Bure : Lettre ouverte à M. Sébastien Lecornu

A la suite de l’éviction par l’Etat des opposants présents sur le terrain contre le projet de centre d’enfouissement de déchets nucléaires de Bure, une « lettre ouverte » a été écrite par ceux-ci, pour présenter les faits et accuser les reponsables.

Lettre ouverte à M. Sébastien Lecornu,

Secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire

Monsieur,

Mardi 20 février 2018, nous avons appris votre déplacement de deux jours sur le site de Bure.

Mercredi 21 février 2018, nous avons pris fortuitement connaissance que vous rencontriez les associations d’opposant.es et d’élus ce vendredi de 9h à 10h30 en préfecture de Bar le Duc, par l’intermédiaire d’un communiqué/planning envoyé aux rédactions des médias. Quelques associations ont été contactées en effet, mais seulement en fin de journée.

Nous avons fait l’effort de répondre positivement à cette demande, malgré ces manières cavalières et le peu d’espoir que suscitait une rencontre aussi tardivement préparée et sans ordre du jour.

Ce jeudi 22 février à 6h du matin, les « Hiboux de Bure » ont du affronter 500 gardes mobiles, venus les déloger sans sommation, au bois Lejuc, sur leurs lieux de vie. La maison de résistance de Bure a fait elle aussi l’objet d’une nouvelle effraction policière.

Etiez-vous au courant de cette opération musclée, qui accompagne votre visite de façon si peu glorieuse, crédible, honorable ? Opération filmée, dont les images passent en boucle sur les médias, preuve que tout était bien anticipé, et que la propagande est plus importante que l’information…

Qui pilote l’avion ? Qui décide quoi ? Intérieur et Transition écologique ou Intérieur contre Transition écologique ?

Du côté du ministre de l’Intérieur, celui-ci a clairement annoncé la couleur : répression aveugle et sans concession, au nom de l’Etat de droit. Même si il s’agit de conforter une agence de gestion des déchets radioactifs dont la présence dans ce Bois Lejuc est contestée devant les tribunaux (4 recours juridiques en attente). Même si l’on sait que le projet Cigéo est un désastre technologique, financier et sociétal annoncé.

Ce ministre a tenu, le jour de votre visite, à montrer les dents et à affirmer son mépris total de toute concertation. Cette opération de communication de grande ampleur met en danger la liberté d’expression et de contestation dans ce pays. C’est la leçon que l’Etat veut faire passer. Vous aussi ?

Qu’en est-il de la position de Nicolas Hulot, en tant que ministre de la Transition écologique et solidaire, membre de ce gouvernement ; en tant qu’homme soucieux de l’avenir de la planète ?

Vous ne nous rencontrerez pas demain vendredi, car il ne peut plus être question comme annoncé, de volonté de concertation, ni de reprendre le dialogue dans ce lourd dossier Cigéo.

Que vous soyez pour ou contre cette opération de communication opérée sur le compte d’une opposition juste, légitime et inébranlable depuis trois décennies, sachez que l’Etat vient d’envoyer un signal d’une brutalité inouïe, indigne d’un Etat de droit, qui présage tout le contraire.

Expulser les acteurs d’une cause juste est un acte d’une gravité certaine, qui ne peut éteindre, soyez-en assuré, la contestation. Nous espérons que vous en saisirez, à temps, toute l’importance.

Le 22 février 2018 Les associations d’opposant.es citoyen.nes et élu.es : Burestop55, Bure Zone Libre, Cedra52, Eodra, Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château, MNE, Mirabel LNE, et des Hiboux de Bure

Bure : lettre ouverte d’associations à Nicolas Hulot

Avec son succès électoral, Emmanuel Macron va avoir une très large majorité parlementaire. Que faut-il alors attendre de Nicolas Hulot, qui est son ministre ?

De notre avis, rien du tout, mais ce n’est pas l’avis de bon nombre d’associations, qui ont publié une lettre ouverte pour le faire « vaciller » du bon côté au sujet du projet d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure…

Monsieur le ministre, vous avez déclaré le 12 novembre 2011, à la suite de la catastrophe de Fukushima, que « le propre d’un accident nucléaire, c’est d’être inestimable dans le temps et dans l’espace. Et là s’arrête le risque acceptable dès lors que l’on ne maîtrise ni ne mesure plus ses conséquences ». Nous partageons totalement votre constat.

Vous êtes ministre à présent. Des spécialistes vous assureront que les déchets [1] produits par l’industrie nucléaire seront bien gérés.

Si, comme vos prédécesseurs, vous n’écoutez qu’une seule voix, celle des acteurs du nucléaire, la seule ayant accès à votre cabinet, qui affirme que le stockage nucléaire en grande profondeur est une solution, alors vous vous tromperez gravement.

Vous pourriez apposer un blanc-seing sur un projet comportant lui aussi, comme l’accident nucléaire de Fukushima, des « risques non acceptables, parce que personne ne maîtrise ni ne mesure les conséquences » de l’énorme complexe Cigéo, projet d’enfouissement des déchets nucléaires, qui sacrifie non seulement un territoire, mais menace durablement le pays tout entier et les centaines de générations à venir.

Contrairement à ce que vous affirmera l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), elle ne sera jamais prête, bien qu’affichant des certitudes de façade.

Donner prochainement le feu vert à Cigéo, c’est engager le pays de façon irréversible dans un chantier titanesque dont nul ne pourra prétendre maîtriser les risques.

Des experts indépendants l’ont prouvé de manière irréfutable. Confiner une telle masse de déchets radioactifs à moins 500 mètres sous terre peut mener à des explosions souterraines liées à la nature de certains déchets. Un incendie en grande profondeur serait ingérable.

La contamination de nappes phréatiques serait inévitable, car la radioactivité s’échappera un jour des colis de confinement. Dans tous les cas, des rejets aériens massifs de gaz radioactifs sont assurés, sans parler de la multiplication de transports nucléaires à haut risque pendant plus d’un siècle.

La pièce maîtresse d’un énorme mensonge

Contrairement à ce que vous affirmeront certains parlementaires, l’opinion publique n’accepte pas Cigéo, malgré les mesures déployées : efforts financiers considérables, promesses de développement local, impasse systématique sur les dangers réels ou encore processus de concertation truqué. Tout est plaqué, brutalement, sans aucun choix possible.

Depuis 30 ans, sur plus de 25 sites explorés en France, des milliers de gens ont refusé de servir de caution, de cobayes ou de fusibles. Presque partout, ils ont mené à l’échec toutes les tentatives d’implantation. L’ampleur inédite de cette opposition doit peser dans la balance des décisions.

N’avez-vous pas déclaré aussi, sur i-Télé, en 2016 : « Ces déchets, il faut bien en faire quelque chose, mais, en tout cas, on ne peut pas imposer comme ça [ce projet] à des populations locales, sous prétexte qu’[elles] sont dans des endroits un peu éloignés (…), sans concertation, sans transparence. »

Le seul « laboratoire de recherche géologique » finalement installé à Bure est la pièce maîtresse d’un énorme mensonge : la filière électronucléaire serait propre, gérable et peu coûteuse, alors qu’elle est au bord du gouffre.

Les pouvoirs publics savent que le stockage géologique est un mythe dangereux qui ne résout rien. Argument de vente pour de nouveaux réacteurs nucléaires, il tente de masquer une impasse phénoménale.

En 2018, le gouvernement pourrait être amené à signer une « phase industrielle pilote » : cette fausse phase de « test grandeur nature » masque un feu vert irréversible au chantier qui engloutirait les 5 milliards d’euros provisionnés à ce jour.

Trouver les 30 à 40 milliards suivants, nécessaires au fonctionnement du stockage, resterait à la charge de nos enfants et arrière-petits-enfants. N’avez-vous pas dit ce 12 novembre 2011 : « Dans la même veine, ignorer la durée de vie et la dangerosité à très long terme des déchets est incompatible avec la notion première du développement durable, puisque c’est une délégation de risque aux générations futures. »

Votre conscience d’homme public soucieux de la préservation de la planète vous engage à agir : il faut mettre fin à cette politique énergétique irresponsable, mettre au centre de la table les erreurs passées, assumer ce passif et ne pas alourdir la dette.

Une situation conflictuelle alarmante

Des centaines d’habitant.e.s refusent d’être condamnés à vivre, à respirer et à survivre sur la plus grande « poubelle atomique » d’Europe. Ne soyez pas sourd comme tant d’autres à la multitude de signaux d’alerte obstinément envoyés aux décideurs — dont vous faites à présent partie — par des personnes de tous âges, en lutte pied à pied dans le bois Lejuc depuis juin 2016, où l’Andra a tenté de commencer les travaux préparatoires de Cigéo en toute illégalité.

Ces militants, qu’on appelle « les hiboux de Bure », ont choisi d’y résider, parfois dans les arbres pour mieux les protéger, faisant preuve d’un incroyable courage qui en dit long sur leur détermination. L’opposition ne cesse de s’amplifier localement et nationalement.

Des pays voisins s’inquiètent. En Meuse et en Haute-Marne, le climat de répression s’intensifie, cherchant à détruire toute cohésion sociale. Cautionnerez-vous une situation conflictuelle alarmante en prenant le risque de la voir s’aggraver ?

La cession du bois Lejuc à l’Andra est au centre d’une controverse largement médiatisée depuis un an. Est-il moralement acceptable de faire porter un tel fardeau aux onze conseillers municipaux de Mandres-en-Barrois, sommés d’abandonner leur forêt communale ?

Savent-ils qu’ils engagent la destruction inévitable de tout un territoire de vie en ouvrant la porte à un inconnu menaçant l’humanité ?

Et que penser des soupçons de conflits d’intérêts affectant un certain nombre de conseillers municipaux du fait de leurs liens avec l’Andra, comme le met en exergue un nouveau recours juridique déposé le 22 mai 2017 par pas moins de 35 habitant-es ?

Face à cette situation d’urgence et réaffirmant une opposition totale au principe de l’enfouissement des déchets nucléaires, nous demandons instamment :

  • que le gouvernement ne tente aucune évacuation du bois Lejuc à Mandres-en-Barrois, occupé par les opposants depuis presque un an, sous peine de voir la situation de tension actuelle s’aggraver ;

  • que le gouvernement reçoive les scientifiques et associations qui depuis plus 20 ans ont recueilli les éléments d’approfondissement du dossier Cigéo révélant les risques et qui veulent, au nom de l’intérêt général, apporter leur éclairage (vous avez déclaré récemment, au JDD : « Je connais ce dossier, mais je veux l’étudier davantage. ») ;

  • que le gouvernement stoppe tout projet d’enfouissement profond des déchets radioactifs ;

  • que le gouvernement engage en urgence la remise à plat de l’ensemble de la politique énergétique du pays. La sortie du nucléaire est impérative et ne doit pas être repoussée aux décennies à venir, il en va de la survie de l’humanité. Le passage aux énergies renouvelables et économies d’énergie, à des techniques créatrices d’emploi et autrement plus soutenables et novatrices, fait partie des demandes qui doivent aboutir au plus vite.

Les auteurs de la lettre sont : les opposant-es d’ici et d’ailleurs, des habitant-es de Mandres-en-Barrois, les associations Burestop 55, Bure zone libre, Asodedra, Cedra 52, Eodra, les habitants Vigilants de Gondrecourt le Château, les habitants Vigilants de Void-Vacon, Meuse nature environnement, Mirabel Lorraine environnement.

Les soutiens sont les suivants : Attac France, Agir pour l’environnement, Réseau « Sortir du nucléaire », Confédération paysanne, Novissen (1000 vaches), FNE Grand-Est, Sortir du nucléaire Moselle, SDN 89, Collectif Sortir du nucléaire 79, STOP EPR ni à Penly ni ailleurs, Collectif Halte au nucléaire du Gard, Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN), Auxilia conseil en transition, Association pour la restauration et la Protection de l’environnement naturel du Tonnerrois, Adeny-Association de défense de l’environnement et de la nature de l’Yonne, MAN Nancy, Confédération paysanne des Vosges, Confédération paysanne de Meuse, Association A.P.P.E.L.S (55), Attac 55, Association Vie Environnement Respect Nature (Avern), Cade (Collectif des Associations de défense de l’environnement Pays basque et Sud des Landes), Collectif les Dindons de la farce, Droit au soleil, Effet de serre toi-même, Collectif Non au gaz de schiste du canton de Fayence, Association Artisance, Association Gecnal de Sarreguemines (57), Union syndicale solidaires, Syndicats des travailleurs du rail SUD-Rail, Cyber@cteurs, collectif Stop gaz de schiste Anduze, Collectif citoyen de Pézenas, Castelnau et Guers, Collectif du Céressou, Collectif de Campagnan-Saint-Pargoire (contre le Linky), Eco’lectif de Gignac.

Marine Le Pen et Emmanuel Macron au sujet du nucléaire

Le réseau Sortir du nucléaire a compilé les positions de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron au sujet du nucléaire, et cela donne la chose suivante :

Emmanuel MACRON

– Désire abaisser la part du nucléaire de 75% à 50% à l’horizon 2025 conformément aux objectifs de la loi de transition énergétique… mais ne propose aucun scénario de fermetures de réacteurs. Par ailleurs, ses objectifs pour le développement des énergies renouvelables ne permettent pas d’atteindre ceux fixés par la loi de transition.

– Accepte la fermeture de Fessenheim (aux conditions prévues par EDF, c’est-à-dire quand l’EPR de Flamanville ouvrira) mais n’envisage pas, à ce jour, l’arrêt d’une autre centrale en fin de vie.

– Favorable au centre d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure

– Favorable aux projets de réacteurs EPR à Hinkley Point, appelle à finir la construction de l’EPR de Flamanville

– Veut consolider la filière du nucléaire dit de « 4ème génération »

– Soutien le « Grand Carénage » (vaste chantier de rafistolage et de maintenance prévu sur l’ensemble des centrales françaises)

– En février 2017 et à moins d’un mois de l’anniversaire de la catastrophe de Fukushima, il a déclaré : « le nucléaire reste la capacité à produire de l’électricité décarbonée la plus sûre. »

– En matière de nucléaire militaire, il veut conserver et moderniser les deux composantes de la force de frappe

Marine LE PEN

– Extrêmement favorable au nucléaire de manière générale

– Souhaite poursuivre l’exploitation du parc nucléaire en poursuivant le Grand Carénage

– S’oppose à la fermeture de Fessenheim

– Favorable au centre d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure

– Soutien le nucléaire dit de quatrième génération et entend investir dans la recherche sur le rendement des nouveaux réacteurs destinés à remplacer ceux en fin de vie

– Souhaite conserver et moderniser les deux composantes (aérienne et navale) de la force de frappe française.

Alors comme l’une des questions qui se pose est de savoir si les deux sont aussi « mauvais » l’un que l’autre, on peut dire que non.

Les deux sont des pro-nucléaire forcenés, il n’y a aucun doute à ce niveau.

Mais chez Marine Le Pen, comme toujours, du moment que quelque chose est français, alors ce n’est plus critiquable.

Une même chose peut être chez elle bonne ou mauvaise, selon que ce soit français ou pas.

Cela veut dire qu’autant si c’est Emmanuel Macron le président, cela sera mauvais, si c’est Marine Le Pen cela sera totalement différent, puisque toute critique sera considérée comme une attaque injustifiée et injustifiable contre la nation.

On aurait alors une terrible régression : rappelons-nous qu’il y a quelques années, critiquer le nucléaire était encore impossible de par la chape de plomb institutionnelle et médiatique…

Et ce qui est vrai pour le nucléaire serait naturellement vrai pour d’autres thèmes d’une part, et également vrai pour le développement du nucléaire, d’autre part !

