La révolte contre la Nature : PMA, GPA, l’eugénisme en ligne de mire

Nous avons déjà parlé à de nombreuses reprises de la PMA et de la GPA, un thème véritablement fondamental pour qui défend les animaux.

A l’arrière-plan en effet, il y a la question de la Nature. Jusqu’à présent, à ce niveau, la situation était littéralement catastrophique en France. La grande majorité des gens voyaient la Nature comme une sorte de monstre chaotique et multiforme, où tout le monde affronte tout le monde. La Nature serait cruauté et meurtre, l’humanité commençant heureusement à échapper à cela en sortant de tout cela par la « culture ».

Une autre partie de la population, importante mais moins nombreuse, admettait le principe de la nature mais en neutralisant le concept, en considérant que c’était Dieu qui l’avait créé.

Pour prendre un exemple très concret, il y a la situation d’un certain nombre de chats dans notre pays. Ils sont particulièrement respectés dans la culture islamique et pour cette raison, il y a beaucoup de gens – leur nombre n’est pas quantifiable, mais c’est un phénomène existant ,-, qui, parce qu’ils sont musulmans, se préoccupent des chats. Ils les nourrissent, les protègent, etc.

C’est le bon côté de la religion, qui admet l’existence de la Nature, d’une certaine sensibilité. Cependant, le souci est que la Nature est comprise de manière mystique. Le résultat est que les chats ont le droit d’aller où ils veulent et que toute stérilisation est strictement rejetée. Il s’ensuit une situation catastrophique au niveau de la reproduction exponentielle, sans parler de l’impact des chats sur les autres animaux sauvages, des dangers pour les chats eux-mêmes, etc.

Cela ajoute à la situation absolument dramatique des chats sauvages dans notre pays. A ce niveau la crise est gigantesque et il est effroyable que cela se déroule dans un silence total. On en revient toujours à la question : pourquoi les gens liés au véganisme ne s’impliquent-ils pas dans les refuges (avec discipline et en se soumettant aux règles) ?

En tout cas, donc jusqu’à il y a peu de temps, très peu de monde admettait l’existence de la Nature, ce qui est un comble dans le pays à l’origine du mouvement des Lumières. Les penseurs des Lumières s’appuient en effet sur le principe de nature, qu’ils voient comme bon par définition. Il y a également d’autres auteurs qui pensent ainsi bien entendu, comme Aristote, Spinoza ou Kant.

Et pourtant qui parle de Nature s’est vu jusqu’à présent systématiquement accusé de mysticisme ! La grande accusation vers La Terre d’abord est de relever du « naturalisme ».

La situation est en train de connaître un renversement, inéluctable et irrémédiable. Le gouvernement compte en effet légaliser la PMA et on voit déjà la GPA en ligne de mire. Cela a provoqué une onde de choc.

La question de l’ordre naturel, du rapport de l’humanité à la Nature, se pose dans toute sa splendeur. Ce n’est qu’un début. L’humanité va se plier au bout d’un processus difficile de remise en cause totale de l’anthropocentrisme, adoptant le mot d’ordre de défense de notre mère la Terre.

Et une mère ne peut se défendre que si l’on admet le concept de mère. La PMA et la GPA comptent abolir ce principe, au profit de celui de « parent ».

Les catholiques ont mobilisé en priorité, mais déjà chez les gens non religieux il commence à y avoir un certain remue-ménage.

La vraie question de fond qui a provoqué le bouleversement en cours n’est d’ailleurs paradoxalement ni la PMA, ni la GPA. C’est l’eugénisme qui est la clef du véritable traumatisme dans une partie de la société française.

La France compte en effet beaucoup de gens éduqués et le thème de l’eugénisme est bien connu. Il y a une très grande méfiance démocratique à ce sujet et pratiquement aucune fascination à ce niveau, au contraire de pays comme l’Allemagne ou les États-Unis. Cela est bien connu en France, c’est un thème largement étudié.

Or, beaucoup de monde a compris la chose suivante. Si la PMA passe, alors on va se précipiter dans un piège, celui des choix génétiques. Les entreprises vont proposer des enfants « à la carte » et il en ira de même pour la GPA.

La conséquence va être que les enfants naissant « normalement » vont avoir moins de valeur aux yeux des gens que des enfants dont on a pu « pré-sélectionner » de nombreuses choses, et de plus en plus de choses avec les moyens technologiques toujours plus perfectionnés.

La procréation assistée génétiquement va donc prendre le dessus. C’est une tendance inéluctable si l’on admet la PMA, la GPA. Les médecins l’ont tout de suite compris. Voici comment « le manifeste des médecins » dit déjà cela en 2017.

Nous voulons rappeler le rôle de la Médecine

Suite à la tribune parue le 17 mars 2016, dans le journal Le Monde, signée par 130 médecins et biologistes [2000 désormais – NDLR], intitulée «Nous médecins avons aidé les couples homosexuels à avoir un enfant même si la loi l’interdit», suite aux récentes déclarations du Pr René Frydman qui demande la PMA pour toutes les femmes (janvier 2017) ;

Nous, médecins, impliqués dans la vie quotidienne de nos concitoyens voulons par ce manifeste rappeler quels sont les rôles, les limites et les exigences de notre profession.

Les tentations sont grandes pour les pouvoirs publics et les usagers de s’approprier les techniques bio-médicales à des fins partisanes. Nous mettons en garde contre ces tentations.

Nous rappelons que :

1) La Médecine est avant tout un art au service des malades. Les deux principaux buts de la Médecine sont prévenir les maladies et soigner les malades.

2) La première devise du médecin est : « Primum non nocere », « Premièrement, ne pas nuire ».

3) Il n’appartient pas au médecin de juger de la vie. Même s’il doit accompagner les couples stériles en désir d’enfant, le médecin n’a pas tous les droits pour faire surgir la vie.

4) Le médecin ne doit pas être au service d’une idéologie quelle qu’elle soit. La sélection des races, l’eugénisme, le dopage, les expériences sur l’homme, la « fabrication » d’enfants en dehors de la complémentarité homme-femme sont étrangers aux buts de la Médecine.

5) Il revient au Conseil de l’Ordre des Médecins, expression de notre profession, de faire respecter les règles de la déontologie médicale.

6) Le médecin est soumis à la loi en tant que citoyen. L’État quant à lui ne doit pas sortir de son rôle en demandant au médecin d’accomplir des actes techniques contraires à l’éthique médicale.

La « fabrication d’enfants » est compris comme la grande menace, au-delà même de la PMA et de la GPA comme principes.

Voici un autre extrait, tiré d’un très intéressant texte du député Joachim Son-Forget, qui a été adopté et raconte son parcours, mais également son point de vue de médecin. C’est assez étonnant car ce député a été très connu médiatiquement pour ses messages sur Twitter qu’on peut qualifier de totalement délirant, a minima.

Mais le type est également un joueur de clavecin, un féru de la culture kosovare (une région du monde très troublée de par son rapport historique avec la Serbie), un radiologue, un docteur en neurosciences…

Dans la revue ultra-conservatrice Valeurs actuelles (voire carrément de la droite extrême désormais, ou même l’extrême-droite), il écrit la chose suivante sur cette question de l’eugénisme :

« J’ai bien réfléchi avant de savoir si j’allais être un pro ou un anti-procréation médicalement assisté (PMA).

J’ai décidé de ne pas m’attarder sur l’intérêt de parents égoïstes, intention incarnée par la formule de « projet parental ». Dans les couloirs du palais Bourbon, on m’opposa même « mais enfin qu’as-tu contre les gens qui s’aiment ? ». Comme si le critère absolu de bonheur pour un enfant était d’avoir été désiré, d’avoir déjà reçu des likes avant même d’avoir existé.

Je me suis demandé qui serait finalement la victime : l’enfant né de PMA et ses questions existentielles ou celui issu de la méthode habituelle et son incompréhension de ne pas bénéficier des dernières avancées biotechnologiques et de ne pas faire partie de l’humanité augmentée qui se sera un peu « libérée » du joug du hasard.

Comme l’a avoué l’air de rien la ministre de la Santé pendant le débat, l’enfant né d’un don a une chance supplémentaire de ne pas être malade.

Dans une surenchère mondiale où la PMA deviendrait la norme, cela deviendra d’abord le privilège des plus riches et des plus puissants, puis des classes moyennes supérieures voulant les imiter, puis les Gilets Jaunes du moment demanderont aussi à pouvoir avoir des enfants parfaits.

Qui préférerait le cancer précoce qui vous tombe dessus à 50 ans ou la chorée de Huntington qui anéantit soudainement votre système nerveux à l’âge adulte ? (…)

La beauté de l’aléa existait encore avec la fécondation in vitro. Avec la PMA, fini.

Le diagnostic préimplantatoire actuel n’est que l’avatar d’un eugénisme plus grave encore, qui au début du 20ème siècle, en Suède, en Suisse, au Japon, au Canada, au Danemark, en Allemagne, aux États-Unis, faisait stériliser des handicapés mentaux.

Adolf Hitler a tenté de mettre en œuvre cette folie. Julian Huxley, (frère d’Aldous – auteur du Meilleur des Mondes), alors futur 1er directeur de l’UNESCO, la pensait et la revendiquait encore en 1941 quand les exactions des nazis étaient déjà connues. « L’eugénique deviendra inévitablement une partie intégrante de la religion de l’avenir. »

La France faisait partie des rares pays épargnés par le choix sur catalogue des caractéristiques sociales et phénotypiques du donneur.

Cela me rappelle cette 1ère photo de moi toujours bébé orphelin, parvenue à un foyer français, et qui mena à un refus et à une réattribution à une autre famille. Trop joufflu, trop de cheveux, et les plaques rouges d’un eczéma qui m’a enquiquiné toute ma vie jusqu’alors. (…)

Dire oui à la PMA, « et bien sûr non à la GPA » est une illusion. La GPA n’est que le cadet de nos soucis. Nous sommes déjà dans une autre ère.

Notre présent, ce sont les reproductions à 3 génomes (celui des parents et l’ADN mitochondrial d’un donneur, réalisé par des chercheurs aux USA en 2016), et les gamètes artificiels issus de cellules souches permettant de donner naissance à des modèles animaux de souris.

Dans notre futur proche, nous n’échapperons pas non plus à la recherche des allèles dangereux, sous prétexte d’éviter à des demi-frères et sœurs qui s’ignorent de s’accoupler.

Ainsi, demain la victime pourrait être l’enfant « naturel », regardé comme un être inférieur par les autres, et reprochant à ses parents de l’avoir fait naître avec un handicap dans la vie : celui de l’aléa, celui des tares qui n’auront pas été prévenues par ses parents. »

Voilà la véritable question de fond à l’arrière-plan de la PMA et de la GPA. On ne se sortira de cette gigantesque problématique qu’à condition de reconnaître la Nature et de se plier à sa propre dynamique, sa propre évolution, en se mettant à son service.

C’est à l’humanité de servir la Nature, et non pas le contraire. Telle doit être la seule identité future de l’humanité unifiée : au service de Gaïa.

Une marche des fiertés version turbocapitalisme

« Refuser de manger de la viande, c’est aussi une manière de résister à la norme hété­rosexuelle. »

Voilà l’un des arguments mis en avant dans un article sur Slate.fr, preuve s’il en est qu’il y a bien une OPA du turbocapitalisme sur tout ce qui bouge.

