Willy Schraen annonce la chasse au véganisme

Le principe de La Terre d’abord! est très simple : il s’agit de se soumettre et de soumettre l’humanité aux intérêts de la planète. Cette démarche a un fondement philosophique, celui de l’athéisme le plus complet, avec une pleine reconnaissance de la Nature.

Les démarches écologistes récentes ne raisonnent pas ainsi, en fait elles ne résonnent pas du tout, elles se veulent simplement pratiques. Il en va de même pour beaucoup d’initiatives se positionnant en faveur des animaux.

C’est pourtant la seule option possible, la seule qui ait du sens. Et le grand problème, c’est qu’en face, ils en sont tout à fait conscients. Il suffit de regarder les propos de Willy Schraen, le président de la Fédération nationale des chasseurs.

Il sait très bien qu’à terme la question concerne tous les aspects de la vie et la société elle-même. Alors il mobilise et pas sur n’importe quelle base : pour établir assez de forces afin d’écraser le véganisme…

Nouvelle loi sur l’entrave : menace d’une AETA à la française

La loi sur l’entrave (article 431-1 du code pénal) a été modifiée par le sénat et va retourner au parlement. Une fois validée, les conséquences juridiques seront énormes pour beaucoup d’activistes, que ceux-ci agissent légalement ou pas.

En fait, c’est même une véritable révolution juridique qui va se dérouler. Grosso modo, toute la scène allant de L214 aux antispécistes va se faire littéralement broyer par la machine répressive.

Faudra-t-il alors considérer que ces gens ont été les idiots utiles de l’exploitation animale ou bien auront fait avancer les choses tout de même, il sera toujours possible d’en discuter.

En attendant, la nouvelle loi sur l’entrave aura des conséquences littéralement immenses et le seul équivalent strict qu’on puisse trouver est la loi dite AETA aux États-Unis, qui considère comme terroriste toute entrave de l’activité d’une entreprise liée aux animaux.

Et avec avec ce passage au sénat on apprend que des alliances au plus haut niveau se font entre le président, les chasseurs, la FNSEA, la gendarmerie… Voilà ce qui devrait être la grande cible !

Il y a deux aspects aussi importants l’un que l’autre avec cette novelle loi. Le premier, c’est que cela a un impact immédiat sur des actions menées directement contre les ennemis des animaux.

Le second, c’est que cette loi aura à moyen terme un impact immense sur les actions menées indirectement contre les ennemis des animaux. Et cette notion d’indirectement est tellement malléable qu’il sera possible, rien qu’avec cette loi, d’interdire n’importe quelle structure pro-animaux de manière très facile.

Allons droit au but. La nouvelle loi sur l’entrave implique la chose suivante :

  • un an de prison et 15 000 euros d’amendes pour une entrave aux activités professionnelles (dans le commerce, l’artisanat, l’agriculture) ;
  • 6 mois de prison et 5 000 euros d’amende pour une entrave aux activités relevant du sport ou des loisirs.

Par entrave, on parle ici notamment de menaces, d’obstruction ou d’intrusion. Au départ la loi devait préciser « par tous moyens » mais elle a été resserrée pour ne pas que le juge se retrouve à devoir lui-même préciser le mode opératoire, ce qui est délicat dans une procédure et risquait d’enrayer la machine.

Maintenant regardons concrètement ce que cela implique. Un ami des animaux voit des chasseurs commencer à se mettre en joue et se met spontanément à applaudir pour faire du bruit et avertir les animaux. C’est une entrave.

Un activiste de l’ALF détruit un de ces fameux miradors en forêt. Il est pris sur le fait par les gendarmes. Il est condamné pour dégradations, mais également pour entrave.

Une association tout à fait classique de la protection animale mène une campagne contre un magasin de sport vendant des fusils de chasse. Elle est condamnée pour entrave.

Un couple est en forêt, ils ne démarrent pas assez vite leur voiture et bloque ainsi le passage de la chasse à courre. C’est une entrave.

Des militants associatifs place des caméras dans un abattoir pour filmer les conditions de ce qui s’y déroule. C’est une entrave.

Mais attention, cela pourra être encore pire. Car la loi n’existe jamais qu’a posteriori. Elle existe aussi a priori. Il sera possible, à terme c’est inévitable, d’attaquer en justice des gens en les accusant de vouloir commettre une entrave.

Cette dimension de l’intentionnalité, d’autant plus flou que la notion d’entrave peut être facilement élargi, pose un véritable défi. Ce défi n’est pas abstrait. Il se fonde sur l’exploitation animale comme réalité économique, aux ramifications politiques. C’est cela la réalité et non pas un pseudo « spécisme » qui est un simple fantasme pseudo philosophique.

La nouvelle loi est donc un équivalent français de l’Animal Enterprise Terrorism Act (AETA) passé en 2006 dans la loi américaine. L’AETA considère que relève du terrorisme toute action de perturbation ou d’atteinte à l’activité d’une entreprise liée aux animaux de quelque manière que ce soit.

En raison des actions d’envergure de l’ALF, de l’ARM ou de l’ELF comme cela était alors le cas aux États-Unis, l’industrie (allant des fermes-usines aux tests sur les animaux) a demandé à l’État de serrer la vis.

Bien entendu, cela n’atteint pas ceux qui agissent depuis la clandestinité. Mais cela a permis d’écraser les actions à mi-chemin de la légalité et de l’illégalité, comme filmer clandestinement les conditions dans les fermes-usines, téléphoner en masse pour protester, etc. Il s’agissait d’assécher le terrain, de briser la campagne SHAC, etc. Cela a marché.

L’esprit de la loi française est similaire, même si la situation n’a rien à voir. Après avoir laissé parler les associations pro-institutionnels (comme L241) et laissé faire les associations de désobéissance civile (comme « 269 »), on met les points sur les i en sifflant la fin de la récréation.

En les remerciant au passage pour leur naïveté et leur refus d’élever le niveau de conscience, en jouant purement sur les émotions, ce qui a amené l’implication de beaucoup de gens mais sans aucun socle ni aucune perspective, ni même une culture réelle.

Au-delà du passage à une nouvelle étape pour l’État, il s’agit aussi de réduire les actions commises à des anecdotes violentes sans contenu. C’est une vaste mise à jour et les partisans des animaux, s’imaginant faire face au « spécisme », anti-politiques dans leur attitude, ne comprennent malheureusement rien à tout cela.

Le députe Guillaume Chevrollier (Les Républicains), grand défenseur de la modification, a donc clairement visé les « nombreuses actions d’intimidation, de menaces et de violences commises par des groupes d’activistes contre les éleveurs, agriculteurs, chasseurs, commerçants de bouche ».

Le site chassons.com présenta la chose exactement comme cela, en précisant d’ailleurs qu’une vaste pression a eu lieu pour faire passer la loi.

Délit d’entrave rurale: un premier pas franchi avec succès au Sénat

La Fédération nationale des Chasseurs, qui plaide depuis longtemps pour l’instauration d’un délit d’entrave aux activités rurales, qu’elles soient à caractère économique ou de loisir, se réjouit du vote à une large majorité qui a eu lieu au Sénat mardi dernier, lors de la première lecture de la proposition de loi déposée par Jean-Noël Cardoux (Sénateur du Loiret) et un certain nombre de ses collègues Les Républicains. Le vote de ce texte était particulièrement mal engagé avec l’échec du passage en Commission des lois du Sénat quelques jours auparavant.

Il a fallu la mobilisation appuyée de tous les réseaux cynégétiques et agricoles auprès des sénateurs pour tirer le signal d’alarme et faire prendre conscience de l’effet négatif du rejet d’un tel texte, très attendu dans nos campagnes. La FNC tient à saluer le pragmatisme du président de la Commission des lois, Philippe Bas (Sénateur de la Manche), et du rapporteur François Bonhomme (Sénateur du Tarn-et-Garonne), qui ont conduit à corriger la proposition de loi pour éviter qu’elle soit anti constitutionnelle et qu’elle puisse être votée.

Ce texte, une fois qu’il sera voté à l’Assemblée Nationale permettra de réprimer toutes les entraves à l’exercice des libertés dès lors que celles-ci sont autorisées par la loi. Il introduit dans la loi des sanctions beaucoup plus fortes contre tous les actes d’obstructions et d’intrusion, même s’il n’y a pas eu de dégradations.

Il permettra de sanctionner efficacement les entraves à l’exercice d’une activité économique, artisanale ou agricole ainsi que les actes d’obstruction ayant pour effet d’empêcher le bon déroulement d’activités sportives et de loisirs exercées dans un cadre légal.

Ce texte va donc concerner la chasse, mais aussi toutes les activités agricoles qui subissent des actions d’obstruction, d’entrave, de menace ou de violence initiées par des groupes d’activistes anti-chasse, animalistes, végans et autres.

La FNC a toujours souhaité que les peines infligées contre les extrémistes de la cause animale soient beaucoup plus dissuasives que la simple contravention de cinquième classe de 1500 euros maximum, ce qui était le cas pour l’entrave à la chasse.

Maintenant, il est essentiel que la FNC et les organisations agricoles se coordonnent et se mobilisent ensemble auprès des députés de la majorité comme de l’opposition pour que le texte voté au Sénat soit inscrit au plus vite à l’Assemblée nationale, avec le soutien du gouvernement, conformément aux engagements pris par Emmanuelle Wargon et Marc Fesneau lors du vote de la loi biodiversité.

Tout cela est bien écrit, chaque mot est soupesé et chaque paragraphe est littéralement une thèse politique, formulé pédagogiquement. C’est du haut niveau, zéro amateurisme.

Les dernières lignes forment également une allusion à une lettre envoyée par deux membres du gouvernement au rapporteur du projet de loi portant création de l’Office français de la biodiversité avant la réunion de la commission mixte paritaire le 25 juin 2019.

Il s’agit précisément d’Emmanuelle Wargon, secrétaire d’État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, et de Marc Fesneau, ministre chargé des relations avec le Parlement.

On lit notamment dans la lettre la chose suivante :

« Le Gouvernement reconnaît que certaines formes d’actions militantes contreviennent au libre exercice d’activités autorisées par la loi et que ce sujet mérite d’être examiné par le Parlement. »

Voici également ce que dit François Bonhomme, rapporteur (Les Républicains) de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d’administration générale, lors du débat au sénat au sujet de la loi :

Ce texte vise à apporter une réponse plus ferme et plus efficace à deux types d’infractions qui ont eu tendance à se multiplier ces dernières années et qui, à certains égards, relèvent d’un phénomène de société : premièrement, les violences, les menaces et les dégradations dirigées contre des boucheries, des abattoirs ou des élevages, en général au nom d’une conception très singulière et exclusive de la cause animale ; deuxièmement, les entraves à la chasse, qui se produisent régulièrement dans nos forêts domaniales.

Ces actions sont le fait de groupes ou d’individus radicaux issus en général de mouvements animalistes, antispécistes ou véganes, apparus voilà une trentaine d’années, mais dont certains modes d’action ont pris une forme violente plus récemment.

Au cours de la seule année 2018, la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs a ainsi recensé une cinquantaine d’attaques, sous des formes diverses et variées : vitrines brisées, murs tagués, faux sang répandu dans les boutiques, bouchers ou clients menacés ou insultés.

Certains événements, comme des attaques contre les agriculteurs, ont pu prendre un tour plus dramatique. Je pense en particulier à l’incendie de bâtiments d’élevage, il y a encore dix jours, dans l’Orne, où un jeune exploitant agricole a vu, en pleine nuit, ses trois bâtiments d’élevage détruits par le feu. Cet incendie criminel a été particulièrement traumatisant, ses auteurs ayant également peint sur les bâtiments des inscriptions comme « assassin » ou « camp de la mort ».

Je pense aussi à l’incendie volontaire, voilà un an, d’un l’abattoir dans le département de l’Ain : s’il n’a heureusement pas fait de victimes, cet incendie criminel a mis au chômage technique près de quatre-vingts salariés.

Des entreprises et des permanences de chasseurs ont également été saccagées et des interventions dangereuses pour les cavaliers ayant pour but de perturber des activités cynégétiques se sont produites dans les forêts de Chambord et de Compiègne en particulier.

Au demeurant, est-il nécessaire de réaffirmer ici que la chasse, acquis historique s’il en est, reste un loisir apprécié du plus grand nombre, avec près de 1 million de pratiquants et détenteurs de permis de chasse de notre pays ? (…)

Je rappelle également que, face à la multiplication de ces incidents, le ministre de l’intérieur a demandé aux préfets de région de prendre contact avec les représentants des professions concernées pour des échanges réguliers et pour leur fournir une protection si nécessaire.

Concernant ce dernier point, on a apprend également, de la part de Laurent Nunez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’intérieur :

Soyez assurés que Christophe Castaner et moi-même sommes pleinement mobilisés sur le sujet. D’ailleurs, la convention signée entre la gendarmerie et la FNSEA continue à se déployer, et la gendarmerie nationale a créé une cellule spécialement consacrée à ce phénomène, afin d’améliorer son action et de mieux travailler en coordination avec les services de renseignement, qui se mobilisent de plus en plus sur ces thématiques.

Il dit également :

Je le répète, mesdames, messieurs les sénateurs, je partage l’objectif qui est le vôtre de contrer ce type d’entrave. J’ai rappelé, dans mon propos liminaire, l’action des services de gendarmerie et de police, mais aussi celle de la justice et des services de renseignement, qui ont été orientés sur ces objectifs, ce qui est nouveau.

Les choses sont claires, il s’agit ici d’une alliance au plus haut niveau et il s’agit d’écraser par compression ce qui tente une rébellion, mais est incapable de se lever à un véritable niveau sérieux, qu’on peut appeler politique.

L’insupportable Esther Benbassa (EELV), le prototype de la personne prônant la décadence des mœurs, l’a tout à fait compris et elle reproche leur stupidité à ceux qui font la loi. Elle sait que cette compression va polariser et que par conséquent un saut qualitatif va se dérouler.

C’est à cela qu’on voit le rôle de gens comme elle : celui de dernier rempart du système. Voici son intervention lors des débats, qui d’ailleurs suscite des réactions pittoresques valant franchement le détour qu’on s’y attarde.

M. le président. La parole est à Mme Esther Benbassa.

Mme Esther Benbassa. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, « blocus, interruptions de représentation, invasions de terrains, huées… » : tels sont les exemples cités dans l’exposé des motifs du texte soumis à notre examen.

À en croire l’argumentaire de la droite sénatoriale, ces éléments de contestation, aujourd’hui parfaitement légaux, devraient être réprimés sous prétexte que « contrevenir à la loi, ce n’est pas nécessairement faire ce qu’elle interdit ; c’est aussi empêcher ce qu’elle autorise ». En somme, ces moyens d’action seraient davantage « l’expression de convictions que de droits ».

Ne nous leurrons pas : il est proposé ici de brider toutes les pratiques venant témoigner du moindre soupçon de défiance à l’égard de l’ordre établi.

M. François Bonhomme, rapporteur. De l’ordre bourgeois, tant que vous y êtes ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Esther Benbassa. Déjà, au mois de novembre 2018, le groupe CRCE avait demandé par voie de communiqué de presse le retrait de ce texte de l’ordre du jour.

Après la loi gouvernementale répressive venue encadrer le droit à manifester au mois d’avril dernier, c’est cette fois la majorité sénatoriale qui s’attaque à nos libertés fondamentales, par un texte choquant tant sur le fond que sur la forme.

Sur la forme, en nous soumettant cette proposition de loi, Les Républicains se prêtent à un exercice juridique particulièrement curieux. Tout d’abord, ce texte est anticonstitutionnel et sera sans aucun doute retoqué par le Conseil des sages s’il est adopté. Ensuite, il vient dénaturer l’article 431-1 du code pénal, qui sanctionne les entraves à la liberté d’expression. Ce dispositif va donc à contresens du droit positif.

Mes chers collègues, la philosophie liberticide et antidémocratique de ce texte est profondément inquiétante. Nous ne pouvons tolérer les entraves aux mobilisations citoyennes, dont la tradition s’inscrit dans l’histoire de la France et constitue son ADN.

M. Jean Bizet. Et qui fait le mal français !

Mme Esther Benbassa. Pensez aux suffragettes, par exemple.

Comment oublier que nous devons la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen aux révoltes du peuple français contre ses élites ? Comment oublier que les congés payés ont été obtenus par les piquets de grève de 1936 ? (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Duplomb. Cela n’a rien à voir !

Mme Esther Benbassa. Comment oublier le courage et la persévérance de ces milliers d’étudiants qui ont fait plier le gouvernement Villepin sur le CPE, le contrat première embauche, en 2006 ?

Des écologistes aux étudiants de Nuit debout, en passant par les « gilets jaunes », nombreux sont les exemples de revendications citoyennes ayant nourri la culture politique de notre pays.

M. Jean Bizet. En somme, vive l’anarchie !

Mme Esther Benbassa. Protester, manifester, faire entendre sa voix et ses convictions est une coutume bien française à laquelle nous ne sommes pas près de renoncer.

M. Laurent Duplomb. Hélas !

Mme Esther Benbassa. Vous cherchez aujourd’hui à rendre inconciliables certains droits : le droit de grève et le droit de travailler, le blocus devant un supermarché et le droit de consommer, le droit de manifester des lycéens et leur droit d’étudier, le droit de défendre les animaux et le droit de pratiquer la chasse à courre.

M. Jean Bizet. Ah !

Mme Esther Benbassa. Par votre vision manichéenne du monde, vous scindez la Nation en deux, avec, d’un côté, ceux qui se complaisent dans l’ordre établi, et, de l’autre, ceux qui militent pacifiquement pour le changement.

La plupart des mouvements citoyens ne sont pas mus par la haine, la violence et le rejet de l’autre. Beaucoup usent des moyens d’action collective pour exprimer leur envie d’entrer dans une ère nouvelle, plus sociale et égalitaire, plus respirable et durable.

Les revendications écologistes et féministes sont ces dernières années intrinsèquement liées à la désobéissance civile : faucheurs d’OGM, les ZAD de Notre-Dame-des-Landes et de Bure, les animalistes, les décrocheurs du portrait du président Macron, les grévistes pour le climat, les militantes protestant contre les féminicides…

Ce que vous souhaitez, somme toute, c’est une uniformisation de la société. Vous désirez une France où chacun pense de la même manière et, de préférence, comme vous.

Au risque de vous décevoir, tant qu’une opposition parlementaire comme la nôtre existera, tant qu’une jeunesse sera prête à se lever pour ses idées, tant qu’une gauche sociale et écologique s’exprimera dans ce pays, vous ne parviendrez probablement pas à vos fins et vos tentatives de nous museler seront vaines.

M. François Bonhomme, rapporteur. Nous voilà rassurés ! (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean Bizet. C’est surréaliste !

Mme Esther Benbassa. Mes chers collègues, ce texte a été rejeté en commission. Nous espérons donc qu’une majorité agira de la même manière en séance. (M. le rapporteur s’exclame.)

Par ailleurs, monsieur Bonhomme, merci de me laisser parler ! Pour ma part, je ne vous ai pas interrompu. C’est une entrave à ma liberté d’expression ! (Sourires.)

Esther Benbassa a la trouille : tout son fond de commerce anarchiste va tomber à l’eau, tout cela parce que les réactionnaires vont provoquer, par leur refus de lâcher du lest, un saut dans la conscience et dans l’organisation de la libération animale.

La sénatrice Cécile Cukierman pense de même. Elle est du PCF, dans sa version 2019 plus que 1919, pour résumer au mieux ses larmes devant le risque d’une vraie contestation à l’avenir…

Mme Cécile Cukierman. Sans surprise, ma collègue Esther Benbassa l’a dit en discussion générale, nous ne voterons pas cet amendement et, de fait, cette proposition de loi.

Certes, la majorité sénatoriale a justifié un recentrage de ce texte, mais nous savons tous que seuls les écrits restent. Or la proposition de loi, telle qu’elle est rédigée, permet d’autres interprétations que les seuls faits que vous entendez, dans vos interventions, vouloir réprimer. (…)

Oui, notre société est de plus en plus violente. Malheureusement, monsieur le secrétaire d’État, même si votre gouvernement n’est pas le seul responsable, le sentiment de ne pas être entendus collectivement pousse de plus en plus de nos concitoyens à commettre des actes violents, en tout cas sensationnels, et à les partager massivement sur les réseaux sociaux, ce qui nous pose de nouveaux soucis.

