Le rapport aux chiens en Iran

Voici un extrait d’un article de RFI, intitulé Iran : l’homme et l’animal punis au nom de la pureté. Toutes les religions sont anthropocentristes, donc ce n’est pas vraiment l’Islam qui est vraiment intéressant ici.

Ce qui marque vraiment ici, c’est comment le mode de vie urbain balaie l’ancien rapport qu’il y avait avec les animaux. Les valeurs propres à une société se modifient, car les conditions de vie ont changé.

C’est évidemment un aspect à prendre en considération si on veut en arriver à la libération animale. Chaque pays a son évolution, et même certaines régions ont leur particularité, comme avec les combats organisés de coqs dans le Nord, ou la corrida dans le sud.

Il y a cependant également un autre aspect qui compte beaucoup. Les obscurantistes ont dans leur viseur ceux qui ont ouvertement modifié leur rapport aux animaux. C’est très important.

Car en France, on a beaucoup de gens timorés se plaignant d’être ostracisé en raison de leur végétalisme ou de leur végétarisme. Ces gens n’ont rien compris, car ce n’est pas eux la question, mais les animaux.

Ainsi, une personne défendant les pigeons sera tout autant dénoncée, voire plus, par les éléments les plus arriérés de la société. Pourquoi? Parce qu’ils remettent en cause le rapport aux animaux.

Voilà le coeur du « problème ». Il n’y a nullement une « végéphobie »: il y a en réalité une guerre à la Nature. Dans la mesure où le végétalisme, voire le végétarisme, apparaissent comme s’y opposant, ils présentent une menace.

Mais s’il se réduisent à un choix « individuel », à un simple régime alimentaire (ce qu’est le végétarisme par définition), alors cela devient de l’anecdote.

Trente-deux députés de l’Assemblée islamique ont demandé dans une proposition de loi que soient désormais punis tous ceux qui gardent chez eux des chiens ou les promènent en public.

Qu’en est-il de cette punition ? Rien de moins que 74 coups de fouets ou une amende allant de 300 à 3 000 euros assortie de la confiscation de l’animal, qui serait par la suite abandonné dans la nature.

Si dans leur proposition, les députés ont pris soin de ne réserver la flagellation qu’aux possesseurs de chiens, c’est pour ne pas reconnaître à l’animal en question un quelconque statut autre qu’un objet inapte à répondre de ses actes.

Cependant, les législateurs iraniens maîtrisent suffisamment le b.a.-ba du droit pour éviter de tels égarements.

Ils savent que si l’on peut sacrifier ou tuer un animal pour se venger ou le manger, on ne peut néanmoins pas lui imposer par exemple… la lapidation pour adultère, selon les lois en vigueur, ou la mutilation pour le vol de la nourriture, supplices cependant appliqués aux Iraniens qu’aucun mot ne peut qualifier et qu’aucun humain ne saurait tolérer de voir infliger à un animal.

Mais pourquoi le fait d’avoir un chien mérite-t-il aux yeux des législateurs iraniens de tels traitements ?

A cela la réponse des députés iraniens est sans ambages : faisant partie des animaux impurs d’après les préceptes islamiques, le chien ne peut pas coexister, non pas avec les hommes, mais parmi les musulmans qui incarnent selon la charia la communauté des purs par excellence, à la différence pratiquement de toutes les autres communautés ou de tous croyants considérés comme impurs et réduits en définitive au rang de non-humains.

C’est le cas de ceux qui, à l’instar des bahaïs ou des convertis ou encore des athées, n’ont aucun droit et dont les biens et le corps peuvent bien être confisqués et traités selon le simple désir et le libre arbitre des autorités.

Mais, une telle proposition ne fait que révéler l’inquiétude des dirigeants iraniens quant à l’évolution des mœurs d’une société urbaine, c’est-à-dire plus de 70% de la population iranienne, qui fait comprendre quotidiennement par ses manières d’être et de vivre-ensemble, y compris dans son rapport avec l’animal, qu’elle s’est bien écartée depuis belles lurettes des préceptes imaginés ou infligés par les autorités et que cet écart serait la possibilité même d’une ouverture qui dessinerait tôt ou tard la forme d’une nouvelle société.

Cette proposition de loi a provoqué la colère des amoureux des chiens qui ont réagi sur les réseaux sociaux en postant des photos avec leurs toutous préférés.

Des milliers de chamois et de mouflons abattus sans raison [Pétition]

Voici un appel lancé par le site Le bruit du vent,  qui lance des appels pour les chamois et mouflons du massif du Bargy en Haute-Savoie (lire ici une petite présentation et là une longue).

Au droit de chasser, il faut opposer le droit de vivre !

Alors que des projecteurs commencent à être pointés sur l’abattage de quelques bouquetins du massif du Bargy, chaque année, une dizaine de milliers de chamois et plusieurs milliers de mouflons sont tués par des chasseurs, dans la plus grande indifférence.

Décimer les grands herbivores des montagnes n’a aucun intérêt sanitaire, scientifique ou écologique, mais permet simplement de préserver une activité de loisirs qui fait tourner les business de l’armement, des 4×4, « des trophées de chasse », et collatéralement des pompes funèbres.

Pour s’expliquer, des chasseurs prétendent que tuer des animaux sauvages est indispensable au maintien des paysages de montagne. Sans chasse, les chamois et les mouflons proliféreraient, nous envahiraient, et dévoreraient toutes les forêts de France, à la manière de millions d’éléphants.

Curieusement, d’un autre côté, les éleveurs prétendent que faire venir des animaux domestiques sur les alpages est également indispensable au maintien des paysages de montagne, car sans moutons et sans vaches, les alpages seraient rapidement recouverts d’arbres. En résumé, sans la divine intervention humaine, la surface de la Terre serait, pour les uns, complètement désertique, pour les autres, une jungle chaotique. Quoi qu’il en soit, les deux parties semblent s’accorder sur le fait que la Nature doit son équilibre à l’Homme.

Pourtant, depuis le début de l’Anthropocène, la biodiversité ne fait que s’effondrer. Alors qu’il y a seulement 12 000 ans, aucun animal ne dépendait de l’humain, un vertébré sur deux serait aujourd’hui domestique.

Pour qu’un milieu sauvage subsiste, l’humain ne doit pas y intervenir, mais au contraire, s’y soustraire. Prétendre que les activités humaines seraient nécessaires au maintien de l’équilibre des écosystèmes n’est qu’un argument de mauvaise foi. L’arrivée des grands troupeaux domestiques et des quotas de chasse a modifié les équilibres des écosystèmes en faveur d’intérêts économiques, et à l’encontre de la biodiversité.

Dans une France qui fait vivre dix-neuf millions de bovins domestiques et soixante-cinq millions d’humains, il est insensé de nous faire croire qu’une centaine de milliers de chamois et que quelques milliers de mouflons doivent impérativement être régulés par nos soins ; et que sans la chasse, ces animaux auraient un impact catastrophique sur l’environnement.

Nous enfermons des vaches par centaines dans des usines, remplaçons les forêts par du béton, les poissons par du plastique, produisons des milliards de voitures, faisons sauter par mégarde des réacteurs nucléaires ; et ce seraient quelques frêles mangeurs d’herbe, six cent cinquante fois moins nombreux que nous, qui menaceraient nos écosystèmes ?

Il est délirant de croire que sans les chasseurs, nous devrions faire face à une invasion terrestre de chamois et de mouflons, animaux au biotope très spécifique. Chez de nombreuses espèces d’ongulés, la fécondité des femelles est dépendante de la densité de la harde ; les vagues de froid et de chaleur, les sécheresses, les avalanches, les parasites et les virus, les rapaces, les loups, les renards et autres prédateurs condamnent de nombreux herbivores.

Depuis toujours la Nature s’autorégule sans l’aide de l’Homme, mais nos civilisations s’obstinent à vouloir maîtriser la Nature dans sa globalité, et sont condamnées à échouer, car la brutalité humaine ne pourra jamais s’accorder à la subtilité des écosystèmes.

Composé, au bas mot, de milliards et de milliards et de milliards de particules interagissant entre elles, un écosystème sera toujours trop complexe pour être mis en équation. N’en déplaise à notre orgueil, la biologie et ses composantes épidémiologiques ne font que balbutier. Ainsi, dans le petit massif du Bargy, en 2013, l’Etat estimait, suite à une expertise minutieuse, le nombre de bouquetins à 300 ; l’année d’après, suite à une « opération de vide sanitaire », ces 300 individus étaient abattus, et dans le même temps, 400 bouquetins supplémentaires apparaissaient subitement, venus de nulle part, comme par magie.

Les bouquetins étant peu farouches et nettement plus faciles à observer que les autres ongulés, toutes les estimations de population d’animaux sauvages ne seraient-elles donc pas dénuées de pertinence ? Et avec elles tous les quotas de chasse, qui ne reposent que sur des spéculations d’apprentis sorciers ? La comptabilité et les raisonnements cynégétiques ne seraient-ils pas qu’une vaste faribole ? Autonome depuis des milliards d’années, la Nature n’a pas besoin de l’Homme comme gestionnaire.

Toutefois, afin de prévenir de rares et éventuelles épizooties (souvent importées des élevages domestiques intensifs : piétin, brucellose, kératoconjonctivite…), il est raisonnable d’organiser un minimum de surveillance sanitaire de la faune sauvage, mais cette vigilance ne nécessiterait-elle pas les compétences reconnues de biologistes et de vétérinaires, plutôt que les compétences aléatoires de chasseurs et les considérations intéressées de leurs fédérations ?

En France, les herbivores sauvages ne nous menacent pas, ne menacent pas nos forêts, ne menacent pas nos terres agricoles, ne représentent pas une part déterminante de notre alimentation. En dehors de contextes sanitaires particuliers, nous n’avons donc pas de véritables raisons de les abattre.

Les herbivores sauvages ne s’attaquent à aucune autre espèce animale ; l’agressivité leur est étrangère ; ils sont pacifiques, au moins autant que Gandhi, et ne méritent pas que nous leur réservions des actes de cruauté qu’ils sont incapables de commettre.

L’humain est aujourd’hui en position de force, et abuse de la faiblesse des autres formes de vie. Il est de notre devoir d’écouter nos cœurs, et de donner aux animaux que nous maltraitons gratuitement, des droits.

Les chamois et les mouflons pourraient vivre dans une relative quiétude. Les chasseurs leur imposent un quotidien fait de craintes, tirent même en plein hiver, dans la neige, lorsque les conditions de survie sont les plus difficiles, et tuent prioritairement les animaux les plus jeunes.

Ce n’est parce qu’un acte est couramment accepté qu’il est juste. L’habitude aveugle, et fait oublier la cruauté, autrefois parfois nécessaire, de certaines de nos coutumes. Au cours de son histoire, l’humain a su remettre en cause, et parfois même abolir, certaines injustices admises par l’opinion.

Aucun argument recevable ne justifie la chasse des grands herbivores emblématiques des Alpes. Afin d’élargir le champ d’application de l’éthique humaine, la loi doit donc, à l’instar du Bouquetin, protéger le Chamois et le Mouflon.

Contre la chasse aux chamois et aux mouflons, vous pouvez signer cette pétition.

« Un nouveau contrat de domestication »

Voici le type d’informations sur lequel il faut accorder une grande attention. Le réformisme de la protection animale est suivi pas à pas par l’industrie de l’exploitation animale, qui adapte son discours en fonction. Seule la libération animale peut déborder cette tactique, car attaquant sa base même.

Voici donc un article tiré de La France agricole, qui tente de contribuer à l’élaboration d’une ligne face aux médias, pour convaincre l’opinion publique… Les choses sont très claires, dans un cynisme net, dans une logique sans discussions. Comme on peut le voir, c’est un système de pensée, un système économique… Une telle chose ne saurait être réformée.

Relations hommes et animaux

Un nouveau contrat de domestication

L’observatoire des habitudes alimentaires du Cniel [Cniel : Centre national interprofessionnel de l’économie laitière] organisait ce jeudi à Paris un colloque sur la modernité des relations entre hommes et animaux. Sans tomber dans l’assimilation de l’homme et l’animal, les participants ont souligné qu’il faudra renouveler le contrat de domestication des animaux.

L’intervention du philosophe François Wolf lors du colloque a replacé les termes du débat qui traverse aujourd’hui la société française, fortement alimenté par les défenseurs de la cause animale. « L’animalisme peut se définir par la valeur accordée à l’animal en tant que tel. Il existe de plus en plus à mesure que l’animal existe de moins en moins. Il fait que l’animal aujourd’hui est vu soit comme une victime, soit comme un compagnon ».

L’égalitarisme entre l’homme et l’animal « n’a pas de sens »

L’égalitarisme entre l’homme et l’animal que prônent nombre de de défenseurs de la cause animale « n’a pas de sens », selon le pilosophe. Il révèlerait la profonde inquiétude générée par notre modernité. « Nous ne savons plus qui nous sommes, qu’est-ce qui nous distingue des animaux ? Pourtant on ne gagne jamais à confondre, à assimiler. On gagne à distinguer, à différencier, à spécifier. »

Selon François Wolf, le rapport entre les hommes est fait d’égalité et de réciprocité. Alors quelle réciprocité attendre du loup et de l’agneau ? « Il n’est pas moral d’élargir la communauté des hommes aux animaux.

