression des ultras-réacs, voici ce que raconte dans Le Monde Maïa Mazaurette, la chroniqueuse de « La Matinale du Monde ».

C’est un excellent exemple, en effet, de propagande délirante que son article Hétéro, cisgenre et monogame : qui rêve encore d’être « normal » ?. En voici le début :

Qui veut encore être « normal » ? Pas les jeunes. Selon une étude américaine, 20 % des millennials (18-34 ans) se définissent comme LGBTQ (GLAAD, 2017).

Même son de cloche en Angleterre, où 43 % des 18-24 ans se voient comme non strictement hétérosexuels (Yougov, 2015).

Rangeons notre scepticisme : cette évolution ne provient pas d’un sursaut hormonal ou d’une mode (combien de temps allons-nous utiliser l’argument « mode » dès qu’un changement sociétal nous déplaît ?). Il ne s’agit même pas forcément d’une contestation solide des normes. Objectivement, le label hétéro cisgenre monogame ne fait plus rêver.

Il va de soi que c’est totalement n’importe quoi. Il faut vivre dans une sorte de bunker universitaire, de forteresse bobo ou grand bourgeois d’une grande ville pour tenir des propos pareils.

Les gens aspirent à la normalité. Malheureusement d’ailleurs, c’est cela qui les amène à tomber dans le piège du conformisme : la normalité dans la société de consommation, c’est la perte des sentiments…

Et cela ne veut pas dire que dans « l’arrière-pays », il n’y ait pas n’importe quoi, pas de prostitution ou de perversités. L’isolement ne produit jamais rien de bon…

Mais heureusement il reste la nature humaine et heureusement il reste des personnes romantiques, refusant le sexe comme performance, rejetant le principe d’identité comme moyen d’avancer dans la vie, croyant en la force des sentiments.

C’est même la majorité des gens qui sont ainsi, encore est-il qu’il faut lever cette bannière, ne pas la laisser aux religieux.

Sans pour autant céder le terrain aux dépressifs de la société de consommation qui ne trouvent de solution que dans la destruction de toutes les valeurs, jusqu’au délire caricatural d’une guerre à l’existence naturelle majoritaire de l’hétérosexualité, d’une guerre contre le couple, d’une guerre contre la simplicité.

Les propos tenus par la suite dans l’article sont explicites à ce sujet.

Vous me direz : et pourquoi pas, si ça rend les gens heureux de passer une vie entière à mettre des pénis dans des vagins ? Je suis absolument d’accord.

Mais ça ne rend pas les gens heureux, du moins pas à long terme… or la monogamie rêve de long terme. Si ce système fonctionnait réellement, les sexologues, psys, vendeurs de lingerie à moumoute, experts en relations extraconjugales et avocats millionnaires spécialisés en divorce seraient au chômage. Leurs clients ne sont pas des imbéciles, ni des perdants.

Ils sont simplement coincés dans une sexualité format timbre-poste, immobile, identique du premier rapport au dernier, à deux-trois détails près. Exactement comme si on était condamnés à manger les mêmes frites à la cantine tous les jours, avec pour Noël de la mayonnaise plutôt que du ketchup.

L’hétérosexualité serait insuffisante en soi. Le couple une impasse. La fidélité une impossibilité. Le couple ne pourrait être que temporaire. L’amour est une illusion, ou bien un sentiment passager.

Car on le remarquera, la question des sentiments n’est pas prise en compte. Tout est réduit à une sorte de mécanique des corps. C’est l’individu qui se considère comme sa propre entreprise, et qui accumule.

Qui accumule de l’expérience, des gens, des sentiments, des émotions, sauf que cela ne marche pas comme cela dans la vie.

Et comme cela ne marche pas, il faut aller toujours plus loin pour avoir l’illusion d’avancer quand même. La journaliste propose quand même par exemple qu’un couple hétéro pratique la pénétration du pénis…

Enfin bref, c’est toute la philosophie existentialiste du « aller plus loin », « vivre sa propre vie », « faire ce qu’on veut » et se définir par cette pseudo-liberté…

C’est le reflet le plus direct, le plus pur, du capitalisme triomphant tellement qu’il généralise l’individualisme.

