Élisabeth de Fontenay ne « supporte » pas l’antispécisme des années 1970

On aurait largement tort de ne pas voir la grande dimension catholique qui pollue en France la défense des animaux. Il existe une idéologie très forte faisant des animaux une sorte de Christ des temps modernes.

D’où les « témoignages » en faveur de ce « martyr », avec les panneaux symboliques devant les magasins, le fait de s’allonger en nombre, etc. Les animaux sont toujours présentés selon leur aspect passif, en souffrance, victime, martyr, etc.

Nous avions déjà parlé d’Élisabeth de Fontenay, encore récemment au sujet d’un livre sorti il y a peu (« Les animaux aussi ont des droits » : Élisabeth de Fontenay, voir aussi Élisabeth de Fontenay, « philosophe » pas militante!). Les réponses qu’elles donnent à une interview du quotidien La Croix, il y a deux jours, sont édifiantes.

Sans doute la pauvre « philosophe » pensait-elle qu’on était encore il y a 20 ans et que seules les personnes lisant La Croix auraient accès à sa prose ouvertement religieuse…

L’animal vaut-il l’homme ?

E. F. : Connaissez-vous l’antispécisme des années 1970, qui affirme qu’il n’y a aucune raison de privilégier l’animal humain sur les autres animaux ? Je ne peux pas supporter ça !

Ce n’est pas parce que je fais une critique d’un propre métaphysique de l’homme, d’un propre prométhéen, d’un propre arrogant, que j’accepte l’idée qu’il n’y a pas de genre humain.

Est-ce que, dans ma volonté forte de maintenir une différence humaine, il n’y a pas au fond ma formation chrétienne, catholique, que je ne peux pas détruire en moi ?

C’est très beau, cette idée du Christ qui est mort pour sauver tous les hommes.

En même temps, c’est terrible qu’il ne soit pas mort pour sauver tous les êtres qui souffrent, et pas seulement les hommes. Je suis d’une ambivalence pénible par rapport à tout ça.

Notre supériorité sur l’animal tient finalement dans notre devoir de soin ?

E. F.  : J’ai du mal à employer le mot « soin ». Je n’aime pas beaucoup ce concept. Je suis très juriste.

Mon refus de ne pas séparer le genre humain du restant du règne animal n’est pas métaphysique. Même si je parle de transcendance de l’animal.

Ce n’est pas la transcendance au sens de Levinas, parce que l’animal n’est pas l’Autre, n’a pas de Visage.

Est-ce le sacré ? J’emploie ce mot de « transcendance » pour ne pas employer celui de « sacré », mais c’est bien quelque chose de cet ordre : le mystère ontologique, l’énigme de l’Être.

L’énigme de l’Être, pour moi, est dans l’être vivant, aussi bien dans une couleuvre que dans un homme. Nous avons besoin d’une énigme pour vivre. Nous avons besoin d’une transcendance.

Toute démarche scientifique, matérialiste, réductionniste à propos de l’esprit et du vivant m’est insupportable.

Élisabeth de Fontenay, comme déjà dit, n’est pas végan (ni même végétarienne), et c’est logique, car elle est dans une démarche rationnelle.

Or, le problème du catholicisme comme idéologie, c’est qu’on peut séparer la théorie de la pratique, au moyen du purgatoire et de la confession. Nombre de gens soutenant la Fondation Bardot ou même les SPA sont précisément dans une telle dynamique : leur « témoignage » en faveur des animaux va de pair avec un refus de regarder les choses en face de manière rationnelle.

« Témoigner », c’est « libérer » sa conscience et soi-disant s’aligner sur l’idéal, toujours impossible, d’un monde « meilleur » qu’on aimerait voir se réaliser, mais qu’on « sait » impossible.

C’est pourquoi Élisabeth de Fontenay peut regretter que les animaux souffrent, témoigner à ce sujet, mais en même temps vivre comme tout le monde. Elle peut accepter la coupure entre théorie et pratique, en toute hypocrisie.

Et au passage, elle peut diffuser une idéologie mystique religieuse sur l’énigme de la vie, le mystère de la création, etc. etc., afin de masquer tout cela.

Il n’est pas difficile de voir à quel point certaines pratiques militantes sont marquées par cette idéologie du « témoignage », rejetant le rationalisme pour en appeler à une contemplation non pas de la réalité naturelle, mais d’une figure néo-christique : l’animal « martyr », victime du « mal. »

La grève historique hier dans les fast foods américains

Ce qui se passe aux Etats-Unis, avec le mouvement des travailleurs des fast-food, doit intéresser toutes les personnes véganes en France.

A priori, cela semble étrange, car personne de vegan ne va dans les restaurants concernés, pour autant qu’ils existent en France : McDonald’s, Burger King, Wendy’s, KFC…

Toutefois, il serait absurde de ne pas comprendre que la situation des travailleurs des fast foods va de pair avec la condition animale dans l’industrie de l’exploitation animale.

Le but c’est le profit, et donc si les animaux sont de plus en plus exploités et tués, on se doute bien que les employés des fast foods sont eux-aussi toujours plus pressurisés.

Ce n’est pas pour rien si en France les entreprises ont du mal à recruter des bouchers et que les gens travaillant dans les fast foods vivent toujours dans des situations très précaires. Les gens qui sont recrutés viennent des couches les plus pauvres, qui n’ont pas le choix.

Les conditions de travail sont terribles, le rythme affreux et bien entendu de notre point de vue, mais cela les travailleurs « l’oublient » : toute cette mort étalée agresse les esprits.

Aux États-Unis, la situation des travailleurs des fast foods est encore plus terrible, puisque les gens sont payés 7,25 dollars de l’heure, dépendant souvent des aides médicales et alimentaires…

Alors que derrière, la restauration rapide brasse chaque année 200 milliards de dollars !

Quand on voit cela, on se doute bien que ce ne sont pas les quelques réflexions universitaires welfaristes ou abolitionnistes qui vont changer quelque chose… La question qui se pose ici, c’est la révolution, pas moins.

Et à ce titre, on doit regarder avec intérêt le fait que ce genre d’industrie explose en raison de ses contradictions.

La course au profit, qui engloutit notre planète vivante et fait des animaux des esclaves et des condamnés à mort, ne peut fonctionner que s’il y a des gens pour faire tourner la machine.

Mais ces gens sont eux-mêmes victimes de cette machine. S’ils disent non… ils grippent la machine. Et s’ils ne veulent plus, il n’y a plus de machine.

Bien entendu, cela semble utopique, mais la libération animale est un objectif atteignable qu’au prix de telles considérations stratégiques…

Il serait absurde de ne pas considérer comme intéressant un mouvement de protestation des fast foods qui a eu lieu hier, avec des grèves dans plusieurs villes, le mouvement revendiquant une présence dans 58 villes américaines, dont New-York, Boston, Chicago, Denver, Detroit, Hartford, Houston, Los Angeles, Memphis, Milwaukee, Oakland, Raleigh, Tampa…

Et la revendication n’est pas moins que de doubler le salaire !

Naturellement, les capitalistes n’ont aucune envie de faire cela et McDonald’s, dont le chiffre d’affaire trimestriel a été de 7,08 milliards de dollars (+ 2,4%), a fait une campagne avec la carte de crédit VISA pour appeler les employés à mieux gérer leur argent (Practical money skills.com), où il est conseillé d’avoir en même temps un second emploi (ce qui donnerait donc une journée de 48 heures en toute logique!).

Donc, il n’y aura pas de hausses de salaire, et de toutes manière l’entreprise McDonald’s a expliqué que 80 % des restaurants sont des franchises et que les contrats ne la concernent pas. Ce n’est pas pour rien non plus que dans les fast foods, il n’y a même pas de syndicat: on est dans l’exploitation la plus rude…

Le profit, toujours plus grand, est ce qui compte. L’exploitation animale et les employés sans pressions, on n’en finira pas, tant que la quête de profit perdure.

Pour illustrer cela, voici une information des Echos :

Restauration rapide : En dépit d’une marge nette de 20 %, McDonald’s a refroidi hier la communauté financière en publiant ses résultats pour le deuxième trimestre. Le géant américain de la restauration rapide a non seulement annoncé un profit inférieur aux attentes, à 1,4 milliard de dollars (+ 3,6 %) pour un chiffre d’affaires de 7,09 milliards (+ 2,4 %), mais a averti que le reste de l’année s’annonce « difficile » en raison de ventes moroses. McDo, dont l’action perdait près de 3 % à Wall Street, fait face à une vive concurrence domestique et à une érosion de son activité à l’international, notamment en France.

On lit bien : les capitalistes sont déçus car le profit n’est pas aussi immense qu’espéré… Il faut être absurde, ou ne pas aimer les animaux vraiment, pour ne pas voir qu’une telle monstruosité sociale ne se réforme pas.

L’avenir ne se lit pas dans les volontés de réforme, et il serait absurde de ne pas voir l’avenir notamment dans l’affirmation de travailleurs de toutes les couleurs de peau qui exigent la dignité et demandent « Je suis un homme », « je suis une femme. »

Que cette exigence aille jusqu’au bout et devienne universelle, et les travailleurs des fast-food seront aux premières loges pour faire tomber l’exploitation animale elle-même.

« Nous ne l’exprimons pas trop fort car certains sont hermétiques à ce mot »

En France, le véganisme ne passe pas chez les entrepreneurs. Dans de nombreux autres pays, un petit capitalisme vegan se construit pas à pas sur des bases solides, mais en France, cela bloque.

Et quand on dit en France, c’est en fait surtout à Paris. La tendance est très claire : quand un restaurant ouvre, il vise souvent un public hype, car de toutes manières avec la crise c’est le meilleur moyen de rapporter de l’argent.

Les grandes villes sont donc visées, principalement Paris naturellement pour le côté branché, et ensuite, l’argumentaire vegan disparaît très vite, masqué derrière du végétal, du bon pour la santé, etc.

Les raisons sont claires : ne pas faire peur, ne pas braquer, surtout avec un repas à 20-25 euros, et encore plus dans la capitale française où les prix du loyer ne permettent aucune faute de timing.

Chez « Gentle gourmet », on peut s’asseoir et regarder la carte, si on ne sait pas que c’est vegan, on ne peut pas le savoir. Le site de ce restaurant met d’ailleurs en avant la « Bistronomie Bio Végétale. »

Pourquoi tout cela ? Parce que le terme « vegan » ou « végétalien » ne passe pas dans notre pays, cela semble immédiatement appelé une interprétation irrationnelle. Au point que des restaurants cachent ces mots… et encore plus aux yeux des bobos et des bourgeois plus traditionnels, qui risquent d’être troublés par le « sectarisme » d’un mode de vie éventuellement alternatif.

Voici ce qu’on lit par exemple sur L’hôtellerie-restauration :

Ouvert il y a tout juste six mois, le Café Pinson (Paris, IIIe) brouille complètement les pistes avec une devanture où rien n’indique que l’établissement est sans gluten, sans lactose, mais aussi végétalien et bio. Est-ce l’une des raisons de son succès ? « Les clients ne comprennent pas tout de suite, c’est quand ils nous demandent des précisions sur nos produits que nous leur expliquons notre démarche« , explique la manager Alizée Brière.

C’est dire tout de même la problématique, surtout vu que le 3e arrondissement est totalement branché, avec un public donc « cultivé », censé être ouvert d’esprit, et en plus le restaurant est censé justifier les prix qui sont élevés…

On lit pareillement, dans un même ordre d’idée dans le même article :

Convaincus de la nécessité de mettre en avant la gourmandise et la cuisine française, Stéphane Seebaruth et Peter Aigner ont ouvert en 2003 le Potager du marais, dans le centre de Paris. « Nous sommes un restaurant de cuisine française et nos plats reprennent des appellations de plats traditionnels », explique le premier.

Le même goût, le même nom : c’est le refus de la culture végane comme alternative, c’est juste la même chose en mode végétalien.

Dans une interview, le propriétaire de « MOB », un fast food ultra hype à Paris à la Cité de la Mode & du Design, tient le même discours.

MOB convient-il aux vegans ? au intolérants (lactose, gluten, oeuf …) ?

MOB est Vegan. Nous ne l’exprimons pas trop fort car certains sont hermétiques à ce mot. Voilà pourquoi nous disons sans aucune matière animale. Il n’y a donc ni œuf ni lait. Pour le gluten, nous travaillons à une option sans gluten à la demande.

Là encore, c’est végan, mais si on ne le sait pas, on peut très bien ne pas le savoir. Le problème est que si là on parle de quelques restaurants bobos parisiens, en fait la tendance globale au sein même du véganisme comme mouvement au sens très large.

Nous vivons en effet la fin d’une époque. Depuis plusieurs années, il y a une vague de mise en avant du véganisme, de différentes manières. Or, là, le retrait est de plus en plus général. Il semble qu’ici et là, on considère que la libération animale soit trop lourde à porter comme but en tant que tel.

On passe donc à autre chose. A une spécification sur le droit, comme l’association Droits des animaux, ou bien le mot « vegan » passe à la trappe et le mot « végétarien » est employé « tactiquement. »

Le réformisme assumé est alors considéré par beaucoup comme la seule option pratique (avec notamment l’association L214, dont le nom vient quand même du Code de l’environnement sur la propriété d’un animal : « Art L214-1 : Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. »).

Le véganisme est censé se dissoudre dans un front avec le végétarisme, qui lui-même doit se dissoudre dans une sorte de front de revendications bien précises, ciblées, permettant des campagnes.

Ou bien inversement le véganisme est assumé ouvertement mais pour être dilué dans autre chose, il n’en est plus parlé en tant que tel, à part en l’associant à autre chose, comme élément en plus, sans valeur en soi.

Tout cela donne une impression assez bizarre et s’il est difficile d’évaluer cette période forcément de transition, en tout cas il est clair qu’il y a une perte de repères nets, de définitions précises, et que cela renforce les tendances non rationnelles dans le mouvement pour les animaux.

« Mais fondée sur toutes les lois de la nature »

Il y a une chose que n’ont pas compris les détracteurs du concept de Nature. Dans leur élan nihiliste, ils ne voient pas que supprimer le concept de Nature, c’est supprimer l’idée même d’une science.

En effet, s’il y a des lois scientifiques, c’est parce qu’il y a une Nature et non pas des choses vraies ici, fausses là-bas. L’électricité, c’est l’électricité, à Paris comme à Tokyo. Une étoile, c’est une étoile, dans notre système solaire avec le soleil ou bien plus loin !

Supprimer le concept de « Nature », c’est supprimer la science, supprimer les définitions, supprimer toutes les études effectuées par l’humanité de la réalité où nous vivons. C’est supprimer l’universalisme, pour célébrer le particularisme qui serait unique en son genre.