Car non seulement toute critique du nucléaire sera devenue impossible, mais son développement sera présenté comme impérativement nécessaire pour la nation…

L’illusion de la fermeture de Fessenheim

Sortir du nucléaire informe de la situation quant à l’annonce de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, pointant les limites existantes dans celle-ci.

L’illusion de la fermeture de Fessenheim : EDF garde la main sur la politique énergétique… avec la complaisance du gouvernement !

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ dénonce fermement l’inaction du gouvernement et de François Hollande, qui, pendant cinq ans, a laissé EDF dicter le sort de Fessenheim et de la politique énergétique française. Derrière l’enfumage du gouvernement, EDF s’enfonce encore plus dans l’impasse nucléaire.
EDF a imposé un deal inacceptable

La décision adoptée hier par le Conseil d’Administration d’EDF entérine l’inversion totale de la logique de la loi de transition énergétique : avec la complaisance du gouvernement, EDF a transformé le plafonnement de la puissance nucléaire installée à ne pas dépasser, instauré par la Loi de Transition Energétique, en plancher sous lequel ne pas descendre !

Comme il fallait s’y attendre, pour fermer la centrale de Fessenheim, vieille et dangereuse, il faudra attendre la mise en service du réacteur défectueux de l’EPR de Flamanville, équipé d’une cuve qui ne devrait surtout pas être homologuée par l’ASN, qui y perdrait sa crédibilité.

Pire encore, cette fermeture pourrait être remise en question si elle ne s’avérait plus nécessaire pour rester en-dessous des 63,2 GW de puissance nucléaire installée.

Ainsi, si d’autres réacteurs venaient à être arrêtés pour raison de sûreté (comme Paluel 2, gravement endommagé par la chute d’un générateur de vapeur), la centrale alsacienne pourrait continuer à fonctionner malgré son âge avancé, ses pannes à répétition et les risques qu’elle fait peser sur les populations.

Une décision qui fait fi de la réalité objective de cette centrale
EDF continue en effet à faire abstraction des défauts de la centrale qui, bien plus qu’une promesse électorale à laquelle plus personne ne croit, justifient sa fermeture immédiate.

Située en zone sismique, inondable et dotée d’enceintes de confinement trop petites qui ne pourraient pas contenir la radioactivité en cas d’accident, cette centrale est vulnérable au vieillissement et certains équipements, comme les cuves et les enceintes de confinement, ne pourront pas être remplacés ni réparés.

EDF oublie-t-elle également que le réacteur n°2, à l’arrêt depuis juin 2016, est toujours interdit de redémarrage en raison d’un générateur de vapeur suspect ?

Et que le réacteur n°1 ne pourra continuer à fonctionner qu’en mode dégradé ?

Avec cette décision à l’image de sa gestion du parc nucléaire, EDF ne fait que reculer pour mieux sauter, entravant une transition aussi urgente qu’inéluctable.

Une politique énergétique entre les mains d’EDF
Les déclarations enthousiastes de Ségolène Royal ne doivent tromper personne.

Avec cette décision, EDF garde la main non seulement sur Fessenheim, mais sur la politique énergétique française, dans la droite ligne de la PPE indigente proposée par le gouvernement. En l’absence de fermetures planifiées de centrales, celle-ci ne permet pas de réduction de la part du nucléaire,

Faute d’une vision cohérente de la politique énergétique et au vu de l’acharnement d’EDF, le sort de Fessenheim et la réduction de la part du nucléaire reposent donc sur d’éventuels arrêts par épuisement de réacteurs et sur la capacité à s’interposer d’une Autorité de sûreté nucléaire dotée de peu de moyens et soumise à des pressions considérables. Pendant ce temps, les centrales vieillissent, le risque d’accidents majeurs ne peut qu’augmenter, et la transition énergétique prend du retard !

Fessenheim doit fermer immédiatement car c’est la sécurité des populations qui l’impose (7,5 millions d’habitants vivent dans un rayon de 100 km).

L’État doit cesser de se subordonner aux choix idéologiques d’EDF et du lobby nucléaire !

Bure : compte-rendu du rassemblement du 18 février 2017

Près de 700 personnes se sont rassemblées à Bure samedi : voici une vidéo, quelques photos, ainsi que l’appel lu avant le départ.

BLOQUONS CIGÉO, DÉFENDONS LE BOIS LEJUC
Ami-e-s de Bure et des forêts,
Nous sommes très heureux-euses de vous accueillir ici dans le bois libéré de Mandres-en-Barrois !

Depuis juin 2016, il est le cœur battant de la lutte à Bure. Peuplé de cabanes à la cime des arbres et de barricades au sol, le bois a retrouvé toute sa splendeur face à la menace des bulldozers et des gendarmes mobiles !

DE L’ÉTÉ D’URGENCE À L’HIVER DÉTER’
En été, nous l’avons occupé une première fois, puis nous avons été expulsées manu militari sous des nuages de lacrymo. Qu’importe, nous l’avons réoccupé ! Nous avons scié et cisaillé leurs clôtures.

Puisque les barbelés ne suffisaient pas, ils ont construit un mur en béton : en août, nous l’avons abattu en masse, dans un geste de sabotage collectif et joyeux. Notre colère ne sera jamais réversible. Aucune frontière, grillage, barbelé ou vigile n’arrêteront notre détermination !

L’automne a lentement chassé l’été d’urgence… et nous avons depuis septembre ré-ré-occupé cette forêt. Avec son odeur de risotto aux pleurotes, de châtaignes grillées et d’humus, ses couleurs flamboyantes, ses initiations à la grimpe, ses ballade du dimanche aprèm, sa douceur.

Mais depuis décembre nous sommes entrés de plein pied dans l’hiver déter’ ! Les vigiles reviennent rôder et agresser des camarades, les pelleteuses promettent de « nettoyer la forêt » des murs qu’elles ont installé cinq mois plus tôt, un ingénieur verse de l’essence sur des personnes qui tiennent des barricades.

Et l’Andra invente l’éco-enfouissement en reboisant des hectares qu’elle a défriché illégalement… pour mieux tout détruire plus tard. Malgré la vague de froid, la neige et la brume, nous avons tenu bon.

Cela fait 6 mois maintenant que les travaux de l’Andra sont bloqués au bois Lejuc. Les nucléocrates pestent et doivent, pour la première fois en vingt ans d’implantation diffuse, abandonner leur plan bien huilé. C’est une lutte victorieuse que nous comptons bien poursuivre !

À bien des égards, nous vivons un moment crucial, où nous pouvons consolider notre puissance ou subir des revers. Les échéances juridiques se rapprochent : le 22 février, un rendu d’expulsion des habitant-e-s du bois sera peut-être publié. Tout pourrait ensuite s’enchaîner très vite et les gendarmes débarquer dans la forêt.

Le 28 février, une autre décision de justice sera rendue qui pourrait remettre en cause la propriété de l’Andra sur le bois Lejuc. Lors du procès à Nancy, la rapporteure publique a montré qu’il y a avait eu des vices de procédure dans la délibération du conseil municipal de Mandres autorisant l’échange de la forêt.

Nous saurons le 28 février si la justice suivra l’avis de la rapporteure publique comme à 90% des cas ou si elle rendra comme à Notre Dame des Landes une décision politique en allant à son encontre.

VIVRE ET LUTTER, OUI… MAIS DANS LE SUD-MEUSE

Nous l’avons dit et nous le répétons, ce qui se vit ici c’est la continuité de 25 ans d’une lutte qui renaît comme un phénix, alliant barricades physiques et barricades de papiers, manifs populaires et sabotages, campements autogérés et réunions publiques.

C’est la suite de ce qui se trame dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, dans la forêt de Roybon, de ce qui s’est passé dans les rues des métropoles pendant le mouvement contre la loi Travail, du vent de révolte qui souffle maintenant contre le viol de Théo par la police, de tant d’autres tentatives de reprendre le cours sur nos vies contre ceux qui les broient.

À Bure, que ce soit dans une cabane en haut d’un chêne centenaire, à la Maison de résistance, dans une caravane retapée, dans des maisons peu à peu habités depuis des années et tous les autres espaces dans lesquels nous mettons notre amour, nous voulons devenir un point de ralliement contre la poubelle nucléaire, un espace de convergence contre toutes celles et ceux qui veulent mettre au pas nos existences au nom du fric, du contrôle social, ou des frontières.

Nous voulons faire de Bure un lieu désirable où il fait bon vivre et s’organiser, là où l’Andra mise sur 150 ans de nettoyage par le vide.

Un terrain de jeu, où nous cultivons du blé panifiable sur des terres promises à l’enfer atomique ; construisons des fours à pains, retapons des maisons et des cabanes ; inventons des chansons ; ébauchons une vie collective où chacun-e peut trouver une place…

Depuis des mois, des années, nous sommes toujours plus nombreux-euses à nous installer ici à emmêler nos vies dans ce petit bout de Meuse. Combien sommes-nous à être venu-e-s pour quelques jours et à se projeter maintenant dans ces villages que l’Etat dit « déserts » pour mieux les détruire, dans cette forêt qu’on promet à la ventilation de puits putrides ?

Il y a 5 ans, il n’y avait à la maison de résistance personne en hiver, il y a 2 ans nous étions une petite dizaine, nous sommes maintenant une quarantaine, sans compter toutes celles et ceux qui ne cessent de s’installer dans la région depuis des années… Combien serons-nous demain ?

Nous voulons dire, à toutes celles et ceux qui continuent de venir à Bure, qui découvrent, qui se questionnent, qui aiment : venez, passez, créez des comités de soutien, installez-vous, engagez-vous dans ce pari qui nous tient ensemble ! Chaque présence compte, chaque geste de soutien, chaque témoignage d’amitié nous rend plus fort-e-s, plus vibrant-e-s, plus vivant-e-s.

Chacune de ces lucioles fait grandir une belle flamme contre le cancer diffus de tristesse, de résignation et de peur qui veut s’insinuer ici.

Nous avions dit aujourd’hui, « qu’ils expulsent ou pas, nous serons dans le bois ! ». Et nous sommes plusieurs centaines à être venu déclarer notre flamme à l’Andra. Nous affirmons maintenant, comme nous le disions en octobre dernier à la ZAD de NDDL menacée : « nous sommes là, nous serons là ! ».

Dès le 21 février et pour les semaines à venir, nous appelons un maximum de gens à rester et soutenir l’occupation du bois Lejuc, soyons nombreux-euses comme il se doit pour accueillir la décision du juge le 22 février, celle du 28, et toutes les autres ! =
Gardez vos déchets, nous gardons la forêt !
ANDRA dégage, résistance et sabotage !

EN CAS D’EXPULSION, NOUS SERONS LÀ
Blocage des travaux dès le lendemain suivant l’expulsion
Le samedi suivant, grosse manif’ ! Convergence à Bure ou Mandres-en-Barrois à 11h.

Manifestation le 18 février 2017 à Bure

Voici deux communiqués ayant comme sujet le rassemblement du 18 février 2017 à Bure.

Refusons le nucléaire et ses déchets, empêchons la destruction du Bois Lejuc ! Le Réseau “Sortir du nucléaire“ appelle à rejoindre la manifestation du 18 février à Bure

Communiqué du 14 février 2017

Au printemps 2016, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (Andra) a entamé dans le Bois Lejuc, près de Bure, des travaux en vue de la construction de Cigéo, un projet d’enfouissement en profondeur des déchets radioactifs les plus dangereux.

C’est en ce lieu stratégique que pourraient être implantés l’accès aux galeries souterraines et les puits d’aération qui évacueraient les gaz radioactifs.

Sans aucune autorisation préalable, et alors même que la demande d’autorisation de création n’a pas encore été déposée, l’Andra avait commencé des forages, défriché plus de 7 hectares de feuillus en pleine période de nidification et construit un mur de béton de plus d’un kilomètre de long autour du bois !

Ces travaux ont été déclarés illégaux par la justice le 1er août 2016 et le mur abattu par des centaines de personnes lors d’une grande action collective, mi-août.

Depuis, plusieurs dizaines de personnes se relaient pour habiter en permanence le Bois Lejuc et le préservent ainsi de la destruction et de la reprise des travaux.

Des cabanes ont été construites dans la forêt et à la cime des arbres et de nombreuses activités et rencontres conviviales y sont régulièrement organisées.

Cette occupation est d’autant plus légitime que la propriété de l’Andra sur le Bois Lejuc est contestée.

Ce bois communal lui avait été cédé contre l’avis de la majorité des habitants de Mandres-en-Barrois, suite à une délibération du conseil municipal tenue le 2 juillet 2015 à 6 h du matin dans une salle gardée par des vigiles, avec un vote à bulletins secrets, entaché d’irrégularités.

L’annulation de cette délibération a d’ailleurs été proposée par la rapporteure publique du Tribunal administratif de Nancy, qui doit statuer sur ce sujet le 28 février suite à un recours porté par des habitants.

Depuis que les militant.e.s sont présent-es dans le Bois Lejuc, les habitant.e.s de la commune, à qui ce bois n’aurait jamais dû être soustrait, peuvent à nouveau s’y promener librement.

Or depuis quelques mois l’Andra souhaite expulser les occupant.e.s et anticipe la reprise des travaux.

L’Agence a mis en place une stratégie de tension, en multipliant les incursions dans le bois et près des lieux de vie des militant.e.s, se livrant même, à plusieurs reprises, à des actes de violence.

Une jeune femme a été blessée par des vigiles et le responsable des acquisitions foncières de l’Andra a même été observé vidant une bouteille de produit inflammable sur des militant.e.s à terre !

Pour refuser cette expulsion et le passage en force de l’Andra, l’ensemble des opposant.e.s à Cigéo appelle à des actions de soutien décentralisées du 14 au 18 février, puis à une manifestation sous le mot d’ordre « Le 18 février, qu’ils nous expulsent ou pas, on sera dans le bois ! ».

Ce rassemblement se veut festif, ouvert aux familles, à toutes les sensibilités et modes d’action. Des ateliers d’autoconstruction et des initiations à l’escalade dans les arbres sont prévus pour permettre à ceux qui le souhaitent de mieux découvrir la beauté de cette forêt que l’Andra veut raser.

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ appelle les militant.e.s antinucléaires, dans toute leur diversité, à rejoindre ces mobilisations pour protéger la forêt, soutenir les militant.e.s et habitant.e.s et dire non à Cigéo et au nucléaire !

Qu’ils nous expulsent ou pas, on sera dans le bois !

À cette saison où les nuits s’étendent langoureusement, offrant aux claires étoiles la scène de leurs illuminations, l’ennemi rôde encore ; croit-il la forêt enfin éteinte et vulnérable ?

Il s’avance à pas lourds sur le béton dur des tribunaux, il s’avance escorté de ses soldats de plombs, violant sans remords les doux rêves d’harmonie des arbres endormis.

Lui, délirant, rêve d’apocalypse, de troncs broyés et de grands puits crevant les entrailles de la terre, vomissant des déchets qui jamais – au fond il le sait – ne sauront sagement rester tapis sous son déni.

Mais chouettes et hiboux guettent !

L’ANDRA nous pense-t-elle engourdi-e-s ? Nous n’avons pas volé vers les contrées chaudes du sud mais vers les fraîches et vigoureuses cimes d’où nous la surveillons de plus belle !

Le 18 FÉVRIER, qu’ils nous aient expulsé-e-s ou non, montrons que nous ne sommes pas de fébriles brindilles qui s’éteignent au premier souffle, mais un grand brasier brûlant et déterminé !

Rejoignons nous par centaines à Bure pour une grande manifestation en direction du bois Lejuc, moufles et cagoules pour le froid et musique et bombes de couleur pour la joie.

Que nous soyons force de réoccupation ou d’occupation, déjà venu-e-s ou primo arrivant-e-s, soyons présent-e-s et imposons aux nucléocrates notre tempo !