S’engager et défendre une cause, ce n’est pas non plus : « Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette… ». Heureusement que certains se sont introduits dans des usines pour organiser des bals sans rien détruire pour obtenir les congés payés dans notre pays ! (Protestations sur des travées des groupes Les Républicains et UC.)

M. Jean Bizet. Ça suffit avec les congés payés !

Mme Cécile Cukierman. Heureusement que des agriculteurs s’introduisent parfois dans des supermarchés pour dénoncer des accords comme le CETA, sans forcément dégrader le supermarché en question.

M. Jean Bizet. Ils ne cassent rien !

Mme Cécile Cukierman. Il existe des rapports de force. C’est pourquoi nous ne voterons pas ce texte tel qu’il est rédigé, car il va sanctionner tout le monde. Nous avons été amenés les uns et les autres à condamner des actes de violence, mais nous ne partageons pas les moyens choisis pour porter ce message politique.

Je fais partie de ceux qui ont condamné l’incendie de l’abattoir de l’Ain,…

M. le président. Il faut conclure, ma chère collègue.

Mme Cécile Cukierman. … les exactions contre le siège de la fédération des chasseurs de l’Ardèche cet été, etc. Ne mélangeons pas les débats et évitons d’interdire demain la possibilité de toute expression dans notre pays !

Pour résumer : une partie des dominants pense qu’il faut écraser toute idée, une autre partie qu’il faut laisser parler autant que possible les idées n’amenant à rien car ou bien réformiste sur mille ans ou bien totalement velléitaire.

C’est dire si la loi sur l’entrave, dans sa version modifiée, révèle un véritable problème de fond, celui de la question animale. Et ce n’est qu’un début.

Réflexion sur le délit d’obstruction à la chasse

La nouvelle loi sur l’obstruction à la chasse qui va être mis en place impose une grande réflexion. Le présent article est une contribution à cela et il ne prétend pas résoudre toutes les questions à ce sujet, loin de là, surtout que si l’on observe bien la forme et le contenu de la loi, on voit qu’il existe de nombreuses zones floues.

A cela s’ajoute également que tout est une question de rapport de force. Il est évident que si certains vont par exemple faire les malins dans la forêt en disant « on est végan on bloque la chasse à courre ! », ils vont se faire mettre en pièce par l’État. On ne caricature pas un mouvement populaire comme AVA impunément.

Il existe un État avec ses institutions, il existe une société, il existe un peuple. Croire qu’il existe un « spécisme », sorte de domination abstraite flottant au-dessus de tout, et qu’on peut la renverser en affirmant une idée fixe, ce n’est pas qu’être improductif, c’est aller au casse-pipe.

Cette parenthèse nécessaire étant faite, passons aux choses sérieuses avec la loi sur l’obstruction à la chasse comme tentative de casser tout caractère populaire à l’opposition à la chasse. Faisons immédiatement un rappel important quant au fonctionnement du droit en France. Aucun activiste pour les animaux, et cela que ce soit dans le cadre de légalité ou de l’illégalité (la frontière étant ici faussée qui plus est), ne peut échapper en effet à un aspect très particulier du droit de notre pays, à savoir la dimension interprétative très grande dont dispose le juge.

En effet, pour qu’il y ait une contravention, un délit ou un crime, il faut qu’il y ait à la fois un élément matériel et un élément moral, ainsi qu’une loi à ce sujet. Si l’on préfère, pour être condamné pour quelque chose en tant que tel, il faut une loi disant que c’est interdit, une preuve matérielle que la chose a été faite, et la preuve que « moralement » on a voulu le faire.

Cela ne signifie pas qu’on ne puisse pas être condamné pour quelque chose qu’on n’a pas fait exprès, ou bien parce qu’on ne savait pas que c’était interdit (nul n’est censé ignorer la loi !). Mais on est là dans un autre cas de figure, puisque la question est la suivante : la loi sur l’obstruction de la chasse impose-t-elle réellement une preuve de la volonté de nuire à la chasse pour qu’on tombe sous son joug ?

Ou, si l’on veut, suffit-il que quelqu’un dise qu’on a cherché à « empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours, individuelle ou collective, par quelque moyen ou agissement que ce soit », pour être condamné ?

Les termes d’empêcher, entraver, gêner sont en effet très vagues, surtout le terme de « gêner ». Gêner, c’est mettre dans une situation embarrassante, difficile, c’est donc extrêmement large.

En Droit pénal, on connaît par exemple le « fait d’entraver, d’une manière concertée et à l’aide de menaces, l’exercice de la liberté d’expression, du travail, d’association, de réunion ou de manifestation ou d’entraver le déroulement des débats d’une assemblée parlementaire ou d’un organe délibérant d’une collectivité territoriale ». Pour la chasse, si on fait une comparaison avec le droit du travail, entraver, c’est empêcher le fonctionnement régulier.

Cependant, une chasse n’a pas une régularité comme le fait de travailler. On travaille tous les jours et on travaille grosso modo comme on l’a fait hier et comme on le fera demain. La chasse est un processus plus aléatoire, par définition même.

De plus, la loi sur la chasse dirait « par quelque moyen ou agissement que ce soit ». Dans cette logique, en théorie, il suffit d’être dans une forêt et n’importe quel chasseur peut dire qu’on le gêne. La simple présence correspond bien à ce qu’on peut entendre par « par quelque moyen ».

Et autant pour « bloquer les véhicules des chasseur » ou bien « utiliser des produits ou substances destinés à empêcher l’action normale des chiens de chasse ou à les détourner de leur utilisation cynégétique », cela semble assez flagrant, ce sont des choses claires, autant gêner ne veut rien dire.

Mais la théorie n’est pas le droit, aussi faut-il regarder ce qu’il en est. Pourquoi justement « bloquer un véhicule » est-il un cas flagrant ? Car la situation matérielle est évidente et parce que l’intention va de paire aussi.

Il faut ici mentionner deux choses au niveau du droit. Tout d’abord l’article 121-3 du code pénal qui dit :

« Il n’y a point de crime ou de délit sans intention de le commettre. »

Ensuite, le fait que pour la Cour de cassation, il est considéré que :

« La seule constatation de la violation, en connaissance de cause, d’une prescription légale ou réglementaire implique, de la part de son auteur, l’intention coupable exigée par l’article 121-3, al. 1 du Code pénal » (Crim., 11 mai 1995, pourvoi n° 94-82.748 ; voir aussi, Crim., 12 mars 1970, pourvoi n° 69-90.644, Bull. crim. 1970, n° 103, D. 1970, p. 385, note M. Delmas).

Si on bloque une voiture, on a choisi de le faire, selon le droit. Mais qu’en est-il de quelqu’un sciant un mirador de chasse ? Comment le juge peut-il considérer que cela relève d’une entrave de la chasse, et non pas simplement d’une action gratuite ? Comment peut-il justifier l’élément moral dans son rapport à la chasse ?

C’est là techniquement le droit français est problématique.

Imaginons qu’une personne inconnue des personnes de police soit arrêtée pour avoir scié un mirador. Il y a des preuves certaines que c’est elle. Si elle dit qu’elle a fait cela par amusement, elle est juste coupable de dégradations.

Si par contre, il y a marqué ALF sur les restes du mirador, cela pose-t-il un souci, en toute logique ? Non, car il faudrait la preuve en flagrant délit que la même personne ait inscrite les lettres en question, ou bien qu’on retrouve chez elle la même peinture.

Sauf qu’il y a justement un cas de figure, propre à la France : celui où intervient alors le « faisceau » d’indices.

En clair, imaginons que cette même personne milite pour les droits des animaux. L’enquête le prouve. La question est de savoir dans quelle mesure le juge peut ou non alors affirmer que c’est une action anti-chasse.

Dans les pays anglo-saxons, où s’applique ce qu’on appelle la common law, il faut que le juge ait un certain niveau de conviction ; il lui faut des « preuves prépondérantes » dans un procès civil et dans un procès pénal qu’il soit convaincu « au-delà de tout doute raisonnable ».

La personne militant pour les animaux pourrait, dans un tel contexte, tout à fait dire qu’elle a détruit un mirador par amusement, que d’autres personnes sont passées inscrire quelque chose dessus. Le juge doit, normalement, prouver qu’il y a une intention organisée de mener une action dans un but concret.

D’où par exemple aux États-Unis l’autorisation qu’a le FBI d’utiliser des preuves lors de coups montés par elle-même, au moyen d’agents infiltrés, par exemple en enregistrant une discussion où une personne affirme vouloir saboter la chasse.

En France, c’est différent. La preuve de la liaison entre l’intention et l’action n’a pas besoin d’être aussi forte. Il suffit que le juge pense qu’il y ait un lien pour que cela soit considéré comme tel. L’article 427 du Code de procédure pénale affirme en effet que :

« Hors les cas où la loi en dispose autrement, les infractions peuvent être établies par tout mode de preuve et le juge décide d’après son intime conviction. »

Ce « tout mode de preuve » est la boîte de Pandore de la possibilité de condamner n’importe qui n’importe comment si la loi a des contours trop lâches. Ce qui est le cas avec gêner, et même avec empêcher et entraver.

Pourquoi ? Parce que le juge peut chercher des preuves de manière très vague, et même les rassembler pour former ce qu’on appelle un faisceau d’indices, qui sert alors de preuve. Ainsi, un juge peut dire : on a trouvé des badges en faveur de l’ALF chez vous lors d’une perquisition et on sait que vous avez scié un mirador. Donc, en plus du vandalisme, il y a obstruction à la chasse.

Regardons maintenant cependant quelque chose relevant de la simple légalité, par opposition à une action clandestine et illégale. Prenons la situation suivante : un tel a été à un rassemblement contre la chasse à courre, il a été un autre jour dans une forêt alors qu’une chasse à courre s’y déroulait. Le juge peut dire en France : c’est un faisceau d’indices indiquant une intention de la gêner.

Sur le plan de l’élément moral, c’est l’arbitraire. On peut accuser n’importe qui d’être au mauvais endroit au mauvais moment et de l’avoir fait en réalité sciemment. C’est cela qui a amené la possibilité d’interdire de gens de manifester, en raison de la « présomption » qu’ils auraient des intentions morales hostiles.

Cependant, comme nous ne vivons pas sous un régime fasciste, le juge ne peut pas non plus affirmer tout cela aussi simplement que cela, au sens où même s’il peut affirmer l’intention n’importe comment, il faut prouver matériellement les choses pour condamner matériellement.

Et là le terme gêner si négatif pour l’élément moral devient paradoxalement relativement favorable pour les défenseurs des animaux en ce qui concerne l’élément matériel. La suite directe de l’article 427 du Code de procédure pénale mentionnée plus haut dispose en effet que :

« Le juge ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont apportées au cours des débats et contradictoirement discutées devant lui. »

Ce qui signifie que, tant qu’on est pas dans un régime fasciste (qui suivrait toujours ce que dit le juge), il faut que le juge se justifie en disant : telle preuve a été montrée. Or, comment justement prouver qu’il a eu entrave, empêchement, gêne ?

C’est d’autant plus flagrant que la loi fait passer l’obstruction à la chasse de la contravention au délit. Cela change tout. La contravention est prononcée par un juge de proximité ou un juge de police et il n’y a pas d’instruction judiciaire ou quasiment. C’est un peu le principe de : on a fait quelque chose de non-légal, on paie une amende, l’histoire s’arrête.

Mais un délit, cela exige le tribunal correctionnel. L’instruction judiciaire y est facultative, elle est gardée pour les affaires dites complexes. Mais quoi de plus complexe qu’une histoire d’empêchement ? Car en droit les faits doivent correspondre à la définition légale d’une infraction.

Les magistrats vont faire face à une situation où ils devront plonger dans une bataille de définition de dictionnaires pour savoir s’il y a eu ou bien entrave ou bien empêchement ou bien gêne.

Car ils doivent le dire, et le motiver ! Surtout qu’un tel procès implique un avocat, avec une plaidoirie. Les preuves d’un empêchement, ou d’une entrave, ou bien d’un gêne, devront être sacrément bétonnées, c’est du sérieux, il y a un schéma contradictoire au procès qu’il n’y a pas pour une contravention.

C’est donc en apparence plutôt positif pour les anti-chasse. A moins que l’État contourne le problème et fasse un saut qualitatif dans la question. Comment ? En faisant sorte qu’il y ait un procès et qu’une jurisprudence en sorte, disant que n’importe quel acte en rapport avec le déroulement d’une chasse dans ce qu’on attend qu’elle soit consiste justement en un empêchement, une entrave, un gêne.

Ce qui serait inattendu dans une chasse serait condamnable. Il ne serait pas logique, par exemple, de voir un regroupement de 30 personnes se retrouver subitement sur le parcours d’une chasse à cours.

Il y a toutefois deux soucis ici. Tout d’abord, le droit français ne raisonne pas en termes de ce qui est logique ou pas (contrairement au droit pénal latino-américain). Ensuite, il faudrait que le tribunal pose une interaction entre l’individu sur le parcours de la chasse à courre et le groupe, car le principe du groupe prouverait le délit. Sauf que le délit n’est pas posé comme étant en réunion dans la loi…

On aurait alors dans l’idée 30 personnes étant des promeneurs, mais un groupe de 30 promeneurs relevant du délit, sauf que le délit vise les personnes, pas le groupe. C’est là quelque chose compliqué.

Un autre souci se pose, dans la même idée, et de manière problématique pour les anti-chasse. Imaginons qu’on arrête X pour entrave à une chasse. Le juge va vouloir établir les preuves. Pour cela il va convoquer des gens, et même qui il veut, dans l’esprit de l’article 10, alinéa 1er du Code civil dit que :

« Chacun est tenu d’apporter son concours à la justice en vue de la manifestation de la vérité.

Celui qui, sans motif légitime, se soustrait à cette obligation lorsqu’il en a été légalement requis, peut être contraint d’y satisfaire, au besoin à peine d’astreinte ou d’amende civile, sans préjudice de dommages et intérêts. »

Dans le code pénal, cela donne avec l’article 109 :

« Toute personne citée pour être entendue comme témoin est tenue de comparaître » 

Seulement il va y avoir, pour exemple pour une situation en rapport à la chasse à courre, que deux types de gens : les chasseurs, les opposants. Or, il ne sera pas possible d’écouter les opposants, car l’article 105 du code de procédure pénale dit que :

« Les personnes à l’encontre desquelles il existe des indices graves et concordants d’avoir participé aux faits dont le juge d’instruction est saisi ne peuvent être entendues comme témoins. »

Cela impliquerait non seulement de ne pas écouter les opposants, mais même par définition de devoir tous les poursuivre… C’est là faire du droit une véritable machine de guerre. La magistrature suivra-t-elle dans une telle démarche la transformant en appendice répressif mécanique ?

Et on en revient à la question posée précédemment, car la loi parle de chasse individuelle ou collective, mais pas d’entrave en réunion. Faut-il alors faire un seul procès, ou plusieurs ? Et le procès ne pourra-t-il écouter que les chasseurs, sans perdre toute crédibilité ?

Pour un magistrat, il n’y a pas forcément l’envie de s’embarquer dans une histoire pareille. Et en même temps il y a ici un boulevard pour les avocats pour sabrer la répression, à condition bien entendu de s’appuyer sur une base populaire. Si l’on est dans le cas de plusieurs individus contre l’État, c’est plié d’office, car il n’y a plus d’arrière-plan lié à la société. Dans ces cas-là, l’État raisonne froidement et applique mécaniquement.

Évidemment, ce cas où les opposants seraient exclus comme témoin implique par contre qu’il faut une instruction judiciaire. Mais c’est clairement inévitable dans une telle situation, dont on devine la complexité rien que pour définir ce qu’est une « gêne » et trouver des preuves.

Sans cela, cela bascule donc comme déjà dit au niveau d’une contravention jugée à la va-vite car c’est flagrant et il va y avoir un gouffre entre le fait de prétendre juger un délit, avec un avocat et toute une procédure) et le fait de réduire le procès à un simple acte de contravention sauf que cela se déroule lors d’un procès au tribunal correctionnel…

C’est évidemment possible, mais cela impliquerait un chambardement du droit et un niveau de répression étatique extrêmement élevé. Les magistrats deviendraient des auxiliaires d’une répression de proximité.

Et s’il n’y a pas d’instruction ? Alors on accusera le tribunal de bafouer le droit à un procès équitable en s’appuyant uniquement sur une enquête préliminaire, et de vouloir pénaliser l’activisme anti-chasse en s’appuyant par exemple sur la multiplication des arrestations dans le cadre du flagrant délit. Et c’est le début d’un processus allant même jusqu’à Cour européenne des droits de l’Homme…

Le tout étant évidemment lié à la nécessité, encore une fois, d’une campagne populaire.

Ainsi, pour résumer cet aspect d’une question complexe, même si les juges peuvent forcer le passage pour l’élément moral, grâce à leur « intime conviction » qui peut les amener facilement à affirmer qu’il y a une liaison entre l’acte et l’identité du prévenu, il ne suffira pas de dire qu’une personne a cherché à « empêcher, entraver ou gêner », il faudra dire si elle a empêché, ou entraver, ou gêner, et le montrer. Et cela, c’est très compliqué, en tout cas, on le souhaite, encore plus à un tribunal correctionnel.

Il faut donc s’attendre à ce que les chasseurs réorientent leur stratégie, vraisemblablement vers une interdiction pour trouble de l’ordre public. Une série de procès pour obstruction à la chasse, même perdue par eux, pourrait être un argument utilisé par eux en ce sens.

A moins que, et c’est une hypothèse qui se tient largement, les chasseurs le savent déjà.

Qu’est-ce que cela donne dans ce cas de figure ? Le délit sera considéré non pas sur dépôt de plainte a posteriori par les chasseurs, mais par constatation directe de l’infraction par l’exécutif, la police ou la gendarmerie, voire même en présence du Préfet, de la presse et de tout le tintouin. S’en suivront des arrestations massives et des comparutions immédiates.

En fait, il faut craindre des arrestations sous forme de coups de filet. Beaucoup de personnes interpellées d’un coup, histoire de casser la dynamique populaire. On se souvient d’ailleurs que les gardes mobiles étaient mécontents de faire du maintien de l’ordre en forêt, arguant que ce n’est pas leur boulot. Mais les gendarmes, eux, relèvent d’une logique militaire et ils procéderont à des arrestations sans problème, c’est leur travail, leur identité.

Cela se tient car on voit que cette notion de délit d’obstruction à la chasse est très bancal, au point qu’on peut penser qu’il ne s’agit pas de faire du droit dans la durée, d’opposer une règle stable à une infraction qui travaille la société dans son tréfonds, comme le fait le droit normalement. Il s’agit bien plutôt de trouver une parade sensationnelle à une demande particulière, celle de l’économie de la chasse et de la gestion des forêts.

Le scénario serait alors quelque chose du genre :

1. 34 arrestations tel jour, telle heure, à tel point de la forêt ,alors que la chasse était organisée de notoriété publique et que le Préfet et les services de police avaient rappelé la loi.

2. On cherche sur les 34 personnes arrêtées des dispositifs de communication, de filmage, des équipements laissant penser qu’ils ne pouvaient se trouver là par hasard et pas pour une simple balade en forêt.

3. La chasse est considérée comme n’ayant pu avoir un déroulement normal du fait de l’activité des 34, par exemple avec le ralentissement des chiens à tel croisement, certains étant passé devant les chevaux à tel endroit, etc. Ceux qui ne sont pas coupables seront jugés comme complices de l’obstruction en général.

4. Le délit est donc constitué et l’affaire est dans le sac, les 34 sont considérés comme coupables.

Tout cela ne forme qu’une réflexion et il peut, il doit y en avoir d’autres. Il y a beaucoup d’aspects à prendre en compte. C’est une véritable partie d’échecs qui se joue ici. Qui veut se faire simplement plaisir ne peut que contribuer à l’effondrement général de la Cause, car en face cela ne plaisante pas.

Les chasseurs veulent écraser toute opposition, avant que la société – qui est contre la chasse – ne se saisisse de ce thème, ce qui aboutirait à une réaction en chaîne concernant la compréhension de toute une série d’aspects réactionnaires de la France d’aujourd’hui. Et le véganisme apparaîtrait comme une proposition utopique tout à fait concrète et cohérente.

C’est ce là qu’il faut partir pour comprendre la question.

