L214 évalue les animaux non pas à la sensibilité, mais au regard humain

Nous avions déjà parlé de la belle chanson de Bruce Cockburn « If a tree falls », qui fait allusion à une phrase de l’évêque George Berkeley, au 18e siècle :

« Si un arbre tombe mais que personne ne l’entend, fait-il du bruit ? »

La chanson renverse la perspective, ce qui est la démarche de base quand on reconnaît une valeur en soir à la Nature.

Les végétaux et les animaux ont une valeur en soi. Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas un animal mourir qu’il ne meurt pas, et sa valeur ne dépend en général pas de ce regard.

La Nature existe en soi, la vie a une valeur en soi. La valeur ne dépend pas du choix accordé, l’existence ne dépend pas du choix accordé. Les êtres humains peuvent ne pas aimer les cafards, les rats, les pigeons : la vie des cafards, des rats, des pigeons continuent, car cela relève de la Nature, plus puissante que toutes les vaines tentatives humaines.

Le réchauffement climatique va remettre en place d’ailleurs le décalage de l’humanité par rapport à la réalité, l’ordre naturel. La vie existe, en soi, indépendamment de ce que l’humanité en pense ou pas.

Ce n’est pas le point de vue de L214, qui montre une fois de plus que son principe, c’est un témoignage catholique, une complainte de classe moyenne devant l’horreur du monde, une lamentation d’humain prenant le sort des animaux en otage.

Voici ainsi le message posté hier par L214.

Parler de toutes les choses fausses dans cette image pourrait prendre des heures. Il y a par exemple l’éloge de la domestication avec le chien, car même si le chien est notre ami et le restera, son statut de serviteur de l’être humain date de la même période que la domestication et donc l’élevage des cochons.

Il y a le côté culpabilisation du texte sur le fait de naître sous une bonne étoile, ce qui ne veut d’ailleurs rien dire à moins de croire en la réincarnation et de penser qu’on peut être indifféremment chien, cochon ou être humain, etc.

Il y a d’autres aspects encore (le cochon allongé ou sans doute mort, le cliché de la femme aux cheveux longs sous les étoiles, etc.), mais c’est secondaire par rapport au vrai problème de fond, consistant en cette affirmation absurde :

« Ce qui les distingue le plus n’est pas leur sensibilité ou leur intelligence, mais le regard que nous leur portons. »

On dira déjà peut-être : ce n’est jamais qu’une image. Ce qui n’est pas vrai : L214 a réussi à accumuler de très importantes sources de financement et la personne qui a réalisé cette image a été payée, tout comme celle la mettant en ligne (si ce n’est pas la même).

Cette image relève d’un choix, tant marketing que philosophique. Il est donc juste et nécessaire de voir ce qu’elle vaut, surtout qu’elle montre une chose très simple : le véganisme actuel n’aime pas les animaux, il les prend en otage pour sa complainte.

Les animaux n’ont pas de valeur en soi, pas plus que la Nature, une question d’ailleurs liée. C’est le regard humain sur l’animal qui compte. C’est de l’anthropocentrisme.

On entend déjà ici une voix dire : mais non, c’est le contraire, L214 a voulu dire que les animaux peuvent avoir une sensibilité ou une intelligence similaire, mais que l’être humain fait des distinctions qui n’ont pas lieu d’être.

D’où le cochon et le chien, qui sont considérés comme d’égale intelligence, quoiqu’une telle comparaison puisse avoir de sens (comment évaluer réellement une intelligence? Chaque espèce n’existant que par son milieu, l’être humain y compris).

Mais, justement, c’est cela l’anthropocentrisme.

L’anthropocentrisme, c’est considérer que l’être humain est au centre, que ses distinctions ont une importance. Que l’être humain peut décider, selon sa conscience, en-dehors de la réalité.

C’est là le problème : L214 ne fait en pratique que renverser le système de valeurs anthropocentristes, mais  sur la base de l’anthropocentrisme. Ce qui annule toute la critique.

L214 dit le contraire que le « spécisme », mais le fait en s’appuyant sur l’humanité, non pas les animaux, ni la Nature. C’est de l’anthropocentrisme.

Donnons quelques exemples, parallèles utiles pour saisir cela. Le philosophe allemand Heidegger expliquait que l’existence en général n’avait de sens que parce que l’être humain était le témoin de celle-ci, grâce à la poésie libérée de toute règle.

L’être humain est censé être « le berger de l’être ». C’est son regard particulier qui témoignerait de l’existence dans l’absolu. Sans le regard humain, pas d’histoire, pas de langage, c’est d’ailleurs ce qui est enseigné au lycée en terminale en philosophie.

Les religions monothéistes ne disent pas autre chose, avec l’humanité ayant un statut « à part ». Dieu aurait organisé la création de l’être humain, afin de témoigner de sa création en général.

Tout n’existerait que par l’être humain, voire pour l’être humain. Tout passe par l’être humain.

Notons que parfois les religions sont liées à une reconnaissance au moins partielle de la Nature, comme ici l’Islam qui a sans doute la présentation la plus belle de cette question, avec le verset 72 de la sourate Les coalisés du Coran :

« Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en est chargé ; car il est très injuste [envers lui-même] et très ignorant. ».

Cette vision négative et autocritique est malheureusement bien entendu totalement effacée par l’existence d’un prétendu message divin avec des lois « parfaites ». L’Islam dit que l’être humain est ignorant, mais en même temps des lois « divines » (en fait humaines pour nous athées) viennent corriger le tir, et la démesure est alors de nouveau permise.

C’est une critique de l’anthropocentrisme, finalement anthropocentriste. Suivant cette conception, l’être humain décide, il est au centre. C’est sa manière de voir les choses qui déciderait de tout.

L’absurde théorie de « l’antispécisme » ne dit pas autre chose, en prétendant simplement inverser la chose. Il y aurait le spécisme, il faudrait l’antispécisme, alors qu’en réalité s’il y a bien anthropocentrisme, ce dernier est vain.

L’humanité n’est pas « un empire dans un empire », comme l’a bien dit Spinoza, mais un aspect d’un ensemble, la Nature. Il est donc faux de dire que la chute d’un arbre dans un bois n’aurait pas de « sens » si aucun humain ne l’entend…

Tout ce qui se passe est strictement cohérent et ne provient pas d’une « déviation ». L’être humain n’est pas mauvais et il n’a pas fait de « mauvais choix », il a fait ce qu’il a pu, ce qu’il a du, et maintenant justement il doit cesser de faire un fétiche du passé et faire ce qu’il peut, ce qu’il doit.

Le véganisme est ce qu’il peut, ce qu’il doit. Le véganisme n’était pas possible il y a 500 ans, ni il y a 1000 ans. Il est possible aujourd’hui, et nécessaire.

Pourquoi ? Parce qu’aimer les animaux est naturel. La vie appelle la vie, c’est aussi simple que cela. C’est une question de rapport à la Nature dans son ensemble.

Aussi, ce sont les animaux qui doivent être au centre de la question. Mais les animaux, les « vegans » d’aujourd’hui les préfèrent morts ou souffrants, ils utilisent leurs cadavres pour défiler habiller en noir, mettant en valeur… leurs affres, leurs tourments, leur culpabilité.

Et malheureusement, des gens qui aiment vraiment les animaux se font happer par ce pessimisme, ce nihilisme, qui prend les animaux en otage pour ne parler que d’eux-mêmes.

Aussi le critère n’est pas le regard porté, bon ou mauvais, mais les animaux, la Nature, la vie en soi.

« Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir… »

Voici un texte classique de l’athéisme, où Spinoza rejette la conception religieuse du libre-arbitre. Si l’on fait quelque chose, ce n’est pas par choix : cela répond à notre nature.

On croit vouloir manger quand on a faim, on croit vouloir parler alors qu’on est saoul… On obéit à notre nature et, comme on ne connaît pas les raisons motivant cela, on s’imagine choisir…

J’appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d’une certaine façon déterminée.

Dieu [chez Spinoza, Dieu équivaut à la Nature], par exemple, existe librement bien que nécessairement parce qu’il existe par la seule nécessité de sa nature.

De même aussi Dieu se connaît lui-même librement parce qu’il existe par la seule nécessité de sa nature.

De même aussi Dieu se connaît lui-même et connaît toutes choses librement, parce qu’il suit de la seule nécessité de sa nature que Dieu connaisse toutes choses.

Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret mais dans une libre nécessité.

Mais descendons aux choses créées qui sont toutes déterminées par des causes extérieures à exister et à agir d’une certaine façon déterminée.

Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple : une pierre par exemple reçoit d’une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvements et, l’impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement.

Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu’elle est nécessaire, mais parce qu’elle doit être définie par l’impulsion d’une cause extérieure.

Et ce qui est vrai de la pierre il faut l’entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu’il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d’une certaine manière déterminée.

Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu’elle continue de se mouvoir, pense et sache qu’elle fait effort, autant qu’elle peut, pour se mouvoir.

Cette pierre assurément, puisqu’elle a conscience de son effort seulement et qu’elle n’est en aucune façon indifférente, croira qu’elle est très libre et qu’elle ne persévère dans son mouvement que parce qu’elle le veut.

Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d’avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent.

C’est ainsi qu’un enfant croit désirer librement le lait, et un jeune garçon irrité vouloir se venger s’il est irrité, mais fuir s’il est craintif.

Un ivrogne croit dire par une décision libre ce qu’ensuite il aurait voulu taire.

De même un dément, un bavard et de nombreux cas de ce genre croient agir par une libre décision de leur esprit, et non pas portés par une impulsion.

Et comme ce préjugé est inné en tous les hommes, ils ne s’en libèrent pas facilement.

L’expérience nous apprend assez qu’il n’est rien dont les hommes soient moins capables que de modérer leurs passions, et que souvent, aux prises avec des passions contraires, ils voient le meilleur et font le pire : ils se croient libres cependant, et cela parce qu’ils n’ont pour un objet qu’une faible passion, à laquelle ils peuvent facilement s’opposer par le fréquent rappel du souvenir d’un autre objet. (Spinoza, Lettre à Schuller, 1674)

Jean-Luc Mélenchon, Famille chrétienne et la définition de la vie

Qu’est-ce que la vie ? Cette question si facile et si difficile a bien une réponse et on peut la trouver dans ce qui est dit et pas dit dans une interview accordée par Jean-Luc Mélenchon à Famille chrétienne.

Sur l’avortement, il n’y a aucune volonté politique de promouvoir des alternatives ou des aides, nécessaires pour qu’un véritable choix soit posé. Est-ce normal, selon vous ?

C’est une faillite de la société de ne pas aider les jeunes gens à éviter des grossesses non désirées.

Mais nos points de vue divergent : vous considérez que le fœtus est une personne, je considère qu’il ne devient une personne que lorsque l’enfant est désiré.

Parce qu’il entre alors dans les rapports sociaux qui fondent l’humain.

Pour moi, la priorité est d’abord à la femme.

Vous n’avez pas d’autres droits que de solliciter la Grâce pour la convaincre de rejoindre votre point de vue…

Jean-Luc Mélenchon a tout à fait raison, non pas dans son point de vue, mais dans ce qu’il explique.

Dans notre société, un fœtus n’a pas de reconnaissance en tant qu’être vivant, sauf à une condition : la reconnaissance sociale.

Le cochon d’Inde choisi dans l’animalerie a « droit » à la vie, son frère non vendu n’y a pas droit : c’est une question, comme le dit Jean-Luc Mélenchon, d’entrée dans les rapports sociaux qui fondent l’humain.

Cela signifie que c’est la société qui reconnaît à un être vivant s’il a un droit à l’existence, ou à un développement de son existence.

Or, c’est naturellement anti-scientifique : la vie est la vie et on ne peut pas décider subjectivement. Soit il est un être vivant, soit il ne l’est pas. On ne peut pas décider abstraitement de ce qui est vie et ce qui ne l’est pas.

On peut dire qu’une vie a moins de valeur – ce qui est horrible et à repousser – mais on ne peut pas nier l’existence de la vie.

Pourtant, c’est bien ce que fait la société et c’est là une absurdité qui amène à un irrationalisme complet.

Les fermes-usines sont un exemple de généralisation de cette absurdité : la société considère que les animaux nés pour mourir dans les abattoirs ne sont pas réellement des êtres vivants, mais seulement des produits vivants.

Leur caractère naturel est nié. Les gens exigeant des « réformes » dans les abattoirs nient pareillement ce caractère naturel, car acceptant que la vie des animaux soit encadrée par une fin servant une production humaine.

Voilà pourquoi nous sommes contre l’anthropocentrisme et que nous raisonnons non pas en partant simplement de l’humanité isolée, mais de la Nature dans son ensemble, de la planète comme lieu de la vie organisée à très grande échelle.

Nous n’acceptons ni la vie comme « grâce », car c’est soumettre la vie à un Dieu qui n’existe pas, ni la vie comme « choix », qui est l’existentialisme que défend ici Jean-Luc Mélenchon.

La vie c’est la Nature en mouvement, permettant à des êtres développés de développer leur sensibilité jusqu’à un degré élevé, dont la complexité nous échappe encore beaucoup.

Les arbres et les plantes aussi ont une sensibilité et il est regrettable de procéder à leur destruction : très certainement, l’humanité dans le futur évitera de le faire, ce qui ne veut nullement dire qu’on mangera des choses chimiques infâmes.

Au contraire, on aura une technologie permettant d’éviter de faire en sorte que pour vivre, la vie supprime la vie. Cela permettra un incroyable renforcement de la vie et de toutes manières, si la vie produit des êtres intelligents capable de changer beaucoup de choses, c’est bien en ce sens là.

L’Eglise, la sépulture des défunts et la crémation

De nos jours, la crémation est de plus en plus utilisée après un décès, un tiers environ des gens choisissant cela plutôt qu’un enterrement classique.

Dans ce dernier cas, le corps met plusieurs années à se désagréger, plus d’ailleurs désormais qu’auparavant, en raison des nombreux éléments chimiques industriels ingurgités.

La crémation n’est pas l’idéal, du point de vue vegan, car outre le gâchis d’énergie pour la crémation, celle-ci détruit également les éléments chimiques qui nous composent et qu’on devrait rendre à la planète.

Les nutriments présents permettent de multiplier les bactéries, microbes et champignons, qui vont liquéfier les organes, amenant la production de gaz, alors que les insectes mangent la chair et les os , qui contiennent des protéines, se désagrègent.

La vie est rendue à la vie et le meilleur enterrement, c’est celui qui ramène à la terre, bien entendu sans fleurs, car on les préfère vivantes. Ce type d’enterrement existe déjà de par le monde, même s’il est rare.