Mais plutôt que de parler de droits des animaux, il faut parler des devoirs que nous avons envers eux. Suivant le type d’animaux, animaux de compagnie, animaux de rente, animaux sauvages, ces devoirs varient : affection, protection, nourriture, maintien de la biodiversité, respect de l’environnement… Il n’est pas immoral en retour d’attendre de la nourriture, du travail, de la viande, parfois de l’affection. »

« Face aux médias, le discours à établir est complexe »

Mais est-ce que cela va jusqu’à nourrir les pigeons parisiens ou les loups dans les Alpes ? « Entre les animaux et nous, c’est du donnant-donnant ». « Face aux médias, le discours à établir est complexe. Il y a deux camps parfois difficilement réconciliables ».

Les mots d’élevage concentrationnaires sont ainsi de plus en plus utilisés. Comment faire pour dialoguer ? « Sans aller jusqu’à ces extrémités, certaines évolutions radicales des modes de production interrogent de plus en plus. Quand les animaux sont considérés comme des machines, il y a rupture du contrat d’élevage. »

Face à cette rupture réelle, le contrat implicite de domestication est à reconstruire, surtout quand il s‘agit d’élevage intensif. « Mais ce sont aux scientifiques de définir au regard des connaissances actuelles les impératifs biologiques des espèces. »

Tout en rejetant nettement l’idée que l’homme est un animal comme les autres ou que l’animal est un humain comme les autres, idées qui fleurissent en ce moment dans la presse, les débats ont souligné que les règles de bien-être dans les élevages seraient amenées à évoluer face à une demande qui s’inscrit durablement dans la société et dans les débats politiques quels que soit les partis politiques.

Reacción Salvaje contre la grande entreprise de ciment Cemex

En Amérique du Sud, les actions en faveur de la libération animale continuent, le plus souvent dans un esprit ouvertement primitiviste. Voici un communiqué du Mexique.

État de México.

L’industrie de l’infrastructure est l’une de celles qui menacent le plus la nature sauvage dans son ensemble.

A travers la continuelle construction de ponts qui traversent les ravins en détruisant les écosystèmes environnants, l’avancée frénétique des routes qui inondent la terre de ciment hydraulique, les métropoles généralisent la tâche grise de cette civilisation pourrie.

Tous les jours, des attentats sont commis contre la Terre et contre les animaux qui vivent sur elle, nous compris.

L’invasion du progrès techno-industriel brise le fragile équilibre écologique lorsqu’il dévaste des forêts entières, quand il oblige les animaux sauvages à abandonner leur milieu et les conduit à l’extinction forcée ou à la domestication par les humains.

Les rivières sont enfermées dans des conduites ou dans des barrages gigantesques, l’air pur est pollué par les voitures qui circulent sur les autoroutes, les antennes électriques et de communication se dressent telles de sombres cauchemars au-dessus de nos têtes.

Et en ce qui concerne les êtres humains, la civilisation nous a pervertis et nous a forcés à abandonner la sagesse primitive héritée de nos ancêtres, faisant chavirer nos modus vivendi vers l’artificialité et nous convertissant en quelque chose de totalement opposé à ce que nous étions auparavant.

Le système nous a condamnés à abandonner notre vie dans la nature, pour nous immerger à la place dans une réalité artificielle, à vivre comme des morts dans des villes grises et tristes, infectées par la manipulation des médias, la loi des marchés et l’absurde.

Ce que génère l’industrie de l’infrastructure, c’est le déplacement du sauvage et du naturel vers le civilisé et le mécanique.

Pour ces raisons, parmi d’autres, comment se peut-il que certains ne comprennent toujours pas les attaques directes contre ce type d’industries ? Nous autres nous sommes réveillés et avons pris nos distances des « revendications politiques et sociales » de toujours, pour nous orienter vers l’attaque frontale envers des aspects plus réels. La politique ne nous importe pas, ni les revendications sociales. Ce sur quoi nous nous concentrons, c’est à faire la guerre à tout ce qui induit la civilisation et le progrès invasif, tout comme le firent nos ancêtres sauvages.

Par la présente, nous revendiquons une action contre la grande entreprise de ciment Cemex de l’avenue Gustavo Baz, à Tlalnepantla de Baz, le 15 novembre de cette année.

Nous avons déposé un objet incendiaire sur les câbles d’alimentation en énergie électrique de ladite entreprise et, à l’ombre d’un arbre de Pirul, nous avons vu comment notre préparation prenait, s’étendait et consumait l’objectif en générant des dégâts matériel, laissant un message clair : nous continuerons !

Reacción Salvaje
Groupuscule “Jusqu’à ta mort ou la mienne!”

« Sentience: animal project »: une BD pour réveiller les consciences

Chaque personne devrait s’épanouir sur le plan artistique. Dans cette société, c’est malheureusement difficile, aussi les gens qui ont pu avancer en ce sens ont de grandes responsabilités. Il ne s’agit pas tant de faire de la propagande (même s’il faut en faire), que de véritables œuvres, ayant un contenu allant dans le bon sens.

Nous avions parlé il y a peu de la bande dessinée américaine Liberator (voir La bande dessinée américaine « Liberator » et Liberator – Salvation of innocents avec l’interview de l’auteur).

Voici un jeune auteur français lançant un appel pour une bande dessinée intitulée « SENTIENCE T1: Animal Project », définissant celle-ci comme « La bande-dessinée qui réveille les consciences ».

C’est un projet ambitieux, dont on peut voir déjà quelques images d’une qualité certaine sur un site expliquant le projet et appelant au soutien financier.

Même si on peut ne pas forcément apprécier le style de la BD, son scénario, son approche, etc. force est de constater qu’il y a là quelque chose qui va dans le bon sens, sur une bonne base. On notera d’ailleurs qu’en cas de succès, pour chaque BD vendue, 50 % des droits d’auteur seront reversés à l’association PRO ANIMA, opposée à la vivisection.

Voici une présentation de l’auteur, qui a raison: c’est une noble cause!

Daewood : Scénariste à l’origine du projet

J’ai 28 ans, je travaille dans la vidéo et je suis passionné depuis toujours par le cinéma et la bande-dessinée. Bien qu’étant un grand ami des bêtes, je ne me suis réellement intéressé à la cause animale qu’après avoir visionné une vidéo « choc » sur Internet, sur les conditions d’élevage notamment. Cette vidéo a été un véritable déclic. Suite à cela, j’ai effectué de nombreuses recherches et ce que j’ai découvert m’a terrifié. Bon nombre d’animaux vivent un véritable enfer au quotidien… j’ai depuis totalement changé mon mode de consommation.

Aujourd’hui, j’aimerais donc apporter ma pierre à l’édifice, amener une nouvelle réflexion sur la sensibilité animale et tenter de faire évoluer les esprits. Avec tout ce qu’il peut se passer aujourd’hui entre l’expérimentation animale, l’élevage industriel, le trafic d’animaux… toute cette souffrance que l’homme peut infliger aux animaux, et lorsque j’entends encore des personnes nier les faits, il m’apparaît comme essentiel de dévoiler certaines vérités et d’impliquer les futures générations.

C’est ainsi qu’est né le projet SENTIENCE. Sous couvert du genre science-fiction, j’ai pu élaborer un scénario solide, riche en rebondissements et basé sur des faits réels.

Mon but : Vous faire vivre une aventure palpitante tout en amenant une vraie réflexion sur la sensibilité animale.

Aujourd’hui, la meilleure chance de Sentience d’exister, c’est vous…C’est un projet engagé en faveur d’une noble cause qui a mon sens, nous concerne tous. Je m’engage également à reverser 50 % de mes droits d’auteur au profit d’associations de défense animale.

Pétition contre la consommation de viande de chats et de chiens en Suisse

Hier, l’association suisse SOS chats de Noraigue a remis au palais fédéral de Berne une pétition contre…. le fait qu’en Suisse on puisse manger des chats et des chiens… Voici la présentation par l’association, qui avait rassemblé en 2008 270 000 signatures contre le commerce de peaux de chats, interdit finalement en 2013.

pétition contre la consommation de viande de chats et de chiens

SOS CHATS Noiraigue a lancé à fin août une pétition contre le commerce et la consommation de la viande de chats et chiens en Suisse. A ce jour, elle récolté plus de 14 000 signatures.

Cela peut être étonnant mais en Suisse le commerce de la viande de chats et chiens est autorisé et le but de la pétition est de faire changer cela.

La viande de chiens est principalement utilisée pour faire des saucisses et de la graisse contre les rhumatismes et la viande de chats est consommée plutôt en famille et cuisinée comme un lapin pendant la période de Noël, en particulier dans les cantons de Berne, de Lucerne et du Jura.

Madame la conseillère fédérale Doris Leuthard et l’Office vétérinaire fédéral estiment que c’est une vieille tradition qui ne peut être abolie que par une campagne qui débouche sur le dépôt d’une motion au parlement.

Après avoir obtenu l’interdiction du commerce des peaux de chats en 2013, SOS Chats Noiraigue veut aussi interdire le commerce et la consommation de la viande de nos animaux domestiques.

Certes, ceux-ci ne sont pas considérés comme une denrée alimentaire et ne peuvent donc théoriquement ni être vendus ni donnés pour être mangés. Mais il n’y a pas d’interdiction formelle et donc pas de sanction. Il n’est en outre pas interdit de manger son propre chien ou chat.

La pétition veut faire changer cela afin que la loi prohibe clairement de tels agissements. Ceux-ci sont indignes d’un pays civilisé, qui reconnaît la place des animaux de compagnie et dans lequel personne ne meurt de faim.

Tout cela peut sembler bien étrange, mais l’exploitation animale prend des formes diverses selon les pays, selon le climat, les cultures, etc. Cela ne doit en rien amoindrir la dimension universelle du véganisme.

Rien ne saurait plus raciste que de penser par exemple que telle ou telle population « indigène », en Amazonie ou en Alaska, aurait le « droit » d’en rester à l’exploitation animale en raison de sa « culture ». L’ethno-différentialisme et le relativisme n’ont pas leur place dans l’affirmation universelle des droits des animaux.

Pour autant, il serait bien sûr faux de ne pas étudier comment et pourquoi l’exploitation animale a pris telle ou telle forme, à tel ou tel endroit. Parce que si on ne connaît pas les ressorts de l’exploitation animale, on ne peut pas l’abolir, la dépasser à l’échelle de la société…

Par exemple, beaucoup de médias français ont parlé de cette pétition suisse. Cela ne leur coûte rien, cela ne présente aucun danger, parce qu’en France, on ne peut pas manger de chats ou de chiens selon la loi. Par conséquent, les médias peuvent très bien rejeter cet aspect précis de l’exploitation animale (surtout au nom du maintien des « animaux de compagnie »). Mais c’est une question de situation.

On ne peut pas lutter contre l’exploitation animale de la même manière dans chaque pays, parce que le contexte est différent – même si bien sûr finalement il s’agit de la même cause universelle.

De Femina à la zad du Testet, un même rapport aux animaux

Peut-on faire, en 2014, comme si le véganisme n’existait pas? Bien sûr on peut le faire, de manière abstraite, intellectuellement parlant, si on mène une vie tout ce qu’il y a de plus traditionnel, selon les normes dominantes en France.

Mais dans les faits, on entend tout de même parler du végétalisme, voire des vegans, parce que la question animale, celle de la Nature, est en travail dans la société. La vie elle-même ramène cela au premier plan. Voici un exemple parlant avec un dessin issu de la revue version Femina, totalement conformiste (cliquer pour avoir l’image en un peu plus grand)

La contradiction entre la vie naturelle et le cynisme est ici flagrant, montré jusqu’à l’absurde. La haine à l’encontre des pigeons ne peut qu’aboutir au cynisme le plus complet. Voilà pourquoi la défense des pigeons a tellement d’importance également; ce sont nos premiers amis dans les villes.

En voici un autre exemple, avec ce qu’on retrouve dans le programme de « Sème ta ZAD« , qui se déroule au Testet.


Cela n’a rien de révolutionnaire, bien au contraire. On a là un programme digne des années 1930, dans l’esprit des « pionniers » colonisant l’Amérique.

La planète affronte le réchauffement climatique, les animaux du monde entier attendent que l’humanité cesse sa guerre à la planète, et il faudrait reprendre le mode de vie du moyen-âge en vivant en « solitaire » dans des petites « communautés », en « oubliant » le reste?

C’est inacceptable, et c’est vraiment tenter d’échapper aux exigences de notre époque. Il faut changer le monde, pas moins, et non pas aller se réfugier quelque part en s’imaginant loin de tout, en s’inventant une vie dont les valeurs, au final, sont juste celles de l’ordre dominant, en moins perfectionné, en moins poussé.

Ces deux exemples, témoignant de l’esprit de l’exploitation animale, le montrent bien: que ce soit des gens suivant la mode dans les villes ou se réfugiant dans des « zads », le rapport aux animaux est, au fond, le même…. Et par conséquent, c’est inacceptable : le 21ème siècle doit être celui de la libération animale, de la libération de la Terre!

Un magasin bio fait sa « pub » avec des chevaux

Il est très important d’étudier son environnement, y compris urbain. Par exemple, jamais une mairie ne devrait pouvoir organiser l’élagage d’arbres dans une rue sans que la défense des oiseaux ne soit exercée par un groupe local.

Voici une information qu’on nous a fait parvenir et qui témoigne d’une observation critique et juste d’un endroit. Il s’agit en l’occurrence de l’ouverture d’un magasin bio dans le treizième arrondissement de Paris.