A titre d’illustration de la science, voici un extrait des Éléments de la philosophie de Newton, écrit par Voltaire, en 1738. Cet extrait n’a rien de passionnant en soi, loin de là, à part pour l’histoire des sciences.

Mais il montre que les scientifiques n’ont pu être scientifiques qu’en se fondant sur le fait que l’univers obéit à des lois, qu’il est cohérent. Si on en était resté à la vision primitive ou païenne, tout aurait semblé comme désordonné, incohérent, soumis à des arbitraires divins ou magiques, etc.

Or, la Nature a des lois, elle forme un tout cohérent. C’est la base de la conception scientifique…

« Vous voyez que tous les phénomènes de la nature, les expériences et la géométrie concourent de tous côtés pour établir l’attraction. Vous voyez que ce principe agit d’un bout de notre monde planétaire à l’autre, sur Saturne et sur le moindre atome de Saturne, sur le soleil et sur le plus mince rayon du soleil.

Ce pouvoir si actif et si universel ne semble-t-il pas dominer dans toute la nature ? N’est -il pas la cause unique de beaucoup d’effets ? Ne se mêle-t-il pas à tous les autres ressorts avec lesquels la nature opère ?

Il est, par exemple, bien vraisemblable qu’il fait seul la continuité et l’adhésion des corps : car l’attraction agit en proportion directe de la masse ; elle agit sur chaque corpuscule de la matière ; elle fait donc graviter chaque corpuscule en ce sens, comme Saturne gravite vers Jupiter (…).

Les actions des acides sur les alcalis pourraient bien être des chimères philosophiques, aussi bien que les tourbillons. On n’a jamais pu définir ce que c’est qu’un acide et un alcali ; quand on a bien assigné les propriétés de l’un, on trouve à la première expérience que ces propriétés appartiennent aussi à l’autre ; ainsi tout ce qu’on sait jusqu’à présent, c’est qu’il y a des corps qui fermentent avec d’autres corps, et rien de plus.

Mais si on songe qu’il y a une force réelle dans la nature, qui opère la gravitation de tous les corps les uns vers les autres, on pourra croire que cette force est la cause de toutes les dissolutions des corps et de leurs plus grandes effervescences.

Examinons ici la plus simple des dissolutions, celle du sel dans l’eau.

Jetez dans le milieu d’un bassin plein d’eau un morceau de sel, l’eau qui est aux bords sera longtemps sans être salée ; elle ne peut le devenir que par le mouvement.

Elle ne peut être en mouvement que par les forces centrales ; les parties d’eau les plus voisines de la masse du sel doivent graviter vers ce corps de sel ; plus elles gravitent, plus elles le divisent, et cela en raison composée du carré de leur vitesse et de leur masse ; les parties divisées par cet effort nécessaire sont mises en mouvement ; leur mouvement les porte dans toute l’étendue du bassin : cette explication est non-seulement simple, mais fondée sur toutes les lois de la nature.

Concluons, en prenant ici la substance de tout ce que nous avons dit dans cet ouvrage :

1° Qu’il y a un pouvoir actif qui imprime à tous les corps une tendance les uns vers les autres ;

2° Que, par rapport aux globes célestes, ce pouvoir agit en raison renversée des carrés des distances au centre du mouvement, et en raison directe des masses ; et on appelle ce pouvoir l’attraction par rapport au centre, et gravitation par rapport aux corps qui gravitent vers ce centre ;

3° Que ce même pouvoir fait descendre ces mobiles sur notre terre, dans les progressions que nous avons vues ;

4° Qu’un pareil pouvoir est la cause de l’adhésion, de sa continuité et de la dureté, mais dans une proportion toute différente de celle dans laquelle les globes célestes s’attirent ;

5° Qu’un pareil pouvoir agit entre la lumière et les corps, comme nous l’avons vu, sans qu’on sache en quelle proportion.

À l’égard de la cause de ce pouvoir, si inutilement recherchée et par Newton et par tous ceux qui l’ont suivi, que peut-on faire de mieux que de traduire ici ce que Newton dit à la dernière page de ses Principes ?

Voici comme il s’explique en physicien aussi sublime qu’il est géomètre profond.

« J’ai jusqu’ici montré la force de la gravitation par les phénomènes célestes et par ceux de la mer ; mais je n’en ai nulle part assigné la cause.

Cette force vient d’un pouvoir qui pénètre au centre du soleil et des planètes sans rien perdre de son activité, et qui agit, non pas selon la quantité des superficies des particules de matière, comme font les causes mécaniques, mais selon la quantité de matière solide ; et son action s’étend à des distances immenses, diminuant toujours exactement selon le carré des distances, etc. »

C’est dire bien nettement, bien expressément, que l’attraction est un principe qui n’est point mécanique.

Et quelques lignes après, il dit : « Je ne fais point d’hypothèses, hypotheses non fingo. Car ce qui ne se déduit point des phénomènes est une hypothèse ; et les hypothèses, soit métaphysiques, soit physiques, soit des suppositions de qualités occultes, soit des suppositions de mécanique, n’ont point lieu dans la philosophie expérimentale. »

Je ne dis pas que ce principe de la gravitation soit le seul ressort de la physique ; il y a probablement bien d’autres secrets que nous n’avons point arrachés à la nature, et qui conspirent avec la gravitation à entretenir l’ordre de l’univers. »

Walter Bond: « s’il le faut, alors nous choisissons les animaux »

Voici une nouvelle lettre de Walter Bond, publiée comme d’habitude à l’initial sur Support Walter. On retrouve toujours la même sincérité et la même affirmation des principes… Toujours la même dignité dans la bataille au service des animaux.

Supreme Vegan Power

Walter Bond

20 août 2013

Le consumérisme a vraiment affecté notre éthique et la façon dont nous nous comportons. Même celle de beaucoup des personnes qui se croient progressistes, ouvert d’esprit ou anarchistes d’une grande radicalité.

Les publicitaires nous ont appris à penser en termes de profitabilité, au lieu de principes.

Par exemple, quand il s’agit de véganisme beaucoup de gens que j’ai été amené à rencontrer apprécient de débattre de la validité de l’efficacité en tant que critère.

Et sans nul doute je comprends la validité de beaucoup de ces critiques. Comme je l’ai écrit plus d’une fois: « Pour chacun d’entre nous qui devient vegan, 100.000 enfants sont sevrés avec la chair comme nourriture. »

Cela étant dit, le véganisme est toujours un important premier pas et un impératif moral. D’un point de vue théorique, si tout le monde adhérait au véganisme, toutes ces dégoûtantes et maléfiques entreprises exploitant les animaux n’existeraient pas.

C’est ce que Bertrand Russell appelle une « vérité universelle » dans son livre, « Pourquoi je ne suis pas un chrétien. » Il dit: « Si vous pouvez prendre un comportement et l’étendre à l’infini [dans un contexte social] et qu’il est toujours bon pour tous, alors que le comportement est une vérité universelle. »

D’un point de vue fondamental, il est moralement inacceptable d’utiliser les cadavres et les sous-produits de l’esclavage de tout être qui a un intérêt dans la liberté ou le désir de vivre à l’abri de la douleur et de la souffrance. Les circonstances dans lesquelles vous les utilisez ne comptent pas.

Utiliser des corps d’animaux morts ou des sécrétions est moralement scandaleux, que ce soit sur une étagère de magasin ou en le sortant d’une benne à ordures.

Mangeriez-vous des cadavres brisés d’enfants travailleurs laissés à la poubelle? Si ce n’est pas le cas, pourquoi? Ils vont à la poubelle, autrement. D’ailleurs, vous ne les avez pas acheté, perpétuant ainsi leur exploitation. Vous ne voudriez pas les manger, parce que c’est mauvais que de participer à leur utilisation sous aucun prétexte à part la famine.

Tout comme il est erroné de s’engager dans l’esclavage et le racisme, et cela que sa propre participation perpétue le problème ou non.
Ou que sa non-participation arrête le problème. Le spécisme prend de nombreuses formes passives et le « freeganisme » du premier monde est l’un d’eux.

Nous sommes Vegan parce que le problème n’est pas dans la façon dont nous utilisons les animaux, le problème est que nous utilisons les Animaux. Une fois que vous ouvrez la porte de la transformation en objets interspéciste, c’est la boîte de Pandore qui est ouverte.

Alors pourquoi est-ce mal d’utiliser d’autres êtres pour la nourriture, les divertissements, les vêtements, la vivisection, etc? Quel est le raisonnement derrière notre idéologie du « laisser vivre » ? C’est ceci: « Vos droits s’arrêtent là où commencent ceux d’un autre. »

Contrairement à la société conduite par la consommation, chaque fois que vous avez une envie ou un désir, cela ne signifie pas que vous avez le droit de réaliser ce désir.

Juste parce que vous avez cinq dollars dans votre poche ne signifie pas que vous méritez des choses. Les animaux ont le droit de vivre leur vie sans la tyrannie humaine. Comme vous. Quoi que ce soit qui traverse cette ligne de démarcation n’est pas un droit.

C’est une capacité et cela ne doit pas être toléré ou protégé comme si cela serait en quelque sorte valide. C’est pourquoi le droit d’un animal à vivre ou à être défendue par tous les moyens nécessaires surpasse la capacité des commerces à tirer profit de leur exploitation, ou de leur mort.

« Vos droits s’arrêtent là où commencent ceux d’un autre » est également la raison pour laquelle il n’est jamais bien de prendre la décision consciente de choisir des produits de l’exploitation animale.

Bien sûr, la seule échappatoire à cette question est la famine ou si vous n’avez littéralement pas d’autre choix pour survivre. Mais à ce stade, vous ne faites pas une décision de consommateur, vous avez choisi de vivre au lieu de périr.

C’est une situation complètement différente de la fouille de poubelles chez Pizza Hut ou de manger un être abattu pour Thanksgiving parce que vous choisissez la tradition humaine plutôt que la vie d’un être innocent victime de l’avarice humaine.

Le droit des animaux à être laissé seul par les humains surpasse les faiblesses et les traditions humaines.

Nous ne devons pas tomber pour les petite mentalités comparant les « -istes » ou les « -ismes. »

Plusieurs fois, lorsque j’ai promu ou défendu le véganisme comme un mode de vie naturel et supérieur, j’ai dû faire face à des arguments microcosmiques jetés à ma face, comme la réfutation par « les indigènes. » La version courte de cet argument ressemble à ceci:

On dit que : « les gens doivent devenir vegan ! »

Ils répondent : « Et les peuples indigènes ? Pourquoi devraient-ils avoir à succomber à cette idée occidentale? Pourquoi devraient-ils avoir à encore plus changer leur culture déjà décimée pour répondre à cet idéal de l’homme blanc? »

Ceci est la version simplifiée, il y a tellement davantage dans le genre avec cet argument indigène. Et je suis d’accord avec, à 100 pour cent! Malheureusement, le plus souvent la personne qui utilise l’argument n’est pas tant préoccupé par la protection des droits des populations tribales que de tenter d’assimiler le véganisme au racisme. Et comme je le disais, c’est un argument microcosmique.

La dernière fois que j’ai vérifié, les blancs ne voyageaient pas dans la forêt tropicale ou en Arctique obligeant les natifs à consommer des Tofurkey [didon de tofu] et du lait d’amande.

Par ailleurs, je n’ai aucun souci avec les sociétés de chasseurs / cueilleurs vivant comment ils le font, en accord avec leur environnement et même, oui, en mangeant des animaux. Mais je pense toujours que les 5 milliards d’autres personnes sur la planète devraient devenir vegan !

Aussi, je ne souscris pas à l’idée qu’il soit correct de tuer des animaux en toute impunité parce que vous êtes brun ou parce qu’il y aurait des raisons culturelles pour le faire.

Désolé, mais je suis un activiste de la libération animale et il y a plusieurs milliers d’espèces, de variétés et de types d’animaux qui souffrent une terrible vie et la mort, de par le monde, et même l’extinction de la part des oppresseurs spécistes, humains, en Amérique, au Mexique, au Canada, en Chine, en Inde, en Australie , en Europe, en Afrique et ailleurs.

Nous ne sommes pas racistes ou sexistes. Nous ne sommes pas des impérialistes ou des bigots. Nous sommes des activistes de la libération animale. Nous sommes abolitionnistes et en tant que tel, nous étendons notre compassion, notre souci, notre férocité et notre l’énergie vers la libération de toute vie.

Si cela interfère avec la suprématie humaine de quelqu’un, qu’il en soit ainsi.

Le fait d’avoir à choisir entre les humains ou les animaux ne se produit pas toujours, mais s’il le faut, alors nous choisissons les animaux.

Pourquoi? Parce qu’ils sont innocents.

Les cerfs ne s’habillent pas en camouflage urbain et ne viennent pas dans votre voisinage et vous tirent une balle dans le visage, puis montent votre tête et ceux de votre famille dans leur espace de vie.

Les poulets ne construisent pas d’abattoirs mécanisés et n’élèvent pas des gens génétiquement modifiés et domestiqués pour être assassinés à grande vitesse, ou esclavagisés pour les œufs.

Les animaux ne constituent pas des religions ridicules qui exigent des sacrifices humains pour apaiser les hommes imaginaire dans le ciel.

Ils ne font pas des fermes pour notre peau, ils ne mangent pas nos cerveaux, ils ne font pas des vidéos de sexe tordus impliquant nos morts, ils ne nous impliquent dans des combats en cage, ils ne mettent pas nos enfants dans des caisses pour veau et les forçant à s’alimenter de régimes liquides.

Ils ne nous battent pas dans les rodéos, ils ne nous poignardent pas à mort dans des arènes bondées, ils ne montent pas nos crânes sur le devant de camions!

Les éléphants ne nous asservissent pas ou ne nous battent pas jusqu’à ce que nous réalisions pour eux comme des marionnettes, les tigres ne nous condamnent pas pour la vie dans une cage afin qu’ils puissent nous présenter dans un zoo, les serpents ne nous écorchent pas vifs pour faire de nous des ceintures, etc., etc., etc !

Non. Ce sont des activités humaines, chacune et chacune, je me trompe? Il y a une bonne raison de faire une dénomination spécifique entre les humains et les animaux et ce n’est pas parce que les humains sont supérieurs. C’est en raison de notre dépravation, de notre perversion, et de la soif de sang comme espèce, qui sont profondes et inquiétantes!

Il est vrai qu’il y a beaucoup de factions du véganisme mainstream en Amérique et en Europe, qui ruinent la pureté de l’éthique végane avec leur connerie classiste, mère de familles de classes moyennes, bobo !