« L’Office français de la biodiversité et de la chasse »

C’est une information très importante pour tous les amis des animaux, mais en particulier pour les personnes engagées dans la lutte contre la chasse. Il y a de très profondes modifications dans les institutions françaises, avec un pouvoir accru des chasseurs, une plus grande protection juridique pour leurs activités.

Il y a en effet la « création de l’Office français de la biodiversité et de la chasse, modifiant les missions des fédérations des chasseurs et renforçant la police de l’environnement ». Il y a eu en 2016 une « agence français de la biodiversité » qui a été mise en place : elle va fusionner en janvier 2020 avec l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

Cela devait s’appeler l’Office français de la biodiversité, cela s’appellera l’Office français de la biodiversité et de la chasse. Cette mise en place institutionnelle a déjà été votée par l’Assemblée nationale le 24 janvier 2019 et le Sénat a validé cela le 11 avril 2019, en première lecture, à l’unanimité.

Le Monde décrit ainsi ce à quoi on a assisté :

Au Sénat, le projet de loi a été profondément remanié, à l’avantage des chasseurs. On a entendu des élus défendre bec et ongles le monde cynégétique, se livrer à un vibrant plaidoyer en faveur d’une activité « populaire », ou encore se lever pour « la liberté de chasser ».

Pour donner le ton en effet, la chasse à la glu ou au lacet sont reconnus par les institutions, avec une formulation très terroir :

« Les modes de chasse consacrés par les usages traditionnels à caractère régional appartiennent au patrimoine cynégétique national. À ce titre, ils sont reconnus et préservés. »

C’est là une sacralisation de la barbarie. Avec un appui politique énorme. L’unanimité vient du fait qu’ont voté pour les 235 sénateurs présents. Les Républicains ont voté pour, ainsi La République En Marche (sauf deux), le Groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen (des centristes, sauf deux), le Groupe Union Centriste (sauf un), les autres se sont abstenus, sauf deux du PS ayant voté pour également.

Voyons en les points les plus importants, outre l’invention d’un « patrimoine cynégétique national », même si justement et très franchement on est très loin d’en avoir fini avec cet Office tellement il y a ici la boîte de Pandore favorisant les chasseurs et l’exploitation animale en général.

Déjà, pour bien souligner quelles sont les forces à l’arrière-plan, voyons déjà que les représentants des organisations professionnelles aquacoles sont intégrées à son conseil d’administration. C’est une reconnaissance officielle de l’aquaculture, ce cauchemar se généralisant en ce début de 21e siècle.

Voyons ensuite qu’il est créé un :

« délit d’obstruction à la chasse en punissant d’un an d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende le fait d’empêcher, entraver ou gêner, par des actes d’obstruction concertés, le déroulement d’un ou plusieurs actes de chasse »

On devine évidemment qu’ici c’est AVA qui est dans la ligne de mire : c’est la criminalisation qui est est visée et elle est assumée.

Un des amendements est justement présenté comme suit, parlant ouvertement de réprimer les anti-chasse à courre :

« À la sous-section 3 de la section 1 du chapitre VIII du titre II du livre IV du code de l’environnement, il est ajouté un article L. 428-3-… ainsi rédigé :

« Art. L. 428-3-…. – Est puni d’un an d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait de s’opposer à un acte de chasse en commettant un ou plusieurs des faits suivants :

« – empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours, individuelle ou collective, par quelque moyen ou agissement que ce soit ;

« – utiliser des produits ou substances destinés à empêcher l’action normale des chiens de chasse ou à les détourner de leur utilisation cynégétique ;

« – bloquer les véhicules des chasseurs, leurs chiens ou leurs chevaux afin d’entraver une action de chasse à venir ou en cours. »

Objet

Depuis un décret du 4 juin 2010, codifié à l’article R 428-12-1 du code de l’Environnement, le fait d’empêcher, par des actes d’obstruction concertés, le déroulement d’un ou plusieurs actes de chasse tels que définis par l’article L 420-3 est puni d’une simple contravention de 5ème classe.

Validé par un arrêt du Conseil d’Etat du 11 juillet 2012 (n° 344938, ASPAS), rejetant un recours de l’ASPAS, ce texte a  trouvé à s’appliquer dans quelques cas à l’occasion de chasses à courre.

Aujourd’hui, il est évident que l’infraction n’est pas réprimée à la hauteur de sa fréquence récente et des actes de violence qu’elle représente.

L’extrême violence des attaques organisées par des groupuscules extrémistes s’est soldée non seulement par des maltraitances envers les chiens de chasse (vaporisations de citronnelle dans les yeux), les chevaux, mais aussi par des agressions de chasseurs ou de garde-chasse particulier ou même de suiveurs.

Aujourd’hui, des agressions physiques et des actes de vandalisme  ne sont plus uniquement dirigés contre les veneurs mais touchent également depuis ces derniers mois des chasseurs à tir. La situation ne se limite plus aux forêts domaniales de la région parisienne mais s’est aussi propagée à l’ensemble des régions de France telle que la Bretagne, la Nouvelle Aquitaine, en Occitanie ou l’Auvergne- Rhône-Alpes.

La fédération nationale des chasseurs a d’ailleurs attiré l’attention de la Présidence de la République et du Chef du Gouvernement sur l’urgence à intervenir pour éviter que ne surviennent de véritables drames.

Le reclassement en délit est devenu nécessaire pour permettre aux agents en charge de la police de la chasse ainsi qu’aux forces de l’ordre d’intervenir pour sanctionner les auteurs de ces obstructions violentes dont sont victimes les chasseurs.

La répression de l’acte d’obstruction à la chasse considéré comme un délit suppose d’adopter un texte législatif conformément à l’article 111-3 du Code pénal, et de supprimer par décret en Conseil d’Etat l’article R 428-21-1 du Code de l’environnement. Tel est l’objectif de cet amendement. »

L’argumentaire est sciemment démagogique, car comme le note AVA à ce sujet :

En deux ans de sorties en forêt avec AVA, pas une seule entrave à la chasse n’a été constatée par les forces de l’ordre. Il s’agit là donc de criminaliser à tout prix une opposition populaire pour freiner son inéluctable avancée. Le but de ce durcissement de la loi est tout simplement d’intimider les personnes opposées à la chasse à courre, de les dissuader de s’engager.

En outre, tout démocrate sincère ne peut qu’être révolté par la forme de cet amendement, dont l’objet mensonger a été sciemment tourné de manière à tromper les élus (texte complet ci-joint).

Voici donc une ligne de fracture pour les élus : renforcer aveuglément la toute-puissance d’un groupe d’intérêt ultra-minoritaire en votant une loi basée sur du mensonge, ou refuser de jouer ce jeu qui rabaisse leur fonction, affirmant ainsi leur indépendance et leur rigueur démocratique.

La population saura être attentive aux voix qui émergeront de ce débat. De son côté, AVA continuera son action en faveur des animaux et de la Nature, comme toujours de manière raisonnée et pacifique, aussi longtemps que les habitants nous porteront ! 

Il n’y a pas d’entraves à la chasse, mais comme il y en aurait il faudrait renforcer la loi, telle est donc la logique du gouvernement, appuyé par Emmanuel Macron…

On ne s’étonnera donc pas que pour le congrès de la fédération nationale de la chasse à Paris, qui s’est tenu fin mars à la salle de la Mutualité, il y avait comme intervenants :

  • le ministre de la Transition écologique François de Rugy,
  • le ministre de l’agriculture Didier Guillaume,
  • le ministre des Collectivités locales Sébastien Lecornu,
  • la secrétaire d’État à la Transition écologique Emmanuelle Wargon.

Willy Schraen, le président de la fédération des chasseurs y a notamment affirmé que :

« Le président de la République, Emmanuel Macron, a fait plus pour la chasse française qu’aucun de ses prédécesseurs. »

Ce qu’a voté le Sénat est également d’autant plus dangereux que « l’obstruction » est quelque chose de flou, qui risque d’être laissé à l’appréciation du juge. Il n’est pas parler simplement d’entrave, mais de « gêne » : gêner un chasseur devient passible du pénal !

En fait, même se balader à tel ou tel endroit ou tel moment pourrait, en forçant, être considérée comme une obstruction. Même éternuer serait une obstruction et pour la preuve il suffira au juge de dire qu’on a fait semblant d’éternuer !

C’est là quelque chose de très grave ; il sera nécessaire de bien étudier les contours de ce que cela peut donner. On est là dans une répression anti-démocratique de très grande envergure. Surtout qu’il y a ce point qui dit :

« mettre les professionnels des fédérations des chasseurs en capacité de rechercher et de constater toutes les infractions de chasse sur l’ensemble du territoire départemental pour lequel ils sont assermentés »

Cela vise normalement les chasseurs eux-mêmes, puisque c’est une infraction. Mais qu’en est-il dans le rapport au délit d’obstruction ? Il faudrait ici peu de choses pour que les chasseurs puissent eux-mêmes décider que telle ou telle personne fait de l’obstruction… Un professionnel nommé par la fédération pourrait ainsi se voir assermenté à ce niveau et accuser qui il veut comme il veut.

Les cadeaux faits aux chasseurs sont également innombrables, pour le reste. Il est ainsi parlé de :

« Encadrer la pratique de l’agrainage sans en interdire le principe »

Cela signifie que l’État reconnaît que les chasseurs nourrissent certains animaux sauvages pour après dire : il y en a trop, il faut qu’on intervienne ! Mais qu’en même temps l’État se contente de dire de son côté : n’en faites pas trop quand même. C’est là d’une hypocrisie sans nom.

Une autre triste blague est l’affirmation comme l’Office doit :

« Lutter contre l’engrillagement des espaces naturels et forestiers »

Cela signifie ni plus ni moins : portes ouvertes aux chasseurs, partout ! Et le premier à faire tomber les grilles sera l’État lui-même.

L’idée de faire des cadeaux est d’ailleurs même inscrit dans les principes mêmes de l’Office :

« prévoir l’appui de l’Office français de la biodiversité et de la chasse à l’ensemble des acteurs, publics et privés, dans leurs actions en faveur de la lutte contre les espèces invasives et la coordination des mesures mises en œuvre »

En clair, l’Office pourra littéralement faire des chasseurs des saints venant rétablir l’équilibre troublé par la prétendue folie de Dame Nature… Des saints qu’il faudra matériellement soutenir, évidemment.

A cela s’ajoute que la chasse des oiseaux migrateurs pourra se voir prolongée au-delà des périodes légales prévues, puisque le principe de la chasse « adaptative » est désormais de rigueur.

Tout cela est donc pour le début de l’année 2020. Il reste encore une étape juridique, puisqu’il doit y avoir une commission mixte paritaire de députés et de sénateurs pour accepter le tout, et sinon un retour à l’Assemblée nationale pour forcer le passage.

Autant dire qu’il va falloir redoubler d’intelligence et d’activisme ! Et être prêt à assumer la confrontation avec la répression, tout en veillant toujours à préserver les espaces populaires ouverts. Sans cela, cela sera un échec, une vanité, comme pour les antispécistes, qui gâchent les énergies et vont dans le mur, en étant qui plus est fiers d’être anti-sociaux et de mépriser la population…

Compte-rendu des rassemblements anti-chasse à courre du 30 mars 2019

Il y a un an, AVA (Abolissons la vénerie aujourd’hui) réussissait à rassembler mille personnes à Compiègne pour marquer le refus de la chasse à courre (voir ici et ). La seconde édition s’est déroulée le samedi 30 mars 2019, avec un objectif évidemment très clair : ancrer l’initiative, prolonger ce qui a été lancé. Sur ce plan, c’est indéniablement un succès.

Avant de voir ce qu’ont donné concrètement les quatre rassemblements, voici la retranscription du discours tenu à la fin de celui de Pont-Sainte-Maxence. Il a été tenu là où un cerf avait été sauvé, l’année précédente.

« J’ai eu les chiffres officiels, on est officiellement 1100 aujourd’hui !

On n’est pas vraiment des activistes qui arriveraient de manière subjective avec des grandes valeurs, c’est vraiment un mouvement plus de résistance avec des habitants des villages forestiers qui se lèvent contre des invasions un peu barbares, qui viennent dans leur ville ici comme à Pont sainte Maxence il y a quelques semaines où un cerf s’est réfugié dans le quartier derrière, où des habitants sont sortis, le maire est venu, ils ont réussi à repousser les veneurs, on espère que ce sera comme ça maintenant dans tout le pays !

Ils ont répondu avec des mensonges dans la presse de manière systématique, des violences, des agressions, toutes les semaines on se prenait des coups de pied, des coups de poing, des coups de fouet, on nous a foncé dessus, au galop à cheval, et vraiment l’un d’entre nous, en Bretagne était dans le coma et il s’est réveillé il y a deux semaines.

Je tiens à féliciter le grand courage des gens qui sont sortis en forêt avec AVA, on a fait le compte, c’était plus 700 personnes qui se sont relayées en forêt.

Chaque coup que les veneurs essayent de nous porter, chaque sursaut qu’a eu cet espèce de zombie qu’est la vénerie pour rester en vie cette année se retourne contre eux, chaque coup a retourné la population un peu plus contre eux, les a condamnés un peu plus aux yeux des gens, aux yeux de l’histoire qui avance malgré eux, eux qui voudraient rester en 1450 etc… tenir toutes les campagnes françaises dans le formol.

On a réussi à exploser ça petit à petit et ça c’est une grande réussite morale, on a 19 groupes en France, 700 personnes en forêt, 1100 personnes et qui sait le nombre de gens dans les villages qui n’osent pas encore s’exprimer mais qui soutiennent ce mouvement, on sait qu’on est 84 % en France, disons que le mouvement ne pourra plus s’arrêter, maintenant aujourd’hui, on est là pour leur dire, et peut être pour six mois seulement avant qu’on revienne plus nombreux, plus forts, plus sûrs de nous encore ! »

Ajoutons une précision encore avant de voir ce qu’il est pour les rassemblements. Car le même samedi, il y a des faits notables qui se sont déroulés en parallèle. Ainsi, ce fut la première sortie d’AVA Poitou ! Et AVA Normandie et AVA Touraine étaient également dans la forêt.

Il y a quelque chose d’admirable là-dedans, il faut le souligner. Ces gens auraient pu rejoindre les autres rassemblements, même s’ils étaient loin. Cela aurait été plus convivial. Mais ils ont préféré assumer de protéger des animaux dans la forêt. N’est-ce pas là ce qu’on appelle répondre à l’appel d’un devoir moral ? C’est là exemplaire.

On notera aussi, le lendemain, un pique-nique avec une quinzaine de personnes organisé par AVA Normandie (avec le Collectif Animaliste de l’Orne).

Regardons maintenant chacun des rassemblements. Celui de Pont-Sainte-Maxence était le plus important, regroupant cinq cent personnes. Il était d’une grande signification, car cela se situe dans l’Oise, le berceau historique du mouvement. L’identité AVA allait-elle savoir se maintenir, se perpétuer ?

Ce fut bien le cas. L’ambiance bon enfant et populaire a prédominé ; c’était une initiative ancrée dans la réalité française : celle des couples, des enfants et des personnes âgées.

Une batucada était en action, le slogan majeur fut « chasse à courre : abolition », sur les pancartes on pouvait lire « cerf moi fort », « tant que la chasse a courre existera, les opposants seront là », « tuer n’est pas un loisir », « veneurs tueurs aucun honneur »…

Ce fut quelque chose de très printanier, comme les gens d’AVA le souhaitaient. Il y a quelques « personnalités » politiques qui furent présentes également. Il y a ainsi le maire de la commune, Arnaud Dumontier, qui a annoncé être contre la chasse à courre, ce qui a pu peut-être surprendre mais en tout cas plaire.

Le député de la Seine-Saint-Denis, Bastion Lachaud (LFI) a été présent ; la sénatrice (socialiste) Laurence Rossignol a malheureusement eu un empêchement de dernière minute et s’est excusée de ne pas pouvoir être là.

Comme anecdotes sympathiques ou pas du tout, il y a le Parti animaliste qui a cherché par tous les moyens à se faire remarquer, alors que des gens de « défendre la vénerie aujourd’hui » cherchaient à provoquer, prendre des photos, noter des noms, etc. mais se sont fait éjectés par les gendarmes.

On notera également qu’il y a eu des délégations de gilets jaunes d’un peu partout dans l’Oise, ce qui est un bon signe d’une réflexion qu’on peut considérer comme hautement nécessaire chez eux. Enfin, un conseiller municipal de chez Marine Le Pen s’est également débrouillé pour taper l’incruste, comme on dit, sans se faire remarquer, à part du Courrier Picard.

On notera d’ailleurs qu’afin de couper court à toute ambiguïté – on sait quelle est notre époque, malheureusement – il y a eu une petite prise de parole pour affirmer notamment : « jamais nous ne ferions partie d’un mouvement où ont lieu des actes antisémites!! ».

Il y eut également des stands par antennes (Chantilly, Retz, Compiègne, Saint-Gobain), de quoi manger et boire (avec malheureusement en raison d’un souci technique seulement une partie végétalienne), un stand de marchandises (sacs en tissu, t-shirts, des porte-clés artisanaux, etc.).

Tout cela se termina par un pique-nique d’une soixantaine de personnes, alors que cinq veneurs jouaient, par provocation, du cor non loin de là, avant de devoir déguerpir à la demande des gendarmes !

Pas de course en forêt, car le préfet avait pris les devants et fait en sorte que les chasses du jour soient reportées à la veille…

Le rassemblement de Rambouillet fut bien fourni également, puisque 350 personnes se sont déplacées. Là vue l’ambiance (toxique), il n’a pas été possible de faire une sortie en forêt, mais des prises de parole engagées, comme celle de Laurence Abeille (EELV, ancienne députée), alors qu’étaient également présents des figures d’EELV (ou du Parti animaliste).

Le rassemblement à Paimpont fut lui statique, sur ordre de la préfecture. L’avantage c’est qu’avec un grand parc, il y a aisément des stands thématiques. Il a rassemblé 150 personnes et il faut noter que le lendemain 25 personnes étaient là alors que se tenait la dernière chasse à courre traquant les sangliers (elle fut heureusement un échec!).

Le rassemblement à Castelnau-de-Montmiral fut également statique, mais là n’est pas l’aspect principal. Les activistes locaux étaient malheureusement sceptiques quant aux possibilité de réalisation d’une telle initiative, mais leur courage a payé, puisque une centaine de personnes était présente, et possiblement même davantage potentiellement.

Là aussi, le lendemain a été marqué par une présence en forêt d’une vingtaine de personnes, alors que se tenait la dernière chasse à courre du rallye Grésigne, visant les cerfs (là-bas aussi, heureusement, aucune victime).

Enfin comme remarquéil y a eu des initiatives de soutien à la chasse à courre, organisées dans un esprit d’unité de tous les affreux (bouchers, charcutiers, chasseurs, éleveurs, etc.). A Rambouillet, la mobilisation en ce sens a été relativement un succès, avec 400 personnes. On remarquera au passage la présence temporaire mais cordiale auprès du préfet des Yvelines, ainsi que du maire de la ville…

Cependant, cette mobilisation n’a pas osé la défense frontale de la chasse à courre, préférant comme mot d’ordre « les veneurs s’engagent pour la ruralité », « les veneurs mobilisés : halte à la dictature anti-chasse et anti-ruralité ». C’est tout un état d’esprit réactionnaire, ce que Le Parisien, comparant ce rassemblement et celui d’AVA, résume par la formule : « Tambours contre trompes. Jeans contre pantalons en velours. ».

Il en va de même pour Paimpont, où là la mobilisation fut autrement marquante, avec entre 1800 et 2000 personnes, avec beaucoup d’hommes d’un certain âge. Cependant, là aussi, la ruralité fut le grand thème et face à la presse, la chasse à courre a soigneusement été évitée comme sujet.

Concluons par le communique d’AVA à la suite de cette journée du 30 mars :

« Voici que s’achève la deuxième saison d’AVA (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui), et ce sur une mobilisation nationale unique, pour la première fois : 1100 personnes sont sorties fêter avec nous la fin de saison de chasse à courre, et le retour du calme dans les forêts. 

Le parti pris par AVA s’avère donc payant : celui d’implanter le mouvement localement, partout où la barbarie a lieu, d’en donner les clés à la population vigilante et sûre de sa force, et non à une poignée d’activistes.

Nous étions donc plus nombreux que l’année passée, répartis sur quatre villes, malgré une pression très forte des veneurs. A deux endroits, ils avaient organisé des « contre-manifestations », même si celles ci étaient hypocritement tournées autour de la « ruralité » et des « traditions », car impossible pour eux de mobiliser franchement en défense d’une pratique telle que la vénerie, rejetée par tous !