Jusque-là, on voit mal ce qu’il peut y avoir d’intéressant, à part un aspect pratique peut-être. Mais ce qui frappe, déjà, c’est que l’avenue d’Italie compte déjà une boutique Dia, deux Monoprix, une supérette et un magasin Carrefour, une supérette Leader Price, un magasin Naturalia et quatre épiceries indépendantes, sans parler des cinq autres supermarchés dans les rues adjacentes.

Trois ont moins d’une année, à quoi s’ajoute donc maintenant le magasin « Bio c’ bon ». Dans l’idée, il faut voir que selon le Canard enchaîné c’est d’ailleurs la stratégie de cette chaîne.

Le journal hebdomadaire affirmait ainsi il y a peu que la chaîne ouvrait systématiquement à côté d’une autre magasin bio, en quelque sorte pour tenter de récupérer la clientèle, et que sa base financière était extrêmement précaire, qu’il s’agissait d’une sorte de « coup financier » organisé par Marne&Finance, tournée normalement vers les biens immobiliers.

On peut se demander si un tel « coup » est vraiment faisable, car il y a quand même déjà 41 « Bio c’bon » en Île-de-France, ce qui n’est pas rien. En fait, c’est juste une expression de la dimension commerciale du bio en France.

Le bio est bien entendu toujours commercial.

Mais il y a une différence d’approche culturelle. Ainsi, le pourcentage de territoire agricole dédié au bio est de… 1,1 % en France. La France étant un pays avec une forte agriculture, c’est quasiment rien en proportion, mais c’est important en quantité, ainsi cela fait déjà plus en termes d’hectares que l’Autriche, dont l’agriculture est bio à… 19,4 %.

Seulement, il y a évidemment une différence d’impact culturel entre un pays dont pratiquement rien de l’agriculture n’est bio, et un pays où 1/5 l’est. C’est une question d’influence sur la vie quotidienne.

Le magasin « Bio c’bon » fournit donc du bio, mais il peut ouvertement se présenter comme étant une démarche pour la santé, et s’arrêter là sans avoir aucunement le besoin d’assumer une dimension « alternative ».

L’inauguration du nouveau magasin en témoigne : on avait un stand de gonflage de ballons à l’hélium à l’entrée.

A côté du stand, sans surveillance à part le préposé aux ballons bien entendu vite débordé par les enfants, deux pauvres chevaux affrontaient le vacarme d’une énorme avenue très fréquentée, les actions désagréables sans recul des enfants (et on ne peut pas compter sur les parents pour empêcher cela, comme lorsque les pigeons sont systématiquement agressés).

Les cheveux avaient même encore du matériel d’équitation posé sur eux !

Bref, c’est lamentable… et encore une fois, très révélateur. En France, il y a une guerre dans les magasins bios, entre les historiques avec leur côté très « illuminé » comme en témoignent les journaux gratuits distribués, et une nouvelle génération directement commerciale…





Sur l’origine non écologiste de « l’écologie politique » en France

Avant de regarder plus en avant la pensée de Pierre Moscovici, voici une présentation vraiment très intéressante du lien ayant existé entre lui et Alexandre Grothendieck. Au-delà de la dimension intellectuelle (par ailleurs plus ou moins incompréhensible avec son jargon universitaire), il faut surtout voir la dimension culturelle.

Ce que dit l’auteur de l’extrait publié ici, c’est que l’écologie (en France) est le produit non pas de gens défendant la Nature, mais d’une critique de la technologie. C’est très vrai et cela révèle bien des choses! On le voit même aisément avec la critique de la science ayant existé dans les années 1930, dont est issu le pétainisme avec son fameux « la terre elle ne ment pas ».

Comprendre cela permet de voir que les « zadistes » ne sont nullement des gens « nouveaux » ayant « choisi ». Ils sont le fruit de tout un arrière-plan culturel.

L’article ci-dessous consiste en mémoire en Sciences Sociales (Mention Histoire des sciences, technologies et sociétés) intitulé « Les années 1968 et la science Survivre … et Vivre, des mathématiciens critiques à l’origine de l’écologisme », qu’on peut lire en ligne ici.

« Le discours écologiste de Survivre possède un statut similaire lorsqu’il proclame l’adéquation entre écologie et révolution ou dessine le tableau utopique d’une société écologisée.

Pourtant, la légitimité conférée aujourd’hui aux questions écologiques oriente les entretiens vers un discours plus consensuel, la valorisation d’une sensibilité écologique faisant parfois pendant au silence entourant la critique de la science ou de l’expertise.

Toutefois, j’ai été frappée par la complexité des positions des personnes les plus impliquées dans Survivre.

Tandis que l’Histoire des Amis de la Terre de P. Samuel rappelle aux plus jeunes l’époque où l’association défendait une position moins gestionnaire, nombreux sont ceux qui ont renoncé, avec Survivre, à aborder directement la question écologique.

Ces entretiens m’ont appris la réticence initiale vis-à-vis de la «mentalité écologique» de ceux qui tenteront de la définir comme l’opposé de la «mentalité technicienne» avant d’en faire une critique étayée.

Corroborant l’impression que donne la lecture des bulletins de liaison, ces entretiens montrent que la sensibilité écologique était plus ancrée dans les groupes provinciaux de Survivre, dont elle fut le moteur premier de constitution (…).

Les mathématiciens de Survivre tissèrent des liens étroits avec l’ethnologue Robert Jaulin et le spécialiste de psychologie sociale – par ailleurs historien des sciences – Serge Moscovici, interactions qui semblent se retrouver dans Leur alliance [qui] reproduit de façon inversée celle du groupe [de mathématiciens appelé] Bourbaki et du structuralisme.

Unis dans un combat contre les prétentions unitaires d’une science totalisante, étouffant l’individu dans les mailles de ses structures, ils se font ensemble les défenseurs du sujet et de la subjectivité.

Au sein du mouvement écologique naissant, ils défendent ce que Jean Jacob nomma un «naturalisme actif», invitant à reconsidérer la coupure nature/culture plutôt que luttant pour la protection d’espaces naturels vierges.

Enfin, ils partagent la recherche d’une science «ordinaire», exigence que Moscovici portera sur le plan académique au colloque sur «L’unité de l’homme».

Sur le plan intellectuel, l’écologie – qui trouve alors ses lettres de noblesse dans les ouvrages de Serge Moscovici – semble ainsi émerger en réaction au structuralisme dominant (…).

Enfin, on l’a vu, il existe un lien entre l’engagement de ces scientifiques critiques et la naissance d’un mouvement d’écologie politique, également largement influencé par le mouvement naturaliste, que nous avons évoqué à plusieurs reprises.

Les naturalistes occupant traditionnellement le créneau de la protection de la nature et leur engagement étant intimement lié à leur profession, on peut émettre l’hypothèse, qui resterait à vérifier, selon laquelle l’émergence d’un mouvement radical d’écologie politique remettant en cause l’expertise scientifique aurait contribué à déplacer les enjeux et à modifier l’engagement naturaliste et le développement de l’ensemble du mouvement d’écologie politique, jusqu’ici peu étudié.

L’histoire du mouvement d’écologie politique est peu connue.

Principalement explorée par celle des partis politiques, elle l’est peu en ce qui concerne ses débuts.

Dominique Allan-Michaud, Jean Jacob, Yves Frémion, Pierre Samuel et Claude-Marie Vadrot ont cependant contribué à en poser de solides jalons.

L’histoire du Ministère de l’Environnement nous est restituée par les travaux de Florian Charvolin et Pierre Lascoumes, celle de l’écologie comme discipline scientifique par ceux de Jean-Paul Deléage et de Jean-Marc Drouin.

S’il existe peu de travaux portant sur les débuts du mouvement d’écologie politique, il ne semble pas non plus que les recoupements de toutes ses histoires aient été envisagés alors qu’ils semblent centraux. »

« Le Nord et l’écologie »

Rien n’est possible sans continuité et sans ancrage local. On peut tenter de contourner cela comme on veut, mais en définitive on n’y coupe pas: pour pouvoir s’adresser aux gens, il faut… les connaître, et disposer d’une crédibilité certaine.

Cela prend du temps, cela demande du travail; cela signifie ouvrir des perspectives, se remettre en cause, étudier la réalité concrète et être capable d’en déceler les possibilités.

Voici un nouvel exemple de cette question d’ancrage locale avec un article de l’amicale progressiste, de Lille.

Il y a quelques jours sortait le classement 2014 des départements selon plusieurs critères écologiques. Le classement est établi par le magazine La Vie et, sans prendre tout ce qui y est affirmé pour argent comptant, il est intéressant de voir ce qui y est dit.

Tout d’abord, l’étude montre que l’année dernière, avec sensiblement les mêmes critères, le Nord se trouvait à la 38e place (sur 94 départements) alors qu’il a, cette année, régressé à la 47e place. Voyons comment cela se traduit au niveau des différents critères pris en compte.

Commençons par la qualité de l’air (avec 11 indicateurs) et la qualité de l’eau (l’eau de consommation mais aussi les eaux de baignade et des milieux naturels). L’année dernière, le Nord se trouvait à la 92e place pour la qualité de l’eau, tout comme cette année.

Pour ce qui est de la qualité de l’air, notre département se trouvait à la 86e position en 2013 tandis qu’en 2014, il descend à la 92e position. Avec les seules données disponibles, il est difficile de dire si ce résultat est dû à une dégradation de la qualité de l’air ou si d’autres départements ont amélioré la leur, entraînant, de fait, la baisse de la note du Nord.

Cependant, on ne peut pas discuter le fait que les résultats du Nord soient désastreux dans ce domaine. Cela montre évidemment l’héritage de la forte industrialisation du département. Mais cela résulte aussi probablement de l’agriculture intensive, car bien qu’on y pense pas tout de suite, le Nord est une région d’agricole.

On peut également évoquer le tissu urbain dense mais aussi l’étalement urbain et, par conséquent, une pollution importante par les gaz d’échappement. De plus, le Nord étant à l’intersection de la Belgique, de l’Angleterre et de Paris, il constitue un axe de transport très fréquenté.

Parallèlement à cela, il y a une mesure de la production d’énergie renouvelable. Alors que notre département était en 4e position l’année dernière, il chute à la 21e cette année. Que signifie cette dégringolade ? Tout d’abord, on peut remarquer qu’il y a eu un changement des critères d’évaluation.

Mais ces critères concernent tous les départements. Peut-être d’autres départements ont fortement développé leurs dispositifs de production d’énergie renouvelable. Ou peut-être y a-t-il eu un véritable renoncement de ce côté. Pour en savoir plus, il faudrait étudier plus précisément l’état des lieux dans notre département.

Pour revenir à l’héritage de l’industrialisation du Nord, un autre critère donne des indications : la gestion des déchets. Dans ce classement, la gestion des déchets est mesurée par la collecte et la valorisation des déchets ainsi que par la gestion des sites pollués. Cette année, tout comme l’année dernière, le Nord est en 88e place.

Ce mauvais résultat peut donc être imputé à une mauvaise gestion des sites pollués (comme les anciens sites industriels) mais pose aussi la question de la collecte des déchets. Ce dernier point demande une étude sérieuse du business juteux des déchets et de la propreté.

Par contre, un autre critère tend à montrer que la pollution liée à l’agriculture pourrait baisser à l’avenir. Alors que, l’année dernière, notre département était classé en 81e place pour le développement de l’agriculture biologique, il atteint maintenant la 60e place.

De tous les critères, c’est celui pour lequel le Nord progresse le plus. Toutefois, il faudrait étudier quels sont les critères pour être certifié biologique. Mais ce résultat reste intéressant car il montre que, puisque l’agriculture biologique se développe, c’est que de plus en de gens consomment des produits biologiques.

Ce point est d’ailleurs renforcé par le critère de consommation durable. Il évalue le nombre d’AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) et la part de consommation de produits locaux. Alors que notre département était à la 6e place l’année dernière, il est à la 5e place cette année. Malgré la faible progression, le Nord reste en tête dans ce domaine.

Là encore, cela traduit l’engouement des nordistes pour l’agriculture biologique mais aussi pour les produits locaux. Finalement, cela montre que l’agriculture intensive – comme le sucre Beghin-Say par exemple produit à partir de betteraves à Escaudœuvres – a permis de favoriser les circuits courts.

En plus de tous ces critères, la protection de la biodiversité est évaluée. Ce critère est composé de nombreux indices : pourcentage d’espaces protégés, abondance des oiseaux communs, abondance moyenne de papillons par jardin, taux de participation aux observatoires naturalistes et grand public et pourcentage de sols artificialisés.

Pour ce critère, le Nord est passé de 2e l’année dernière à 6e cette année. Malgré une perte de 4 places, le Nord reste plutôt en bonne position.

Les nombreux éléments pris en compte font qu’il est difficile de voir ce qui est en progression ou en régression. Cependant, le fait de mesurer le taux de participation aux observatoires est intéressant dans la mesure où un taux important traduirait un intérêt certain pour le sort des animaux. Ce qui serait une dimension très positive. Mais il est impossible de tirer de telles conclusions uniquement avec les données de cette étude.

Enfin reste le critère est dit « Agenda 21 ». Ce critère évalue les politiques locales de développement durable. Tandis qu’en 2013, le Nord se trouvait en 4e position, cette année, il est en 7e position. Concernant ce critère, on peut se demander à quel point il est significatif vu les scores très bas obtenus pour la qualité de l’eau et de l’air et la gestion des déchets ainsi que les scores en forte baisse de la production d’énergie renouvelable. Là encore, cela demande un exmane plus attentif.