Mais je pense que ce serait une grave erreur de la part d’une personne activiste de la libération animale que de simplement laisser des élitistes comme Francione, Peter Singer, ou un de leurs semblables, ruiner complètement notre mode de vie sans combat, parce que beaucoup d’entre nous ne sont pas eux.

J’ai rencontré des rastas végans (de Jamaïque). J’ai connu et aidé une soupe communautaire tenue par des noirs et pour des Noirs dans le centre-ville de Denver. J’ai lu des centaines de communiqués par des personnes guerrières vegans de l’ALF et de l’ELF du Mexique. J’ai rencontré des Africains qui ont tué des braconniers en Afrique. Et moi-même je suis un Latino.

Beaucoup de groupes Food Not Bombs groupes nourrissent des sans-abri chaque semaine avec des repas végétaliens. La plupart de gens de la communauté vegan et pour les droits des animaux sont des femmes.

Donc cette idée que le véganisme est une culture blanche ou élitiste est une image que perpétuent les publicitaires afin qu’ils puissent escalader les prix en recouvrant des emballages d’un grand « V. »

Mais si nous ne nous en tenons pas au véganisme en tant que tel et à ses idéaux, alors il continuera à être dépouillée de sa vitalité et de sa vérité. Jusqu’à ce qu’un jour être végétalien soit aussi ridicule que de suivre le régime Atkins [régime à la mode, réduisant les féculents].

Depuis que je suis vegan, j’ai vu que nous sommes passés d’être vue comme « ces cinglés des droits des animaux » à « ces hipsters branchés et yuppies blancs. »

Je préfère être de mon côté le lunatique des Droits des Animaux, pas un suppliant mendiant l’approbation et la validation de la part de connards de droite ou de gauchistes à peau fine.

Ce monde est destiné à tous les êtres. Compris ? Compris ! Bien !

La Libération Animale, quel qu’en soit le prix !

Oloron : un collectif au service des animaux en détresse

De manière régulière, les quotidiens régionaux dressent le portrait de personnes engagées dans la protection animale. C’est un aperçu toujours intéressant, et il est frappant de voir que les médias nationaux, eux, n’abordent jamais la question. Cela souligne l’importance du travail local, pour rendre visible les structures de soutien et de lutte.

L’article est tiré ici de Sud Ouest, cela se passe en Aquitaine et l’association dispose d’un site et d’un forum.

 Oloron : un collectif au service des animaux en détresse

l’association Les 4 Pattes du piémont oloronais œuvrent au chevet des animaux depuis 1 an et demi

Le rendez-vous avait été donné au quartier des Fontaines. « C’est une zone de notre champ d’action. Il y a beaucoup de chats errants dans les parages », avait prévenu Hélène, la secrétaire de l’association Les 4 Pattes du piémont oloronais.

Et, à dire vrai, elle ne s’était pas trompée. Autour du lavoir du quartier Notre-Dame, plusieurs matous maigrelets promènent leur démarche nonchalante.

C’est le vol de son chien, il y a huit ans – « Et aussi parce que je ne pouvais pas être vétérinaire », sourit-elle – qui a conduit Hélène à devenir un membre actif de la défense des animaux.

« J’ai d’abord placardé des annonces, fait le tour des vétérinaires, des refuges. Puis, j’ai découvert sur Internet les forums de protection animale », raconte cette employée d’un cabinet d’assurance.

La suite ? L’adhésion à l’Adap, l’Association de défense animale pyrénéenne, en 2008, puis un passage remarqué en mars 2009 à l’émission 30 millions d’amis : « Un vieux monsieur originaire d’Escou a été hospitalisé, laissant derrière lui ses huit chiens et dix petits chiots. J’ai contribué à leur sauvetage ».

En janvier 2012, plusieurs Oloronaises anciennes membres de l’Adap décident de se dissocier du collectif pour créer leur propre association : Les 4 Pattes du piémont oloronais. Dès lors, l’objectif premier est la stérilisation des animaux recueillis : « Il faut que les maîtres fassent de même, insiste Hélène. Cela permet d’éviter la prolifération et les abandons qui en découlent ».

Familles d’accueil

Aujourd’hui, elles sont trois membres à gérer le bureau du collectif. Autour d’elles, trois nourricières et une quinzaine de familles d’accueil s’occupent des animaux abandonnés.

Avec l’été et les départs en vacances, l’association est aujourd’hui débordée – jusqu’à « cinq à six appels par jour ». Alors qu’elle accueille d’ordinaire quatre à cinq chiens en même temps, elle en gère une vingtaine depuis le mois de juillet.

« C’est la période où il y a le plus d’abandon, concède Laurence, qui s’est portée famille d’accueil en mai 2012. En ce moment, il y a tellement d’animaux que nous sommes contraintes de refuser la prise en charge de certains. »

La situation est telle que Les 4 Pattes du piémont oloronais ont demandé à la municipalité la mise à disposition d’un terrain pour accueillir les chats errants, mal accueillis dans certains quartiers de la ville.

En attendant Hélène, elle, continue de s’occuper de ses six chats et ses quatre chiens, plus un cinquième, en attente d’adoption.

Impossible, naturellement, de ne pas considérer ici que la dernière phrase est construite de telle manière à souligner aux lecteurs et lectrices que les gens aimant les animaux en font, finalement, toujours trop: déjà dix animaux et un de plus, cela ne s’arrête jamais, etc.

Cette petite phrase reflète la contradiction des quotidiens régionaux, obligés de parler de cela car les gens aiment les animaux et apprécient cette abnégation, mais en même temps en donnant des gages à l’exploitation animale, et donc devant faire passer les bénévoles pour des gens à part, un peu particuliers, voire étrange, etc.!

Des gifs animés entre anecdote et fascination

On sait à quel point internet regorge de moyens de perdre son temps, et de choses en même temps intéressantes. Nous avions parlé du triomphe des chats (Les chats et leur succès sur internet), voici un petit aperçu d’images animées, les fameux « gif », tirées en l’occurrence du blog headlikeanorange.

Le blog en question propose, entre autres et comme bien d’autres (principalement sur tumblr), de nombreuses images concernant les animaux (avec bizarrement une citation humoristique de Descartes, preuve qu’on est loin d’une réflexion présente sur les animaux vu la philosophie du personnage), dans un esprit humoristique bien souvent anecdotique, mais parfois émouvants, ou encore fascinants.

Mais ce qui compte de notre point de vue, c’est qu’il y a ici également de montré la complexité de la vie animale. On voit une part de quotidien, avec fascination, cela semble très proche de nous, en même temps très loin.

Bref, le succès populaire de ces images – et malheureusement aussi en partie des « bêtisiers » avec les animaux – tient à une volonté troublée de se tourner vers les animaux. Quel dommage que cela se résume, finalement, à de l’anecdote, de la distraction seulement pour faire perdre son temps.

La richesse de la vie animale vaut mieux que cela, naturellement ! Et il est intéressant de voir comment la technologie peut être utile pour reconnaître la vie animale non humaine.

Il n’y a pas que les gifs, bien entendu, regarder l’impressionnante série documentaire « Planète Terre » en blue ray est une véritable expérience, qui marque par la richesse visuelle, qui a profité d’un matériel hautement développé pour filmer.

Cela sera d’autant plus important pour admirer la vie de l’océan, ou bien encore la vie des insectes ; ici l’humanité est encore terriblement loin du compte, ce qu’elle ne voit, à ses yeux, n’existe pas !

Montrer cette vie est l’une des tâches culturelles les plus importantes dans la bataille pour une planète bleue et verte. Il ne peut y avoir de prise de conscience si les mentalités sont bloquées en raison d’un style de vie totalement égocentrique, totalement tourné vers soi-même.

La dimension carcérale de l’exploitation animale

Voici un très intéressant tableau concernant les prisons. Il concerne des humains, mais il est vraiment très intéressant si on le compare à la situation des animaux, par exemple d’un animal dit « de compagnie » qui est en cage, mais aussi dans les fermes.

Il s’agit d’un tableau de Albert Biderman sur la coercition pénale, publié dans le Amnesty International report on torture, le rapport d’Amnesty International sur la torture, en 1983.

Ce tableau est frappant de par le parallèle que l’on peut faire avec la situation des animaux,

Prenons par par exemple un cochon d’Inde qui est emprisonné, seul, et dont l’unique personne qui s’en occupe est un enfant, ou même un adolescent, voire un adulte en fait, malheureusement !

Le cochon d’Inde est un animal social ; tout seul il s’ennuie à mourir, à plusieurs il s’éclate !

Donc, là, le pauvre cochon d’Inde jeune, acheté en animalerie, est arraché à ses congénères et jeté, seul, dans une cage. Il ne comprend pas ni comment ni pourquoi, il est isolé, apeuré.

La technique courante, prônée largement, est celle en plus de lui refuser un abri : ça, c’est le côté « monopoliser la perception », à côté de l’isolement.

Ensuite on a le chantage à la nourriture comme jeu de récompense, les menaces et les câlins forcés, les prises violentes, pour montrer « l’omnipotence » humaine.

Il y a aussi les « requêtes futiles », comme dans le tableau : va à droite, va à gauche, fais-ci fais-cela, comme au cirque !

Et bien sûr les humiliations de la part de gens reproduisant la violence sociale, et battant « leurs » animaux…

Ce tableau est vraiment intéressant, il montre que la situation des animaux est carcérale. Encore faut-il pour voir cela reconnaître la dignité animale, y voir autre chose qu’une machine simpliste et remplaçable…

Il ne s’agit pas que d’une question de souffrance : c’est la bataille pour la reconnaissance de la complexité de chaque être vivant, de sa sensibilité, de sa dignité !

L’antifascisme peut-il mépriser Sisyphe ? Certainement pas !

La lutte pour les animaux est parfois amère… A LTD, nous aimons les animaux, et cet amour est inconditionnel. C’est le sens des photos qui montrent la vie sauvage, ou des appels à l’adoption.

Partant de là, nous connaissons la situation des gens qui se jettent, avec une abnégation complète, dans la protection des animaux, et nous savons quel est le prix à payer : affrontement avec l’horreur de la condition animale, ostracisme social qui méprise les « faibles » se reconnaissant dans les « faibles », énormes difficultés matérielles…

Et cette impression d’un travail de Sisyphe, du nom de ce personnage de la mythologie grecque condamné par Zeus à faire monter une roche en haut d’une colline, avec à chaque fois la roche qui redescend avant de parvenir au sommet.

Les animaux étant des marchandises, il y a toujours plus d’achats et d’abandon, toujours plus de violence parallèlement à l’effondrement des valeurs sociales, et on a l’impression, la triste impression, qu’on ne s’en sortira jamais.

La personne pleine d’abnégation bascule dans la tristesse, elle se sent tel Sisyphe, mais elle veut une solution, non pas pour elle, mais pour les animaux ! C’est sa dignité humaine qui se construit dans cette bataille pour les animaux, et uniquement pour eux.

Nous connaissons et nous apprécions Sisyphe, nous connaissons ses ruptures psychologiques, ses déceptions, sa terrible amertume. La lutte pour les animaux est parfois amère…

Donc, nous avons conscience de ce que signifient les actes de désespoir consistant en les expressions racistes, la fuite dans le romantisme comme quoi avant cela aurait été moins dramatique, les tentatives folles de s’agripper à tout et surtout n’importe quoi.

C’est bien sûr à critiquer, mais pas sans compassion pour ces gens, On ne peut pas aimer les animaux et ne pas comprendre comment, en toute sincérité, ils ont été réduits à une ligne totalement défensive, jusqu’à l’absurde parfois.

Nous ne parlons pas ici, naturellement, des très rares personnes qui elles sont vraiment fachos ou vraiment réformistes avec des visées universitaires, etc. Mais cela ne représente, en réalité, pratiquement rien par rapport à la véritable base populaire de la protection animale.

A nos yeux, ce sont ces gens qu’il faut rejeter, mais pas la base réelle, celle qui lutte au quotidien pour les animaux, avec des conceptions erronées parfois, mais sans se vendre individuellement aux institutions, à Le Pen, ou autres.

Pour cette raison, et en défense de cette dignité des personnes se ressentant comme des Sisyphe dans la bataille pour les animaux, à LTD, nous tenons donc à nous distinguer de la manière la plus ferme et la plus vive des gens qui, en ce moment, mènent en ce moment une campagne aussi stupide que vide de sens contre « les fachos dans la protection animale. »

C’est une campagne stupide, car elle braque toutes les personnes travaillant au quotidien dans la protection animale. Les conneries anarchistes sont bien jolies, mais sont totalement abstraites pour qui travaille dans un refuge, qui cherche à organiser l’adoption.

D’ailleurs, la prétention de vouloir chasser « les fachos de la protection animale » de la part de gens n’en ayant rien à faire de la protection animale est absolument pathétique.

Il suffit de voir ce qui est dit et ce qui est fait de ce côté là pour voir qu’il n’est jamais parlé des animaux, ni des refuges, encore moins d’adoptions, qui dérangeraient bien entendu l’individualisme ultra des « rebelles » !

Il faut d’ailleurs mépriser les gens comme seul peut le faire un étudiant en sociologie pour prendre les gens pour des idiots et s’imaginer que comme Bardot est facho, alors les gens aimant les animaux vont devenir fachos.

C’est d’un simplisme déconcertant, c’est totalement contre-productif et il n’y a rien de tel pour jeter les gens dans les bras de Bardot.

Pareillement, il ne faut vraiment rien avoir compris à l’antifascisme pour insulter des jeunes ouvriers aimant les animaux mais étant plein de préjugés fachos, alors que justement il faut les gagner.

La lutte pour les animaux est parfois amère… Et il n’y a rien d’antifasciste à insulter Sisyphe et à cracher sur son désespoir. Il n’y a rien de vegan à rejeter son amertume et ses douleurs, ses souffrances, reflet de la condition animale.

Quiconque aime les animaux sait très bien que, sur la ligne de front, personne ne peut être oublié, tout le monde peut être utile, les animaux en ont besoin !

Il faut bien sûr la lutte des idées, il faut réfuter les fachos prétendant aider à la protection animale, alors que leurs attitudes sont contre-productives, ce que des gens sincères voient aisément.

Mais cela n’a rien à voir avec la tactique du tintamarre autour de Bardot et autres !

Situation d’urgence à Fukushima, 2 ans et demi après le drame

La catastrophe de Fukushima, qui a eu lieu en mars 2011, était un événement tragique qui est loin, très loin d’être résolu, comme en témoigne la récente fuite d’eau radioactive survenue au début du mois d’août. Comme expliqué dans l’article ci-dessous, ce sont chaque jour 300 litres d’eau contaminée qui se déversent dans l’océan. Cette eau est chargée de tritium, de strontium, de césium et d’autres éléments radioactifs, contaminant ainsi les mondes marins végétaux et animaux, et cela pour une durée indéterminée et dramatiquement longue.