L’Eglise est tout à fait consciente de cette problématique, de ce qui est pour elle le risque de compréhension du rapport à la Nature.

Elle tend à deux choses : tout d’abord, de s’opposer à la crémation, au moins symboliquement. Ensuite, de « sacraliser » le corps humain, au nom de l’éternité de l’âme et de la prétendue résurrection à la fin des temps.

La congrégation pour la doctrine de la foi vient donc de rendre public une « Instruction Ad resurgendum cum Christo sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas d’incinération ».

En apparence, seule la crémation est visée, mais en réalité c’est également l’enterrement de type « retour à la terre, à la nature ». Voici ce qu’on lit par exemple :

Pour éviter tout malentendu de type panthéiste, naturaliste ou nihiliste, la dispersion des cendres dans l’air, sur terre, dans l’eau ou de toute autre manière, n’est pas permise ; il en est de même de la conservation des cendres issues de l’incinération dans des souvenirs, des bijoux ou d’autres objets. En effet, les raisons hygiéniques, sociales ou économiques qui peuvent motiver le choix de l’incinération ne s’appliquent pas à ces procédés.

C’est ici clairement l’athéisme, la défense de mère Nature qui est visée. Un autre passage de « l’instruction » souligne cette dimension :

En ensevelissant les corps des fidèles, l’Église confirme la foi en la résurrection de la chair et veut mettre l’accent sur la grande dignité du corps humain, en tant que partie intégrante de la personne, dont le corps partage l’histoire.

Elle ne peut donc tolérer des attitudes et des rites impliquant des conceptions erronées de la mort, considérée soit comme l’anéantissement définitif de la personne, soit comme un moment de sa fusion avec la Mère-nature ou avec l’univers, soit comme une étape dans le processus de réincarnation, ou encore comme la libération définitive de la “prison” du corps.

Bien sûr pour l’Eglise, la défense de mère Nature relève du polythéisme, en tout cas c’est ce qu’elle prétend, afin de se prétendre l’ultime réflexion possible du rapport à l’existence.

La crémation est ainsi autorisée, à condition que les cendres terminent dans un endroit consacré religieusement. Ce n’est pas la crémation qui la dérange vraiment, car l’âme serait éternelle et donc pas concernée.

Ce qui la dérange, c’est la mort en-dehors de Dieu, c’est-à-dire placée directement dans son rapport à la Nature. Tendanciellement, disperser des cendres dans la Nature se rapproche dangereusement de la question athée, du retour à la Nature…

Pour l’anecdote enfin, cette « instruction » vient d’être rendue public. Voici pourtant ce qu’on lit au bas de celle-ci :

Donné à Rome, au siège de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 15 août 2016, Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.

Cela ne doit rien au hasard. Cette date est d’une grande importance symbolique, car l’Eglise met de plus en plus en avant la vierge Marie, pour contrer la conception de Mère Nature.

Voici comment le pape Pie XII, en 1950, donne la définition « technique » de cette date religieuse :

« Nous affirmons, nous déclarons et nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. »

L’âme est éternelle, nous ne serions pas notre corps : voilà le leitmotiv anti-Nature de l’Eglise.

Théorie du genre et « véganisme » individualiste

«Je n’imaginais pas que le Pape se laisserait embarquer par des intégristes et leur folie mensongère. Ça me met en colère. »

Voici l’expression feinte de colère de la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, invitée hier sur France Inter, à la suite des propos du pape François.

Voici ce que ce dernier avait dit :

«Ce que j’ai critiqué [samedi, ndlr] a dit François, est le mal qu’il y a dans le fait d’ériger la théorie du genre en doctrine. Un papa français m’a raconté qu’un soir, en famille (…).

Il demande à son fils de 10 ans: « que veux-tu faire quand tu seras grand?». «Etre une fille!» lui répond l’enfant.

Le papa s’était alors rendu compte que dans les livres du collège, on enseignait la théorie du genre. Ceci est contre les choses naturelles!

Pour une personne, une chose est d’avoir cette tendance, cette option, et même de changer de sexe, autre chose est de faire l’enseignement dans les écoles sur cette ligne, pour changer la mentalité. C’est cela que j’appelle la colonisation idéologique.»

Alors, existe-t-il vraiment une « théorie du genre » ? Bien sûr qu’elle existe. Développée dans les facultés américaines, avec comme base la théorie « queer », le mouvement de la « théorie du genre » nie la Nature et considère que toute définition est « normée ».

Il faudrait donc tout déconstruire. Ce courant de pensée est totalement dominant dans les milieux « antispécistes » liés à l’anarchisme, au point que certains d’entre eux avaient même fait une vidéo pornographique signée « Terre déviante », pour dénoncer La Terre d’abord ! qui pour ces gens est totalement réactionnaire, anti-trans, etc.

En effet, à partir du moment où nous reconnaissons la Nature, nous reconnaissons forcément la division hommes-femmes. Cela ne veut pas dire du tout que nous voulons, comme le pape, que les hommes et les femmes en restent à des rôles sociaux réactionnaires, n’ayant d’ailleurs rien du tout de naturel.

Mais, pour nous, le rapport au corps est celui de l’être, non de l’avoir. On « est » son corps, alors que les gens aliénés ou religieux (ce qui revient au même) pensent avoir un corps.

Le pape fait une critique hypocrite : lorsqu’il parle de choses naturelles, il veut dire naturelles selon Dieu, sauf que son Dieu n’existe tout simplement pas, n’ayant été qu’un prétexte masquant des intérêts humains.

Et dans cette domination de l’esprit chrétien où chacun à son « âme » et d’individualisme consumériste forcené, il y a des gens pour fantasmer que leur esprit se serait trompé de corps, qu’ils ne sont pas leur corps, que tous leurs problèmes viennent de là. Finies les questions sociales : tout passe par l’individu.

Tout partirait de l’individu, tout arriverait à lui. Tous les problèmes ne sont plus que personnels. Toute la société doit devenir une proposition d’offre et de demande.

Crowdfunding, prêts entre particuliers, burkini, Uber, livreurs à vélo, discours sur la légalisation du cannabis et de la GPA, définition des prostituées comme « travailleurs du sexe » : la tendance est à l’ultra-individualisme, à la négation de tout ce qui est universel.

Pour cette raison, le véganisme universel est combattu de manière frénétique, alors que le « véganisme » individualiste est hyper médiatisé, célébré depuis Madame Figaro jusqu’à Grazia, en passant par Le Monde ou Libération.

Il ne faut pas se voiler la face : si des projets comme L214 sont acceptés socialement, c’est qu’ils participent à la fragmentation de la société. Le capitalisme rêve de se développer au moyen de nouvelles consommations et que celles-ci relèvent du bouddhisme, de l’Islam ou de véganisme lui est totalement secondaire.

Le véganisme comme universalisme, voilà ce qui lui poserait un réel problème. Mais l’universalisme n’existe pas dans le véganisme actuellement, car ce sont les bobos, les hipsters, les bourgeois universitaires, la petite-bourgeoisie adeptes de modes faussement rebelles qui ont le dessus.

Voici ce que dit par exemple Antoine Comiti, président de l’association L214 Éthique et animaux, lors de son audition par la « Commission d’enquête parlementaire » dont nous parlions ces derniers jours.

« M. Antoine Comiti. S’agissant de la reconversion, nous le regrettons, mais nous ne serons pas tous végétariens demain : ce sont des évolutions qui se font sur un temps long – ce sont des évolutions culturelles. »

Le capitalisme adore ce principe de longueur, car comme il contrôle ce qui est produit, comme les institutions sont à son service, il peut profiter de toutes les tendances pour se renforcer, se réaménager.

L’antispécisme apparaît ici comme absolument rien d’autre qu’un individualisme de plus et au-delà du fait que cela n’arrivera à rien, il y a surtout le risque de plus en plus concret que les secteurs populaires rejettent le véganisme, n’apparaissant que comme un phénomène « mondialiste » de plus, que comme une contribution à la fragmentation de la société, à la dispersion par rapport aux vrais problèmes, etc.

Cela serait alors une double catastrophe : le véganisme serait un simple secteur de consommation et de distraction, et les gens à convaincre le mépriseraient en le réduisant à une aventure particulière, totalement éloigné de leur besoin d’universel, qu’ils trouveraient alors notamment dans la religion…

La démagogie religieuse de « mère Teresa »

La religion est une drogue, dont le thème spirituel est au fond le même que le thème matériel de la morale vegan straight edge. La religion est un poison qui empêche de protéger la Nature, au nom d’un culte de la « vie » qui serait issue de Dieu.

L’un des thèmes connu est la question de l’avortement, qui a été un thème formant un piège très intelligent organisé par l’Église. En pratique, l’avortement est quelque chose dont on devrait se passer, car c’est la suppression d’un être vivant en formation : la société doit permettre une contraception accordant aux femmes un épanouissement personnel.

Résultat, on est pourtant coincé entre des religieux fanatiques et des ultra-libéraux, les uns refusant la contraception et niant les problèmes sociaux produisant l’avortement, les autres faisant du corps une marchandise et niant la réalité brutale de l’avortement.

Hier, le pape François a cherché à renforcer le poison religieux, au cours d’une cérémonie avec 100 000 personnes, au cours duquel il a remis en avant son thème fondamental : celui du « miracle ». La vie serait « miracle », il faut se tourner vers Dieu et non pas vers la réalité.

D’où la canonisation de « mère Teresa », morte en 1997 et qui aurait guéri en 1998 une Indienne souffrant d’un cancer et en 2008 un Brésilien ayant des tumeurs au cerveau.

« Nous déclarons la bienheureuse Teresa de Calcutta sainte et nous l’inscrivons parmi les saints, en décrétant qu’elle soit vénérée en tant que telle par toute l’Eglise »

« Mère Teresa » a joué un rôle important pour l’image de l’Église, fondant à Calcutta les « Missionnaires de la Charité » en profitant de manière sordide de la misère. Elle a en effet organisé un foyer pour mourants, un orphelinat, visant les lépreux.

Célébrant la misère, elle est soutenue alors par tous les riches du monde, bien contents de voir quelqu’un disant aux pauvres que leur royaume n’est pas de ce monde !

Car quand on fonde un mouroir, sans soins ni médicaments, que fait-on si ce n’est accompagner l’ignominie ? Surtout que « mère Teresa » en ajoutait ostensiblement une couche, en racontant que la souffrance rapproche de Jésus !

« Mère Teresa » a donc a été mise en avant comme une représentante de la « charité » et voici un exemple de cette mystique dans un passage tiré de Wikipédia :

« En 1982, sur une des hauteurs du siège de Beyrouth, mère Teresa sauve 37 enfants hospitalisés pris au piège dans une ligne de front entre l’armée israélienne et la guérilla palestinienne. Elle provoque un cessez-le-feu, et accompagnée par la Croix-Rouge, elle traverse la zone de tir jusqu’à l’hôpital dévasté pour évacuer les jeunes patients. »

C’est digne d’un super-héros hollywoodien. Jetons d’ailleurs un œil sur sa prose démagogique visant à empêcher l’affirmation d’une morale vegan straight edge.

Commençons par la dépendance :

« S’il y avait davantage d’amour, d’unité, de paix et un grand bonheur dans la famille, il n’y aurait pas tant d’alcooliques ni de dépendants de la drogue. »

La responsabilité sociale est ici niée, au nom d’un choix « personnel ». On tomberait dans les drogues par manque d’amour, comme s’il n’y avait pas de société ne proposant une vie morne et exploitée, pas de mafieux pour faire du trafic…

En apparence elle dit juste, puisqu’il faut l’unité, la paix, la compassion, l’amour, mais elle tourne cela vers Dieu en niant la réalité.

Voici un autre exemple de démagogie :

« Aucune couleur ou nationalité ou religion ne compte. Ce que nous voulons faire, c’est donner de l’amour tendre et des soins aux enfants de Dieu. »

Soit, mais les animaux sont des « enfants de Dieu » également, et pourtant aucune compassion n’est exprimée à leur encontre par l’Église… Même avec son encyclique « Laudato si », le pape François n’est pas parvenu à faire semblant à ce niveau…

Voici d’ailleurs deux citations de « mère Teresa » montrant comment la Nature n’est qu’une ombre, celle de Dieu vers qui il faudrait se tourner…

« Le silence du coeur t’est nécessaire afin d’entendre Dieu partout – dans la porte qui se ferme, la personne qui te réclame, les oiseaux qui chantent, et les plantes, et les animaux. »

« Dieu est l’ami du silence, les arbres, les fleurs et l’herbe poussent en Silence. Regarde les étoiles, la lune et le soleil, comme ils se meuvent silencieusement. »

C’est là un détournement total : la complexité de la Nature est placée idéologiquement au service de Dieu…

Et comme l’Église est très bien organisée sur ce plan idéologique, toute critique est par avance disqualifiée, comme le montrent ces citations tout à fait hypocrites d’ailleurs, comme celle plus haut sur l’acceptation des autres religions, car dans le catholicisme qui n’est pas catholique va en enfer…

« Les critiques ne sont pas autre chose que l’orgueil caché. Une âme sincère avec elle-même ne s’abaissera jamais à la critique. La critique est le cancer du coeur. »

« Conseil de Mère Teresa pour une vie chrétienne: ne pas essayer d’avoir le dernier mot dans un discussion, même si on a raison. »

Ne pas critiquer le monde, voilà l’appel de « mère Teresa » ! Alors que le monde, il faut le changer…

« Kio murgee maarai? »

Restons en Inde pour porter notre attention sur cette merveilleuse chanson relevant de la culture sikh. Celle-ci naît dans une forme de syncrétisme de l’hindouisme et de l’Islam, cherchant à les dépasser dans une perspective positive.

L’un des précurseurs de cela fut Bhagat Kabir, qui vécut juste avant la fondation du sikhisme et dont certains écrits ont été repris par elle. La chanson qu’on trouve ici reprend ses paroles faites à un cadi, qui est un juge musulman des affaires civiles et religieuses.

Le refrain est le suivant : « Tu dis que le Seigneur unique est en tout, alors pourquoi tues-tu les poulets? » et on remarquera que les images où un animal est tué sont floutées, par respect pour l’être vivant et la raison, ce qui est tout à fait appréciable.

Voici quelques extraits des paroles, avec la translittération et notons que deux choses sont à comprendre pour saisir vraiment le texte.

La défense des animaux s’exprime à l’époque par le panthéisme : tout participe à Dieu. Kabir entend donc montrer que l’univers divin est inattaquable et qu’il est vain de prétendre vraiment tuer.