Durant la journée, des sessions d’apprentissage de grimpe seront organisées, des cabanes et barricades vont encore fleurir un peu partout au cours de chantiers collectifs – on entend même chuchoter des projets fous de châteaux fort et de tyroliennes, qui sait ?

N’hésitez pas à amener des matériaux et toutes vos idées*. Nous vous invitons aussi à cadencer la lutte en apportant vos instruments de musique et de jongle !

Dans la soirée, arts de rue, vin chaud et concerts sont attendus en forêt. Si jamais elle est inaccessible, d’autres lieux sont prévus.

Des couchages avant et après la mobilisation sont possibles dans nos Maisons, dans les cabanes du bois, et dans des tentes que nous aménagerons pour les isoler de l’humidité et du froid.

Prévoyez tout de même des vêtements et duvets aussi chauds que possible.

* Les collectifs ou groupes auto-gérés peuvent s’adresser à sauvonslaforet@riseup.net pour annoncer leurs projets de construction.

Résistance et affouages !
ANDRA dégage !

Les Chouettes Hiboux de Bure

Explosion à la centrale nucléaire de Flamanville

Une explosion a eu lieu hier matin à la centrale nucléaire de Flamanville, provoquant l’intervention de plusieurs centres de secours.

Cinq personnes ont été intoxiquées, ce qui représente un événement très grave. En effet, cette centrale nucléaire, comme toutes les centrales, voit sa sûreté considérée comme « la priorité absolue » par EDF.

Cela signifie par conséquent, encore une fois, que la priorité absolue n’est pas au point, car une explosion ne se produit pas lorsque tout est prévu de manière hyper sécurisée… Ou alors on ne construit pas de centrale!

Surtout que le réacteur numéro 1 a été arrêté en catastrophe. Comme quoi, ce n’est pas anodin et de toutes manières, un événement dans une centrale n’est jamais anodin.

Un point important à noter ici que cette centrale, qui a deux réacteurs mis en service en 1985 et 1986, fonctionne au moyen de 810 salariés d’EDF et de… environ 350 employés d’entreprises prestataires.

Non seulement il y a des prestataires, mais en plus leur proportion est très importante. Cela en dit long sur l’incapacité à gérer sur le long terme de manière rationnelle, sans quête de profit… Dans un milieu comme le nucléaire, le risque de catastrophe n’en est que plus grand.

Voici le communiqué de Sortir du nucléaire.

Explosion à la centrale nucléaire de Flamanville : un « incident » symptomatique d’une sûreté très dégradée

Ce jeudi 9 février, vers 10h, une explosion a eu lieu dans la salle des machines du réacteur n°1 de Flamanville, suivie d’un important dégagement de fumée. Cinq personnes auraient été intoxiquées. Un dysfonctionnement sur un ventilateur serait en cause. Le Réseau « Sortir du nucléaire » est en attente d’autres informations.

En l’état actuel de ce que laisse filtrer EDF, il est difficile d’évaluer la gravité de cet « incident ».

Cependant, ce problème ne saurait être minimisé au prétexte qu’il a eu lieu « dans la partie non nucléaire de l’installation ».

En effet, le simple fait qu’une telle explosion ait pu se produire en salle des machines témoigne d’un entretien insuffisant ou de l’état dégradé du ventilateur en cause.

Cet événement est à mettre en perspective avec la multiplication de départs de feu sur des équipements électriques dans les centrales françaises ces dernières années, dûe notamment au vieillissement des équipements électriques.

Par ailleurs, les conséquences de cet événement ne se limitent pas au départ de feu.

Le réacteur n°1 a dû être arrêté en urgence à 9h47.

Non seulement la chaleur résiduelle doit encore être évacuée, mais une baisse brutale de régime n’est jamais bienvenue pour les équipements nucléaires, surtout si, pour une raison ou une autre, ils étaient déjà fragilisés [1].

En outre, ne peut-on pas craindre que cette explosion ait endommagé d’autres équipements, et dans tous les cas ait provoqué une désorganisation de l’activité de la centrale ?

Cette explosion survient alors même que, selon la Presse de la Manche, le délai de mise en service prescrit par le décret d’autorisation de création de l’EPR de Flamanville aurait été prorogé de 3 ans, suite à des tractations autour de la fermeture de Fessenheim, de manière à ce que les travaux puissent être achevés.

Le site de Flamanville accueillerait donc à la fois deux réacteurs vieillissants et un nouveau réacteur à risque !

Le Réseau « Sortir du nucléaire » rappelle sa demande d’abandon du chantier de l’EPR et de fermeture des réacteurs en fin de vie.

[1] On peut d’ailleurs s’interroger sur les conséquences que pourrait avoir un tel arrêt d’urgence s’il survenait sur l’un des réacteurs équipés de générateurs de vapeur défectueux qui ont été récemment autorisés à redémarrer.

En effet, une brusque variation de température serait contraire aux préconisations de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Menace de black-out et sûreté nucléaire dégradée

L’Etat a toujours mis en avant le nucléaire comme une « garantie » d’avoir de l’électricité toujours disponible et à bas prix. La vague de froid qui s’abat sur la France révèle pourtant la très grave crise de l’industrie du nucléaire, qui s’avère en très mauvaise posture pour être capable de remplir son rôle.

Voici la présentation de la situation par Sortir du nucléaire.

Face à la menace de black-out et à une sûreté nucléaire dégradée, la transition énergétique est une urgence

Alors que l’arrivée d’une vague de froid provoque de nouvelles inquiétudes quant au risque de panne de courant et que plusieurs réacteurs doivent être relancés, le Réseau “Sortir du nucléaire“ rappelle la responsabilité d’EDF et des autorités qui ont fait le choix d’un programme nucléaire massif.

EDF et les autorités qui ont fait le choix du programme nucléaire portent la responsabilité des risques de black-out

C’est bien EDF qui, il y a plus de 40 ans, a poussé à la mise en place d’un programme démesuré de monoculture nucléaire, ainsi qu’au développement du chauffage électrique pour en écouler la surproduction.

Un tiers des Français sont désormais équipés, le plus souvent de manière subie, de ce mode de chauffage extrêmement consommateur, coûteux et peu efficace… et en grande partie responsable d’une pointe de consommation électrique à laquelle EDF ne parvient plus à faire face.

Rappelons également que le développement du programme nucléaire français est allé de pair avec l’abandon des mesures de « chasse au gaspillage », faisant prendre à la France un retard important dans les mesures d’économies d’énergie dont elle fait actuellement les frais [1].

Cette surconsommation, accentuée en période de grand froid, place la France dans une situation de grande vulnérabilité où la panne de courant ne peut être évitée qu’au prix de coûteuses importations.

Ce problème s’accentue avec le vieillissement des réacteurs et la multiplication des pannes, ainsi qu’avec le risque de découverte de nouveaux défauts génériques obligeant à arrêter un grand nombre de réacteurs, sur lequel l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) alerte depuis des années [2].

Des impasses sur la sûreté pour garantir l’approvisionnement électrique ?

Plusieurs réacteurs arrêtés pour contrôle ont déjà été relancés, ou doivent l’être prochainement, et deux arrêts sont différés. Pourtant, les réacteurs en question sont équipés de générateurs de vapeur suspects, qui ne satisfont pas aux meilleurs critères de sûreté.

En tout état de cause, aucun test destructif n’a été réalisé pour vérifier si leur concentration élevée en carbone posait un risque.

En outre, l’ASN n’a toujours pas dévoilé les autorisations de redémarrage et les justifications techniques qui les accompagnent, ni le détail des « mesures compensatoires » censées être mises en œuvre pour pallier la plus grande fragilité des pièces concernées.

Le Réseau “Sortir du nucléaire“, opposé au redémarrage de réacteurs potentiellement dangereux, étudie actuellement des possibilités de recours juridiques.

Par ailleurs, pour ne pas arrêter de réacteurs supplémentaires, EDF a dissimulé à l’ASN des dysfonctionnements importants à la centrale de Dampierre (Loiret), où le réacteur n°2 fonctionne depuis un mois en mode dégradé et a provoqué des nuisances pour les riverains [3].

Au mépris de la sûreté, EDF continue de repousser l’arrêt du réacteur concerné, pourtant nécessaire pour effectuer des réparations.

Le choix du nucléaire fait subir aux Français à la fois le risque du black-out et de l’accident !

Face à la fuite en avant impulsée par EDF et à l’inaction d’un gouvernement censé réduire la part du nucléaire, une véritable transition énergétique est, plus que jamais, urgente et incontournable !

1] Rappelons que la consommation moyenne des ménages français est d’un tiers plus élevée que celle des ménages allemands : http://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/BL_Trois_aspects_Elec_All-Fr_020614-1.pdf

2] Cet enjeu avait déjà été rappelé par Claude-André Lacoste, précédent président de l’ASN, comme rapporté ici : http://www.senat.fr/rap/r11-667-1/r11-667-117.html

3] Voir le reportage de France 3 Centre

La dernière vidéo mentionnée est effectivement très intéressante! La voici.

Le nucléaire en Europe actuellement

Sortir du nucléaire a publié une carte intéressante présentant la situation du nucléaire aujourd’hui en Europe.

On notera cependant que la Pologne et la Biélorussie comptent s’ouvrir au nucléaire.

Voici la présentation concernant certains pays.

France

58 réacteurs nucléaires produisent 77 % de la consommation d’électricité. 9 réacteurs arrêtés, 1 en construction.

La France demeure le pays le plus nucléarisé au monde par rapport au nombre d’habitants, mais les résultats financiers et technologiques désastreux d’EDF et AREVA ex-fleurons de l’industrie nucléaire française laissent à prévoir un abandon progressif et souhaitable de l’atome.

Le parc nucléaire français est dans un état préoccupant, avec une moyenne d’âge de 32 ans par réacteur en fonctionnement, il est plongé en 2016 dans un scandale industriel impliquant l’utilisation de pièces défectueuses dans de nombreuses installations.

Allemagne

8 réacteurs nucléaires en fonctionnement produisent 14 % de la consommation électrique.

Programme nucléaire stoppé dans les années 1990 ; puis décision de sortie du nucléaire adoptée en 2000, remise en cause en 2010, puis de nouveau votée en 2011. Le dernier réacteur allemand devrait être arrêté d’ici 2022.

Contrairement aux idées reçues, les fermetures de réacteurs n’ont pas provoqué de blackout, et n’empêchent pas les Allemands de rester exportateurs nets d’électricité.

Le secteur des énergies renouvelables allemand emploie plus de 350 000 personnes et subvient en 2015 à 32 % des consommations électriques. Si la programmation du mix énergétique est respectée, leur part pourrait représenter 50 % des consommations d’électricité en 2030 et 80% d’ici 2050.

La fermeture des réacteurs à la suite de Fukushima n’a pas entrainé d’ouverture de nouvelles mines de charbon, mais une continuité de son utilisation dans le mix énergétique. La croissance des énergies renouvelables permet progressivement de réduire cette dépendance aux énergies fossiles.

Royaume-Uni

19 réacteurs en fonctionnement produisent 15% de l’électricité consommée. À la suite d’un très long feuilleton mouvementé, la Grande Bretagne s’est engagée en 2016 à construire deux nouveux réacteurs EPR à Hinkley Point pour un cout prévisionnel astronomique (21 milliards d’euros) déjà décrié par certains comme « l’objet le plus cher du monde ».

Son prix pourrait encore augmenter côté anglais avec le référendum du Brexit et la dévaluation de la Livre Sterling consécutive.

C’est EDF qui construira les réacteurs, aux côtés du chinois CGNC, et tout laisse à penser qu’elle n’aura pas les capacités techniques et financières pour le mener à bien dans les temps.

Le prix garanti à EDF pour le rachat de l’électricité produite par ces EPR est déjà bien supérieur aux prix du marché: les clients anglais apprécieront !

Belgique

6 réacteurs nucléaires en service produisent 55 % de la consommation d’électricité.

Un moratoire sur le programme a été adopté en 1988.
Un accord gouvernemental entre les écologistes et la gauche avait prévu une sortie du nucléaire en 2025.

Une première phase de cette sortie devait commencer dès 2015 mais jusqu’ici rien n’a été fait alors que des réacteurs des centrales de Doel et Tihange fonctionnent encore avec des milliers de fissures dans leurs cuves (allant jusqu’à 18 centimètres !)

Italie

Deux référendums en 1987 et 2011 contre le nucléaire. 4 centrales mises en fonctionnement avant le premier référendum ont été arrêtées entre 1987 et 1990.

Autriche

Programme nucléaire stoppé par référendum en 1978 alors qu’une première centrale était construite et prête à démarrer. Le recours au nucléaire est interdit dans la constitution autrichienne.

Suède

Un référendum en 1980 avait obligé le gouvernement à adopter un programme de sortie du nucléaire d’ici 2010. Deux réacteurs ont été fermés en 1999 et 2002. Puis cela a été remis en cause et la sortie a été abandonnée en février 2009…

Suisse

5 réacteurs nucléaires produisent 38 % de l’électricité consommée.
La Suisse dispose de 5 réacteurs vieillissants et parmi les plus anciens au monde (Beznau I est en service depuis 1969 !) et ne présentant aucune garantie face au risque sismique.

La Suisse ne compte cependant pas les remplacer et propose fin novembre 2016 un référendum à propos de la sortie du nucléaire du pays qui s’accomplirait d’ici 2029.

Mise en place du sarcophage de Tchernobyl

C’est un événement historique et pas seulement en raison de l’ampleur de la catastrophe de Tchernobyl, dont la centrale s’est vue ajouter un bâtiment de confinement.

C’est un exemple de la capacité de l’humanité, quand elle est unie, à faire de grandes choses, à réparer. Bien sûr, il ne s’agit pas de basculer dans l’esprit de la géo-ingénierie, qui s’imagine pouvoir « contrôler » la planète avec des moyens techniques.

Toutefois, il y a de nombreuses choses à rattraper : l’humanité peut le faire.

La catastrophe de Tchernobyl a donc, paradoxalement, contribué à unifier l’humanité sur un projet : la mise en place d’un gigantesque sarcophage confinant le réacteur numéro 4.

L’ancien, posé dans le prolongement de la catastrophe du 26 avril 1986, a connu des problèmes en 1999, chose prévue dès 1992 où un nouveau projet a été formé.

Il est désormais terminé, le sarcophage est mis en place, faisant lui-même 162 mètres sur 257 mètres, pesant 36 000 tonnes (dont les 2/3 sont en acier).

Voici une vidéo de la mise en place, très impressionnante, car le sarcophage a été mis sur rail. Impossible de le construire directement, en raison des radiations.

Il a donc été construit à un peu plus de trois cent mètres de la centrale, sur un terrain qu’il a fallu nettoyer pendant deux ans auparavant (ce qui veut dire enlever 55 000 m3 de matières contaminées et faire couler une chape de béton de 30 cm).

Au total, les coûts ont explosé, triplant même : 1,426 milliard d’euros au total, pour un projet réalisé par la société Novarka (une coentreprise de Vinci et Bouygues).

Voici une vidéo officielle, présentant l’ensemble du projet.

Par la suite, la fermeture totale et entièrement hermétique du sarcophage va être réalisée, avant la suite des travaux.

Car le sarcophage n’est pas vide : armoires plantées pour les systèmes électriques et informatiques, et à l’aide de robots des ponts roulants de 100 mètres vont aider à l’organisation du démantèlement.

Un démantèlement qu’il reste à financer, organiser… On va en entendre parler pendant un siècle…

Sébastien Briat, décédé il y a douze ans dans la lutte anti-nucléaire

C’était il y a douze ans : en tentant de s’opposer à un convoi de déchets nucléaires, Sébastien Briat perdait la vie.