Nos adversaires, qui tentent toujours désespérément de nous caricaturer en « antispécistes violents radicalisés etc…», s’enfoncent chaque jour un peu plus dans le mensonge pour sauver la face : ils ont bien face à eux une résistance populaire solide, basée sur des valeurs positives.

C’est le besoin de civilisation en général qui s’exprime à travers notre mouvement contre la barbarie et le féodalisme dans nos campagnes.

Nous avons, encore aujourd’hui, marqué un jalon dans notre avancée, sous forme d’une célébration de la Nature sauvage pour ce qu’elle est, du printemps et de la quiétude retrouvée en forêt, libérée de la chasse à courre pendant 6 mois !

Avant de revenir plus nombreux, plus forts, et plus sûrs de nous encore, le message est passé : Bye Bye la chasse à courre !

Merci à tous de votre abnégation et de votre engagement ! Merci aux associations amies ainsi qu’aux élus engagés autour de cette cause et présents aux rassemblements ! »

Voilà donc une très bonne nouvelle pour les animaux des forêts ! Car c’est là l’aspect qui compte le plus. Il y a de la joie dans tout cela et beaucoup d’enseignements à tirer pour l’avenir.

Espérons justement qu’il y aura tout de même dans notre pays le niveau suffisant sur le plan militant de la part des activistes pour saisir qu’il s’agit désormais de produire ses propres initiatives, en apprenant de l’expérience d’AVA… Pas de copier ou de se précipiter… On sait à quel point beaucoup de gens raisonnent malheureusement en termes de modes activistes, sans chercher à effectuer le travail dans la population qui est justement la clef du succès d’AVA…

Il ne s’agirait pas que les avancées soient démolies par des gens cherchant à bien faire, mais déconnectés d’une réelle mise en perspective. Et que des énergies soient gâchées, alors que les animaux en ont tant besoin !

AVA

Le « terroir » en guerre contre AVA

Les opposants à la chasse à courre rencontrent une opposition qui compte bien rassembler tous ceux qui sont selon nous vraiment affreux : les chasseurs, les bouchers, les éleveurs, les partisans acharnés du terroir, etc. Et ils sont acharnés, vraiment acharnés ; en voici quelques exemples concrets.

Rappelons l’importance du moment, puisque nous arrivons à la fin de la saison de chasse à courre. Celle-ci est devenue un vrai abcès de fixation, les chasseurs faisant tout ce qu’ils peuvent pour la protéger. L’année dernière, AVA avait conclu une année de lutte par une rassemblement de mille personnes à Compiègne, et cela est resté en travers de leur gorge.

Cette fois, la « grande fête pour célébrer le retour du printemps et la fin de la barbarie dans nos forêts » se déroule dans pas moins de quatre endroits :

➡ CASTELNAU-DE-MONTMIRAL (81)
https://www.facebook.com/events/630452914062142/

➡ PAIMPONT (35)
https://www.facebook.com/events/2058111597630303/

➡ PONT-SAINTE-MAXENCE (60)
https://www.facebook.com/events/399881824094636/

➡ RAMBOUILLET (78)
https://www.facebook.com/events/925073987883666/

AVA bye bye! la chasse à courre

Comprenant qu’il y a là une opposition démocratique qui porte en elle des valeurs les condamnant, les fanatiques du terroir et des valeurs anciennes, dépassées, reprennent la bonne vieille méthode éprouvée en 1871. Déjà, au moment de la Commune de Paris, la France profonde était poussée à la panique, avec la dénonciation des ultras qui depuis les villes comptent détruire tout ce qui compte vraiment… et surtout porter atteinte à la propriété privée.

Le parallèle n’est pas du tout erroné, malgré son côté ancien. Si l’on prend mai 68, c’est la même chose qui s’est passé. Après le mouvement étudiant et la grande grève à l’échelle du pays, cela a été un raz-de-marée électoral en faveur de la Droite. La France profonde, enchaîné à son style de vie individualiste, a fait face à une grande frayeur.

Ce tract dénonciateur caricaturant AVA montre que c’est vraiment le fond de la stratégie des chasseurs : faire peur au pays.

Fake news de la Société de Vénerie

Voici le texte de présentation d’une initiative en Bretagne. Elle vise à manifester le 30 mars également, directement contre AVA, en défense de la ruralité et des traditions. Les « néo-ruraux » y sont dénoncés, qui ne supporteraient pas le « carillon » d’une église ! Et le texte se conclut par un appel à boire une bière « du pays ».

C’est là un discours classiquement pétainiste : la terre ne ment pas, des étrangers à notre terre viennent démanteler nos valeurs, il faut donc d’autant plus se tourner vers notre terroir, etc.

C’est donc un vaste front qui tente de se mettre en place. Voici l’appel de Rambouillet, destiné aux veneurs, aux chasseurs à tir, aux agriculteurs, aux éleveurs, aux bouchers, charcutiers, etc.

« Rassemblement festif et solidaire des amis de la chasse et de la ruralité »

Qui est derrière cela ? Bien entendu, les notables, dans le sens de gens de gens aisés, d’une droite décomplexée, ayant un sens aristocratique de la vie, mais en même temps capable de mettre les mains dans le cambouis s’il le faut et surtout en mesure de diriger un mouvement s’il le faut.

Ce n’est pas la personne aisée dans son ghetto de Neuilly – Auteuil – Passy, mettant des gants dans le métro parisien. Il s’agit là, en arrière plan, de « la haute », de gens considérant que le pays leur revient, et qui comptent bien le faire comprendre à qui se met sur leur chemin.

Les soutiennent tous ceux qui se complaisent dans une telle vision du monde. Être « réac », c’est tout un style.

La dernière illustration mentionne la contre-campagne, et effectivement elle est intense. Elle vise à arracher systématiquement les affiches d’AVA, à aller discuter fermement avec les commerçants ayant mis une affiche dans leur boutique, etc.

Il ne s’agit pas seulement de développer un contre-discours : les chasseurs veulent étouffer le discours même d’AVA.

Il faut ici bien souligner un aspect important, qui explique pourquoi le cadre de cette campagne anti-AVA dépasse largement celui des partisans de la chasse à courre. Il s’agit en effet de faire oublier à l’opinion publique l’agression terrible commise à l’encontre d’un opposant à la chasse à courre. Il s’agit de faire oublier qu’il est tombé dans le coma.

Et quelle est la méthode employée ? Faire en sorte que tous les gens les plus conservateurs du pays se serrent les coudes. Pour qu’on ne parle plus de la chasse à courre, pour qu’on la protège en l’englobant dans une ruralité telle que définie par les notables.

Cela va avec un second aspect, qui est la question de la condition animale. En protégeant des animaux sauvages, AVA a fait quelque chose d’une très grande importance. Cela rejoint, d’une manière ou d’une autre, le principe de la protection animale, des refuges, du fait d’apprécier les animaux pour ce qu’ils sont.

Nous avons déjà souligné que même si ce n’est pas du véganisme, cela en participe et c’est une très bonne chose, une excellente dynamique. Car il n’y a pas de véganisme sans amour des animaux.

Cela dérange profondément les anti-animaux, qui eux étaient très contents de L214 et des « antispécistes » qui ne parlent que des animaux allant dans les abattoirs et véhiculent une démarche uniquement négative dans ses exigences, voire misanthrope.

Simple hypothèse ? Absolument pas, comme en témoigne ce document de l’Association pour la Défense de la Ruralité et de ses Traditions, qui va manifester en Bretagne contre AVA.

Ces gens ont très bien compris qu’il valait mieux des opposants rejetant la Nature que des opposants en proposant une vision différente. Ils se focalisent donc sur la ligne fanatiquement anti-nature des théoriciens « antispécistes », afin de dire aux gens : vous voyez bien que ces gens sont déconnectés.

Voici le document en question.

« François Palut, un homme debout, un maire et un citoyen engagé !

Pas un jour ne se passe sans qu’un nouveau soutien, qu’un nouveau groupement professionnel, qu’une nouvelle association ne vienne grossir les rangs de l’Association pour la Défense de la Ruralité et de ses Traditions et nous assure de leur présence le 30 mars prochain à Paimpont.

C’est un peu comme la grande marche du Cid :

 » Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort,

Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port »

Beaucoup de témoignages de sympathie nous arrivent, beaucoup de lassitude aussi dans la voix de bon nombre d’agriculteurs, de chasseurs, d’éleveurs, de pêcheurs, de familles rurales qui nous appellent et nous rejoignent.

Comment peut-on encore tolérer que des groupuscules, des ultra-minorités voir même des marginaux puissent à ce point poursuivre en toute impunité leurs actions violentes, leurs actions de désinformation fondées sur leur haine du réel ? Comment accepter que l’on fasse si peu de cas de tous ces hommes et femmes qui tous les jours travaillent la terre nourricière, régulent les espèces sauvages, entretiennent nos forêts et vivent paisiblement dans nos campagnes !

C’est la question que nous avons posée à François Palut, personnage engagé, un battant, un homme aux multiples responsabilités qui ne cesse de clamer son amour pour la ruralité, défenseur de l’économie des territoires, passionné pour l’élevage avec un sens aiguë du service depuis son fauteuil de maire mais aussi comme Président de l’association pour le maintien de l’Élevage en Bretagne (AMEB) !

Voilà un homme bien informé, qui nous livre son analyse précise et documentée sur ces groupuscules antispécistes.

 » Il ne faut pas se tromper, les attaques que subissent les agriculteurs, toute l’industrie agro-alimentaire, les chasseurs, les familles rurales, … ne sont pas des attaques ponctuelles, il s’agit d’attaques organisées, concertées financées et planifiées.

Tous les groupuscules antispécistes L214, AVA et autre manipulent le grand public et les journalistes : ils prétendent agir pour le bien-être des animaux, alors qu’en fait, ce sont de véritables gourous.

Ils ont pour projet de faire disparaitre la souffrance sur terre, et pour cela ils veulent supprimer tous les animaux carnivores sur terre et dans les océans… Pour leur bien !

Ils font croire au grand public qu’ils sont une association qui veut améliorer le bien-être des animaux d’élevage (conditions d’élevage, de transport et d’abattage) alors que derrière leur idéologie se cache un projet radical dont personne n’a conscience, pas même leurs adhérents, qui eux pensent défendre la cause animale !

Prenons par exemple l’association L214 qui fait tant pour détruire les élevages bretons ! Estiva Reus cadre fondatrice de l’association L214 (trésorière) est l’une des rédactrices des « Cahiers Antispécistes ». C’est l’association qui a poussé́ Brigitte Gouthière et Sébastien Arsac à créer L214 en 2008.

C’est clairement exprimé dans leur livre : L214, Une voix pour les animaux.

Le projet consiste à « éliminer les animaux sauvages pour leur bien », projet décrit par Estiva Reus dans les Cahiers Antispécistes N°41, 40 et 39 (documents disponibles sur internet).

Ce projet s’appelle RWAS (Réduction de la souffrance des animaux sauvage)

Le projet RWAS prévoit 2 moyens pour faire disparaitre la douleur de la planète :

1. Éliminer tous les animaux carnivores sur terre et dans les océans.

2. Convertir tous les animaux carnivores au véganisme, grâce aux progrès des biotechnologie : génétique, nanotechnologie, pharmacologie, neurochirurgie

Alors que beaucoup de propriétaires d’animaux de compagnie font des dons à L214 en pensant soutenir une association welfariste, ils donnent en fait de l’argent à des abolitionnistes qui veulent faire disparaitre leur animal de compagnie au nom du refus de l’exploitation de l’animal par l’homme !

Donc toutes ces associations antispécistes ont une stratégie parfaitement huilée : derrière le marketing d’ONG très cool, personne, pas même un journaliste n’entrevoit le projet de ces militants radicalisés et très manipulateurs.

Ce sont des terroristes alimentaires qui veulent nous imposer leur façon de vivre et de s’alimenter… Chacun est libre de s’alimenter comme il le souhaite, qu’il soit végane, omnivore ou viandard. Par contre, aucun de nous n’a le droit d’imposer à l’autre sa façon de vivre et de s’alimenter…

C’est pour cela que le 30 mars prochain je serai à Paimpont pour manifester auprès de tous les acteurs du monde rural qui viendront joyeusement redire leur fierté d’être agriculteur, d’être chasseur, pêcheur ou tout simplement attaché au réel, loin des délires de ces fanatiques. »

Merci Monsieur pour ce beau témoignage.

Tous à Paimpont le 30 mars prochain, à transmettre, à faire suivre et à partager autour de vous.

Le réveil de la ruralité, c’est maintenant ! »

Nous avons déjà parlé de ce thème du RWAS effectivement valorisé par les Cahiers anti-spécistes. Le rejet de la Nature est de toutes façons une norme historique du courant antispéciste (d’où le rejet véhément de LTD par ses théoriciens). Un nouvel ouvrage est sorti par ailleurs tout récemment, « La révolution antispéciste », avec des écrits de Thomas Lepeltier, Yves Bonnardel et Pierre Sigler.

Rien que le sommaire donne déjà le ton : il n’y a pas de Nature, pas d’espèces, etc. Bref, comme expliqué et critiqué déjà il y a plus de dix ans dans « véganisme utopique et véganisme scientifique », il n’y aurait que des individus. Ce texte avait anticipé cette utilisation déviante du véganisme pour le transformer, d’une défense des animaux, en culte des individus.

Préface. Renan Larue
Introduction. Pourquoi la révolution antispéciste ? Yves Bonnardel, Thomas Lepeltier et Pierre Sigler
Chapitre 1. Qu’est-ce que le spécisme ? David Olivier
Chapitre 2. Qu’est-ce que la conscience ? Pierre Sigler
Chapitre 3. La vie mentale des animaux. Pierre Sigler
Chapitre 4. Quelques réflexions concernant les plantes. Yves Bonnardel
Chapitre 5. En finir avec l’idée de nature. Yves Bonnardel
Chapitre 6. L’idée de Nature contre la pensée animale. Yves Bonnardel
Chapitre 7. Vers un écologisme non naturaliste. David Olivier
Chapitre 8. Faut-il sauver la gazelle du lion ? Thomas Lepeltier
Chapitre 9. Utilitarisme et anti-utilitarisme dans l’éthique animale contemporaine. Estiva Reus
Chapitre 10. Les espèces non plus n’existent pas. David Olivier
Chapitre 11. Sur la supériorité. David Olivier
Chapitre 12. Les animaux à l’assaut du ciel. Yves Bonnardel

Les chasseurs ont bien compris les enjeux et ils apprécient les « antispécistes », comme cela ils peuvent se prétendre les seuls qui aient compris la Nature. Ils ont ainsi les arguments intellectuels et culturels pour justifier la « régulation » qu’ils font. Si en effet la Nature est chaos, il faut bien que l’humanité intervienne…

Mais la Nature n’est pas le chaos, elle porte la vie, l’évolution. L’humanité n’est qu’une composante de ce processus de la vie à l’échelle planétaire. C’est le sens du slogan « la Terre d’abord ! ». Le tout prime sur les parties et les parties n’ont aucun sens sans s’aligner sur les nécessités historiques du tout. L’humanité doit rejeter son anthropocentrisme. C’est cela le vrai enjeu du 21e siècle.

Récit du 16 février 2019

AVA Bretagne a publié un communiqué pour présenter les faits du 16 février, jour terrible où un de ses activistes s’est retrouvé dans le coma suite à une agression. C’est là un message très important, car au silence médiatique s’est ajoutée une campagne de désinformation. Libération a par exemple publié, dans ses pages « Checknews », un article intitulé Un militant anti-chasse est-il dans le coma après avoir été frappé par un chasseur ?, modèle d’absence de déontologie, avec strictement aucune recherche et une acceptation ouverte du point de vue des chasseurs ou des gendarmes.

Nous appelons évidemment à diffuser ce communiqué, ainsi qu’à soutenir AVA, mieux, à protéger AVA, qui est concrètement un véritable brise-glace démocratique de la question du rapport aux forêts et à leurs habitants. Et il y a une véritable réflexion de fond à avoir quant à la terrible violence des chasseurs. Il ne s’agit pas simplement de constater la brutalité de ceux qui font de l’utilisation des animaux une source de profit, que ce soit dans les cirques, les boucheries ou encore les corridas. Il faut bien en voir le caractère fondamentalement patriarcal, la perspective radicalement opposé à la Nature, le culte de la conquête et de la soumission, le cynisme et l’indifférence.

Voici le récit complet des évènements qui ont précédé l’hospitalisation de notre camarade Frédéric, ce samedi 16 février 2019, tel que raconté par des témoins directs. A l’heure où nous écrivons ces lignes, il est toujours plongé dans le coma, cela depuis 11 jours. Pendant ce temps, une campagne écœurante orchestrée par la Société de Vénerie fait rage, et tous leurs relais dans la presse et les institutions semblent mobilisés pour protéger leurs intérêts.

Le mensonge semble érigé en système de défense chez les veneurs, ce qui est la dernière arme d’une pratique indéfendable et rejetée par 84 % des Français. 11H00. Alors que deux voitures viennent déposer des citoyens du collectif AVA à l’entrée de la forêt du Gâvre, qui comptent comme d’habitude militer pacifiquement contre la chasse à courre, une voiture avec à son bord quatre membres de l’équipage de Monsieur Mickaël P. arrive elle aussi. Frédéric H. vient de sortir par la porte avant-droite de son véhicule, lorsque Mickaël P., très en colère, surgit du sien, fonce sur ledit véhicule AVA, en arrache l’essuie-glace arrière, puis se précipite sur la porte arrière-droite de la voiture pour l’ouvrir.

Frédéric H. met alors sa main sur son épaule pour tenter de le retenir. Monsieur P. se retourne et lui assène aussitôt plusieurs coups de poing au visage, cassant ses lunettes et occasionnant une hémorragie nasale importante.

Jimmy N. accourt pour porter secours à Frédéric H. et reçoit plusieurs coups, Mickaël P. essayant de lui arracher sa caméra.

Les militants d’AVA subissent ensuite des pressions pendant un long moment, entourés de suiveurs qui les provoquent et les insultent. Frédéric H. est particulièrement ciblé, les veneurs ne le lâchant pas et ne cessant de le provoquer, à tel point qu’une partie de ses camarades juge nécessaire de le mettre en sécurité dans un véhicule, puis de quitter la forêt.

Des veneurs les suivent en voiture jusque dans un centre commercial à des kilomètres de la forêt, contraignant les amis de Frédéric à solliciter la protection d’un vigile, qui met les poursuivants dehors.

Vers 15H30, Frédéric H. se présente à la gendarmerie de Blain pour y déposer plainte. On lui demande de revenir le lendemain avec un certificat du médecin.Ses camarades, qui l’accompagnent pendant l’après-midi, notent que le nez de Frédéric H. se remet à saigner plusieurs fois et que son hématome au front se colore peu à peu de violet.

Frédéric H. quitte ses camarades vers 16H30 pour aller chercher de l’essence. Il devait retrouver certains d’entre eux plus tard, mais n’est jamais arrivé à destination. Selon les informations portées à notre connaissance, il se serait écroulé vers 17H45 sur la voie publique, vomissant du sang.Frédéric H., souffrant de graves lésions et d’un œdème cérébral, a été pris en charge par les pompiers et transporté aux Urgences de Redon, puis placé sous coma artificiel et transféré vers minuit au Service Réanimation Chirurgicale de Pontchaillou, à Rennes.

Vendredi 21 février 2019 au soir, soit quelques heures après l’annonce de l’état de santé de Frédéric, Jimmy N. est victime de ce qui ressemble fort à une expédition punitive, en pleine rue et devant témoins, à Rennes. Il a également été transporté par les pompiers aux Urgences Médico-Chirurgicales de Pontchaillou, qui ont constaté de multiples blessures.

L’un des deux auteurs a été formellement identifié comme étant Arthur M., membre de l’équipage de Mickaël P. déjà impliqué dans les faits du 16.

Compte tenu des difficultés rencontrées par la famille de Frédéric H. et par Jimmy N. auprès des gendarmeries respectives de Blain et de Guémené Penfao, les plaintes ont été déposées par Me Angélique Chartrain, Avocate, directement entre les mains du Procureur de la République de Saint-Nazaire, notamment pour violences aggravées et harcèlement.

