Le mouvement de lutte de Notre Dame des Landes face au référendum

Voici la position de la gauche bobo – écolo – décroissant (EELV, NPA, Parti de Gauche, etc.) sur la consultation quant au projet d’aéroport à Notre-Dame-des Landes.

La Nature n’est nullement pris en compte, comme on peut s’en douter. Ce qui est mis en avant, c’est un développement « alternatif », sans rupture avec l’anthropocentrisme, c’est-à-dire un capitalisme qui serait moins « brutal ».

Le mouvement de lutte de Notre Dame des Landes face au référendum

Peu après les mobilisations extrêmement fortes et croissantes de décembre, janvier et février 2016 contre les expulsions programmées, le gouvernement a tenté un stratagème : d’une voix il annonçait une étude sur les solutions alternatives à la construction de l’aéroport, d’une autre était présentée la tenue d’un référendum sur le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, bientôt renommé « consultation ».

Au même moment, les habitants de la zad sont devenus tous expulsables, et des entreprises ont pourvu l’appel d’offre du chantier. Le 27 février, nous avons démontré sur le terrain que cette fable n’entamait en rien notre détermination. Les actions à venir montreront toujours plus fortement que nos exigences sont intactes : non aux expulsions ! Non aux travaux ! Non à l’aéroport !

Sans rentrer dans les détails techniques de cette éventuelle consultation, posons quelques questions cruciales.

L’Etat à la fois juge et partie

Il est à la fois porteur du projet d’aéroport et organisateur de la consultation. Les mêmes qui mènent le projet de transfert depuis 15 ans détermineraient aujourd’hui la formulation de la question et le périmètre de la consultation, en fonction d’une étude déjà réalisée sur le sujet.

D’un côté on nous parle de « projet d’Etat », de l’autre, une consultation locale est proposée. A Bure, c’est avec ce même argument que les opposant-e-s à la poubelle nucléaire de l’ANDRA se sont vus refuser un référendum local. Comment ne pas observer que la consultation et sa forme sont édictés selon les besoins des porteurs de projet ?

Les porteurs du projet disposent de l’argent et des institutions pour faire campagne. Comment pourrait-on leur faire confiance alors qu’hier à peine élu le conseil régional a déboursé 60 000 euros d’argent public pour une pétition falsifiée (1) demandant l’expulsion de la ZAD ?

Ils refusent depuis des années la communication de documents essentiels, dont ceux qui ont servi à asseoir la Déclaration d’Utilité Publique, et ils nous ont caché une étude qui démontait l’argumentaire pseudo-écologiste sur le lac de Grand-Lieu, pour ne citer que cela. Comment pourrait-on leur faire confiance alors qu’ils n’ont pas arrêté d’utiliser leur pouvoir pour cacher les informations qui n’allaient pas dans leur sens ?

Comment pourrait-on leur faire confiance alors que Valls lui même a annoncé que la consultation avait pour objectif de légitimer le début des travaux ?

Nous avons constaté en 2005 avec le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen que lorsque le peuple vote mal, on passe outre.

S’asseoir sur l’Etat de droit ou le brandir selon les opportunités

Quelle légitimité ont les procédures liées à la déclaration d’utilité publique (débat public, enquêtes etc,) dont nous avons par ailleurs longuement dénoncé les insuffisances, mais qui seraient confortées ou balayées d’un trait de plume par un scrutin purement consultatif, et sans aucune valeur juridique ?

Un recours auprès de la Cour Administrative d’Appel concerne les mesures de compensation prévues incompatibles avec la loi sur l ’eau et celle sur les espèces protégées. Une procédure contentieuse initiée par la Commission Européenne est toujours en cours. Des procédures d’expulsions ont été menées à leur terme contre les habitants et paysans de la zad.

Un appel d’offre a d’ors et déjà été pourvu pour faire avancer les travaux. Quelles collisions vont avoir lieu entre les décisions juridiques de ces instances et les résultats de l’éventuelle consultation ? Que devient donc ce fameux « état de droit » que les porteurs de projet nous renvoient en permanence ?

Notre légitimité n’est pas là

En cas de réalisation du projet, des terres nourricières seraient sacrifiées et des fonds publics gaspillés pour un projet public nuisible. Les lois protectrices de l’environnement seraient définitivement nulles et non-avenues, des zones humides et la bio-diversité massacrées.