On croit avoir affaire au progrès, à l’ouverture d’esprit, à la tolérance, on se retrouve avec l’ultra-libéralisme en étendard. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que l’assemblée nationale a pavoisé aux couleurs LGBTQ+, que la mairie de Paris a apporté tout son soutien et même un char, annonçant au passage que les couleurs arc-en-ciel resteront comme marquages au sol dans certaines rues.

Tout le gouvernement a d’ailleurs soutenu cette marche, alors que l’inter-LGBT a comme grande revendication la PMA pour toutes.

Maintenant, il n’y a pas 36 possibilités. Soit on est dans l’esprit des centre-villes et on trouve cela bien. Soit on oublie d’être idiot et on se doute que tout cela est au service du turbo-capitalisme, qui amène à la décadence toutes les valeurs pour mieux servir le marché.

Evidemment, cela veut dire se placer dans le camp des ouvriers, pas des intellectuels et des étudiants.

Et il est vrai qu’il est difficile de ne pas succomber à la naïveté, tellement le package est coloré. Car on dira à juste titre qu’il n’est pas important que certaines personnes soient gays ou lesbiennes, que cela ne dérange pas.

Mais c’est tout autre chose que toute la scène intellectuelle et sociale qui a utilisé les gays et les lesbiennes pour tout un discours sur le genre au service du refus de la Nature, du renforcement de la concurrence individuelle et de l’élargissement de la société de consommation.

Deux gays ou deux lesbiennes en couple, c’est autre chose socialement, culturellement, et aussi sur le plan de la nature, que des gens couchant avec n’importe qui, à plusieurs, célébrant la « backroom » où a lieu les orgies comme un modèle de libération.

Avec l’appui du gouvernement, de l’assemblée, des grandes entreprises…

Et c’est là une question fondamentale. On est pour le couple, ou on est contre. Et le turbocapitalisme n’a pas besoin du couple. Il a besoin d’individus.

LTD a d’ailleurs toujours rendu hystérique les étudiants utilisant les catégories intellectuelles de la théorie du genre. Comme nous défendons le couple, cela leur est en effet intolérable. Le couple serait, selon ces personnes, une forme réactionnaire, un poids, une absurdité.

Il y a même eu – il y a encore – des tentatives de récupérer le straight edge, en disant qu’il ne s’agit pas de ne pas coucher avec n’importe qui, mais de ne pas coucher avec n’importe qui sans sentiments, et que donc on peut coucher avec n’importe qui !

Rappelons ici quelle est la vision du monde totalement déglinguée de ces ultra-individualistes qui justifient tout et n’importe quoi, partant en guerre contre les sentiments et le couple comme construction, à grands coups de décadence et de relativisme.

Il ne faut pas non plus sous-estimer à quel point ces gens sont réactifs, profitant de  leur bagage intellectuel et de leurs moyens financiers. Citons de nouveau l’article de Slate mentionné plus haut.

 «Même les modes de cuisson sont genrés», reconnaît Julie Coumau, qui prépare une thèse à la Sorbonne sur la communauté végane parisienne.

Mais la question végane ne se limite pas à un régime alimentaire, il s’agit pour ses adeptes de repenser totalement notre rapport aux animaux.

«Les queers cherchent à abolir la binarité entre les genres. Les véganes, eux, cherchent à abolir la binarité entre humains et non humains. Dans les deux cas, il s’agit de combattre l’essentialisation.»

Eh bien, à LTD, nous sommes pour l’essentialisation et nous combattons sans pitié aucune les théories de la « déconstruction ».

Car il y a une essence humaine, définie par la Nature. Nous n’avons pas été dégénérés parle turbo-capitalisme. Nous n’avons rien à faire avec des décadents prétendant amener des droits quand leur seul rôle est d’élargir le capitalisme et de l’accélérer.

Le soutien unilatéral à la PMA le montre bien : ces gens rejettent totalement la Nature.

Pareillement, comme nous ne séparons pas le corps et l’esprit, cela leur apparaît comme de la « transphobie ». Ce qui est pour nous une mutilation de son corps est pour ces gens une libération, car il existerait des gens qui ne seraient pas dans le bon corps.

C’est une séparation du corps et de l’esprit digne du pire mysticisme, et tout cela pour justifier les « choix » individuels… le turbo-capitalisme.

On se souvient d’ailleurs de cet épisode où des antispécistes avaient réalisé un petit film à caractère pornographique, intitulé « Terre déviante », afin de dénoncer LTD. La haine de la Nature des Français cartésiens est sans limites…

Et comme en plus, nous sommes pour l’égalité hommes-femmes, mais dans un sens pratiquement matriarcal, mettant la femme au-dessus de l’homme de par son rapport à la vie, alors décidément LTD leur est intolérable.

Pour eux il n’y a pas non plus de femme, ni d’homme, et encore moins pourrait-il y avoir une planète comme supra-organisme. L’idée même de parler de Gaia les rend malades.

Nous ce qui nous rend malades, c’est de voir que ces étudiants donnent des ailes aux fachos. Car leur discours, qui est le même que celui du gouvernement comme on le voit, est intolérable et inacceptable pour l’écrasante majorité des gens.

Les gens ne sont pas prêts à considérer que la décadence soit la solution à tous les problèmes. Cela ne les empêche pas d’être corrompus par cette décadence. Cependant, en faire une identité, c’est autre chose.

C’est ce qu’il faut comprendre pour combattre la décadence… C’est cela, l’esprit vegan straight edge.

Synthèse des États généraux de la bioéthique

Les États généraux de la bioéthique ont rendu public hier leur « synthèse », qui fait un peu moins de 200 pages. Et là on s’aperçoit que la logique ultra-libérale fait face à un tel problème que la synthèse ne prend finalement pas partie, se cantonnant aux constats de différents points de vue, réservant son point de vue pour septembre 2018.

Malheureusement, ce problème n’est pas une opposition de gens athées, défendant la Nature, refusant l’individualisme, s’opposant à la PMA-GPA comme droit universel à l’enfant, avec celui-ci réduit au statut de bien de consommation.

Ce problème, c’est la mobilisation générale des religieux, notamment des catholiques ultras.

Soyons ici très clairs : un tel mouvement de fond préfigure l’alliance future entre la droite et l’extrême-droite. Face au suicide d’une gauche adepte de l’ultra-libéralisme « sociétal », il y a un boulevard pour les fachos !

Dans quelques années, on comprendra aisément comment il y a eu ici un tournant permettant à la droite et l’extrême-droite d’apparaître comme un obstacle au libéralisme, au capitalisme, comme défendant la civilisation face au marché…

Il est incroyable que ce soit la Fédération Protestante de France qui soit en mesure de dire une chose que les gens athées, de gauche, pleins de bons sens, etc. devraient dire :

« la liberté ne se confond ni avec l’individualisme sans limites, ni avec la loi de l’offre et de la demande qui aboutit à la loi du plus fort »

C’est fort quand même : les protestants rejettent davantage l’offre et la demande que la gauche elle-même, passée dans le camp du turbo-capitalisme maquillé comme conquête des droits individuels.

Il est tout aussi incroyable que la Fédération Nationale de la Libre Pensée, la plus ancienne association pour la laïcité, s’exprime inversement pour l’individualisme le plus total, juste pour le plaisir de dire en apparence le contraire des religieux :

« Notre association considère que la loi de bioéthique doit être modifiée sur trois points : l’extension du champ de recours à la procréation médicalement assistée (PMA) et de l’utilisation des ovocytes congelés ; la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) ; l’extension de l’utilisation des ovocytes congelés ; la réduction des contraintes pesant sur la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires. »

C’est cela la laïcité : donner le champ libre aux entreprises au nom d’un rejet des religions?

De la même manière, il est honteux qu’une association comme SOS homophobie abuse de son refus de l’homophobie pour promouvoir l’ultra-libéralisme, l’ultra-individualisme, le turbo-capitalisme :

« SOS homophobie revendique l’ouverture de la procréation médicalement assistée à toutes les femmes sur la base d’une stricte égalité. Toutes les personnes en âge de procréer doivent pouvoir avoir accès à la PMA , sans distinction de leur situation conjugale, de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. (…) Établir une frontière liée au statut marital, à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre relève de la discrimination. »

Ce serait donc une discrimination que de ne pas fournir techniquement, au-delà de la Nature, un enfant aux personnes homosexuelles, tout comme il serait discriminatoire de ne pas permettre, au-delà de la Nature encore, à une personne seule d’avoir un enfant.

C’est le règne du « si je veux je dois avoir, car la réalité doit se plier à mes désirs ». C’est le triomphe du consommateur.

Et qui a pris les commandes du refus de cela ? Malheureusement les religieux.

C’est une catastrophe dont on n’a pas fini de voir les conséquences.

Voici, comme illustration, ce que constate Le Figaro des résultats des « consultations » faites par les États généraux de la bioéthique. Ceux-ci ont organisé 271 débats avec 21 000 personnes au total, 183 500 personnes allant sur son site internet, pour 65 000 contributions et 830 000 votes. Il y a eu également 154 auditions d’associations, de personnalités et d’intellectuels, de cercles scientifiques, sociétés savantes, etc.

Une partie significative de cela a été consacrée à la question de la procréation. Or, comme on le voit, l’opposition à l’ultra-libéralisme est frontale. Et elle est catholique, n’en doutons pas : il y a eu une grande mobilisation pour conquérir l’hégémonie dans les débats.

Le journal La Croix – la voix du Vatican – considère la synthèse des Etats généraux de la bioéthique comme un triomphe pour les religieux, parlant d’un « débat à poursuivre », un débat clairement défini comme sans fin, car bloqué par le clivage des points de vue.

Voici ce qui est dit, par l’intermédiaire de son directeur.

Ce rapport ne permet pas de conclure à une opinion majoritaire pour ou contre telle ou telle évolution des règles bioéthiques en vigueur dans notre pays. Là n’était pas le but des états généraux, qui avaient d’abord pour vocation de permettre à toutes les opinions de s’exprimer et d’être actées.

Cet exercice permet néanmoins de conclure que le consensus est loin d’être atteint – et ne pourra pas l’être – sur les sujets les plus débattus que sont la fin de vie ou l’accès à la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes.

Le rapport fait ainsi état de « différences profondes (qui) s’expriment dans la société civile ».

Ce seul constat n’est pas sans importance pour la suite. En ­effet, Emmanuel Macron a déclaré à La Croix le 13 mars 2017 qu’avant toute décision sur de tels sujets, il regarderait « l’état de la société et des débats qui s’y jouent pour agir de manière apaisée ».

Quelles seront donc les conclusions du président de la République sur « l’état de la société » ? Le moment de trancher n’est pas encore venu.

Le CCNE doit rendre un nouvel avis en septembre, qui devrait formuler des préconisations. C’est ensuite que la décision politique interviendra, celle du chef de l’État puis celle du Parlement. D’ici là, le débat ne va pas – et ne doit pas – s’interrompre.

Les religieux savent qu’ils vont avoir un prestige immense s’ils arrivent à se présenter comme ceux qui ont bloqué la PMA et la GPA, c’est-à-dire comme ceux qui ont réussi à freiner l’extension du marché capitaliste.

Et par la suiteMarion Maréchal-Le Pen et l’alliance droite – extrême-droite capitaliseront là-dessus!

Les snipers de la Macronie lancent l’opération pro-PMA

Les masques tombent : voilà que des députés de La République En Marche se mettent à tenir le même discours que toute une scène censée représenter une libération transgressive (queer,  LGBTQ+++, transsexuels, etc.).