Ceci étant posé, nous déplorons, dans toute la France, une escalade dans la violence des veneurs à l’encontre des militants pacifistes d’AVA, qui ne font qu’exercer leurs libertés les plus strictes d’aller et venir, se rassembler, exprimer leur opinion et informer la population.Rien qu’en Bretagne et en Loire-Atlantique, une trentaine de plaintes ont été déposées cette saison, sans compter celles qui ont été abusivement refusées par des gendarmes ou OPJ ainsi que celles qui n’ont pas été déposées par dépit ou lassitude.

Nous nous interrogeons aussi sur le rôle de certains gendarmes et la préservation du secret de l’enquête, la Société de vénerie évoquant sur les réseaux sociaux un « rapport de police », alors que nul n’est censé avoir accès à des éléments de l’enquête avant la clôture de celle-ci. De même, le Capitaine de gendarmerie de la compagnie de Châteaubriant, Bruno Perochaud, non chargé de l’enquête, a fait de multiples déclarations sur les circonstances supposées des faits, certaines allant à l’encontre de témoignages directs et d’éléments concrets en notre possession.

En tout état de cause, nous n’entendons pas nous laisser intimider et sommes plus que jamais déterminés à mettre tout en œuvre pour que les auteurs, qui semblent animés tant par le sentiment d’impunité que la vindicte, répondent de leurs actes devant les tribunaux.

Soyons tous unis face à la terreur, demandons justice pour Frédéric ! ABOLISSONS LA CHASSE A COURRE ET LA VIOLENCE QU’ELLE REPRÉSENTE !

Un militant AVA agressé et dans le coma

Un militant d’AVA – Abolissons la Vénérie Aujourd’hui a été brutalement agressé et est dans le coma depuis plusieurs jours. Voici le communiqué d’AVA Bretagne qui vient de rendre public cette information.

Violente agression, Un AVA dans le COMA, entre la vie et la mort.

Samedi dernier, 16 février, en forêt du Gâvre, près de 300 veneurs nous attendaient. Avant même le début de la chasse, à l’arrivée de notre voiture, un veneur s’est précipité pour ouvrir notre portière et nous a invectivés avec rage puis a porté de violents coups de poings au visage de Frédéric, provoquant un saignement de nez important. Après cette agression, de nombreux veneurs l’ont provoqué malgré notre flegme et nos tentatives de les maintenir à distance.

En fin de journée, Frédéric fait un malaise et a été transporté aux urgences. Il est dans le coma depuis 6 jours. Il souffre de très graves lésions et d’un œdème cérébraux. Son pronostic vital est engagé.

Il était venu ce jour là pour défendre pacifiquement ses idéaux. Il voulait simplement protéger la forêt et ses habitants en dénonçant une pratique qu’il juge barbare et faire entendre la voix des citoyens.

L’auteur de l’agression est identifié, une enquête judiciaire est en cours et nous avons confié le dossier à un avocat pour nous assurer de son bon avancement.

Nous déplorons l’escalade constatée chaque semaine dans la violence manifestée par les veneurs à notre égard. Nous n’entendons pas nous laisser intimider et restons déterminés à faire valoir nos droits les plus stricts, au besoin par la voie judiciaire.

Nous vous tiendrons informé de son état de santé sur cette page.

Nos pensées vont à Frédéric, sa famille et ses amis.

AVA Bretagne

Document : la vénerie sous terre

Voici un nouveau document, dans l’esprit de ceux mis en ligne récemment. Il traite de la vénerie sous terre, et au-delà de l’aspect des connaissances, il peut et doit s’agir de la perspective de l’ouverture de nouveaux fronts de lutte. Il ne faut pas tant copier ce qui fonctionne, qu’en saisir la substance et lancer de nouvelles batailles.

vènerie sous terre
(PDF)

« Même s’il pouvait y avoir une majorité de Français »…

Nous sommes à la veille de la Saint-Hubert, une date centrale pour les chasseurs. C’est une excellente occasion de faire le point. Car le véganisme a connu en cette rentrée un véritable tournant historique, comme donc on pouvait le pressentir ou même carrément le voir. Après, cela dépend sous quel angle on le considère, bien entendu, mais de notre point de vue, on peut dire qu’on est passé enfin à quelque chose de tout à fait concret et ayant prise sur la société française.

Nous avons ici bien sûr en tête la question de la chasse, qui est devenue une thématique littéralement brûlante dans la société française, grâce à la lutte exemplaire contre la chasse à courre partie de Picardie. Il y a ici une perspective de tracée pour les prochains mois, voir les prochaines années.

A l’inverse, l’antispécisme qui a occupé la scène médiatique s’avère une voie de garage complète, sans aucune prise sur la société française, qui l’a littéralement rejeté comme un corps étranger.

Commençons tout d’abord par deux excellentes nouvelles. La première, c’est que le parquet de Compiègne a classé sans suite les plaintes faites par les veneurs contre Abolissons la vénerie aujourd’hui (AVA). Cette nouvelle toute fraîche est une victoire énorme, car on se doute bien qu’il existe une pression terrible de la part des veneurs sur les institutions et les forces de répression.

Les veneurs ont échoué devant le succès populaire d’AVA, qui a été leur muraille protectrice. Tous les opposants qui par le passé se sont confrontés à la chasse à courre se sont retrouvés isolés et à la merci de l’écrasement : cette fois c’est fini.

La seconde excellente nouvelle, c’est également la tenue par AVA d’un congrès. Cela signifie beaucoup de choses. Tout d’abord, qu’il y a une base solide de formée, ensuite que le modèle a pu être reproduit par des gens sérieux. Enfin, qu’il y a eu la capacité à s’unir.

Ce n’est jamais simple, surtout lorsqu’on ne part de rien, et on sait à quel point nombre de gens ont, dans des associations, un sentiment scandaleux de jalousie par rapport à tout cela. C’est honteux, il faut saluer humblement ces efforts bien dosés, très réfléchis, et victorieux.

Il y a donc désormais 16 groupes AVA à travers la France. C’est une victoire qu’on peut qualifier sans précédent.

Il y a par ailleurs deux points qui semblent importants ici. Tout d’abord, il y a des gens qui veulent monter un groupe anti-chasse à courre… Là où il n’y a pas de chasse à courre. L’intention peut être louable, elle n’en a pas moins aucun sens. Mieux vaut apprendre du succès et monter une nouvelle lutte, ce ne sont pas les prétextes qui manquent pour cela !

Mais rien ne sert de faire du forcing abstrait, de basculer dans l’aventurisme ou de chercher à surfer sur quelque chose qui marche, sans se préoccuper de la réalité. Ce n’est pas là servir les animaux.

Le second point consiste en un regret, puisque certaines personnes relevant du noyau historique d’AVA ont décidé de passer à autre chose. Il y a l’envie d’aller plus loin dans « l’animalisme », l’envie de ne pas se retrouver avec des gens anti-chasse à courre mais pas forcément anti-chasse, la sensation de se faire déposséder alors que d’autres groupes se forment… C’est compréhensible, mais fort regrettable.

Mieux aurait valu continuer cette lutte et contribuer à un autre projet parallèlement, plutôt que de faire un fétiche de sa propre prise de conscience. La lutte anti-chasse à courre est une lutte qui est ce qu’elle est ; elle n’est pas le véganisme, c’est certain. Mais elle est un vecteur à part entière et la faire disparaître dans autre chose, ce n’est pas comprendre la dynamique des luttes ni la bataille des idées, et encore moins la question de l’ancrage dans la population.

Espérons qu’il en ressortira tout de même quelque chose de constructif et ayons l’espoir qu’à terme, les luttes se rejoignent, de par leur base positive !

Surtout qu’il faut faire bloc, sans discontinuer. Il y a quelques jours ont ainsi été lacérées 8 pneus de voitures, au moment de la chasse à courre du Rallye Roumare, en forêt d’Eawy aux Grandes-Ventes en Seine-Maritime. Une voiture d’activistes d’AVA et une autre de cueilleurs de champignons ont été pris pour cible, par des gens qui sentent bien que le vent tourne dans la population, mais qui savent aussi qu’ils ont l’appui de l’État.

Qu’a dit par exemple François de Rugy, le nouveau ministre de l’écologie, à la suite de sa rencontre avec les représentants de la fédération nationale des chasseurs, la semaine dernière ?

« Je n’ai pas été nommé ministre et Emmanuel Macron n’a pas été élu pour supprimer la chasse, même s’il pouvait y avoir une majorité de Français favorables à cette idée ! »

Voilà une posture anti-démocratique absolument limpide. Dans un même ordre d’idée, en Savoir, le maire de Jarsy exige des cueilleurs de champignons que les mercredi, jeudi, samedi et dimanche, ils portent un gilet fluo en raison de la chasse.

D’autres anecdotes du même type sont assez marquantes. La fédération des chasseurs de Charente-Maritime a ainsi promis de rembourser le permis de chasse à ceux qui ramèneraient 35 queues de renard.

Il y a eu aussi des surfeurs qui se sont fait tirer dessus, sur la presqu’île de Crozon, dans le Finistère. Les chasseurs ont expliqué qu’en réalité, des plombs leur étaient simplement retombés dessus…

Il devait également y avoir la première édition de « Fort en Trail », à côté de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Cette course devait avoir 350 participants, mais les chasseurs ont expliqué qu’il était hors de question qu’ils ne chassent pas ce jour-là, d’où l’annulation…

Cela n’empêche bien entendu pas les chasseurs de chercher de manière idéaliste à mettre en avant une image intellectuelle et chic par l’intermédiaire de femmes. Il y a eu une photographe végétarienne publiant un ouvrage de photos « Chasse à courre – À la croisée des mondes » chez Flammarion, il y a aussi Johanna Clermont qui se met en scène, avec de nombreuses marques de chasse, dans de nombreuses photos.

La réalité est bien différente et voici la lettre ouverte d’une femme dont le mari a été tué par des chasseurs.

Monsieur le Président de la république Emmanuel Macron, Monsieur le président de la fédération nationale des chasseurs, Messieurs les présidents des fédérations départementales, Mesdames et Messieurs les chasseurs.

Il y a 3 ans le 5 décembre 2015, mon mari est mort d’une balle en pleine tête, tué par un chasseur dans les hauteurs d’Annecy alors que nous courrions tous les 2 sur des sentiers balisés. Il était le papa de 2 petites filles, de nos 2 petites filles…

Nous aimions la nature, nous aimions le sport, nous aimions notre liberté. Ce jour-là un jeune chasseur, aveuglé par sa passion de la chasse, a tiré sans prendre le temps d’identifier sa cible ( mon mari mesurait 1,83 m et nous étions à 30 cm l’un de l’autre) , a enfreint toutes les règles de sécurité et a tué mon mari.

Depuis notre accident, certaines mesures de sécurité complémentaires ont été prises. Il n’y a d’ailleurs qu’en Haute Savoie que cela a été fait, les autres fédérations de chasse n’ayant pas voulu en entendre parler, cela était certainement trop contraignant…

Mais force est de constater que ces mesures sont loin d’être suffisantes et samedi, de nouveau en Haute Savoie, c’est un VTTiste de 34 ans qui est mort tué, lui également par un jeune chasseur. Il semble également qu’un Vttiste soit assez identifiable, avec son vélo… Lui aussi aimait la nature, lui aussi était heureux certainement ce jour-là de pratiquer son sport mais il est mort tué par un chasseur qui pratiquait lui aussi son loisir… !!

La différence c’est que nous pratiquons, nous, marcheurs, promeneurs, coureurs, VTTistes, ramasseurs de champignons, des loisirs qui ne mettent pas la vie d’autrui en danger. Les chasseurs si !

Et Monsieur le président, vous décidez début septembre de rendre le permis de chasse encore plus accessible en divisant son prix par 2, sans aucune contrepartie au niveau de notre sécurité et de notre liberté.

Partageons la nature, c’est cela le message des fédérations ? Comment cela est possible quand n’ importe qui peut passer et obtenir son permis de chasse, sans encadrement, sans tutorat, sans zone clairement délimitée, sans jour et heures délimités le week-end, sans contrôle, sans sanction? C’est une activité qui doit être pratiquée par des personnes qui sont en mesure de pratiquer ces activités avec des règles strictes et un encadrement stricte.

La pratique aujourd’hui des sports Outdoor, des activités en plein air, le mode de vie des gens vivant à la campagne, à la montagne a évolué. N’est-il alors pas nécessaire de faire évoluer également cette pratique qui aujourd’hui tue entre 20 et 30 personnes par an.
Où vivons-nous ? Où se trouve le respect de notre liberté ?
Combien de morts faudra-t-il pour que vous décidiez de mettre des vraies mesures en place ?

Monsieur le Président, Monsieur le président de la fédération nationale des chasseurs, Messieurs les présidents des fédérations départementales, Mesdames et Messieurs les chasseurs, je vous pose la question, prenez quelques minutes pour y réfléchir.

Ce texte est triste et il souligne en même temps une véritable prise de conscience. Cependant, c’est un raccourci de s’imaginer qu’Emmanuel Macron cède devant le lobby des chasseurs, ou bien qu’il recherche leurs voix. En réalité, on est là dans un dispositif de maintien de l’ordre réactionnaire dans la France rurale. C’est la sainte alliance de tous les réactionnaires.

C’est en cela que le véganisme ne peut qu’apporter son attention à la question de la chasse. C’est tout le rapport à la Nature qui se révèle avec cela. C’est un moyen de faire prendre conscience du rapport positif nécessaire. Inversement, les antispécistes assument d’être coupés de la Nature et même de la population, ne voyant les animaux que négativement, par rapport aux fermes-usines.

Ce qui est en jeu, ici, c’est la possibilité même d’un véganisme de masse.

Chasse à courre : quelques points de droit

Voici un PDF avec quelques points légaux concernant la chasse à courre. Cela apparaît comme une contribution pouvant être utile aux personnes s’intéressant à cette actualité. Il suffit de cliquer sur l’image pour télécharger le document.

La rentrée 2018 des chasseurs

Hier s’ouvrait la chasse pour la moitié sud de la France, la moitié nord voyant le massacre recommencer le 16, la chasse à courre recommençant quant à elle le 15, une date ô combien importante !

C’est donc le moment d’avoir un aperçu approfondi sur la grande offensive des chasseurs de cette rentrée.

C’est quelque chose d’essentiel à comprendre pour qui a saisi que le véganisme ne peut pas avancer sous une forme abstraite et déconnectée de la réalité (« l’antispécisme »), mais seulement en étant adapté aux conditions concrètes de la France, avec ses mentalités, ses structures sociales, son histoire, etc.

En l’occurrence, la France profonde, « enracinée », c’est-à-dire profondément réactionnaire, pétrie des valeurs impulsés par les notables, la haute bourgeoisie, les mœurs rustiques ou néo-rustiques, est un obstacle fondamental. C’est cette France qui a étouffé la Commune en 1871 ou bien mai 1968, alors s’imaginer qu’aujourd’hui on pourrait vaincre une telle opposition simplement serait bien absurde.

Les chasseurs ne s’y trompent pas et ont développé des formes d’alliances à différents niveaux avec les éleveurs et les bouchers. C’est un front de la réaction qui a pris forme et qui montre que ces ont mieux compris que les « antispécistes » quelle était la réalité du pays.

Quelle forme a donc pris l’offensive des chasseurs en cette rentrée 2018 ? Il serait plus juste de parler de « formes » au pluriel, car les chasseurs ne forment un bloc unifié, centralisé, qu’à la direction. La base est composée de gens avec une démarche très élémentaire. Les Inconnus ont très bien dressé le portrait de cette attitude basique.

En cette rentrée, ce style a été parfois à l’avantage des chasseurs, parfois à leur désavantage. Cela dépend de leur capacité de mobilisation. Ainsi, le début du mois d’août a connu une victoire des chasseurs dans le Nord de la France.

La réserve nationale de la baie de Canche, née en 1987 et qui fait 505 hectares, héberge en effet une « plage des pauvres », par opposition au Touquet. La plage, qui elle fait 20 hectares, est normalement par conséquent protégée de la chasse… Mais les chasseurs ont pu faire admettre leur rapport de force et la chasse est tolérée : aucun chasseur n’a jamais reçu d’amendes !

Les chasseurs jouent ici sur leur force locale, car la plage est mitoyenne de 550 hectares formant une zone de chasse. C’est la France profonde qui expose ici sa face brutale et réactionnaire à l’écologie.

Au grand dam d’activistes, qui ont réussi à faire passer que, désormais, le terrain soit enfin balisé trente après, au moyen de cinq poteaux et de quatre bouées. Sauf que la réaction ne s’est pas faite attendre. Dès l’ouverture de la chasse au « gibier d’eau », cela a été apéro sur la plage et bien évidemment des tirs.

Les gendarmes n’ont évidemment pas verbalisé, se contentant de demander aux chasseurs de s’éloigner cette fois, mais ce n’est évidemment que partie remise, d’autant plus qu’ils ont le soutien ouvert du maire du Touquet Lilyane Lussignol, ainsi que du député du Touquet, Daniel Fasquelle.

D’ailleurs, Thierry Forestier, membre du Collectif « Liberté pour la baie », vice-président de l’association maritime des chasseurs de la baie de Canche, a été très clair dans ses propos :

«  Nous n’avons rien à faire du balisage de la baie de Canche. Nous continuerons à chasser sur la plage des Pauvres  ».

Cet habitant du Touquet, fan du club de football de l’AS Monaco, ne va quand même pas céder devant ces salauds de pauvres!

Et avec l’incontournable Willy Schraen, il a participé à la rédaction d’un point de vue également on ne peut plus clair et mobilisateur :

« Chers amis chasseurs,

La réserve nationale de la baie de Canche et sa plage des pauvres sont un problème récurrent depuis 30 ans.

En effet, un contentieux existe sur le découpage incohérent de cette réserve, qui comme beaucoup d’autres n’ont nullement tenu compte de l’histoire de ces milieux, mais surtout des utilisateurs séculaires de la nature, qui ont préservé, avec leur propre argent, ces joyaux de biodiversité.

Quelques coups de crayons par des technocrates ignorants, et on se retrouve avec des mares de hutte coupées en deux, ou des limites incompréhensibles, qui ne tiennent aucunement compte des chemins existants et des barrières naturelles.

Cela donne forcément un découpage farfelu qui s’aligne sur des clochers et des bouées en mer ; bref, un travail bâclé comme souvent quand on veut mettre sous cloche des territoires au nom d’une écologie dogmatique qui n’a rien à voir avec la défense de la biodiversité.

La plage des pauvres a toujours été le lieu privilégié des bottiers de l’association de chasse locale.

C’est aussi et surtout, comme son nom l’indique, un lieu libre pour tous les utilisateurs de la nature qui ne disposaient pas des moyens nécessaires pour vivre leur passion sur les plages très huppées du Touquet au début du siècle dernier.

Pêcheurs, chasseurs, ramasseurs de coquillages et autres promeneurs et baigneurs fréquentent donc ces lieux depuis des décennies.

Après de nombreux rebondissements politiques et juridiques, il semble que le dernier jugement du Tribunal Administratif interdit désormais l’accès à cette plage aux locaux. La présidente d’Eden 62, qui gère cet espace, nous a annoncé, il y a quelques jours, que les grillages de fermeture seraient posés courant mars.

De façon autoritaire, on retire encore un espace de liberté de plus aux utilisateurs de la nature, pour que quelques scientifiques ou écologistes de pacotille puissent profiter pleinement de leur nouvel espace d’exclusion de l’espèce humaine.

Avec mon ami, Thierry Forestier, président de l’AMCBDC, nous avons décidé de ne pas accepter cette décision et de nous battre pour que cette chasse populaire des bottiers ne disparaisse pas comme tant d’autres aujourd’hui.

Ce combat est celui du pot de terre contre le pot de fer, mais qu’importe, car ce combat est profondément juste. Il n’est pas pensable que nous laissions l’Etat verrouiller un morceau historique de notre chasse locale, de notre nature et de notre ruralité.

J’ai alerté l’Elysée et je mobilise en ce moment les élus que je rencontre et notamment Gérard Larcher, Président du Sénat, Xavier Bertrand  Président du Conseil Régional, Jean-Claude Leroy, Président du Conseil Départemental du Pas-de-Calais et le député de la circonscription, Daniel Fasquelle.

Par ailleurs, de nombreux maires et élus locaux se sont toujours battus pour que cette plage ne soit pas confisquée aux utilisateurs locaux, qui en sont les principaux défenseurs depuis des décennies.