En conclusion, l’étude ne dépeint pas un tableau favorable à l’écologie dans le Nord. C’est d’autant plus regrettable que le Nord est le premier département, avec le Pas-de-Calais, à avoir eu une présidente du conseil régional, Marie-Christine Blandin, qui faisait partie d »un parti écologiste, Les Verts.

L’étude montre donc les points faibles et les défis que le Nord doit encore relever. Mais elle montre aussi des aspects positifs, des pistes sur lesquelles le Nord peut s’appuyer pour développer encore plus l’écologie.

Décès de Serge Moscovici

Il y a une semaine est mort Serge Moscovici. Né en 1925, c’est un chercheur en psychologie sociale, que les médias ont présenté comme l’un des principaux théoriciens de l’écologie politique. Décidément, avec Grothendieck, en ce moment on trouve partout de tels théoriciens tombés du ciel!

En réalité, on l’aura facilement deviné, Moscovici n’était qu’un décroissant. Ses ouvrages, illisibles bien entendu, sont typiques des universitaires faisant des allers-retours aux Etats-Unis et racontant n’importe quoi n’importe comment.

Pour commencer à mieux cerner ce personnage, un de plus dans la mystification anti-Nature en France, voici quelques extraits de réponses qu’il a faites, en 1978, à Jean-Paul Ribes qui était un journaliste de la revue Actuel.

On y voit le coeur de la démarche de Moscovici: une réflexion (sans aucun sens) sur le principe de la domestication (dans une veine proche et éloignée en même temps des « primitivistes », et donc très proche du principe des « ZAD »).

JPR : S’il est solitaire, l’homme de la ville au moins est libre ; idéaliser l’esprit de village, n’est-ce pas oublier tous les réseaux de surveillance, les on-dit, les réputations, toutes ces choses si contraignantes ?

SM : Encore une fois nous ne sommes pas des antiquaires, nous ne cherchons nullement à reconstituer l’ancien, à refaire ce qui a déjà été fait. Le passé ne s’imite pas ; tout au plus peut-il inspirer des créations nouvelles, qui viennent en leur temps et sont de leur temps. Soit, tu as raison, le village français n’est pas un modèle de liberté.

Mais la grande ville ? Cet homme que personne ne surveille, qui se croit parfaitement libre… il est sous surveillance constante, il est mis en carte, chacun de ses déplacements est organisé, conditionné.

Il ne peut s’éloigner de chez lui sans ses papiers, il doit à chaque pas qu’il fait se conformer aux règlements, ne pas marcher là, ne pas s’arrêter ici, respecter les décisions du directeur de la RATP ; bref il est excessivement policé ! (…)

JPR : On présente volontiers les écologistes – « les verts » – comme des défenseurs de la campagne contre la ville. Qu’en est-il réellement ?

SM : S’ils l’étaient vraiment, ce ne serait déjà pas si mal. Cela vaut mieux que de défendre la « technétronique », ce gadget du marxisme pour riches qui permettra de vivre dans la mégalopole ouatée des ordinateurs et donnera à l’Occident une avance définitive sur le reste du monde.

Ou de défendre les camps électronucléaires (le mot de centrale ne suffit pas), les Seveso, les Ekofisk du futur, la prolifération incontrôlable des bombes atomiques qui les accompagne. Cela vaut mieux aussi qu’un marxisme pour pauvres qui vous met le marché en main : ou le Concorde ou le chômage, ou le nucléaire ou l’austérité. Oui, il vaut mieux être un défenseur de la campagne.

Au moins on rappelle ainsi que, dans notre société comme dans toute autre, si l’économie a la parole, la nature a le dernier mot. Ne portons pas d’œillères, ne censurons pas notre envie de terre, d’herbes folles, d’animaux, de silence, par peur de déplaire à Montparnasse, de désespérer Billancourt, d’être mal vu à la Défense !

Cela dit, s’il est vrai que chez les écologistes existe un certain amour de la nature végétale et animale, c’est un peu facile de les réduire a des contemplateurs de la campagne. L’intérêt pour la campagne, comme l’intérêt pour l’anthropologie, pour l’étude des sociétés différentes, prend place dans la recherche d’une vie pleine, d’une vie complète, face aux creux, aux évictions provoquées par la vie urbaine. Nous sommes en effet devenus incapables de répondre à toute une série de problèmes élémentaires, et nous devons recréer des conditions de vie et des relations propres à réintroduire les comportements élémentaires.

Prenons des exemples : si je ne sais plus faire ma cuisine, laver mon linge, réparer mes vêtements, si je ne sais plus, à la limite, en quelle saison nous sommes et ce qui pousse en cette saison, si je ne sais plus prévoir le temps, si je ne sais plus me soigner, c’est que je dépends pour tout cela d’un ensemble, d’une information sociale, au détriment de mon autonomie.

Retrouver des savoir-faire, c’est retrouver l’autonomie. Mais c’est aussi retrouver la tolérance pour le quotidien, pour la conversation, pour la trivialité. Notre société, par une sorte de souci de contrôle et de rationalisation, fuit le bavardage, la perte de temps, etc. Pourtant, les savoir-faire traditionnels circulent malgré tout et ils ont leur utilité, mais les gens en ont honte ; ils ne veulent que du rationnel, de l’organisé, du mécanisé. (…)

JPR : En somme, un grand retour à Rousseau ?

SM : Et même plus loin. C’est trop facile, dès qu’on prononce le mot de nature, ou nature humaine, de lui associer Rousseau. En réalité, tout le mouvement naturaliste, depuis qu’il existe, a affirmé que la liberté est chevillée à quelque chose de naturel, qu’elle est de l’ordre de la nature humaine.

Alors, comme nous réintroduisons effectivement le langage de la nature dans la critique de la société, il est facile de nous traiter de rousseauistes, avec une petite nuance de passéisme, de régression.

Finalement, la liberté de pensée reste l’alpha et l’oméga de toutes [126] les libertés. Disons-le de manière provocatrice parce qu’on n’ose pas, on n’ose plus le dire : la liberté de pensée, c’est le droit à la diversité consciente et voulue, le droit de refuser toute pression uniformisante. Là où elle existe, les autres libertés ne sont pas trop loin.

Elle s’exprime d’ailleurs aussi de façon matérielle, concrète : elle fait agir et, si on la respecte, elle devient une force. C’est pourquoi il ne faut jamais la sacrifier à quoi que ce soit. Elle est pour moi intimement liée à l’idée de nature.

La donnée principale de la nature, sa substance même, c’est l’extraordinaire diversité des individus et des groupes. Toute société qui se construit contre la nature tend à se militariser et à faire bon marché des libertés ; la société pour et avec la nature n’oublie jamais l’homme, n’oublie jamais sa nature, qui est d’être libre !

On a toutes les thèses de la « décroissance » qui sont ici exposées: chaque individu est unique, il faut vivre de manière plus ou moins austère afin de ne pas rentrer en conflit avec la Nature, sans pour autant reconnaître celle-ci, ni considérer qu’on en fait partie, il faut être totalement autonome, être capable de se débrouiller, etc.

Bref, c’est une vision romantique qui veut retourner en arrière sans le dire, et qui bien sûr ne parle jamais des animaux, et pour cause: le mode de vie végane n’est généralisable qu’avec une humanité unifiée échangeant des biens au niveau mondial. Sans cela, on retombe forcément dans la petite production… et l’exploitation animale.

Conférence internationale sur l’impact humanitaire des armes nucléaires

La France est un pays qui valorise  non seulement l’énergie atomique, mais également la bombe atomique. A ce titre, voici un appel lancé par l’ICAN – la Campagne internationale pour l’abolition de l’arme nucléaire.

Cet appel consiste en une pétition appelant la France à ne pas continuer de boycotter la Conférence internationale sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, qui a lieu cette année encore en Autriche (pays où le nucléaire est banni constitutionnellement – voir Potentiel hydroélectrique français et Autriche dénucléarisée).

Nous ne croyons pas au principe des pétitions, cependant ici ce qui compte surtout c’est l’esprit de mobilisation. L’arme nucléaire est monstrueuse, elle doit être interdite!

Monsieur le Président,

Notre pays, la France, comme l’ensemble des États de la Planète, est invité par le gouvernement autrichien à participer à la troisième conférence internationale sur l’impact humanitaire des armes nucléaires à Vienne les 8 et 9 décembre 2014.

Ce sujet préoccupe un nombre croissant d’États, comme en témoignent le succès des précédentes conférences d’Oslo et de Nayarit sur ce sujet majeur, ainsi que l’implication de 155 pays en soutien à la déclaration de la Nouvelle Zélande lors de la première commission de l’Assemblée générale de l’ONU en octobre 2014.

Qu’elles émanent d’experts, de la société civile, d’institutions ou d’États, toutes les études en cours concernant les conséquences de l’utilisation volontaire ou accidentelle d’une arme atomique arrivent à la même conclusion : seule l’élimination des armes nucléaires est de nature à nous prémunir de leurs effets.

S’engager dans un processus d’élimination contrôlée de ces armes est donc aujourd’hui la seule option sérieuse vers laquelle tous les États doivent converger. Seul un Traité international d’interdiction et d’élimination des armes atomiques peut y parvenir.

Il semble que notre pays n’ait pas encore répondu positivement à l’invitation du gouvernement autrichien.

Après le boycott par la France des deux premières conférences, vous comprendrez, Monsieur le Président, que l’absence de notre pays à cette conférence n’est pas envisageable. Si tel était le cas, nous enverrions au monde un très mauvais signal, notamment aux gouvernements des 184 pays non dotés de l’arme atomique qui s’inquiètent de la menace que les seules neuf puissances nucléaires font peser quotidiennement sur leur population.

La France ne peut rester sourde à ces appels. Vous ne pouvez pas non plus rester sourd aux inquiétudes de l’opinion publique française.

Nous attendons un engagement ferme de la France sur ce dossier et nous vous demandons de confirmer sans tarder la participation de notre pays à la Conférence de Vienne.

Dans cet espoir, veuillez agréer, Monsieur le président, l’expression de nos meilleurs sentiments.

[signature]

Pour les personnes désireuses de se mobiliser autour de cette conférence contre le nucléaire, voici quelques informations.

La campagne a fait d’énormes progrès au cours des deux dernières années mais, afin d’obtenir l’ouverture des négociations sur l’interdiction des armes nucléaires, nous savons que nous devons faire quelque chose de grand à Vienne. Je suis donc très heureuse de vous inviter à notre Forum de la société civile, qui aura lieu les 6 et 7 décembre à Vienne, juste avant la conférence des gouvernements.

Lors du Forum, des militants, des experts, des personnalités publiques et des survivants de la bombe vont se réunir pour débattre et partager des connaissances, dynamiser et  agir pour exiger la fin de l’ère des armes nucléaires.

La société civile et la mobilisation du public peuvent changer le monde. Cela s’est déjà produit lors des mouvements qui ont aboli l’esclavage, donné aux femmes le droit de vote, mis fin aux régimes d’apartheid et interdit les armes de guerre qui ne  comme les armes biologiques et chimiques, les mines terrestres et les bombes à sous munitions.

Les armes nucléaires peuvent être interdites et éliminées, nous avons juste besoin d’assez de personnes pour avoir le courage de croire que cela peut se produire maintenant.

Venez à Vienne et prenez part au mouvement historique pour interdire l’arme la plus inhumaine jamais créée!

Tous les renseignements sur le site du Forum de la Société Civile, sur le programme, les intervenants, les informations pratiques et les inscriptions sur goodbyenuk.es .

Beatrice Fihn
Directrice Exécutive
Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires

The Specials: « Alcohol », « Man At C&A », « Ghost town »

Voici quelques chansons du groupe anglais des années 1980 appelé « The Specials ». Il s’agissait d’un groupe très pointu musicalement, tout en étant très engagé, ce qui donne un mélange des genres largement influencé par le jazz, la soul ou encore les musiques jamaïcaines, ici en l’occurrence surtout le ska.

Voici la chanson intitulé « Alcohol ».

An icy wind blows through the door
You feel like you’ve been here before
You tremble and you start to sweat
The symptoms of withdrawal
Un vent glacial souffle à travers la porte
Tu as l’impression que tu as déjà été ici avant
Tu trembles et tu commences à transpirer
Les symptômes du sevrage

Alcohol
Why do you do it?
Why do you keep beating me?
You give some people a real good time
But you cause some untold misery
Alcool
Pourquoi fais-tu cela?
Pourquoi continues-tu à me battre?
Tu donnes aux gens un vrai bon moment
Mais tu provoques d’indicibles souffrances

Heroin
Why do you do it?
I don’t like what I’ve seen
You promise someone a real good time
And then you take them from their family
You tremble and you start to sweat
You don’t want to withdraw
And when your flesh begins to crawl
You’d rather not be here at all
Héroïne
Pourquoi fais-tu cela?
Je n’aime pas ce que je vois
Tu promets à quelqu’un un vrai bon moment
Et puis, tu les prends à leur famille
Tu trembles et tu commences à transpirer
Tu ne veux pas du sevrage
Et quand ta chair commence à ramper
Tu préférais ne pas être du tout ici

Voici un grand classique: « Man At C & A », « L’homme au (magasin) C & A », qui découvre que la guerre atomique a été lancé. L’ambiance est très bien montrée musicalement, en faisant un classique anti-nucléaire du même niveau que « Dancing with tears in my eyes » du groupe Ultravox.