 

Bichon est mort pour ses convictions

Quelques semaines auparavant il s’était décidé avec plusieurs d’entre nous à agir pour rendre publique la vulnérabilité d’un tel convoi [de déchets nucléaires provenant d’Allemagne, le 7 novembre 2004]. Le fait qu’il soit mort ne doit pas faire oublier que cette action était non violente, réfléchie et volontaire.

Contrairement à ce que ce drame peut laisser transparaître, en aucun cas notre acte était irresponsable et désespéré. Notre engagement est le fruit de convictions profondes quant au danger certain et réel que représente le nucléaire depuis trop longtemps.

Cette action était parfaitement planifiée, collectivement, incluant des repérages précis des lieux, et en respectant des procédures d’arrêt éprouvées. Nous avions longuement envisagé toutes les possibilités y compris un non arrêt du convoi.

Placés en sortie de courbe, nous pouvions être amenés à quitter les rails très rapidement, du fait d’une visibilité réduite.

Nous étions quatre couchés sur les voies ayant chacun un bras passé de part et d’autre d’un tube d’acier glissé sous le rail extérieur de la voie permettant ainsi un départ d’urgence plus rapide. En aucun cas nous n’étions cadenassés et nous avions la possibilité de nous dégager rapidement de ces tubes.

Malheureusement l’équipe chargée de stopper le train 1500m en amont n’a pas pu agir. L’hélicoptère de surveillance précédent en permanence le convoi était absent, « parti se ravitailler en kérosène » ; or cette équipe comptait essentiellement sur sa présence qui signalait l’arrivée du train.

Enfin, conformément à ce qui était convenu les stoppeurs ont renoncé à arrêter le convoi car il était accompagné de véhicules de gendarmerie le précédent à vive allure sur le chemin les séparant de la voie.

Le convoi est donc arrivé à « 98 km/h » selon le procureur n’ayant pu être arrêté par les militants ni averti par l’hélicoptère. Ces multiples causes réunies nous mettaient en danger.

De ce fait, les personnes couchées sur les rails n’ont bénéficié que de très peu de temps pour s’apercevoir que le train n’avait pas été stoppé et par conséquent n’avait pas réduit son allure. Nous nous étions entraînés à une évacuation d’urgence de l’ordre de quelques secondes.

Sébastien à été percuté alors qu’il quittait les rails, et en aucun cas, son bras n’est resté bloqué à l’intérieur du tube [sa jambe a été sectionnée alors qu’il tentait d’éviter le train, il est mort à 21 ans alors qu’il était amené à l’hôpital].

La vitesse de l’événement nous a dépassé et personne parmi nous n’a eu le temps de lui venir en aide.

Avant que cela n’arrive, nous sommes restés dix heures de suite cachés en lisière de bois à trente mètres de la voie, gelés et ankylosés par le froid.

Durant cette attente, nous n’avons pas été détecté par le dispositif de sécurité, ni les guetteurs postés à une quinzaine de kilomètres du lieu du blocage et chargés de nous prévenir de l’arrivée du train, ni les stoppeurs chargés de l’arrêter, ni les bloqueurs qui avaient préalablement installé les deux tubes sous le rail aux environs de cinq heures du matin.

Il est clair que la part de responsabilité de chaque protagoniste doit être établie. Y compris la nôtre.

Pour l’heure nous sommes face à l’un des pires moments de notre existence. Malgré ce que beaucoup de personnes peuvent penser nous avions des raisons certaines d’être là.

En premier lieu la sauvegarde de la planète, dont nous assistons au déclin d’années en années, mais également le rejet de cet État monolithique refusant toute remise en question.

Nous n’avons pas décidé d’arrêter ce train par immaturité ou par goût de l’aventure, mais parce que dans ce pays, il faut en arriver là pour qu’une question de fond, enfin, entre dans le magasin de porcelaine.

Sébastien est mort par accident, il ne l’a pas choisi, personne ne l’a souhaité. Il n’est pas mort au volant en rentrant ivre de discothèque, mais en agissant pour faire entendre ses convictions. Et c’est sans conteste pour cela que son décès ne sera jamais, pour nous, un fait divers.

Face à une situation où nous étions si perdus, nous n’imaginions pas recevoir tant de soutien. Nous remercions particulièrement amis et parents, de nombreuses associations, mais également les milliers d’anonymes allemands et français ayant organisé des manifestations et des commémorations en sa mémoire.

L’ampleur de la solidarité nous dépasse autant qu’elle nous touche. Le plus important, nous semble de pleurer un frère et de soutenir sa famille et non d’instrumentaliser son image.

Bichon était certes à la recherche d’un monde moins fou, mais avant tout un jeune homme rempli de joie de vivre, d’énergie et amoureux des gens. Ce texte n’est ni une confession, ni une agression, nous voulons seulement par celui-ci rétablir la vérité des faits.

Ses compagnes et compagnons de route

Nucléaire : falsifications, malfaçons, réacteurs à l’arrêt…

Il y a trente ans, le nucléaire français était un bastion imprenable de l’Etat et des médias : le remettre en cause était une opinion interdite de droit de cité, c’était un tabou complet.

Aujourd’hui, le nucléaire n’est pas seulement critiqué, il connaît une crise profonde. Sortir du nucléaire a dressé une carte tout à fait claire de ce qui se passe actuellement, avec les dernières décisions.

L’Autorité de sureté nucléaire rue en effet dans les brancards et a demandé de mettre à l’arrêt de nombreux réacteurs d’EDF, qui sont 58 en tout…

La situation est tellement grave que Ségolène Royale a, en tant que ministre (de l’énergie et de l’écologie), envoyé une lettre au directeur d’EDF, avertissant qu’il était hors de question d’accepter des coupures de courant.

« La sécurité d’approvisionnement du territoire français en électricité doit être assurée. EDF, premier producteur d’électricité en France, est dépositaire d’une forte responsabilité dans la garantie de cet approvisionnement »

La remise des calculs de prévision de la gestion de l’électricité – rassemblant des millions de données – a dû être repoussée de deux semaines.

Voici le communiqué de Sortir du nucléaire.

Scandale des anomalies dissimulées : l’ASN fait arrêter 5 réacteurs supplémentaires. La sortie du nucléaire en urgence est l’unique solution

Alors que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé la mise à l’arrêt de 5 nouveaux réacteurs suite au scandale du Creusot qui a fait apparaitre des falsifications de documents et des malfaçons dans l’acier de pièces fondamentales pour la sûreté, une sortie du nucléaire doit être engagée en urgence.

Le 18 octobre, l’Autorité de sûreté nucléaire a demandé à EDF la mise à l’arrêt sous trois mois de cinq réacteurs nucléaires (Civaux 1, Fessenheim 1, Gravelines 4, Tricastin 2 et 4) équipés de générateurs de vapeur suspects, dont l’acier présente un taux de carbone trop élevé.

Cette anomalie constitue un risque permanent de rupture brutale qui conduirait à une perte de réfrigérant du réacteur puis à un accident grave. Ce problème est d’autant plus grave que la rupture de ces pièces est normalement censée être exclue.

Cette décision survient alors que 21 réacteurs sont déjà arrêtés, dont une grande partie dans le cadre de contrôles liés à des pièces présentant potentiellement des malfaçons. Entre autres, la centrale de Fessenheim se retrouvera à l’arrêt intégral.

Une sortie du nucléaire doit être enfin planifiée !
Alors que les équipements concernés sont essentiels pour la sureté et que la liste des réacteurs impactés est encore susceptible de s’allonger, il serait inacceptable que la politique énergétique ne change pas de cap. Il est hors de question que soient avalisés les projets d’EDF de prolonger à grands frais la durée de fonctionnement de ses réacteurs, alors même que des pièces plus fragiles que prévu y sont découvertes.

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, actuellement vide de contenu sur le volet nucléaire, doit être revue en urgence pour intégrer ce nouveau contexte et prévoir enfin des arrêts effectifs et définitifs de réacteurs autres que Fessenheim, ainsi qu’une accélération des économies d’énergie et du développement des énergies renouvelables.

Même si cette situation ne devrait pas déboucher sur un black-out, elle démontre qu’EDF, faute d’avoir accepté d’envisager une réduction de la part du nucléaire pourtant réalisable sans efforts [1], devra se préparer à subir une sortie en urgence.

La « sûreté nucléaire » s’avère un mythe
Ces arrêts sont le prolongement de scandales à répétition dans des usines où des erreurs ont été sciemment dissimulées lors de la fabrication de pièces destinées à l’industrie nucléaire.

Ces scandales illustrent de manière éclatante les limites du système de contrôle de la sûreté nucléaire, où l’on postule que les industriels sont de bonne foi et déclareront d’eux-mêmes les problèmes. Et au vu du manque de moyen de l’ASN et des pressions qu’elle peut subir de la part d’EDF [2], on peut craindre que de nombreuses pièces défectueuses ne passent quand même les contrôles.

N’attendons pas que ce système défaillant nous mène à un accident. Les réacteurs concernés doivent être arrêtés définitivement et une sortie du nucléaire engagée dès maintenant !

Notes

[1] En 2013, interrogée dans le cadre d’une enquête parlementaire, la Direction Générale de l’Énergie et du Climat avait reconnu que les tendances actuelles d’économies d’énergie et de développement des renouvelables devaient conduire à un « non-besoin » d’une vingtaine de réacteurs à l’échéance 2025.
[2] https://www.mediapart.fr/journal/france/181016/flamanville-l-autorite-de-surete-nucleaire-est-dans-la-main-d-edf

Une forêt détruite pour construire une poubelle nucléaire ?

Voici un communiqué lié à la lutte à Bure qui est très important, car il pose la question de la définition légale de forêt. Non pas qu’il faille faire de la loi un fétiche, bien loin de là, mais il est important de voir comment le profit sait habilement détourner, modifier les lois, quand ça l’arrange.

Modifier la loi sur les forêts est une chose capitale dans le processus de bétonnisation et cette question dépasse largement la question de Bure…

Une forêt détruite pour construire une poubelle nucléaire ?
Bure : 9 associations et 4 habitants attaquent en justice l’arrêté préfectoral retirant le Bois Lejuc du régime forestier

Communiqué commun du Réseau “Sortir du nucléaire“, ASODEDRA, BureStop55, Bure Zone Libre, Cedra 52, France Nature Environnement, Les Habitants Vigilants du Canton de Gondrecourt, Meuse Nature Environnement, MIRABEL -Lorraine Nature environnement… et des opposant-e-s et habitant-e-s en lutte contre Cigéo de Bure et d’ailleurs.

Communiqué du 17 octobre 2016

Le Bois Lejuc, près de Bure, est censé devenir le lieu d’implantation des puits d’accès et de ventilation de CIGÉO, ce projet d’enfouissement en profondeur des déchets radioactifs les plus dangereux.

Pour y réaliser ses travaux, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) a obtenu par arrêté préfectoral que ce bois ne soit plus soumis au régime forestier et a déjà commencé à détruire la forêt.

Associations et habitants viennent d’attaquer devant le tribunal administratif cet arrêté illégal et illégitime.

L’Andra fait main basse sur un bois communal

Le 6 janvier 2016, l’Andra est devenu propriétaire du Bois Lejuc, ancien bois communal du village de Mandres-en-Barrois.

Elle en avait obtenu la cession, malgré l’opposition de la majorité des habitants exprimée en 2013, suite à une délibération rocambolesque du Conseil municipal contestée en justice.

Le même jour, le Préfet de la Meuse avait adopté un « arrêté de distraction du régime forestier » pour le Bois Lejuc.

Cet arrêté était censé permettre à l’Andra de passer outre les règles de bonne gestion de la forêt afin de pouvoir, si les travaux préparatoires à CIGÉO le demandaient, détruire ce bois de 222 hectares, planté de hêtres et de chênes depuis au moins 1732 et situé à proximité d’une zone Natura 2000.

Un bois qui faisait partie de l’histoire de la commune depuis le XVIIIème siècle, et où les habitants avaient coutume de se promener, ramasser des champignons et faire leurs affouages…

Une décision illégale qui a autorisé la destruction de la forêt
Or, selon le Code forestier, les forêts détenues par des établissements publics se doivent d’être soumises au régime forestier.

En prononçant cet arrêté de distraction, le Préfet de la Meuse a commis un acte illégal pour permettre la construction de CIGÉO. Par ailleurs, l’Office National des Forêts n’avait donné son accord qu’en exprimant de lourdes réserves (dont le non-respect, pour la jurisprudence, vaut refus), insistant sur l’obligation de gestion durable de la forêt [1].

Mais l’Andra n’a pris aucune mesure pour assurer la bonne gestion de la forêt. Bien au contraire, dès le mois de juin, elle avait commencé par défricher et passer à la broyeuse 7 hectares de feuillus !

Réalisés en violation du code forestier, sans demande d’autorisation auprès de l’administration concernée et sans étude d’impact, ces travaux de défrichement illégaux, qui ont fait l’objet d’une plainte des associations le 22 juin, ont d’ailleurs valu à l’Andra une condamnation en référé par le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc.

Le 1er août, la justice a sommé l’Andra de se mettre en conformité avec la réglementation dans les 6 mois… ou de remettre le site en l’état [2] !

Refusant cette destruction de la forêt, dès le 30 juin 2016, huit associations et quatre habitants de Mandres-en-Barrois avaient déposé un recours gracieux demandant le retrait de cet arrêté préfectoral.

L’arrêté n’ayant pas été retiré, 9 associations [3] et quatre habitants ont déposé le 13 octobre un recours devant le tribunal administratif de Nancy pour le faire annuler.

Détruire une forêt… pour installer une poubelle nucléaire !
Il est inacceptable que cette forêt soit rasée pour laisser place à un projet d’enfouissement de déchets radioactifs démentiel, aussi coûteux que dangereux, et qui n’a reçu aucune autorisation administrative à ce jour.

Et il est insupportable que l’Andra se permette par ailleurs de donner des leçons d’écologie, en organisant dans son laboratoire une exposition intitulée « Découvertes en forêt » où sont exposés des arbres… en plastique.

Face à cette agence qui défriche, détruit et porte des projets mortifères, c’est en toute légitimité que des militants, cet été, ont occupé la forêt pendant trois semaines pour la défendre, puis abattu le mur qui prétendait dissimuler des regards les travaux de l’Andra.

Le Bois Lejuc ne doit pas être détruit, CIGÉO ne doit pas être construit !

Consulter la requête : http://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/requete_bois_lejuc.pdf
Contacts presse :

Pour les associations – 03 29 75 19 72

Avocat – 06 01 95 93 59

Chargée de communication :

Charlotte Mijeon – 06 01 95 93 59

Notes

[1] L’ONF insistait sur l’obligation de gestion durable de la forêt et de respect des engagements financiers attachés aux subventions perçues pour la reconstitution des forêts après la tempête de 1999. Par ailleurs, le projet CIGÉO n’ayant pas encore été officiellement entériné, l’ONF demandait à pouvoir en assurer la gestion jusqu’en 2018 et après, dans le cadre du plan d’aménagement encore valide.
[2] Voir la décision de justice : http://www.sortirdunucleaire.org/Travaux-illegaux-dans-le-Bois-Lejuc-depot-d-une
[3] ASODEDRA, BureStop55, Bure Zone Libre, Cedra 52, France Nature Environnement, Les Habitants Vigilants du Canton de Gondrecourt, Meuse Nature Environnement, MIRABEL – Lorraine Nature Environnement, Réseau “Sortir du nucléaire“.

Rassemblement de Flamanville les 1 et 2 octobre 2016

Voici l’appel pour le rassemblement anti-nucléaire en Normandie, ce début octobre 2016.

Arrêt du nucléaire,
énergie de destruction massive !