Mercredi 21 août, l’autorité de régulation nucléaire du Japon a réévalué l’importance de la fuite d’eau radioactive qui s’est produite ces derniers jours et elle qualifie cette fuite d’incident « grave » de niveau 3 sur l’échelle internationale des événements nucléaires allant de 0 à 7.

Voilà des mois que les informations sur les fuites d’eau radioactive issue de la centrale de Fukushima sortent graduellement au grand jour, sans que soient révélés officiellement leur ampleur ou leur impact sur l’environnement. Le gouvernement japonais a finalement rendu publique une estimation de leur quantité, mercredi 7 août : ce sont 300 tonnes d’eau contaminée qui se déversent chaque jour dans l’océan Pacifique, plus de deux ans après la catastrophe nucléaire causée par un séisme et un tsunami, en mars 2011.
Qualifiées de « situation d’urgence » mardi par l’Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA), ces fuites ont été estimées par l’opérateur Tokyo Electric Power (Tepco), en termes de radioactivité, à vingt à quarante mille milliards de becquerels entre mai 2011 et juillet 2013.

Le premier ministre, Shinzo Abe, un conservateur favorable à la relance de l’énergie nucléaire, a évoqué « un problème urgent qui suscite beaucoup d’inquiétude dans la population », et s’est engagé à accentuer les efforts du gouvernement pour contenir ces fuites – que le gouvernement prévoit de limiter à 60 tonnes par jour à partir de décembre.

POISSONS RADIOACTIFS

A la fin du mois de juillet, Tepco était revenu sur sa théorie selon laquelle l’eau chargée de tritium, de strontium, de césium et autres éléments radioactifs stagnait sous terre, avouant qu’elle atteignait l’océan. A la suite de cet aveu, l’autorité nucléaire japonaise a prévu d’enquêter sur les causes de ces fuites et de surveiller la contamination de l’océan.

Ces rejets dans le Pacifique n’étaient cependant un secret pour personne. En janvier par exemple, un poisson pêché près de la centrale présentait un niveau de contamination radioactive plus de 2 500 fois supérieur à la limite légale – au grand dam des pêcheurs de la région.

Et alors que Tepco assurait encore que l’eau restait bloquée dans les sous-sols, l’opérateur avait enregistré, dans un puits situé entre les réacteurs et la mer, un niveau de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose limite admise pour de l’eau de mer – niveau qui grimpait encore au mois de juillet.

CUVES, PRODUIT CHIMIQUE ET FILETS

Ces fuites d’eau radioactive sont issues du refroidissement des réacteurs ravagés. De l’eau douce y est injectée en permanence pour les maintenir à une température inférieure à 50 ºC. Chaque jour, ces opérations produisent 400 tonnes d’eau hautement radioactive, dont une partie est stockée dans des réservoirs souterrains. Tepco a reconnu que certains d’entre eux fuyaient.

Critiqué pour sa gestion de l’accident nucléaire et pour sa communication, Tepco a décidé de prendre diverses mesures pour empêcher ces fuites. Pour l’instant, l’opérateur s’efforce de construire une paroi enterrée entre le site et l’océan, d’étanchéifier les galeries de la centrale, et de construire de nouvelles cuves de stockage à la surface, pour éviter les fuites souterraines. Le quotidien Asahi relevait récemment que le produit chimique que Tepco injectait pour solidifier les sols n’était toutefois pas efficace au niveau des nappes phréatiques.

Tepco compte aussi sur un nouveau système de décontamination de l’eau, l’ALPS (Advanced Liquid Processing System), grâce auquel il espère obtenir l’autorisation du gouvernement de pouvoir la déverser dans l’océan. En attendant, l’opérateur installe des filets pour éviter que les poissons contaminés ne partent trop loin, au risque d’être consommés par d’autres espèces ou pêchés.

Les suites de la catastrophe nucléaire sont loin d’être stabilisées dans la centrale de Fukushima, où les incidents sur le chantier se multiplient, et où l’état des réacteurs endommagés, toujours à la merci d’un séisme, continue d’inquiéter. Le démantèlement complet des installations devrait prendre une quarantaine d’années, et l’Etat a déjà versé près de 30 milliards d’euros à Tepco, qui ont servi à sécuriser le site et à indemniser plus d’un million de victimes. Environ 3 000 ouvriers travaillent dans ce chantier de déconstruction, le plus grand de l’histoire du nucléaire. En juillet, Tepco a annoncé que 2 000 d’entre eux risquaient un cancer de la thyroïde.

Pet Alert France, pour aider à retrouver son amiE perduE

Si un animal est trouvé ou égaré, Rescue est un très important site de protection animale regroupant 71 690 membres. Grâce à cette énorme communauté, ce site est un outil indispensable si un chien, un chat, ou tout autre animal est perdu.

En plus de Rescue s’ajoutent les sites spécialisés tels chiens perdus, chats perdus ou bien encore les forums animaliers où il est possible de passer une annonce détaillée avec photo et autres précisions.

Quand un animal est perdu, plus de personnes en sont averties, plus l’animal a des chances d’être retrouvé. En plus du partage sur le net, il faut mettre des affiches avec une photo dans les environs de la disparition, chez les commerçants, prévenir les cabinets vétérinaires, contacter les refuges… Nous avions déjà précisé les choses à faire si un animal se perd, ainsi que l’importance de faire identifier son compagnon.

Plus l’information est diffusée, plus l’animal aura des chances de retrouver sa maison.

Et dans le pire des cas, s’il est arrivé malheur, il faut aussi le savoir afin de pouvoir faire son deuil. Rien n’est plus insupportable que de ne pas savoir si notre amiE est encore en vie ou non. Et c’est pour cette raison qu’il y a un an a été créée la page Facebook Pet Alert France. Comme son nom l’indique, Pet Alert est une page qui permet de mettre en ligne des alertes pour un animal perdu.

Le Facebook de Pet Alert compte actuellement environ 8000 fans et aurait permis, selon le texte ci-dessous, à 4000 animaux retrouver leur foyer. Le principe du site est basé sur l’entraide, grâce aux déclinaisons départementales proposées, par exemple.

Quand un animal se perd, il se déplace afin de retrouver sa maison, c’est pour cette raison qu’il faut régulièrement réactiver les annonces de disparition, veiller à ce que les annonces affichées dehors y restent bien et utiliser au maximum le bouche à oreille qui est d’une très grande utilité dans des situations aussi difficiles et angoissantes.

 

Quand Facebook aide à retrouver les animaux perdus

Chaque année, près de 100 000 animaux de compagnie sont déclarés perdus. Pour aider à les retrouver, Julien Muller a créé la page Pet Alert sur Facebook

« Ce chien est perdu, comme 100 000 chaque année. Il ne retrouvera jamais sa famille », peut-on lire sur la page Facebook Pet Alert. « Un simple « j’aime » sur la page de votre département peut le sauver ! Ça prend 3 secondes, c’est gratuit ! ».

Selon Gérard Delcourt, auteur de « SOS Animaux Perdus », sorti en 2010, et ancien inspecteur de la SPA, il faut éditer au moins 500 avis de recherche et les placarder autour du lieu de perte de l’animal. En dessous de ce chiffre, les chances sont bien minces.

Alors pour multiplier les chances, il y a un an, Julien Muller a créé la page Pet Alert France sur Facebook et ses déclinaisons départementales. L’idée : miser sur l’entraide pour aider à retrouver un animal perdu. La page sert également à faire savoir lorsque l’on a retrouvé un animal.

« La perte d’un animal est déjà difficile mais c’est sans d’autant plus difficile quand l’animal est perdu car vous ne savez pas s’il est vivant ou pas, vous ne pouvez donc pas faire le deuil », précise Julien Muller.

Pet Alert se charge de relayer les avis de recherches, si possible avec la photo de l’animal, le lieu où il a été perdu et la date de sa disparition. Pour être plus efficace, la communauté mise notamment sur les déclinaisons départementales. Ainsi, on trouve des pages spécialement dédiées aux animaux déclarés perdus dans les Landes ou encore en Gironde, en Charente etc.

Sur la page France on peut également lire des conseils sur les démarches à effectuer lorsque l’on a perdu son animal de compagnie ou que l’on en a trouvé un.

La page France, qui compte ce lundi après-midi plus de 8 200 fans, a soufflé sa première bougie le 13 août. Les administrateurs en ont profité pour remercier les contributeurs, grâce auxquels, selon eux, plus de 4 000 animaux ont pu être retrouvés.

Interview de Talon conspiracy

Nous avions parlé du projet Talon conspiracy, qui fournit en ligne des publications anglophones de la libération animale et de la libération de la Terre. Voici une petite interview, les réponses ayant été données par Josh Harper, activiste ayant notamment passé plusieurs années dans les prisons américaines dans le cadre d’une condamnation pour participation à SHAC (Stop Huntingdon Animal Cruelty).

Votre projet consiste à mettre en ligne des PDF de publications de l’histoire des mouvements militant pour la libération animale et la libération de la Terre. Comment en être arrivé à cette idée ?

Il y a quelques années, mon amie Sabrina m’a demandé si j’avais la collection complète de la publication d’Earth First ! de Grande-Bretagne, Do or die.

A un moment je l’ai eu, mais quand une Joint Terrorism Task Force [Force unifiée d’action contre le terrorisme] du FBI a effectué un raid chez moi, je l’ai perdu avec beaucoup d’autres publications.

Cela m’a fait réfléchir sur combien notre histoire a été perdue et ce que cela pourrait signifier pour les générations futures d’éco-guerriers.

J’ai commencé à regarder autour de moi pour des publications imprimées aussi récemment que les années 1990, et j’ai été choqué d’à quel point certaines d’entre elles étaient difficiles à retrouver. Sabrina m’a suggéré que nous les archivions en ligne, et voilà comment le site a commencé.

Quelles ont été les premières impressions après avoir jeté un œil sur tout ce qui a été produit de par le passé ? C’était impressionnant, ou peut-être décevant ?

Certaines publications sur notre site sont intelligentes, perspicaces, ou pavent la voie ; d’autres sont ternes, ignorantes et ne donnent pas d’inspiration.

Quoi qu’il en soit, elles racontent une histoire quant aux différentes périodes de notre mouvement et les gens qui se sont suffisamment préoccupés de résister au spécisme et à l’omnicide [meurtre de tout être vivant].

Depuis ma perspective d’historien amateur, toutes les publications sur notre site ont de la valeur, même si c’est pour montrer ce qui n’a pas marché dans le passé.

Les publications du passé représentent un travail énorme, et ont joué un rôle dans la question de la continuité. Sur notre site, notre politique est de faire un article quotidien, afin de montrer le sérieux et d’ouvrir un espace ouvert pour la lutte. Comment comprendre cette question de la continuité de la lutte pour les animaux et la Terre ?

Si par là il faut comprendre la continuité des actions depuis que le mouvement est réellement né dans les années 1970, je dirais qu’une chose devient clair quand on lit à travers le site : les actions les plus extrêmes ont rarement eu un effet significatif à part ralentir la participation dans l’action directe clandestine.

La continuité de la lutte est importante. Nos opposants doivent constamment être en train de se battre avec une défense d’arrière-garde et ne devraient jamais se voir accordés le luxe de moments de repos.

Nous devrions frapper sur tous les fronts à tous les moments – mais quand les bombes, les menaces de contamination et les agressions ont eu lieu, elles ont tendu à nuire à nos capacités de recruter, de maintenir le moral, et de captiver l’imagination du public.

Les meilleures actions sont celles qui nuisent à nos opposants tout en renforçant notre propre position, et les bombes, etc. ont surtout fait le contraire. Souvent elles provoquent tellement de débat interne que les actions directes se déroulent moins fréquemment, et parfois même arrivent à être paralysées.

Le problème de la présentation d’une revue du passé est qu’il y a lieu de faire une évaluation, ce qui n’est bien sûr pas neutre. Par exemple, il est clair qu’on trouve une attitude vraiment critique vis-à-vis de l’ARM (Milice pour les Droits des Animaux). Sur quelle base évaluer les choses du passé ?

Je ne peux qu’évaluer le passé en utilisant ma propre expérience subjective. Je fais le mieux que je peux pour contextualiser le passé de manière correcte, mais je ne suis qu’humain. J’espère qu’en postant ces vieilles publications, davantage de gens seront attirés par l’idée d’enquêter, et d’analyser notre histoire.

Mes perspectives sont, bien sûr, influencées par ma propre partialité, mes préférences, et mon niveau de connaissance. Je pense que nos lecteurs et lectrices sont suffisamment habiles pour voir cela, et j’aime avoir des retours sur le site.

Toi-même, tu as été en prison en raison de ton activité dans la campagne de SHAC. Peux-tu nous dire quelque chose à ce sujet ?

L’emprisonnement est une chose terrible et cela a été un lourd tribut pour moi. J’ai été témoin de choses derrière les barreaux qui me hanteront jusqu’à ma mort, et même si je ne suis plus incarcéré, le spectre de mon expérience en prison est avec moi chaque jour.

Cela dit, je serais bien plus hanté par la honte de l’inaction. Il n’y a rien de glorieux quant à avoir fait de la prison, mais je suis fier de m’être suffisamment soucié de résister, même si cela a signifié 3 ans d’isolement, de privation, de solitude et de peur.

Les pires jours, lorsque mon traumatisme post-prison s’empare de moi, j’essaie de me rappeler du sentiment de regarder dans les yeux des agresseurs d’animaux qui sont milliardaires et de voir le regard de la défaite sur leur visage.

Nous sommes plus puissants qu’ils ne le sont, lorsque nous faisons face ensemble, et un des meilleurs sentiments que j’ai jamais eu est de leur rappeler que les pauvres peuvent leur botter leurs culs maniérés.

Comment vois-tu le futur de la libération animale et de la Terre ?

Personne ne sait en quoi va consister le futur, mais je pense que les non-humains et la vie sauvage ne peuvent être sauvés de notre espèce que par un mouvement militant de masse.

Ce mouvement aura besoin d’être bien plus stratégique que ceux du passé, et plus populaire également.

Cela signifiera repenser la manière avec laquelle nous nous présentons au public, planifier des actions qui inspirent plutôt que qui repoussent, et une plus grande camaraderie que jamais auparavant.

Et comment les vois-tu reliées ?

La libération animale, qui comprend la libération de notre propre espèce, est liée à la santé de la planète pour des raisons évidentes.

Être libre ne signifie rien si il n’y a pas d’eau saine à boire, si l’air est empoissonné et si le climat est trop rude pour survivre.