Warning, warning, nuclear attack
Atomic sounds designed to blow your mind
World War Three.
Nuclear attack
Rocking atomically
This Third World War, atomic sounds.
Attention, avertissement, une attaque nucléaire
Des sons atomiques conçus pour souffler votre esprit
Troisième Guerre mondiale.
Attaque nucléaire
Un rock atomique
Cette troisième guerre mondiale, des sons atomiques.

The man in black he told me the latest Moscow news
About the storm across the red sea they drove their ball point views
I’m the man in grey, I’m just the man at C & A
And I don’t have a say in the war games that they play.
L’homme en noir, il m’a dit les dernières nouvelles de Moscou
À propos de la tempête sur la mer rouge, ils ont pris des décisions avec leurs stylos
Je suis l’homme en gris, je suis juste l’homme à C & A
Et je n’ai pas un mot à dire dans les jeux de guerre qu’ils jouent.

Warning, warning, nuclear attack
Shark attack to hit you on your back.
World War Three.
Attention, avertissement, une attaque nucléaire
Une attaque de requin [sic] frappant sur le dos.
Troisième Guerre mondiale.

The Mickey Mouse badge told, Ayatollah at his feet
You drink your oil you schmuck, we’ll eat our heads of wheat
But I’m the man in grey, I’m just the man at C & A
And I don’t have a say in the war games that they play.
Le badge Mickey Mouse a dit, l’ayatollah à ses pieds
Tu bois ton pétrole espèce de crétin, nous mangerons nos épis de blé
Je suis l’homme en gris, je suis juste l’homme à C & A
Et je n’ai pas un mot à dire dans les jeux de guerre qu’ils jouent.

Boom shakalaka boom
Nuclear nuclear, nuclear war.
Warning, warning, nuclear attack
The boom never ban

Boom shakalaka boom
Guerre nucléaire, guerre nucléaire
Attention, attention, guerre nucléaire
Le boum jamais interdit

Pour finir, voici la chanson « Ghost town », où le groupe explique que la ville devient une ville-fantôme en raison de la violence, qui anéantit toute vie sociale.

Sur la nature de la « domestication » en Amérique

Le cobaye ou cochon d’Inde est le plus typiquement et le plus anciennement domestiqué des Rongeurs.

Depuis maintenant 4 500 ans, cet attachant petit caviidé est élevé en liberté dans les habitations rurales des Andes, où il constitue à la fois un éboueur peu encombrant et une réserve permanente de viande, bien souvent la seule (Gade 1967 ; Huss 1982).

Importé en Europe, il est devenu, pour la facilité de sa manipulation et de son entretien, un animal de compagnie apprécié des enfants et le premier animal de laboratoire — c’est d’ailleurs de son nom en tupi, sabûja, via le portugais çabuja et le latin cobaya des naturalistes du XVIIIe siècle, que vient le mot français « cobaye », sujet d’expérience (Bloch & von Wartburg 1964 : 138).

Les conditions de sa première domestication sont mal connues : il aurait d’abord été chassé — probablement piégé — (à partir de — 10 000) avant de devenir un aliment de prédilection, d’être apprivoisé et peut-être parqué (entre —7700 et —6300) et enfin pleinement et massivement domestiqué (par endroits à partir de — 5000, définitivement vers -2500) (Lavallée 1990 : 28-29).

Leurs incisives et leur régime alimentaire, qui leur permettent de s’attaquer à des nourritures extrêmement diversifiées, ainsi que leur rythme de reproduction très élevé font des Rongeurs de redoutables voleurs de réserves alimentaires, auxquels les hommes ont toujours livré une guerre acharnée ; on peut donc imaginer qu’à force de traquer les ancêtres du cobaye, les anciens habitants des Andes ont fini par comprendre le parti qu’ils pouvaient en tirer. (…)

Résumons-nous. Le continent américain se signale par une association ori­ginale de trois types d’actions domesticatoires :

1) à l’époque précolombienne : « premières domestications » d’espèces indigènes peu nombreuses (alpaca, lama, cobaye, dindon et canard à caroncule), selon un processus néolithique bien connu de « chasse sélective » (surtout, ici, pour les camélidés) ;

2) à toutes les époques : apprivoisements nombreux, presque systématiques dans certaines sociétés amérindiennes, d’animaux sauvages isolés, apprivoise­ments qui ont pu tantôt favoriser (chien) tantôt empêcher (bison, caribou) les domestications « vraies » ;

3) à partir du XVIe siècle : re-domestication d’animaux qui, après avoir été introduits par les Européens (pintade, bœuf, cheval), étaient retournés en maints endroits, parfois massivement, à la vie sauvage (animaux marrons) à la faveur des désordres qui accompagnèrent la Conquête.

Ces faits posent, me semble-t-il, deux grandes questions aux américanistes. Première question : existe-t-il un lien nécessaire — et de quelle nature ? — entre ces processus domesticatoires et des strates socio-culturelles qui corres­pondraient, en gros :

1) à des sociétés agro-pastorales andines plus ou moins intégrées dans un cadre étatique (un peu à la manière des nomades montagnards de l’Ancien Monde) ;

2) à des sociétés de chasseurs-cueilleurs vivant en marge des formations étatiques ;

3) à des systèmes, sans équivalent ailleurs (sauf peut-être en Sibérie ?), qui associent, à des degrés divers, la chasse et l’élevage (Gua-jiro, Indiens des Plaines) — sociétés et systèmes auxquels s’ajoute évidemment

4) le système hispano-américain fondé sur l’élevage bovin extensif et la grande propriété.

Deuxième question : ces processus domesticatoires, ainsi que les ensembles socio-culturels auxquels ils sont éventuellement liés, forment-ils des systèmes domesticatoires indépendants les uns des autres ? ou bien sont-ils interdépendants, leur association constituant la base d’un seul et même système domesticatoire américain intégré et original ? On permettra au non-américaniste que je suis d’ajouter que je penche fortement pour cette dernière hypothèse.
(Un Aspect méconnu de l’histoire de l’Amérique : la domestication des animaux)

Quelques actions illégales en France en novembre 2014

Voici les dernières informations en provenance de Bite back à propos des actions illégales ayant la libération animale comme motivation.

Une information datant du 17 novembre 2014:

« Dans la nuit du 16 novembre les serrures de l’une des agences DHL parisiennes ont été collées et la vitrine taguée. DHL est le principal client de ABX Air, filiale de ATSG, seule compagnie de cargo connue pour le transport des singes depuis l’Asie vers les laboratoires de vivisection des États-Unis. DHL doit faire pression sur ABX pour arrêter ces voyages vers l’enfer. Nous ferons tout pour qu’elle le fasse. »

Le 15 novembre, Bite back a expliqué en anglais que onze véhicules de l’entreprise Valette (qui produit du « foie gras ») à Gourdon ont été incendiés. Des photographies reprises de la presse française ont été publiées.



Enfin, le 7 novembre Bite back a publié un communiqué en anglais, expliquant que dans le sud de la France douze lapins ont été libérés le 1er novembre 2014 par des « activistes végans ».

Jean-Marie Pelt ou les animaux prétextes à l’esprit chrétien

Pour continuer autour de Grothendieck et de tout cet microcosme plus ou moins « réac », voici un exemple très représentatif avec une interview donnée par Jean-Marie Pelt à La dépêche, à l’occasion d’un article sur les « animaux de compagnie ».

Jean-Marie Pelt est une figure connue des médias, qui le présentent comme un écologiste engagé; il a écrit de très nombreux ouvrages, soit autour des plantes (sa spécialité scientifique) qu’autour de « l’écologie » en version non biocentriste. Comme Jacques Ellul ou encore Jean Bastaire, c’est d’ailleurs également et logiquement un fervent chrétien, car si on ne reconnaît pas la Nature, alors il ne reste que Dieu.

Pour cette raison, dans son interview il faut vraiment voir comment le christianisme suinte de ses réponses. Il est très important de repérer cela,  car c’est précisément l’esprit de Notre-Dame-des-Landes, du principe « la terre elle ne ment pas », etc.

Jean-Marie Pelt parle ainsi d’amour en général dans une sorte d’esprit mystique, où les animaux sont prétextes à saluer un esprit communautaire. Il célèbre une vision utilitariste des « animaux de compagnie », appelle « consommer plus de poissons,  il faut se tourner également plus vers la volaille ou le lapin », etc.

Bref, on est comme chez Grothendieck dans une célébration de la communauté idéalisée autour de l’exploitation animale « mesurée », « humaine », etc.

«L’animal apporte une paisible compagnie»

Botaniste-étologue, professeur de biologie, écrivain, et président de l’Institut Européen d’Ecologie, Jean-Marie Pelt est surtout un observateur attentif des grandes mutations de nos sociétés.

En pharmacien et spécialiste des espèces vivantes, il puise dans les leçons que nous donne la nature en permanence des règles pour mieux vivre, mieux se nourrir et mieux protéger les ressources essentielles de la planète. Une manière de faire le lien entre la nature et le monde moderne avec philosophie.

Comment expliquez-vous l’engouement des Français pour les animaux de compagnie ?

Je pense que c’est partiellement lié au fait que la modernité technologique n’améliore pas forcément la qualité des relations humaines qui sont souvent aujourd’hui très dégradées. On communique énormément, mais on communique peu avec l’esprit et le cœur. L’animal de compagnie apporte une paisible compagnie, il est toujours présent pour l’être vivant, il est proche du quotidien.

On évoque plus de 63 millions d’animaux de compagnie en France, est-ce un chiffre que l’on peut mettre en lien avec l’augmentation de la solitude ?

Oui, c’est certain, beaucoup de gens sont seuls et dans ce cas, l’animal constitue une présence vivante. On peut reporter sur lui de l’affection.

N’y a-t-il pas un paradoxe entre la liste des espèces menacées qui s’allonge et ce chiffre de 63 millions ?

Non, je crois que ce n’est pas une contradiction. Les animaux de compagnie sont, c’est sur, très nombreux mais ils sont en général tout à fait bien soignés. Ce sont des animaux, eux, qui sont très protégés.

Retrouve-t-on le concept d’animal de compagnie dans l’histoire ?

Non, on ne l’a pas toujours eu dans l’histoire. Je pense à la Bible, il y a peu d’animaux de compagnie. En revanche, il y a une grande peur des grosses bêtes sauvages comme les rhinocéros ou les crocodiles. Les Hébreux considéraient qu’ils étaient épouvantablement méchants. Il n’y avait pas, à l’époque, d’animaux de compagnie. Le seul, c’est le chien de Tobie, mais c’est tout. Jésus dit qu’il ne faut pas donner le pain des hommes aux petits chiens. Je ne sais pas s’il aimait les petits chiens, mais il en a parlé.

C’est plus un concept du monde moderne ?

Il me semble bien que oui. Mais j’attire beaucoup l’attention sur le fait que les relations humaines dans le monde moderne sont maintenant très «technologisées», et l’animal de compagnie ne l’est pas.

L’animal de compagnie c’est une nature apprivoisée, très proche de nous, avec laquelle on peut échanger. Je me suis d’ailleurs réjoui qu’à l’Assemblée nationale, on ait défini très récemment les animaux comme des êtres sensibles et non plus comme des meubles. Cela dit bien que notre proximité à leur égard s’est beaucoup améliorée, ils sont mieux traités qu’ils ne l’étaient autrefois.

Il y a quelques années vous aviez écrit un livre sur la solidarité des animaux, on a encore à apprendre d’eux ?

Oui, surtout quand on a un animal de compagnie. On a à apprendre quels sont ses modes de comportement, pour répondre positivement à ses sollicitations. Les animaux nous apprennent beaucoup de choses. Chaque espèce a ses comportements-types, instinctuels. Chaque animal a son caractère, tout ça en fait des êtres qui sont finalement très proches de nous.

Et puis on a peut-être aussi à apprendre certains comportements de solidarité comme ceux observés dans une meute, puisqu’on parle énormément du loup. Le loup «alpha» règle sa marche sur la capacité des plus petits à suivre la meute. Il y a des solidarités très fortes dans une meute de loups.

Dans votre livre «Le monde a-t-il un sens», vous parlez d’associativité plutôt que de compétitivité, ça fait penser à la vie en troupeaux des animaux sauvages. On peut en tirer des lignes de conduite pour les humains ?

Oui, par exemple dans un monde qui est dominé par la compétition et l’agressivité, celui dans lequel nous vivons, on ne met pas en scène, dans les films animaliers les solidarités qu’il y a entre les animaux, dans un troupeau. On montre plutôt le méchant lion qui mange la vieille gazelle. On ne montre pas toutes ces relations «amicales», pour reprendre un terme qui était celui du fondateur de l’écologie, Ernst Haeckel en 1866.

En fait, il y a beaucoup de relations entre les animaux, qui sont pour une immense majorité d’entre eux des êtres vivants qui vivent en association. Il y a bien des animaux solitaires comme les tigres en particulier, mais ce sont des cas très rares. L’animal vit en compagnie de ses frères.

Est que vous avez ou avez eu des animaux ?

Oui, j’avais une petite chienne, un Griffon, qui est morte il y a un an dont je suis très privée. Et pas plus tard qu’hier soir nous avons évoqué la succession de la petite Sarah. Mais la petite Sarah était si parfaite à tous égards que nous nous demandons si nous en trouverons une qui sera aussi gentille qu’elle.