L’amour pour le divin, inversement, s’exprime dans l’amour pour la vie de tout être et Kabir a même une interprétation mystique de Mahomet, au point qu’il pense que celui-ci n’a jamais mangé de « viande ».

L’autre question est celle du rapport du sikhisme aux animaux. Au sens strict, les points de la culture straight edge sont assumés par les Sikhs et il existe de nombreux éléments en faveur des animaux traversant leur religion, comme en témoigne cette chanson.

Toutefois, la défense des animaux n’est pas reconnue comme devant être obligatoire dans le sikhisme, à part par quelques courants. Théoriquement, l’utilisation des animaux comme nourriture n’est justifiable que dans des cas extrêmes (être assiégé, n’avoir rien d’autre pour survivre, devoir devenir plus fort, etc.).

En pratique, tout est accepté, du moment que l’animal ait été tué selon le mode « Jhatka », c’est-à-dire décapité, par opposition au halal qui est le mode employé par les musulmans.

Les religions ont été quelque chose de très bien… dans la mesure seulement où elles ont transporté la compassion en se rapprochant du panthéisme.

baedh kathaeb kehahu math jhoot(h)ae jhoot(h)aa jo n bichaarai
Ne dis pas que les Védas, la Bible et le Coran sont faux. Ceux qui ne les contemplent pas sont faux.

jo sabh mehi eaek khudhaae kehath ho tho kio murgee maarai
Tu dis que le Seigneur unique est en tout, alors pourquoi tues-tu les poulets?

mulaa(n) kehahu niaao khudhaaee
O Mullah, dis-moi : est-cela la justice de Dieu?

thaerae man kaa bharam n jaaee rehaao
Les doutes de ton esprit n’ont pas été dissipés.

pakar jeeo aaniaa dhaeh binaasee maattee ko bisamil keeaa
Tu saisis une créature vivante, et ensuite l’amène à la maison et tu tues son corps, tu as tué seulement l’argile.

joth saroop anaahath laagee kahu halaal kiaa keeaa
La lumière de l’esprit passe dans une autre forme. Alors dis-moi, qu’as-tu tué?

kiaa oujoo paak keeaa muhu dhhoeiaa kiaa maseeth sir laaeiaa
A quoi sont bonnes tes purifications? Pourquoi t’ennuies-tu à laver ton visage? Et pourquoi t’ennuies tu à te courber à la mosquée?

jo dhil mehi kapatt nivaaj gujaarahu kiaa haj kaabai jaaeiaa
Ton coeur est plein d’hypocrisie; à quoi bon tes prières ou ton pélerinage à la Mecque?

thoo(n) naapaak paak nehee soojhiaa this kaa maram n jaaniaa
Tu est impur, tu ne comprends pas le Seigneur pur. Tu ne connais pas Son Mystère.

kehi kabeer bhisath thae chookaa dhojak sio man maaniaa
Dit Kabir. Tu as raté le paradis, ton esprit est prêt pour l’enfer.

Quand les protestants tentent de se rapprocher du végétarisme…

Le journal Réforme, un « hebdomadaire protestant d’actualité », a consacré son numéro d’hier au végétarisme.

Il s’agit surtout d’une petite enquête prenant comme prétexte un atelier parisien de l’Association végétarienne de France, comme on peut le lire dans l’article en ligne intitulé de manière très libérale « Végétarien, vegan ou flexi, à chacun son menu« .

Cette approche est étonnante de par son libéralisme, d’ailleurs.

Si les catholiques et leur libéralisme ne tolèrent pas le véganisme, on sait bien en pratique que les personnes liées au protestantisme, au judaïsme et à l’Islam ne sont aucunement choquées, voyant tout de suite le pourquoi du comment, même sans être d’accord.

Alors pourquoi le journal « Réforme » adopte-t-il ce ton si mesuré? C’est bien entendu par esprit de récupération.

On a ainsi un article intitulé « Berlin, paradis végétarien » histoire de tenter de dresser un pont un peu « hipster ». On a aussi un petit encart dans le journal qui pointe discrètement vers un lien sur un article au sujet du prétendu rapport entre les protestants et les animaux…

Et au cas où vraiment les lecteurs et lectrices n’auraient pas compris la mise en avant d’un certain « entrisme » religieux, il y a même un encart théologique donnant le ton…

Petit regard théologique sur l’alimentation

Dans l’Ancien Testament, le programme alimentaire au début de la Genèse est plutôt végétarien, fondé notamment sur les graines et les fruits, explique Jean-Pierre Poulain qui aborde le sujet dans son ouvrage Sociologies de l’alimentation. Ensuite, « Ève croque la pomme », et après le Déluge, l’homme déchu se voit proposer un nouveau programme alimentaire qui dès lors inclut la viande. Mais tous les animaux ne sont pas consommables, le sang est exclu et les modalités de la mise à mort sont explicitement définies.

Cette seconde partie de la Genèse sert de base à l’alimentation casher et halal. Ces approches constituent un patrimoine historique et culturel commun des religions du Livre. Mais la chrétienté va prendre des distances avec les interdits alimentaires. « Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, mais ce qui provient de la bouche, voilà ce qui souille l’homme. » (Mathieu 15,11).

Et l’attention sera portée sur la relation gras-maigre dans la période du carême et sur l’alimentation du vendredi. Cependant, certains ordres religieux ont affiché des pratiques quasi végétariennes avec des justifications où se mêlent frugalité et retour au programme initial d’avant la chute.

Ce petit regard théologique est d’une nullité sans pareil et relève de la pure publicité mensongère.

C’est tout à fait calculé, et d’ailleurs le journal « Réforme » parle dans l’article cité plus haut des « contraintes alimentaires imposées par l’Église catholique »,  il tente d’expliquer que les protestants seraient différents, de par la décentralisation de leurs temples…

C’est totalement faux, car la base chrétienne est la même et l’obligation de manger des animaux est une base anthropocentriste incontournable. Cela est souligné de manière formelle par Jean Calvin, et c’est tout de même le fondateur du protestantisme…

Ce que Calvin dénonçait de cette manière, c’était alors les courants religieux millénaristes populaires pratiquement communistes, voulant établir tout de suite le paradis sur Terre, en coupant les têtes des aristocrates et du clergé…

Toute religion monothéiste est, historiquement, anthropocentriste et considère les animaux comme étant une création au service de « l’Homme ».

Après, certaines religions comme le protestantisme et son exigence de responsabilité morale individuelle peuvent être plus proches que d’autres du véganisme, comme de la morale straight edge d’ailleurs.

Cela explique aussi pourquoi le véganisme est arrivé bien avant et s’ancre bien davantage dans des pays comme les États-Unis, l’Allemagne, la Suède, bien qu’il faille relativiser quand on voit l’ampleur du véganisme en Autriche et en Italie.

En tout cas, il est frappant de voir le journal « Réforme » saborder sa propre culture exigeante pour tenir un discours libéral-libertaire afin de suivre la mode « végétarienne »…

« Altruisme Efficace France » : encore une OPA sur le véganisme

Comme on le sait le véganisme est « tendance », même BFMTV peut parler de la « folie végane », car l’approche est outrageusement existentialiste et liée aux classes sociales urbaines et favorisées.

Voici un exemple de plus à cela avec « Altruisme Efficace France« , une sorte d’association « à l’américaine » qui organise une conférence pour sa naissance à l’université de la Sorbonne, à Paris, pas moins!

C’est qu’il s’agit d’une de ces associations soutenues par des grands bourgeois, portées par des gens passés par les grandes écoles de commerce mondiales, des religieux, etc.

C’est la charité à l’américaine : apolitique, lié aux grandes entreprises, opposé à toute conception de révolution, etc.

L’altruisme efficace est donc soutenu par le cofondateur de Facebook Dustin Moskovitz, le cofondateur de PayPal Peter Thiel, le cofondateur de Skype Jaan Tallinn, l’ancien directeur de la très prestigieuse université américaine de Stanford Paul Brest…

En France, c’est le religieux Matthieu Ricard qui se charge de promouvoir cette forme d’ailleurs pratiquement religieuse de solidarité, avec en arrière-plan une multitude d’associations brassant des millions en se targuant de concepts tous plus délirants les uns que les autres…

On a ainsi GiveWell « évalue l’efficacité d’organisations caritatives », LessWrong « corrige les biais cognitifs humains pour faire plus de bien », Giving What We Can appelle à donner 10% de ses revenus, 80,000 Hours qui oriente vers une vie « vie professionnelle éthique », etc. etc.

Au niveau des animaux, on a Animal Charity Evaluators, visant « la recherche et la promotion de méthodes efficaces pour améliorer la vie des animaux ».

Car on l’aura compris, il y a désormais tout à fait clairement deux formes de véganisme, si l’on ose dire. Il y a le véganisme comme point de départ d’une utopie collective, dans une démarche que nous voulons fondée sur la Nature, et il y a celui lié aux couches sociales dominantes, d’orientation « éthique », personnelle.

On retrouve de ce fait, dans « l’altruisme efficace », le philosophe Peter Singer, qui s’appuie sur « l’utilitarisme », théorie juridique comme quoi si une chose arrange plein de monde, alors il faudrait le faire.

Avec Peter Singer, on a le fondateur du courant pro-animaux anti-ALF. C’est le fameux blablabla juridique aux multiples facettes, parfois contradictoires, qu’affectionnent particulièrement les « cahiers antispécistes » (qui ont donné L214), les abolitionnistes défendant le point de vue de Francione, etc. etc.

Le FAQ de l’association qui se fonde à la Sorbonne propose donc, fort logiquement, la thèse suivante : si on veut et qu’on trouve cela bien, alors on peut le faire.

Êtes-vous tous végétariens ?

Il n’est pas nécessaire d’être végétarien pour adhérer aux principes de l’altruisme efficace. Cependant, beaucoup de personnes qui se reconnaissent dans l’altruisme efficace sont végétariens ou véganes, ou cherchent à réduire leur consommation de produits animaux, pour des raisons liées à la souffrance animale mais aussi à la santé humaine et à l’impact sur le climat.

Ce n’est pas nécessaire, mais si on peut faire du bien, il faut le faire! L’aspect religieux d’une telle démarche saute aux yeux, puisqu’on est là dans l’individuel, sans aucune vision générale.

Les animaux sont réduits à l’objet d’une « projection » d’une morale déconnectée du réel… Les propos de Matthieu Ricard sont tout à fait compréhensibles si on saisit cet arrière-plan.

En plus de Peter Singer, il y aura Hélène Giacobino, directrice européenne de J-PAL, le « Laboratoire d’action contre la pauvreté ».

Ce « laboratoire » est dirigé depuis le très prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT) par Esther Duflot, qui a suivi la voie royale :  classe préparatoire au lycée Henri-IV, passage à l’Ecole Normale Supérieure, DEA d’économie à l’EHESS, agrégation en économie, professeur à l’université de Princeton puis à vie au MIT à l’âge de 32 ans !

Si l’on ajoute qu’elle vient d’une famille protestante, on a ici le parcours rêvé pour être la tête de pont de la charité à l’américaine, géré et décidé par des millionnaires, dans une logique éthique uniquement individuelle…

Les trois philosophies de la vie aujourd’hui

Le journal 20 minutes s’étonne : des gens distribuent des documents contre les drogues lors des matchs de football ! Heureusement, tout va bien il s’agit d’une « secte » : il n’y a que des rabat-joies forcément sectaires pour agir ainsi.

Euro 2016: Vous avez remarqué les livrets anti-drogue près des stades? C’est la scientologie qui les finance

FOOTBALL Avant les matchs de l’Euro, « Non à la drogue, Oui à la vie » distribue des brochures sur les méfaits du cannabis près des stades. Cette association est financée par l’église de scientologie, considérée en France comme un mouvement sectaire…

Des personnes vêtues de t-shirt bleu turquoise, qui distribuent aux supporters des livrets contre les méfaits du cannabis, en français ou en anglais. Cette scène se répète avant chaque match de l’Euro 2016, à l’initiative de l’association « Non à la drogue, Oui à la vie ».

A Toulouse, les bénévoles sont postés près du Stadium, sur le pont Pierre-de-Coubertin. « Beaucoup de gens ne sont pas informés sur le sujet, indiquait Christian Guittard, le responsable local, avant Italie – Suède, vendredi. D’habitude, on fait des stands sur les marchés. Là, on profite de l’événement pour faire passer notre message. »

Le responsable local de « Non à la drogue, Oui à la vie » n’en fait pas mystère. « Le livret est financé par une association de scientologues. Je suis scientologue, mais les bénévoles ne le sont pas forcément. Nous ne faisons aucun prosélytisme.

Comme tout groupe spirituel, nous faisons passer le message que l’on peut vivre une vie épanouie sans drogue. »

Nous ne rentrerons pas dans le débat de savoir si la scientologie est une secte : toutes les religions sont des sectes, cessant d’avoir l’air d’en être une lorsqu’elles ont un certain succès historique…

Mais surtout, comment s’étonner du succès des religions et des sectes quand on voit que les bourgeois-bohèmes diffusent le principe que la vie n’a pas de sens, que chacun peut faire comme il veut, qu’il n’y pas d’hommes et de femmes mais qu’on peut choisir, etc.?

Il n’y a, finalement, que trois philosophies de la vie aujourd’hui : le conservatisme religieux et ses « idéaux » de pureté, l’existentialisme bourgeois-bohème et enfin l’athéisme prônant une vie naturelle.

Dans notre pays, qui a produit Sartre et Descartes, Pascal et Bernanos, on est pas à la fête, des décennies de propagande contre le « mythe du bon sauvage » ont fait leurs effets…

Pourtant, beaucoup de gens veulent bien faire. Alors ils trouvent ce qu’ils peuvent, ils tentent de faire bien. Dénoncer des gens menant des actions d’informations sur (et contre) les drogues n’a pas de sens : c’est un monde avec des drogues qui n’en a pas.

Aujourd’hui, un adulte sur 20 a consommé au moins une drogue chaque année dans le monde. Cela fait 247 millions de personnes… 12 millions de personnes dans le monde s’injectent des drogues…

Quand on voit cela, soit on dit que chacun fait ce qu’il veut du moment qu’il n’y a pas préjudice pour autrui… Soit on dit qu’il faut se tourner vers la spiritualité…

Soit on dit, et nous le disons, que c’est la Nature qui donne le sens à la vie. La vie, c’est la Nature, et inversement. Quand on sort du cadre naturel, on s’éloigne de soi-même : on est aliéné, on est malade. Psychologiquement et physiquement, on ne peut pas s’éloigner de la Nature.