Et les partisans de ce mode de vie détraqué se prétendent progressistes, masquent leur propagande derrière la conquête des droits, prétendent changer le monde…

Et malheureusement, nombre de jeunes voulant se rebeller tombe dans ce piège. Ils s’imaginent avoir des problèmes d’identité au lieu de vouloir de combattre ce que nous appellerons, par commodité, Babylone.

Ils veulent se changer eux – ce qu’il faut faire, mais en tant que personne, pas en tant qu’individu – au lieu de changer le monde.

Ils passent du rejet de la réalité… telle qu’elle est, au nom de ce qu’elle pourrait être, au rejet du réel.

Cannabis : la Creuse veut être à la pointe de « l’or vert »

Les partisans du cannabis sont toujours plus subtils dans leur offensive!

Depuis quelques jours, il y a une avalanche médiatique au sujet d’Eric Correia. Cet élu de la Creuse fait depuis quelques temps un forcing démesuré pour que cela soit chez lui que « l’or vert » soit produit.

Sa méthode est des plus simples : il revendique que la Creuse soit une zone test pour le cannabis médical. C’est bien entendu une escroquerie. Il s’agit tout simplement de faire de la Creuse un bastion du capitalisme cannabistique.

La question de la médecine n’est qu’un prétexte pour que cela passe. L’argumentaire de Eric Correia tourne très rapidement d’ailleurs à la mise en valeur du capitalisme du cannabis, comme ici dans ce qu’il raconte à La Montagne.

« À un moment donné, ça sera autorisé. Mais si dans trois ans on n’a pas avancé sur ce dossier, ça sera fichu pour la France.

Un peu plus de 35 Etats des États-Unis autorisent le cannabis thérapeutique et récréatif, d’autres seulement le cannabis thérapeutique.

En Europe, la France reste le seul pays où il n’est pas légalisé. On est le pays le plus répressif mais aussi celui où il y a le plus de consommateurs !

Soit on attend que ce soit les Allemands qui nous l’exportent, soit on est plus intelligent et on nous autorise à le faire en Creuse.

Ici, on a des producteurs de chanvre intéressés : cette économie, cette filière, on est capables de la construire. Au Colorado, ils ont créé 18.000 emplois en trois ans. Imaginez ici ce qu’on peut gagner en emplois et en nouvelle population si on se lance. »

Ces propos sont carrément cash et, rappelons-le, encore inégal, puisque faisant la promotion d’une drogue. Qu’il ne soit pas poursuivi en dit long sur la capitulation totale de l’Etat par rapport au cannabis.

Mieux encore, ou plutôt pire, Eric Correia a remis au préfet de la Creuse – au nom de la contribution au « Plan Particulier pour la Creuse » – un document de synthèse intitulé :

« La Creuse, territoire d’expérimentation de la légalisation du cannabis à usage médicinal et récréatif ».

Le terme « récréatif » montre bien qu’on dépasse la question du médicinal, même si les médias ont joué le jeu en ne parlant en fait que de cet aspect ces derniers jours. L’idée est bien entendu de faire tomber un peu plus l’opinion publique.

On est bien là ni plus ni moins que dans une manipulation au nom des bons sentiments : qui oserait protester contre une éventuelle progression du combat contre la douleur?

C’est tactiquement extrêmement bien joué. Cela permet vraiment de lancer une offensive sur un nouveau secteur de la population, pour qu’il bascule du côté de la légalisation du cannabis.

Il y a clairement une stratégie générale, où Eric Correia vient subtilement se poser. D’ailleurs, il  organise le 22 mai 2018 une conférence de promotion du cannabis dit thérapeutique, avec donc on l’a compris l’idée d’établir « l’or vert » dans la Creuse…

Depuis plusieurs années, le chanvre s’est imposé dans l’industrie pharmaceutique comme un produit devenu incontournable. Selon l’International Association for Cannabinoid Medicines (IACM), plus d’une quarantaine de pathologies pourraient être soignées ou prises en charge par la plante.

