Nous avons déjà parlé à de nombreuses reprises de la PMA et de
la GPA, un thème véritablement fondamental pour qui défend les
animaux.
A l’arrière-plan en effet, il y a la question de la Nature. Jusqu’à présent, à ce niveau, la situation était littéralement catastrophique en France. La grande majorité des gens voyaient la Nature comme une sorte de monstre chaotique et multiforme, où tout le monde affronte tout le monde. La Nature serait cruauté et meurtre, l’humanité commençant heureusement à échapper à cela en sortant de tout cela par la « culture ».
Une autre partie de la population, importante mais moins
nombreuse, admettait le principe de la nature mais en neutralisant le
concept, en considérant que c’était Dieu qui l’avait créé.
Pour prendre un exemple très concret, il y a la situation d’un certain nombre de chats dans notre pays. Ils sont particulièrement respectés dans la culture islamique et pour cette raison, il y a beaucoup de gens – leur nombre n’est pas quantifiable, mais c’est un phénomène existant ,-, qui, parce qu’ils sont musulmans, se préoccupent des chats. Ils les nourrissent, les protègent, etc.
C’est le bon côté de la religion, qui admet l’existence de
la Nature, d’une certaine sensibilité. Cependant, le souci est que
la Nature est comprise de manière mystique. Le résultat est que les
chats ont le droit d’aller où ils veulent et que toute
stérilisation est strictement rejetée. Il s’ensuit une situation
catastrophique au niveau de la reproduction exponentielle, sans
parler de l’impact des chats sur les autres animaux sauvages, des
dangers pour les chats eux-mêmes, etc.
Cela ajoute à la situation absolument dramatique des chats
sauvages dans notre pays. A ce niveau la crise est gigantesque et il
est effroyable que cela se déroule dans un silence total. On en
revient toujours à la question : pourquoi les gens liés au
véganisme ne s’impliquent-ils pas dans les refuges (avec
discipline et en se soumettant aux règles) ?
En tout cas, donc jusqu’à il y a peu de temps, très peu de
monde admettait l’existence de la Nature, ce qui est un comble dans
le pays à l’origine du mouvement des Lumières. Les penseurs des
Lumières s’appuient en effet sur le principe de nature, qu’ils
voient comme bon par définition. Il y a également d’autres
auteurs qui pensent ainsi bien entendu, comme Aristote, Spinoza ou
Kant.
Et pourtant qui parle de Nature s’est vu jusqu’à présent
systématiquement accusé de mysticisme ! La grande accusation
vers La Terre d’abord est de relever du « naturalisme ».
La situation est en train de connaître un renversement,
inéluctable et irrémédiable. Le gouvernement compte en effet
légaliser la PMA et on voit déjà la GPA en ligne de mire. Cela a
provoqué une onde de choc.
La question de l’ordre naturel, du rapport de l’humanité à
la Nature, se pose dans toute sa splendeur. Ce n’est qu’un début.
L’humanité va se plier au bout d’un processus difficile de
remise en cause totale de l’anthropocentrisme, adoptant le
mot d’ordre de défense de notre mère la Terre.
Et une mère ne peut se défendre que si l’on admet le concept
de mère. La PMA et la GPA comptent abolir ce principe, au profit de
celui de « parent ».
Les catholiques ont mobilisé en priorité, mais déjà chez les
gens non religieux il commence à y avoir un certain remue-ménage.
La vraie question de fond qui a provoqué le bouleversement en
cours n’est d’ailleurs paradoxalement ni la PMA, ni la GPA. C’est
l’eugénisme qui est la clef du véritable traumatisme dans une
partie de la société française.
La France compte en effet beaucoup de gens éduqués et le thème
de l’eugénisme est bien connu. Il y a une très grande méfiance
démocratique à ce sujet et pratiquement aucune fascination à ce
niveau, au contraire de pays comme l’Allemagne ou les États-Unis.
Cela est bien connu en France, c’est un thème largement étudié.
Or, beaucoup de monde a compris la chose suivante. Si la PMA passe, alors on va se précipiter dans un piège, celui des choix génétiques. Les entreprises vont proposer des enfants « à la carte » et il en ira de même pour la GPA.
La conséquence va être que les enfants naissant « normalement » vont avoir moins de valeur aux yeux des gens que des enfants dont on a pu « pré-sélectionner » de nombreuses choses, et de plus en plus de choses avec les moyens technologiques toujours plus perfectionnés.
La procréation assistée génétiquement va donc prendre le dessus. C’est une tendance inéluctable si l’on admet la PMA, la GPA. Les médecins l’ont tout de suite compris. Voici comment « le manifeste des médecins » dit déjà cela en 2017.
Nous voulons rappeler le rôle de la Médecine
Suite à la tribune parue le 17 mars 2016, dans le journal Le Monde, signée par 130 médecins et biologistes [2000 désormais – NDLR], intitulée «Nous médecins avons aidé les couples homosexuels à avoir un enfant même si la loi l’interdit», suite aux récentes déclarations du Pr René Frydman qui demande la PMA pour toutes les femmes (janvier 2017) ;
Nous, médecins, impliqués dans la vie quotidienne de nos concitoyens voulons par ce manifeste rappeler quels sont les rôles, les limites et les exigences de notre profession.
Les tentations sont grandes pour les pouvoirs publics et les usagers de s’approprier les techniques bio-médicales à des fins partisanes. Nous mettons en garde contre ces tentations.
Nous rappelons que :
1) La Médecine est avant tout un art au service des malades. Les deux principaux buts de la Médecine sont prévenir les maladies et soigner les malades.