Voilà pourquoi il faut adopter le mot d’ordre « la Terre d’abord! ». Défendre la planète, c’est protéger la Nature, c’est faire en sorte que la vie humaine vienne en adéquation avec la Nature. Qu’on cesse les pollutions, les folies anthropocentriques amenant la déforestation et la « disparition » de l’existence d’hommes et de femmes…

Il n’y a pas de séparation entre le corps et l’esprit, il n’y a que les sens et la Nature et il est temps de mettre notre esprit en adéquation avec cela !

Le véganisme relève de la compassion et non pas de l’anthropocentrisme

C’est l’un des arguments les plus classiques, effectué par les personnes religieuses et les antispécistes : Dame Nature serait mauvaise.

Ne voit-on pas dans la Nature les animaux s’entre-tuer ? Des animaux ne sont-ils pas mangés, dans des conditions éminemment cruelles ?

Nous en avons parlé quelques fois, et nous le referons encore beaucoup, car il y a ici la clef d’une problématique essentielle : le véganisme est-il le point culminant d’un processus se terminant déjà, ou bien le début d’un processus qui commence seulement ?

Est-ce que le véganisme est un choix moral propre aux êtres humains « civilisés » et sortis de la Nature ? Ou bien le véganisme est-il pratiqué par l’humanité dans le cadre d’une tendance générale à la compassion qui s’exprime dans la Nature ?

La critique que l’on peut faire à la première interprétation est qu’elle est ridiculement anthropocentriste ; la critique qui est faite au second point de vue, pourtant correct, est que cela serait du mysticisme.

Nous, nous disons : c’est simplement de l’athéisme. Et l’athéisme considère que les humains sont bons, par nature, que la Nature est bonne aussi, puisqu’elle est la vie elle-même.

Pourquoi la vie a-t-elle donné naissance à des êtres qui se mangent ? La réponse est simple : s’il n’y a pas de Dieu, la vie est un processus en cours, qui s’appelle l’évolution.

Et si l’on considère que la compassion est ce qui traverse le plus la vie, ce qui se voit le plus dans la Nature, si l’on a pas les préjugés propres à notre société de compétition, alors on ne peut que se douter que la Nature tend à la compassion.

Le véganisme n’apparaît alors pas comme un choix moral individuel, mais bien comme une tendance collective inéluctable. La société humaine du futur devenue végan ne consistera pas en un assemblage d’individus qui sont végans pris séparément : il y a quelque chose en plus.

Ce quelque chose en plus, c’est aider la vie à s’épanouir. Il y a ici un espace de réflexion sans limites, et on peut se douter que l’humanité connaîtra aussi des erreurs dans cette aide. Mais c’est une tendance obligée, inhérente à la vie elle-même.

La vie n’a pas donné naissance à l’humanité pour qu’elle détruise tout : ce serait s’auto-détruire… De ce fait, si l’humanité comprend qu’elle a été le produit de la Nature, sa place est toute trouvée.

Ici, on raisonne donc de manière universelle et certainement pas individuelle. Qui est végan pour sa bonne conscience, sa santé morale n’a pas saisi l’arrière-plan : la bataille pour le triomphe de la compassion à l’échelle planétaire, dont l’humanité n’est qu’un simple aspect.

Le véganisme est l’amour des animaux ou il n’est rien, car la joie de vivre est le coeur de la vie : chaque être veut s’épanouir et la reconnaissance générale de ce principe doit être notre morale.

Jetons un œil sur un paragraphe d’un article disant le contraire (« Je suis vegan : c’est un défi moral. N’importe qui peut y arriver »). Tiré du Nouvel Observateur, habitué des articles vegans en mode bobo, on y lit les propos suivants d’une « citoyenne militante » qui est végane :

« Je mangerais un humain mort pour ma survie

Alors oui, certains animaux en mangent d’autres, c’est la chaîne alimentaire, c’est dame nature, c’est la vie. Mais ils sont dans une situation de survie. Pas toi. Leurs corps le réclament, pas le tien.

Si tu m’autorises à faire un second point Godwin (et après c’est fini je te le jure), dans une situation de survie, moi je mangerais un autre être humain si il était mort. C’est d’ailleurs une question morale, qui s’est posée parfois à des survivants de crash d’avions et autre. Est-il moral de manger un autre être humain mort si moi je veux pouvoir continuer à vivre ? Oui, double oui.

Parce que tu n’ôtes rien à personne. Mais il est je crois, immoral de consommer la chair d’un autre être vivant alors que ton corps ne le réclame pas et que tu pourrais en faire autrement. Ne blâme donc pas les lionnes qui chassent pour nourrir leurs petits. Avant de les brandir comme argument – parce que c’est l’un des seuls arguments qu’il te reste – regarde toi d’abord, et remets toi en question. Même si ça te dérange. »

Lignes étonnantes, guère appréciables, principalement parce que la pratique végane fait que le rapport aux animaux entraîne la connaissance de l’importance du respect du corps mort, de l’enterrement, de l’incinération.

Bien loin de ceux récupérant les morts pour en faire des coproduits, les jetant dans une poubelle, les exhibant dans un rassemblement…

Tout cela est vraiment glauque comme raisonnement. Mais pour ce qui compte ici vraiment : Dame Nature est mauvaise, la vie est mauvaise : c’est la « chaîne alimentaire ». Mais si nous sommes nous-mêmes naturels et que la Nature est mauvaise, pourquoi alors être bon ?

La seule réponse logique serait alors qu’on soit sorti de la Nature, et c’est bien le point de vue totalement commun aux religieux et aux « antispés ».

Le véganisme est ici, dans l’esprit de ce paragraphe, un existentialisme, une possibilité où l’on peut, comme l’avait formulé Jean-Paul Sartre, être un salaud, ou pas. La personne végane est alors la personne qui a choisi de ne pas être un salaud.

C’est là un point individuel et anthropocentriste : l’humanité serait sortie de la Nature, l’individu serait séparé de l’humanité.

Eh bien, non : le véganisme ne puise pas sa source en nous. Le véganisme n’est pas d’origine humaine. Le véganisme relève de la compassion, il est le produit de la Nature, et même le produit le plus naturel, puisque c’est la chose la plus logique possible que la vie aime la vie, et la soutienne.

Le véganisme n’est pas un choix et encore moins un choix individuel : c’est une tendance tout à fait logique de la vie, qui tend autant qu’elle peut à aller vers la compassion, le respect de la vie se réalisant.

La compassion comme tendance universelle s’oppose donc au « choix » moral individuel fondé sur la sensibilité ou plus précisément la « sentience », concept totalement abstrait inventé par des universitaires bobos pour justifier leur véganisme individualiste.

Dans les commentaires de l’article cité, on a d’ailleurs une critique tout à fait cohérente (et très classique) de cette posture, à défaut d’être juste :

« Le veganisme, c’est une faiblesse morale, d’hypersensibles incapable d’accepter la dureté de la vie.

Qu’ils soient hypersensibles, ça les regarde, chacun ses défauts, ça ne serait un un problème s’ils ne se sentaient pas obligés de le crier au monde et d’emmerder tout un chacun avec leurs convictions. »

Sauf que la vie n’est pas « dure » : la preuve, elle a produit, produit et produira une infinité d’être vivants, dans une évolution ininterrompue caractérisée par toujours plus de développement, de complexité, de perfectionnement…

Le véganisme respecte cela et sa source ne peut être que la vie elle-même.

Face au nihilisme

Nous vivons dans un monde de fous, ou plutôt nous vivons dans un monde où la rationalité et la sensibilité disparaît devant le nihilisme. Détruire, détruire et encore détruire, voilà la seule logique ; pratiquer la fuite en avant, voilà la seule solution semblant viable.

Les attentats ignobles et insensés qui ont eu lieu à Paris hier soulignent à quel point les valeurs essentielles de la vie – la compassion, l’abnégation, le don de soi, le partage – sont niées au profit d’une « lutte pour la survie », des célébrations du spirituel et de la consommation superficielle.

On ne se bat pour une cause, avec des valeurs, des principes, mais pour la « révolte » en elle-même, sans contenu réel, sans morale concrète. Car quel intérêt de tuer des passants, si ce n’est de satisfaire les pulsions les plus morbides, de pratiquer la terreur aveugle ?

N’est-ce pas là d’ailleurs, paradoxe pour des gens se voulant religieux, avoir le goût de la toute puissance tel un Dieu omnipotent ?

Triste anthropocentrisme qui prend le masque de la religion… Triste culte de l’individu s’imaginant tel un chevalier des temps modernes – un chevalier assassin mais au moyen-âge c’était déjà le cas en fait. On est dans le refus de l’esprit de la collectivité, du changement collectif, de la réflexion collective.

Tout cela est une agitation insensée et meurtrière d’une humanité entièrement tournée vers elle-même, s’auto-mutilant pour essayer de trouver un sens à son existence. C’est la fin d’un monde.

Mais là où la nuit est la plus noire, le jour ne va pas tarder à poindre. Si nous mettons en avant les valeurs vegan straight edge, c’est justement parce qu’elles sont vertueuses.

Elles appellent à la dignité, au respect de soi-même, au refus de la fuite et de l’auto-destruction. Elles exigent un rapport positif avec le vivant, dans le respect et l’admiration.

C’est une démarche qui apporte beaucoup dans la vie, qui indique des pistes à la construction, évitant la fuite dans la destruction, la destruction de soi-même, la destruction des autres.

C’est d’une manière certaine une révolution intérieure, qui va de pair avec l’exigence d’une révolution en général, pour changer le monde… ensemble.

Gaïa a besoin d’une humanité collective, hors de la quête individuelle du profit, hors de l’anthropocentrisme célébrant la toute puissance. L’humanité niant la Nature a dans la bouche un arrière-goût : celui de la mort.

Propagande religieuse djihadiste et vie animale

Continuons, comme hier (Propagande religieuse djihadiste et Nature), avec des exemples de démagogie religieuse. Commençons immédiatement avec des exemples ô combien significatifs.

On sait, en effet, que la société française rejette la Nature et les animaux en particulier. Pour la démagogie religieuse, il suffit alors de prétendre les reconnaître, en les intégrant dans l’ordre divin.

La religion exigeant un ordre social conservateur et refusant le principe d’évolution, les animaux sont utilisés comme vecteur non pas de la reconnaissance de la Nature, mais de la religion.

Dans l’image ci-dessous, un panda est utilisé pour mettre en avant le fait de mâchonner un arbuste pour se purifier les dents. Si Mahomet a rendu la pratique populaire dans le monde arabe alors, elle y était déjà connue et largement théorisée bien longtemps avant en Inde.

Comme on le voit, on retrouve facilement les animaux ou la question de la Nature dans la propagande djihadiste. Il faut dire, avec les libéraux libertaires, queers, post-modernes et autres choses affreuses qui prédominent, les religieux ont un boulevard. C’est particulièrement vrai pour les deux images suivantes.

Le texte dit de manière impropre évidemment que ce serait la logique d’un « athée », car un véritable athée ne considère certainement pas que le cheval ou le pigeon seraient le fruit du hasard : ils sont le produit de la vie, c’est-à-dire de la Nature qui se développe, se renforce, s’élargit, se complexifie, etc.

Ce sont justement les libéraux libertaires, queers, post-modernes etc. qui raisonnent en terme de hasard, n’obéissant qu’à l’anthropocentrisme.

Et c’est valable pour des gens pouvant être vegan : L214 proteste contre le réchauffement climatique en mettant en avant les élevages… C’est un exemple patent d’anthropocentrisme : au lieu de mettre Gaïa au premier plan, on met coûte que coûte l’humain en avant. L’humain, produit du hasard et séparé de la Nature, devrait « bien choisir », etc.

Les religieux djihadistes n’hésitent pas non plus à prendre la science en otage, ce qui est un comble. Dans la première image ci-dessous les fourmis évitent les pas de l’armée de Salomon car elles sont prévenues et en-dessous une autre citation explique que les fourmis peuvent communiquer.

Dans la seconde, les montagnes comme des « piquets » dans le Coran se voient donner une explication pseudo scientifique. La troisième est plus « pertinente », abordant la question du cycle de l’eau et de la vie, mais évidemment en forçant l’idée de Dieu là-dedans. La quatrième aborde la question de la botanique, toujours de manière démagogique.

Bien entendu, la religion étant anthropocentrique par définition, les animaux sont aussi des cibles, des « moins que rien »…

Concluons tout cela avec une image concernant l’embryologie, qui serait censé prouver la véracité du Coran.

L’image est très parlante pourtant : l’embryon humain a une petite queue. Comme d’ailleurs nombre d’embryons, témoignage justement de l’évolution de la vie, et donc nullement d’une pseudo création par Dieu…

Propagande religieuse djihadiste et Nature

L’un des arguments connus dans la protection animale est qu’il ne faut pas faire culpabiliser les gens. Ce qui est terrible dans cette approche, c’est qu’elle contient déjà l’esprit de la capitulation.

Etant en effet dans un pays de culture catholique, si on part de ce principe on ne peut arriver à rien, puisqu’en effet on peut faire ce qu’on veut du moment qu’on se confesse.

Là où c’est beaucoup plus intéressant quand on discute avec des gens de culture protestante, juive ou musulmane, c’est que la morale stricte, ils comprennent tout de suite ce que cela signifie. Pour le rapport harmonieux à la Nature, il en va de même chez les personnes de culture juive ou musulmane.

Le « hic » bien sûr ici est que quand on fait face à des gens croyants, la Nature est soumise à Dieu. Pour montrer la force de cette question, nous sommes allés chercher quelques exemples de propagande djihadiste (nous floutons la source lorsqu’elle est inscrite sur l’image).

Ces images s’inscrivent dans des packs de propagande, à côté d’apologie du meurtre. Pour souligner la dimension populaire à laquelle on a affaire, donnons un exemple avec l’image suivante.

Comme on le voit, on est en pleine démagogie. Nous allons procéder par thématique. Commençons par la défense des animaux. Impossible au 21e siècle, quand on veut une révolution, de ne pas prétendre être en défense des animaux.

L’image suivante prétend que les « hérétiques » sont en retard sur l’Islam. Évidemment ici, le véganisme avec son universalisme est nié et c’est au halal qu’il est fait allusion.

L’image suivante utilise un chat, car le prophète avait un chat et avait mis en avant sa défense. Ce qui caractérise l’hypocrisie religieuse, c’est toujours sa sélectivité, son refus de l’universalisme.

Cette image utilise quelque chose de propre à la culture afghane, avec un rapport millénaire aux pigeons, datant de bien avant l’Islam. Le texte sur l’image reprend même un slogan communiste arabe en le modifiant un peu : « Ils peuvent tuer toutes les hirondelles, ils n’empêcheront pas la venue du printemps ».