À l’initiative du CRILAN et du Collectif  « Stop EPR ni à Penly ni ailleurs », les associations locales et organisations anti-nucléaires de Normandie, de Bretagne et des Pays de Loire se sont regroupées au sein du  « Collectif Anti-Nucléaire Ouest » (CAN-Ouest) depuis le 17 janvier 2015, soit actuellement plus d’une vingtaine d’associations et organisations représentées.

Ce collectif appelle à un grand rassemblement les 1er et 2 octobre 2016 à Flamanville afin de faire renoncer à la mise en service de l’EPR et au rafistolage (appelé officiellement « grand carénage ») des réacteurs arrivant à 30 ans d’âge que ce soit à Flamanville, Paluel, Penly et ailleurs.

En 2016, près de 3/4 des réacteurs nucléaires français auront dépassé leur limite d’âge.

Le risque de catastrophe est donc imminent. Comme à Tchernobyl et à Fukushima, ce seront des milliers de km2 inhabitables, des centaines de milliers de personnes déplacées, des centaines de milliards d’euros volatilisés…

Pour empêcher toute contestation, l’Etat criminalise les militants et bafoue la démocratie.

Utilisons les 60 milliards d’euros prévus pour le rafistolage des vieux réacteurs dans les économies d’énergie et les alternatives énergétiques (solaire, biomasse, éolien, hydrolien…).

Neuf ou vieux, un réacteur nucléaire est dangereux.

L’arrêté de création du réacteur EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville est caduc à compter du 11 avril 2017 : au-delà de cette date, le chantier devient illicite. Il constitue une réelle menace avec ses nombreuses malfaçons dont la plus grave est celle de la cuve.

Son prix initial a triplé pour dépasser les 10 milliards d’euros.

Tous à Flamanville les 1er et 2 octobre 2016
à l’appel du Collectif Anti-Nucléaire Ouest

« Les murs tombent dans le Bois Lejuc ! »

La lutte contre l’enfouissement de déchets nucléaires continue à Bois Lejuc, plusieurs mètres du mur construit illégalement par l’Andra ont été abattus hier dimanche :

 Les murs tombent dans le Bois Lejuc !

Aujourd’hui, près de 500 personnes, jeunes, moins jeunes, militant-e-s de tous les horizons, habitant-e-s, agriculteurs, ont réinvesti le Bois Lejuc et procédé à sa remise en état dans une atmosphère festive et déterminée. Plusieurs centaines de mètres de pans de mur illégalement érigés ont été abattus, d’autres redécorés, des arbrisseaux plantés. Quelques plants de légumes plantés lors de l’occupation de la forêt du 19 juin au 7 juillet, rescapés de la reprise de la forêt par l’Andra, ont même été repiqués.

Militant-e-s récemment mobilisé-e-s et opposant-e-s de la première heure se sont retrouvé-e-s à l’ombre des arbres libérés pour pique-niquer et refaire le monde sur les ruines du mur. Avec la chute de ce mur, ce n’est pas seulement un symbole de la violence et du passage en force de l’Andra qui est tombé ; c’est aussi la chape de plomb de la fatalité et de la résignation qui s’est fissurée.

Cette fronde populaire est une saine et légitime défense face au rouleau compresseur de l’Andra, prête à tout pour imposer CIGÉO (emploi de vigiles surarmés, mépris des lois, mépris des décisions de justice). Les centaines de personnes arrivées dans le bois ont pu constater l’ampleur des dégâts infligés à la forêt : coupes dans des futaies de jeunes arbres, nouvelles et larges saignées dans les taillis… Certains indices laissent d’ailleurs penser que l’Andra a poursuivi ce défrichement illégal même après la décision de justice du 1er août. Nous attendons avec impatience les échéances juridiques à venir.

Face à l’étendue des dégâts et la mauvaise foi de l’Andra, il nous semble plus qu’essentiel de continuer à défendre la forêt dans les jours et semaines à venir.

Le Figaro a également relaté l’événement, dont voici un court extrait :

Ce week-end du 15 août est le théâtre d’un fort mouvement de contestation. En effet, un communiqué a été lancé sur le site Burestop!, appelant à une nouvelle manifestation d’occupation après ces récentes «victoires». Et les militants ont répondu présent. Ce dimanche, plusieurs centaines de manifestants ont abattu des pans du mur de protection du chantier. Arrivés à l’orée du bois Lejuc, munis de bâtons, pioches ou autres, ils ont abattu une grande partie du mur en béton construit par l’Andra. «Symboliquement, faire tomber le mur c’est toujours quelque chose de fort. Pour beaucoup de monde, ce mur est même plus scandalisant que le défrichage», a expliqué un des manifestants ayant choisi le pseudonyme de «John».

Sur un pan de mur abattu, une inscription indiquait: «comme un murmure de révolte».

La construction du mur se poursuit, la mobilisation aussi !

Malgré sa condamnation, le 1er août, par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, l’ANDRA devait interrompre ses travaux de défrichement illégaux. Mais l’article ci-dessous nous apprend que l’ANDRA continue malgré tout à ériger son mur. Mur censé protéger le site, en cernant pas moins de 220 hectares. La mobilisation continue donc :

COMMUNIQUE COMMUN DE PRESSE

L’ANDRA continue la construction de son mur, malgré la récente condamnation juridique : la mobilisation s’amplifie

lundi 8 août 2016

L’ANDRA reconnait, par un communiqué en date du 05/08/2016 avoir fait « une erreur d’appréciation concernant la nature des travaux de défrichement entrepris au Bois Lejuc. » Pour autant, l’agence « n’exclut pas de reprendre les travaux de pose de la clôture dans les prochains jours. Ces travaux, qui seront effectués sans défrichement supplémentaire (…) ».

Non seulement l’agence a commencé des travaux préparatoires à la construction de Cigéo dans le plus total mépris des règles du Code forestier et du Code de l’urbanisme, mais elle continue de s’enferrer. Elle prétend qu’elle fera les choses proprement… mais le moment venu, c’est-à-dire dans quelques années !

Comment faire confiance à un maître d’ouvrage qui fait fi avec autant de légèreté des règlementations et dépense sans compter, en ces temps difficiles pour la filière électro-nucléaire ?
On n’ose imaginer ce qui pourrait se passer si l’ANDRA commet des « erreurs d’appréciation » avec Cigéo, un projet d’une immense complexité, dont elle prétend maîtriser les risques et qu’elle veut accélérer. Comment l’État peut-il lui laisser une carte blanche aussi hasardeuse ?

Une trentaine d’opposant-e-s, qui se relaient depuis le 3/08 en vigie à l’orée du bois Lejuc, ont observé la poursuite de l’activité, notamment des travaux de « jointoiement du mur de béton », et une forte présence policière.
Alors que les travaux ont été déclarés illégaux, la militarisation du territoire et les pressions policières continuent aux abords de la forêt et dans les villages alentours : multiplication des contrôles d’identité, fouilles des véhicules aux abords des forêts de Mandres, contrôles de jeunes du village circulant à vélo, véhicules interdits d’accès à la route menant au bois de Mandres, agriculteurs sous tension, intimidation verbales des opposant-e-s campant à Bure… Comment l’ANDRA et la préfecture peuvent-elles expliquer la présence de dizaines de gendarmes mobiles et de vigiles pour « sécuriser » un chantier qui doit maintenant s’interrompre ?

Elle refuse de comprendre ce que lui demande la justice, à savoir stopper ses activités irrégulières. Opposer un mur de béton absurde à la montagne d’inquiétudes et de questionnements légitimes des habitant.es et opposant.es ne constitue en aucun cas une réponse respectable !

Face une telle situation, la mobilisation se renforce sur le terrain :

  • Nouveau week-end #Eté d’urgence du 12 au 14 août 2016 autour du bois Lejuc et campement du 8 au 19 août en gare de Luméville.
  • Le 18/08/2016, audience au tribunal administratif de Nancy concernant le référé contre l’arrêté du maire de Mandres-en-Barrois prétendant régulariser les travaux de construction du mur. Déchets nucléaires, surtout ne pas enfouir, arrêter d’en produire !

Communiqué de presse commun > Réseau « Sortir du nucléaire, MIRABEL – Lorraine Nature Environnement, Meuse Nature Environnement, ASODEDRA, BureStop55, Bure Zone Libre, Cedra 52, Les Habitants vigilants de Gondrecourt et des opposant-e-s et habitant-e-s en lutte contre CIGÉO de Bure et d’ailleurs – 8 août 2016

« Le 13/14/15 août, remettons la forêt de Mandres en état ! »

Les 13, 14 et 15 août auront lieu des journées d’action en faveur de la forêt de Mandres-en-Barrois. Celle-ci a été illégalement saccagée par l’ANDRA (Agence pour la gestion des déchets radioactifs) afin d’y enfouir des déchets nucléaires. 7 hectares de feuillus ont déjà été détruits, le sol a été arraché et recouvert de gravier, la construction d’un mur de 2 m de haut et 3  km de long a été établi, le tout sans autorisation ! Voici le communiqué :

Lundi 1er août, l’ANDRA a été condamnée par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc à interrompre ses travaux de défrichement illégaux. Ce que nous répétons depuis des mois a été confirmé par la justice, et l’agence doit maintenant « remettre en état » le saccage qu’elle a perpétré dans le bois Lejuc pour commencer les travaux préparatoires à CIGEO. C’est la première fois en 20 ans que l’agence est condamnée par les tribunaux : toutefois, nous savons que les barricades juridiques sont précaires et ne suffisent pas face à l’ANDRA et la mafia nucléaire. Dès le lendemain, dans la forêt, comme si de rien n’était, des camions acheminaient du matériel, des dizaines de gendarmes étaient toujours en faction, et les vigiles continuaient de rôder autour du chantier illégal. Condamnation ou pas, la partie est loin d’être gagnée.

Si cette petite victoire nous galvanise, nous ne nous reposons pas sur ces fragiles lauriers. Sur le terrain, même si nous sommes peu nombreux-euses, la mobilisation ne faiblit pas : le 3 août une grande cabane-vigie a été construite sur un champ face à la forêt pour surveiller les travaux, de multiples actions de blocages ont eu lieu, un pot de départ du directeur adjoint démissionnaire l’ANDRA Jean-Paul Baillet s’organise pour le 10 août, de nouveaux recours sont lancés pour contester d’autres aspects des travaux et ne pas lâcher l’agence d’une semelle. Des dizaines de personnes continuent de passer pour quelques jours, tandis que d’autres s’installent pour plus longtemps. Nous sommes, plus que jamais, déterminé-e-s et appelons donc toujours avec force à une convergence massive le long week-end du 12/13/14/15 août pour enfouir l’ANDRA, ses travaux et son rêve de poubelle sous une irréversible marée humaine !

Dans la foulée de la manif’ d’occupation du 19 juin et de la réoccupation temporaire du 16 & 17 juillet, ce troisième week-end de résistance est particulièrement nécessaire : l’ANDRA ne va sans doute pas interrompre ses travaux toute seule, alors soyons sympa, aidons-la !

On commence dès vendredi 12 août au soir avec un grand concert, puis le samedi 13 août, plusieurs balades se dirigeront vers la forêt, ses chemins et ses vallées pour repérer la zone, constater l’avancée des travaux, observer la faune et la flore… Dimanche 14 août, à partir de 11h, au départ du village de Mandres-en-Barrois, une grande manifestation convergera vers le bois pour commencer sans plus attendre la « remise en état » imposée à l’ANDRA : ramenez des arbrisseaux, pelles, pioches, peinture, cordages, outils en tout genre et tout ce que vous jugerez bon pour réhabiliter le site ! Et il y a du boulot ! Des dizaines de tonnes de gravats à déplacer, un mur de la honte d’1 km à démonter, 7 ha de défrichements illégaux à reboiser : il s’agit de se retrousser les manches ! Montrons aux nucléocrates que la « participation du territoire » à leur projet, comme ils aiment à s’en gargariser, est exemplaire lorsqu’il s’agit de le faire disparaître !

Enfin pour inscrire ce week-end dans le long-terme, lundi 15 août se tiendra un grand temps de discussion autour des perspectives de la lutte contre la poubelle nucléaire ici et ailleurs : comment continuer la lutte partout où on est, créer des comités de soutien, etc !

Continuons de maintenir la pression sur l’ANDRA et retrouvons nous nombreux-euses à Bure le 13/14/15 août !

Et la forêt elle est à qui ? Elle est à nous !

Contact : sauvonslaforet@riseup.net / 07 58 65 48 89 (telephone media)

Programme du week-end (et du 8 au 19 août inclus) est disponible ici.

Infos : vmc.camp / burestop.eu / burezonelibre.noblogs.org

Et tout au long du 8 au 19 août un grand campement autogéré se tiendra à l’ancienne gare de Luméville pour accueillir toutes celles et ceux qui veulent s’opposer au projet de poubelle nucléaire, construire ensemble, partager des savoir-faire, organiser des actions, et continuer d’enraciner la lutte sur le long-terme ! Venez y nombreux-euses !

Bois Lejuc : l’occupation malgré la répression

Ce week-end a été marqué par une nouvelle tentative de se confronter au projet d’enfouissement nucléaire à Bure.

La première étape a été l’occupation d’un bois, dont voici le communiqué à ce sujet :

Samedi 16 juillet, plus de 350 personnes de tous les âges et tous les horizons sont entrées dans le Bois Lejuc, à Mandres-en-Barrois et viennent de le libérer une nouvelle fois de l’emprise de l’Andra.

Des paysans sont sur place avec leurs tracteurs, des enfants se promènent dans le bois, une cantine vient de s’installer, des chaînes humaines se forment pour acheminer le matériel tandis que l’accordéon commence à jouer.

Les occupants se réjouissent du succès de cette action, qui a largement rassemblé les différentes composantes du mouvement contre Cigéo.

Bien entendu, l’Etat a immédiatement mené une répression, toujours plus forte, mais, c’est une particularité, des milices privées ont été à l’oeuvre!

Voici ce que dit, entre autres, le « Communiqué de presse des équipes médicale et juridique du mouvement d’occupation du Bois Lejuc sur les violences subies par les manifestant.e.s » :

Dimanche 17 juillet 2016, Bure.

Ce samedi 16 juillet 2016, des habitant.e.s, des paysann.e.s, des militant.e.s, des familles et des soutiens internationaux, ont participé à la manifestation de réoccupation de la forêt de Mandres-en-Barrois. Ce bois tricentenaire, ayant déjà subi les dégâts causés par les premiers travaux illégaux de l’ ANDRA, est voué à disparaître pour laisser place au projet insensé d’enfouissement des déchets nucléaire CIGEO.

Ce cortège d’au moins 400 personnes, unies par le désir de défendre ce bois et d’empêcher la poursuite de ce projet et de ces travaux illégaux, a convergé vers la forêt. Cette manifestation joyeuse et déterminée s’est achevée par un grand repas et par une nuit au sein du bois Lejuc.

Au lendemain de cet événement, les équipes médicale et juridique du mouvement, ayant pris en charge les personnes blessées et recueilli de nombreux témoignages, en tirent un constat alarmant.

Tout au long de la journée du 16 juillet, les participant.e.s ont rapporté les innombrables agressions commises par le service de sécurité privé de l’ANDRA.

Equipés de boucliers transparents, de casques, de matraques, de sprays lacrymogènes, de manches de pioches et de frondes, ces soi-disant « vigiles » chargés de la sécurisation du site se sont en réalité constitués en une véritable milice mobile, allant au contact et pourchassant dans les champs et dans les bois les manifestant.e.s pour les passer à tabac et voler leurs affaires.

Les personnes agressées ont été molestées à coups de bâtons et de matraques, de coups de pieds et de poings, ont reçu des jets de pierre, ont été gazées directement dans le visage et, pour certaines d’entre elles, se sont fait enfoncer la tête dans le sol, taper sur le crâne et rouer de coups.