Nulle surprise à cela : les discours sur les transgressions n’ont été qu’un marche-pied du discours libéral libertaire le plus général. Droit au cannabis, droit à l’enfant, droit à définir son identité, droit à se suicider, droit à choisir son sexe, droit à refuser le couple, droit à ne pas avoir de responsabilité sentimentale, etc. tout cela n’est que le reflet de la société de consommation façonnant les esprits selon ses propres besoins.

Comment comprendre autrement la phrase suivante sinon ?

Il n’y a pas de modèle unique qui représenterait la famille.

Toute la réalité naturelle niée. Des siècles de culture simplement rejetés. Zéro responsabilité, tout se décide selon les caprices, dans la négation du réel, dans le refus des sentiments, dans le rejet de toute construction.

C’est de la folie.

Il va de soi également que jamais la tribune de ces députés, paru dans Libération, n’aurait vu le jour sans l’aval du grand patron! Emmanuel Macron lance ici un tir de semonce, avant les grandes manoeuvres.

La preuve en est la présence de Pierre Person, député de Paris et cofondateur-président des Jeunes avec Macron, ainsi que Guillaume Chiche, Sacha Houlié  et Aurélien Taché, présentés par Le Monde comme des  «  snipers de la Macronie », membres de la garde rapprochée du grand boss (« « C’est le 11e choc de Macron, un commando de jeunes députés sans états d’âme, mobilisables dans la minute, d’une loyauté sans faille », résume un proche du président de la République »).

Nul hasard donc, juste une étape de plus dans le rythme politique donné par Emmanuel Macron. Tout cela va faire très mal, atomisant encore davantage la société.

Et au coup d’après, les fachos vont revenir en force, parce qu’aucune société ne peut accepter un tel suicide ultra-libéral. Tout doit être fait pour ne pas que la France succombe à l’étau ultra-libéral / facho total!

La PMA pour toutes, un acte d’égalité

Alors que la consultation publique des états généraux de la bioéthique sur nos territoires a pris fin et que le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) s’apprête à rendre son rapport, nous, parlementaires de la majorité, souhaitons rappeler notre attachement à l’extension de la procréation médicale assistée à toutes les femmes, célibataires, en couple hétérosexuel ou en couple lesbien.

Lors de ces débats sur nos territoires, nos concitoyennes et nos concitoyens ont pu s’exprimer et ainsi être entendus, permettant au CCNE d’avoir une pleine et entière appréhension et compréhension des attentes des Françaises et des Français sur un sujet qui relève de l’intimité de chacune et chacun.

Après le temps du débat citoyen qui fonde notre action et sur lequel nous nous appuierons pleinement, viendra celui du débat parlementaire poursuivi dans un climat calme et serein, propice à l’écoute et au respect de toutes et tous.

Nous, parlementaires, dès à présent, refusons que la PMA soit instrumentalisée comme l’a été la loi autorisant le mariage et l’adoption aux couples de même sexe il y a cinq ans.

Nous le refusons car il s’agit d’un engagement de campagne du président de la République et nous avons été élus pour faire en sorte qu’il soit tenu. Près de six Français sur dix se déclarent favorables à l’extension de la PMA aux couples de femmes hétérosexuels ou lesbiens ainsi qu’aux femmes seules.

L’extension à toutes de la PMA n’enlèvera aucun droit à personne. Il n’y a pas de modèle unique qui représenterait la famille. La société évolue, les familles sont de plus en plus diverses.

Qu’ils soient couples mariés, pacsés, concubins, des parents unis ou séparés, des familles monoparentales, des familles recomposées, des familles homoparentales, toutes et tous ont des devoirs et droits égaux envers leurs enfants.

Il faut sortir de l’hypocrisie de celles et ceux qui refusent de voir que la famille a changé et de l’égoïsme de celles et ceux qui s’opposent à l’extension de la PMA pour toutes en niant la frustration, la souffrance, la colère, l’injustice qu’une femme peut ressentir lorsque son corps ne l’autorise pas à devenir mère.

Nous, parlementaires, nous devons permettre à chacune et chacun de vivre sa vie de parent comme il l’entend, mais surtout de reconnaître à égalité de droit et de dignité les différentes façons de le devenir.

Aujourd’hui, l’accès à la parentalité n’est pas possible pour toutes et injuste, notamment lorsque la PMA fait ressortir des inégalités socio-économiques en permettant à certaines femmes d’y avoir recours à l’étranger pour 30 000 euros environ hors frais médicaux préalables aux injections et suivi postnatal.

Au-delà, ces femmes prennent des risques pour leur santé en se rendant dans des cliniques à l’étranger. Face à ce désir si intense et intime et parfois tellement inaccessible, et compte tenu des risques encourus, nous, parlementaires, ne pouvons plus fermer les yeux.

C’est la raison pour laquelle nous devons donner le choix à toutes celles qui le souhaitent et qui ne le peuvent pas aujourd’hui, de fonder une famille. Ce choix, cette liberté assumée de décider de sa maternité, nous l’avons aujourd’hui entre nos mains.

Nous devons nous en saisir, et faire évoluer les droits des célibataires, hétérosexuelles ou homosexuelles. Nous sommes convaincus que cette réforme synonyme de progrès social et d’égalité est indispensable. L’égalité de droits ne nuit pas à notre société, au contraire, elle l’élève.

PARMI LES SIGNATAIRES
Des député·e·s :
Guillaume Chiche (Deux-Sèvres)
Coralie Dubost (Hérault)
Matthieu Orphelin (Maine-et-Loire)
Laetitia Avia (Paris)
Thomas Mesnier (Charente) Laurence Vanceunebrock-Mialon (Allier) Raphaël Gérard (Charente-Maritime)
Elise Fajgeles (Paris)
Hugues Renson (Paris)
Carole Grandjean (Meurthe-et-Moselle) Aurélien Tache (Val-d’Oise)
Cécile Muschotti (Var)
Pieyre-Alexandre Anglade (Français établis hors de France)
Claire Pitollat (Bouches-du-Rhône)
Sacha Houlié (Vienne)
Stéphanie Rist (Loiret)
Pierre Person (Paris)
Sophie Beaudoin-Hubiere (Haute-Vienne) Damien Pichereau (Sarthe)
Martine Wonner (Bas-Rhin)
Mickaël Nogal  (Haute-Garonne)
Didier Baichère (Yvelines)
Delphine Bagarry (Alpes-de-Haute-Provence)
Damien Adam (Seine-Maritime)
Ludovic Mendes (Moselle)
Laurent Saint Martin (Val-de-Marne)
Florent Boudié (Gironde)
Philippe Chalumeau (Indre-et-Loire),
Guillaume Gouffier-Cha (Val -de-Marne)
Eric Bothorel (Côtes d’Armor)
Bérangère Abba (Haute-Marne)
Marne Fabienne Colboc (Indre-et-Loire)
Stéphane Testé (Seine-Saint-Denis)
Dominique David (Gironde)
Jean-Louis Touraine (Rhône)
Anne Genetet (Français établis hors de France)
Marie-Christine Verdier-Jouclas (Tarn)
Stéphane Buchou (Vendée)
Jean-Marie Fiévet (Deux-Sèvres)
Olga Givernet (Ain)
Denis Sommer (Doubs)
Brigitte Bourguignon (Pas-de-calais)
Valérie Gomez Bassac (Var)
Joël Giraud (Hautes-Alpes)
Jennifer de Temmerman (Nord)
Frédéric Barbier (Doubs)
Bérangère Couillard (Gironde)

PMA : François Olivennes contre M. Tartempion et Mme Tartignolle

François Olivennes est un médecin qui, en 2006, a fait un choix très précis, qui est raconté de la manière par Le Monde alors :

« Ce spécialiste reconnu de l’assistance médicale à la procréation a claqué la porte de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris pour s’associer à un cabinet privé. Un choix qui l’a tourmenté, mais qu’il dit ne pas regretter. »

Et c’est lui a appelé Le Monde à ce moment-là pour justifier son choix :

« C’est lui qui a appelé. Il voulait faire connaître son histoire. Forcément, la démarche étonne.

Aucune prétention là-dedans, mais une forme d’exorcisme. Car l’histoire du professeur François Olivennes est celle d’un choix peu banal : quitter le service public hospitalier pour le secteur libéral ; lâcher un poste de chef d’unité de médecine de la reproduction à l’hôpital Cochin, à Paris, pour s’associer à un cabinet privé.

Il est rare qu’à 47 ans un professeur agrégé des universités – praticien hospitalier (PU-PH), spécialiste reconnu de l’assistance médicale à la procréation, claque la porte de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. »

Qu’a-t-il fait depuis ? Sur son site il dit à ce sujet :

« Depuis Avril 2006 je suis installé en libéral et j’exerce mes activités au sein du centre de FIV Eylau La Muette ou je suis coordonnateur du centre de Fécondation In Vitro. »

C’est dans le seizième arrondissement de Paris, juste à côté de la rue de Passy et du Trocadéro. C’est un choix on ne peut plus clair : François Olivennes a choisi le public le plus aisé qu’il pouvait.

Il n’est donc pas étonnant qu’il soit favorable à la « GPA sous conditions », ou encore à la PMA, pourquoi pas par exemple à condition que :

« le donneur soit connu, et même, pourquoi pas, qu’il soit un ami, une relation. Pas un père au sens légal, mais au moins une trace dans l’histoire de l’enfant. »

Le Journal du Dimanche lui a accordé hier une double page, à l’occasion de la sortie d’un ouvrage qu’il a écrit en ce sens, intitulé « Pour la PMA », publié chez Lattès. C’est un soutien direct à toute une démagogie libérale-libertaire prônant la dénaturation de l’être humain.

Il est ainsi prétendu que la famille aurait connu des modifications au cours de l’histoire :

« Toute l’histoire et la sociologie de la famille démontrent que sa définition n’a cessé d’évoluer en fonction des époques et des mentalités ».

Ce qui est évidemment totalement faux, le couple est la base de l’humanité depuis son apparition moderne… Même si on a pu voir hier soir sur France 2 un éloge des personnes âgées divorçant, avec même une femme qui au bout de trente ans prend toutes ses affaires d’un coup alors que son mari est au travail !

C’est que notre époque libérale-libertaire a besoin de la négation de toute forme collective d’existence, même le couple… Sans parler du refus de tout sens des responsabilités, de tout engagement… Une vie à la carte, obéissant au principe de consommation, dans le déni de la réalité !

Et après tout, ne faudrait-il pas être « tolérant » et accepter ce qui nous regarderait pas ? L’argument de François Olivennes vaut son pesant d’or :

« De quel droit M. Tartempion et Mme Tartignolle seraient-ils en droit d’interdire une pratique qui n’affectera en rien leur vie ni celle de leur entourage ? »

François Olivennes a choisi des noms censés symboliser les « beaufs », c’est-à-dire ici le peuple, ou plutôt le bas-peuple ! Mort à la démocratie, vive la consommation !

Au gouvernement, on aime, bien évidemment. Et après le gouvernement prétend qu’il y a un débat sur la bioéthique en cours… Alors que tout est déjà bien solidement organisé. Il s’agit juste de préparer l’opinion publique.