Il va de soi que le romantisme – niant la culture straight edge comme il se doit puisqu’on est là dans la démagogie pure et dure – est une constante, comme en témoigne l’image suivante.

L’utilisation d’animaux est récurrente et elle est liée à une vision de la Nature en général, comme on peut le voir dans les images suivantes.

La Terre est une « mère » mais elle n’est pas Nature comme chez LTD, ici elle relève de « Dieu ».

Il y a bien trois camps : les existentialistes qui sont anthropocentristes (même dans les rares fois où ils sont vegans) car ils voient l’humanité comme un heureux produit du hasard, les athées qui assument la Nature comme base de toute la vie organisée et enfin les religieux.

Cette propagande religieuse a l’air stupide peut-être, ou du moins simpliste. Personne ne peut en tout cas nier son impact très important. Son efficacité tient à donner une vision du monde que la société ne veut pas donner, car elle réfute la Nature. Quand on réfute la Nature et que certains la cherchent mais ne la trouvent pas, ceux-ci tombent dans la religion, le fanatisme… Dans la mort, au nom de la défense de la vie, pensent-ils…

Homélie du « prédicateur » de la « maison pontificale »

Nous avions parlé de la journée de « prière pour la sauvegarde de la création », en voici le texte complet, très utile pour comprendre la campagne religieuse en cours avant la COP21, pendant, et certainement après aussi…

LITURGIE DE LA PAROLE
POUR LA JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE POUR LA SAUVEGARDE DE LA CRÉATION

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Basilique vaticane
Mardi 1er septembre 2015

HOMÉLIE DU P. RANIERO CANTALAMESSA, O.F.M. Cap.
PRÉDICATEUR DE LA MAISON PONTIFICALE

Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la; dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre » (Gn 1, 28).

Ces paroles ont suscité récemment de fortes critiques. Sans doute, a-t-on écrit, en attribuant à l’homme une domination indiscriminée sur le reste de la nature, ces paroles sont à l’origine de la crise écologique actuelle. On renverse la relation du monde antique, en particulier celui des grecs, qui considérait l’homme en fonction de l’univers, et non pas l’univers en fonction de l’homme (Lynn White, The historical roots of our ecologic crisis in « Science » 1967 et in « Ecology and religion in history » 1974).

Je crois que cette critique, comme tant d’autres analogues soulevées contre le texte biblique, part du fait que l’on interprète les paroles de la Bible à la lumière de catégories séculières qui lui sont étrangères. « Dominez » n’a pas ici la signification que le mot a en dehors de la Bible. Pour la Bible, le modèle ultime du dominus, du seigneur, n’est pas le souverain politique qui exploite ses sujets, mais c’est Dieu lui-même, Seigneur et père.

La domination de Dieu sur les créatures ne vise certainement pas à son propre intérêt, mais à celui des créatures qu’il crée et dont il a la garde. Il existe un parallèle évident : de même que Dieu est le dominus de l’homme, ainsi, l’homme doit être le dominus du reste de la création, c’est-à-dire être responsable de cette dernière et être son gardien.

Personne ne peut servir sérieusement la cause de la sauvegarde de la création s’il n’a pas le courage de pointer le doigt contre l’accumulation de richesses exagérées entre les mains d’une poignée de personnes et contre l’argent qui en est la mesure.

Que cela soit clair : Jésus n’a jamais condamné la richesse en soi. Ce que Jésus condamne est « la richesse malhonnête » (Lc 16, 9), la richesse accumulée aux dépends du prochain, fruit de la corruption et de la spéculation, la richesse sourde aux besoins du pauvre: celle, par exemple, du riche Epulon de la parabole, qui aujourd’hui, d’ailleurs, ne représente plus une personne, mais tout un hémisphère.

Consacrons un peu d’attention également à François d’Assise, à son cantique des créatures que le Pape François, par une très heureuse intuition, a choisi comme cadre spirituel pour son encyclique. Que pouvons-nous apprendre de lui, nous hommes d’aujourd’hui ?

François est la preuve vivante de la contribution que la foi en Dieu peut apporter à l’effort commun pour la sauvegarde de la création. Son amour pour les créatures est une conséquence directe de sa foi en la paternité universelle de Dieu. Il n’a pas encore les raisons concrètes que nous avons aujourd’hui de nous préoccuper de l’avenir de la planète : pollution de l’atmosphère, manque d’eau propre… Son écologisme est un écologisme exempt des visées utilitaristes, quoi que légitimes, que nous avons aujourd’hui.

Les paroles du saint qui définit beau le soleil, beau le frère feu, claires et belles les étoiles, sont l’écho de ce « Et Dieu vit que tout cela était beau », du récit de la création.

Le péché fondamental contre la création, qui précède tous les autres, est de ne pas écouter sa voix, le condamner irrémédiablement, dirait saint Paul, à la vanité, à l’insignifiance (cf. Rm 8, 18sq). L’apôtre lui-même parle d’un péché fondamental qu’il appelle impiété, ou « étouffer la vérité ». Il dit qu’il est le péché de qui « bien que connaissant Dieu, ne le glorifie pas et ne lui rend pas grâce » comme il convient à Dieu. Cela n’est donc pas seulement le péché des athées qui nient l’existence de Dieu ; c’est également le péché de ces croyants dont ne s’est jamais élevé du cœur avec enthousiasme un « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ».

Certes, François n’avait pas la vision mondiale et planétaire du problème écologique, mais une vision locale, immédiate. Il pensait à ce qu’il pouvait faire lui, et éventuellement ses frères.

La sauvegarde de la création, comme de la paix, se fait, dirait notre Saint-Père François, « de façon artisanale », en commençant immédiatement par soi-même. La paix commence par toi, répète-t-on souvent dans les messages pour la journée de la paix, la sauvegarde de la création aussi commence par toi. C’est ce qu’un représentant orthodoxe affirmait déjà lors de l’assemblée œcuménique de Bâle en 1989 sur le thème : « Justice, paix et sauvegarde de la création » : « Sans une conversion du cœur de la part de l’homme, l’écologie n’a aucune espérance de succès ».

Je conclue ma réflexion. Quelques semaines avant sa mort, saint François ajouta une strophe à son Cantique, celle qui commence par les paroles : « Loué sois-tu, mon Seigneur, par ceux qui pardonnent pour ton amour » (Légende de Pérouse, 84). Je pense que s’il était en vie aujourd’hui, il ajouterait une autre strophe encore à son cantique: Loué sois-tu, mon Seigneur, pour tous ceux qui œuvrent en vue de protéger notre sœur mère Terre, scientifiques, hommes politiques, chefs de toutes les religions et hommes de bonne volonté. Loué sois-tu, mon Seigneur, pour celui qui, avec mon nom, a pris également mon message et l’apporte aujourd’hui au monde entier !

« Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création »

Le pape François est talentueux. « Petite révolution au Vatican » titre le Nouvel Observateur, qui explique que le pape a demandé que les prêtres « accordent le pardon à tous les catholiques qui ont avorté ou provoqué l’avortement, pourvu qu’il y ait une démarche de repentir. »

Or, cela n’a strictement rien de nouveau… Et le terme utilisé s’appelle d’ailleurs… une « indulgence », terme bien connu car dénoncé par Luther et Calvin comme une escroquerie. On peut toujours se « racheter »…

D’ailleurs, le pape François entend bien à la fin de cette année réintégrer dans l’Église catholique des prêtres de la Fraternité Saint Pie X, ces « ultras » réactionnaires.

La fin de l’année, c’est aussi la COP21, et le pape François a expliqué à l’évêque (sans évêché) Gaillot, qui vient de lui rendre visite qu’a priori il ne prévoyait pas de visite en France bientôt.

On le voit mal ne pas venir, pourtant. Cela sera certainement le « clou du spectacle ».

D’ailleurs, le pape a célébré hier une prière pour la « sauvegarde de la Création », dans le cadre de la « Journée Mondiale de Prière pour la Sauvegarde de la Création », instituée par une lettre du pape François le 6 août dernier.

Il s’agit d’une « unité » avec l’Église orthodoxe, qui a initié cette journée, pour renforcer le poids religieux à l’occasion de la COP21…. Mais également d’une opération de reconquête : les fidèles de France sont invités à aller prier en commun avec les orthodoxes, mais aussi les protestants, par exemple…

C’est l’OPA généralisé et on devine à quoi va ressembler la COP21. Voici ce que diffuse l’Église catholique à ses ouailles, entre autres, comme proposition de mobilisation pour hier et le mois suivant:

« Des idées pour un temps de partage

Repas :

Proposer un repas partagé dans une salle paroissiale ou chez soi en invitant quelqu’un de la communauté qu’on ne connaît pas avec une proposition originale: local, végétarien, autour d’un fruit décliné, ou d’une couleur.

Échange autour d’un texte ou d’un film

– La plaquette «Habiter autrement la création» et échanger à partir des questions proposées à la fin de chaque thématique abordée.

– Des textes bibliques sur la Création et partager ce que la lecture évoque à chacun. (cf Quelques textes bibliques)

– Un passage de l’Encyclique

Sortie en groupe

– Sortie contemplative : organiser une sortie dans un lieu naturel qui invite à la contemplation (mer, montagne, plaine, …)

– Visite écologique: organiser la visite de lieux écologiques pionniers (monastère, congrégation religieuse alliant écologie, prière, engagement pour la terre, éco-quartier, jardin bio, ressourcement,…) »

On a aussi des choses du genre :

« Des idées de gestes individuels et collectifs

– Défi des jeunes : devenir Acteurs dans la Création [D’ici la Cop21,deviens acteur de la Création! Avec imagination, crée des images, films, objets, symboles de ton lien avec la nature et ses êtres vivants.]

– Action de nettoyage de la nature

– Faire un Jeûne pour le climat tous les 1ers de chaque mois

– Participer aux manifestations, veillées, débats en vue de la COP21

– Se proposer pour héberger des chrétiens participant à la COP21 sur ephatta.com

– Des actions à mettre en place dans le cadre de sa paroisse ou de son mouvement: tri de déchets, co-voiturage, bilan énergétique…

– Semer des graines en pot, planter un arbre. »

Tout cela est parfaitement rodé. On voit mal comment l’écologie radicale pourrait avoir une quelconque place comme contre-projet à la fin de l’année, face à un tel rouleau compresseur.

Notons enfin au passage ce passage, absolument immonde, de ce qui a été expliqué hier au Vatican et retranscrit par Radio Vatican:

« Certes, le récit biblique « met en lumière une hiérarchie d’importance », une « hiérarchie de la vie et inscrite dans toute la nature », mais celle-ci est « pour la vie, pas contre elle ». Mais elle est « violée, poursuit le père Cantalamessa [prédicateur de la Maison pontificale], quand par exemple de folles dépenses sont faites pour des animaux alors que nous laissons mourir de faim et de maladie sous nos propres yeux des millions d’enfants ». »

C’est une ignominie totale, mais cela n’a rien d’étonnant. Ce qui compte surtout, c’est que tout est parfaitement organisé, verrouillé… Cela montre l’ampleur du problème religieux!

Sur un aspect de « Laudato si »

Le site « alternatif » sur la COP 21 a publié un nouvel article sur l’encyclique Laudato si, qui jouera malheureusement un si grand rôle en décembre. Le voici :

Jusqu’ici, le pape a exposé les motivations derrière cette encyclique et expliqué en quoi la religion était un moyen de faire face au réchauffement climatique et aux enjeux écologiques. Le troisième chapitre se nomme « La racine humaine de la crise écologique », il permet au pape d’exprimer sa vision du progrès et de la modernité, d’expliquer les risques et les perspectives que la technologie renferme, et enfin de s’attaquer à ce qu’il appelle « l’anthropomorphisme moderne ».

En ce sens, l’homme est nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler. Il peut disposer de mécanismes superficiels, mais nous pouvons affirmer qu’il lui manque aujourd’hui une éthique solide, une culture et une spiritualité qui le limitent réellement et le contiennent dans une abnégation lucide. (par. 1.5)

L’anthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité, parce que l’être humain « n’a plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. (par. 115)

La position du pape se veut équilibrée: pas foncièrement contre le progrès technologique, mais il insiste sur les dérives qui y sont liées, (de son point de vue).

De la même manière qu’aux premier et deuxième chapitres, il y a le même discours de fond: la seule perspective est la religion. Le discours se veut équilibré mais en réalité, il ne l’est absolument pas. Pour le pape, l’humanité a perdu ses repères et se comporte comme un dieu sur Terre, les dérives de la technologie et de la finance en sont deux des principales manifestations.

Il ne sert à rien de décrire les symptômes de la crise écologique, si nous n’en reconnaissons pas la racine humaine. Il y a une manière de comprendre la vie et l’activité humaine qui a dévié et qui contredit la réalité jusqu’à lui nuire. Pourquoi ne pouvons-nous pas nous arrêter pour y penser? Dans cette réflexion, je propose que nous nous concentrions sur le paradigme technocratique dominant ainsi que sur la place de l’être humain et de son action dans le monde. (par. 101)

Les critiques visant le « paradigme technocratique » sont pour le moins très tranchées et s’accompagnent d’une certaine vision du monde.

Il n’est pas permis de penser qu’il est possible de défendre un autre paradigme culturel, et de se servir de la technique comme d’un pur instrument, parce qu’aujourd’hui le paradigme technocratique est devenu tellement dominant qu’il est très difficile de faire abstraction de ses ressources, et il est encore plus difficile de les utiliser sans être dominé par leur logique. (par. 108)

Le paradigme technocratique tend aussi à exercer son emprise sur l’économie et la politique.L’économie assume tout le développement technologique en fonction du profit, sans prêter attention à d’éventuelles conséquences négatives pour l’être humain. Les finances étouffent l’économie réelle.(par. 109)

L’idée au final et que la technique n’est pas un instrument neutre, elle modèle la société pour répondre à ses intérêts propres. Ce développement est la conséquence d’une perte de repères, de spiritualité. Il convient alors de réguler et contrôler la technique. Ceci va de pair avec le mouvement d’une humanité qui reprend conscience de sa place sur Terre.

Au chapitre précédent, le pape tenait à montrer que la religion apportait des réponses et des respectives. Cette idée revient tout logiquement ici:

La culture écologique ne peut pas se réduire à une série de réponses urgentes et partielles aux problèmes qui sont en train d’apparaître par rapport à la dégradation de l’environnement, à l’épuisement des réserves naturelles et à la pollution. Elle devrait être un regard différent, une pensée, une politique, un programme éducatif, un style de vie et une spiritualité qui constitueraient une résistance face à l’avancée du paradigme technocratique. (par. 111)

Pour le pape, tout cela a une cause : anthropocentrisme moderne, un anthropocentrisme « dévié ». Dévié, car pour le pape le rôle de l’humanité est de prendre soin de l’ensemble de la Création, de la ramener avec elle vers Dieu. Il critique donc le « bio-centrisme », car ce n’est pas pour lui la réponse correcte: c’est une autre forme de déviation.