Suite à ces faits, l’équipe médicale fait état d’au moins 5 personnes blessé.e.s, présentant des traumatismes et blessures ouvertes à la tête, ainsi que de multiples blessures au dos et aux membres. Une de ces personnes a perdu connaissance pendant quelques instants. De nombreuses personnes sont en état de choc suite à ces violences.

En outre, 3 manifestants ont été blessés par des tirs de flashball et de grenades de désencerclement effectués par les gardes mobiles. Ils présentent diverses lésions aux jambes et au bras. Plusieurs participant.e.s témoignent également de jets de pierre non seulement par les vigiles mais aussi par les gendarmes.

En effet, ces derniers ont constamment entretenu un rapport ambivalent concernant les actes de la milice de l’ANDRA. Comptant sur ces mercenaires pour faire le « sale boulot », les forces de gendarmerie se sont à plusieurs reprises retirées afin de laisser les groupes de vigiles agir librement puis sont intervenues pour arrêter des manifestant.e.s agressé.e.s. Quatre participant.e.s ont été placé.e.s en garde-à-vue.

Par ce communiqué, nous tenons à dénoncer le caractère insupportable des ces violences graves infligées par la milice privée de l’ANDRA et de la connivence à peine cachée de ces dernières avec les forces de gendarmerie. Nous condamnons la présence de groupes armés et violents distillant un tel climat de terreur pour le compte de l’ANDRA.

Cependant, hier soir l’occupation se maintenait! Voici le fil d’info de la journée d’hier.

Dimanche 17 juillet

7h : dans le bois, la nuit a été calme et les occupant.e.s n’ont été réveillé.e.s que par le chant des oiseaux !
8h50 : la milice de l’Andra est de retour. 20 vigiles se mettent en position près de la barricade sud.
9h25 : une dizaine de fourgons de gendarmes mobiles et deux voitures de polices viennent d’être vues à Joinville, roulant en direction de Bure.
9h45 : 5 fourgons et une voiture de police ont dépassé Saudron.
Des soutiens sont partis devant les gendarmeries où sont les personnes actuellement en cours d’audition. Appel à faire entendre notre soutien aux camarades à l’intérieur => gendarmeries de Bar-le-Duc (1 gardé à vue), Commercy (2 gardés à vue) ; ces trois personnes sont entendues actuellement ! À Void-Vacon, la personne a déjà été entendue.
10h30 : les gardes mobiles sont arrivés sur le site et se déploient, notamment vers la barricade sud.
15h38 : assaut éclair, puis repli des flics, au niveau de la barricade sud. Des vigiles parcourent le bois.
16h20 : nouvelle charge.
16h30 : il semble que les gardes mobiles soient en train de tester la résistance des occupant.e.s du bois. Envoi massif de gaz lacrymogènes.
17h15 : tentative d’expulsion. Une pelleteuse défonce les barricades, mais elles seront reconstruites à nouveau plus loin.
21h15 : la forêt est toujours occupée.

Pour ceux et celles voulant participer au mouvement, cela se passe par là ; nous tiendrons bien sûr au courant de l’évolution de la lutte.

Le projet Cigéo enclenché, rassemblement à Bure le 16 juillet 2016

Ce lundi, le parlement a adopté une loi visant à l’établissement à Bure de 100 000 m3 de déchets nucléaires sous la terre…

Voici le communiqué de Sortir du nucléaire, suivi de l’appel à un rassemblement.

Loi Longuet : une poignée de députés se prononce sur un projet multimillénaire dans l’indifférence générale

Communiqué du 12 juillet 2016

Alors que la gestion des déchets radioactifs est un sujet grave, qui engage la France pour des millénaires, vingt députés à peine se sont retrouvés hier à l’Assemblée Nationale pour trancher sur la proposition de loi Longuet. Les partisans de CIGÉO de droite comme de gauche (à identifier sur le site de l’Assemblée Nationale) ont refusé tous les amendements, afin d’accélérer l’adoption de la loi et d’éviter une nouvelle lecture

Que retenir du contexte dans lequel s’inscrit ce vote crucial ? Un lendemain de finale de coupe d’Euro et veille de jour de fête nationale, en plein mois de juillet dans un hémicycle vide, marqué par un rapporteur incarnant pleinement le conflit d’intérêt (car également président du Conseil d’administration de l’Andra !) et l’absence de la ministre concernée, mieux occupée à faire des selfies avec les footballeurs de l’équipe de France.

Cette poignée de députés vient donc de donner son aval à un projet démesuré, comportant 300 km de galeries, des installations de stockage en surface aussi vastes que La Hague, qui nécessitera la construction de nouvelles lignes haute tension et de postes de transformation et d’une ligne ferroviaire pour acheminer deux convois de déchets radioactifs par semaine pendant un siècle.

La « phase pilote » avalisée par le texte constitue la première étape industrielle de la construction de CIGÉO, et non une phase d’expérimentation comme cela a été présenté au Parlement. Elle représente à elle seule l’ensemble des installations de surface, de transport, réception et conditionnement des « colis » de déchets, ainsi que les premiers 40 premiers kilomètres de galeries. Son coût s’élève à 5,7 milliards d’euros. Cette somme est à comparer aux 5 milliards d’euros provisionnés à ce jour pour la totalité du projet CIGÉO, à savoir, sur 130 ans, au bas mot, 34,5 milliards d’euros selon l’Agence pour la gestion des déchets radioactifs.

Les risques insolubles du projet (explosion d’hydrogène, incendie souterrain, contamination des nappes phréatiques) ont été balayés par les députés et le gouvernement. Quant à la »réversibilité » du stockage mise en avant par les partisans de CIGÉO, elle n’est qu’un leurre. En cas d’accident, il sera en réalité impossible de récupérer les déchets à 500 mètres sous terre, dans des conditions d’irradiation extrême.

Le Réseau « Sortir du nucléaire » dénonce ce simulacre de démocratie et appelle à amplifier la résistance contre ce projet dangereux et insensé, notamment en rejoignant le rassemblement prévu samedi 16 juillet et tout le week-end à Bure pour défendre le bois Lejuc, où l’Andra a déjà commencé des travaux.

Voici le texte de l’appel pour le rassemblement :

Samedi 16 Juillet, on reprend la forêt !

Ils ont donc envoyé les casqués par dizaines. On les a vu poindre à l’horizon peu avant six heures du matin, jeudi 7 juillet. Les casqués, les fourgons, les tracteurs, les bulldozers, les poids-lourds, les hélicoptères. Ô sinistre parade venue nous déloger !

Depuis le 19 juin, collectifs, associations, habitant.e.s en résistance, paysan.e.s vivaient dans et avec la forêt libérée de Mandres-en-Barrois en construisant des cabanes là où l’ANDRA a déboisé.

À l’heure où les nucléocrates tentent de légaliser le cimetière atomique à l’Assemblée Nationale, nous, nous avons occupé joyeusement la plateforme de Cigéo, symbole du début des travaux.

Ce front contre l’empire nucléaire, brèche fragile, a été ouvert et tenu de diverses manières : sabotages, pique-nique, occupation, actions juridiques et le ralliement de plus d’une soixantaine d’associations. Tout ceci a enrayé la machine de l’ANDRA jusqu’à la pousser à employer la force.

Cette expulsion ne signe en rien une défaite. Elle renforce plutôt notre colère, notre rage et notre détermination. Il est hors de question de leur laisser ce bois. Que les flics y traînent leurs sales bottes à longueur de journée, que les mercenaires de l’ANDRA reprennent leurs rondes, qu’ils redémarrent leurs travaux insupportables.

Le week-end du 16 et 17 juillet 2016, nous avions convoqué, sous les charmes et les hêtres du bois, des « Barricades antinucléaires mondiales et improvisées ».

Il est urgent d’être ambitieux.ses et réalistes comme nous avons su l’être jusqu’ici. Ces rencontres auront donc lieu. Et elles auront lieu DANS LA FORÊT !

Après le 14 juillet, les seuls et uniques feux d’artifice qui jailliront seront ceux que nous tirerons contre l’Andra et son monde ! Une fois encore, notre seule limite c’est le nombre. Rejoignez-nous !
ON NE NOUS ATOMISERA JAMAIS !
ANDRA, DÉGAGE !
RÉSISTANCE ET AFFOUAGES !
#ÉTÉDURGENCE

Le président de l’Andra comme rapporteur de la proposition de loi du projet Cigéo

Voici une information importante, montrant la nature bien peu démocratique des institutions.

On a le projet Cigéo, qui doit accueillir à Bure les déchets les plus radioactifs à 500 mètres sous terre, formant « une installation de stockage réversible en couche géologique profonde des déchets radioactifs de haute et moyenne activité à vie longue ».

Le Sénat a accepté le projet et voilà qu’il va passer en accéléré devant l’assemblée nationale, porté par… pas moins que le président de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) lui-même !

Scandale : le président de l’Andra nommé rapporteur de la proposition de loi pour accélérer son propre projet CIGEO/BURE !

Le Réseau « Sortir du nucléaire », la Coordination Burestop [c’est-à-dire Burestop 55, Bure Zone Libre, Habitants Vigilants de Gondrecourt-le-Château, Meuse Nature Environnement, Fédération Mirabel Lorraine Environnement], les Amis de la Terre France dénoncent un conflit d’intérêt flagrant dans une lettre ouverte à M. le député Christophe Bouillon, président de l’ANDRA et rapporteur de la proposition de loi CIGEO et à M. Chanteguet, président de la Commission du développement durable de l’Assemblée Nationale.

Nos associations appellent les députés à refuser ce passage en force et à se prononcer contre le texte de loi proposé..

Le gouvernement veut accélérer la cadence en inscrivant en session extraordinaire cette proposition de loi qui sera examinée en séance publique le 11 juillet 2016 à partir de 16h.

Par le biais d’une incroyable « coïncidence », c’est le député Christophe Bouillon, Président du Conseil d’administration de l’Andra qui a été nommé le 15 juin 2016 rapporteur pour l’Assemblée Nationale.

Une manœuvre que même le sénateur Michel Raison, rapporteur sur cette proposition de loi au Sénat et membre du CLIS [Comité Local d’Information et de Suivi] de Bure, semblait ignorer jusqu’à récemment et qui a fortement interpellé le conseil d’administration du CLIS ce lundi 20 juin.

Au cours de ce conseil d’administration, des opposants siégeant au comité lui ont vivement reproché son rapport partiel et partial, tronqué d’informations essentielles.

M. Raison avait mené tambour battant des consultations éclair et un semblant de débat – ne reprenant aucun des éléments transmis par les associations ou présenté par un expert indépendant – pour faire voter la loi relative à la réversibilité de CIGEO à la quasi majorité des sénateurs le 17 mai dernier.

Les associations interpellent la Commission de développement durable par un courrier afin de pointer l’irresponsabilité totale d’une telle manipulation, dans un dossier marqué depuis plus de 20 ans par la prédominance des intérêts économiques et financiers et… le mépris total des risques et des principes démocratiques élémentaires.

Des signaux forts attestent de l’opposition large à la méga-poubelle nucléaire.

Depuis le 15 juin, des habitants locaux et des militants occupent la forêt de Mandres-en-Barrois (à quelques kms de Bure) que l’Andra a annexée pour y opérer des travaux – jugés illégaux par nos associations – préparatoires à l’une des deux zones importantes du projet CIGEO (zone des puits d’accès et de rejet de l’hydrogène du stockage souterrain)

. La mobilisation ne fait que commencer et devrait s’amplifier compte-tenu de la détermination des occupants à défendre leur forêt.

Face à l’accélération éhontée de l’implantation de la méga-poubelle nucléaire, alors même que tous les indicateurs montrent que l’ANDRA ne sait pas répondre techniquement aux questions essentielles, le Réseau « Sortir du nucléaire » et la Coordination Burestop et les Amis de la Terre France appellent à soutenir et à amplifier la résistance à CIGEO dès maintenant et dans les semaines et mois à venir.

L’Été d’Urgence est décrété !

« Sauvons la forêt, bloquons Cigéo »

Dans le cadre de la lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaires à Bure, des rassemblements ont lieu de manière régulière et le prochain se déroulera, sous la forme d’un pique-nique et d’une balade, le dimanche 19 juin 2016 à 11h dans le village de Mandres-en-Barrois.

Voici l’appel, lancé justement lors d’une marche précédente.

Communiqué des habitants, soutiens et collectifs en colère contre CIGEO et la destruction du territoire par l’ANDRA – 9 juin 2016

Projet de méga-poubelle Cigéo/BURE : blocage contre la déforestation sauvage imposée par l’ANDRA

Ce jeudi 9 juin 2016 de 6h à 10h du matin, une soixantaine de personnes se sont réunies sur les routes d’accès au bois communal de Mandres-en-Barrois, dit « Bois Lejuc », pour ralentir et bloquer les travaux débutés par l’ANDRA depuis mai 2016.

Munis de banderoles, de pelles, de pioches et en combinaisons blanches, ils ont fait face à de nombreux gendarmes mobiles et vigiles de l’ANDRA, qui avaient bouclé toutes les voies menant aux zones de travaux. Ils ont réussi à accéder à une première parcelle récemment coupée à blanc, puis à une large plate-forme sécurisée, qui crée beaucoup d’interrogations quant à sa finalité et à sa légalité.

Installation de barricades, tranchées pour ralentir les engins de chantier, conférence gesticulée par de vrais faux experts en nucléaire face aux policiers…. se sont déroulées dans une ambiance joyeuse et déterminée.

La présence supplémentaire d’un hélicoptère de surveillance témoigne bien de l’importance de l’enjeu qui se joue autour de cette zone stratégique, alors que l’ANDRA n’a toujours pas déposé sa demande d’autorisation de construction du centre Cigéo.

Mandres – Les habitants résistent au rouleau compresseur de l’ANDRA

Ce bois de plus de 200 ha intéresse l’ANDRA. Elle le raserait pour y construire sur près de 300 ha des infrastructures cruciales telles : puits d’accès aux installations souterraines, zones de ventilations pour les rejets radioactifs ou encore les zones de verses issues du creusement de 300 km de galeries.

Elle a accaparé cette forêt en juillet 2015 via une délibération litigieuse du conseil municipal de Mandres. En janvier 2013, lors d’une consultation publique, les habitants avaient pourtant majoritairement refusé un premier projet d’échange pour un bois mitoyen.

Depuis l’été 2015 les habitants et leurs soutiens se sont organisés pour récupérer la forêt. Des réunions publiques d’information ont été tenues. Un recours gracieux demandant l’annulation de la délibération, signé par 31 habitants a été envoyé au maire et au préfet de la Meuse. Constatant leur surdité, des habitants ont porté l’affaire au tribunal administratif depuis décembre 2015.

Malgré tout l’ANDRA continue sa politique du rouleau compresseur. En mai dernier, elle a rasé une première parcelle de la forêt pour y construire une plate-forme grillagée où sont installés engins de chantier, foreuses, bungalows, véhicules, le tout protégé par des grilles, des barbelés et des vigiles. Elle a commencé des coupes rases sur une nouvelle parcelle à l’entrée.

D’ici moins de deux mois, l’agence souhaite grillager tout le bois. Les travaux de coupe actuels, sans information, préfigurent de l’avenir si on laisse faire. L’ANDRA compte en faire bientôt une zone interdite et inapprochable.

Sauvons la forêt, bloquons Cigéo

Les gens s’y promènent, y chassent, y font des affouages pour le bois de chauffe, cueillent, flânent… elle fait partie de la vie quotidienne.

Nous bloquons ces travaux car nous refusons que notre territoire devienne un désert nucléaire au service d’une agence qui répand aujourd’hui ses largesses financières et demain ses pollutions mortelles.