Au-delà de l’opportunité pour le bien-être des patients, le cannabis est aussi un axe de développement économique considérable, et notamment en Creuse où il pourrait permettre des bénéfices importants.

Le 22 mai, Président de l’agglomération du Grand-Guéret et Conseiller Régional de la Nouvelle Aquitaine organise, en collaboration avec l’association NORML France une réunion d’information sur le chanvre thérapeutique.

L’événement permettra le débat autour des activités économiques possibles liées à l’exploitation du chanvre avec un panel élargi d’éclaireurs, de décideurs, d’agriculteurs, de patients et citoyens.

Avec :

– Eric CORREIA, Président de l’Agglo du Grand Guéret et conseiller régional PS de Nouvelle Aquitaine
– Dr Olivier BERTRAND, NORML France – Santé & Médecine
– Florent BUFFIERE, NORML France – Culture & Tradition
– Béchir BOUDERBALA, NORML France – Droit & Législation
– Vincent TURPINAT, Collaborateur du Député de la Creuse
– Francois VINCENT, Professeur de Pneumologie au CHRU de Limoges

Mais aussi des agriculteurs et chanvriers Creusois, dont : Marien SABLERY (Chanvre Limousin), Mathieu COUTURIER, Jouanny CHATOUX…

Des témoignages de patients, les aspirations des possibles futurs acteurs économiques du cannabis Creusois…

Mais aussi et surtout : Vous!
Votre point de vue, vos idées, vos suggestions…

C’est très bien joué, malheureusement. Entre l’envie de basculer dans les paradis artificiels, l’appât du gain, le je-m’en-foutisme, l’esprit libéral, l’esprit anarchiste… il y avait de quoi faire boule de neige.

Avec la question de la santé, il y a en plus une offensive jouant sur la question de l’intérêt général face à la maladie, ce qui permet au cannabis d’acquérir « ses lettres de noblesse ». Le discours sur l’utilisation « ancestrale » du cannabis pour soigner est devenue une norme.

C’est vraiment un tournant. Il est évident que le contexte annuel – aujourd’hui a également lieu à Paris la « cannaparade », qui profite de nombreuses entreprises sponsors – est particulièrement favorable à la légalisation.

La résistance historique au cannabis périclite toujours davantage. Cela souligne d’autant plus l’importance d’assumer un mode de vie (vegan) straight edge, pour être capable de s’interposer avec le mode de vie dominant individualiste, égocentrique, tourné vers la fuite…

Il faut assumer la vie telle qu’elle est, la prendre dans toute sa richesse en osant y contribuer, sans sombrer en cherchant une facilité imaginaire qui ne fait en réalité que tout ruiner!

La diffusion du GHB/GHL : des décadents aux branchés

L’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies vient de publier un rapport au sujet de la drogue appelée GHB ; en voici les extraits les plus significatifs et ils valent vraiment le détour.

Non seulement parce qu’on découvre les modalités de cette drogue, mais parce que le rapport cible très précisément l’origine de celle-ci, au point qu’on croirait lire du Balzac!

De manière détaillée, le rapport explique comment cette drogue s’appuie à l’origine sur une utilisation par des gens socialement très favorisés et fréquentant des milieux décadents, en quête de sensations fortes, dans les milieux gays parisiens.

Puis, par effet de « branchitude », elle a ensuite été adoptée dans les soirées se voulant « alternatives » (par opposition aux boîtes de nuit hyper-chic ou au « Macumba »), et relevant en réalité d’une fuite dans l’auto-destruction urbaine.

Pour bien saisir l’ampleur du désastre – le GHB (ou encore GHL pour une variante) est largement présent dans les soirées parisiennes et ne coûte pratiquement rien – notons ce « témoignage » de « Sophie, 30 ans, médecin, Paris » publié par Libération.