Un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un “bio-centrisme”, parce que cela impliquerait d’introduire un nouveau déséquilibre qui, non seulement ne résoudrait pas les problèmes mais en ajouterait d’autres. (par. 118)

Avant de terminer, il y a deux paragraphes sur lesquels nous aimerions nous arrêter. Le premier évoque les tests sur les animaux.

Dans la vision philosophique et théologique de la création que j’ai cherché à proposer, il reste clair que la personne humaine, avec la particularité de sa raison et de sa science, n’est pas un facteur extérieur qui doit être totalement exclu.

Cependant, même si l’être humain peut intervenir sur le monde végétal et animal et en faire usage quand c’est nécessaire pour sa vie, le Catéchisme enseigne que les expérimentations sur les animaux sont légitimes seulement « si elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines».

Il rappelle avec fermeté que le pouvoir de l’homme a des limites et qu’« il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies ». Toute utilisation ou expérimentation « exige un respect religieux de l’intégrité de la création ». (par. 130)

Après avoir exposé et vanté son « écologie intégrale », rappelé que l’écologie ne doit pas oublier les plus pauvres, critiqué très violemment ce qu’il appelle le « paradigme technocratique »…après avoir été en quelque sorte un défenseur des pauvres et de l’environnement contre toutes les dérives modernes qui, selon lui, ont amené l’humanité et la Terre à cette situation, le pape tient exactement le même discours que l’industrie autour des expérimentations animales.

Il nous semble atypique de se dire écologiste et d’aborder la question des expérimentations animales avec autant de légèreté: car au-delà de la forme, il n’y a rien. Quel laboratoire va se vanter de faire « souffrir inutilement » des animaux ?

De faire des tests « pour le plaisir » ? De faire des tests sans aucune raison ? Aucun. Au contraire, toute la chaîne des entreprises qui « fournissent » les laboratoires en animaux aux laboratoires eux-mêmes aura pour principal argument que cela permet de sauver des vies.

Encore une fois, le pape semble mettre de côté toute une partie de la « création » dans son écologie « intégrale ».

Le deuxième paragraphe concerne l’avortement. Nous trouvons important de nous y arrêter car nous trouvons la manière d’aborder le sujet dérangeante. Tout comme pour les tests sur les animaux, le pape traite ce sujet en quelques lignes après en avoir consacré des dizaines au « paradigme technologique » ou à « l’anthropocentrisme dévié ». Il s’agit pourtant d’un sujet sensible et complexe.

Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement.

Un chemin éducatif pour accueillir les personnes faibles de notre entourage, qui parfois dérangent et sont inopportunes, ne semble pas praticable si l’on ne protège pas l’embryon humain, même si sa venue cause de la gêne et des difficultés : « Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent ». (par. 120)

La position de l’Église sur le droit à l’avortement est bien connue et on pourra arguer que le pape n’a pas besoin de s’exprimer davantage sur le sujet dans une encyclique sur l’écologie. Toutefois, un tel sujet ne peut être discuté sans le prendre entièrement en considération : l’embryon et la femme qui le porte.

Un des mots d’ordre de l’écologie « intégrale » du pape est de n’oublier personne. Pourtant ce paragraphe parle d’embryons mais pas des femmes, soit la moitié de l’humanité et première concernée par la question de l’avortement.

Ecologie : Jean Paul II a fourni la base au pape François

Le point de vue du pape François sur la planète, dont nous avons parlé au sujet de l’encyclique « Laudato si », puise notamment dans un document du pape Jean Paul II datant de 2001.

Quand on dit que c’est un texte de Jean Paul II, il vaut mieux dire du Vatican, les productions sont bien sûr établiées collectivement et selon un plan très précis.

Voici donc des extraits des propos… très radicaux, en apparence, de Jean Paul II dans le document « L’engagement pour éviter une catastrophe écologique majeure ».

On a exactement la même approche, déjà, que le pape François dans l’encyclique.

« Malheureusement, si le regard parcourt les régions de notre planète, il s’aperçoit immédiatement que l’humanité a déçu l’attente divine.

A notre époque, en particulier, l’homme a détruit sans hésitation des plaines et des vallées boisées, il a pollué les eaux, défiguré l’environnement de la planète, rendu l’air irrespirable, bouleversé les systèmes hydro-géologiques et atmosphériques,  désertifié  des  espaces verdoyants, accompli des formes d’industrialisation sauvage, en humiliant – pour utiliser une image de Dante Alighieri (Paradis XXII, 151) – ce « parterre » qui est la terre, notre demeure.

4. C’est pourquoi, il faut encourager et soutenir la « conversion écologique », qui au cours de ces dernières décennies a rendu l’humanité plus sen-sible à l’égard de la catastrophe vers laquelle elle s’acheminait. L’homme n’est plus le « ministre » du Créateur.

En despote autonome, il est en train de comprendre qu’il doit finalement s’arrêter devant le gouffre.

« Il faut saluer aussi positivement l’attention grandissante à la qualité de la vie, à l’écologie, que l’on rencontre surtout dans les sociétés au développement avancé, où les attentes des personnes sont à présent moins centrées sur les problèmes de la survie que sur la recherche d’une amélioration d’ensemble des conditions de vie » (Evangelium vitae, n. 27).

Ce qui est en jeu n’est donc pas seulement une écologie « physique », attentive à sauvegarder l’habitat des divers êtres vivants, mais également une écologie « humaine » qui rende plus digne l’existence des créatures, en protégeant le bien primordial de la vie dans toutes ses manifestations et en préparant aux futures générations un environnement qui se rapproche davantage du dessein du Créateur.

5. Dans cette harmonie retrouvée avec la nature et avec soi-même, les hommes et les femmes doivent recommencer à se promener dans le jardin de la création, en cherchant à faire en sorte que les biens de la terre soient disponibles pour tous et pas seulement pour certains privilégiés, précisément comme le suggérait le Jubilé biblique (cf. Lv 25, 8-13.23).

Parmi ces merveilles, nous découvrons la voix du Créateur, transmise du ciel et de la terre, du jour et de la nuit:  un langage qui n’est « nulle voix qu’on puisse entendre », capable de franchir toutes les frontières (cf. Ps 19 [18], 2-5).

Le Livre de la Sagesse, repris par Paul, célèbre cette présence de Dieu dans l’univers en rappelant que « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » (Sg 13, 5; cf. Rm 1, 20).

C’est ce que chante la tradition juive des Chassidim:  « Où que j’aille, Toi! Où que je m’arrête, Toi…, où que je me tourne, quoi que j’admire, Toi seul, encore Toi, toujours Toi » (M. Buber, Les récits des Chassidim, Milan 1979, p. 256). »

La notion de « planète » dans l’encyclique « Laudato si »

L’encyclique « Laudato si » du pape François utilise à de très nombreuses reprises le terme de « planète ». Naturellement, il ne le fait pas du tout comme nous, nous le faisons : selon nous la planète Terre forme un seul ensemble, hébergeant la Nature, c’est-à-dire la vie en tant que processus général.

Pour le pape, la Terre est un lieu, rien de plus. Le terme qui est le plus relié à celui de planète est d’ailleurs celui de « pauvres » : la question écologiste est prétexte au discours social typique du catholicisme.

Voici quelques extraits de l’encyclique, où le terme planète est employé, toujours d’une manière extrêmement similaire.

« J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. »

« Par exemple : l’intime relation entre les pauvres et la fragilité de la planète »

« L’accélération continuelle des changements de l’humanité et de la planète s’associe aujourd’hui à l’intensification des rythmes de vie et de travail, dans ce que certains appellent “rapidación”. »

« On observe une sensibilité croissante concernant aussi bien l’environnement que la protection de la nature, tout comme une sincère et douloureuse préoccupation grandit pour ce qui arrive à notre planète. »

« À plusieurs endroits de la planète, les personnes âgées ont la nostalgie des paysages d’autrefois, qui aujourd’hui se voient inondés d’ordures. »

« Aborder cette question serait une façon de contrecarrer la culture du déchet qui finit par affecter la planète entière, mais nous remarquons que les progrès dans ce sens sont encore très insuffisants. »

« À son tour, le réchauffement a des effets sur le cycle du carbone. Il crée un cercle vicieux qui aggrave encore plus la situation, affectera la disponibilité de ressources indispensables telles que l’eau potable, l’énergie ainsi que la production agricole des zones les plus chaudes, et provoquera l’extinction d’une partie de la biodiversité de la planète. »

« Déjà les limites maximales d’exploitation de la planète ont été dépassées, sans que nous ayons résolu le problème de la pauvreté. »

« Mentionnons, par exemple, ces poumons de la planète pleins de biodiversité que sont l’Amazonie et le bassin du fleuve Congo, ou bien les grandes surfaces aquifères et les glaciers. On n’ignore pas l’importance de ces lieux pour toute la planète et pour l’avenir de l’humanité. »

« Les océans non seulement constituent la majeure partie de l’eau de la planète, mais aussi la majeure partie de la grande variété des êtres vivants, dont beaucoup nous sont encore inconnus et sont menacés par diverses causes. »

« Les habitants de cette planète ne sont pas faits pour vivre en étant toujours plus envahis par le ciment, l’asphalte, le verre et les métaux, privés du contact physique avec la nature. »

« De fait, la détérioration de l’environnement et celle de la société affectent d’une manière spéciale les plus faibles de la planète. »

« Je voudrais faire remarquer que souvent on n’a pas une conscience claire des problèmes qui affectent particulièrement les exclus. Ils sont la majeure partie de la planète, des milliers de millions de personnes. »

« On prétend légitimer ainsi le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait même pas contenir les déchets d’une telle consommation. »

« Il faut spécialement tenir compte de l’utilisation de l’espace environnemental de toute la planète, quand il s’agit de stocker les déchets gazeux qui se sont accumulés durant deux siècles et ont généré une situation qui affecte actuellement tous les pays du monde. »

« Mais nous sommes appelés à être les instruments de Dieu le Père pour que notre planète soit ce qu’il a rêvé en la créant, et pour qu’elle réponde à son projet de paix, de beauté et de plénitude. »

FNSEA : « L’Ecologie intégrale place l’Homme au centre »

Le syndicat agricole FNSEA, dont nous parlions hier suite à leur honteuse « nuit de la détresse« , a le mérite d’avoir bien compris le sens de l’encylique papale « Laudato si » : davantage de terroir, maintien de l’anthropocentrisme, renforcement des valeurs conservatrices traditionnelles…

Voici leur communiqué, dont l’auteure, pour la petite histoire, a fait son parcours scolaire à « l’école Saint-André » et à « l’Institut Saint-Dominique »; haute responsable de la FNSEA, elle est également Médaille d’or de l’Académie d’agriculture de France, Chevalier du Mérite agricole, Chevalier dans l’Ordre national du Mérite, Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’honneur.

Il est important de le noter car on a ici quelqu’un d’important, du point de vue de la notabilité, dans la société française.

« L’Ecologie intégrale » place l’Homme au centre

L’Encyclique du Pape François était très attendue car dans le contexte géopolitique troublé actuel, l’autorité morale de l’Eglise fait encore figure de repère au-delà même des milieux religieux.

Le texte est dense et fait un constat sans concession sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux de l’action de l’Homme (pollution, réchauffement climatique, perte de biodiversité) et appelle à « sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons ».

Rappelant que l’écologie est la science des rapports des êtres vivants entre eux et avec leur milieu, l’accent est mis sur « la double clameur de la Terre et des pauvres » pour satisfaire les besoins fondamentaux.

Il préconise pour cela une approche « intégrale » associant les progrès techniques, sociaux, d’éducation, de comportements et de gouvernance.

Dénonçant tour à tour « la consommation compulsive, la société du déchet, la facilité du gaspillage », il pointe avec espoir « les projets et actions engagés par l’Homme qui confirment que l’être humain est encore capable d’intervenir positivement ». Loin de vouloir accabler l’Homme pour son empreinte écologique, il l’encourage davantage à l’action innovante pour inscrire le développement dans un environnement équilibré.

Pour tous les peuples, la paix, l’accès à l’alimentation et à un environnement sain sont des besoins fondamentaux. Face à des ressources plus rares et à l’instabilité climatique, les tensions s’amplifient.

L’afflux de migrants désespérés par l’absence de perspectives d’avenir dans de trop nombreux pays et l’impuissance politique des dernières semaines illustrent bien l’urgence des réponses politiques à apporter, tant à l’échelle globale que locale.

Très concret, le Pape exprime « un sentiment de gratitude pour les dons de la Création et de reconnaissance à ceux qui par leur travail, fournissent ces biens nécessaires à la vie de l’homme».

Refusant l’affirmation « d’incompatibilité entre l’accroissement de la population mondiale et la sauvegarde de la Planète » (interpellation à l’égard de certains mouvements écologistes), il invite tour à tour à la protection des terres, la lutte contre le réchauffement et l’élévation du niveau des océans, la productivité et la sobriété, la production d’énergies renouvelables, mais aussi la consommation responsable.

La production agricole est au cœur de ces défis multiples sur tous les continents. Il s’agit de produire en quantité et en qualité pour répondre aux besoins alimentaires croissants dans le respect des équilibres environnementaux.

Des politiques de régulation et d’accompagnement du développement agricole ont donc toute leur place tant la sécurité alimentaire est indissociable de l’enjeu climatique.

Enfin, il « adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la Planète, chacun selon sa culture, son expérience, ses initiatives et ses capacités ». Saisissons cette invitation à l’échange pour faire reconnaître les contributions des agriculteurs à leur juste valeur dans le cadre d’un débat que nous voulons apaisé et respectueux.

Tribune de Christiane Lambert, 1ère Vice-présidente de la FNSEA

Hulot signe la préface de l’encylique « Laudato Si »

L’Eglise catholique a bien évidemment fait imprimer la version française de l’encyclique « Laudato Si » du pape François. On y trouve deux préfaces : une est écrite par le cardinal Philippe Barbarin, qui est le « primat des gaules » c’est-à-dire grosso modo le chef de l’Eglise catholique en France, et une autre est écrite… par Nicolas Hulot! La voici.

Préface de Nicolas Hulot

En ce début du XXIème siècle, notre intelligence est mise en demeure de prendre en charge les manifestations de son propre succès. La crise climatique n’est pas une simple crise environnementale. Elle est le symptôme visible d’une profonde crise anthropologique.