Nous bloquons ces travaux car l’ANDRA est illégitime : elle se comporte en propriétaire alors qu’un recours juridique est en cours depuis plusieurs mois.

Nous bloquons ces travaux car l’ANDRA est illégale : le projet CIGEO n’a aucune existence juridique, ni déclaration d’autorisation de chantier, ni déclaration d’utilité publique. Et les deux défrichements entamés ne sont probablement pas conformes au plan de gestion prévu par l’ONF que l’agence s’est engagée à respecter tant que le projet n’était pas autorisé.

Nous appelons d’ores et déjà à un large rassemblement pique-nique et balade dimanche 19 juin 2016 à 11h dans le village de Mandres-en-Barrois pour continuer d’ancrer notre résistance Contre le projet de méga-poubelle nucléaire, la résistance sort du bois !

Contact mail : sauvonslaforet@riseup.net / Tel info : 07 58 65 48 89

« 200 000 pas à Bure »

Un rassemblement anti-nucléaire a lieu ce 5 juin à Bure (en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine)… voici la présentation.

Pourquoi aller marcher à Bure ?

Parce que le projet d’enfouir 100 000 m3 de déchets nucléaires les plus dangereux à Bure (Meuse/Haute-Marne) se prépare contre l’avis de milliers de personnes, les associations et collectifs opposés au centre de stockage Cigéo* organisent cette nouvelle journée de mobilisation : 200 000 Pas à Bure.

Après de nombreuses tentatives dans d’autres départements, le projet d’enfouissement des déchets nucléaires voit le jour en 1994 à Bure (Meuse, limite Haute-Marne), une région qui compte 6 habitants au km².

Cigéo, ce seraient 30 km2 d’installations en surface et environ 300 km de galeries souterraines bourrées d’un cocktail radioactif explosif, composé des déchets hautement et moyennement radioactifs à vie longue, principalement issus de l’industrie nucléaire et dangereux pour plusieurs centaines de milliers d’années.

Il n’y a actuellement pas de déchets radioactifs sur place, juste un « laboratoire de recherche » de l’Andra** à 500m sous terre depuis 2001. Mais les travaux de confiscation du territoire sont de plus en plus effectifs.

Les préparatifs vont bon train, l’argent coule à flot et la mascarade démocratique se poursuit. C’est en 2018 que la demande d’autorisation de construction du véritable centre de stockage serait déposée… si on laisse faire.

Alors que l’Andra n’a pas encore déposé son dossier d’autorisation de construire, elle a lancé de gros travaux préparatoires autour de BURE, en septembre 2015. Eté 2015, l’exploitation de terres agricoles a été retirée.

Si Cigéo est autorisé en 2018, une nouvelle voie ferrée serait construite, de Gondrecourt-le- Chateau à Saudron/Bure, là où une gare serait installée. Cela signifierait deux transports de déchets atomiques par semaine pendant 130 ans au moins, qui traverseraient le pays, nos petits villes régionales, les villages meusiens et nos campagnes. Avec tous les risques insensés et certains qu’ils représentent.

Plus de 300 ha seraient consacrés à ce terminal ferroviaire, aux zones de réception et de stockage temporaire des colis de déchets. Autrement dit, une véritable poubelle atomique en plein air, dans les champs, complémentaire du centre d’enfouissement à moins 500m.

Les « 200 000 Pas à Bure » invitent les Meusiens et les Haut-Marnais, ainsi que tous les habitants de ce pays et plus encore, à venir marcher le long des anciennes voies ferrées, qui seraient remises en état.

A trois ans du feu vert -ou non- à l’enfouissement, envoyons un message fort et inchangé aux pouvoirs publics : NON à Cigéo/BURE !

Cigéo, projet à très hauts risques environnementaux et économiques reste la lubie d’une poignée de décideurs et condamnerait non seulement tout un territoire, mais aussi notre avenir collectif, pour au moins… 100.000 ans.

Organisateurs : Les Habitants vigilants de Gondrecourt le Château, EODRA (collectif des élus), CEDRA 52, BureStop 55 et Bure Zone Libre, avec le soutien du réseau Sortir du nucléaire (Contacts)
Pour plus d’infos sur l’opposition à l’enfouissement, par ici.

* Centre industriel géologique
** Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs

Tchernobyl, il y a trente ans

On célébrait hier le triste trentième anniversaire de Tchernobyl. Sortir du nucléaire a publié un compte-rendu de la situation qui présente la catastrophe et ses suites. Nous conseillons particulièrement la vidéo du journal télévisé de l’époque, qui explique par le « miracle » de la météo que seule la France serait épargnée !

30 ans plus tard, la situation à Tchernobyl n’est toujours pas sous contrôle

L’Ukraine, le Bélarus mais aussi une grande partie de l’Europe ont été marqués par une catastrophe nucléaire en cours depuis 30 ans. Scandales sanitaires, mensonges et dénis, milieu naturel atteint, réacteur toujours menaçant : à l’occasion de ce triste 30è anniversaire de l’accident, retrouvez ci-dessous quelques rappels sur l’étendue d’un désastre.

26 avril 1986 : le début de la catastrophe

Le 26 avril 1986, le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl (Ukraine) explose en projetant dans l’atmosphère des quantités considérables de radioéléments. La première vague d’évacuation ne commencera que le lendemain ; une zone d’exclusion de 30 km de rayon sera ensuite définie.

Pendant des mois, pompiers puis « liquidateurs » – de 600 000 à 900 000 personnes, essentiellement des jeunes appelés recrutés sur tous le territoire de l’URSS – se relaient dans des conditions sanitaires catastrophiques pour éteindre l’incendie, puis pour tenter à tout prix d’étouffer la fusion du cœur du réacteur. Comme celui-ci menace de s’enfoncer dans le sol, un tunnel de 167 mètres de long est creusé sous le réacteur pour y construire une dalle de béton. Une deuxième explosion catastrophique aura été évitée, mais au prix de l’irradiation de centaines de milliers de personnes.

Les radionucléides mortifères projetés par l’explosion ont touché principalement le Bélarus, l’Ukraine et l’Ouest de la Russie, mais se sont également dispersés, pour 53%, sur une grande partie de l’Europe. Des concentrations élevées se déposent notamment en Allemagne, en Autriche, en Suède et en Finlande [1]. La France n’est pas épargnée : les Alpes, la Corse et l’Alsace seront les régions les plus touchées.
30 ans de désinformation

Très vite, l’appareil de désinformation officiel se met en place en Ukraine, mais aussi en Europe. En France, le Professeur Pellerin, directeur du Service Central de Protection contre les Rayonnements Ionisants (SCPRI), intervient à de nombreuses reprises pour minimiser la menace sanitaire.

Aucune distribution de pastilles d’iode n’aura lieu, et – contrairement à ce qui s’est passé chez nos voisins européens – aucune consigne concernant les aliments contaminés ne sera donnée. Le même Pierre Pellerin fera partie du petit cénacle d’experts internationaux qui s’accorderont sur le nombre de morts de Tchernobyl à communiquer officiellement [2]. Attaqué par l’Association Française des Malades de la Thyroïde, il bénéficiera d’un non-lieu en septembre 2011 et décèdera en 2013, blanchi par la justice.

Pourtant, il existe de lourdes preuves du passage du nuage de Tchernobyl en France et du fait que les autorités en étaient averties. Avant d’être brusquement dessaisie du dossier en mars 2011, la juge d’instruction Marie-Odile Bertella-Geffroy a rassemblé de nombreux éléments accablants lors de perquisitions, notamment dans plusieurs ministères.

Quand la météo d’Antenne 2 affirmait que le nuage de Tchernobyl s’était fait refouler à la frontière française (JT Antenne 2 du 30/04/2016)

De nombreuses études ont tenté de mettre à jour les impacts réels de la catastrophe de Tchernobyl. Mais toutes, ou presque, ont finalement été enterrées par les autorités. En juillet 2013, pourtant, est sortie une étude épidémiologique indépendante menée par l’équipe du Pr Cremonesi, mettant en évidence la forte augmentation des maladies thyroïdiennes en Corse suite à l’accident.

Plus d’informations : http://www.sortirdunucleaire.org/Tchernobyl-retombees-France

La vie durablement contaminée

Dans les zones les plus contaminées, la catastrophe sanitaire n’a pas fini de sévir. Parmi les 600 000 à 900 000 liquidateurs, un grand nombre sont décédés ou tombés rapidement malades des suites de leur irradiation.

Plus de 3,5 millions de personnes vivent toujours dans des zones contaminées [3] en Ukraine, 2 millions au Bélarus et 2,7 en Russie. Certains radioéléments projetés en masse lors de l’explosion, toujours présents dans les sols, sont entrés dans la chaîne alimentaire, comme le césium-137 et le strontium-90, dont les effets nocifs ne prendront fin que d’ici trois siècles.

L’accumulation du césium-137 dans l’organisme va de pair avec une augmentation spectaculaire du taux de cancers et de pathologies cardiovasculaires, en particulier chez les enfants, mais atteint aussi l’ensemble des systèmes des organes vitaux.

Elle provoque également des malformations congénitales, cancers et leucémies, maladies neuropsychiques, endocriniennes, ophtalmologiques, infectieuses ou auto-immunes, augmentation de la mortalité périnatale.

La désinformation est toujours à l’œuvre concernant les impacts sanitaires réels de Tchernobyl. Devant l’élévation du taux de malformations congénitales (passé entre 2000 et 2009 de 3,5 pour 1000 à 5,5 pour 1000), la réponse du ministère de la Santé du Bélarus fut de fermer l’unique Institut de recherche sur les maladies héréditaires et congénitales [4], ainsi que l’Institut de radio-pathologie de Gomel.

En 2005, le « Forum Tchernobyl », réuni à Vienne sous l’égide de l’AIEA, avait affirmé qu’à long terme, le nombre de décès attribuables à Tchernobyl atteindrait un maximum de 4000 victimes. L’augmentation des pathologies et la dégradation de l’état de santé des populations y sont mises sur le compte du stress, de l’alcoolisme, de la « radiophobie » et de la détérioration des conditions économiques et sociales dans les régions concernées.

Pourtant, les recherches menées par des scientifiques indépendants mettent au jour des chiffres autrement plus élevés. Selon une étude de trois éminents scientifiques russe et biélorusses, publiée dans les annales de l’Académie des Sciences de New-York en 2011, la catastrophe et ses suites seraient responsables de 985 000 morts prématurées entre 1986 et 2004 [5].

Par ailleurs, depuis plusieurs années, d’étranges « ONG » comme le CEPN [6] mettent en place des programmes destinés à prouver que l’on peut vivre en zone contaminée. Ainsi, le programme « ETHOS », en vigueur à Tchernobyl, est maintenant exporté… à Fukushima, pour appuyer le retour de populations dans des régions où la radioactivité ambiante devrait pourtant interdire tout séjour prolongé !

Les milieux naturels aussi sont touchés

En 2010, le reportage « Tchernobyl, une histoire naturelle » a contribué à populariser la thèse d’une nature intacte qui reprendrait ses droits. Pourtant, cette théorie va à l’encontre des observations scientifiques réalisées dans la zone contaminée (Lire l’analyse détaillée du professeur Michel Fernex : http://www.sortirdunucleaire.org/Tchernobyl-Fernex).

Après avoir mis en évidence l’existence de malformations importantes chez les hirondelles de Tchernobyl [7], Timothy Mousseau, chercheur à l’Université de Caroline du Sud a récemment découvert que la croissance des arbres pouvait aussi être affectée par les radiations [8]. Selon ce même chercheur, il apparaît également que les radiations nuisent aux micro-organismes, empêchant la décomposition des végétaux [9].

Cette accumulation de bois mort pose un nouveau risque : les incendies se déclenchent plus facilement, relâchant dans l’atmosphère une fumée chargée de radioéléments. En février 2015, une étude du Norvegian Institute for Air Research a ainsi confirmé que les feux de forêts plus fréquents contribuaient à répandre à nouveau la radioactivité [10].

Le 28 avril 2015, quasi 29 ans après l’explosion du réacteur n°4 de Tchernobyl, un important feu de forêt s’est déclenché autour de la centrale sur une surface de 10 000 hectares d’après les images satellites.

Selon les travaux d’une équipe de chercheur du Norwegian Institute for Air Research , l’effet cumulé des trois feux de forêt précédents a déjà relâché de 2 % à 8 % du seul césium 137 présent dans les sols et des particules radioactives ont été détectées jusqu’à Kiev.

La construction du nouveau sarcophage et les soins aux malades, victimes collatérales de la crise politique.

Le réacteur éventré, qui contiendrait encore 97 % des éléments radioactifs, constitue toujours une menace : le sarcophage de béton construit à la va-vite au-dessus de ses ruines se fissure déjà. En 2013, une partie du toit s’est déjà effondré [11].

La construction d’une arche métallique géante de 92 mètres de haut et 245 mètres de long destinée à recouvrir le réacteur, a donc commencé en 2010. Ce chantier pharaonique, mené par un consortium formé de Vinci et Bouygues, est censé coûter plus de 2 milliards d’euros.

L’Ukraine ne pouvant y contribuer qu’à hauteur de 8 %, le reste devait être financé par la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement et le reste de la communauté internationale. En raison de manque de fonds, les travaux ont été retardés et la fin est annoncée au mieux pour novembre 2017, au lieu de 2015.

Les assemblages destinés au dôme viennent à peine d’être terminés en novembre 2015 mais le recouvrement à proprement dit des ruines de Tchernobyl ne devrait pas avoir lieu avant novembre 2016.

Ce cache-misère n’est en rien une solution pérenne pour la mise en route du démantèlement de la centrale et il a seulement pour but de confiner les projections d’éléments radioactifs lors d’un chantier qui devrait s’étaler sur plusieurs décennies.

La crise politique et le spectre d’opérations militaires ont également de lourdes conséquences humanitaires. Selon l’ONG autrichienne Global 2000, l’État ukrainien n’est plus à même de financer un système de santé déjà faible et certaines thérapies contre le cancer destinées aux enfants ne sont plus disponibles dans le nord du pays [12].

Fondé en 1990 par le Professeur Vassily Nesterenko, l’institut Belrad est considéré comme le seul organisme qui assure une radioprotection effective des populations vivant sur les territoires contaminés.

Il permet notamment aux enfants de bénéficier de soins et de mesures de la radioactivité présente dans leur corps. Confronté à des difficultés chroniques de financement, il est maintenant entièrement tributaire des fonds récoltés par des fondations et associations, en particulier l’association Enfants de Tchernobyl Belarus (Pour soutenir financièrement Belrad : http://enfants-tchernobyl-belarus.org/doku.php?id=adhesion_don). Voir une présentation de ces deux organismes en bas de l’article.

La crise politique accroît le risque nucléaire en Ukraine

Enfin, la menace d’une escalade de la violence fait réapparaître le spectre d’un nouveau désastre nucléaire en Ukraine. Le pays compte encore de nombreuses centrales en activité, dont celle de Zaporizhzhya, qui compte six réacteurs. En cas d’opération militaire, comment assurer la sécurité de ces sites ? Même s’ils sont arrêtés, comment garantir qu’ils restent approvisionnés en électricité pour que le refroidissement puisse se poursuivre [13] ?

En novembre 2015, la crainte de la survenue de ce type d’événements se confirme lors de la destruction de pylônes à haute tension par un groupuscule nationaliste ukrainien en Crimée. Cet attentat provoque alors un black-out pour près de 2,5 millions de personnes mais aussi une rupture d’alimentation pour 2 centrales nucléaires dont la centrale de Zaporizhia qui sera alors arrêtée d’urgence.

30 ans après l’explosion du réacteur, la catastrophe est toujours là, et pour longtemps. Au nom de toutes les victimes passées, présentes et à venir, nous devons absolument rappeler sa terrible actualité. Et tout faire pour empêcher un nouvel accident.