Ce n’est ni plus ni moins qu’un éloge de cette drogue par une personne se revendiquant médecin… Normalement une telle publication serait interdite, une enquête menée, l’ordre des médecins se mettant également en branle…  Cela ne sera évidemment pas le cas, libéralisme libertaire oblige !

«Je nourris une certaine curiosité vis-à-vis des drogues, même s’il y a aussi une part de crainte.

Je n’ai jamais eu une consommation régulière de quoi que ce soit (à part l’alcool, en soirée), mais j’ai déjà essayé le cannabis, le poppers, la cocaïne, la MDMA, la kétamine…

J’ai pas mal d’amis dans le milieu gay qui prennent du GBL depuis quelque temps déjà.

On m’avait dit que ça faisait un peu plus planer que l’alcool. A l’automne dernier, lors d’une soirée, on était plusieurs à vouloir tester avant de sortir en boîte. L’important pour moi, c’est que cela se fasse dans un contexte «safe», rassurant.

En l’occurrence, j’ai une totale confiance en la personne qui m’en a proposé, qui par ailleurs maîtrise les posologies via son métier et dispose de matériel de précision pour doser. Il nous a clairement mis en garde sur l’interdiction formelle de boire de l’alcool. Je savais que le risque principal était une forte somnolence.

J’ai dilué le produit dans du soda. Une fois dans la boîte, trente minutes après la prise, j’ai senti une détente progressive, une sorte de gaîté, quelque chose d’assez doux, une exaltation, et clairement, j’étais désinhibée sur le plan sexuel.

Par contre, par habitude, j’ai commandé un verre d’alcool au bar, mais tout en surveillant d’éventuels effets indésirables. Par la suite, j’en ai repris environ trois fois, dans des soirées en appartement.

Là où l’alcool rend la vision floue, donne la gueule de bois ou des nausées le lendemain, ce n’est pas le cas du GBL. On m’en a donné, que je conserve chez moi. Peut-être que j’en reprendrai, dans un contexte de rencard, pour le côté désinhibé sexuellement, par exemple.»

Voici les extraits du rapport présentant l’avènement du GHB/GHL comme drogue « branchée ».

Le GHB (gamma-hydroxybutyrate) est une molécule utilisée dans le cadre médical comme anesthésique et dans le traitement de la narcolepsie, qui agit sur les récepteurs GABA1 comme l’alcool ou les benzodiazépines .

Il possède une double action : sédative et amnésiante. Le GHB est utilisé de manière détournée à des fins récréatives ; beaucoup plus rarement à des fins criminelles dans le cadre de tentatives de soumission chimique d’une personne par une autre (Djezzar et al., 2009).

Dans les années 1990, l’usage récréatif du GHB se développe dans les espaces festifs du courant musical électronique (Cadet-Taïrou et Gandilhon, 2009).

Par conséquent, il a été classé comme stupéfiant en France en 1999. Les effets du GHB apparaissent au bout de 15 minutes et durent de 1 heure 30 à 2 heures. À faibles doses, il a un effet relaxant, désinhibant et euphorisant.

À fortes doses, il entraîne une sédation et peut provoquer une dépression respiratoire ainsi qu’une une perte de conscience, communément appelée G-hole par les individus familiers du produit, qui peut aller jusqu’à un coma profond (de plusieurs heures à plusieurs jours) et aboutir au décès.

Cependant, jusqu’à la fin des années 2000, le GHB acquiert surtout une notoriété à travers les mises en garde des usagers des clubs et des discothèques contre la diffusion de la « drogue du viol », allusion à l’usage criminel du GHB .

Le GBL (gamma butyrolactone) est un solvant industriel précurseur du GHB c’est-à-dire qu’une fois ingéré, ce dernier est métabolisé en GHB par l’organisme.

La prise de GBL entraîne donc les mêmes effets que celle du GHB. En revanche le temps d’apparition de ses effets et leurs durées varient puisqu’ils dépendent du temps d’absorption et de métabolisation du GBL.