Et d’ailleurs, tout le monde n’accepte-t-il pas le capitalisme, dit François Olivennes, alors pourquoi ne pas assumer jusqu’au bout, sinon cela va repartir dans l’autre sens et il va y avoir une dictature des valeurs :

« Tous ceux qui prétendent détenir l’unique vérité quant à la conception et l’éducation d’un enfant souhaiteraient-ils qu’on entre dans leurs foyers pour vérifier si leurs choix éducatifs sont irréprochables quand bien même la composition de leur famille est conforme à ce qu’ils jugent acceptables ? »

Le raisonnement, ici, tient la route : soit on accepte des principes, des règles, soit on les refuse… Et si on les refuse quelque part, alors on les refuse partout. Qui nie l’universel à un endroit le nie partout, qui fait triompher le particulier à un seul moment le fait triompher tout le temps…

Voilà pourquoi il faut être intransigeant. La moindre faille et tout s’effondre. D’où que veganisme et straight edge vont nécessairement de paire, l’un comme l’autre formant une morale qui est juste, car vraie, fondée sur la vie naturelle.

Et que se passe-t-il, selon François Olivennes, si l’on n’obéit pas aux injonctions du libéralisme-libertaire, notamment le fait qu’une femme seul aurait un droit à l’enfant ? On serait intolérant, opposé aux droits des femmes…

« Alors laissez les femmes concernées prendre leurs décisions qui ne concernent qu’elles et n’enlèvent rien à personne, et foutez-leur la paix ! »

Or, dans les faits, cela enlève la Nature à la réalité, cela nie le besoin matériel effectif d’un homme, cela nie le besoin d’une mère, la réalité naturelle du couple. C’est l’avènement de l’existentialisme le plus complet, du libéralisme-libertaire le plus total.

C’est la liberté par et pour le marché, avec des corps servant de marchandises suivant des contrats individuels. C’est l’offensive générale contre le concept de mère – c’est aussi en cela que l’amour des animaux est le féminisme par excellence, la défense de notre mère la Terre un concept d’une dimension essentielle à la vie : la Nature et sa défense !

« PMA-GPA : les Français sont pour »

Le Nouvel Obs – qui représente la gauche libérale dans les mœurs et sociale en économie, bref la gauche française aujourd’hui malheureusement – publie aujourd’hui un numéro qui nous confronte à une simple vérité : nous étions coincés et nous allons l’être encore plus.

Entre qui et qui, entre quoi et quoi ?

Entre les bobos qui, en prétendant représenter le progrès, prônent le turbo-capitalisme le plus violent, présenté comme le moyen d’obtenir des « droits »… Et les fachos qui s’organisent comme jamais en ce moment, justement sur les sujets de bioéthique, afin de faire passer leur conservatisme.

C’est le prix à payer pour la stupidité et le libéralisme, que les Français assument en toute bonne foi, avec un déni complet de responsabilité et de réflexion. Voici en effet les résultats sondages du Nouvel Obs sur la PMA et la GPA (même si bien entendu les sondages sont toujours à relativiser).

On y voit quelque chose qu’on peut aisément constater ces dernières années : comme pour le cannabis, l’opinion publique a été travaillée au corps et les résultats sont un effondrement moral devant les coups de boutoir du capitalisme débridé.

Le rejet de la Nature est, du côté d’une majorité de personnes, clair et sans appel dans ces chiffres.

Une majorité de personnes est désormais favorable aux mères porteuses, c’est-à-dire à la réduction du corps à une marchandise. C’est déjà le cas avec le travail, mais là cela va encore plus loin.

Le « droit à l’enfant » – c’est-à-dire le fait de payer pour contourner techniquement, par le marché, le principe du couple – est également assumé. Le marché triomphe, la Nature est niée. Tout s’achète, tout se vend – et c’est appelé liberté, choix, droit.

L’un des arguments hypocrites des pro-mères porteuses a toujours été que cela devait être gratuit. Il va de soi, et nous l’avons dit, que c’était là un mensonge pour faire passer la pilule. Et cela a marché. Et forcément, une fois la GPA ouverte, dans l’esprit du marché, alors le fait de payer apparaît comme normal, tout simplment normal…

C’est une véritable catastrophe, qui va évidemment ravir deux camps : les bobos et ultas libéraux, ceux qui se disent de gauche alors qu’ils parlent de droits pour aider la conquête de nouveaux marchés par le capitalisme… et tous les fachos et religieux qui se préparent à se lancer dans de vastes campagnes pour dénoncer tout cela au nom de la religion.

Nous allons être encore plus coincés entre le marteau et l’enclume… Alors que la planète se meurt, assassinée par une humanité qui rêve soit du moyen-âge, soit d’une modernité où tout s’achète et se vend…

Tribune pro-GPA et anti-Nature dans Le Monde

« On ne peut plus ignorer les enfants nés par GPA », tel est le titre d’une tribune publiée dans Le Monde et visant à exiger la reconnaissance des mères porteuses en prétextant le fait accompli.

C’est la même technique que pour le cannabis : on laisse le capitalisme conquérir une sphère de la société et on dit qu’on ne peut plus faire autrement, alors autant encadrer, réglementer, sinon ce serait pire.

Voilà comment un certain « progressisme » n’est en fait que le vecteur de l’ultra-libéralisme… « encadré ».

Et cela passe comme une lettre à la poste, puisque la société récuse la Nature. Le texte de la tribune le souligne de manière ouverte, ce qui en fait sa grande valeur:

« Rien dans le droit ne prescrit que la filiation doive imiter la nature. »

Un tel degré d’égocentrisme, d’anthropocentrisme est impressionnant… et montre à quel point on court à une véritable catastrophe. L’humanité décroche totalement de la Nature, elle s’imagine entièrement supérieur et à part… L’incompréhension de la question du réchauffement climatique en dit long à ce sujet d’ailleurs.

Voici le texte de la tribune, que nous avons été obligés de trouver… sur le forum jeux vidéos.com, pour la simple raison que comme très souvent, ce genre de tribunes est dédié à un public appartenant aux couches sociales très favorisées.

C’est un « débat interne », qui ne vise pas à la discussion démocratique, mais au fait de décider entre gens riches, pour savoir à quel point la permissivité de tel ou tel acte est possible.

Le Monde précise que la tribune est signée par « 110 signataires, dont Elisabeth Badinter, Pierre Rosanvallon et Irène Théry », nous obtiendrons cette liste un de ces jours, afin d’avoir un aperçu social et intellectuel de ces gens.

Tribune. Nous, associations de lutte contre l’infertilité, citoyens engagés en faveur de l’égalité des droits, demandons que le débat qui va s’ouvrir à l’occasion de la révision des lois de bioéthique soit un véritable débat, et de ce fait, inclue la gestation pour autrui (GPA).

En effet, cette dernière fait partie des techniques d’assistance médicale à la procréation selon l’Organisation mondiale de la santé qui en a donné une définition précise.

1. Les enfants nés par le recours à la GPA sont là. Ils ont des parents, hétérosexuels ou homosexuels. Ils sont des milliers, de plus en plus visibles, on ne peut plus les ignorer comme des fantômes et faire comme s’ils n’existaient pas.

On ne peut pas continuer à bafouer leurs droits en ignorant les jugements de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) qui ne cesse de condamner la France. La Cour de cassation a proposé une voie discriminante à l’égard des femmes qui ne peuvent porter un enfant puisqu’elle les efface purement et simplement de l’acte de naissance transcrit (filiation paternelle exclusivement reconnue).

Pourquoi les adaptations juridiques tenant compte des condamnations de notre pays par la CEDH pour manquement aux droits de l’homme devraient-elles être apportées uniquement par les juges ?

C’est ici le rôle et la responsabilité du législateur, en relation avec la société, de faire évoluer le droit. Nous demandons la transcription intégrale à l’état civil français de la filiation de l’enfant établie légalement à l’étranger à l’égard de ses parents. Les Français y sont favorables dans leur écrasante majorité (71 % – sondage IFOP – juin 2017).

2. Il faut lutter efficacement et avec détermination contre les dérives de la GPA et les mafias qui en profitent, au-delà de la réforme urgente qu’appellent les droits fondamentaux des enfants à leur filiation.

Nombreux sont ceux, en France, qui s’alarment à juste titre de la marchandisation et de la réification dont peuvent être victimes des femmes pauvres dans certains pays, mais aussi des parents d’intention qui se font maltraiter et les enfants qui peuvent se retrouver dans des tourments dramatiques. Eh bien, combattons ces situations odieuses !

A l’image de la convention de La Haye encadrant l’adoption internationale et luttant contre les trafics d’enfants, nous prônons une convention internationale sur la GPA, condamnant de façon efficace toutes les atteintes aux droits fondamentaux des personnes, seul moyen de lutter contre les situations où la dignité des femmes et la sécurité des enfants ne sont pas respectées.

3. Enfin, il est temps d’ouvrir sur la GPA en général un débat serein, argumenté et informé. Il existe dans de grandes démocraties des protocoles de GPA pensés et aménagés de façon parfaitement éthique, et dont les pratiques sont étayées par des études validées.

Plusieurs pays voisins, comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Portugal, la Grèce, ont déjà débattu et même légalisé la GPA sur leur sol. Aujourd’hui, la réalité des nombreux témoignages vient contredire les fantasmes brandis par certains.

Les controverses sur la GPA transcendent les appartenances politiques ; mais nous savons aussi que ses adversaires les plus acharnés sont souvent ceux qui se sont opposés naguère à la contraception, à l’interruption volontaire de grossesse, à la procréation médicalement assistée (PMA).

Nombre d’entre eux n’acceptent toujours pas l’homoparentalité, alors que la loi de 2013 a tranché. Le Conseil constitutionnel l’a rappelé : rien dans le droit ne prescrit que la filiation doive imiter la nature.

Nous disposons des moyens de débattre de façon apaisée grâce aux témoignages des personnes concernées, des enfants ainsi nés, des études faites par les chercheurs et des associations spécialistes.

Aujourd’hui, nous demandons une réforme urgente sur la transcription de la filiation, une implication de la France dans une convention internationale contre les atteintes aux droits des personnes, et un vrai débat de fond sur la GPA, au nom des enfants qui en sont nés à l’étranger, au nom de leurs familles et amis, au nom des associations que nous représentons, au nom des experts et personnalités signataires de ce texte, au nom du principe de réalité, au nom de la dignité des personnes considérées.

L’opinion publique est prête. Les Français vont même plus loin que la demande exprimée dans cette tribune : ils sont 64 % à envisager une forme de légalisation de la GPA selon le dernier sondage IFOP pour La Croix et le Forum européen de bioéthique de janvier 2018, confirmant une tendance favorable depuis dix ans.

« Débats » sur la bioéthique : la PMA et la GPA comme vecteurs de l’individualisme

Dans quelques jours vont commencer les débats amenant la révision des lois de bioéthique.

C’est là un processus d’une importance capitale, d’une valeur historique. En effet, si auparavant le rejet de la Nature consistait en un contenu avec des formes très diverses, pour la première fois il y a une volonté d’ériger cela en système ouvert, reconnu.

Les thèmes du « débat » – en fait une vaste propagande pour faire passer la pilule libérale – vont consister en la procréation médicale assistée (PMA) pour toutes les femmes y compris célibataires, le stockage des données concernant la santé des personnes, la génétique, la fin de vie en général et l’euthanasie en particulier voire le suicide assisté, et inévitablement la gestation par autrui (GPA).

Cependant, il ne faut pas se leurrer et bien voir que ces thèmes sont à la fois des vecteurs et des verrous à faire sauter. Si ces digues tombent, tout tombe, peut-on même dire. Pourquoi ? Tout simplement, parce qu’il y a la conjonction :

– d’une science sans conscience qui applique simplement ce qu’elle peut techniquement appliquer ;

– d’un vaste panel d’entreprises lancées sur un tel marché ;

– d’un individualisme forcené faisant des « droits » individuels l’essence de la vie.