Nous avons ici beaucoup développé la situation en Ukraine, mais le Bélarus est le pays qui a été le plus largement touché. Pour en savoir plus et apporter une aide aux victimes, plus d’informations ici : http://enfants-tchernobyl-belarus.org/doku.php

Voir aussi le site de la CRIIRAD pour plus d’informations techniques : http://www.criirad.org/actualites/tchernobylfrancbelarus/conclusionsonu_aieasept05/sommaireconclusiononu.html

État de fiabilité « inacceptable » des diesels de secours des centrales nucléaires

L’information révélée au sujet de la fiabilité des diesels de secours des centrales nucléaires fait froid dans le dos. Pas seulement de par la remise en question, justement, de leur fiabilité, mais parce que si une telle chose est possible, c’est qu’à l’arrière-plan, la sécurisation complète et absolue du parc nucléaire se révèle être une supercherie…

C’est le Journal de l’énergie qui a révélé le problème, en expliquant notamment :

Entre juillet 2012 et décembre 2014, EDF a jugé « dégradé » l’état de ses diesels de secours. L’évaluation négative de la fiabilité des diesels repose sur plusieurs centaines de bilans effectués sur les systèmes de secours des réacteurs.

Dans trois documents internes inédits publiés aujourd’hui par le Journal de l’énergie, EDF donne à voir une réalité différente de celle qu’il propose aux Français sur la sûreté des réacteurs français.

A des degrés divers, la très grande majorité des groupes électrogènes des réacteurs nucléaires posaient problème à cette période. Six cents anomalies « actives » étaient signalées sur les diesels de secours en mai 2014 et 458 en mars 2015.

Exemples d’anomalies « actives » : « De nombreux suintements ou fuites d’huile, d’air ou de carburant sur les circuits auxiliaires des Groupes Électrogènes dégradent la fiabilité d’ensemble », indiquent les bilans mi-2012-2013 et 2014 d’EDF. Ces bilans précisent aussi que la majorité des incidents de sûreté sur les diesels « a pour origine des causes de Facteur Humain ». C’est-à-dire qu’ils découlent d’erreurs humaines. (…)

EDF présente le bilan 2014 de « l’état de santé » des groupes électrogènes (dénommés LHG, LHH, LHP, LHQ) de chaque réacteur français (« une tranche », dans le jargon d’EDF) dans un tableau intitulé « Evaluation de la fiabilité des systèmes ».

L’évaluation des deux diesels de secours de chaque réacteur est classée selon son état de santé : « État correct » en vert, « État à surveiller » en blanc, « État dégradé » en jaune et « État inacceptable » en rouge. Les bilans sont répartis sur les quatre trimestres de l’année 2014.

Les cases vides indiquent les diesels pour lesquels il n’y a pas eu de bilan dans l’année.

Dans chaque case une note déterminée par de nombreux paramètres est attribuée aux systèmes de secours des réacteurs. Parmi ces paramètres : l’état des moteurs, la vétusté des pièces, l’historique des pannes, les anomalies non résolues et la disponibilité des diesels. (…)

Le classement d’EDF est édifiant. Aucun bilan effectué sur les diesels de secours en 2014 des réacteurs français n’est classé en « État correct ». Tous les bilans des diesels de secours posaient problème en 2014.

Ces systèmes de secours sont tous classés : « État à surveiller », « État dégradé » et « État inacceptable ». L’évaluation globale des groupes électrogènes de secours basée sur la moyenne de 205 bilans réalisés en 2014 est mauvaise. « L’état de ces systèmes sur le parc [nucléaire, ndlr] est donc « dégradé » », indique le document d’EDF.

La majorité des bilans des diesels sont soit classés en « État dégradé » (43,9 %), soit en « État inacceptable » (13,2 %). Dans la synthèse du document, EDF en déduit pourtant que « la fiabilité globale de ces systèmes est considérée à l’état « à surveiller ». (…)

Si les deux diesels de secours de chaque réacteur venaient à tomber en panne, un groupe électrogène diesel « d’ultime secours » ou une turbine à combustion (selon le site) est à la disposition de tous les réacteurs de la centrale. Mais ces « secours des secours » rencontrent également des problèmes importants de fiabilité.

Dans une note interne d’EDF intitulée « AP 913 – BILAN SYSTEME LHT 2014 » datée de juillet 2014, EDF fait le bilan de ces matériels sur les années 2012 et 2013.

Les bilans des groupes électrogènes « d’ultime secours » sont majoritairement classés par EDF dans « État à surveiller » (48,7 %) et « État dégradé » (40,5 %). Seuls 2,7 % des bilans sont classés dans « État correct ». « L’état du système sur le parc [nucléaire, ndlr] est donc « à surveiller », indique le bilan des diesels « d’ultime secours ».

Les bilans des turbines à combustion sont encore moins bons. Le plus grand nombre est classé dans « État dégradé » (45,6 %) et « État inacceptable » (21,6 %). 3,5 % des bilans atteignent l’« État correct ».

Voici ce que dit notamment Sortir du nucléaire à ce sujet :

Parmi les centrales les plus touchées, tous les générateurs de secours de Paluel (Seine-Maritime) présentaient pendant plusieurs trimestres un état de fiabilité « inacceptable », ainsi qu’une partie de ceux de Flamanville (Manche) et de Gravelines (Nord). Au dernier trimestre 2014, les diesels du réacteur 1 de Fessenheim étaient également dans un état de fiabilité « inacceptable ».

Ce constat est grave : ce sont ces générateurs qui, en cas de défaut d’alimentation électrique (en cas d’accident, séisme, mise à mal du réseau électrique…) sont censés fournir le courant nécessaire pour, pendant 15 jours, assurer les fonctions vitales de la centrale, dont le refroidissement du combustible nucléaire. À Fukushima, ces diesels avaient étés noyés et la fusion du coeur s’en était suivie en quelques heures.

Le gouvernement doit cesser de cautionner le comportement irresponsable d’EDF !

Il apparaît dans ces documents que la dégradation de ces moteurs diesels résulte de nombreux facteurs : vieillissement et obsolescence accélérée – un fait sur lequel le Réseau « Sortir du nucléaire » avait déjà alerté en 2011 – mais aussi erreurs humaines et maintenance insuffisante.

Pour réduire son manque à gagner lié aux arrêts de réacteurs pour maintenance, EDF aurait donc fait des impasses sur l’entretien d’équipements de sûreté indispensables ?

Que penser des dispositifs post-Fukushima tant vantés par EDF si l’entreprise ne peut même pas compter sur la disponibilité de ses équipements de secours les plus importants ? Il est dans tous les cas irresponsable qu’EDF prétende allonger la durée de fonctionnement de ses centrales alors qu’elle est déjà incapable d’assurer le bon fonctionnement de ces diesels.

Pourquoi faut-il attendre une fuite dans la presse pour que ces informations soient connues ? Quant à l’Autorité de sûreté nucléaire, pourquoi n’est-elle pas informée de ces données et pourquoi n’intervient-elle pas ? Devant une telle situation d’insécurité, l’ASN doit exiger d’EDF la mise à l’arrêt immédiat de tous les réacteurs aux systèmes de secours défaillants.

Le Réseau « Sortir du nucléaire », qui étudie la possibilité d’action en justice, interpelle Ségolène Royal. Il est inacceptable que se poursuive la complaisance envers une entreprise qui met en danger les Français et dissimule de telles informations sur l’état de dégradation de ses équipements.

Cet exemple de dégradation des installations conforte la nécessité de l’arrêt des réacteurs vieillissants, à commencer par ceux qui ont dépassé leur durée de fonctionnement initialement assignée.

Il y a 5 ans, Fukushima…

A l’occasion du triste anniversaire de Fukushima, le réseau Sortir du nucléaire a fourni une petite présentation des événements, dont en voici l’ extrait :

Nous commémorons ce 11 mars 2016 les 5 ans du début de la catastrophe de Fukushima. Si les médias ont quelque peu déserté le suivi au quotidien de celle-ci et que le gouvernement japonais a autorisé la relance de plusieurs réacteurs nucléaires au Japon, malgré l’opposition de sa population, il est pourtant fondamental de rappeler que la situation n’est en aucun cas sous contrôle et que le bilan ne peut que s’alourdir au fil du temps. Retour sur les événements marquants de ces cinq dernières années, au cœur de l’enfer radioactif d’un désastre industriel, humain, économique et sanitaire.

 

Le vendredi 11 mars 2011 à 14 h 46, heure locale, un séisme de magnitude 8.9 a lieu à 130 km des côtes japonaises. C’est alors le plus fort séisme jamais mesuré à proximité de l’archipel depuis que les relevés sismiques existent.

L’onde de choc déclenche un tsunami, vague géante atteignant 30 mètres par endroits, qui frappera de plein fouet la côte est japonaise en moins d’une heure parcourant jusqu’à 10 kilomètres à l’intérieur des terres.

Les effets combinés de ce séisme et du tsunami seront la cause directe du décès de plus de 28 000 Japonais dans les jours qui suivent. Mais c’est également le point de départ de la catastrophe nucléaire de Fukushima…

La centrale de Fukushima Daiichi est composée de 6 réacteurs nucléaires à eau bouillante construits entre 1967 et 1979, exploités par la multinationale Tokyo Electric Power Company (TEPCO).

Le 11 mars 2011, les effets cumulés du séisme et du tsunami privent la centrale nucléaire de toute alimentation électrique extérieure, élément fondamental pour assurer le pompage de l’eau servant au refroidissement du combustible nucléaire et à modérer la réaction de fission dans le cœur des réacteurs.

Des groupes électrogènes de secours étaient certes prévus pour pallier la rupture de l’approvisionnement électrique nécessaire au refroidissement, malheureusement ceux-ci ont été tous mis hors d’usage par le séisme… La panique gagne l’équipe des employés de la centrale jusqu’à son directeur Masao Yoshida qui témoignera plus tard de son état d’esprit lors d’une enquête publique :

J’ai été choqué, pensant que le pire état critique était arrivé. Un accident grave pourrait se produire. Nous devions être prêts pour cela. Ne pourrions-nous pas utiliser un générateur diesel de secours ? Si nous ne pouvions pas l’utiliser, que devais-je faire ? Si nous disposions d’un condenseur de secours contenant encore de l’eau, nous pourrions refroidir les réacteurs pendant quelques heures. Ces pensées tournaient dans ma tête. [1]

Masao Yoshida – directeur de la centrale au moment du séisme

Dans les premières heures de la catastrophe, de l’eau de mer est injectée pour assurer le refroidissement ; corrosive, elle risque de rendre inutilisable les différentes soupapes et structures indispensables à la sécurité du site. Mais le combustible entame déjà sa fusion…

Ces tentatives sont insuffisantes pour refroidir suffisamment le cœur des réacteurs et la pression monte à l’intérieur des enceintes de confinement. Les opérateurs tentent de faire baisser la pression en ouvrant certaines vannes, commençant ainsi à relâcher des gaz radioactifs dans l’atmosphère (opération pendant laquelle certains employés recevront une dose de plus de 100 mSv – 5 fois la dose annuelle limite pour les travailleurs du nucléaire français).

Sans système de refroidissement, la température au cœur des réacteurs devient telle que les gaines contenant le combustible commencent à se désagréger et le combustible à fondre, formant un mélange d’éléments surchauffés jusqu’à plusieurs milliers de degrés que l’on appelle « corium ».

Dans le cœur des réacteurs, de l’hydrogène sous forme gazeuse se forme à cause de la catalyse de la vapeur d’eau par le zirconium surchauffé, matière présente dans les barres de combustible. Cette nappe de gaz se condense sous le toit du réacteur n°1, la pression étant désormais quasiment impossible à contrôler par les employés de la centrale.

La chaleur ambiante et le contact avec l’oxygène finissent par enflammer cet hydrogène, provoquant une explosion qui soufflera le toit du réacteur et une bonne partie de l’enceinte de confinement.

Entre le 12 et le 15 mars, ce scénario se répète dans les réacteurs n°3 et n°2, mais aussi par un incendie dans la piscine de stockage des combustibles usés du réacteur n°4 ; leurs enceintes, soufflées par des explosions, sont détruites.

Une épaisse fumée chargée en éléments radioactifs s’échappe alors des centrales accidentées.

De mars à août 2011, cette série de 4 catastrophes nucléaires répand 168 fois plus de césium-137 dans l’atmosphère que l’explosion de la première bombe atomique à Hiroshima en 1945 selon le quotidien Tokyo Shimbun [2].

Si les autorités de sûreté japonaise ont tenté d’atténuer la gravité de ces événements au lendemain du séisme en déclarant un accident de niveau 4 sur l’échelle INES (barème international de classification des accidents nucléaires selon leur gravité), la série d’explosions a été finalement été considérée comme un seul dramatique événement permettant de classer la catastrophe au niveau 7, le plus haut niveau de cette échelle, qui avait été atteint une seule fois à Tchernobyl en 1986.

À la suite des explosions, les employés de TEPCO cherchent à refroidir à tout prix les cœurs des combustibles en fusion ainsi que les barres de combustible usagées stockées dans les piscines.

Une seule solution pour cela, immerger en permanence ces éléments dans un courant d’eau froide afin d’éviter de nouveaux rejets de radioactivité dans l’atmosphère.

Des équipes se relaient ainsi en permanence pour arroser les cœurs des réacteurs et les piscines de combustible, mais ces opérations engendrent un autre problème insurmontable : l’eau se retrouve chargée d’éléments radioactifs, et il faut absolument éviter qu’elle se déverse dans l’océan ou qu’elle s’infiltre dans les nappes phréatiques.

Au bout de quelques semaines, un expédient de fortune est décidé, L’eau contaminée sera stockée dans des réservoirs sur place et elle sera à nouveau réutilisée pour refroidir les réacteurs endommagés.

Malheureusement, le circuit utilisé pour cette opération est tout sauf étanche, les enceintes de confinement ayant été très sérieusement détruites par les explosions, de l’eau en fuit en permanence et se répand dans l’océan Pacifique et dans le sous-sol.

Les accidents et les graves fuites sur les opérations de refroidissement se succèdent, la fuite d’eau très radioactive du mois d’avril 2011 (pendant laquelle les rejets ont atteint 20 000 fois l’autorisation de rejet annuel !), devrait à elle seule être considérée comme un accident nucléaire de niveau 5 ou 6 sur l’échelle INES !

Aujourd’hui près de 6000 personnes travaillent quotidiennement sur le chantier de décontamination de Fukushima où plus de 300 m³ d’eau sont injectés chaque jour dans les circuits de refroidissement pour rejoindre ensuite les quelque 400 000 tonnes d’eau contaminée accumulées sur le site dans de gigantesques réservoirs occupant de plus en plus d’espace… et dont on ne sait que faire !

La contamination de l’environnement marin induite par cet accident est considérée comme étant la plus grande pollution radioactive marine de l’Histoire !

Si les éléments charriés par les courants marins auraient eu par la suite tendance à se déposer sur les couches sédimentaires de par leur masse atomique conséquente, une bonne partie de ces éléments se retrouve pourtant dans tout l’écosystème marin. Le plancton à la base de l’alimentation des animaux marins a incorporé des éléments nocifs tels que le césium137 qui se retrouve ainsi dans la chaîne alimentaire.

C’est ainsi que le taux de radioactivité dans les thons péchés dans le Pacifique (poisson très prisé de la gastronomie japonaise) a augmenté significativement (avec des concentrations en radio-césium jusqu’à 10 fois plus élevées qu’avant Fukushima [3]), et les migrations des bancs de poisson ont répandu cette contamination jusqu’aux thons péchés aux abords des côtes californiennes [4].