Quand je parle de révolution, je parle également de joie, d’amour et d’une vie qui vaut la peine d’être vécue. Rien de cela n’est possible sans un système soutenant la vie, système fourni par cette planète magnifique.

« Elle tire un chariot rempli de graines et attire sur le site jusqu’à 500 volatiles »

Les pigeons sont les mals aimés d’urbains totalement dénaturés. En réponse, il y a des gens plein de sensibilité qui, de manière totalement subjective, se précipitent à la rescousse. C’est un phénomène bien connu, et la hantise des municipalités. De notre côté, nous y voyons un sursaut de la dignité, même si évidemment un aspect pose problème, l’absence de réflexion qui nuit à la cause générale des animaux.

Bordeaux : la vieille dame attire les pigeons par centaines, le quartier craque

À 75 ans, Tatie Monique vient chaque matin appâter les pigeons de la place Fernand-Lafargue avec des graines. La ville est dans une impasse. Une proposition émerge.

Appelons là Tatie Monique. Plus forte que Tatie Danièle, la célèbre héroïne cinématographique. Donc Tatie Monique, 75 ans, irréductible et intraitable, nourrit les pigeons de la place Fernand-Lafargue à grands coups de graines fraîche. Tous les matins. Elle tire un chariot rempli de graines et attire sur le site jusqu’à 500 volatiles. Un concentré de place Saint-Marc, sauf qu’on n’est pas en Italie.

Malgré les interpellations de la police, les semonces de la mairie, les courriers répétés, les tentatives de calumet de la paix, rien n’y fit. Ainsi, au mois de mai dernier, tandis que les services d’hygiène municipaux tentaient une saisie des pigeons au filet, Tatie Monique commença par faire un ramdam à grands coups de casseroles depuis son appartement, situé juste sur la place.

Puis descendit armée d’un poêlon et en mis un coup sur la tête du patron des services d’hygiène.

L’association des commerçants du Village Saint-James est vent debout. Des pétitions sont en gestation. « Marre de cette saleté, témoigne Rabah Maouch, le glacier. Les gens glissent sur les graines le matin. Mais aussi, les pigeons lâchent des fientes partout. Observez le sol, il en est jonché et les stores sont maculés. »

En effet, cet été, un commerçant du quartier, Jipé qui tient le bar L’Ours Marin a glissé un matin sur des graines et s’est blessé légèrement. En effet encore, les clients se planquent sous les toiles des terrasses pour éviter les fientes.

La situation a perduré tout l’été, encore plus tendue, parce que le site est particulièrement investi par les touristes. Au mois de juillet, un mystérieux technicien est venu chaque matin, spontanément, observer le manège de Tatie Monique. « Pendant quinze jours, raconte Victor Silva, technicien de la société Avipur, j’ai suivi le parcours de cette dame. J’ai observé les lieux et constaté les dégâts. Puis, j’ai réussi à entrer en contact avec elle.

Elle nourrit les chats à son domicile et semble soutenue par une association de défense des animaux. Mais elle est tout à fait… cohérente dans sa mission. Je lui ai dit que mon objectif était d’aider à régler la situation, pas d’éradiquer les pigeons. »

Rencontre en mairie

Les services municipaux contactés à leur tour par Victor Silva acceptent de l’entendre. Jean-Louis David, adjoint au maire l’admet : « Nous ne trouvons pas de solution, donc nous sommes ouverts, d’autant que Victor Silva nous a dit qu’il avait la solution. Contrairement à nous, il entend associer la dame aux pigeons à ce projet. Pour donner notre aval, nous attendons qu’elle donne son accord. »

Victor Silva marche sur des œufs… de pigeon. Sa proposition sera, dit-il, « une première en France. Et Bordeaux aime les premières. » Il est question de déplacer les 500 pigeons vers d’autres sites bordelais (peut-être des espaces verts, les quais où sont déjà installés des pigeonniers), ils deviendraient alors, un enjeu touristique. Genre la place Saint-Marc en Italie… Mais chut.

En attendant, Tatie Monique ne prend pas de vacances. Les commerçants appellent quotidiennement les services municipaux, qui viennent nettoyer la place presque chaque matin, après le passage des volatiles. La pétition reste au chaud. « On patiente puisque les choses ont l’air d’être enfin prises au sérieux » note un commerçant en regardant le ciel.

Cet article du journal Sud ouest est quelque chose d’important, parce qu’il reflète un phénomène social important à nos yeux. La société se gargarise souvent de la « vieille folle aux chats », « la vieille aux pigeons », c’est-à-dire de personnes, souvent âgées, toujours des femmes, qui se précipitent à l’aide d’animaux dans le besoin.

Les chats errants ont en effet souvent une aussi mauvaise presse que les pigeons. Inversement, nous pensons que venir en aide aux êtres affamés reste un acte indispensable, même si cela dérange des êtres aux mauvaises intentions et qui voient cet acte de solidarité d’un mauvais œil. Il faut avoir conscience en plus de ce que ces personnes âgées affrontent des menaces, voire même des agressions.

Il y a une grande abnégation, et non pas de la « folie » et le besoin d’un psychiatre. La preuve du caractère culturel de cela est par ailleurs qu’agressions, plaintes, menaces et procès n’entament pas la dite abnégation. Il s’agit d’une expression du refus du social-darwinisme, de la reconnaissance d’êtres vivants que sinon personne ne veut voir.

Et il faut le dire: le fait que venir en aide aux affamés puisse déranger est quelque chose de plus que problématique, les animaux n’étant pas considérés à la juste valeur, comme des êtres sensibles aux douleurs physiques et psychologiques. On sait à quel point les chats errants et les pigeons sont sous la menace de barbares qui vont jusqu’à la torture, et ici il faut souligner que ce sont des barbares qui ne sont que la pointe la plus extrême de l’idéologie dominante au sujet de ces animaux.

On a un mélange d’ennui, de méchanceté reproduite, de peur, d’ultra-violence, qui se déverse sur les chats errants et les pigeons. Mais cela, la société le cache; elle préfère caricaturer la « folle aux chats. »

De notre point de vue, l’abnégation de ces personnes doit être comprise à leur juste valeur. Les villes ont été établies sur des fondements dénaturés; les pigeons, les moineaux… ont été attirés dedans, sans réelle possibilité de s’épanouir. De par sa perspective dénaturée, l’humanité a décidé que ces oiseaux étaient en trop, et ainsi, parce qu’ils  seraient « nuisibles », nourrir les pigeons est un acte illégal. C’est un acte répréhensible d’une amende.

Remarquons cependant que les pigeons peuvent être les premières victimes de ce genre de nourrissage.  En effet, nourrir des pigeons avec plusieurs kilos de graines, tous les jours, au même endroit ; malgré toute la bonne volonté est quelque chose d’irresponsable, l’enfer est pavé de bonnes intentions.

En pratiquant de la sorte, ce sont des centaines de pigeons qui vont se concentrer au même endroit, ce sont des centaines de pigeons qui risquent de devenir dépendants de ce point de nourrissage. Que deviendront ces pigeons si il arrive malheur à Tatie Monique?

Y aura-t-il une personne pour prendre le relais avec ces centaines d’oiseaux en attente de nourriture? Pas sûr du tout. Habituer des pigeons à être nourris à tel lieu, telle heure, tous les jours ne peut que leur porter préjudice : d’un point de vue sanitaire également, les rassemblements de pigeons sont très mal vus à cause de la difficulté à nettoyer leurs fientes des bâtiments. Encore trop peu de villes prennent la peine d’investir dans des pigeonniers contraceptifs et préfèrent la méthode moyenâgeuse et terriblement cruelle des captures suivies des mises à mort au gaz.

D’ailleurs ces pigeons bordelais ont de la « chance » dans leur malheur, la ville de Bordeaux a opté à l’été 2012 pour une année test avec un pigeonnier contraceptif, et, au vu de l’article, il semblerait qu’il soit cherché une solution éthique pour déplacer ailleurs cette colonie de pigeons qui « dérange. » Reste à savoir quelle solution sera trouvée!

Une fois de plus, aider les pigeons des villes à trouver de quoi manger est indispensable, mais pour la sécurité des pigeons, il ne faut jamais leur donner de trop grandes quantités au même endroit, ni de manière aussi régulière et précise. C’est terrible, quand on a conscience de ce qu’endurent au quotidien ces animaux, mais on ne vit ni dans une société végane, ni dans une société favorable aux pigeons, alors en attendant il faut agir avec prudence, discrétion et responsabilité.

Et en arrière-plan, se battre pour une planète redevenue bleue et verte; l’humanité doit cesser sa perspective dénaturée!

La grande crise des œufs

Le véganisme n’est pas une « utopie », c’est une morale qui se fonde sur une prise de conscience de la réalité. Il s’agit de la réalité des animaux comme êtres vivants, la réalité de notre planète comme lieu abritant la vie.

La grande crise des œufs qui a lieu en ce moment, de par ses proportions, est la preuve que le véganisme n’est pas une « bonne idée », mais qu’il naît sur un sol chaque jour plus fertile. L’économie de l’exploitation animale ne peut qu’exploser en vol et inversement le véganisme ne peut que grandir de plus en plus en tant que force d’affrontement avec le crime à l’égard des animaux.

Il faut, en effet, voir la terrible dimension de l’acte de ces capitalistes bretons, des communes du Finistère et des Côtes d’Armor, qui ont détruit 400.000 œufs entre le 6 et le 10 août. Derrière la contestation, on retrouve la section œufs de l’UGPVB (Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne).

Ce sont des chiffres énormes, qui sont dans les normes de l’exploitation animale, de plus en plus puissante en termes d’impact. Et elle est tellement puissante justement qu’elle se centralise toujours plus, écrasant les petits capitalistes.

Comment l’exploitation animale a-t-elle procédé dans le cadre de la « production » d’oeufs ? C’est très simple.

Comme nous l’avons déjà mentionné, les activistes réformistes de la protection animale sont en partie les idiots utiles des grands trusts de l’exploitation animale.

En l’occurrence, si les petits capitalistes se cassent la gueule, c’est parce que les grands capitalistes ont « accepté » que les normes des cages changent (c’est la directive européenne sur le «bien-être» des poules pondeuses, effective depuis le 1er janvier 2012, accordant l’équivalent d’une feuille A4 par poule), en sachant très bien que derrière, cela serait ingérable pour les petits capitalistes.

Seuls les grands capitalistes peuvent faire des économies d’échelle de ce type, se rattraper sur la productivité, etc. etc.

Ce n’est pas tout. La mise aux normes a été prétexte pour les petits capitalistes de tenter d’augmenter leur production, en agrandissant leurs fermes d’un tiers, voire de moitié. Les petits capitalistes, toujours avides de parts de marché en plus, sont parfois montés jusqu’à 100 000 poules par élevage...

Le résultat est facile à comprendre. Il y a dans l’Union Européenne aujourd’hui 350 millions de pauvres poules esclavagisées comme pondeuses, et par rapport à ce qui est consommé comme œufs, il y en a entre 15 à 20 millions « en trop. »

Voilà pourquoi les gens qui ont détruit les 400 000 œufs réclament… que 5 % de la production d’oeuf soit détruite. Ce que cela signifie, de notre côté, c’est naturellement que les poules seront massacrées.

Le  Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), qui réunit les professionnels du secteur, comme on dit, a déjà appelé d’ailleurs à en massacrer une partie conséquente. La FNSEA, le syndicat de l’agriculture, va dans le même sens et a bien entendu demandé de l’aide à l’Etat :

« La filière s’est mobilisée pour réduire le surplus de production en prenant des décisions courageuses comme l’allongement des vides techniques et des abattages anticipés de poules pondeuses. Du temps est nécessaire pour que ces mesures produisent pleinement leurs effets sur les volumes de production et permettent un redressement du marché.

Les producteurs, au milieu du gué, ont besoin d’un accompagnement pour surmonter cette passe difficile. La FNSEA attend des pouvoirs publics qu’ils prennent leur part en soulageant la trésorerie des producteurs dans cette période de transition.

Au-delà, la question des coûts de production reste entière sur un marché ouvert et volatil.  »

Dire que le marché des œufs est « volatil » est certainement un jeu de mots de mauvais goût. Mais ce qui compte surtout, c’est que l’exploitation animale a régulièrement besoin des aides de l’Etat pour tenir.

Sauf que l’Union Européenne a décidé de mettre terme à toutes ces interventions étatiques : les gros trusts se sont formés et ne veulent pas de l’Etat pour venir en aide aux petits capitalistes torpillés… qui eux-mêmes se présentent comme des travailleurs pauvres.

Par conséquent, les trusts de la « production » d’oeufs réclame de nombreuses choses : des dérogations sur la date limite de vente, la réintroduction des farines animales dans l’alimentation des volailles, assouplissement de la réglementation ICPE ( installations classées pour la protection de l’environnement), etc.

Et l’un des « trucs » utilisés va être la distribution de 400 000 œufs à des associations comme la Banque alimentaire, histoire d’avoir une meilleure image que celle de simples « destructeurs » de denrées alimentaires.

Mais ce n’est pas tout ! Dans la « production » d’oeufs il y a les grands et les petits, mais il y a aussi la grande distribution qui a un rapport de force très grand en France, et qui donc pousse à davantage de productivité.

Cependant, voyons bien le mensonge des capitalistes « produisant » des œufs : la grande distribution n’achète que des œufs « français », donc permet des revenus assurés.

Mais surtout, la vente d’oeufs en France ne représente que 40% des débouchés, cela signifie bien entendu que les capitalistes producteurs d’oeufs ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes : la vérité est qu’ils poussent toujours plus l’exploitation animale, ils veulent toujours plus de rentabilité, de productivité…

Les faits sont là : ces gens poussent à la consommation d’oeufs, et ils produisent plus d’oeufs qu’il n’en est consommé en France, car ils veulent vendre, ils veulent faire du profit.

L’objectif, une concentration comme aux Etats-Unis, où 95 % de la production est assurée par 260 élevages (dont 65 ont plus d’un million de poules et 9 ont plus de cinq millions).

C’est cela, la réalité de l’exploitation animale. Ce n’est pas un humain « méchant » qui « opprime » (comme le pensent les « antispécistes »), ce n’est pas un consommateur qu’il faudrait « éduquer » (comme le pensent les réformistes du type L214), c’est une réalité économique avec des fondements très concrets.

Tant que ces fondements seront là, l’exploitation animale sera là.

Jean-Vincent Placé: « Beau bar de 47 cm pris au large à la ligne grâce aux conseils d’un maître pécheur »

Nous avons déjà parlé de Jean-Vincent Placé, un des principaux responsables d’EELV, en mode carriériste forcené ; il est d’ailleurs depuis janvier 2012 président du groupe EELV au Sénat.