Je verrai également le Prefet du Pas-de-Calais dans quelques jours pour appréhender les solutions qui s’offrent à nous.

Cette action sera de toute façon la dernière, si l’unité politique ne se fait pas autour de ce combat de bon sens. Quand je vois d’ailleurs ce qui s’est passé à Notre-Dame-des-Landes, qu’on ne me dise pas que tout ne peut pas être changé, même si la jurisprudence n’est pas de notre côté.

Avec Thierry Forestier, l’ensemble des élus de la fédération des chasseurs du Pas-de-Calais, ainsi que toutes les associations amies locales, nous voulons livrer ce combat, certes difficile mais très symbolique.

Il faut, qu’ici comme ailleurs, l’on arrête cette spirale infernale qui consiste à mettre sous cloche des territoires et à en exclure les femmes et les hommes qui en sont à la fois les utilisateurs et les défenseurs, souvent sur leurs propres deniers. »

Ici, le coup de force est effectif. La loi est bafouée, les décisions de l’État sont bafoués, le maire et le député participent à cette vaste mascarade qui se moque de l’État. L’État de droit est aux oubliettes ! Nous ne nous étonnerons pas, nous ne nous en formaliserons pas. C’est à la révolution de balayer tout cela.

Cependant, la capacité de la mobilisation des chasseurs peut également parfois être pris directement en défaut. Ici, les chasseurs agissaient dans le prolongement direct de leur propre activité. Difficile de dépasser cet emprisonnement local, lié à l’emprisonnement mental. Ces gens vont à l’encontre de l’histoire, ils sont donc d’une pesanteur extrême.

Ainsi, les chasseurs, bouchers et autres apparentés avaient exercé une pression terrible pour que la mairie de Calais supprime la location accordée de locaux pour un « festival vegan ». Cela a provoqué un réel émoi chez beaucoup de monde et il y avait évidemment tout un espace pour une mobilisation contre les chasseurs.

Les gens de ce festival agissant cependant dans une optique d’intégration personnelle à la société par un véganisme mercantile, ils ont prôné le pacifisme le plus complet et se sont précipités vers le tribunal administratif, avec l’aidé de L214. L’État, trop content de cette soumission, s’est empressé de leur accorder leur droit de tenir ce festival.

Citons ici l’organisatrice franco-britannique de Fareplace France qui a des propos de dissociation d’une très grand limpidité :

« On comprend qu’ils (les commerçants) soient en colère. Que des vitrines aient été cassées, ce n’est pas normal. On estime qu’il faut respecter les gens et leur travail, même si on n’est pas d’accord avec leurs idées. »

Les bouchers ont raison : quel scandale que ces vegans qui abîment des vitrines exposant des cadavres d’animaux ! Mais où va-t-on !

En tout cas, donc, les chasseurs ont tenté de mobiliser. Ils ont affirmé qu’ils feraient un rassemblement de 200 personnes devant le festival, puis de 600 personnes. Laurent Rigaud, président de la fédération des bouchers-charcutiers-traiteurs des Hauts-de-France, a finalement d’annuler, à cause de prétendus « débordements » qui pourraient avoir lieu.

Voici le communiqué à ce sujet, avec encore et toujours cette prose croustillante, diffusée ici par Jean-Michel Taccoen, conseiller régional (LR).

Laurent Rigaud, représentant des Bouchers-Charcutiers-Traiteurs des Haut de France, est également très fort dans l’esprit de criminalisation fantasmatique.

C’est également lui qui a tenu une conférence de presse avec encore et toujours Willy Schraen. Car en réalité, on s’en doute, la mobilisation n’était simplement pas possible. Les réactionnaires sont des velléitaires, et à moins d’organiser la plèbe en SA ou en chemises noires, on ne sort pas du cadre d’une démarche individuelle beauf.

Ce sont donc des représentants de la France profonde qui se sont collés au boulot ingrat de se présenter à une poignée devant les médias…

On notera l’inévitable soutien de Xavier Bertrand, président du conseil régional des Hauts-de-France depuis 2016.

Ce qui nous amène à un élément-clef du dispositif des chasseurs dans leur rentrée 2018 : la fête de la chasse à Compiègne

Celle-ci s’est déroulée dans le parc du palais impérial, avec 150 exposants, plus de 37 000 personnes, le président (LR) du Sénat Gérard Larcher, le préfet de l’Oise Louis Le Franc…

Le fait de mettre des t-shirts « j’aime la chasse » aux enfants est peut-être le symbole le plus parlant du caractère terriblement réactionnaire de ces gens.

Il faut vraiment souligner à quel point cette zone géographique joue un rôle essentiel dans le dispositif mis en place par les chasseurs pour se présenter comme utiles et incontournables. Le document au format PDF Éléments d’information sur le travail des chasseurs sur l’opinion publique » devrait déjà avoir été lu par tous les activistes pour bien saisir la situation…

Les chasseurs ont néanmoins inversement connu un revers à Paris. S’ils entendent faire de la Picardie leur bastion de par les liens historiques avec les notables, la bourgeoisie parisienne ne compte certainement pas être mêlé à ce qui lui semble lointain. La RATP a donc ajouté un point d’interrogation aux affiches placées dans le métro, histoire de relativement neutraliser l’offensive des chasseurs.

De manière plus subtile, les chasseurs ont en amont diffusé, du 6 au 12 août, une campagne radio sur Autoroute FM, avec également à partir du 20 août une « minute nature »présentée comme « offerte » à 850 radios locales.

Si vous voulez vous impliquer dans la défense des animaux, vous ne pouvez pas faire l’économie d’écouter cela… Il faut connaître l’ennemi !

Une vidéo a été également mise en place pour les sites et les facebooks des chasseurs. C’était incontournable pour donner une charge offensive à tous les niveaux, pour se montrer opérationnel, efficace sur tous les plans.

Les chasseurs ont évidemment également salué l’arrivée du nouveau ministre de la transition écologique, après avoir joué un rôle central dans l’éviction de Nicolas Hulot.

A cela s’ajoute la mise en place, le 6 septembre, d’un comité de lutte contre les dégâts de gibier à l’initiative de Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, et de Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire.

Les chasseurs se voient attribuer davantage de responsabilité dans les plans de chasse, et il s’agit également de temporiser les relations avec les agriculteurs qui n’apprécient guère pour leurs cultures les pratiques des chasseurs comme l’agrainage visant à nourrir des animaux pour qu’ils prolifèrent et justifier leur activité.

Les chasseurs visent l’institutionnalisation : leur offensive de la rentrée 2018 vise à contribuer à cela de manière décisive. L’objectif est de faire basculer le ministère de l’écologie du côté de l’agriculture, avec l’intégration ouverte de la chasse dans la gestion institutionnelle.

Il y a ici la tentative de cimenter un bloc ultra-réactionnaire pour étouffer toute opposition et jamais l’antispécisme – qui ne s’intéressent nullement aux animaux vivants, à la Nature – ne pourra y faire face. Le véganisme, par contre, est une des clefs historiques pour changer le pays et établir des valeurs moralement justes, en développant sa sensibilité, en l’affirmant.

Il s’agit d’être à l’avant-garde de cet inéluctable affrontement et il n’est qu’une seule position personnelle possible sur le plan psychologique : vegan straight edge en défense de notre mère la Terre ! Il faut savoir se former, se façonner, se forger pour correspondre aux interventions nécessaires !

Continue reading « La rentrée 2018 des chasseurs »

Démission de Nicolas Hulot et triomphe des chasseurs à l’Elysée

La grande actualité, c’est bien entendu la démission « surprise » de Nicolas Hulot, qui a annoncé à la radio qu’il abandonnait sans prévenir son poste de ministre de la transition écologique et solidaire.

Cela est directement relié à la question des chasseurs sur laquelle nous avons mis l’accent ces derniers jours. La démission de Nicolas Hulot était en effet dans l’air du temps et c’est un coup de force des chasseurs qui l’a déclenché.

Ceux-ci avaient encore une fois leur représentant à l’Elysée, Willy Schraen (président de la fédération nationale de la chasse), et celui-ci avait emmené avec lui le lobbyiste Thierry Coste.

Étaient également présents le secrétaire d’État à la transition écologique Sébastien Lecornu, le conseiller énergie de l’Élysée Antoine Peillion, et un ami d’Emmanuel Macron, le chasseur et sénateur de Côte d’Or François Patriat.

A la fin de la réunion, Nicolas Hulot s’est accroché avec Thierry Coste, arguant qu’il n’avait rien à faire là en tant que lobbyiste. Il faut dire aussi que Thierry Coste n’a cessé de faire monter la sauce, racontant en riant en janvier au quotidien Le Monde :

« Quand Nicolas Hulot n’est pas content, j’adore lui rappeler qu’aujourd’hui, on est dans le même camp, celui d’Emmanuel Macron. C’est presque jouissif pour moi. »

Si l’on ajoute le fait qu’Emmanuel Macron avait expliqué à Nicolas Hulot qu’il n’aurait pas été au courant pour la présence de Thierry Coste, on a une situation qui ne rimait plus à rien, et précipitant la démission.

C’est une grande victoire pour les chasseurs, d’autant plus qu’ils ont obtenu l’officialisation de la réforme dont nous avons parlé, faisant passer le permis de chasse de 400 à 200 euros, à quoi s’ajoute la « gestion adaptative » de six espèces d’oiseaux :

  • l’oie cendrée,
  • la barge à queue noire,
  • le courlis cendré,
  • la tourterelle des bois,
  • le grand tétras,
  • le fuligule milouin.

Cela signifie que selon les « évaluations », les chasseurs pourront se mettre à chasser ces oiseaux… Rappelons ici qu’en France, la loi autorise la chasse de 64 types d’oiseaux – bien plus dans les faits – dont 20 son sur la liste rouge de l’Union internationale de la protection de la nature.

C’est également une victoire pour les chasseurs sur la question de la chasse à courre, dont Nicolas Hulot espérait saper les fondements. Las ! Avec un Emmanuel Macron pour qui la chasse n’est « ni un loisir ni un sport mais un mode de vie », à un moment donné cela devait inévitablement aboutir à un conflit insoluble.

Nicolas Hulot espérait aussi taper sur la chasse de la grive à la glu, les piégeages appelés « tenderie » et « matole » : c’est là aussi un échec.

Il y aura également dans le futur une « police de la nature et des territoires », qui va passer par la fusion de l’Agence française pour la biodiversité (AFB) et de l’Office nationale de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS). Cela participe à ce que remarque le document pdf dont nous avons parlé, à savoir la mainmise des chasseurs sur l’écologie et la « gestion » de la Nature.

C’est d’ailleurs évidemment la ligne officielle de la fédération nationale de la chasse quant à la démission de Nicolas Hulot, présentant les chasseurs comme les « écologistes de terrain » !

A cela s’ajoute l’interdiction de l’engrillagement des domaines chassables par certains propriétaires.

Bref, c’est une défaite sur toute la ligne et Nicolas Hulot allait se faire sévèrement critiquer une fois de plus. Il avait déjà très mal pris la critique faite par Brigitte Bardot dans Var matin, le qualifiant de « trouillard de première classe. Un indécis. Un type qui ne sert à rien », répondant lui-même de manière véhémente (« Il y a un moment ou un autre où il faut arrêter de céder à la simplicité, de donner des conseils à distance, tout ça avec vue sur la Méditerranée. C’est très sympathique, mais ça ne fait pas avancer la cause »).

Il a préféré fuir plutôt de passer pour quelqu’un s’étant fait littéralement broyé. Il n’en reste pas moins que les problèmes restent entier ! Et que la première chose à faire, c’est de soutenir l’opposition à la chasse à courre et d’affirmer son soutien à AVA confronté à une plainte de l’Office National des Forêts !

« Éléments d’information sur le travail des chasseurs sur l’opinion publique »

Le contexte est celui de la plainte posée par l’Office National des Forêts contre AVA, en plein creux de l’été : organisez la solidarité !

Et il faut bien comprendre le contexte.

« Éléments d'information sur le travail des chasseurs sur l'opinion publique »
PDF

Ce document est d’une très grande importance pour qui s’intéresse à la chasse en général et à la chasse à courre en particulier. Il montre l’incessante activité des chasseurs pour apparaître comme incontournable, niant l’existence de la Nature et de ses équilibres, de son équilibre.

Nous ne pouvons que vouloir souligner de vraiment étudier ce document, de ne pas le prendre à la légère, d’en voir tout l’arrière-plan!

Aucune lutte contre la chasse, la chasse à courre, n’est possible sans comprendre la stratégie de l’ennemi !

Tentative de meurtre politique : l’État réclame 55 000 euros à AVA en plein été

Dans la tradition politique et juridique, on appelle cela quelque chose de « scélérat ». Il y a en effet une vieille tradition politique française visant à faire passer les lois juste avant l’été ou en profitant d’une heure avancée pour « forcer » la décision.

Et c’est donc une mesure politique scélérate à laquelle doit faire face AVA, une mesure immanquablement avalisée par le chef de l’État lui-même.

L’idée est la suivante : faire un exemple en torpillant financièrement les gens d’AVA en leur réclamant plus de 50 000 euros par l’intermédiaire de l’Office National des Forêts, afin de masquer la nature politique de l’opération.

Et afin que tout se déroule au mieux, lancer l’opération… le 27 juillet, juste avant la période la plus creuse de l’été, pour empêcher la diffusion de l’information, l’organisation d’une opposition…

Sans compter que la plainte étant devant le Tribunal de Grande Instance, il y a 15 jours pour trouver un avocat, sans quoi tous les arguments de la plainte sont considérés comme admis !

Heureusement, AVA a pu faire face à cette attaque et s’organiser juridiquement conséquemment.

Mais que dire !

C’est ni plus ni moins qu’une tentative de meurtre politique. C’est là une opération dont le seul mot qui peut la caractériser est « dégueulasse ». C’est une véritable crapulerie, une manière mesquine et sordide de poser les problèmes.

Bref, c’est totalement conforme à l’esprit des chasseurs, qui savent qu’ils sont dépassés historiquement et utilisent tous les leviers anti-démocratiques possibles.

Une véritable magouille, qui en dit long sur Emmanuel Macron. Il prétendait représenter une sorte de modernité politique : on est là pourtant dans un machiavélisme politique le plus traditionnel.

Surtout que les 18 page de l’assignation faite par l’Office National des Forêts devant le Tribunal de Grande Instance est une blague juridique d’un amateurisme pratiquement surprenant.

Le principe est le suivant : l’ONF dit qu’AVA empêche l’actualisation de contrats entre l’ONF et les chasses à courre, qui « louent » les forêts. Qui est AVA ? L’ONF choisit trois personnes, d’elle-même.

Qu’ont-elles fait : y a-t-il des arrestations, des condamnations, des faits juridiquement établis ? Comme il n’y a rien, l’ONF présente les faits à sa façon.

Tout le reste est à l’avenant et la plainte prend vraiment d’ailleurs le Tribunal de Grande Instance pour des idiots et des serviteurs zélés, car jamais il ne pourra pas s’appuyer sur de telles allégations sans preuves, sans faire sauter tant la séparation de pouvoirs que la valeur légale même d’une preuve, bref sans dynamiter tout l’édifice juridique.

L’ONF a posé sa plainte en s’imaginant qu’en France le régime juridique tourne comme sous Mussolini, Franco ou Hitler, qu’il suffirait qu’un organe d’État dise une chose pour que ce soit vrai !

Les rédacteurs de la plainte fournissent d’ailleurs eux-mêmes l’argument faisant tomber celle-ci, en présentant la chose comme suit :

« Au regard des actions menées par le collectif AVA, l’ONF est fondé à poursuivre les membres connus de cette organisations en sa qualité de bailleur, d’une part, pour le trouble de jouissance causé aux preneurs, et en sa qualité de gestionnaire des forêts domaniales, d’autre part, pour l’atteinte portée au droit de propriété de l’État dont l’ONF est le représentant légal en vertu du code forestier (art. D221-2CD). »

En reconnaissant s’occuper des intérêts de l’État, l’ONF montre qu’il agit en tant qu’État et que sa plainte au TGI est donc une plainte de l’État envers lui-même, ce qui ne tiendrait pas une seconde devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

L’ONF a fait deux stupidités éhontées : affirmer sans aucune preuve des choses sur AVA, qui par ailleurs pourraient amener des plaintes pour diffamation mais surtout amènerait le TGI à juger sur de simples affirmations… et s’adresser au TGI comme si l’État se parlait à lui-même, ce qui ferait de l’État à la fois juge et partie, ce qui est impossible à part, comme dit plus haut, sous Mussolini, Franco, Hitler, etc.

Juridiquement parlant, il aurait fallu que les « équipages » des chasses à courre portent plainte, que leurs plaintes aboutissent à des condamnations… Que sur la base de ces condamnations et seulement de celles-ci, l’ONF se retourne contre les personnes condamnées pour, en quelque sorte, des frais de dommages et intérêts…

Mais il est vrai qu’Emmanuel Macron veut faire vite et il espère qu’il parviendra à forcer autant que possible l’écrasement de la lutte contre la chasse à courre. On est là dans une situation résolument politique.

C’est l’expression de la valeur ô combien significative de la chasse à courre dans la société française, pour les plus riches, pour les plus réactionnaires. C’est une citadelle, un verrou…

En triompher passe par là pour la libération animale !

ASSIGNATION ONF AVA

Actions de l’ALF à Vaugneray

Entre le 29 juin et le 1er juillet 2018, cinq miradors (pour la chasse) ont été détruits à Vaugneray. Des inscriptions ont été laissées sur une cabine utilisée par un club de chasse : « chasseurs sadiques » et « ALF ».

Source : Bite back.

alf, anti chassealf, anti chasse

 

Quasiment 35 000 signatures pour la pétition appelant à la démission du préfet de l’Oise

Il y a un peu plus de deux semaines, nous parlions de la pétition appelant à la démission du préfet de l’Oise, en raison de son soutien forcené à la chasse à courre. Il y avait alors 20 000 personnes ayant donné leur signature en quelques jours.

La pétition a désormais 34 750 signatures, ce qui montre qu’elle a été non pas simplement une réaction épidermique, mais bien un mouvement de fond. Il serait à ce titre évidemment très bien d’arriver à 35 000.

Diffusez le lien vers la pétition, afin d’arriver à 35 000 ! Que cela soit un argument de plus pour soutenir la mobilisation, car oui il est possible de mobiliser, oui il est possible de rassembler, oui la lutte est possible !

Il y a de la pression, il y a de la répression, il y a des difficultés, mais c’est possible et nécessaire. Qui a compris le sens de la lutte pour les animaux ne doit jamais baisser les bras ! De par l’ampleur du désastre en cours, il s’agit ni plus ni moins que de l’avenir de la planète !

Il y aurait sans doute même encore plus de monde pouvant la signer, la pétition pourrait bien avoir des millions de signataires, vue que la majorité des Français sont contre.

Mais il faut bien penser que la lutte contre la chasse à courre est quelque chose qui va demander encore bien des efforts. Emmanuel Macron soutient les chasseurs de manière particulièrement forte et ceux-ci ont fait de la chasse à courre le symbole de leur propre existence.

Pourquoi ? Sans nul doute, parce chez les chasseurs ce sont les notables qui donnent le ton. Il n’y a pas plus pyramidal, avec un en-haut constitué de gens de la haute, et un en-bas se voulant d’une grande franchise, ce qui donne en pratique une agressivité brut de décoffrage ou bien résolument rustique.

L’idéologie de la chasse est clairement un levier très puissant pour paralyser des milliers et des milliers d’hommes dans une attitude anti-Nature, faussement authentique, farouchement anti-culturelle, etc.

C’est sans doute l’occasion de découvrir ou de redécouvrir Henri Tachan, un chanteur très peu connu du grand public, qui se situe historiquement dans l’esprit de Charlie Hebdo. Sa chanson sur les chasseurs en général souligne leur dimension profondément beauf, réactionnaire.

Or, Emmanuel Macron a besoin pour son capitalisme ultra-moderne soutenu par un Etat géré comme une start-up d’une base solide : les chasseurs sont un appui tout à fait profitable pour lui, afin de quadriller le pays.

Et l’existence des préfets – ces capitaines militaires nommés par le président, sans aucun compte à rendre au parlement – est impeccable pour verrouiller le pays.

Le préfet ne démissionnera donc pas aussi facilement que cela… Mais la pétition, tout comme le mouvement anti-chasse à courre avec ses succès, est un premier pas en ce sens. C’est une question de pression, de bataille pour gagner toujours plus de monde… Et la chasse à courre peut et doit tomber !