Ainsi, les effets apparaissent plus progressivement que ceux du GHB (30 à 45 mn) et durent un peu plus longtemps (3 à 5 h). À partir de 2006, l’usage détourné du GBL remplace progressivement celui du GHB (Cadet-Taïrou et al., 2008).

Le GBL ne fait l’objet d’aucun classement juridique du fait d’une utilisation courante dans l’industrie (comme solvant à peinture ou pour le nettoyage des jantes de voiture, par exemple).

La substitution du GHB par le GBL s’explique ainsi par son faible coût et sa facilité d’accès, malgré l’interdiction par l’État de sa cession et de sa vente au grand public en 2011, à la suite de cas d’hospitalisations occasionnés par des ingestions de GBL .

Si le nom usuel donné au produit reste le plus souvent « GHB » (Fournier et al., 2010), d’où l’emploi du terme « GHB/GBL » dans cette note, c’est actuellement le GBL qui circule et qui est consommé.

GHB et GBL exigent tous deux un dosage extrêmement précis du fait de l’écart étroit entre la dose nécessaire à l’obtention des effets recherchés et la survenue d’une perte de connaissance.

Quelques millilitres du produit sont suffisants dans le cadre d’un usage récréatif, c’est pourquoi le GBL doit théoriquement être dosé à la pipette. (…)

Au début des années 2000, le réseau d’observation TREND constate que l’usage de GHB/GBL dans le cadre de la mouvance techno est discret (Cadet-Taïrou et al., 2008 ; Costes, 2010).

La consommation de GHB/GBL est alors un phénomène bien spécifique, lié essentiellement au milieu du clubbing homosexuel8 , principalement parisien. La population concernée est masculine, plutôt restreinte et socialement bien insérée .

Les consommateurs de GHB/GBL sont des hommes appartenant à des catégories socioprofessionnelles plutôt élevées et ayant déjà consommé d’autres drogues auparavant (Bello et al., 2002 ; Bello et al., 2004).

Entre 2002 et 2005, la consommation de GHB/GBL semble s’amplifier dans les espaces festifs gays parisiens, mais reste confinée aux soirées les plus fermées au public hétérosexuel lesquelles autorisent une plus grande visibilité de la sexualité (Fournier et al., 2010). (…)

À partir du milieu des années 2000, l’usage du GHB/GBL s’étend aux espaces festifs gay et gay friendly de plusieurs métropoles régionales françaises investiguées par le dispositif TREND (Bordeaux, Lille, Toulouse et Marseille), où l’absence d’un milieu festif exclusivement homosexuel favorise le brassage entre différentes populations.

Le GHB/GBL touche ainsi, à la fin des années 2000 le public plus large des clubs et les discothèques (y compris hors de la mouvance techno). (…)

L’intensification des consommations de GHB/GBL en espace privé est également liée au développement du chemsex à la fin des années 2000, c’est-à-dire des pratiques de consommation de substances psychoactives dans le cadre de relations sexuelles organisées à domicile par une frange du milieu gay (Batisse et al., 2016 ; Milhet et Néfau, 2017). Cette tendance est accompagnée par l’émergence de nouvelles modalités de rencontres via des sites Internet et des applications mobiles géolocalisées.

Plusieurs enquêtes font état de la place centrale occupée par le GHB/GBL dans la palette des produits consommés lors de ces sessions chemsex en appartement (Fournier et al., 2010 ; Milhet et al., 2017). (…)

Depuis 2015, le produit semble connaître un nouveau cycle de diffusion vers l’espace festif commercial notamment lors des soirées gay friendly, où il est consommé par une population mixte, jeune et hétérosexuelle. Cet épisode est relativement semblable à celui survenu 10 ans plus tôt. (…)

À Paris et à Lyon, cette diffusion s’inscrit dans la tendance plus générale, également observée à Lille, Marseille ou Bordeaux, au développement d’une offre festive « alternative » dans le centre des villes.