Voici l’image qu’il a mis sur Twitter, peut-être pour se moquer de Poutine bien connu pour des photos de ce genre (voir Poutine et Bardot, duo de choc), mais en tout montrant bien ce qu’il entend par écologie…

On remarquera les pieds nus dans l’herbe, contrastant avec son style très bourgeois notamment, et on appréciera qu’un « écolo » se fasse prendre en souriant non seulement avec un cadavre dans les mains, mais en plus avec un bosquet bien taillé à la française derrière…C’est toute une culture…

Bien entendu, on pourrait arguer qu’EELV n’a jamais été proche du véganisme, même pas un tant soit peu. Et inversement, toute la fraction des végans anti-LTD n’a en a strictement rien à faire de l’écologie (car ce serait mystique, allemand, délirant, religieux, etc.).

Pourtant, il est évident que le véganisme ne peut pas être une proposition sociale – pas seulement morale, donc, mais aussi sociale – s’il ne rentre pas dans le vaste cadre de la vie concrète, la vie réelle, la vie quotidienne.

On peut être végane et jeter son mégôt de cigarette dans l’herbe d’un jardin public, et consommer de l’huile de palme, et ne pas être admiratif devant la vie sauvage, etc. etc. Cependant tout cela est absurde, évidemment.

A moins de résumer, comme certains le font, les animaux à la souffrance. De notre côté, nous voyons les animaux comme des êtres vivants, comme aimant la vie, et tant qu’à faire autant que cette vie soit le plus épanouie possible.

Donc sans pollution, sans dérèglements climatiques, et sans Jean-Vincent Placé venant se comporter comme un conquérant avec comme arme une canne à pêche. C’est par les petites choses qu’on commence aussi, et la canne à pêche est l’expression de toute une mentalité.

Jamais les carriéristes d’EELV ne se rapprocheront du véganisme ni de l’écologie radicale, ils sont trop tournés vers les institutions pour cela. A titre d’illustration voici un extrait d’une interview extraite de Charlie Hebdo du 20 mars 2013 et réalisée par Fabrice Nicolino :

Charlie : Mais qui est donc Jean-Vincent Placé ?

Daniel Cohn-Bendit : Je dirais volontiers qu’il est l’apparatchik qui nous a manqué. Personne, parmi nous, ne pouvait jouer ce rôle-là, car il est d’un cynisme absolu. Il se dit de gauche, mais tous ses comportements sociaux font penser qu’il est tout sauf de gauche.

Par exemple, la manière dont il se comporte avec les autres. Dont il s’habille. Dont il va au restaurant.

Et son cynisme est à l’œuvre jusque dans le contenu politique. Il voulait aller au gouvernement, bien sûr, mais s’il avait été ministre, il aurait tout défendu sans état d’âme, y compris le pacte budgétaire européen.

Mais comme il n’a pas réussi, son message aux socialistes est aujourd’hui de dire : « Vous allez me le payer ». Placé peut vendre n’importe quel positionnement d’Europe Écologie Les Verts.

Charlie : Distribue-t-il, comme on le dit, des postes ?

Jean-Paul Besset : Oui. Des postes de sénateurs, de députés, de conseillers régionaux. Bien sûr ! Nous avons autour de 250 conseillers régionaux, plus de 50 conseillers généraux. Mais bien au-delà de sa personne, Placé représente une face de l’engagement politique. Il ne s’agit plus pour lui et ses proches d’aider à la transformation sociale.

Il s’agit d’une affaire de gestion des élus et des postes. Ces gens-là, qui ont construit un univers clos, ne vivent plus que de la politique politicienne depuis des années. Comme ils sont toujours là, à la différence des simples militants, ils finissent par l’emporter.

L’objectif final n’existe pas. Il faut conquérir toujours plus de parts de marché, ou en tout cas ne pas en perdre. Un type comme Dany n’a pas sa place là-dedans, car cela lui arrive de lire un livre, de s’occuper de son fils, d’aller au stade voir un match de foot (rires).

Placé y va aussi, au stade, mais dans la tribune des VIP. Pour s’y faire voir, pour nouer des contacts, pour activer des liens. L’écologie n’est pas davantage leur problème. La grande affaire, c’est de gérer la boutique, de négocier des places, d’avoir du pouvoir.

Tout cela montre le cynisme au sein de la direction d’EELV, mais cela n’a rien de nouveau. Mais cela souligne inversement, encore une fois, que le véganisme à l’ancienne, qui cultive l’individualisme et les demandes juridiques, est totalement déconnecté de la vie politique française.

Les gens attendent des propositions, et ils n’accepteront le véganisme que si cela rentre dans une approche globale, générale. Il faut taper « aussi haut » que Jean-Vincent Placé mais, bien entendu, de manière totalement différente, car sur une autre base !

« Les animaux aussi ont des droits » : « l’éthologue » Boris Cyrulnik

« Les animaux révélés », un entretien avec Boris Cyrulnik, est la troisième partie de l’ouvrage « Les animaux aussi ont des droits » (nous avons parlé des deux autres parties déjà).

Si Singer a une philosophie qui est « l’utilitarisme » et si Elisabeth de Fontenay ne dit finalement rien à part qu’il faut se « préoccuper » des animaux, en se cachant derrière le langage, Boris Cyrulnik n’a pas lui de conception en « système fermé. » Boris Cyrulnik se contente de faire des remarques qu’il puise dans son expérience et ses connaissances, mais il n’y a pas de ligne conductrice.

La raison pour cela en est la suivante. Sur le papier, Boris Cyrulnik est souvent présenté comme psychiatre, éthologue et psychanalyste et plein d’autres choses encore. C’est une grande star de la presse, avec 1,5 millions de livres vendus de revendiqués.

En réalité, il est psychiatre, et c’est un phénomène ultra-médiatique, avec les médias racontant des choses innombrables sur lui.

Il est présenté comme « psychothérapeute » ce qu’il n’est pas, il ne fait pas partie d’une association de psychanalystes, il n’a pas dirigé d’innombrables thèses comme c’est prétendu, il n’est pas du tout cité dans la presse scientifique (alors que lui-même revendiquait en 2007« 200 publications scientifiques dont une cinquantaine dans des revues qualifiantes »), il n’est pas non plus professeur, etc.

Sur la quatrième de couverture de l’ouvrage et sur le site des éditions du Seuil, il est par exemple indiqué :

 « Boris Cyrulnik est éthologue et neuropsychiatre. »

Or, apparemment, Boris Cyrulnik n’est pas éthologue non plus…

Citons un long et très intéressant article tout récent, d’un blog du monde, très documenté (une véritable enquête très dense et précise), qui le massacre littéralement pour ses ambiguïtés et dresse une liste véritablement pathétique de comment les médias le présentent comme une sorte de génie multi-cartes, sans que cela soit le cas.

« Cela étant dit, il n’y a pas que les diplômes qui comptent : il ne serait pas aberrant de le présenter comme éthologue s’il avait occupé un poste de chercheur en éthologie et publié des recherches dans ce domaine, ne serait-ce que sur les goélands dont il a plusieurs fois été écrit qu’il était un spécialiste.

Hélas, trois fois hélas : il n’a jamais occupé de tel poste, et le WoS ne contient la trace d’aucun article scientifique signé de son nom publié dans une revue d’éthologie ou relevant de l’observation d’animaux dans leur milieux naturel.

Ni sur les goélands, ni sur une autre espèce. Il semble bien que Boris Cyrulnik ne fasse « autorité en matière d’éthologie » qu’au yeux de ceux qui ont eu la faiblesse d’y croire – ou de vouloir le faire croire. A mon sens, le simple fait de se présenter comme éthologue relève dans son cas déjà de l’imposture. »

Ce qui est finalement dit ici, c’est que Boris Cyrulnik est à l’origine d’une imposture médiatique, ou tout au moins qu’il y participe. Et de fait, dans l’entretien qu’il accorde dans l’ouvrage, tout est totalement fouillis.

Cela fait non seulement qu’on ne voit pas du tout où il veut en venir (végétarisme ? véganisme? etc.), mais qu’en plus il a une approche qui se veut « objective » et c’est là que cela pose problème.

Il parle en effet de manière ininterrompue des chercheurs comme si ceux-ci étaient « neutres. » Mais pour nous qui savons que le véganisme est une conception de la réalité (et de la Nature donc), nous savons très bien qu’une personne végane qui fait de la recherche n’aura pas la même vision qu’une personne non végane.

Boris Cyrulnik dit par exemple :

« Tout récemment, les chercheurs ont découvert que le porc possède, lui aussi, une vie émotionnelle riche et des capacités cognitives très développées, et, selon les situations, égales ou supérieures au chiens et aux grands singes. »

Il y a ici au moins trois problèmes : déjà les tests sur les animaux sont affirmés, ensuite les critères d’évaluation sont présentés comme « neutres », or sur quelle base ces gens jugent-ils ?

Car en ce qui concerne l’interprétation de la vie émotionnelle des animaux, et c’est le troisième point, toute personne végane conséquente peut exprimer un avis bien plus scientifique que ces chercheurs formés avec des critères non, voire anti-véganes…

Toute la vision de Boris Cyrulnik passe par là : pas d’émotion, mais toujours des prétendus critères « scientifiques » qui permettraient, sur le plan institutionnel, de proposer de voir les choses différemment.

Si en plus l’article cité plus haut est totalement dans le juste et que les références scientifiques sont une imposture, on est encore plus mal ! Surtout que si l’on suit Boris Cyrulnik l’éthologue qui n’en est apparemment pas un, seule l’éthologie justement, donc l’étude des comportements des animaux, permettrait de « justifier » un changement. Il raconte ainsi :

« Aujourd’hui, nous savons suffisamment de choses sur les animaux, sur leur capacité à souffrir, sur leur intérêt à vivre, pour accepter de modifier nos comportements à leur égard. »

La question est posée abstraitement : tout d’abord il ne s’agit pas d’accepter de changer, parce que de toutes manières personne ne veut tuer ! Ce qu’il y a derrière, c’est l’exploitation animale comme système, pas simplement des préjugés individuels !

Seulement Boris Cyrulnik est psychanalyste, donc il voit à tout à travers un prisme individuel. Cela aboutit à des choses très perverses, comme cet éloge de l’élevage digne de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes :

« Maintenant, si tous les élevages ne sont pas conformes à l’idéal qu’on pourrait en attendre, il faut bien reconnaître que certains éleveurs sont attachés à la relation qu’ils entretiennent avec leurs bêtes, même si la mise à mort constitue la phase finale de cette relation. »

On reconnaît ici le discours relativiste de la psychanalyse, qui fait un fétiche de certains « rapports » individuels et perd totalement toute vue d’ensemble. Et surtout plus rien ne rime à rien, c’est d’un fouillis complet.

D’ailleurs, il fait comme Elisabeth de Fontenay : il cite et il cite, non stop. Un peu de Descartes par là, un peu de Spinoza par ci, et Adorno par là, un peu de Heidegger par là, etc. etc.

Sauf que sur le plan de l’histoire des idées cela n’a « ni queue ni tête » et cela ne veut rien dire. Boris Cyrulnik explique par exemple que Descartes s’est levé contre l’obscurantisme religieux et affirme le rationalisme, en posant la séparation du corps et de l’esprit. Cela ne veut rien dire, puisque la religion fait la même séparation !

De la même manière, les gens cités ne sont pour la plupart même pas végétariens, et leurs citations consistent la plupart du temps en ce qui ne sont en réalité que quelques remarques éparses. On ne peut pas faire comme s’il y avait une simple continuité entre la Grèce antique de Pythagore et la France du 21e siècle, c’est de la fiction intellectuelle !

Et finalement, c’est ce caractère qui fait que l’ouvrage « Les animaux aussi ont des droits » passera vite dans les oubliettes de l’histoire !

« Les animaux aussi ont des droits » : Élisabeth de Fontenay

« Les animaux considérés », un entretien avec Élisabeth de Fontenay, est la seconde partie de l’ouvrage « Les animaux aussi ont des droits », sorti il y a peu (la première est avec Peter Singer, la seconde avec Boris Cyrulnik).

Élisabeth de Fontenay est présentée en France comme la grande philosophe de la question animale ; elle est assez connue pour l’émission de radio Vivre avec les bêtes sur France Inter avec Allain Bougrain-Dubourg.

De manière assez typique, elle n’est même pas végétarienne, ce qu’elle explique ainsi dans un autre entretien, dans le même esprit que Lamartine :

« Je ne le suis pas, par paresse et par crainte de la désocialisation qu’implique le fait de ne pas se nourrir comme les autres. »

On voit le niveau : ces gens critiquent quelque chose, mais ne sont même pas capables de se remettre en cause eux-mêmes. Sur le plan moral, c’est d’un cynisme terrible, et par ailleurs typiquement français dans sa « rationalité. »

Et après elle vient donner des leçons :

« L’extermination industrielle d’animaux d’élevage en pure perte atteste en tout cas que notre civilisation de technicisation totale du vivant est fondamentalement nihiliste. »

Est nihiliste une personne qui dit une chose et qui en fait une autre, en prétendant le contraire : voilà ce qui mène à rien, à la perte de tout repère et de toute valeur. Sans doute mange-t-elle sa « viande » en l’ayant acheté au magasin bio, pour se donner bonne conscience !

Quelle crédibilité après quand elle dit d’emblée : « ce qui m’importe prioritairement, c’est le droit, celui des hommes, qui existe, et celui des animaux, qui n’existe pas encore vraiment et qu’il faut instituer. »

Peut-être attend elle une loi pour ne plus manger des « cadavres » ? C’est plus ou moins le cas, car le grand principe d’Élisabeth de Fontenay, c’est que l’humanité est foncièrement supérieure car possédant le « logos », le langage.

C’est ce qui lui permet de dire, absolument scandaleusement et de manière ridicule pour une prétendue « amie » des animaux :

« Tous les animaux n’ont pas une personnalité, ni même des intérêts, tous n’ont pas une biographie. »

Élisabeth de Fontenay défend par conséquent les religions, et tout le discours qui fait que l’humanité serait coupée de la nature ; elle est d’ailleurs proche du philosophe Derrida, qui a joué un rôle moteur pour le développement de la conception du « queer. »

Au nom du « logos » donc, Élisabeth de Fontenay affirme la supériorité de l’être humain :

« – Vous donnez votre préférence à un droit par espèce ?

Seuls les partisans de l’égalité morale de tous les vivants sensibles, donc les abolitionnistes, refusent cette prise en compte réformiste des différences de degrés. Il existe une hiérarchie animale, et ce n’est pas penser en féodal mais en réaliste que de le reconnaître. »

Il y a ici une escroquerie intellectuelle. Il est évident que les humains ont des capacités d’intervention matérielle bien plus grande que les autres animaux, cependant cela ne doit pas en faire des « maîtres », mais des frères et sœurs avec un plus haut niveau de responsabilité vis-à-vis de la planète.