Nier ou réduire sa dimension, c’est prendre le risque d’ajouter de la misère à la misère, de la souffrance à la souffrance. N’oublions jamais que le changement climatique frappe prioritairement les enfants, les femmes et les hommes les plus vulnérables. Rétablir les équilibres climatiques est la pierre angulaire de la dignité humaine, de la justice sociale et de la paix.

Nous focaliser sur les effets du changement climatique sans en comprendre les causes, sans sonder les racines du mal, ne nous épargnera que provisoirement. L’humanité a avec elle-même un rendez-vous critique qu’elle ne doit pas esquiver. L’âme du monde est malade et nous divaguons dans une profonde crise de sens.

L’homme n’est plus relié à rien, c’est son désarroi tragique. L’homme s’est désolidarisé du futur, du passé de la terre et du reste du vivant. Privé d’horizon, l’homme est mutilé.

Dans cette crise de civilisation, la politique, l’économie, la technologie, la science devront être totalement mobilisées.

Mais à cette dimension horizontale, il faut apporter une dimension verticale : replacer l’Homme dans l’univers, dans la Nature, redéfinir collectivement les fins et les moyens, redonner du sens au progrès, voilà le préalable à la solution durable.

Où est l’Homme universel, fraternel ? Où est sa dimension spirituelle, sa sagesse ? Où est l’unité entre l’homme et la Nature ? Où sont le respect et la paix ?

Autant de questions et de réponses qui ne jailliront pas spontanément dans la société d’aujourd’hui. Ses codes d’expression et son rythme sont incompatibles avec une telle introspection.

L’encyclique Laudato si’, comme la voix du pape François, peuvent largement y contribuer. Ce texte peut élever la réflexion et forcer l’esprit humain à partager une vision. Il peut être une boussole providentielle dans un monde désorienté pour retrouver du sens. Une passerelle inespérée pour renouer avec l’humilité, la modération et la solidarité.

L’humanité est à l’aube d’une métamorphose. L’avenir n’est désespérant que si on laisse le temps décider à notre place. La famille humaine doit écrire un nouveau chapitre de son odyssée. Cette encyclique doit être un substrat fécond pour inspirer notre imagination et orienter nos énergies.

Le pape François solennise et sacralise l’enjeu écologique. Il scelle un diagnostic en associant science et morale. En nous invitant au courage et à l’honnêteté, François propose une nouvelle feuille de route pour l’humanité, il ouvre un chemin de maturité jalonné de valeurs incontournables.

Voilà bien l’écologie en mode anthropocentriste, rejetant catégoriquement la Nature! Et voici également, avec un soutien moins ouvert mais en disant long tout de même, la position officielle du ministère des affaires étrangères sur l’encyclique, au moment de la publication de celle-ci:

Publication de l’encyclique « Laudato Si » sur la question écologique – Déclaration de Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international et président de la COP21 (18 juin 2015)

Je salue la publication de l’encyclique « Laudato Si » de Sa Sainteté le Pape François, première encyclique de l’histoire de l’Eglise catholique consacrée à la question écologique.

Son titre, tiré des écrits de Saint François d’Assise, et son statut – il s’agit du document de la valeur la plus élevée que puisse produire le souverain pontife -, témoignent de l’importance accordée à la protection de l’environnement par le Pape.

En cette année décisive pour la lutte contre le dérèglement climatique, ce geste sans précédent contribuera à renforcer la mobilisation de la communauté chrétienne et plus largement de l’ensemble des citoyens du monde qui sont sensibles aux messages du Pape. C’est donc une contribution importante pour le succès de la COP21.

Les masques tombent. L’écocide est de plus en plus grand, il faut choisir son camp, et les anthropocentristes sont obligés de montrer le caractère de leur « écologie »…

Bad Religion : « Fuck Armageddon… This Is Hell! »

« Bad Religion » est un groupe de punk hardcore de Los Angeles, dont le premier album est un grand « classique » du genre (il a notamment profondément influencé Zack de la Rocha de Rage against the machine).

La critique sociale en général et de la religion en particulier est évidemment un grand thème de ce groupe qui a ensuite mené son chemin pendant plus de 30 ans (avec une orientation plus pop punk).

Voici l’extrait de la chanson phare du premier album ; les vidéos permettent d’écouter tant l’un que l’autre.

La chanson s’appelle « Fuck Armageddon… This Is Hell! », le groupe envoyant « se faire foutre » l’Armageddon, c’est-à-dire la fin (catholique) des temps ou encore la guerre nucléaire, le terme ayant été employé pour la désigner aussi.

L’album s’appelle « How Could Hell Be Any Worse? »: comment l’enfer pourrait-il être pire?

There’s people out there that say I’m no good,
‘Cause I don’t believe the things that I should,
And when the final conflict comes, I’ll be so sorry I did wrong,
And hope and pray that our lord god will think I’m good.
Il y a des gens là-bas qui disent que je ne suis pas bon,
Parce que je ne crois pas en les choses auxquelles je devrais,
Et lorsque le conflit final arrive, je serai tellement désolé d’avoir fait du mal,
Et espérons et prions que notre seigneur dieu va penser que je suis bon.

Countries manufacture bombs and guns
To kill your brother for something that he hasn’t even done.
Smog is ruining my lungs, but they aren’t sorry they’ve done wrong,
They hide behind their lies that they’re helping everyone.
Les pays fabriquent des bombes et des fusils
Pour tuer votre frère pour quelque chose qu’il n’a même pas fait.
Le smog est en train de ruiner mes poumons, mais ils ne sont pas désolé qu’ils ont fait du mal,
Ils se cachent derrière leurs mensonges qu’ils aident chacun

In the end the good will go to heaven up above,
The bad will perish in the depths of hell.
How can hell be any worse when life alone is such a curse?
A la fin le bon ira au ciel au-dessus,
Le mauvaise périra dans les profondeurs de l’enfer.
Comment l’enfer peut être pire d’une quelconque manière quand la vie en soi est une telle malédiction?

Fuck Armageddon, this is hell
Armageddon va te faire foutre, c’est déjà l’enfer

We’re living in the denoument of the battle’s gripping awe,
So what’s the use of being good to satisfy them all?
How could hell be any worse? Life alone is such a curse!
Nous vivons dans la crainte du dénouement de la bataille,
Alors, à quoi bon être bon à tous les satisfaire?
Comment l’enfer peut être pire d’une quelconque manière quand la vie en soi est une telle malédiction?

Nicolas Hulot dans les bras du « Saint-Père »

Nicolas Hulot, en tant qu’envoyé spécial du président de la République chargé de l’écologie, est un partisan acharné du Vatican, oeuvrant par tous les moyens pour que le pape soit à Paris à l’occasion de la conférence de l’ONU à la fin de l’année.

Lors de la publication de l’encyclique « Laudato Si' », il était présent à une conférence avec des évêques. A ses yeux, l’encyclique est une « magnifique feuille de route »… Comme il l’explique ici à Radio Vatican, en utilisant même l’expression « Saint-Père » pour parler du pape!

On a ici un éloge de l’anthropocentrisme, une volonté acharnée de refuser de reconnaître la Nature…

J’ai reçu ce texte avec beaucoup d’enthousiasme, avec un sentiment, pour une fois de satisfaction, c’est à dire que grâce à ce texte, on va enfin placer l’enjeu écologique, à un niveau, à une échelle supérieure majeure. On replace bien l’enjeu écologique comme étant un profond enjeu humaniste.

Donc, tous les doutes sont levés sur le fait que l’enjeu écologique et l’enjeu climatique placent bien l’Homme au cœur de nos préoccupations. C’est donc un texte qui confirme, conforte, éclaire et qui analyse.

Ce qui est aussi très important , c’est qu’il ne se contente pas simplement, même s’il le fait avec beaucoup de discernement, de faire un constat sur la situation à la fois écologique- mais quelque part- j’allais dire presque sur la situation culturelle de notre société mais c’est un texte qui nous invite à une forme d’introspection pour essayer de comprendre finement comment nous en sommes arrivés à ce point, qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans notre paradigme et même temps c’est une magnifique feuille de route pour chaque individu, mais également pour les responsables politiques et économiques.

En proposant une écologie globale, cette encyclique va permettre de dépasser les couleurs politiques, de transcender le débat ?

Oui, vous savez l’écologie c’est justement par principe normalement, transcender les dogmes.

Et malheureusement, c’est l’effet inverse qui s’est produit, ici et ailleurs depuis des années. D’un enjeu qui est un enjeu universel, qui est un enjeu supra-politique, il a été perçu ou parfois même exprimé avec un substrat idéologique ou dogmatique, ce qui fait qu’on a réduit dans sa perception un enjeu universel à un enjeu partisan.

Là, l’intérêt notamment de ce texte, c’est qu’il place cet enjeu au-dessus de tout cela et qu’il confirme encore une fois, ce que la science nous a expliqué, c’est que nous sommes dans un point critique, un moment de rupture psychique et physique de notre planète et que nous sommes dans une profonde crise anthropologique, nous ne sommes pas simplement dans une crise environnementale, nous sommes dans une profonde crise systémique et je pense que c’est important que le diagnostic soit à la hauteur si l’on veut que les révisions de modes de vie, de comportement soient également à l’échelle.

Si le diagnostic n’est pas à la dimension de la situation, la réaction de la communauté internationale, ne sera pas également proportionnée au diagnostic.

Vous militez depuis de nombreuses années pour sensibiliser au changement climatique, aux enjeux environnementaux, il faut que l’Homme soit placé au centre de cette question, c’est pour cette raison que vous souhaitiez entendre la voix du Pape François, que vous attendiez cette encyclique ?

Pour un ensemble de raisons, d’abord oui on a besoin de sacraliser un enjeu que certains ont parfois tourné en dérision, qui peut parfois provoquer une forme d’aversion ou simplement parce que cet enjeu pouvait susciter une forme de malentendu, sur le fait que l’Homme n’était pas la priorité de nos préoccupations.

On avait besoin aussi, que cet enjeu ne soit pas simplement abordé sous un plan économique ou technologique mais également avec une dimension spirituelle parce que comme le rappelle cette encyclique nous traversons une profonde crise de sens, et comme nous y appelle l’encyclique nous avons besoin collectivement de partager une vision et de redéfinir le progrès, et de ce fait, je pense qu’ il y a des voix qui peuvent tout y indiquer, des voix qui seront écoutées, qui portent au-delà de la communauté des croyants, et la voix du Pape à travers cette encyclique fait partie de ces voix qui passent au-dessus du bruit de fond de nos sociétés qui nous empêchent parfois de discerner l’essentiel du superficiel et justement le Pape nous invite à ce discernement.

Le Pape nous invite à choisir ce qui participe vraiment au progrès de l’humanité.

Le Saint-Père a très clairement dénoncé les différents sommets sur l’environnement qui ont lieu jusqu’à présent, vous pensez que cette encyclique peut véritablement peser avant les discussions qui auront lieu à Paris lors de la Conférence sur les changements climatiques en décembre prochain ?

Vous savez quand je suis allé plusieurs fois au Vatican, justement j’ai mis en exergue le fait que c’était un peu la Conférence de la dernière chance, et que compte tenu des échecs précédents, il ne suffirait pas que la France fasse preuve de bonne volonté pour que cette Conférence devienne un succès.

Il fallait placer chacun, et notamment les responsables politiques devant leur responsabilité. Ils ont l’Histoire en main, voilà.

Alors, je ne surestime pas l’importance de cette encyclique, mais je ne la sous-estime surtout pas.

J’en vois déjà d’ailleurs les réactions, y compris du Président Obama, et quand je dis que la voix du Pape porte au-delà des croyants, je vois les réactions dans le monde entier, c’est une contribution excessivement positive, et compte tenu de la complexité de la négociation, compte tenu que les États ont du mal à se débarrasser du prisme de leurs intérêts nationaux, c’est l’appel également à l’universalité, à une vision universelle des enjeux et pour moi aussi contribution magnifique.

Si on peut se réjouir de l’attente qu’a suscitée cette encyclique, de l’accueil qu’elle a reçue, est-ce que dans le même temps ce n’est pas un constat d’échecs pour les dirigeants politiques de ce monde qui jusqu’à présent n’ont pas véritablement pris à bras le corps cette question écologique ?

Oui, il y a une critique ou un constat plus qu’une critique sur le fait que, jusqu’à présent la seule chose qui se soit développée, c’est le phénomène que nous somme sensés combattre, que la prise de conscience n’a pas été accompagnée des mutations, des révisions, des ambitions à la hauteur de cette situation et le Saint-Père nous exhorte à du courage et à de l’honnêteté.

Courage dans l’ambition, et honnêteté de ne pas fuir la réalité et d’écrire l’Histoire à Paris. Il nous exhorte quelque part à faire de Paris effectivement un moment de vérité et d’honnêteté.

Et donc, il a raison de dire que jusqu’à présent malheureusement ces conférences n’ont pas réussi, en même temps chacun peut comprendre que c’est très complexe car en même temps combiner le court terme et le long terme, que mettre 195 Etats sur une même dynamique c’est compliqué sachant que 195 Etats ont des situations, des responsabilités, des conditions très différentes.

Mais justement, il faut que pour réussir, nous abordions cet enjeu et c’est ce à quoi le Saint-Père nous invite, avec encore une fois une vision universelle pour comprendre que c’est la famille humaine qui est au pied du mur, qu’il y a une communauté de destins. Il faut aussi que chacun acte cette notion que nous rappelle l’encyclique, cette notion de « maison commune » et cette notion de «bien commun ».

Et puis il y a une chose aussi qui est très importante dans l’encyclique, à laquelle je suis très attachée. Je pense que cette encyclique n’est pas une encyclique qui soit là pour culpabiliser.

L’encyclique est là pour responsabiliser, ça veut dire reconnaitre aussi une forme de responsabilité et notamment quand l’encyclique parle de la dette écologique des pays du Nord vis-à-vis des pays du Sud moi, je me réjouis de cette vérité, de cette transparence parce que nous avons une responsabilité vis-à-vis de l’Histoire et une responsabilité effectivement vis à vis des pays du Sud qui subissent un phénomène qu’ils n’ont pas provoqué, qui est la conséquence d’un mode de développement qui ne leur a pas bénéficié, qui parfois s’est fait d’ailleurs à leur détriment et dont maintenant ils subissent les conséquences. Et je pense que c’est très important de replacer cet enjeu dans cette perspective.

Avec cette encyclique, c’est une révolution verte qui est en marche, qui a été entamée ?