Plus globalement, vous êtres très attentif aux ressources de la planète, on est dans le grand débat viande — légumes ?

Les Chinois sont passés, en l’espace d’une génération, de 20 grammes de viande par jour à 50 grammes. C’est considérable pour une population d’1 milliard 300 millions de personnes, ça fait monter en flèche la consommation mondiale de viande. Pour nous, les Français, nous avons un peu baissé, nous tournons à environ 100 kg par an, on était un peu plus haut, il y a une tendance à la baisse ou à la légère stabilisation.

Ceci dit on mange trop de viande, et en particulier trop de viande rouge et on a délaissé, ce qui est assez incroyable, les légumes secs qui contiennent beaucoup de protéines : les fayots et lentilles qu’on mangeait dans les lycées et les casernes apportaient des lots de protéines. cette consommation s’est quasiment effondrée. Donc on a été dans la mauvaise direction. Il faut consommer plus de poissons, il faut se tourner également plus vers la volaille ou le lapin. Nous ne sommes pas sur la bonne longueur d’ondes, nous ne faisons pas ce qu’il faudrait faire.

La « fête des animaux » en 1970, 1971 et 1972

La mort d’Alexandre Grothendieck a été prétexte de remarques toutes favorables dans la presse, ce qui est logique puisqu’un hurluberlu racontant n’importe quoi correspond parfaitement à ce qu’attend cette presse de la part d’un « écologiste ». Pas de radicalité, un esprit « scientifique », une existence anti-sociale, les animaux oubliés, et surtout pas de Gaïa : Alexandre Grothendieck est ainsi parfait.

Libération en a ainsi fait le « fondateur de l’écologie radicale », ce qui est totalement ridicule. Alexandre Grothendieck ce sont des critiques du nucléaire et de la pollution, de la technique, dans quelques numéros d’une revue qui furent ronéotypés (l’ancêtre de la photocopie), mais cela s’arrête là (voir Grothendieck et le groupe « Survivre et vivre »).

Alexandre Grothendieck parle-t-il des animaux ? Non. Parle-t-il de la Nature ? Même pas. C’est juste un de ces typiques partisans français de la décroissance, de la petite production en mode rustique.

Libération a été bien plus inspiré de dire :

« Il aurait été à l’aise à Sivens avec les zadistes qui ont repris son combat. »

Car, c’est vrai, c’est le même esprit. José Bové y est allé d’ailleurs dans le même topo, toujours dans Libération :

Peut-on faire un lien avec les zadistes ?

Il faut. Que voit-on émerger ? Un lien entre la question des modes de vie et celle de l’engagement écologique. On mène des combats et on change sa vie au quotidien. Il y a une remontée très forte face à l’urgence de la crise écologique que nous connaissons aujourd’hui. C’est ce que portait le slogan Ici et maintenant. La radicalité est la même, on peut dire que les zadistes à Sivens ou à Notre-Dame-des-Landes sont les enfants de Grothendieck.

Aucun contenu, juste un « style » : c’est vrai c’est pareil.

De manière bien plus intéressante, loin de cette logique du « la terre, elle, ne ment pas », voici un extrait de ce qu’on peut trouver dans un bulletin de l’association de Grothendieck. Il s’agit d’une information concernant une « fête annuelle des animaux ».

L’information dans le bulletin consistait en fait à faire appel à des gens de l’association pour passer là-bas, pour tenir un stand, etc.

Or, ce qu’on y lit est terriblement frappant : on est au début des années 1970 (en 1972 exactement) et on peut lire des choses qui correspondent, pratiquement mot pour mot, à l’argumentaire qu’on peut lire aujourd’hui.

C’est inquiétant : on n’a pas avancé en 40 ans, ou bien le discours actuel est franchement dépassé par la libération animale, il y a beaucoup à réfléchir. En tout cas si vous avez des informations au sujet de cette fête des animaux qui s’est tenu le 1er octobre (1970, 1971 et 1972 au moins), n’hésitez pas à nous en faire part !

[Cliquer sur l’image pour l’avoir en (un peu) plus grand.]

Grothendieck et le groupe « Survivre et vivre »

Hier est mort le mathématicien Alexandre Grothendieck, à l’âge de 86 ans, qui était considéré comme une grande figure scientifique du 20ème siècle pour différents travaux. Il a frappé les esprits par son engagement, lié à l’écologie, mais très brouillon.

Alexandre Grothendieck était une sorte de hippie génial en mathématiques. Apatride en raison de la seconde guerre mondiale (son père meurt à Auschwitz), il refuse de l’armée pour devenir français, devient alors professeur dans différents pays avant de l’être en France dans un institut privé, Institut des hautes études scientifiques, qu’il quittera quand il saura que le ministère de la défense le finance en partie.

Lauréat de la médaille Field, l’équivalent du Nobel en mathématiques, en 1966, il refuse d’aller la chercher dans l’URSS sous Brejnev. Par la suite, il refusera de nombreux prix et finira sa vie, seul, en Ariège à Lasserre. Il a écrit de très nombreux articles au sujet de son engagement, de ses réflexions et de sa vie, remplissant des milliers de pages, de manière énigmatique voire franchement obscure ou incompréhensible, comme par exemple « Récoltes et semailles – Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien« .

Au cours de ce parcours, dans les années 1970, Grothendieck avait fondé le groupe « Survivre et vivre » avec d’autres mathématiciens de haut niveau, dont Pierre Samuel et Claude Chevalley.

Ce groupe a été fondé à Montréal en 1970, et se veut un « mouvement international pour la survie de l’espèce humaine », puis un « mouvement international et interprofessionnel pour notre survie ». Son but est présenté comme suit :

« Lutte pour la survie de l’espèce humaine et de la vie en général menacée par le déséquilibre écologique créé par la société industrielle contemporaine (pollutions et dévastations de l’environnement et des ressources naturelles), par les conflits militaires et les dangers de conflits militaires. »

Pour résumer, le groupe « Survivre et vivre » entend survivre en s’opposant aux conséquences du « monde industriel », et vivre en abolissant la contradiction entre les scientifiques et la population.

Pour cette raison, les scientifiques doivent se tourner vers la population, et catégoriquement tout lien, même passif avec les militaires.

Plus concrètement, le groupe essayait de développer une sorte de contre-culture, au moyen d’une sorte de fanzine, allant jusqu’à  tirer 12500 exemplaires. Le milieu était celui de Charlie Hebdo et de La gueule ouverte, ces journaux satiriques engagés dans ce qui était déjà l’esprit de la « décroissance », la CNT, les pacifistes, etc.

On est dans un ton très satirique – cynique, comme en témoigne cet exemple de dessin qu’on pouvait trouver.

Pour le ton, on ne sera guère étonné de voir cette idéologie localiste – décroissant – individualiste qui va du Larzac à Notre-Dame-des-Landes, avec toujours cette mystique de la petite production, de la communauté autogérée, etc.

Entre des appels anti-militaristes et des critiques du nucléaire, on peut par exemple trouver un article très révélateur sur… la recette du lait caillé, afin d’éviter d’avoir à acheter des yaourts industriels, dont l’emballage pollue.

On peut trouver les publications de ce groupe sur cette page ; voici un extrait plutôt intéressant (par rapport au reste!) et pouvant aider à comprendre le sens de cette approche.

Le groupe « Survivre et vivre » n’a jamais ainsi voulu assumer de gérer un quelconque changement : ainsi l’écologie était à la fois saluée, à la fois rejetée comme voulant ralentir la croissance et la gérer à long terme, et donc assumer de diriger l’Etat, ce à quoi le groupe, dans un esprit anarchiste, rejette.

Au final, cela a contribué plus qu’autre chose à renforcer le mouvement dit « désirant » des années 1970 (vivre selon ses désirs, etc. etc.), dans ce fameux esprit libéral-libertaire qui a suivi 1968, avec cet esprit de petites communautés hippies critiques de la « société technicienne », une idéologie qu’on retrouvera par la suite ces quinze dernières années dans ces fameuses revues gratuites distribuées dans les magasins bios.

« Mais ce geste devient de plus en plus fréquent »

Voici un article, de nouveau tiré de la presse non nationale (La Nouvelle République), qui retrace un parcours individuel face à l’alcool. C’est quelque chose de très concret, de trop concret sans doute justement pour que les journaux nationaux en parlent. Et c’est justement ce qu’inversement des médias locaux progressistes devaient traiter, car l’actualité des gens, c’est aussi le combat face à l’alcool.

Face à la dépendance, face aux non-dits, face à l’isolement. Le regard d’autrui vis-à-vis des gens dépendants est rarement solidaire, même si cela s’explique aussi par les effets de la dépendance sur les rapports sociaux (agressivité, violence, etc.).

Il y a lieu en tout cas de toujours saluer le courage des gens qui ont réussi à combattre leur dépendance, à en triompher. C’est une lutte difficile, et toujours sur le long terme. Voilà pourquoi on ne soulignera jamais assez l’importance de la culture, et il faut donc rappeler ici : quand on est straight edge, on ne l’est pas que pour soi, on donne également un signal aux autres, et cela peut aider !

Cela donne un signal, cela montre qu’on a conscience des enjeux. En apparence, l’alcool relève du choix individuel, mais ce n’est pas vrai: il y a les producteurs d’alcool, il y a les bars, il y a le fait que l’alcool est un moyen de « fuir » les problèmes. L’alcool, c’est tout un système, et c’est une illusion de penser qu’il s’agit « juste d’un petit coup », d’un acte individuel sans origine sociale, sans rapports avec la société, sans liens avec l’idéologie dominante.

On en est au point que pour beaucoup, se saouler est devenu une  habitude festive, et même le seul moyen de faire la fête. L’alcool, en fait, est devenu une consolation pratiquement du même type que la religion, avec ses illusions, ses rituels, sa négation du réel.

Loir-et-Cher – Santé
Elle se sort de l’alcool après des dégâts sur sa santé

Son naufrage dans l’alcool lui a causé de nombreux problèmes de santé. Aujourd’hui, Ghislaine est complètement sortie de cette addiction. Elle témoigne.

Il y a quelques années, Ghislaine (*), la quarantaine, a connu une véritable descente aux enfers. Suite à un problème d’emploi, elle s’est retrouvée seule face à elle-même. « J’ai très mal supporté cette situation. Ne plus rien faire du jour au lendemain alors que je travaillais sans interruption depuis l’adolescence a provoqué en moi un électrochoc », confie la Solognote.

Pour tenter de se détendre, elle commence par prendre un apéritif le midi, puis le soir, seule chez elle. Mais ce geste devient de plus en plus fréquent.

« L’appel du verre en amène un autre, poursuit-elle. Je considérais l’alcool comme mon ami. Je suis arrivée à en absorber une quantité excessive quotidiennement. » En état alcoolique, Ghislaine se sent forte et invincible.

« Mais quand l’alcool ne fait plus effet, on s’aperçoit que les problèmes sont toujours là et on reprend un verre. C’est un cercle vicieux. »
Au fil des mois, son état de santé se dégrade. « Il ne faut pas croire que l’alcool atteint seulement le foie. Le mien va très bien. En revanche, la première année, j’ai fait une névrose optique. J’avais un œil qui ne distinguait plus trop les couleurs. J’ai été hospitalisée pour ça. » Lors de son passage à l’hôpital, elle fait la connaissance d’Anne-Marie Brieude et Manuela Laurent, addictologues et appartenant au Rézo addictions 41.

« Je savais que j’avais un problème avec l’alcool, mais je n’étais pas prête à suivre une cure. Je pensais que je pouvais m’en sortir seule. » Mais après chaque hospitalisation, Ghislaine retombe dans les travers de l’alcool. « J’ai eu par la suite des problèmes au niveau des artères et des nerfs sur les membres inférieurs. »

Vient pour elle le moment de solliciter une cure : elle y part pour cinq semaines. A son retour, elle reste abstinente pendant sept mois. Mais un jour, comme pour se tester, elle reprend un verre, celui qui va l’entraîner dans une nouvelle alcoolisation.

Surviennent alors des pancréatites aiguës. « Après une crise violente qui m’a conduite à l’hôpital, j’ai arrêté l’alcool. Mais c’était trop tard, le pancréas était atteint. Mes pancréatites ont continué pendant un an et demi. »

«  Une nouvelle vie démarre  »

Devenue totalement abstinente, Ghislaine s’en remet au professeur Salamé, spécialisé dans les transplantations hépatiques, qui l’opère à l’hôpital Trousseau, à Tours. « L’intervention a consisté à couper la tête du pancréas, à retirer quatre organes et à reconstruire des veines et des artères. Malgré les risques encourus, j’ai accepté l’opération, qui s’est bien passée. »

Aujourd’hui encore, elle est en convalescence chez elle. « On m’a donné une seconde chance, une nouvelle vie démarre. » Dans cette lutte contre l’alcool, elle a pu compter sur le soutien de Christian et Josette de l’association Vie libre de Romorantin dont elle fait désormais partie. « Il ne faut pas avoir peur de demander de l’aide. »

Vie libre Romorantin : M. et Mme Menneray, tél. 02.54.98.63.27.
(*) Il s’agit d’un prénom d’emprunt pour préserver l’anonymat de la personne.

Unilever contre « Just mayo »

De nombreux médias ont parlé de cette histoire, qui n’est que la pointe de l’iceberg. En effet, on sait que nombre de producteurs de nourriture végétalienne utilisent les mêmes termes que ceux de l’exploitation animale, et même le goût si l’on peut dire, pour certains de leurs produits.