Brigitte Gothière et Aymeric Caron appellent à négocier avec les chasseurs

Libération a publié hier une tribune prenant comme prétexte la baisse du prix du permis de chasse national de moitié, décidée par Emmanuel Macron. Une tribune rassemblant tout ce qui est insupportable, signée entre autres par Brigitte Gothière (L214), Aymeric Caron et des cadres d’Europe Ecologie Les Verts.

Pourquoi ? Parce que la tribune tente de faire un hold up sur la lutte contre la chasse à courre, qui est le produit d’une activité à la base, démocratique, populaire, et cela dans l’optique de l’intégrer aux institutions.

Les signataires de la tribune disent : les chasseurs ont leurs entrées au gouvernement, nous en voulons aussi. Ils disent : la chasse, oui, mais négocions. Il faudrait un « véritable dialogue respectueux de toutes les parties ».

Cela, alors que le mouvement contre la chasse à courre a un succès formidable, que les chasseurs la défendent au nom de la défense de la chasse au général, que donc la grille de lecture est claire, qu’une lutte vaste et populaire est possible !

Quelle honte ! S’il faut résumer cette tribune dans sa substance, il faut dire qu’il s’agit de l’esprit de collusion avec les institutions, de la capitulation devant la force des chasseurs, de l’absence de confiance en le peuple.

Les signataires de cette tribune sont pratiquement ouvertement des renégats. Ils tentent de saboter la lutte, tout cela pour qu’il y ait un « dimanche sans chasse »…

Ils feraient bien mieux de signer la pétition appelant à la démission du préfet de l’Oise, qui a déjà plus de 30 000 signataires et reflète un véritable mouvement populaire à la base !

Et de participer aux activités à la base, en croyant en la force populaire !

Chasse, pas de réduction pour le permis de tuer

L’abaissement du permis national de chasse de 400 euros à 200 euros par an devrait être inscrit dans la prochaine loi de finance à l’automne 2018.

Cette mesure soutenue par le président de la Fédération nationale de la chasse (FNC), Willy Schraen, est la première d’un grand projet de réforme du permis de chasse voulue par le Président Macron, dans le but de «démocratiser la chasse».

Nous y voyons surtout une opération de communication et d’instrumentalisation de la cause animale pour casser une image de «Président des villes».

C’est lors de sa réunion de travail du 15 février, avec Willy Schraen, Thierry Coste, conseiller politique de la FNC, et François Patriat, sénateur LREM de la Côte-d’Or, que le président Macron a donné son feu vert pour réformer la chasse.

Mi-décembre, le Président avait déjà encensé cette pratique cruelle lors d’une fête privée organisée au château de Chambord dans un discours improvisé aux chasseurs présents en faisant l’éloge de la chasse.

Il qualifiait cette dernière de «formidable atout pour la biodiversité» et déclarait: «Je serai le président qui développera la chasse, vous pourrez toujours compter sur moi.»

Thierry Coste, qui se présente lui-même comme le «Machiavel de la ruralité»,et proche du président de la République, avait déjà encouragé le candidat Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle à annoncer son souhait de rouvrir les chasses présidentielles et d’en faire un outil d’influence au service de la France.

Nous sommes consternés de voir que la Fédération nationale des chasseurs ait ses entrées à l’Elysée, alors que les principales associations animalistes y sont ignorées.

Pourtant, seuls 1,7% des Français chassent alors que 80% des personnes interrogées lors du sondage Ifop pour le collectif AnimalPolitique considèrent que la protection des animaux est une cause très importante.

D’ailleurs, il y a un an, 72% des électeurs déclaraient souhaiter un engagement des candidats à la présidentielle sur des mesures concrètes en matière de protection animale.

Cette semaine, à l’annonce de la baisse du permis de chasse, une pétition sur le site MesOpinions.com a atteint en quelques jours le nombre record de plus 60 000 signataires contre cette mesure.

La chasse accapare des espaces naturels au détriment de toutes les autres activités (promenades en famille, randonnées pédestres, activités sportives et de détente, vélo) dont les usagers ne peuvent profiter pleinement par sentiment d’insécurité.

Et ce dernier est justifié: le nombre d’accidents de chasse selon l’ONCFS est de 143 pour la saison 2016-2017 dont 18 mortels. On déplore plus de 350 morts (humaines) depuis 2000 dont 10% à 20% de non-chasseurs et plus de 1 000 accidents.

Ces chiffres impressionnants appellent à la nécessité d’encadrer et de surveiller attentivement cette pratique, et non au choix étonnant de tenter de favoriser l’augmentation du nombre de chasseurs, notamment parmi les plus jeunes.

Nous sommes d’accord sur un point: il faut réformer la chasse et pour cela il faut engager un véritable dialogue respectueux de toutes les parties. La FNC ne peut être la seule organisation à avoir l’écoute du gouvernement.

Cette réforme doit avant tout avoir pour but de protéger la faune sauvage, d’abandonner les pratiques cruelles et d’un autre temps, de sécuriser la pratique de la chasse, et de permettre un meilleur partage des espaces naturels avec les autres usagers de loisirs et de sports de plein air.

A ce titre, nous demandons l’instauration des dimanches sans chasse afin de respecter la sécurité des promeneurs et des familles; l’abolition de la chasse à courre; l’interdiction du piégeage et du déterrage; le développement de zones de tranquillité (sans chasse ni présence humaine) dans les espaces forestiers des domaines publics.

Signataires : Laurence Abeille, ex-députée EE-LV du Val-de-Marne (2012-2017) ; Isabelle Attard, ex-députée écologiste du Calvados (2012-2017); Laurent Baheux, photographe animalier; Jacques Boutault, maire EE-LV du IIe arrondissement de Paris; Aymeric Caron, journaliste et porte-parole du REV; Emilien Cousin, militant animaliste et porte-parole Collectif Stop Cirque Animaux 37; Pauline Couvent et Romain Zavallone, pour la commission Condition animale EE-LV; Yolaine de la Bigne, journaliste et fondatrice de l’Animal et l’Homme ; Mylène Demongeot, comédienne; Pascal Durand, eurodéputé écologiste Ile-de-France et hors de France; Professeur Feuillage, vidéaste; Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 ; Catherine Helayel, pour l’association Animal justice et droit; Annie Lahmer, conseillère régionale EE-LV IDF; Luce Lapin, journaliste, chroniqueuse à Charlie HebdoPierre Lucot, référent commission nature du Mouvement Utopia; le bureau national du Parti animaliste; Corine Pelluchon, philosophe et professeure à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée; Philippe Reigné, professeur de droit au Conservatoire nationale des arts et métiers; Henry-Jean Servat, écrivain, journaliste et chroniqueur.

Chasse : l’exil forcé de Luc Alphand

La chasse est méprisée et les gens savent bien qu’elle est totalement dépassée historiquement. Reste qu’elle fait partie des traditions, de l’idéologie dominante : il faudra une révolution pour la balayer.

Mais, en attendant, l’esprit est déjà là. C’est ce qu’il faut comprendre de la longue complainte de Luc Alphand, qui a été skieur professionnel, dans le  magazine VSD. Une complainte qui vaut le détour, car elle montre que la pression populaire, ça ne rigole pas.

Même comme notable et sportif reconnu par les médias, même à Serre-Chevalier, il a fallu d’une photographie pour que la colère populaire s’abatte depuis 2016…

Luc Alphand justifie cette photographie sur le fameux mode à la française : ce n’est pas moi, ce n’est pas de ma responsabilité, je ne faisais que passer, etc.

Vous compre­nez que, dans ce cas, c’est plus la photo et l’idée de fierté qui s’en dégage, qui choquent ?

Oui, sauf que cette photo, ce n’est pas moi qui l’ai postée. Je n’ai même pas Face­book, et, sur mon Insta­gram, je ne poste jamais de photos de chasse. Celle-ci a été prise avec l’iP­hone d’un guide de chasse qui se trou­vait sur la même zone que moi avec son client. Moi je chas­sais le mouflon et eux, l’ours.

En rentrant, ils l’ont dépecé, sont allés jeter la carcasse et, comme il commençait à faire nuit et froid, je me suis mis sur la peau de l’ours. Quand ils sont reve­nus, ils ont voulu faire une photo.

J’ai accep­té… Bon, je n’au­rais visi­ble­ment pas dû. Mais c’était une photo entre potes, je n’ai pas pensé une seconde que le guide allait la mettre sur son site.

Comme on le voit, il n’y a aucune autocritique, Luc Alphand ne comprenant même pas ce qu’on lui reproche… Enfin, feignant de ne pas comprendre ce qu’on lui reproche, parce qu’il assume tout à fait de chasser « depuis trente-cinq ans » : il sait donc tout à fait ce qu’il fait.

D’ailleurs, s’il est capable de partir à Abu Dhabi faire des spéciales du Cham­pion­nat du monde de rallyes- raids (il a également fait le Paris Dakar par le passé), c’est bien qu’il est imbriqué dans un système totalement dépassé et lamentable, mélangeant pollution et meurtre.

D’où une déferlante populaire spontanée – donc pas nécessairement organisée de manière adéquate, mais avec la dignité de la mise au ban en raison des valeurs considérées comme indéfendables et, même, condamnables.

Luc Alphand parle de milliers de messages « de haine incroyable », d’insultes sur les notes de l’hôtel où travaille sa femme, d’insultes contre ses enfants à l’école, d’un tiers des sponsors qui l’ont abandonné, de conventions annulées, d’une piste de ski à son nom dont le panneau a été enlevé, etc.

Disons le : la forme pourrait être bien meilleure. Toutefois, c’est historiquement inévitable en attendant le grand coup de balai. Et ce coup de balai ne pourra pas être freiné par les appels au libéralisme, comme Luc Alphand tente également le coup :

Discu­ter avec des extré­mistes qui agissent au nom d’une idéo­lo­gie ne sert à rien. Ils trashent pour nuire et détruire. (…)

Toute espèce a besoin d’être régu­lée. Alors, oui, il y a un énorme fossé qui se creuse entre une France à 80 % urba­ni­sée, qui se détourne de ses racines, et les gens de la campagne. (…)

Sortez de derrière vos ordi­na­teurs. Marchez dans la nature, ouvrez les yeux, accep­tez les autres. La solu­tion est dans le partage : la nature est à tout le monde, chas­seurs compris.

Ces phrases sont un modèle de libéralisme, de relativisme…Combiné, comme chez Emmanuel Macron, avec un éloge du terroir, de la France profonde… Voilà l’ennemi de la Cause, ennemi qui ne vise qu’à freiner l’inévitable changement complet de mode de vie qui est nécessaire!

Déjà 20 000 personnes réclament la démission du préfet de l’Oise, en à peine quelques jours

Déjà 20 000 personnes réclament la démission du préfet de l’Oise, en à peine quelques jours ! Une réussite indéniable, qui suit les propos du préfet : « Messieurs les chasseurs, ne subissez pas, passez à l’action », lors d’une réunion avec les chasseurs…

Réunion où le Président de la Fédération Nationale des Chasseurs en appelle à ses « gros bras »  pour aller s’occuper des anti-chasses à courre d’AVA ! Où le président des chasseurs de l’Oise explique pareillement qu’il s’agit désormais de « légitime défense »  !

Voici le texte de la pétition, que l’on peut appeler à signer.  Non pas dans la croyance qu’une pétition puisse suffire, mais avec la certitude que cela participe à la vague de lutte !

Démission du préfet de l’Oise pour incitation à la violence

Lors de la dernière assemblée générale de la fédération des chasseurs de l’Oise, soit une semaine après une manifestation pacifique record contre la chasse à courre le 31 mars 2018 à Compiègne, le préfet de l’Oise et les présidents de la Fédération Nationale de la Chasse et de la Fédération de la Chasse de l’Oise, ont répondu à l’unisson pour appeler à la violence contre les opposants à la chasse à courre, de plus en plus nombreux.

Le Président de la Fédération Nationale des Chasseur, M Willy Schraen, en appelle à ses « gros bras », 800 chasseurs de gibier d’eau, pour venir « chasser en meute » les  citoyens qui s’opposeraient désormais à cette pratique. Il faut noter qu’il appelle des chasseurs non concernés par ce mouvement qui ne s’oppose qu’à une seule forme de chasse, la chasse à courre.

Le Préfet de l’Oise, M Louis Lefranc, appuie cette initiative en les appelant à « passer à l’action ».

Une véritable milice est levée à la simple demande de représentants de la chasse française.

Ces méthodes sont anti-démocratiques et contraires aux droits de l’homme et du citoyen. Elles visent à écraser un élan citoyen qui n’en peut plus de supporter une pratique féodale et morbide qui représente la domination par la violence, extrême et gratuite, sur des êtres innocents.

Au lieu d’écouter ce mouvement et ce désir de beaucoup de français de vivre sans ces horreurs et ses souffrances infligées aux animaux, juste pour le plaisir d’une minorité , M le préfet de l’Oise a choisi LA REPRESSION et soutient désormais toute action des chasseurs visant à se faire justice eux-mêmes afin de continuer à vivre selon leurs us et coutumes.

Par ailleurs, M  Guy Harle d’Ophove affirme que toute personne n’aimant pas la chasse se doit de déménager et de quitter les villages forestiers, qui bien sûr selon lui, n’appartiennent qu’à une seule catégorie de citoyens : LES CHASSEURS.

Ce discours, en plus de son caractère dictatorial et violent, atteint plus d’une liberté fondamentale du citoyen français:

– le droit de manifester et d’exprimer ses opinions,

– le droit de vivre à la campagne et dans les villages forestiers pour toute personne opposée à la chasse.

En soutenant ces  propos dangereux, le préfet de l’Oise cautionne la violence contre des citoyens qui ne veulent que préserver la vie.

Il prône de même l’obligation d’abattre tout animal s’introduisant sur une zone urbaine. Ceci, alors que les habitants des villages ont souvent manifesté leur désir de protéger ces animaux.

Comment un représentant de l’Etat peut-il à ce point ignorer le peuple au profit d’une caste minoritaire?

Comment un préfet peut-il cautionner l’emploi de la violence face à des militants pacifistes?

Comment peut-il mettre en place un dispositif tel que ‘les chasseurs vigilants’, tout en les incitant en même temps, à se faire justice eux-mêmes, alors qu’il s’adresse à des personnes munies d’armes ?

Il doit être le garant de la sécurité sur son territoire et non l’inverse.

Il doit par ailleurs respecter les libertés fondamentales des citoyens, ce qui n’est apparemment pas le cas.

Pour rappel, la loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 relative à la DEONTOLOGIE et AUX DROITS et OBLIGATIONS des fonctionnaires:

Art. 25.-Le fonctionnaire exerce ses fonctions avec dignité, impartialité, intégrité et probité. Dans l’exercice de ses fonctions, il est tenu à l’obligation de neutralité.

Art. 25 bis.-I.-Le fonctionnaire veille à faire cesser immédiatement ou à prévenir les situations de conflit d’intérêts dans lesquelles il se trouve ou pourrait se trouver.

Au sens de la présente loi, constitue un conflit d’intérêts toute situation d’interférence entre un intérêt public et des intérêts publics ou privés qui est de nature à influencer ou paraître influencer l’exercice indépendant, impartial et objectif de ses fonctions.

Au vu des derniers évènements, le préfet Louis Le Franc, ne répond plus à aucune des obligations relatives à la DEONTOLOGIE et AUX DROITS et OBLIGATIONS des fonctionnaires.

Ses agissements sont de plus en plus dangereux pour nos concitoyens. Nous demandons de fait sa démission.

Emmanuel Macron baisse de moitié le prix du permis de chasse national

Il fallait suivre d’une oreille attentive l’interview d’Emmanuel Macron dimanche soir, parce que, mine de rien, ce jeune président est devenu le fer de lance de la France des chasseurs. Nous avons parlé régulièrement ces derniers temps de son soutien unilatéral à ces derniers, et notamment à la chasse à courre.

Il était nécessaire donc voir comment il cadrerait son positionnement à ce sujet, parce qu’il faut bien savoir comment réfléchir à ses actions à ce sujet. Or, le choix a été fait par Emmanuel Macron, lors de cette interview, de ne pas parler d’écologie.

C’est là un signe qui ne trompe pas. En 2018, dans une très longue interview (un peu plus de deux heures trente!), ne pas aborder la question de l’écologie, c’est un choix d’une importance à la fois capitale et cynique.

Il n’y a nul besoin de forcément apprécier Raphael Glucksmann pour saisir la juste valeur de son message résumant parfaitement l’horreur d’un tel oubli.

On remarquera par ailleurs, et c’est tout aussi parlant, qu’il n’a plus plus été question d’écologie lors de l’interview accordé à Jean-Pierre Pernaut, ce fameux représentant médiatique de la France profonde, l’interview se déroulant pour cette raison même dans un village de l’Orne.

Cela signifie une chose très claire : celui qui se moquait de Donald Trump en disant « make our planet great again » n’en a rien à faire. Et, dans le contexte actuel, cela signifie par conséquent faire un signe absolument clair aux chasseurs et à tous les partisans du terroir.

Si Nicolas Hulot avait un semblant de dignité, il devrait clairement démissionner maintenant, car le symbole est immense.

En arrière-plan, donc, de cette ligne assumée désormais publiquement, il y a la modification du permis de chasse. Cette modification date d’un choix fait lors d’une rencontre à l’Elysée, le 15 février, d’Emmanuel Macron le président des chasseurs à l’échelle nationale, Willy Schraen, de son conseiller politique Thierry Coste, conseiller politique de la FNC ainsi que de François Patriat, sénateur de la Côte-d’Or.

Cette modification fait passer le permis national de 400 euros à 200 euros, une mesure qui s’appliquera au 1er juillet 2019 et qui va, selon Thierry Coste, relancer l’accès des jeunes à la chasse.

« Nous avons beaucoup de personnes, âgées de 30-40 ans, qui n’ont pas toujours de gros moyens et veulent pouvoir exercer leur passion à plusieurs endroits en France.

Le permis national permet de chasser partout mais était très cher, alors que le permis départemental est plus accessible, mais ne permet pas d’exercer partout. Cela va donc être attrayant pour les jeunes générations. »

Thierry Cabanes, président de la fédération départementale de chasse du Tarn-et-Garonne, explique de la même manière :

« Le permis à 200 euros c’est la mesure phare. Avec cette mesure, on ramène la chasse au peuple et on rend la chasse accessible aux jeunes chasseurs qui ont de faibles moyens.

Pour 200 euros, le chasseur va pouvoir chasser partout en France, sortir de sa commune, de son département. ça va créer un nomadisme extraordinaire.ça va aussi créer du tourisme pour les gîtes, les restaurants… »

On notera qu’à cela s’ajoute que les chasseurs comptent bien que l’examen de passage du permis puissent avoir désormais lieu le week-end, le soir , durant les congés, etc.

De plus, les chasseurs exigent une « gestion adaptative », c’est-à-dire le droit de chasser certaines espèces si un bilan établit qu’une espèce menacée est dans une meilleure situation…

Emmanuel Macron soutient ainsi directement le renforcement de la base des chasseurs. Mais ce n’est pas tout : il renforce leur institutionnalisation.  D’ailleurs, on notera que l’assemblée générale de la Fédération nationale de la chasse à Lyon les 21 et 22 mars 2018 qui a validé le changement de prix s’est tenu… dans le cadre du conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Pour saisir cette institutionnalisation, il faut pour cela comprendre la différence entre le permis national et le permis départemental. On devine, évidemment, qu’un permis permet de chasser dans tout le pays, l’autre seulement dans un département. Voici un exemple des prix.

Or, en pratique, environ 190 euros des 400 euros pour le permis de chasse national allait à l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS)  pour indemniser les agriculteurs en raison des dégâts provoqués par les chasses. Depuis 2000, ce sont les fédérations départementales de chasse qui s’occupent des indemnisations… A leur demande.

Elles voyaient ainsi institutionnalisée, mettant l’Etat de côté pour devenir en fait une institution en tant que telle. L’Etat n’est plus le garant de l’ordre : il a cédé la place à une institution privée qui s’est arrogé le contrôlé, la gestion de son activité.

C’est quelque chose de très impressionnant : c’est une capitulation de l’Etat et un immense triomphe pour les chasseurs. Et c’est Dominique Voynet d’EELV qui en tant que ministre a validé cela…

Voici comment l’ONCFS résume un mode de fonctionnement qu’on voit tout à fait comme favorable aux chasseurs, aux dépens des agriculteurs.