Vous savez, Victor Hugo disait : « Le progrès c’est la révolution faite à l’amiable » et il faut faire cette révolution à l’amiable et nous pouvons le faire à l’amiable si nous sommes capables de transformer nos ambitions en intelligence collective et à l’inverse si nous ne le faisons pas maintenant, cette révolution se fera mais pas forcément dans des conditions pacifiques.

L’encyclique « Laudato Si' » contre le biocentrisme

Petit retour sur l’encyclique « Laudato Si' » du pape, avec cette fois les passages utilisant les mots « anthropocentrisme » et « anthropocentriste ».

Ces passages sont très peu nombreux, car l’Eglise joue avec le feu et elle le sait. D’un côté, il lui est facile, voire très facile, de dénoncer les anthropocentristes, existentialistes, etc. qui relativisent tout au nom de la toute puissance de l’individu. C’est au moyen de cette critique qu’elle va se la jouer « progressiste », alors qu’en réalité sa « révolte contre le monde moderne » implique un retour en arrière.

De l’autre, il y a le biocentrisme qui plane comme menace. A LTD, nous sommes biocentristes, et en tant que tel le seul média vegan biocentriste. Le terme a pu être employé par certains ici et là depuis quelques mois, mais c’est une escroquerie pour se passer comme « radical », principalement du côté des « antispécistes » désireux de masquer leur ultra-individualisme et leur négation de la Nature.

L’Eglise sait très bien que la critique de l’ultra-individualisme ne lui appartient pas et qu’à sa critique appelant à aller en arrière, il y a celle affirmant qu’il faut aller de l’avant: la Terre d’abord!

L’Eglise doit expliquer qu’il y a un ordre naturel… Qui n’est pas naturel, car en fait surtout divin. Les animaux seraient donc « soumis » par… nature et les utiliser serait… écologiste, du moment que ce serait « bien fait ». C’est la même logique que les décroissants.

Ce qui permet de comprendre qu’il y a en pratique trois grandes approches actuellement dans le monde: celle qui affirme l’ego, l’individu; celle qui exige le retour en arrière, aux valeurs conservatrices et passéistes; celle qui exige la collectivité organisée dans la soumission à l’ensemble du vivant existant sur la planète.

Un anthropocentrisme dévié ne doit pas nécessairement faire place à un “bio-centrisme”, parce que cela impliquerait d’introduire un nouveau déséquilibre qui, non seulement ne résoudrait pas les problèmes mais en ajouterait d’autres. On ne peut pas exiger de l’être humain un engagement respectueux envers le monde si on ne reconnaît pas et ne valorise pas en même temps ses capacités particulières de connaissance, de volonté, de liberté et de responsabilité.

119. La critique de l’anthropocentrisme dévié ne devrait pas non plus faire passer au second plan la valeur des relations entre les personnes. Si la crise écologique est l’éclosion ou une manifestation extérieure de la crise éthique, culturelle et spirituelle de la modernité, nous ne pouvons pas prétendre soigner notre relation à la nature et à l’environnement sans assainir toutes les relations fondamentales de l’être humain. Quand la pensée chrétienne revendique une valeur particulière pour l’être humain supérieure à celle des autres créatures, cela donne lieu à une valorisation de chaque personne humaine, et entraîne la reconnaissance de l’autre.

C’est pourquoi la législation biblique s’attarde à proposer à l’être humain diverses normes, non seulement en relation avec ses semblables, mais aussi en relation avec les autres êtres vivants : « Si tu vois tomber en chemin l’âne ou le bœuf de ton frère, tu ne te déroberas pas […] Si tu rencontres en chemin un nid avec des oisillons ou des œufs, sur un arbre ou par terre, et que la mère soit posée sur les oisillons ou les œufs, tu ne prendras pas la mère sur les petits » (Dt 22, 4.6). Dans cette perspective, le repos du septième jour n’est pas proposé seulement à l’être humain, mais aussi « afin que se reposent ton âne et ton bœuf » (Ex 23, 12). Nous nous apercevons ainsi que la Bible ne donne pas lieu à un anthropocentrisme despotique qui se désintéresserait des autres créatures.

Le Catéchisme remet en cause, de manière très directe et insistante, ce qui serait un anthropocentrisme déviant : « Chaque créature possède sa bonté et sa perfection propres […] Les différentes créatures, voulues en leur être propre, reflètent, chacune à sa façon, un rayon de la sagesse et de la bonté infinies de Dieu. C’est pour cela que l’homme doit respecter la bonté propre de chaque créature pour éviter un usage désordonné des choses »

Dans la modernité, il y a eu une grande démesure anthropocentrique qui, sous d’autres formes, continue aujourd’hui à nuire à toute référence commune et à toute tentative pour renforcer les liens sociaux

L’anthropocentrisme moderne, paradoxalement, a fini par mettre la raison technique au-dessus de la réalité, parce que l’être humain « n’a plus le sentiment ni que la nature soit une norme valable, ni qu’elle lui offre un refuge vivant. Il la voit sans suppositions préalables, objectivement, sous la forme d’un espace et d’une matière pour une œuvre où l’on jette tout, peu importe ce qui en résultera ».[92] De cette manière, la valeur que possède le monde en lui-même s’affaibli

Un anthropocentrisme dévié donne lieu à un style de vie dévié. Dans l’Exhortation apostolique Evangelii gaudium, j’ai fait référence au relativisme pratique qui caractérise notre époque, et qui est « encore plus dangereux que le relativisme doctrinal».[99] Quand l’être humain se met lui-même au centre, il finit par donner la priorité absolue à ses intérêts de circonstance, et tout le reste devient relatif. Par conséquent, il n’est pas étonnant que, avec l’omniprésence du paradigme technocratique et le culte du pouvoir humain sans limites, se développe chez les personnes ce relativisme dans lequel tout ce qui ne sert pas aux intérêts personnels immédiats est privé d’importance.

Les animaux dans l’encyclique papale « Laudato Si’ »

Si jamais il pouvait apparaître comme pas forcément très clair le fait d’avoir une catégorie « athéisme » sur LTD, désormais avec l’encyclique papale, tout est limpide. Quand on ne reconnaît pas la Nature… on est obligé de tomber dans les bras de Dieu, et ce même quand on est un existentialiste ultra-moderne. Il faut bien en effet trouver une « origine » à l’anthropocentrisme…

L’encyclique « Laudato Si’ » publiée par le Vatican hier est très longue, avec plus de 240 points. Il y a beaucoup de choses à dire, éclairant notre conception de ce que nous avons appelé l’écologie radicale, s’opposant ainsi à ce que le pape appelle l’écologie intégrale.

Commençons par nos amis les animaux: comment l’encyclique en parle-t-elle? Elle aborde en fait très peu ce qui est une question fondamentale, ce qui est logique : il y a ici quelque chose d’explosif pour les religions. Voici les points mentionnant les termes « animal » et « animaux ». On y reconnaît un anthropocentrisme absolu…

« Par exemple, les changements du climat provoquent des migrations d’animaux et de végétaux qui ne peuvent pas toujours s’adapter, et cela affecte à leur tour les moyens de production des plus pauvres, qui se voient aussi obligés d’émigrer avec une grande incertitude pour leur avenir et pour l’avenir de leurs enfants. »

« Mais il ne suffit pas de penser aux différentes espèces seulement comme à d’éventuelles “ressources” exploitables, en oubliant qu’elles ont une valeur en elles-mêmes. Chaque année, disparaissent des milliers d’espèces végétales et animales que nous ne pourrons plus connaître, que nos enfants ne pourront pas voir, perdues pour toujours. »

« Par conséquent, il est vrai aussi que l’indifférence ou la cruauté envers les autres créatures de ce monde finissent toujours par s’étendre, d’une manière ou d’une autre, au traitement que nous réservons aux autres êtres humains. Le cœur est unique, et la même misère qui nous porte à maltraiter un animal ne tarde pas à se manifester dans la relation avec les autres personnes. »

« L’incohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic d’animaux en voie d’extinction mais qui reste complètement indifférent face à la traite des personnes, se désintéresse des pauvres, ou s’emploie à détruire un autre être humain qui lui déplaît. Ceci met en péril le sens de la lutte pour l’environnement. »

« Cependant, même si l’être humain peut intervenir sur le monde végétal et animal et en faire usage quand c’est nécessaire pour sa vie, le Catéchisme enseigne que les expérimentations sur les animaux sont légitimes seulement « si elles restent dans des limites raisonnables et contribuent à soigner ou sauver des vies humaines ». Il rappelle avec fermeté que le pouvoir de l’homme a des limites et qu’« il est contraire à la dignité humaine de faire souffrir inutilement les animaux et de gaspiller leurs vies ». »

« La disparition d’une culture peut être aussi grave ou plus grave que la disparition d’une espèce animale ou végétale. »

« S’il n’existe pas de vérités objectives ni de principes solides hors de la réalisation de projets personnels et de la satisfaction de nécessités immédiates, quelles limites peuvent alors avoir la traite des êtres humains, la criminalité organisée, le narcotrafic, le commerce de diamants ensanglantés et de peaux d’animaux en voie d’extinction ? N’est-ce pas la même logique relativiste qui justifie l’achat d’organes des pauvres dans le but de les vendre ou de les utiliser pour l’expérimentation, ou le rejet d’enfants parce qu’ils ne répondent pas au désir de leurs parents ? »

« C’est dans ce cadre que devrait se situer toute réflexion autour de l’intervention humaine sur les végétaux et les animaux qui implique aujourd’hui des mutations génétiques générées par la biotechnologie, dans le but d’exploiter les possibilités présentes dans la réalité matérielle. »

« Quand on analyse l’impact environnemental d’une entreprise, on en considère ordinairement les effets sur le sol, sur l’eau et sur l’air, mais on n’inclut pas toujours une étude soignée de son impact sur la biodiversité, comme si la disparition de certaines espèces ou de groupes d’animaux ou de végétaux était quelque chose de peu d’importance. Les routes, les nouvelles cultures, les grillages, les barrages et d’autres constructions prennent progressivement possession des habitats, et parfois les fragmentent de telle manière que les populations d’animaux ne peuvent plus migrer ni se déplacer librement, si bien que certaines espèces sont menacées d’extinction. « 

« Il est difficile d’émettre un jugement général sur les développements de transgéniques (OMG), végétaux ou animaux, à des fins médicales ou agro-pastorales, puisqu’ils peuvent être très divers entre eux et nécessiter des considérations différentes. (…) Même celles provoquées par l’intervention humaine ne sont pas un phénomène moderne. La domestication des animaux, le croisement des espèces et autres pratiques anciennes et universellement acceptées peuvent entrer dans ces considérations. »

Le « Pape vert »

L’offensive catholique sur l’écologie continue tout azimut. Les choses vont par ailleurs plus rapidement que prévu, le pape rendant public son « encyclique » sur l’écologie d’ici quelques jours.

On se doute bien qu’il y a là un programme, un positionnement, valable pour les cent prochaines années…

Voici un article présentant les derniers documents du pape, tiré d’un « rouleau compresseur » catholique, le média aleteia.org, présent dans plusieurs pays, et dont le facebook français a 446 929 « mentions J’aime »…

Écologie : dix textes clés du « Pape vert »

Retour sur les principales interventions de François sur l’écologie, depuis son élection jusqu’à la publication de l’encyclique « Laudato si ».

L’encyclique Laudato si (Loué sois-Tu), qui va paraître le 18 juin 2015, est à la fois la première encyclique du pape François (Lumen fidei, publiée quelques mois après son élection, ayant été rédigée « en duo » avec Benoît XVI) et la première de toute l’histoire de l’Église consacrée (uniquement) à l’écologie (Benoît XVI, pour ne citer que lui, ayant abordé ce thème dans Caritas in Veritate).

C’est dire si ce texte est important et si l’écologie compte pour le Pape actuel.

Elle est même fondatrice de son pontificat, lui qui a déclaré à la presse, trois jours après son élection, à propos du choix de son nom,

« François est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui aime et préserve la création ; en ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas très bonne, non ? ».

Exhortation à garder et respecter la création

Discours, homélies, messages, audiences générales, entretien avec la presse… Le Pape est intervenu à différentes reprises sur le sujet à la suite de cette déclaration, dans les mois qui ont suivi son élection, et jusqu’à récemment encore.

Il y dénonce tour à tour (ou en même temps) la destruction de la nature par l’homme, la culture du rebut (« cultura dello scarto »), des choses mais aussi des personnes, le gaspillage alimentaire, la tyrannie de l’argent.

Il plaide en faveur d’une « écologie intégrale », qui réunisse sous une seule bannière écologie de l’environnement et écologie humaine.

Mais surtout, il appelle tous à respecter la création et à en prendre soin, et pour commencer son « chef-d’œuvre », l’homme, en particulier le plus pauvre et le plus fragile.

Autant d’éléments que l’on devrait retrouver dans le document pontifical très attendu, qui les développera en les éclairant.

D’où l’intérêt de mentionner, en amont de sa publication, les principales interventions du Pape sur la question. Les voici, sélectionnées par Aleteia :

Être des gardiens de la création tout entière : Homélie de la messe solennelle d’inauguration de son pontificat, le 19 mars 2013

Cultiver et garder la terre – écologie de l’environnement et écologie humaine – tyrannie de l’argent – culture du rebut et gaspillage alimentaire : Journée mondiale de l’environnement,audience générale du 5 juin 2013

Destruction par l’homme de la création – guerres et pauvreté – culture du rejet : Homélie de la messe de la Toussaint, 1ernovembre 2014

L’homme, gardien de la création : Evangelii gaudium, n. 215, 24 novembre 2013.

La création, don de Dieu et non propriété de l’homme – la protéger et rendre grâce : Catéchèse sur le don de science, audience générale du 21 mai 2014.

Respecter la création – vivre plus sobrement : Déclaration commune du pape François et du patriarche Bartholomée, 25 mai 2014.

Comment vaincre la faim dans le monde : Message du Pape pour la Journée mondiale de l’alimentation, 16 octobre 2014.

Garder et respecter la nature – pour une écologie intégrale – gaspillage alimentaire : Discours du Pape au Parlement européen, 25 novembre 2014.

Prendre soin de la Création est une attitude chrétienne : Homélie à Sainte-Marthe, messe du 9 février 2015.

Faim dans le monde – préparer la table pour tous : Homélie de la messe pour l’ouverture de l’assemblée générale de la Caritas Internationalis, 12 mai 2015.

À l’heure où Aleteia publiait le présent article, le pape François a prononcé un nouveau discours clé devant l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Nous l’ajoutons à cette liste :
Accès à la nourriture, droit pour tous – réduction du gaspillage – spéculation financière sur les produits de la terre – éducation à une saine alimentation – droit à l’eau : Discours du Pape aux participants à la 39e session de la FAO, 11 juin 2015.