On appelle cela les « simili-carnés » et nous sommes de notre côté radicalement contre : le véganisme est une révolution culturelle, nous n’avons pas à apprécier le goût ou la forme d’un être vivant assassiné.

Ce qui s’est donc passé, c’est que le grand groupe UNILEVER – plus de 46 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et qui possède notamment ici Maille et Amora – a attaqué aux États-Unis une mayonnaise végétalienne, « Just mayo« .

« Just mayo » est accusée de tromper les consommateurs, qui pourraient penser que c’est de la mayonnaise alors que cela n’en est pas. Naturellement, UNILEVER défend ainsi Hellmann’s, sa propre mayonnaise.

Car « Just mayo » est déjà disponible dans 20 000 supermarchés aux États-Unis, et prend donc des parts de marché à Hellmann’s. Quand on pense d’ailleurs aux États-Unis, on peut penser au ketchup, mais en fait là-bas sont consommés trois plus de mayonnaise que de ketchup !

On voit l’enjeu, et d’ailleurs « Just mayo » est présentée comme une mayonnaise moins chère et meilleure pour la santé ; l’argument végétalien n’est pratiquement pas mis en avant.

La logique derrière est effectivement simplement commerciale. « Just mayo » est produite par une petite entreprise californienne appelée Hampton Creek, qui date de 2011 et fonctionne sur le principe de la start-up, tout en venant grosso modo de « lever » une vingtaine de millions de dollars.

Interrogé à ce sujet, le fondateur et directeur de cette société, Josh Tetrick, explique :

« Nous ne mettons pas notre produit sur le marché pour des progressistes prenant des arbres dans leur bras [traduction littérale de « tree-hugging liberals »] à San Francisco, même si là maintenant je suis au milieu de neuf d’entre eux.

Nous avons monté cette entreprise pour essayer de vraiment pénétrer les endroits où la nourriture qui-est-meilleure-pour-vous n’est jamais allée auparavant, et cela signifie droit dans le rayon condiment de [la chaîne de supermarché] Walmart. »

« Just mayo » était son premier produit, et désormais sont également produits des cookies. Il a fallu deux ans d’étude pour produire cette mayonnaise, à base d’une plante herbacée canadienne appelée gesse aphaca.

Seulement voilà, UNILEVER s’appuie sur le fait que selon les responsables institutionnels de l’administration américaine, la Food & Drug Administration, une mayonnaise doit contenir des œufs.

On notera en France que c’est pareil, et même en Europe. Voici ce que dit le « code des bonnes pratiques » au sujet de la moutarde, de la « Fédération des Industries des Sauces Condimentaires, de la Moutarde et des Fruits et Légumes préparés à l’Huile et au Vinaigre de l’Union Européenne Mayonnaise » :

MAYONNAISE
1. DESCRIPTION
La mayonnaise est une sauce condimentaire obtenue en émulsionnant une ou plusieurs huiles végétales alimentaires dans une phase aqueuse constituée par du vinaigre, l’émulsion huile-dans-eau étant produite en utilisant du jaune d’œuf. La mayonnaise peut contenir des ingrédients facultatifs conformément à la section 2.3.

On a ici une contradiction patente et l’entreprise produisant « Just mayo » se la joue David contre Goliath, comme en témoigne cette image, rapidement enlevée d’ailleurs, sans doute pour ne pas trop en faire par rapport au procès à venir (d’autant plus que dans la start-up ou dans son financement on trouve des gens de Microsoft, Google, Yahoo…).

Malheureusement, tout cela est pourtant très logique. On ne peut pas refaire un monde non vegan en vegan, simplement en « végétalisant » l’exploitation animale. Il y a là une contradiction complète. Le véganisme a besoin de nouveaux goûts, d’une reconnaissance de la Nature, pas de gens s’extasiant devant des simili-carnés reproduisant très précisément la forme de « cadavres ».

C’est une question de cohérence, de respect, et de culture !

La lutte aux Chambarans

Voici une présentation de la lutte aux Chambarans, en Isère, qu’on peut retrouver diffusée sur le net.

CENTER PARCS : Géographie pour zadiste amateur

Il nous paraît d’une importance stratégique claire que si nous voulons enrailler la machine destructrice de Pierre & vacances il nous faut connaître le terrain du COMBAT, d’autant plus que les travaux avance très vite :
Petit descriptif de la topographie des lieux impactés par le projet de Pierre & Vacances :

Les Chambarans (qui veut dire champs bon a rien) se caractérise par une zone de plateau recouvert par une végétation assez dense. _ Plusieurs obstacles de tailles sont a pendre en compte. Notamment des zones de marais, des clôtures barbelées et une végétation arbustive parfois très denses.

Une bonne connaissance de l’orientation est importante, voir indispensable (la forêt est un vrai labirynthe !) surtout si on doit aller vite. Pensez a pendre des bottes de pluie ou des bonnes chaussures de marche, un pentalon épais, des chaussettes de rechanges et des vêtements chauds. L’eau est omniprésente de partout.

Concernant la police et les vigiles :
Ils sont présent principalement au nord de la zone où le travail de défrichement a commencé. Notamment au nord du point d’altitude 600 (voir carte topo CP).

A l’est de ce point, 250 mètres, été présent au 10 Novembre, 4 machines de déforestations et deux voitures de vigiles (pas toujours occupées par les vigiles, ce qui veut dire qu’ils tournes à pied dans la zone)
La police à été vue au croisement situé au nord des deux lacs du bois des Avenières (voir carte topo). Ils faisaient des contrôles d’identités appartement sans fouille de véhicule. Les keufs ont été vu de manière temporaire sur la route principale qui traverse la forêt (la D20f en pointillé orange sur la carte topo).

Les zones les plus détruites se situeront au niveau du bois des Avenières et au nord du point 600 (voir Plan de masse CP). Ce seront les bâtiments principaux du center parc et les parkings.
POINT RAPIDE ANTI-REP :

La prudence est de mise pour l’instant, nous sommes en sous nombre par rapport à l’ennemi. Vêtement sombre, boussole, petit groupe et discrétion de mise.
Les téléphones et les mails sont des mouchards pour la police, éviter de communiquer et d’en être dépendant (le tel ne passe pas dans la zone de toute façon)
Ne parler de vos actions qu’avec des gens de confiance, votre groupe affinitaires ou vos ami-es proches…et surtout ne vous vantez pas !

Il n’y a pas de champignon sur la zone, c’est rodé !!!
Si vous vous faites arrêté, vous êtes en obligation de donner votre identité (après c’est a vous de voir quelle identité !!!). Vous n’êtes pas obligé d’avoir votre carte sur vous, cependant il peuvent vous retenir au poste 4h pour contrôle d’identité.

Vous êtes sur une propriété privé, ne l’oubliez pas. Ce qui ne constitue pas un délit en soi mais faites attention.
Les fouilles de véhicule par la police est interdite sauf si ils vous montre un arrêté préfectoral.
Pour plus d’info allez voir sur le site infokiosque.net, rubrique « guide pratique ».

LES CARTES :

Carte topo au 25/1000 de la zone sur laquelle est marquée les contours de la zone de center parc en rose ; la zone de déforestation actuelle en vert foncée ; la présence la plus probable des flics avec un carré rouge.

Pour précision de l’échelle, le terrain de foot qui se situe au sud-ouest de Roybon fait environ 200 mètres.
Pour l’orientation, les noms sont toujours marqué perpendiculaire au Nord. Le chemin qui coupe le bois des Avenières (avec un trait continu et un autre en pointillé sur la carte) est un bon repère. Vous pouvez aussi utiliser les chemins forestiers (en trait double trait pointillé). Nous avons l’avantage que les flics ne peuvent pas nous suivre en bagnole sur ces chemins.

Carte du plan de masse et la carte satellite (datant d’avant les travaux) vous donnent un bon aperçu de la densité de la forêt, des différents champs et des futurs constructions.

Pour se rendre sur le terrain.

Depuis grenoble et Valence, l’idéal est de passer par St Marcellin (D1092) et remonter vers le nord, st Apolinard (suivez la D20 jusqu’à Roybon). Une fois à Roybon, prendre à gauche au niveau du garage auto, traverser le centre et tourné à gauche sur la D20f. Suivez la route sur environ 3Km. A partir de là, plusieurs choix s’offre à vous pour rentrer sur le site. Mais préférer ne pas garer les véhicules trop proche des zones en vert foncé.

Et si vous n’êtes pas amateur des zones humides vous pouvez aussi aller voir du côté de Paris :
Groupe Pierre & Vacances-Center Parcs L’Artois, Espace Pont de Flandre 11, rue de Cambrai 75947 Paris Cedex 19 – France Tél. : +33 (0)1 58 21 58 21

Ne vous y méprenez pas, ce petit guide est fait pour AGIR non pour rebuter. Avoir une connaissance des données du terrain peut nous donner l’avantage face à la police et aux aménageurs de nos espaces. Même en cas d’échec, les expériences acquissent sur le terrain nous serons utilent pour tous les combats à venir.
Les Lutin-es noir-es en colère (qui on vu le film Forest Warrior avec Chuck Norris)
AU TESTET COMME AUX CHAMBARANS, ZAD PARTOUT !

Voici, pour l’anecdote, la scène « mythique » du film Forest Warrior, où l’esprit de la forêt réincarné en humain arrête d’une main une tronçonneuse. De manière étrange, il s’agit ici de Chuck Norris, dans un rôle très progressiste puisqu’il protège une forêt des promoteurs, lui qui d’habitude a des rôles reflétant son point de vue ultra-conservateur…

« Réinventer autre chose, sur les ruines de la forêt »

Sur le site Jef Klak on trouve un « Entretien fleuve avec des opposant⋅e⋅s au barrage de Sivens » dont voici quelques extraits présentant de manière claire le projet de barrage de Sivens et enfin la situation actuelle. Le reste de l’entretien, très long, traite notamment de tout le processus de lutte.

C’est un document important, car il témoigne du même processus qu’a eu lieu à Notre-Dame-des-Landes: on passe d’une lutte sur une base plus ou moins écologiste à « autre chose ».

Cette « autre chose » est définie dans l’interview par l’expression « réinventer autre chose, sur les ruines de la forêt », et consiste, on l’aura compris, entre une défense pacifiste et localiste de la petite production, dans une perspective à la fois anarchiste et – on doit bien le dire – pétainiste (la logique du « La terre, elle, ne ment pas; Elle demeure votre recours » etc.).

D’ailleurs, ces « pirates » des temps modernes dénoncent désormais le caractère « mafieux » du projet de barrage, en raison des liens entre les élus et les entreprises concernées. Sauf qu’il n’y a rien de « mafieux »: telle est la simple logique du capitalisme et de l’anthropocentrisme, de la destruction de la Nature…

Mais il semble bien que cette question ait été « jetée » aux oubliettes.

Est-il possible de nous faire un très bref historique du projet de barrage du Sivens ?

Dans le Tarn, entre Gaillac et Montauban, un ruisseau nommé Tescou traverse la forêt de Sivens et la zone humide du Testet. Une vallée tranquille où l’on venait se balader ou se ressourcer, chasser ou cueillir des champignons – des usages vernaculaires, non marchands et, dans un certain sens, vecteurs d’autonomie.

Bref, le profil type d’un bout de territoire « qui ne sert à rien » pour les élus et les technocrates ; dans leur tête, l’idée trotte depuis soixante ans de « valoriser » cette terre pour en faire quelque chose qui serve au développement économique. Les rapports se sont succédé au bal des projets inutiles : plan d’eau, centre de loisirs, déchetterie… Le type de chantiers qui demandent de ravager un territoire jusqu’ici préservé, le mettre au service d’autres portions de territoire déjà saccagées, que ce soit par l’agriculture intensive, l’urbanisation ou le tourisme…

En 2001, une enquête d’utilité publique est lancée sur le « confortement de la ressource en eau du Tescou », jetant les prémices d’un projet de barrage dans la vallée du Tescou. En 2009, une seconde enquête est censée remettre à jour les résultats de 2001, mais les données n’ont pratiquement pas été modifiées, alors qu’en neuf ans le débit du Tescou s’est transformé, les besoins en irrigation et en dilution des pollutions ont évolué, de même que le nombre d’agriculteurs ayant besoin d’irriguer.

Ensuite, le projet a reçu plusieurs avis défavorables de la part d’instances chargées du patrimoine et de l’environnement : le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) en 2012, le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) en avril et en septembre 2013.

À quoi correspond l’appellation « zone humide » ?

À une stratégie environnementaliste de « zonage du territoire » (assez comparable à celle des gestionnaires) pour essayer de préserver des niches écologiques face à la bétonisation généralisée.

Mais elle s’est montrée incapable d’enrayer un système qui détruit la nature. « Zone humide » renvoie à des endroits marécageux accueillant une faune et une flore particulièrement riches, mais cette catégorie ne vient pas du parler paysan lié aux usages vernaculaires du territoire : ici, on parle de « bouilles » et il s’agit de terre sans grande valeur économique (d’où le nom du collectif d’occupation « Tant qu’il y aura des bouilles »).

Les bouilles, c’est les mauvaises terres où pousse la « mauvaise herbe »… Le terme « zone humide » renvoie au contraire à l’idée de « conservatoire » chère à certains écologistes. Depuis que la forêt a été ravagée, certains voudraient en ce sens forcer l’État à replanter et restaurer la zone dans son état d’avant la déforestation – un état qu’ils s’imaginent sauvage ou vierge.