Le raisonnement est le suivant : s’il est possible de payer pour avoir une nouvelle dimension de la vie d’un individu, alors cela est juste, du moment qu’il n’y a pas de préjudice pour autrui. C’est la négation complète de l’universel au profit du particulier.

C’est la négation de l’être humain comme figure universelle, au profit d’un ultra-individualisme forcené. C’est le culte du choix individuel, qui ferait l’identité même de la personne. C’est une tendance de fond présente à tous les niveaux de la société : tout serait relatif, on n’aurait pas le droit de rien critiquer ni dénoncer.

L’ ouverture d’esprit a été dévoyé en libéralisme forcené et en réponse purement individuelle. La « tolérance » est le masque d’un turbo-capitalisme faisant du corps un champ de bataille pour le marché. La fuite dans les mutilations corporelles afin de « changer de sexe » – une pure aberration biologiquement parlant – est un excellent exemple de cette fuite identitaire faisant de la consommation de son propre corps un moyen « d’avancer dans la vie ».

Force est de constater que, comme pour le cannabis, les digues sont d’ailleurs déjà tombées culturellement. L’Église catholique a malheureusement pris jusque-là la tête de la critique de cette évolution au moyen du mysticisme religieux et des valeurs réactionnaires, comme avec « la manif pour tous ».

Las ! La base catholique ne suit pas du tout, car elle est elle-même pourrie par le libéralisme, l’idéologie du chacun-fait-ce qu’il-veut-cela-le-regarde. Une large majorité des gens est favorable à ce qu’une femme seule puisse « faire un bébé toute seule », même si cela n’est pas vrai au sens strict. L’utilisation scientifique « efface » la dimension naturelle, au profit d’un « droit »… Et qui n’est pas pour que l’on ait plus de droits ?

D’ailleurs, le « droit » à la PMA est malheureusement un thème très porteur comme revendication « progressiste » – les gens se disant très à gauche ne voyant pas à mal qu’ils disent exactement la même chose que ceux de La République En Marche !

En ce qui concerne la gestation par autrui – les mères porteuses – il se dessine toujours plus une majorité en sa faveur. C’est logique : toutes les digues tombent ensemble, ou aucune. Un libéralisme en appelle un autre. Si l’individu est roi, alors le raisonnement se généralise à tous les domaines.

Même le suicide assisté va s’imposer inévitablement comme thème ! C’est là un découplage total de l’individu et de la société, de l’individu et de la Nature !

Quant au stockage des données, il est essentiel également, car il est un pas nécessaire vers la généralisation systématique des modifications du corps humain, dans le sens d’une « amélioration » ou d’un dépassement. C’est là l’idéologie du transhumanisme, mais ce dernier n’est rien d’autre que l’idéologie de l’individu-roi qui prétend être en mesure de « s’améliorer ».

On est passé du fait de vouloir une vie plus facile, plus épanouie, à une révolte contre la vie elle-même. L’individu prétend dépasser la vie, être sorti entièrement de la Nature.

En raison de l’offensive catholique ouvertement réactionnaire, il va être difficile de faire entendre une autre voix dans les débats bioéthiques. Mais le catholicisme ne fait pas le poids et va toujours plus se discréditer ; il ne restera au final que deux camps.

Celui qui veut que l’individu se dépasse, que l’humanité se considère comme un empire indépendant – et celui qui considère que l’humanité n’est qu’une composante de la Terre comme système, comme Nature en évolution.

Charlie Hebdo prend partie contre la PMA pour toutes

L’extrême-droite et les catholiques font semblant de se réjouir du dernier éditorial de Charlie Hebdo, mais en fait ils enragent, car c’est le premier vrai signe de visibilité qu’à gauche il n’y a pas que des partisans du libéralisme libertaire…

Voici l’éditorial en question.

On remarquera que là où Charlie Hebdo montre qu’il est encore de gauche, ce n’est pas seulement parce qu’il explique qu’il n’y a pas de « droit à l’enfant ». C’est aussi parce qu’il souligne qu’il existe une pression démesurée de la société pour avoir des enfants.

Bien entendu, avoir des enfants est une chose naturelle, et donc bonne : la vie appelle la vie.

Cependant, nous vivons dans une société infernale, avec la destruction de la Nature à l’échelle planétaire, avec une surpopulation allant de paire avec une urbanisation terrifiante.

Ne pas vouloir avoir d’enfants est donc un choix, dans ce contexte, qui s’il n’est pas naturel, possède certainement un sens également!

PMA pour toutes : la guerre au romantisme

En mars 2017, dans le journal La Croix, Emmanuel Macron affirmait qu’il était favorable à la PMA (procréation médicalement assistée, par insémination artificielle, fécondation in vitro, transfert d’embryons) pour toutes sans restrictions, mais qu’il avancerait prudemment :

« Elles [les questions éthiques de société] ne sont pas prioritaires sur le plan de l’action politique.

Il faut sortir d’une espèce de dogme où le politique pourrait décider de tout et aurait vocation à trancher des sujets éthiques, sociétaux, parfois anthropologiques.

Le rôle d’un président de la République est de donner un cadre aux débats sur ces sujets et de s’assurer que la société mûrit. (…)

Ma conviction personnelle est qu’il faut étendre la PMA, au nom de l’égalité hommes femmes et du droit à l’accès à une prestation médicale. Mais je respecterai l’avis attendu du Comité consultatif national d’éthique et regarderai aussi l’état de la société et des débats qui s’y jouent pour agir de manière apaisée. »

Las ! C’est entre le bilan de l’ouragan Irma et manifestations contre la réforme du code du travail que, ce lundi 11 septembre 2017, la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa, a annoncé que la procréation médicalement assistée serait disponible à toutes les femmes, dans le cadre de la révision de la loi de bioéthique en 2018.

C’est un passage en force, d’une portée évidemment très grande. Si l’on accorde, en effet, de la valeur à la Nature, alors on voit bien ici qu’on a affaire à une reconnaissance de la guerre contre elle.

L’enfant, le fruit non pas de quelque chose de « magique » comme le pense la religion, mais de la vie naturelle, devient un produit technologique, un droit, un objet, une marchandise.

Le couple se voit totalement dévalorisé : de construction sur le long terme, il devient une simple alliance entre deux individus, un contrat de partenariat. Il perd son sens naturel.

Le mouvement straight edge soulignait déjà dès les années 1980 le caractère destructeur du fait d’utiliser la sexualité de manière mécanique, indépendamment de la construction d’une relation sentimentale durable.

Là, la PMA pour toutes affaiblit encore plus l’idée même de couple, anéantit sa substance naturelle elle-même.

On n’est ici pas dans une rupture avec le passé, mais bien dans le prolongement d’un ultra-individualisme, passif, consommateur, destructeur, à mille lieux du besoin d’une humanité unifiée, consciente d’elle-même dans sa collectivité et donc cessant de faire la guerre à la planète.

C’est un choix historique qui doit être fait par l’humanité : ou le particulier, ou le tout, ou bien l’individu, ou bien Gaïa.

Au fond, les partisans de la PMA pour toutes en sont tout à fait conscient et c’est pour cela qu’ils sont obligés de passer en force. Il y a deux mois, le 11 juillet, la ministre des solidarités et de la santé Agnès Buzyn disait encore qu’il y aurait « débat » :

« J’attends de voir ce que donnent les états généraux [de la bioéthique qui se tiendront l’année prochain]. Je n’ai pas d’avis personnel à donner sur les sujets de société, a-t-elle poursuivi. Il faut qu’une société soit prête pour avancer. J’attends de voir ce que disent les Français. »

Le débat n’aura donc pas eu lieu et le justificatif tout trouvé par les partisans de la PMA pour toutes est que le Comité consultatif national d’éthique a émis un avis favorable.

Pour appuyer ce forçage, dès le lendemain de la déclaration de la secrétaire d’État Marlène Schiappa – qui a été pour l’anecdote « journaliste » à Yahoo.fr, ce qui, quand on sait à quoi cela ressemble, est plus que pathétique – l’ensemble du milieu LGBT a exigé l’application immédiate de la PMA pour toutes.

On l’a compris : en arrière-plan, il y a la question de la GPA qui se profile. Au nom de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes, l’État ayant reconnu la PMA pour toutes sera « obligé » de reconnaître la Gestation Par Autrui (GPA), le principe des mères porteuses.

Est-ce exagéré que de dire cela ? Pas du tout : il suffit de voir que l’appel des associations LGBT exige la PMA pour toutes au nom de la lutte contre l’homophobie. Une vague homophobe aurait lieu si on ne reconnaît pas le plus rapidement possible la PMA pour toutes.

Il suffira de dire demain exactement pareil avec la GPA.

Voici l’appel des associations, bien entendu publié dans Le Monde, fer de lance de ce type de valeurs :

« Ouvrons dès maintenant l’accès à la PMA à toutes les femmes »

Le 13 septembre 2017

Tribune. L’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes est un engagement de campagne d’Emmanuel Macron. « Le fait que la PMA ne soit pas ouverte aux couples de femmes et aux femmes seules est une discrimination intolérable », affirmait-il en février. La secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a déclaré mardi 12 septembre qu’« ouvrir la PMA à toutes les femmes est une question de justice sociale ».

Elle préconise d’utiliser la révision des lois de bioéthique, prévue en 2018, pour proposer des modifications législatives au Parlement, probablement au premier trimestre 2019. La PMA pour toutes les femmes n’est pas une question d’éthique, mais d’émancipation des femmes, d’égalité des droits et de lutte contre les discriminations.

Attendre les lois de bioéthique signifie courir le risque de revoir, dans le pays, une vague d’homophobie et de haine que nous ne souhaitons pas revivre.

« L’OUVERTURE DE LA PMA À TOUTES LES FEMMES EST UNE MESURE DE LIBERTÉ ET D’ÉGALITÉ DES DROITS »

L’ouverture de la PMA à toutes les femmes est une mesure de liberté et d’égalité des droits d’accès aux techniques reproductives. Elle donne le choix à toutes celles qui le souhaitent, et qui ne le peuvent pas aujourd’hui, de fonder une famille.

C’est une mesure qui contribue à l’émancipation des femmes. L’accès à la PMA pour les couples hétérosexuels a déjà été débattu par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Aujourd’hui, l’ouverture de la PMA pour toutes les femmes est une application du principe de non-discrimination et d’égalité des droits devant le projet parental.

On l’a vu, en France, l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels a provoqué de vifs débats sociétaux, souvent alimentés par une frange religieuse très conservatrice.

En 2013, l’année du mariage pour tous, SOS homophobie a enregistré une hausse de 78 % des actes homophobes par rapport à 2012. François Hollande a lui-même reconnu qu’il n’avait que trop tardé pour engager cette réforme, laissant la parole et les actes homophobes se propager.

Un enjeu de santé publique

Emmanuel Macron a déclaré qu’il souhaitait « agir de manière apaisée » pour engager l’ouverture de la PMA. L’Eglise lui a immédiatement rétorqué qu’il convenait de ne pas « réveiller les passions » sur ce sujet. Le ton est donné, la messe est dite.

Aujourd’hui, 60 % des Français sont favorables à l’élargissement de la PMA aux couples de femmes (sondage IFOP-ADFH, juin 2017). Les Français sont prêts à ce que la PMA pour toutes soit adoptée.

Faire croire qu’un débat serein serait possible avec celles et ceux qui se sont toujours opposé(e)s au progrès – droit à la contraception, à l’IVG, au mariage pour tous – ne trompera personne : on ne peut pas débattre face au dogme.