2) La première devise du médecin est : « Primum non nocere », « Premièrement, ne pas nuire ».
3) Il n’appartient pas au médecin de juger de la vie. Même s’il doit accompagner les couples stériles en désir d’enfant, le médecin n’a pas tous les droits pour faire surgir la vie.
4) Le médecin ne doit pas être au service d’une idéologie quelle qu’elle soit. La sélection des races, l’eugénisme, le dopage, les expériences sur l’homme, la « fabrication » d’enfants en dehors de la complémentarité homme-femme sont étrangers aux buts de la Médecine.
5) Il revient au Conseil de l’Ordre des Médecins, expression de notre profession, de faire respecter les règles de la déontologie médicale.
6) Le médecin est soumis à la loi en tant que citoyen. L’État quant à lui ne doit pas sortir de son rôle en demandant au médecin d’accomplir des actes techniques contraires à l’éthique médicale.
La « fabrication d’enfants » est compris comme la
grande menace, au-delà même de la PMA et de la GPA comme principes.
Voici un autre extrait, tiré d’un très intéressant texte du député Joachim Son-Forget, qui a été adopté et raconte son parcours, mais également son point de vue de médecin. C’est assez étonnant car ce député a été très connu médiatiquement pour ses messages sur Twitter qu’on peut qualifier de totalement délirant, a minima.
Mais le type est également un joueur de clavecin, un féru de la
culture kosovare (une région du monde très troublée de par son
rapport historique avec la Serbie), un radiologue, un docteur en
neurosciences…
Dans la revue ultra-conservatrice Valeurs actuelles (voire carrément de la droite extrême désormais, ou même l’extrême-droite), il écrit la chose suivante sur cette question de l’eugénisme :
« J’ai bien réfléchi avant de savoir si j’allais être un pro ou un anti-procréation médicalement assisté (PMA).
J’ai décidé de ne pas m’attarder sur l’intérêt de parents égoïstes, intention incarnée par la formule de « projet parental ». Dans les couloirs du palais Bourbon, on m’opposa même « mais enfin qu’as-tu contre les gens qui s’aiment ? ». Comme si le critère absolu de bonheur pour un enfant était d’avoir été désiré, d’avoir déjà reçu des likes avant même d’avoir existé.
Je me suis demandé qui serait finalement la victime : l’enfant né de PMA et ses questions existentielles ou celui issu de la méthode habituelle et son incompréhension de ne pas bénéficier des dernières avancées biotechnologiques et de ne pas faire partie de l’humanité augmentée qui se sera un peu « libérée » du joug du hasard.
Comme l’a avoué l’air de rien la ministre de la Santé pendant le débat, l’enfant né d’un don a une chance supplémentaire de ne pas être malade.
Dans une surenchère mondiale où la PMA deviendrait la norme, cela deviendra d’abord le privilège des plus riches et des plus puissants, puis des classes moyennes supérieures voulant les imiter, puis les Gilets Jaunes du moment demanderont aussi à pouvoir avoir des enfants parfaits.
Qui préférerait le cancer précoce qui vous tombe dessus à 50 ans ou la chorée de Huntington qui anéantit soudainement votre système nerveux à l’âge adulte ? (…)
La beauté de l’aléa existait encore avec la fécondation in vitro. Avec la PMA, fini.
Le diagnostic préimplantatoire actuel n’est que l’avatar d’un eugénisme plus grave encore, qui au début du 20ème siècle, en Suède, en Suisse, au Japon, au Canada, au Danemark, en Allemagne, aux États-Unis, faisait stériliser des handicapés mentaux.
Adolf Hitler a tenté de mettre en œuvre cette folie. Julian Huxley, (frère d’Aldous – auteur du Meilleur des Mondes), alors futur 1er directeur de l’UNESCO, la pensait et la revendiquait encore en 1941 quand les exactions des nazis étaient déjà connues. « L’eugénique deviendra inévitablement une partie intégrante de la religion de l’avenir. »
La France faisait partie des rares pays épargnés par le choix sur catalogue des caractéristiques sociales et phénotypiques du donneur.
Cela me rappelle cette 1ère photo de moi toujours bébé orphelin, parvenue à un foyer français, et qui mena à un refus et à une réattribution à une autre famille. Trop joufflu, trop de cheveux, et les plaques rouges d’un eczéma qui m’a enquiquiné toute ma vie jusqu’alors. (…)
Dire oui à la PMA, « et bien sûr non à la GPA » est une illusion. La GPA n’est que le cadet de nos soucis. Nous sommes déjà dans une autre ère.
Notre présent, ce sont les reproductions à 3 génomes (celui des parents et l’ADN mitochondrial d’un donneur, réalisé par des chercheurs aux USA en 2016), et les gamètes artificiels issus de cellules souches permettant de donner naissance à des modèles animaux de souris.
Dans notre futur proche, nous n’échapperons pas non plus à la recherche des allèles dangereux, sous prétexte d’éviter à des demi-frères et sœurs qui s’ignorent de s’accoupler.
Ainsi, demain la victime pourrait être l’enfant « naturel », regardé comme un être inférieur par les autres, et reprochant à ses parents de l’avoir fait naître avec un handicap dans la vie : celui de l’aléa, celui des tares qui n’auront pas été prévenues par ses parents. »
Voilà la véritable question de fond à l’arrière-plan de la
PMA et de la GPA. On ne se sortira de cette gigantesque problématique
qu’à condition de reconnaître la Nature et de se plier à sa
propre dynamique, sa propre évolution, en se mettant à son service.
C’est à l’humanité de servir la Nature, et non pas le contraire. Telle doit être la seule identité future de l’humanité unifiée : au service de Gaïa.