Cette offre se traduit par l’organisation d’événements dans des salles, des clubs ou des bars proposant un éventail de musiques électroniques plus variées que les programmations des boîtes de nuit généralistes. (…)

À Paris, cet espace festif alternatif de plus en plus hybride attire ainsi différentes populations : les clubbers mélomanes séduits par la programmation musicale, les teuffeurs en quête de lieux alternatifs où la consommation de drogue est tolérée, des étudiants attirés par des prix relativement réduits, le public LGBTQ par l’ambiance LGBTQ friendly, etc. (Pfau et Péquart, à paraître).

Le site TREND lyonnais constate également une porosité croissante entre les scènes musicales commerciales généralistes et alternatives (en matière d’ambiance, de programmation) favorisant le mélange des publics et la mixité des consommations.

Dans ce contexte, la présence du GHB/GBL semble se renforcer depuis cinq ans « à toutes les étapes des nuits festives : en before, en soirée, et en after, dans les espaces collectifs de danse comme dans les espaces de sexualité » (Tissot, 2017 ; Tissot, à paraître).

C’est une faillite morale et culturelle… Cela souligne d’autant plus la nécessité d’affirmer l’identité vegan straight edge !

Le documentaire « Inside straight edge »

Le documentaire « Inside straight edge » de 2008 présente le mouvement straight edge à ce moment-là aux Etats-Unis, avec un angle assez racoleur il est vrai, mais en partie vraie : le rapport à la violence.

On sait à quel point la société américaine, au tissu social délabré et à l’individualisme exacerbé, est marquée par la violence. Comme le mouvement straight edge s’est développée de manière populaire, il a réagi de manière immédiate à la confrontation : avec les nazis, avec les dealers.

On ne se prétend pas impunément contre l’alcool et les drogues dans un pays où justement la consommation d’alcool et le trafic de drogues ont autant d’importance. D’où une fraternité nécessaire, avec malheureusement également, en l’absence d’une compréhension sociale avancée, d’inévitables erreurs, fautes et drames.

Le documentaire ne comprend pas cela et a donc ses limites, mais il est intéressant culturellement. Puis il rappelle que la culture straight edge n’a rien à voir avec une sorte de démarche anarcho-pacifiste universitaire célébrant « l’amour libre ».

Être straight edge, c’est se confronter aux injonctions de la beauferie du triptyque alcool, drogues, coucher avec n’importe qui.

Aux Etats-Unis, avec le contexte américain, c’est explosif. Et que dire de certains pays d’Amérique latine, comme le Mexique, où l’inévitable affirmation anti-drogues ne pourra que prendre des formes extrêmement agressives, meurtrières ?

Emmanuel Macron : « Moi, je bois du vin le midi et le soir »

Emmanuel Macron n’est pas qu’un ardent défenseur de la chasse, notamment de la chasse à courre. Il est également un fervent défenseur des agriculteurs et des éleveurs. Parce qu’il sait que le libéralisme qu’il défend s’appuie sur les petits entrepreneurs, sur le maintien d’une culture beauf qui enserre le pays dans l’arriération sur le plan de la pensée et dans la consommation avec un esprit superficiel sur le plan de l’économie.

Ce qui amène, inéluctablement, à la défense de ce qui en France n’est pas considéré comme un alcool : le vin. Alors qu’il recevait 800 jeunes agriculteurs hier à l’Elysée – en réalité il y avait apparemment une bonne part d’éleveurs, il a déclaré la chose suivante :

« Il y a un fléau de santé publique quand la jeunesse se saoule à vitesse accélérée avec des alcools forts ou de la bière, mais ce n’est pas avec le vin. »

Ce relativisme par rapport au vin relève de culte du « savoir-vivre » à la française, masque d’une arriération culturelle ayant le masque du traditionnel, du faussement convivial. C’est l’idéologie du petit gueuleton un peu arrosé, avec ses fausses polémiques, ses psychodrames, son vide culturel.

Ces petites gueulantes qui ne mènent à rien, mais qui flattent l’ego, ces attitudes surjouées, pratiquement théâtrales, le tout considéré comme feutré ou raffiné en raison du « charme » de l’alcool… voilà un style bien français.