« NE LAISSONS PAS UN ESPACE À L’HOMOPHOBIE POUR QU’ELLE ENVAHISSE UNE NOUVELLE FOIS LA PLACE PUBLIQUE »

Ouvrir la PMA à toutes les femmes est aussi un enjeu de santé et de sécurité publique pour toutes les personnes lesbiennes, gay, bi, trans (LGBT) et leurs soutiens, qui ne souhaitent pas être replongées dans un climat de violence à leur égard. Pour les enfants français déjà nés par PMA et élevés par deux mères, les prises de position auront des conséquences sur leur construction identitaire.

Ces enfants lisent, écoutent et observent ces débats. Quel signal enverrions-nous à ces enfants si l’on s’autorisait à dénigrer, à caricaturer publiquement leur mode de conception ? Qui serait comptable des conséquences de tels propos dévastateurs ? L’homophobie dévaste des ados, des hommes et des femmes qui restent souvent dans l’ombre. Elle brise des familles, elle tue.

Ne laissons pas un espace à l’homophobie pour qu’elle envahisse une nouvelle fois la place publique. Sans attendre la prochaine révision des lois de bioéthique, ouvrons dès maintenant l’accès à la PMA aux femmes lesbiennes et célibataires.

Les premiers signataires de cette tribune sont :

Christèle Alexandre (présidente de l’association Contact), Aurélien Beaucamp (président d’Aides), Jean-Marie Bonnemayre (président du Conseil national des associations familiales laïques), Céline Cester (présidente des Enfants d’Arc en Ciel, l’asso !), Jöel Deumier (président de SOS homophobie), Aurore Foursy (présidente de l’Inter-LGBT), Christian Gaudray (président de l’Union des familles laïques), Véronique Godet (vice-présidente de SOS homophobie), Malik Salemkour (président de la Ligue des droits de l’Homme), Alexandre Urwicz (président de l’Association des familles homoparentales), Clémence Zamora-Cruz (porte parole de l’Inter-LGBT).

Autres signataires :

Flora Bolter (présidente du Centre LGBT), Dominique Boren (coprésident du Nelfa, réseau européen des associations des familles LGBT), Mickael Bucheron (président de l’association Flag !, gendarmes et policiers LGBT), Omar Didi (coprésident du Mouvement d’affirmation des jeunes LGBT), Denis Erhart (président des « Oublié-e-s » de la Mémoire, association civile homosexuelle du devoir de mémoire), Anthony Favier (président de David & Jonathan, association LGBT chrétienne), Giuseppina La Delfa (coprésidente du Nelfa), Lorie Martin (coprésidente du Mouvement d’affirmation des jeunes LGBT), Marie-Hélène Nouvion (coprésidente de David & Jonathan), Dimitri Ouardighi (coprésident du Collectif des associations étudiantes LGBT d’Ile-de-France), Laëtitia Poisson Deleglise (présidente de Maïa), Vincent-Viktoria Strobel (coprésident de Bi’Cause), Cybèle Vigneron (coprésidente du Collectif des associations étudiantes LGBT d’Ile-de-France), Mikaël Zénouda (président d’Act-Up Paris).

Il est tout de même assez étrange intellectuellement de chercher à expliquer qu’un simple individu a tout à fait le droit de faire un… « projet parental ».

Quant à dire que la PMA pour toutes est une mesure qui contribue à l’émancipation des femmes, alors que cela chasse celles-ci du principe du couple pour les jeter dans les bras des entreprises et de leur technologie, que dire ?

Mais ce ne sont pas les seules tristes nouvelles de ce panorama. Mettons de côté l’anecdote qui veut que , au moment du débat sur le mariage pour tous en 2013, Edouard Philippe désormais premier ministre se disait « résolument » opposé à la PMA pour toutes.

Il en va de même pour Bruno Le Maire, actuel ministre de l’Economie, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, Sébastien Lecornu secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, Jean-Baptiste Lemoyne secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, Jacqueline Gourault secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.

Non, le grand souci est que les religieux et les fachos ont pris les devants et sont à la pointe de la critique de la PMA pour toutes et de la GPA.

Citons ici Éric Zemmour, qui est clairement un affreux réactionnaire, une figure odieuse de rejet des valeurs qui doivent être les nôtres. Ce personnage est un préjugé du passé, un gouffre nous sépare de ses valeurs.

Voici ce qu’il a dit à l’annonce de la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa, en parlant d’Emmanuel Macron :

« Après l’obligation des onze vaccins, il va finir par apparaître comme l’homme-lige des grands laboratoires pharmaceutiques et du big business médical. »

De manière subtile, il dénonce l’alliance de « la liberté et du marché », des « libéraux et des libertaires » contre ceux qui croient en Dieu ou bien en la Nature.

Hier, c’est même la porte-parole du parti Les Républicains Valérie Boyer qui s’est lancé dans Le Monde dans une tribune contre la PMA pour toutes, qui ne peut que conduire à « une marchandisation des corps ».

C’est tout bonnement honteux de démagogie, mais surtout catastrophique parce que les gens comprenant qu’il y a un problème vont être happés par les conservateurs.

Ce qui va encore plus renforcer les libéraux par réaction, ce qui par réaction va renforcer les conservateurs, etc.

A titre d’exemple de ce genre de réaction, voici les propos pathétiques de l’humoriste Alison Wheeler sur France-Inter, qui fait passer les gens rejetant la PMA pour toutes comme des partisans de la manif pour tous, des racistes, des gens favorables au harcèlement des femmes dans les rues, etc.

Bonjour à touss-hein. Devinez qui c’estttttt??? Ca commence par Marie, ça finit par Cystite, oui, MARIE, Cystite, Marie, Cystite!!!! Oui hen, c’est Marie Cystite! De la Manif pour touuuuuusssssshein!

Elle aime péter, oui mais elle n’aime pas la PMAhein.

Non parce qu’on va pas me la faire à l’enverhein, Marlène Schiappa la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité femme-hommhein, veut réviséche la loiche bioéthiquhein… je m’explique elle veut démocratisèche le droit d’accèche à la procréactionche médicalement assistèche pour tous… ce qui signifie elle veut qu’les gouines ellezaient des bébés. Des gouineaux?! Mais où va le mond-hein!

Je rappelle pour ceux qui ne le sauraient pas qu’une famille c’est un Papa, une maman. Vous savez comment ça se passe une PMA monsieur Podalydès? Bah j’vais vous l’dire!

Parce que c’est ça, la PMA on congèle des spermatozoïdes vivants contre leur gré, afin de les obliger à avoir un rapport non consentichein avec des ovocytes.

Non, le sperme n’est pas une marchandise qu’on peut vendre ou échanger comme un vulgaire kilo de patates. Non, c’est un bien précieux, c’est un cadeau de Dieu pour nous aider à nous reproduire. C’est d’ailleurs pour ça que j’en ai toujours un peu sur moichein.

Et puis rendez-vous compte : un enfant c’est le fruit de l’amour, du romantisme, pas d’une vieille branlette dans un ramequinche.

Dieu nous a donné des embryons pour les aimer, pas en faire des plats Picardhein.

En tant que vrai croyante, j’estime qu’un enfant doit-être uniquement le fruit d’une réelle relation sexuelle. Par réelle, j’entends précisément les positions suivantes Nagui : une pénétration classiquhein du missionnaire, la pénétration en amazone, le carré de l’archange Gabriel, la brouette de Nazareth avec pourquoi pas une petite claque sur les fesses de temps en temps, Monsieur Podalydèssein, ça ne mange pas de painche.

Vous saveche, la médecine ne nous dit pas tout sur les dangeche de la fécondation in-vitro.

Ma cousine a fait une FIV, ben son fils il a 16 ans il est encore au stade anal… j’suis sûre que le sperme était pas frais. C’est sûrhein qu’il Y a une rupture dans la chaîne du froid. Il été décongelé et recongelé derrière. Ce n’est pas du tout amusant, maintenant il veut être youtubeur, on est tous extrêmement bouleversés.

Et puis on ne peut pas accepter le sperme de n’importe qui sans savoirhein qui c’estche? Moi j’aurai trop peur de tomber sur celui de Daniel Morin.

Dieu nous a conçu de telconque … que telconque … ne… de façon à ce que.. putain que la science ne peut pas résoudre! MERRRRDE!

Vous savez, ce qui m’inquiète le plus dans tout çache, c’est la disparition de la figure paternelle dans tout ça.

Et puis, le patriarcat sans le père, c’est arca, et ça ne veut rien dirhein.

Comment voulez-vous développer une société patriarcale avec des enfants qui n’ont pas de père. Ça n’est pas logique. C’est comme si à la comédie française, on avait des gens pas très françaichein. Où va le monde?

Pour qui elle se prend la Schiappa là à changer le cours naturelhein des choshein… Je vous préviens qu’elle projette également de verbaliser les harceleurs de ruhein.

Quand j’y pense ça me fait froid dans le doche !

Si mon mari ne m’avait pas harcelée, nous ne serions pas mariés aujourd’hui.

Pour tout cela, nous allons continuer à nous battre et revenir dans la rue et nous chanterons :

Un Papa! Dans une Maman ! La PMA c’est dégoûtant!

Dans cet ignoble discours, il y a une phrase qui est peut-être tout à fait symbolique :

« un enfant c’est le fruit de l’amour, du romantisme, pas d’une vieille branlette dans un ramequinche. »

L’idée d’un couple uni de manière sentimentale est présentée comme absurde. Dire qu’un enfant est le fruit de l’amour serait un dogme religieux à l’ère des droits et des libertés, c’est-à-dire d’un monde où tout est marchandise…

Nous sommes ici pris entre le marteau et l’enclume, entre les partisans de Dieu et ceux du marché. Aux personnes reconnaissant la Nature de savoir la défendre à la fois contre l’un et contre l’autre.

Peut-on avoir deux mères?

Qu’est-ce qu’une mère? La définition obéit-elle à la Nature, ou faut-il dépasser celle-ci, en rejeter les fondements et parvenir à une définition « culturelle » – en partant alors du principe que Nature et culture s’opposent?

mere1Pour aborder la question, prenons un exemple pratique, avec le coupe d’Europe de football des équipes féminines qui s’est achevée dimanche dernier. Il s’agit d’athlètes de haut niveau, que rien ne distingue des hommes dans ce sport, à part un niveau technique encore faible en comparaison, mais elles courent autant, font autant de duels, l’agressivité sur le terrain y est peut-être même plus marquée, etc.

Or, qui dit sport de haut niveau amène la question de savoir comment combiner cela avec le fait d’être enceinte, d’avoir des enfants. Il y a le risque potentiel de perdre le fil ou d’interrompre une carrière à succès, de se « disperser », ce qui est bien sûr impardonnable aux yeux d’une société fondée sur la compétition. C’est la même problématique que dans les entreprises.

La joueuse de tennis belge Kim Clijsters est ainsi connue pour avoir été numéro un, fait une pause « bébé » en 2009, pour revenir avec succès ensuite. La joueuse de beach volley Kerri Walsh a trois médailles d’or et trois titres de championnes du monde, elle en aurait eu bien davantage sans trois « pauses bébé ».

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Le regrettent-elles? Sans doute pas, sinon elles ne l’auraient pas fait. Elles connaissaient forcément la pression existant à ce niveau. La question revient toujours sur la table, car la pression de l’esprit de compétition, de concurrence, d’accumulation de prestige et de gains, tout cela a ses exigences.