Lorsqu’un humain se lève le matin, si l’on ose dire, il devrait se dire, non pas comment il va saccager la planète, mais comment il doit bien faire attention à la protéger et à la partager. C’est cela concept de Gaïa, ni plus ni moins.

Et effectivement l’individu doit être soumis à l’ensemble, ce qui est inacceptable bien entendu pour des gens façonnés par le capitalisme, l’individualisme, l’indifférence, etc. etc.

Élisabeth de Fontenay nie précisément cela, tout en assumant pourtant pratiquement le même point de départ, elle se « dégonfle », comme pour le fait de manger de la « viande. »

Elle se comporte comme une matérialiste qui entend vivre comme la religion l’a indiqué :

« Je suis continuiste avec Lucrèce et son poème philosophique La Nature, avec Diderot et son dialogue Le Rêve de D’Alembert. Et je suis darwinienne évolutionniste, continuiste donc, et acquise à la théorie synthétique de l’évolution.

Je n’ai aucune difficulté avec cela, et la matérialiste que je suis trouve même un vrai plaisir à reconnaître que nous sommes des Homo sapiens, espèce de la famille des hominidés appartenant à l’ordre des primates.

Mais je le répète, je pense en même temps qu’on ne peut pas fonder sur les données de la science les devoirs envers les animaux ou les droits qu’on leur confère.

Ce n’est pas de l’animal humain qu’on peut attendre qu’il assume une responsabilité envers les animaux.

L’homme fait partie des espèces animales, certes, mais, en tant que législateur, il appartient au monde de la culture et à une histoire qui n’est plus seulement l’histoire naturelle.

Il y a là une mutation, un saut qualitatif, une émergence, une déviation qui atteste d’une autonomie de l’histoire humaine. »

Cela sonne comme un matérialisme d’il y a 50 ans ! Toute la thèse de LTD est justement de dire : l’humanité est encore naturelle et elle doit se plier à l’ensemble, elle n’a pas gagné son « autonomie », il n’y a pas d’indépendance de l’humanité, et d’ailleurs le réchauffement climatique est là pour le rappeler.

Élisabeth de Fontenay, elle, a une grande crainte : que la thèse de LTD puisse s’affirmer, ce qu’elle formule ainsi :

« Je critique, je vous l’ai dit, le concept de spécisme en ce qu’il met tous les vivants sensibles sur le même plan, comme si les hommes étaient seulement des êtres sensibles et intelligents, comme si la parole et leurs cultures ne leur avaient pas conféré un devenir singulier.

En un mot, le temps n’est pas venu, le temps, j’espère, ne viendra pas où l’on pourra articuler sensément les trois histoires dont le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux dit qu’elles se nouent au niveau du cerveau de chaque individu : évolution des espèces, histoire sociale et histoire culturelle de la communauté à laquelle le sujet appartient, histoire personnelle. »

On a ici la même panique vis-à-vis de Gaïa qu’avaient les catholiques face aux libertins, les rabbins face à Spinoza : la peur de la réfutation de la toute puissance de l’individu.

« Les animaux aussi ont des droits » : Peter Singer

« Les animaux aussi ont des droits » est un ouvrage qui est sorti il y a peu (mai 2013) et qui consiste en des entretiens de la journaliste Karine Lou Matignon (aidée de David Rosane, ornithologue), avec Boris Cyrulnik, Élisabeth de Fontenay et Peter Singer.

Voici un petit aperçu de ces entretiens, en trois parties, suivant le découpage du livre : « Les animaux libérés » (entretien avec Peter Singer), « Les animaux considérés » (entretien avec Élisabeth de Fontenay) et enfin « Les animaux révélés » (entretien avec Boris Cyrulnik).

« Les animaux libérés » est la partie où Peter Singer répond aux questions. Rappelons que ce philosophe australien d’origine juive autrichienne est l’auteur du livre « La libération animale », parue en 1975.

Le problème est justement ici que la journaliste présente Peter Singer comme le « fondateur du Mouvement de libération animale. » Or, le problème est qu’on ne sait pas ce que c’est que ce « Mouvement de libération animale » et ce n’est d’ailleurs jamais expliqué… Et pour cause!

Ce qu’il faut comprendre, c’est en fait tout ce qui, de très près ou de très loin, est lié à l’ALF. Mais il n’est pas traité de l’ALF, en fait c’est comme s’il s’agissait de faire une sorte d’histoire universitaire de la libération animale, en expurgeant discrètement tout ce qui serait révolutionnaire.

Peter Singer est à ce titre assez malin puisqu’il utilise la technique traditionnelel des « antispécistes », à savoir qu’il met en parallèle la lutte contre le spécisme et celle contre le racisme et le sexisme, ou encore l’homophobie.

L’idée est de tout résumer à un processus de « démocratisation » de la société sur le très long terme. Naturellement, les « universitaires » joueraient ici le rôle central, et la libération animale serait un processus sur le très long terme…

Voici comment Peter Singer, très habilement, explique le « réalisme » du « mouvement », dans une contorsion pour faire l’apologie du « bien-être » animal :

« Le mouvement est passé par différentes phases. Au début, il se caractérisait par une forte radicalisation et était plutôt idéaliste.

Nous avons mobilisé les moyens qui étaient à notre disposition à l’époque, les grandes manifestations, les occupations de site, la désobéissance civile, des tournages vidéos au sein des abattoirs ou des laboratoires (…).

Puis le mouvement a commencé à se faire attaquer pour sa violence, ses formes d’engagement militant, d’une façon disproportionnée par rapport aux faits.

Les incidents étaient insignifiants, rapportés à la taille du mouvement, et de loin beaucoup plus rares que les violences perpétrés par le mouvement anti-avortement, mais ces critiques ont vraiment freiné l’élan initial de manière significative. De plus en plus de gens s’en sont publiquement disssociés.

C’est alors que le Mouvement de libération animale [SIC !] a décidé de se professionnaliser, de mieux s’organiser, de créer des organisations non gouvernementales, de faire pression par le biais du lobbying, en soutenant des associations comme Compassion in World Farming au Royaume-UNi, la Humane Society of the United States, People for the Ethical Treatment of Animals ou la Farm Sanctuary aux Etats-Unis.

Ensuite en Europe, nombre d’organisations nationales ont commencé à travailler ensemble à travers l’Eurogroup for Animal Welfare [une structure ultra-réformiste collaborant avec l’exploitation animale]

Bref, on peut dire que les gens se sont mis en mode « réaliste. »

– C’est-à-dire ?

Ils avaient espéré en une véritable révolution pour mettre fin à la cruauté envers les animaux. Ils s’attendaient à voir les populations se révolter contre leur instrumentalisation dans les laboratoires et cesser massivement de manger de la viande pour faire s’effondrer l’élevage industriel.

Mais ils ont fini un jour par comprendre que cela ne se passerait pas ainsi, qu’il fallait plutôt envisager un changement progressif par l’éducation, la sensibilisation et le lobbying politique. »

La mauvaise foi de Peter Singer est assez terrible : il parle d’un mouvement « révolutionnaire » qu’il invente pour expliquer qu’il serait de manière naturelle parvenu à la pire conclusion réformiste qui soit.

Et bien sûr lui serait au cœur de tout cela, Peter Singer se présentant même dans une réponse à un nouveau Socrate, ayant rétabli la philosophie dans la vie quotidienne !

Or, il n’y a pas de mouvement qui se soit réclamé uniformément de Peter Singer, et encore moins y a-t-il un mouvement qui pensait triompher à court terme de l’exploitation animale… C’est prendre les révolutionnaires pour des idéalistes simplets, ce que fait justement Peter Singer !

Par la suite, il peut donc expliquer en toute « logique », dans une réponse à une question qui, il faut le noter, ne veut strictement rien dire, n’a en réalité aucun rapport avec l’ALF et est une apologie masquée du réformisme institutionnel :

« – L’ALF (Front de libération des animaux), par son action, a obtenu que certains actes commis à l’encontre des animaux, et qui étaient considérés comme autant de délits, soient maintenant qualifiés de crimes.

Pour parvenir à ses fins, ce mouvement a utilisé l’action violente. La violence peut-elle être reconnue comme légitime pour obtenir gain de cause face à l’indifférence, aux lenteurs administratives et aux ruses des lobbies ?

Non, la violence est contre-productive. La désobéissance civile, l’action non violente peuvent faire avancer la cause, jamais la violence car elle est associée dans l’esprit du public au terrorisme et il n’y a rien de pire aujourd’hui, pour un mouvement politique, que d’être regardé comme tel. »

Une belle vision bisounours comme on l’aime à l’université, et raconter cela en 2013, avec la crise économique et ce qui se passe par exemple en Grèce ou en Espagne, exige tout de même une sacrée négation de la réalité sociale…

De plus, on sait bien que l’exploitation animale est en plein boom au niveau mondial, par la généralisation de la « viande » et du lait, que donc toujours plus d’animaux sont massacrés sur notre planète, sans parler de la déforestation, etc. etc.

A cela Peter Singer ne propose qu’une solution (d’ailleurs même pas possible techniquement parlant, et encore moins acceptable selon nous) : la production de viande in vitro !

Mais donc et en tout cas et surtout, par la suite, Peter Singer fait l’apologie de l’utilitarisme, c’est-à-dire du principe d’utilité dans un mode très basique : si cela sert au plus grand monde, alors il faut le faire, et donc si on peut réduire la souffrance, il faut le faire :

« Lorsque les animaux souffrent, nous devons prêter la même considération à leur souffrance qu’à la nôtre. »

C’est un point de vue moral individualiste, un « choix » et d’ailleurs pour Peter Singer on peut être « antispéciste » en n’étant que végétarien, lui-même n’est pas « absolutiste » comme il dit et conçoit très bien la vivisection si c’était nécessaire pour des humains :

« La plupart des recherches sur les animaux sont pour moi indéfendables. Mais je n’en déduis pas qu’il est toujours immoral d’utiliser des animaux dans la recherche. »

Tout est question… d’utilité pour lui, et lui-même dit ainsi :

« Pour ce qui est des insectes, la probabilité est moindre [qu’ils puissent ressentir la souffrance], mais je leur accorde tout de même le bénéfice du doute.

Je n’hésiterais certes pas à écraser un moustique qui veut me piquer, mais en le faisant le plus rapidement et efficacement possible.

En tant qu’utilitariste, j’évite d’engendrer la mort, comme la cruauté, quand il est possible qu’un être vivant, quels que soient sa place dans l’échelle de la complexité du vivant ou son niveau d’individualité, ait la capacité de souffrir. »

Relativisme et « choix » individuel : c’est incorrect, parce que ce n’est pas universaliste. Comment Peter Singer peut-il critiquer le rapport actuel aux animaux, si lui-même tue un moustique en pensant : ce n’est qu’un moustique ?

En agissant ainsi, Peter Singer pense comme tout le monde, sauf qu’il est peut-être temps de comprendre que des moustiques il y en a beaucoup, qu’on ne peut pas les nier, pas plus eux que toute la planète…

« Bien que la nécessité de se conformer aux conditions de la société… »

« Bien que la nécessité de se conformer aux conditions de la société où l’on vit m’ait fait depuis manger tout ce que le monde mange »: c’est une phrase typique de la capitulation, et c’est pour cela que cette citation du poète Lamartine est très intéressante. Il ne s’agit pas tant ici de voir que la critique romantique de la société pouvait être très superficielle, que de constater que le véganisme est raisonné ou il n’est pas.

Le fait de jouer sur les émotions, de chercher à les manipuler, ne saurait aboutir au véganisme. Si bien entendu il faut conjuguer les sens à la raison pour ne pas tomber dans l’indifférence à la Descartes, on peut voir ô combien souvent que la souffrance animale est prétexte à une protestation pleine d’émotion, mais n’aboutissant jamais au véganisme ni à une compréhension raisonnée de ce qu’est l’exploitation animale.

L’émotion n’est rien si elle ne se conjugue pas avec un effort approfondi de réflexion sur la situation!

Mon éducation était une éducation philosophique de seconde main, une éducation philosophique corrigée et attendrie par la maternité.

Physiquement, cette éducation découlait beaucoup de Pythagore et de l’Emile [de Jean-Jacques Rousseau]. Ainsi, la plus grande simplicité de vêtement et la plus rigoureuse frugalité dans les aliments en faisaient la base.

Ma mère était convaincue, et j’ai comme elle cette conviction, que tuer les animaux pour se nourrir de leur chair et de leur sang est une des infirmités de la condition humaine ; que c’est une de ces malédictions jetées sur l’homme soit par sa chute, soit par l’endurcissement de sa propre perversité.

Elle croyait, et je le crois comme elle, que ces habitudes d’endurcissement de coeur à l’égard des animaux les plus doux, nos compagnons, nos auxiliaires, nos frères en travail et même en affection ici-bas ; que ces immolations, ces appétits de sang, cette vue des chairs palpitantes sont faits pour brutaliser et pour endurcir les instincts du coeur.

Elle croyait, et je le crois aussi, que cette nourriture, bien plus succulente et bien plus énergique en apparence, contient en soi des principes irritants et putrides qui aigrissent le sang et abrègent les jours de l’homme. Elle citait, à l’appui de ces idées d’abstinence, les populations innombrables, douces, pieuses de l’Inde, qui s’interdisent tout ce qui a eu vie, et les races fortes et saines des peuples pasteurs, et même des populations laborieuses de nos campagnes qui travaillent le plus, qui vivent le plus innocemment et les plus longs jours, et qui ne mangent pas de viande dix fois dans leur vie.

Elle ne m’en laissa jamais manger avant l’âge où je fus jeté dans la vie pêle-mêle des collèges. Pour m’en ôter le désir, si je l’avais eu, elle n’employa pas de raisonnements ; mais elle se servit de l’instinct qui raisonne mieux en nous que la logique.

J’avais un agneau qu’un paysan de Milly m’avait donné, et que j’avais élevé à me suivre partout comme le chien le plus tendre et le plus fidèle. Nous nous aimions avec cette première passion que les enfants et les jeunes animaux ont naturellement les uns pour les autres. Un jour, la cuisinière dit à ma mère, en ma présence : « Madame, l’agneau est gras ; voilà le boucher qui vient le demander : faut-il le lui donner ? »

Je me récriai, je me précipitai sur l’agneau, je demandai ce que le boucher voulait en faire et ce que c’était qu’un boucher. La cuisinière me répondit que c’était un homme qui tuait les agneaux, les moutons, les petits veaux et les belles vaches pour de l’argent. Je ne pouvais pas le croire. Je priai ma mère. J’obtins facilement la grâce de mon ami.