Toutes les expérimentations menées sur la zad, tout ce qui s’y est construit, serait écrasé au nom du profit et d’un modèle de développement que nous récusons. Un oui ou un non sur le seul aéroport ne saurait exprimer notre exigence d’autres choix de société !

L’annonce de la consultation ne change rien, ni à la légitimité de notre combat, ni à notre détermination à obtenir l’abandon définitif du projet de Notre Dame des Landes.

Pour que vive la zad, ses paysan-e-s, ses habitant-e-s et ses occupant-e-s.

Le 2 avril 2016

SIGNATURES (liste non close) :

Ag du mouvement anti-aéroport et les organisations ci-dessous : Acipa, Adeca, Apa, Attac44, CeDpa, CELA, Copain 44, EELV Pays de Loire, EELV 44, Ensemble ! 44, MOC-Decroissance, NPA 44, Obslab, Parti de Gauche 44, Solidarités Écologie, Union Syndicale Solidaires 44, Vertou Écologie Solidarité.

Notes :

(1) zad.nadir.org : Diffamation, fraude et détournement. La campagne truquée de Bruno Retailleau contre la ZAD

La consultation sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes

Le 26 juin 2016, les personnes vivant dans les communes de Loire-Atlantique pourront aller voter en faveur ou contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Il a fallu, pour cette « consultation » dont le principe n’existait pas, faire un tripatouillage administratif, avec une ordonnance modifiant le code de l’environnement, effectué le 22 avril 2016 et expliquant que :

« L’État peut consulter les électeurs d’une aire territoriale déterminée afin de recueillir leur avis sur un projet d’infrastructure ou d’équipement susceptible d’avoir une incidence sur l’environnement dont la réalisation est subordonnée à la délivrance d’une autorisation relevant de sa compétence, y compris après une déclaration d’utilité publique. »

C’est un point important, ce n’est pas un référendum, juste une question posée par l’État à une partie de la population pour connaître son avis. Rien n’oblige, de manière légale, à suivre le choix majoritaire lors de la consultation.

Néanmoins, on peut se douter que cela sera décisif, tellement la question est brûlante depuis une longue période. La question, qui sera la suivante, est d’ailleurs sans ambiguïté :

« Êtes-vous favorable au projet de transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes ? »

Ce qui est tout à fait intéressant, c’est de bien percevoir le contenu explosif de cette consultation.

Nous ne pensons pas, en effet, qu’il faille voir dans cette consultation une opposition entre d’un côté l’administration de la région Pays de Loire et du département de Loire-Atlantique, qui sont pour le oui, et les « zadistes » qui sont pour le non.

Les uns s’imaginent très modernes, les autres très anti-modernes. En réalité, ils sont tous le produit d’une société qui a décidé de rejeter la Nature et qui sont confrontés à une contradiction Nature-humanité qui prend une place toujours plus immense.

Si l’on regarde les bétonneurs voulant un aéroport, on voit bien que la Nature n’existe pas à leurs yeux. Mais c’est tout autant le cas dans les argumentaires des anti-aéroports, qui ne parlent des zones humides que parce qu’elles sont « utiles », qui prônent la petite production, les petites fermes, voire carrément le terroir.

Les uns et les autres argumentent à coups de chiffres sur les destinations aériennes, les coûts, les usagers, etc. alors que tout cela est totalement secondaire.
Historiquement, cette consultation est une bombe à retardement.

Si le oui gagne, alors on comprend que le grand capitalisme écrase le petit et engloutit la Nature et les zadistes seront démasqués comme des rétrogrades rêvant de vivre comme les colons américains du 19e siècle, en mode petite maison dans la prairie.

Si le non gagne, alors se pose la question de la Nature et de ce qui doit être fait ou pas fait à Notre-Dame-des-Landes. Les bétonneurs auront pris une claque et les zadistes révéleront leur caractère étriqué, passéiste.

Naturellement, la victoire du non à la consultation est une option bien meilleure, bien moins destructrice. C’est pourquoi il faut l’encourager.

Cependant, il faut l’encourager en prenant la Nature comme thème essentiel, et non pas les débats sur l’aéroport qui sont un prétexte historique pour qu’apparaisse la Nature sur le devant de la scène de la société française.

La bataille de demain, ce n’est pas la lutte contre l’aéroport, mais pour la sanctuarisation de zones naturelles!