« Désormais, chaque FDC est chargée de la création et de la mise en œuvre d’un fonds départemental sous le contrôle du préfet, s’agissant d’une mission de service public de ces fédérations.

Le principe posé par la loi est que, dans le cas de dégâts causés aux cultures ou aux récoltes agricoles par des sangliers, l’exploitant qui a subi un dommage nécessitant une remise en état ou entraînant un préjudice de perte agricole peut en réclamer l’indemnisation à la fédération départementale ou interdépartementale des chasseurs.

Le fonds est donc clairement dédié aux seuls agriculteurs, ce qui exclut les propriétaires forestiers du bénéfice du fonds, mais également les particuliers qui pourraient être victimes de dégâts à leurs plantations (jardins ou autres) causés par les sangliers ou les autres grands gibiers.

Il ne concerne pas non plus les dommages causés directement aux animaux (canards gras mangés par des sangliers par ex.), mais peut indemniser les conséquences des dégâts de sangliers entraînant l’obligation de vendreune partie d’un troupeau.

De la même façon, les dommages causés à une récolte enlevée ne sont plus indemnisables, la récolte devant être encore sur pied avant l’estimation.

En outre, d’autres restrictions sont apportées par la loi, dont certaines étaient pré- vues dès 1968. Ainsi, il n’y a pas d’indemnisation dès lors que les animaux proviennent du fonds du réclamant. Pour cela, l’indemnisation n’est accordée que lorsque les sangliers proviennent d’un territoire, y compris les réserves, où ils font l’objet de reprises ou d’un plan de chasse.

Par ailleurs, si l’espèce à l’origine des dommages est soumise à un plan de chasse et dès lors que le territoire de provenance des animaux est identifié, il faut que sur le territoire d’où proviennent ces animaux auteurs des dégâts le plan de chasse ait été exécuté dans son minimum.

L’indemnité n’est due que si le montant des dommages est supérieur à un minimum fixé à 76 € par décret en Conseil d’Etat, appliqué par exploitation et par campagne cynégétique, et elle fait toujours l’objet d’un abattement proportionnel fixé par décret en Conseil d’Etat, qui est de 5 %.

Par ailleurs, l’indemnité peut être réduite :

– s’il est constaté que la victime des dégâts a favorisé l’arrivée du gibier sur son fonds,

– lorsque la victime des dégâts a refusé les modes de prévention qui lui ont été proposés par la fédération, et il s’agit là d’une disposition récente introduite par la loi du 23 février 2005.

Cette réduction peut aller jusqu’à 80 % du montant du dommage.

Enfin, pour éviter certains abus, dans le cas où le montant du préjudice déclaré par l’exploitant est plus de dix fois supé- rieur à celui de l’indemnité avant abattement, les frais d’expertise sont déduits de cette indemnité. Rappelons que l’exploitant doit s’assurer de l’existence d’un dommage réel qu’il devra montrer aux estimateurs chargés du dossier, et qu’en tant que professionnel il est compétent pour fixer le montant de son dommage au plus près de la réalité. »

Les chasseurs clouent alors le cercueil de la privatisation complète de leur activité, en disant : l’ONCFS ne doit plus recevoir d’argent, puisque c’est nous qui assurons les indemnisations directement.

Les chasseurs, depuis 2000, ont perdu beaucoup d’argent, puisque les sommes versées allaient à l’ONCFS sans contrepartie concrète de leur point de vue. Mais c’était le prix à payer pour, désormais, gérer la chasse de manière encore plus autonome…

L’assemblée générale de la fédération de chasse de l’Oise

L’assemblée générale de la fédération de chasse de l’Oise s’est tenue ce week-end et le moins qu’on puisse dire c’est que la pression est maximale.

Louis Le Franc, préfet de l’Oise, a pris la parole et a été très claire sur son soutien unilatérale et total à la chasse à courre :

« La chasse à courre est légale ! La coupe est pleine pour les chasseurs et il est temps de sonner la fin de la récréation. »

Le président de la fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen, a également annoncé la couleur :

« Plus jamais nous n’accepterons ce que nous avons accepté cette année. »

C’est ni plus ni moins qu’un blanc-seing à la répression légale et para-légale contre les anti-chasse à courre. C’est un appel à l’écrasement pur et simple des opposants.

Voici un extrait, présenté par Oise Hebdo, du discours de Guy Harlé d’Ophove, président des chasseurs de l’Oise, lors de l’assemblée générale. Il explique que la forêt appartient aux chasseurs et qu’il fallait pourchasser les révolutionnaires…

AVA raconte le 31 mars 2018

Voici le compte-rendu du rassemblement anti-chasse à courre du 31 mars 2018 à Compiègne par les organisateurs, l’association AVA (le site, le facebook).

Samedi 31 Mars 2018.
1000 personnes défilent pour l’abolition de la chasse à courre.

Un mouvement authentiquement populaire, positif, jamais vu en France, a pris forme chez nous, et se propage maintenant au reste du pays. Cette année, nous avons allumé une flamme qu’il est désormais trop tard pour éteindre, et qui grandira jusqu’à l’abolition !

Bravo et merci à tous ! Voici un résumé de cette journée historique.(photos de Michel Pourny & Lou Marouzé)
10h30, non loin de la gare de Compiègne, les gens commencent à arriver. Beaucoup ont confectionné des pancartes chez eux, en famille, avec des extraits de journaux, des photos, les enfants ont des dessins… C’est un festival d’expression libre, avec même des banderoles et des fresques très travaillées. Un homme brandi les bois d’un cerf que la chasse à courre avait tué chez lui et qu’il a réussi à leur arracher. Des fleurs et des autocollants sont distribués contre une participation volontaire et la foule s’élance joyeusement sur le Pont Solférino.

« Chasse à courre, abolition« , « Vénerie, barbarie », « Halte au carnage, on est plus au moyen âge », « Veneurs, suiveurs, laissez place aux promeneurs », « Folie meurtrière, citoyens en colère », « Chasse à courre on en peut plus, les riverains sont dans la rue », « Veneurs, bourreaux, laissez les animaux »…

Les slogans rythment cette marche au centre ville de Compiègne, défiant les notables locaux et en premier lieu le maire de la ville. Philippe Marini, grand ami déclaré des chasseurs à courre avait mis tous les batons dans les roues possibles à ce rassemblement : arrêté municipal interdisant l’accès à la Place de l’Hotel de Ville (prétextant un marché au fleurs bondé-voir photo), puis un autre interdisant aux manifestants de tenir des stands de café et de gateaux. Son Adjoint à la sécurité n’avait même pas été consulté.

Du côté des chasseurs le mot d’ordre d’étouffer la manifestation avait été donné : toutes les affiches d’AVA ont été arrachées, et une équipe de gros bras suivait de près les tractages, déchirant systématiquement les papiers sur le pare-brise même des voitures. Trois jeunes filles ont été poursuivies dans les rues et traitées de « pétasses » pendant qu’elles informaient les clients d’un marché.

Le fameux marché aux fleurs

Difficile de retenir les huées, donc, quand le cortège fait une halte non loin de l’Hotel de Ville, avant de devoir le contourner et passer par les petites rues désertes pour rejoindre la place du Palais. Quelques médias sont présents quand la Police annonce le chiffre de participation : nous sommes 1000, dont une grande majorité de locaux.

Et dire qu’il y a cinq mois notre jeune collectif ne comptait qu’une dizaine de membres…

Après quelques chants et un discours, la foule rejoint la Place Saint-Jacques pour assister à un concert (les Old Moonshine Band, groupe folk de Clermont de l’Oise) et se restaurer : des gateaux et des boissons chaudes sont distribuées à l’arrière des voitures, faute de stands.

Fait notable : la plupart des gens ont fait l’effort de cuisiner sans matières animales, sans forcément être végans eux même. Un clown gonfle des ballons pour les enfants : canards, cerfs, fleurs…

Mais une question revient immanquablement :
« Que fait on pour la chasse cet après midi ? Quelque chose est prévu? »
Car le 31 mars, c’est aussi le jour de la dernière chasse à courre de l’année.

Un départ s’organise spontanément, par petits groupes, même si des personnes plus expérimentées sont présentes pour encadrer les volontaires. Le matériel du service d’ordre (talkies-walkies et caméras GoPro) sera d’une grande utilité en forêt.

Deux convois se forment, sans vraiment s’être donnés le mot, chacun suivant les autres.

L’un part en forêt de Compiègne, retrouver Alain Drach et son fameux équipage « La Futaie des Amis », connu de tous pour avoir tué un cerf dans un jardin de LaCroix-Saint-Ouen en octobre. Ils seront finalement une quarantaine à le surveiller jusqu’à ce qu’il rentre au chenil bredouille vers 15h30.

Mais le gros des troupes s’est rendu en forêt de Laigue, fief de l’équipage Rivecourt, ceux là même qui ont noyé un cerf dans la rivière en janvier dernier. Courant dans les bois par petits groupes, harcelant les cavaliers sur les chemins, arrêtant les chiens, faisant des opérations escargot en voiture…

Mais l’équipage arrive tout de même à acculer un malheureux cerf dans un étang privé, au bord de l’Aisne. Sur la route qui y mène, la foule commence à grossir, et ne tenant plus, une vingtaine d’intrépides pénètre dans la parcelle privée.

Là ils trouvent le cerf à l’eau, nageant avec des chiens aux trousses, qui lui mordent l’arrière train !

Des veneurs se postent tout autour pour l’empêcher de remonter sur la rive. Le pauvre nage désesperément en rond, s’épuisant pour trouver une issue ! Désemparées, certains personnes se préparent à plonger, d’autres essaient de créer un passage pour que le cerf puisse remonter… Mais rien n’y fait et la Police entre dans le bois pour les déloger.

Dehors, c’est plus de 150 personnes qui sont maintenant massées, et qui conspuent les cavaliers  » Assassins, assassins ! ».

La situation est de plus en plus tendue et l’énorme dispositif policier prévu par la Préfecture se déploie : 17 cars de CRS sont sur place ainsi qu’un hélicoptère qui tourne autour de la forêt depuis le midi. Un cordon est formé pour protéger les chasseurs.

Mais la situation est intenable pour les forces de l’ordre, et vers 16h la nouvelle tombe sur le canal radio de la Gendarmerie: le cerf est « gracié » !

Après un moment de doute, c’est l’explosion de joie parmi les manifestants ! Des enceintes jouent la Compagnie Créole (hymne d’AVA depuis que des veneurs les ont accusé de venir « masqués » comme au fameux bal).

On danse la chenille, des filles pleurent de soulagement… C’est la victoire ! Loin de là, la maitresse d’équipage, Florence de Lageneste, ne cachera pas sa rage d’avoir perdu un trophée « On est pas dans un état de droit ! C’est un scandale ! ».

Difficile de se séparer après une telle journée, la fête se poursuivra encore une heure en forêt, et certains veilleront sur le cerf jusqu’à 20h pour s’assurer de sa santé. Les cafés de la ville en désempliront pas de la soirée.


Comment mieux finir cette saison mémorable, où plus de 130 personnes se sont relayées en forêt pour veiller sur les animaux, sous la neige, dans la boue, sous les coups de fouets ? C’est certainement une grande victoire populaire comme on en voit peu et qui présage le meilleur pour la saison à venir !

BRAVO ET MERCI A TOUS

SOYONS PLUS FORTS ENCORE L’ANNEE PROCHAINE JUSQU’A L’ABOLITION

Eloge des 150

Combien étaient-ils, 150, ou quasi 200, à conspuer les veneurs alors qu’un cerf est dans l’étang le 31 mars 2018 ? Peu importe, le chiffre n’est pas important et il ne s’agit pas non plus de les opposer aux autres personnes qui avaient été présentes au rassemblement un peu avant, parties de la gare de Compiègne pour marcher contre la chasse à courre.

Cet éloge des 150 personnes, ou des 200, est aussi un éloge des 1000 personnes présentes. C’est juste qu’il y a, certainement, quelque chose de plus frappant, émouvant, à voir des gens torse nu au bord de l’eau prêt à intervenir pour sauver le cerf, à voir des gens tous et toutes ensemble avec un sens de l’engagement pour ce qui est juste.

Cette abnégation marque d’autant plus qu’il y a une grande conscience – ou une grande inconscience, mais c’est pareil – à oser prendre des risques en défense des sans défense. Il n’y a pas que le risque d’attraper froid, de se fatiguer, d’être accusé d’irresponsabilité : il y aussi le risque d’être arrêté par la police ou les gendarmes, menacé ou agressé par les chasseurs.

La scène, il faut l’imaginer ici avec un hélicoptère de gendarmerie qui tourne autour… avec 17 cas de CRS qui sont présents aux alentours !

Quel soulagement que de se retrouver, à la fin, pour une partie, en ayant la sensation d’avoir apporté quelque chose, d’avoir contribué à un monde meilleur.

A en avoir, plus que la certitude… la preuve.

On dira qu’un éloge, cela devrait avant tout être celui de l’animal pourchassé, de la victime défendue, pas du défenseur, du justicier. C’est vrai. Cependant, s’il y a une chose remarquable ici, c’est que les 150 – ou les 200, ou les 1000, peu importe, même s’ils avaient été 10 – ont fait resplendir l’humanisme.

Et, de notre point de vue, le véganisme ne peut être que l’expression de cet humanisme. C’est tout de même autre chose que des campagnes d’affichage dans le métro parisien gâchant de l’argent et appelant à une métropole mondiale, vitrine de la richesse indifférente et bornée, sans cirque ou sans pêche !

Les 150 méritent l’éloge, pour leur désengagement concret d’une attitude passive, pour oser s’interposer. Cela porte quelque chose de vrai, de beau, appelant à être reproduit, refait, jusqu’au bout. Et ce « jusqu’au bout » n’a pas de bout, au sens où notre époque appelle à la transformation du monde, à la victoire de la compassion pour les animaux.

Cela n’ira pas sans erreurs, défauts, problèmes, c’est évident. C’est toutefois un passage obligé. Peut-être, qu’en un sens, le 21e siècle est né le 31 mars 2018, dans une forêt, au bord d’un étang, dans les yeux d’un animal que la mort n’a pas pu emporter.

La victoire historique du 31 mars 2018

« Votre mere adore la viande demande au vosin surtout la saucise » : voilà le genre de commentaires que peuvent laisser les partisans de la chasse à courre sur facebook, entre les menaces de mort et toutes les défenses possibles des « traditions ».

Mais cela et leurs agressions, ainsi que le soutien du préfet de l’Oise participant à une chasse à courre le 17 février 2018, puis celui du président de la République Emmanuel Macron à la fin du même mois, n’auront pas réussi à briser la protestation populaire.

Un millier de personnes ont participé au rassemblement anti-chasse à courre à Compiègne hier, alors que 150 personnes étaient ensuite en forêt, parvenant à protéger un cerf que la dernière chasse à courre locale de la saison a dû « gracier » en raison de la pression populaire.

Cela a été l’apothéose d’un mouvement qui a fait que, depuis novembre, plus de 130 personnes se sont relayées deux fois par semaine en forêt pour protéger les animaux, bravant la fatigue et les intempéries, les risques pour leur intégrité physique.

Alors, évidemment, ce millier de personnes n’était pas vegan. Mais c’est cela justement qui en fait tout l’intérêt. Le slogan « non aux carnages, on n’est plus au Moyen-Âge » a ses limites : il a aussi tout comme son potentiel.

Le rassemblement d’hier a fait avancer le véganisme, de par la prise de conscience de la réalité animale, du caractère arriéré du rapport aux animaux, du rôle des puissants dans le maintien d’un tel rapport.

Le rassemblement allait de 7 à 77 ans comme le dit l’expression, avec une vraie portée démocratique : oui, des ouvriers étaient présents et cela change de la paralysie qui est la leur en raison de l’idéologie de la merguez et du repli culturel sur des revendications économiques par ailleurs très limitées.

Il y avait également des femmes bon chic bon genre, témoignant que le féminisme existe bien en conflit avec la violence viriliste telle que peut l’exposer la chasse à courre. Le fait que ces femmes saluaient leurs connaissances aux portes des riches maisons du centre ville historique a d’ailleurs dû faire frémir les grands bourgeois au cœur de la chasse à courre…

Ceux-ci prévoient d’ailleurs déjà le prochain tour. Alain Drach, maître d’équipage de la Futaie des amis, a ainsi expliqué au Courrier picard :

« Qu’est-ce que vous appelez une mobilisation importante ? J’ai été emmerdé toute l’année par une vingtaine de personnes. La manifestation ? J’ai regardé les films ; il n’y avait pas mille personnes. La Fédération de la chasse a prévu une contre-manifestation en septembre, on aura 3 000 à 4 000 personnes pour défendre toutes les formes de chasse. Je me suis occupé d’une manifestation à Londres, pour la chasse à courre, il y a 15 ans, il y avait 300 000 personnes. »

Une telle contre-manifestation disposera bien entendu de l’appui médiatique que le rassemblement d’hier n’a pas eu : seul le Courrier Picard et Le Parisien en ont parlé. C’est comme la tribune lancée par AVA tout récemment, signée par des grandes associations mais non diffusées par elle…

Il faut dire que les grandes associations n’ont, pareillement, pas hésité à s’approprier les vidéos d’AVA, leur prestige.

Les vegan sont pareillement totalement déconnectés. Souvenons-nous qu’il y a quelques jours, une femme a été condamnée à sept mois de prison avec sursis pour avoir dans un élan délirant à la suite de l’attentat de Trèbes salué le meurtre d’une personne par le terroriste, car il était boucher en disant sur Facebook :

« Ben quoi, ça vous choque un assassin qui se fait tuer par un terroriste ? Pas moi, j’ai zéro compassion pour lui, il y a quand même une justice »

On est là dans la posture, pas dans l’esprit révolutionnaire qui compte mobiliser pour supprimer les boucheries et l’activité de boucher… C’est comme, il y a quelques jours également, l’intervention à l’assemblée nationale de dix personnes de « Boucherie Abolition », perturbant la session parlementaire parlant des états généraux de l’alimentation à coups de slogans.

L’exemple parfait du truc qui ne sert à rien, assorti d’un vocabulaire totalement déconnecté. Il est protesté contre « le système naixterminateur » et le communiqué du groupe explique :

« L’Etat tortionnaire des chairs animales porte plainte contre les lanceureuses d’alerte du zoocide planétaire. Nous sommes des résistant.es animalistes, nous nous battons contre un crime de civilisation et pour une justice sociale, nous ne sommes pas réductibles à notre comportement alimentaire « vegan », nous attaquons la secte zoophage en légitime défense AVEC nos alter ego zoopprimés. Le peuple humanimal va abolir le père de tous les esclavages, il va abolir l’élevage et son industrie criminelle de la procréation forcée parce que c’est indispensable. Ensemble, pour l’ ABOLITION . »

D’un côté, la lutte ancrée dans la réalité sociale et culturelle, avec la volonté d’une mobilisation populaire dans le sens de faire progresser les consciences, de l’autre la secte et l’existentialisme, avec une radicalité qui n’est que façade, en quête de reconnaissance égocentrique et de spectaculaire.

Le véganisme connaît un tournant dont il faut savoir reconnaître le contenu !

Chasse à courre : le 31 mars 2018 à Compiègne

A Montmorency, des bébés sangliers sont nés au pied d’un immeuble d’une résidence et les habitants se mobilisent pour essayer de leur trouver un refuge rapidement. Cette  ville se situe dans la Val d’Oise, à treize kilomètres de Paris.

Cela rappelle que la vie humaine, désorganisée, fondée sur la compétition, empiète toujours davantage la Nature, maltraitant les animaux, les assassinant. Cela souligne aussi la possibilité de la mobilisation populaire pour contrer la destruction.

En Picardie, l’association AVA a réussi à développer une telle mobilisation populaire contre la chasse à courre. C’est quelque chose de précieux et d’exemplaire.

Aussi, le 31 mars 2018 est capital.  Le rassemblement d’AVA, interdit  devant l’hôtel de ville avant même son annonce par arrêté municipal en raison d’un marché aux fleurs, se tiendra-t-il malgré tout, grâce à la pression populaire?

Ce qui est en jeu, c’est la possibilité même d’une résistance victorieuse face à la barbarie. Une défaite contrarierait la Cause pour longtemps. Une victoire serait celle de tous et toutes.