Et si l’on ne veut pas que les choses changent, il ne faut surtout rien y changer.  Un pays de beaufs ne fait pas la révolution.

Et le président doit assumer ce style. Tout comme François Hollande trompait sa compagne en se faisant accompagner en scooter chez une autre femme, Emmanuel Macron a expliqué, pour bien montrer qu’il assumait les « traditions » :

« Moi, je bois du vin le midi et le soir. Je crois beaucoup à la formule de (Georges) Pompidou : ‘n’emmerdez pas les Français’. »

Le président de la République qui vante une consommation d’alcool deux fois par jours, voilà la modernité à la française. C’est le prix à payer quand on considère comme « puritain » tout effort prolongé en direction de quelque chose.

Quant à la référence au mot de Pompidou, elle n’étonnera personne, car c’est là très précisément ce qu’est le libéralisme : chacun fait ce qu’il veut, et du moment qu’il n’y a pas de préjudice pour autrui, on ne doit pas intervenir.

Et c’est aussi l’idéologie du scepticisme, de la passivité, du relativisme. Les associations comme L214 disent également qu’il ne faut pas « emmerder » les gens, mais les interpeller symboliquement, en laissant les choses se mettre en place sur le long terme, etc.

C’est là une faillite morale et intellectuelle. C’est là la capitulation devant la valeur morale du véganisme, devant la valeur intellectuelle du besoin de sortir de la beauferie généralisée.

La planète meurt, et il ne faudrait pas brusquer. Et surtout ne pas déranger le pire des policiers : la mentalité de petit propriétaire qui sommeille en chacun… Voire qui ne sommeille pas du tout et est même très actif.

Comme si posséder une maison individuelle permettait d’échapper à la responsabilité de l’évolution du monde, à une France enlisée culturellement, où l’ennui prédomine sauf dans les grandes villes où tout bascule rapidement dans la superficialité, tout se faisant modeler par l’esprit commercial, la volonté de paraître.

Somme toute, on est pratiquement dans une situation qui est celle de l’Ancien Régime, avec une population massivement repliée sur sa vie quotidienne aux traditions célébrées mais fantomatiques culturellement, et une petite minorité qui « s’éclate » et prétend bien vivre avec ses bons restaurants.

Et vu d’un peu plus loin, l’effondrement des mœurs, le relativisme moral, la négation de l’engagement sentimental ou dans le couple, tout cela caractérise une société qui ne vit que de la dissolution de toutes les valeurs comportementales. C’est la fin de toute une époque.

Et cette fin est vantée comme le triomphe du libre-arbitre, du choix individuel, du « respect » de tous les choix. Il ne faut pas emmerder les gens ! Certains veulent changer de sexe ? Qu’ils le fassent ! Certains veulent acheter des enfants auprès de mères porteuses ? Pourquoi pas ! Certains veulent fumer du cannabis ? Cela les regarde !

Et ainsi de suite à l’infini.

Le symbole de ce refus de l’universalisme, ce sont par conséquent aussi les propos d’Emmanuel Macron disant hier :

« Tant que je serai président, il n’y aura pas d’amendement pour durcir la loi Evin. »

C’est logique. La sécurité sociale a été faite en 1945 pour aider les faibles. Désormais, pour tout le monde c’est simplement une assurance individuelle, comme une sorte de mutuelle et donc par la suite il y aura privatisation.

Découle de cela le principe du « malheur au vaincu ». Donc la Loi Evin – qui vise à protéger les faibles, à bloquer l’accès à l’alcool – ne peut pas être renforcée.

Et même elle doit être supprimée, car il est facile de comprendre que ce qui ne doit pas être renforcé doit être affaibli. Toute loi est un rapport de force, dépendant de la balance des engagements d’un côté ou de l’autre.

Dire que la loi Evin ne sera pas renforcée c’est affaiblir sa légitimité. Au nom de la « liberté ». Au nom du fait que chacun doit faire ce qu’il veut. Au nom du principe comme quoi il ne faut pas « emmerder les Français ».

Afin que rien ne change. Jusqu’à l’écoeurement.