Parmi les femmes qui jouent la coupe d’Europe de football, très peu sont les femmes qui ont eu une maternité suivie d’une reprise : les islandaises Málfridur Sigurdadottir (trois enfants), Harpa Thorsteindottir (qui a eu son second enfant en février), Sif Atladottir (un enfant), l’Autrichienne Jasmin Pfeiler.

Le porte-parole officiel des 368 femmes membres des 16 équipes de la coupe d’Europe de football n’était même pas au courant. Il s’est vu poser la question de savoir s’il y avait des mères parmi les joueuses et sa réponse fut simple et même répétée deux fois, alors que pourtant elle est donc fausse : « No mothers. No mothers. »

mère 4Mais les corrections qui lui ont été faites dépassent ce à quoi on pouvait s’attendre, et c’est là que la question de la définition de ce qu’est une mère intervient.

L’équipe anglaise a en effet tout de suite remis en cause ces propos, la joueuse Casey Stoney étant « mère de deux enfants ». Mais le terme est-il le bon? Car c’est sa compagne Megan Harris qui a mis au monde les deux enfants en question.

Est-elle la mère, ou la compagne d’une mère?

L’équipe suédoise précisa également qu’il y avait de son côté deux « mères », sans plus de précisions. Mais là encore, le terme est une association d’idées seulement, puisque que si on regarde de quoi il en retourne, c’est Sabine, la compagne maritale de Hedvig Linthal, qui a eu un enfant, tout comme la compagne de Lisa Dahlqvist, Jessica Danielsson.

Le statut de mère est ici réduit à une formulation juridique simplement : femme ayant la responsabilité d’un enfant.

Il semble bien que cette définition tende à l’emporter. Ainsi, l’équipe hollandaise a félicité une de ses joueuses de la manière suivante en avril :

« Nous avons une mère dans notre équipe. La petite amie de Sherida Spitse a donné naissance à un bébé cette année. »

Il y a naturellement un souci ici, car il y a bien un père. Quels sont ses droits et devoirs, et dans quelle mesure l’enfant a-t-il accès à ses informations?

Mais il y a aussi cette question qu’il faut poser ici : qu’est-ce qu’une mère? D’un point de vue naturel, il s’agit d’une femme ayant porté un enfant qui est le sien. Il y a un lien affectif naturel, de par le fait que la vie donne la vie, qu’on porte un être vivant qui est le sien.

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Les partisans des mères porteuses disent ici qu’on peut faire en sorte qu’un femme porte
un enfant qui, sur le plan de l’ADN, n’est pas le sien. Que par conséquent on peut être mère sans porter l’enfant.

Mais dira-t-on alors que le footballeur Cristiano Ronaldo a été la mère de ses enfants, portée par mères porteuses? Car celles-ci, contre un gros chèque, ont disparu. Et qui est d’ailleurs la mère de ces enfants?

Est-il possible, comme lui, d’être simplement « père »? C’est bien sûr possible, puisqu’il le fait, mais ne faut-il pas considérer cela comme totalement fou?

Un père, mais aucune mère, comme si celle-ci n’avait jamais existé?

Mais donc, qu’est-ce qu’une mère? Certains diront : c’est celle qui s’occupe d’un enfant, qui en a la responsabilité. Mais pour autant, une femme adoptant un enfant en est-elle la mère? Une femme s’occupant d’un jeune enfant qui n’est pas le sien, par exemple lors d’un remariage, est-elle la mère?

Peut-on remplacer une mère, la changer par une autre, aussi simplement que cela? Une personne n’ayant jamais connu sa mère n’aurait-il aucun rapport avec elle?

mère 7Les exemples sont infinis et pour faire bref et ne pas se perdre dans le propos, voyons simplement qu’il n’y a que deux possibilités.

Soit on dit que la définition de père et de mère n’existe pas en soi, ne consistant qu’en une seule réalité : la responsabilité juridique d’un mineur. Père, mère sont alors des termes recouvrant simplement un statut juridique, celui au sens de « parent » comme tuteur légal.

Soit on dit que la définition de père et de mère correspond à la réalité naturelle de la procréation. Dans la Nature, il faut un homme et une femme pour avoir deux enfants, c’est la seule réalité et tout le reste n’est que contournement technique de cette réalité.

Dans le premier cas, il peut y avoir une mère comme deux mères, ce qui compte étant la responsabilité juridique et non pas le lien naturel (physiologique, affectif, etc.). Il ne peut y avoir aussi qu’une mère toute seule, qu’un père tout seul, deux pères, deux mères.

Dans l’autre cas, ce n’est pas possible. Même dans le cas de deux femmes vivant ensemble, il n’est pas possible de les appeler toutes les deux mères, car la réalité du rapport à l’enfant n’est pas le même. Ni du rapport tout court menant à cet enfant, puisqu’il faut forcément un père pour aboutir à la procréation.

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Encore faut-il pour cela reconnaître la Nature et ne pas considérer que ce qui compte, c’est le choix individuel d’une conscience abstraite vivant hors de la Nature.

On voit aisément comment une telle problématique est porteuse de choix historiques pour l’Humanité. Les religieux l’ont très bien compris et mènent des campagnes tambour battant, cherchant à détourner le respect de la Nature en quête mystique.

Les partisans de l’ultra-libéralisme l’ont très bien saisi aussi, expliquant que leur démarche de refus de la Nature permet de gagner de nouveaux droits… Comme celui du « droit à l’enfant ». Un droit qui peut passer par le droit de ne pas porter cet enfant, comme avec les mères porteuses.

Un tel panorama est terrible, car il amène forcément les partisans de la Nature à être pris entre le marteau des religieux et l’enclume des « modernes ». Les véritables athées, qui ne reconnaissent que la Nature, doivent affronter les religieux comme les existentialistes qui trouvent un sens à leur vie uniquement dans l’individualisme.

mère 6Tant les religieux et les existentialistes seront par conséquent forcément anti-écologistes, car le seul moyen d’être écologiste, c’est de reconnaître la Terre comme mère, comme lieu abritant la vie et la protégeant de par sa nature d’ensemble où tout est lié.

Les uns parleront par contre de Dieu, les autres de leur petit moi et de leurs « choix ». Jamais ils ne se sentiront liés à la défense d’un animal à l’autre bout de la planète, ou même d’une plante en bas de chez eux!

Les uns voient la mère comme celle qui est soumise au père, les autres abandonnent la notion de mère et de père. Dans tous les cas, la réalité naturelle leur échappera, car ils refuseront toujours de reconnaître les faits – au profit d’un « Dieu », au profit d’un « choix personnel ».

Nicolas Hulot, ministre d’État de la Transition écologique et solidaire

En acceptant d’aller dans le gouvernement organisé par le nouveau président Emmanuel Macron, Nicolas Hulot a tourné plusieurs pages.

Celle de sa vie personne, déjà, puisqu’il a refusé à de nombreuses reprises d’être ministre, disant non à Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Désormais ministre d’État de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot a fait le grand saut.

Il a rompu avec une attitude « apolitique » dont une expression est notamment la Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l’homme.

Même si, bien sûr, il n’a jamais été loin de la politique, puisque à partir de 2012 et pour plus de trois ans, il a été « envoyé spécial pour la protection de la planète », acceptant la proposition de François Hollande.

Un an auparavant, il avait d’ailleurs perdu la primaire présidentielle écologiste face à Eva Joly.

Mais le parcours du présentateur des émissions télévisées Ushuaïa et Ushuaïa nature n’est que très secondaire (on peut lire ici un large résumé de sa vie avant d’être animateur).

Ce qui compte, c’est ce qu’il représente : l’écologie sous forme de la préoccupation. C’est pour cela qu’il est apprécié en France, dans la mesure où il n’engage à rien, propose seulement d’améliorer, de ne pas dénoncer, de suivre une transition écologique considérée comme tout à fait logique sur le plan de la raison.

C’est d’ailleurs le même discours de L214 au sujet du véganisme. C’est apolitique, sans aucune grille d’analyse sociale, culturelle, économique, etc. C’est bon enfant, entièrement soumis aux institutions, sans esprit de rupture, etc.

Le message de Nicolas Hulot sur les réseaux sociaux reflète cet esprit.

En ce sens, Nicolas Hulot tourne une seconde page, celle de l’écologie sans la Nature. Il va montrer que les préoccupation environnementales sont totalement insuffisantes, qu’elles sont vaines.

Soit en effet on reconnaît que la planète est un ensemble vivant, et on rejette l’anthropocentrisme, interdisant les comportements erronés…

Soit on ne le fait pas et on essaie d’accompagner le monde actuel, pour le forcer à « gérer » de manière plus efficace.

Le souci étant alors bien sûr que la crise écologiste ne se laisse pas « gérer ». Elle exige une transformation complète des mentalités humaines, des pratiques.

Or, cela va de pair avec la reconnaissance de la Nature et l’arrêt des attitudes égoïstes, égocentriques, individualistes, nationalistes.

Cela veut dire raisonner à l’échelle planétaire, en plaçant l’humanité au service de la Nature, en acceptant le principe d’un bonheur naturel.

Ce n’est pas du tout la ligne d’Emmanuel Macron, rien que par exemple avec la procréation médicalement assistée (PMA). Le gouvernement veut la légaliser, ce qui accorderait le principe du « droit à l’enfant ».

C’est un très bon exemple de négation de la Nature, au nom de la toute-puissance du « choix » individuel.

De plus, les couples gays – ou même des individus – pourraient alors demander la légalisation de la gestation par autrui (GPA), au nom de l’égalité des droits.

Au cours de la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a d’ailleurs affirmé qu’il était nécessaire de reconnaître la filiation à l’état civil français des enfants issus de la GPA nés à l’étranger.

Tout en disant qu’il n’était pas pour la légalisation de la GPA… Quelle hypocrisie !

Et là est le fond du problème de l’écologie en France : la question de la Nature est primordiale, mais le cartésianisme est partout, et empêche l’émergence d’une révolte contre l’individualisme, le sentiment de toute-puissance du « choix ».

Nicolas Hulot, en s’imaginant pouvoir changer les choses sans remise en cause de cette situation, échouera donc inévitablement et cela sera une leçon à tirer !

« La GPA, une liberté fondamentale »

Nous vivons une époque où ce qui compte, ce n’est pas la rationalité, mais une prétention à agrandir une sorte de pseudo « liberté » ou de pseudo « morale » qui ne repose sur rien, rien à part le libéralisme libertaire.

La tribune dont nous parlions hier, publiée dans Libération, relève de cette approche, avec comme d’habitude une figure institutionnelle, un juriste professeur reconnu, intervenant pour « améliorer » la société.

Le fait que les animaux soient défendus n’est en réalité qu’un prétexte pour que le libéralisme-libertaire puisse se donner un masque progressiste. En réalité, les animaux sont l’otage d’une logique juridique libérale.

Celle que nous publions ici relève du même fonctionnement : encore un juriste, encore dans Libération, encore pour « améliorer » la société, en réalité pour renforcer la démarche libérale-libertaire, en l’occurrence ici les « mères porteuses ».

Être mère porteuse serait, selon cette tribune, une activité économique devant s’ajouter aux autres, c’est une « liberté »…

La GPA, une liberté fondamentale

Par Daniel Borrillo, Juriste et maître de conférence à l’université de Paris-Ouest-Nanterre

Si elle devenait un service public remboursé par la Sécurité sociale, et donc contrôlé, la gestation pour autrui constituerait une forme d’émancipation des femmes. Et instaurerait une égalité des filiations.