Quand on traverse la région, beaucoup de forêts et de bois semblent épargnés, et la retenue d’eau concerne une petite superficie… Pourquoi ce projet a-t-il été décidé ici ? Y a-t-il d’autres enjeux qui font que c’est spécifiquement cette portion de territoire qui est visée depuis 30 ans ?

C’est vrai que de là où nous parlons, dans la région de causses et de forêts un peu plus au nord de Sivens, on a l’impression d’être dans une région préservée. Mais autour de la forêt de Sivens, c’est les plaines du Tarn et du Tarn-et-Garonne, avec leur agriculture et leur arboriculture intensives, des tournesols et des champs de maïs à perte de vue…

Sivens est le début de cette zone de forêts et de collines qui remonte au Nord vers la Grésigne, puis s’étend vers l’Aveyron jusqu’au centre de la France. En terme géographique, géopolitique même, la signification pratique de ce barrage est que la « Beauce » du Tarn et du Tarn-et-Garonne étend son emprise sur un territoire qu’elle n’avait pas encore défiguré.

Il y a aussi cette histoire d’industrie laitière : l’un des arguments en faveur du barrage consistait à dire que l’eau du Tescou n’était pas utilisable par les agriculteurs parce qu’une industrie laitière Sodiaal y déverse ses déchets toxiques. Contrairement au discours ambiant qui s’émeut des catastrophes écologiques en cours, on préfère donc diluer les pollutions plutôt que les stopper…

L’agriculture industrielle est au cœur de cette lutte. Le conseil général martèle que la « retenue » servira à 70% pour l’irrigation et à 30% pour « soutenir l’étiage » du Tescou.

C’est-à-dire qu’on aurait besoin du barrage pour la maïsiculture (très forte consommatrice d’eau), mais aussi, cerise sur le gâteau, pour diluer les pollutions d’une coopérative laitière industrielle (Sodiaal, c’est tout de même la cinquième coopérative de lait mondiale) et d’une station d’épuration.

En effet, « soutenir l’étiage » du Tescou signifie faire en sorte qu’il y ait en été un niveau d’eau suffisant dans le Tescou, ruisseau qui a tendance à s’assécher, ce qui concentre les pollutions.

Qui est à l’origine de ce projet de barrage ?

L’initiative vient d’une compagnie d’économie mixte (public-privé), la CACG (Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne), et de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne – c’est-à-dire les deux sociétés qui gèrent le potentiel hydraulique de tout le bassin de la Garonne autour de Toulouse, en aval et en amont. La CACG a construit beaucoup de barrages et de retenues, à des fins différentes : certaines ont été faites pour la centrale nucléaire de Golfech et d’autres pour l’agriculture.

Cette compagnie a 17 autres barrages dans les tiroirs pour les années à venir. Dans son conseil d’administration siègent beaucoup d’acteurs publics : André Cabot (vice-président du conseil général du Tarn et membre du conseil d’administration de l’Agence de l’eau Adour-Garonne), Christian Astruc (conseiller général du Tarn-et-Garonne), Jean-Louis Guilhaumon (vice-président de la région Midi-Pyrénées), Henri-Bernard Cartier (président de la Chambre régionale d’Agriculture de Midi-Pyrénées), Yannick Villeneuve (directeur du Centre d’affaires Gascogne Bigorre de la Caisse d’Épargne Midi-Pyrénées), Bernard Lalane (Caisse Régionale du Crédit Agricole Nord Midi-Pyrénées), etc.

Le projet est porté par les conseils généraux du Tarn et du Tarn-et-Garonne, avec l’appui de l’Union européenne. Un des détails que mettent en avant une partie des opposant⋅e⋅s, c’est que la CACG a mené à la fois l’étude d’utilité publique en 2001, et le chantier. C’est donc la même compagnie qui justifie le projet et qui le réalise, en plein conflit d’intérêts… (…)

Pour la suite de la lutte, justement, un rassemblement national est organisé le 25 octobre. N’est-ce pas trop tard, étant donné que la déforestation a déjà eu lieu et que la zone est déjà ravagée ?

Les travaux sont prévus jusqu’en juin 2015. La lutte prend de l’ampleur, les autorités paniquent et les surcoûts s’accumulent. Il y a aussi des échéances liées aux subventions de l’Union européenne. Si le département veut toucher le pactole de l’Europe, ils doivent achever les travaux avant le 21 juin 2015.

Or, selon les propres aveux du conseil régional, il est à présent devenu impossible de tenir ces délais – et les opposant⋅e⋅s sont déterminé⋅e⋅s à tout faire pour que cela devienne impossible, en inscrivant la lutte dans la durée

Dans une logique écologiste axée uniquement sur la préservation des zones humides, de la forêt et des espèces, la lutte n’a plus de raison d’être ou presque.

La forêt est rasée, la zone humide dévastée, avec des tractopelles et des bulldozers qui achèvent d’éliminer toutes les espèces qui n’ont pas été déportées par les naturalistes, dans des endroits où elles vont crever parce que ce n’est pas leur milieu naturel.

Bref, si le but de la lutte était de faire un conservatoire environnemental, nous avons perdu.

Le collectif Testet maintient malgré tout la lutte. Car il y a d’autres bonnes raisons de s’opposer au barrage, plus politiques : le rêve qu’il y ait toujours et partout des « bouilles », des espaces inexploités où aller rêver et expérimenter, la volonté de résister aux arrogantes élites locales, de s’opposer ici aussi aux politiques nationales d’aménagement du territoire, de bétonisation, d’industrialisation.

Mais maintenant, il va falloir réinventer autre chose, sur les ruines de la forêt. Par ailleurs, il faut bien se rappeler qu’il y a une ribambelle d’autres barrages en projet dans les années à venir : plus ce barrage-là sera cher, plus les autres seront durs à faire passer.

Un « éternel Treblinka » s’est exprimé à Nantes

Ce qui s’est passé à Nantes avec les ragondins (Massacre de ragondins devant la préfecture de NantesDe nouveau sur les barbares de Nantes) mérite vraiment qu’on s’y attarde. C’est un phénomène, en effet, très particulier que de voir un tel événement. Ce n’est pas rien, on ne peut pas se dire simplement : ces gens sont des idiots.

Car ce fut assurément extrêmement bien organisé et les gens y participant ont été très contents. Ils étaient totalement motivés, prenant des photos et riant, criant, n’hésitant pas à frapper les ragondins, etc.

Un tel événement relève d’une culture : essayons de voir laquelle. Déjà, on doit s’attarder sur la dimension publique de cet acte. Les ragondins étaient amenés comme des prisonniers, alors regardons ce que dit le droit international à ce sujet.

Convention (III) de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre, 12 août 1949.
Traitement humain des prisonniers

ARTICLE 13. – Les prisonniers de guerre doivent être traités en tout temps avec humanité. Tout acte ou omission illicite de la part de la Puissance détentrice entraînant la mort ou mettant gravement en danger la santé d’un prisonnier de guerre en son pouvoir est interdit et sera considéré comme une grave infraction à la présente Convention. En particulier, aucun prisonnier de guerre ne pourra être soumis à une mutilation physique ou à une expérience médicale ou scientifique de quelque nature qu’elle soit qui ne serait pas justifiée par le traitement médical du prisonnier intéressé et qui ne serait pas dans son intérêt.

Les prisonniers de guerre doivent de même être protégés en tout temps, notamment contre tout acte de violence ou d’intimidation, contre les insultes et la curiosité publique.
Les mesures de représailles à leur égard sont interdites.

Un contre-exemple connu de présentation au public, datant d’avant la convention d’ailleurs, fut la marche de plus de 50 000 prisonniers de guerre allemand à Moscou, en juillet 1944. Mais cette « marche des vaincus » se fit dans le silence.

Non, pour retrouver une telle furie, avec une plèbe entourant des êtres vivants pour les vilipender, les frapper, il faut aller chercher chez les nazis, comme lorsqu’à Vienne en 1938 après l’invasion allemande des personnes juives furent forcées par la « populace » à nettoyer les rues à la brosse à dents.


Toutes proportions gardées, on retrouve les mêmes postures dans les bizutages ou tout autre acte sadique fait en collectif. Et on retrouve toujours des hommes, pratiquement aucune femme. On est là dans une démarche foncièrement primitive, où la raison disparaît, où ne règne plus que des sortes de pulsions malsaines.

Et ces pulsions sont-elles naturelles ? Bien sûr que non. Il n’y a rien de naturel à enfermer des ragondins dans des caddies, pour les exposer sur la place publique afin de les maltraiter. On est là dans le raffinement destructeur, dans l’idéologie de l’oppression. Tout cela est terriblement malsain.

Et il ne pouvait y avoir qu’une époque malsaine comme en ce moment pour que ces gens osent étaler au grand jour leur volonté ignoble de faire mal, d’humilier, de détruire.

En pensée, Herman fit l’oraison funèbre de la souris qui avait partagé une partie de sa vie et qui, à cause de lui, avait quitté cette terre.

« Tous ces érudits, tous ces philosophes, les dirigeants de la planète, que savent-ils de quelqu’un comme toi ? Ils se sont persuadés que l’homme, espèce pécheresse entre toutes, domine la création. Toutes les autres créatures n’auraient été créées que pour lui procurer de la nourriture, des fourrures, pour être martyrisées, exterminées.

Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, c’est un éternel Treblinka. » (Isaac Bashevis Singer, The Letter Writer)

De nouveau sur les barbares de Nantes

Ecoeurement, révolte : ce qu’ont fait les agriculteurs à Nantes en montrant au grand jour la dimension arriérée de leur démarche et de leur culture. Les réactions sont nombreuses et virulentes, au point que Xavier Beulin, le président de la FNSEA, qui récemment dénonçait encore les « djihadistes verts », s’est vu obligé de dire que :

« Je considère que c’est une connerie et je ne cautionne pas ce genre de dérapage. »

Hypocrisie bien sûr: c’est un simple choix tactique pour paraître « responsable ». Mais c’est trop tard. Car à force de se comporter en fascistes et de célébrer leur corporatisme au moyen de coups de force divers et variés (comme avec les « bonnets rouges » incendiant ici et là), tous ces gens n’ont pas fait seulement exercer une « pression » : ils révèlent leur visage.

On a pu voir des hommes – et uniquement des hommes – vociférant, frappant des animaux sans défense, après les avoir transporté dans des caddies servant de cage, dans un rassemblement de masse dont le niveau culturel a été le même qu’il y a 2500 ou 3000 ans chez les barbares.

Sauf que cette barbarie, ici, a été « intellectualisée », elle se veut « justifiée » et prétend même représenter l’avenir ! Voici ce qu’a expliqué notamment Alain Bernier, président de la FNSEA 44, sans honte aucune :

«C’est scandaleux que tout le monde se focalise sur cette histoire alors que cette manifestation à risques a été gérée de main de maître, sans la moindre casse. Il y a visiblement un décalage profond entre les citadins et le monde rural.

Il faudrait que les citadins sortent un peu de chez eux, mettent des bottes, pour voir notre réalité. Les ragondins sont des animaux nuisibles! Ils détruisent les ruisseaux, les berges, les récoltes, véhiculent des maladies pour le bétail.

Ils peuvent aussi être dangereux et agressifs pour l’homme. C’est un fléau pour notre profession et nos campagnes. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont piégés.»

Ce discours est typique ; il relève de l’esprit génocidaire fondé sur l’anthropocentrisme, esprit qui se veut « justifié » par la défense de l’humanité et de ses acquis. Comme si cette action représentait donc la défense de la civilisation, pas moins !

Et cette mentalité barbare, on la retrouve même chez des « défenseurs » des animaux. Par exemple, Ariane Ambrosini, qui est responsable du service juridique de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) a expliqué dans des médias que « Personne ne remet en question ce statut d’animal nuisible. La destruction peut se faire ».

La Ligue ROC dit pareillement que « La destruction du ragondin est possible mais coûteuse. Elle ne se justifie que lorsque les fortes densités de population provoquent localement des dégâts importants. »

De tels propos sont odieux, criminels. Car d’où vient le ragondin ? D’Amérique du Nord. Et comment est-on arrivé à ce qu’il soit présent désormais dans 70 départements français ? En raison de l’exploitation animale, en l’occurrence les « élevages » pour la « fourrure ».

Et donc l’humanité, après avoir exploité cette espèce, se donnerait le droit de l’exterminer comme bon lui semble ? Voilà une mentalité de « gestionnaire » totalement illusoire. La prétention de l’humanité à gérer la vie est criminelle et totalement vaine. La vie est un ensemble et il est absurde de penser que l’espèce humaine en serait la reine.

Le 21e siècle ne peut consister qu’en une remise en cause de toute cette prétention. Depuis le réchauffement climatique jusqu’à la barbarie à Nantes à l’encontre des ragondins, il y a la même logique destructrice.

Au nom du profit et de l’égoïsme, au nom de l’exploitation animale et de la barbarie, tout serait donc permis ? Impossible, la planète abrite la vie de manière trop complexe pour que l’humanité puisse aussi simplement que cela, en quelques centaines d’années, anéantir des millions d’années d’évolution.

L’humanité a accumulé des connaissances et des moyens, mais sans une reconnaissance de la Nature, elle se place elle-même hors de la réalité, elle se condamne, à la barbarie et à la destruction.