Quelques jours après, ma mère allant à la ville me mena avec elle et me fit passer, comme par hasard, dans la cour d’une boucherie. Je vis des hommes, les bras nus et sanglants, qui assommaient un boeuf ; d’autres qui égorgeaient des veaux et des moutons, et qui dépeçaient leurs membres encore pantelants.

Des ruisseaux de sang fumaient çà et là sur le pavé. Une profonde pitié mêlée d’horreur me saisit. Je demandai à passer vite. L’idée de ces scènes horribles et dégoûtantes, préliminaires obligés d’un de ces plats de viande que je voyais servis sur la table, me fit prendre la nourriture animale en dégoût et les bouchers en horreur.

Bien que la nécessité de se conformer aux conditions de la société où l’on vit m’ait fait depuis manger tout ce que le monde mange, j’ai conservé une répugnance raisonnée pour la chair cuite, et il m’a toujours été difficile de ne pas voir dans l’état de boucher quelque chose de l’état de bourreau. Je ne vécus donc, jusqu’à douze ans, que de pain, de laitage, de légumes et de fruits.

Ma santé n’en fut pas moins forte, mon développement moins rapide, et peut-être est-ce à ce régime que je dus cette pureté de traits, cette sensibilité exquise d’impressions et cette douceur sereine d’humeur et de caractère que je conservai jusqu’à cette époque. (Alphonse de Lamartine, Les confidences)

Pour la loi, l’animal n’est qu’un objet… et une marchandise!

Voici un extrait du quotidien La Provence.

C’est un article intéressant, parce qu’il traite de la question du droit des animaux, et que les innombrables contradictions sautent aux yeux quand on voit qui dit quoi.

On retrouve, par exemple, Allain Bougrain-Dubourg, qui ne veut pas que l’animal soit considéré comme un bien meuble. Or, contradiction pour ce président de la Ligue de Protection des Oiseaux, il n’est ni contre les oiseaux en cage, ni pour la défense des pigeons (qui n’existent même pas pour la LPO).

De la même manière, le député UMP André Schneider défend le secteur agroalimentaire dans son ensemble, ce n’est pas un foudre de guerre du véganisme. Le député PS Roland Povinelli a l’air plus progressiste, mais au final lorsqu’il défend l’environnement c’est pour préserver « le cadre de vie », quant à sa bataille contre la tauromachie et les combats de coqs, et pour la « protection des animaux » en général, il est facile de voir que c’est sur des principes qui ne sont pas du tout ceux de la libération de tous les animaux, sans exception.

Ces gens ne veulent pas que l’animal soit un objet, mais cela ne les dérange pas qu’ils soient une marchandise !

Pour la loi, l’animal n’est qu’un objet

En France, le « droit animal » est d’une particulière complexité. D’autant qu’il interfère avec d’autres branches : le droit civil (propriété des biens), le droit pénal (infractions commises envers les animaux), le droit rural (lois sur l’agriculture, chasse, transport…).

S’il est reconnu comme un être sensible par la loi du 10 juillet 1976, l’animal continue d’être considéré comme un « bien meuble » dans notre Code civil (1804).

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Défenseur infatigable de la cause animale, Allain Bougrain-Dubourg est le premier à dénoncer ce paradoxe. « Autant je comprends que l’animal ait pu être considéré comme un bien meuble à l’époque napoléonienne, autant je trouve inacceptable qu’on ne reconnaisse pas son statut d’être sensible dans notre droit fondamental que représente le Code civil. J’ai porté cette question, il y a un an, auprès du Conseil économique, social et environnemental. Résultat : cette saisine a reçu une forte opposition de la part d’un lobby composé d’éleveurs, de chasseurs et de quelques vétérinaires. Des gens qui utilisent l’animal et craignent des restrictions dans leurs activités si l’on étend ses droits. »

Et de citer le cas allemand : en faisant entrer la protection de l’animal dans sa Constitution, en 2002, ce pays défend ce principe au même titre que les droits fondamentaux. « Depuis, il est vrai, l’Allemagne a adopté des restrictions plus sévères dans l’utilisation des bêtes, poursuit Allain Bougrain-Dubourg. L’élevage en batteries des poules pondeuses est ainsi interdit depuis 2007 et l’élevage intensif est désormais exclu des aides financières de l’État. »

Des conséquences qui, selon lui, n’y sont peut-être pas pour rien dans l’immobilisme français : « Je suis frappé par l’amnésie de certains politiques. Nicolas Sarkozy s’était engagé, en son temps, à revisiter le statut de l’animal. François Hollande aussi, aucours de sa campagne présidentielle, avançant que cette qualité d’être sensible devrait figurer dans notre Code civil. Et la semaine dernière, j’en parlais encore avec Pierre-René Lemas, secrétaire général de l’Élysée… »

Peu de sénateurs et députés concernés

Si l’on a la curiosité de consulter les questions écrites de l’Assemblée nationale et du Sénat, publiées dans le Journal officiel des deux instances, celles relatives au statut des animaux ne sont pas légion. Et les réponses du gouvernement, souvent insipides.

Ainsi, André Schneider, député UMP du Bas-Rhin, s’interroge en juin 2013 : à quand « un statut enfin digne de ce nom » pour les animaux ? En réponse, le ministère de l’Agriculture fait l’énoncé de l’arsenal législatif existant, mais élude la question du statut de bien meuble.

Côté Sénat, on remarque les efforts incessants, en 2011 et 2012, d’un certain Roland Povinelli, maire… d’Allauch (PS). Ses propositions de loi visent autant à « clarifier la répression à l’encontre d’actes de vol ou de recel d’animaux » qu’à leur reconnaître « le caractère d’être vivant et sensible dans le Code civil« . Il est aussi le premier sénateur à faire une proposition de loi pour interdire la tauromachie.

Si l’homme a toujours fait figure de Don Quichotte pour son engagement, il l’assume pleinement. Et met à profit ses fonctions de maire pour faire avancer les choses à sa mesure. Ainsi, 4 000 ha de la commune d’Allauch sont « et resteront » totalement inconstructibles.

Mieux : le maire y a fait aménager de grands abreuvoirs. Il a aussi créé un service municipal de « défense des animaux« , dédié à la stérilisation des chats des rues et à leur placement.

Et il s’attellera, pour son prochain mandat, à la construction d’un grand cimetière animalier. « Si des milliers de personnes se regroupaient au sein d’une structure et descendaient dans la rue pour la cause animale, cela pourrait peser sur les urnes et intéresser les politiques, clame-t-il. Il n’y a que comme ça que l’on pourra changer les choses. »

 

Le visage morbide de l’exploitation animale à Notre-Dame-des-Landes

Pauvre poulet mort, au corps étalé de manière indigne devant tout le monde. A côté du corps de cet animal décédé, un panneau indiquait : 27 poulets morts, merci les chiens.

Et cela, dans un lieu considéré comme étant le plus alternatif de France : la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Ce que veut dire le panneau, c’est que les chiens en liberté « empiètent » sur les zones consacrées à l’exploitation animale : au lieu d’être tués par les humains, les poulets le sont par les chiens et cela pose « problème. »

Ça en dit long sur les conditions lamentables là-bas ; tout ce qui s’y passe en général d’ailleurs confirme l’opinion que nous avons émise à un moment donné, après avoir longtemps parlé de la lutte sur la ZAD : il y a eu un tournant, et la ZAD n’est plus un lieu progressiste, mais un rassemblement d’esprit petit-bourgeois, voulant un retour en arrière dans le temps, à l’époque de la petite exploitation.

Il n’y aucun projet de porté, aucune valeur universaliste, il y a la volonté de trouver un moyen de « fuir » la société. Cela a peut-être sa valeur, sauf que cela se fait nécessairement aux dépens des animaux. Ce qui est une preuve comme quoi il faut changer la société, et non pas l’abolir ou quelque chose du genre.

D’ailleurs, non loin de ce pauvre poulet se tenait une « antispézad. » Nous ne l’avions pas annoncé, car nous ne pouvions pas décemment donner une quelconque ambiguïté à ce qu’est la ZAD, quand on voit ce que c’est. Nous ne pouvons pas dire que la ZAD n’est pas progressiste et appeler à discuter du véganisme là-bas, ce serait indécent.

Ce genre d’incohérence ne gêne cependant pas les organisateurs, et pour cause puisque leur esprit est celui de l’antispécisme anarcho-punk, idéologie nihiliste fabriquant des « anti » à la chaîne (anti-sexisme, anti-racisme, anti-capitalisme, anti-âgisme, anti-transphobie, anti-islamophobie, etc. etc. la liste étant pratiquement infinie). On a ici une démarche catholique du choix entre le « bien » et le « mal » (car bien évidemment les « antispécistes » en Allemagne n’ont rien à voir avec ce bric à brac typiquement universitaire français).

Il est d’ailleurs assez fascinant de voir comment une telle idéologie peut naître en parlant des animaux, alors que ceux-ci n’existent pas pour cette idéologie. En effet, elle nie totalement la protection animale (résumée à une activité de gens arriérés pratiquement tous fachos), rejette l’ALF (mais ne l’avouera jamais et n’en parle de toutes manières jamais) et bien entendu rejette formellement tout ce qui peut avoir l’air d’une défense de la Nature.

Il n’y a donc d’animaux nulle part: ni à héberger et à soigner, encore moins à adopter, ni même à libérer, ni même à préserver. Les « animaux » de cette idéologie sont une sorte d’abstraction, un prétexte au romantisme typiquement humain. D’ailleurs, ces gens poussent même l’escroquerie intellectuelle jusqu’à se réapproprier le slogan « libération totale » comme libération animale + libération humaine, alors que ce slogan signifie libération animale + libération de la Terre…

Une telle initiative a néanmoins du mérite: elle rappelle, à l’inverse, la fabuleuse valeur des personnes indignées par la condition animale, mais incapables de l’appréhender rationnellement en raison du contre-coup émotionnel. Cela est normal, c’est tout naturel: on ne peut qu’être traumatisé quand on voit la condition animale. Beaucoup de gens se voilent la face à cause de cela: ils ont peur de souffrir en assumant de regarder la réalité.

Est-il juste de considérer ces gens comme des « idiots » parce qu’ils ne sont pas révolutionnaires, est-il juste de dire qu’ils sont nazis parce qu’ils ont des préjugés formés sur le tas et étant une tentative de comprendre ce qui se passe?

Non, évidemment! A moins de vouloir aider les fachos à gagner ces gens, ce qu’un antifascisme caricatural et unilatéral ne peut que faire (et nous avons déjà critiqué maintes fois ces gens qui ne mettent pas les pieds dans un refuge mais donnent des leçons abstraites d’antifascisme!).

Il y a une fantastique dignité dans la personne révoltée par la situation des animaux. Il y a un début formidable, une reconnaissance de la sensibilité, bien loin de l’esprit cartésien à la française, qui méprise les animaux et en a une conception mécanique. Tout la question est de savoir faire fonctionner la raison en même temps!

« La Nature attend également la révolution »

Nous avons déjà parlé de l’association Dämmerung [crépuscule], qui en Allemagne a pris le relais du groupe « tierrechts-aktion-nord », actif pendant 25 ans. Leur manifeste est disponible ici: Théorie sociale, critique de l’idéologie et lutte de classe.

Voici leur initiative ayant lieu à Hambourg, les 8 et 9 novembre 2013, et qui montre une démarche et une approche que nous trouvons, de notre côté, bien entendu intéressantes.

Sur l’affiche, on lit : « La Nature attend également la révolution. »

Les rapports mondiaux sur la faim dans le monde de ces dernières années ou le scandale actuel quant aux œufs, tout cela indique clairement que sont discutés de manière critique dans l’opinion publique les excroissances de la production capitaliste de nourriture, en particulier celle de la viande.

Le véganisme comme « lifestyle » connaît un véritable boom, et les opportunités d’informer avec succès sur la misère du massacre industriel des animaux étaient bien plus faibles par la passé.

C’est, pour le mouvement des droits des animaux et de la libération animale, une situation favorable pour poser, ensemble avec les mouvements écologistes et sociaux, des exigences anticapitalistes radicales.

Mais cela ne se produit pas. Le mouvement des droits des animaux et de la libération animale ne dispose d’aucun concept de théorie politique, d’aucune analyse de la société et n’est pas clair quant au dénominateur commun avec d’autres mouvements de gauche.

Leur critique de la production de masse de la marchandise animal reste bourgeoise et morale et maintient à distance des approches anti-capitalistes – et à cela « l’antispécisme autonome » n’est pas une alternative.

Lorsque le mouvement est actif, il agit dans de nombreux domaines comme directement critique du système – mais il n’en est pas conscient.

D’autre part, les mouvements socialistes traditionnels ont souvent des réserves de principe contre le mouvement des droits des animaux et de la libération animale.

Il y a non seulement le fait qu’il est perçu comme un mouvement « à un seul thème », auquel manque la perspective de surmonter l’ordre social dominant, mais il y a également que la libération des animaux est totalement exclue de l’agenda de gauche.Cette distance mutuelle erronée est ce nous voulons réduire à notre académie.

Nous voulons faire comprendre pourquoi la libération des êtres humains et des animaux ne saurait être obtenue sans critique du capitalisme et pourquoi d’autre part, la critique du capitalisme n’est pas fondamentale si elle ne prend pas en compte le rapport à la nature (et les animaux, en particulier).

Dans les ateliers et les tables rondes avec des représentants des organisations de gauche, nous espérons identifier les dénominateurs communs et ainsi fonder les bases sur lesquelles peut être construite une politique concrète révolutionnaire, pour dépasser les conditions sociales dans lesquelles, depuis longtemps, il n’y a pas que l’être humain qui soit un être abaissé, asservi, abandonné, un être méprisable.

Le premier jour a lieu un débat sur le principe « one struggle one fight », sur le rapport entre la libération animale et l’extrême-gauche.

Samedi matin a lieu un atelier sur l’antispécisme autonome, avec la critique de la négation des rapports sociaux par l’antispécisme, qui se fonde sur un point de vue moraliste individuel et qui méconnaît la réalité des travailleurs de l’industrie de l’exploitation animale, les voyant unilatéralement comme des ennemis.

Ensuite ont eu lieu deux ateliers : un sur la situation de l’industrie de l’exploitation animale en Allemagne, un autre sur la morale révolutionnaire et la politique anticapitaliste.

Le soir a lieu une conférence sur le mouvement pour la libération animale et la gauche, ensuite différents concerts, avec notamment Albino (voir son interview ici).