Un étrange et inquiétant consensus s’est installé dans l’ensemble des forces politiques et institutionnelles françaises contre la gestation pour autrui (GPA).

De l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par le Sénat, le Comité d’éthique ou l’Ordre des médecins, tout le monde s’accorde pour condamner cette nouvelle forme de reproduction. Marchandisation des corps, atteinte à la généalogie de l’enfant, exploitation des femmes, néo-esclavagisme…

La violence de ces arguments entre en correspondance avec le droit français, l’un des plus répressifs au monde.

Outre la sanction civile, comportant la nullité du contrat de GPA, celle-ci constitue une atteinte pénale à la filiation. En effet, attribuer la maternité d’un enfant à une femme qui n’en a pas accouché est puni de trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende. Il a fallu une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) en 2014 pour que la France permette la transcription de l’acte de naissance des enfants nés par GPA à l’étranger.

Malgré la volonté du gouvernement de régulariser cette situation, la Cour de cassation s’est acharnée, au nom de l’ordre public et contre l’intérêt de l’enfant, à refuser l’inscription des enfants issus d’une GPA aux Etats-Unis, les privant ainsi de nationalité, de filiation, de droits successoraux et d’allocations sociales.

Après un long combat judiciaire, ces enfants pourront finalement trouver une identité mais uniquement par rapport à la lignée paternelle. Le droit français continue ainsi à faire payer aux enfants la «faute» de leurs parents. La situation est d’autant plus surprenante que la GPA s’inscrit dans la continuité de l’IVG à plusieurs titres.

D’abord, comme manifestation de la liberté reproductive et de la libre disposition de soi. Si «mon corps m’appartient» pour interrompre une grossesse, pourquoi cesserait-il de m’appartenir pour le fait contraire ? C’est-à-dire, aider à faire venir un enfant au monde…

Aussi, comme pour l’IVG autrefois, la légalisation de la GPA serait de nature à limiter les pratiques clandestines. La GPA peut être altruiste, comme au Royaume-Uni depuis 1985, ou conçue comme un service rémunéré.

Souvent les mères porteuses se représentent leurs prestations comme celles d’une nourrice. Il me semble capital de souligner cet aspect de la question car, comme le note l’anthropologue féministe Paola Tabet, pour la première fois, une femme peut être rétribuée pour une tâche qu’elle accomplit gratuitement depuis toujours.

En ce sens, loin de constituer une exploitation, la GPA serait une forme d’émancipation des femmes, non seulement par la désacralisation de la maternité qu’elle opère, mais aussi et surtout par la mise en lumière du travail procréatif, historiquement occulté.

A cet égard, la GPA peut prendre la forme contractuelle ou celle du service public. Comme dans tout contrat, l’intervention du droit permettant d’empêcher les abus et les déséquilibres financiers entre les parties me semble indispensable. De surcroît, dans les pays ayant opté pour cette forme de régulation, l’intervention d’un juge est systématiquement requise.

Selon le politologue Bertrand Guillarme, afin d’éviter la marchandisation, il faudrait organiser la GPA comme un service public remboursé par la Sécurité sociale : des travailleurs – mères porteuses, médecins – seraient employés de manière salariée par une agence nationale de la procréation.

Outre les droits des parents, la GPA doit également être pensée en fonction de l’intérêt de l’enfant in concreto. Intérêt qui prend la forme du droit à l’égalité par rapport aux enfants nés de manière «naturelle», du droit au respect à la diversité des filiations (classique, monoparentale, homoparentale, naturelle ou par techniques procréatives…) et du droit au respect de la vie privée qui exige que chacun puisse établir les détails de son identité d’être humain, ce qui inclut sa filiation, comme ne cesse de le rappeler la CEDH.

Pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve la France, il faut inscrire la GPA dans les principes généraux du droit relatifs à la liberté procréative, à la libre disposition de soi et à l’égalité des filiations.

« Tuer la mère, c’est même ‘LA’ régression »

Nous créons une nouvelle catégorie, sur la PMA et la GPA, car c’est un des thèmes essentiels de la campagne de « marchandisation du monde » qui est en cours.

Notre approche est la même que pour le cannabis : non aux démarches opposées à la Nature au nom de la toute puissance de « l’esprit ».

C’est cela qui, pareillement, nous amène à dire qu’on peut tout à fait être gay ou lesbienne, mais qu’il est absurde de s’imaginer être transsexuel, car c’est là séparer l’esprit et le corps.

Notre position en faveur de la Nature a amené certains, surtout des anarcho-antispécistes, à nous calomnier comme étant homophobes, transphobes, etc.

En réalité, ces gens ont abandonné l’émancipation pour accepter le libéralisme-libertaire, la marchandisation du monde comme vecteur d’une pseudo « libération ».

Voici par exemple ce que dit Marie-Jo Bonnet, une historienne figure de la cause homosexuelle, membre du Mouvement de Libération des Femmes, activiste ayant participé à la fondation du Front homosexuel d’action révolutionnaire (FHAR) et des Gouines rouges.

Même si le mariage est, effectivement, une pratique conventionnelle, si l’on considère l’homosexualité comme étant naturelle, pourquoi alors critiquer le mariage des personnes homosexuelles comme une « revendication petite bourgeoise » ?

La cause homosexuelle est gagnée par une sorte d’idéal néolibéral qui l’amene à tourner le dos à l’idéal de changement social des années 1970.

Les principaux leaders de la cause gay se sont coupés de la contre culture émancipatrice.

Décimée par l’hécatombe du sida dans les années 1990, la communauté homosexuelle a perdu ses esprits les plus vifs, les plus subversifs, les plus critiques (je pense bien sûr à Guy Hocquenghem).

La subversion homosexuelle qui s’exprimait dans une contre-culture originale à travers la danse, la littérature, s’est transformée aujourd’hui dans une revendication petite bourgeoise d’un droit au mariage et à la famille qui pousse à devenir «comme tout le monde».

Autrement dit à rentrer dans le modèle dominant.

Elle constate cela dans Le Figaro, qui lui donne la parole parfois, alors que justement la gauche devenue libérale-libertaire préfère vanter un monde « post-moderne ».

Elle dénonce justement la tendance actuelle d’un faux progressisme, sur Comptoir.org, ici en l’occurrence au sujet du « mariage pour tous » :

Je crois que la situation a empiré depuis l’année dernière dans le mouvement LGBT et dans l’état d’esprit des faux progressistes.

On s’aperçoit que ces faux progressistes — c’est-à-dire tout ce courant LGBT favorable au mariage, un mariage qu’on pourrait qualifier de « bourgeois », de « conventionnel », du « XIXe siècle » — sont devenus en outre sectaires. Ils se permettent de qualifier leurs opposants d’homophobes, de réacs, de cathos de droite…

Ça leur permet de ne pas entendre les critiques qui viennent de la gauche. Je pense notamment à toutes mes amies féministes et lesbiennes, qui sont contre le mariage et qui n’ont pas pu s’exprimer.

Il y a eu un vrai problème démocratique, avec une opposition de deux blocs, la Manif pour Tous et le Mariage pour tous, un peu comme au temps de la guerre froide avec les Occidentaux et les Soviétiques, séparés au centre par le mur de Berlin et une impossibilité totale de communication, de débat démocratique.

Par conséquent, et nous pensons qu’elle saisit ici une question tout à fait essentielle, touchant au rapport à la Nature, elle défend la mère et la maternité :

Il n’y a pas de GPA éthique. Les enfants ne peuvent être un produit d’échange, ce sont des êtres humains.

On ne peut pas donner son enfant. Ce n’est pas un progrès, c’est une régression. Tuer la mère, c’est même LA régression.

C’est pire que la société grecque où les hommes dirigeaient la cité pendant qu’on mettait les femmes dans le Gynécée, où au moins elles pouvaient rester mère. La gestation pour autrui, c’est avant tout la destruction de la mère. D’ailleurs on ne parle même plus de maternité mais de «gestation».

Elle voit donc tout à fait de manière claire la nature économique de la revendication de la PMA et de la GPA :

Ce n’est ni une revendication de droite ni une revendication de gauche.

D’ailleurs les pays ultra libéraux ont ouvert toutes grandes les vannes de la PMA, y compris les pays catholiques comme l’Espagne, parce que c’est un marché et ça rapporte.

En France, c’est un gouvernement de droite qui a donné l’autorisation de fonder des CECOS (Centres d’Etudes et de Conservation des Oeufs et du Sperme), en l’occurrence Simone Veil qui voulait montrer que l’avortement n’empêchait pas la natalité.

Nous sommes nombreux à gauche à s’opposer à la médicalisation de la grossesse et plus nombreux à refuser la GPA. Quant à moi, je ne vois pas en quoi la PMA serait un «progrès».

L’insémination artificielle avec donneur anonyme est un pis aller qu’on a décidé de réserver aux hommes stériles pour sauvegarder l’image de l’homme «viril». Avec en prime le mensonge sur l’origine de l’enfant, toujours dangereux car il mène à la forclusion, c’est-à-dire à l’impossibilité psychique d’accéder à son origine.

En fait, de manière simple, si l’on veut défendre le féminisme, on est obligé d’être d’accord avec Marie-Jo Bonnet : les partisans ultra- libéraux du capitalisme gay ont torpillé la cause homosexuelle…

Elle constate amèrement :

Les rapports de pouvoir à l’intérieur même du mouvement ont changé: les revendications féministes ne peuvent plus s’y faire entendre car malheureusement, le mouvement homosexuel ne s’intéresse plus vraiment à l’égalité hommes-femmes.

Il est devenu impossible de militer ensemble, hommes et femmes, gays et lesbiennes, car nous n’avons plus les mêmes objectifs et priorités. Le féminisme et la cause gay, jadis unis dans un même combat pour la liberté, sont aujourd’hui deux causes divergentes.

Ainsi la Coordination lesbienne a quitté l’inter-LGBT de Paris à cause de ses positions favorables au marché et la prostitution, des positions contraires aux fondamentaux féministes.

C’est donc le paradoxe : dans les années 1970, les féministes refusaient de participer à leur propre soumission comme « poule pondeuse » et aujourd’hui elles défendent la maternité par opposition au principe commercial de gestation.

C’est qu’elles défendent le droit biologique à la maternité, mais refusent que l’existence de la femme soit anéantie par les biotechnologies…

Cela pose la question de la Nature et ici Marie-Jo Bonnet s’en sort par une pirouette :

On a dans le mouvement LGBT contemporain un déni du corps et de sa réalité biologique qui sont étonnants. L’idée que toute différence serait une domination construite, alors qu’il existe indéniablement un «reçu» un donné à la naissance.

Le mouvement «queer» importé des Etats-Unis imagine que nous sommes des sujets sans structure ni identité, capables de passer d’un sexe à l’autre.

La personne ne se définit pas uniquement par le «social», par les «stéréotypes sociaux», mais par des choses beaucoup plus profondes et multiples, un inconscient, une psychologie, une liberté de contester les conditionnements sociaux et d’assumer ce que l’on est.

Le communautarisme LGBT réduit le sujet à une seule dimension: sa sexualité, et en fait une essence.

C’est vrai, mais à un moment il va bien falloir choisir l’origine de la déviation queer et il est facile de voir que c’est la négation de la Nature.

Refuser la marchandisation de la vie du capitalisme moderne est quelque chose de tout à fait juste, mais si l’on ne veut pas basculer dans le religieux et le conservatisme, il faut bien soutenir l’épanouissement dans la reconnaissance de la vie naturelle…