100 tonnes de neige « de production » par hélicoptère à Sainte-Foy-Tarentaise

Si vous avez eu des illusions quelconques sur la COP 21, voici qu’avant la fin de l’année, la station de ski de Sainte-Foy-Tarentaise vient les enlever.

Afin de satisfaire l’infime minorité aisée de France qui va au ski, cette station près du Mont Blanc a décidé de transporter une centaine de tonnes de neige par hélicoptère.

On a en quelque sorte un résumé de ce qui ne va pas : une minorité qui profite, dont le style de vie est destructeur, des gens qui travaillent et qui sont otages de cette minorité par conséquent, avec entre les deux une administration permettant que tout fonctionne comme il se doit.

Quand on pense que la station en question revendique sa démarche « développement durable », on voit la dimension barbare de cette hypocrisie.

Voici d’ailleurs la justification, on ne peut plus capitaliste, donnée par la station et qu’on pouvait lire dans Le Parisien :

« On a déposé cette neige de culture produite en novembre, à 2 200 m d’altitude, sur la piste de l’Aiguille qui est un secteur très important de la station avec trois télésièges et neuf pistes de tout niveau.

Si la piste de l’Aiguille ferme, tout s’arrête. Il fallait donc faire quelque chose pour satisfaire notre clientèle et préserver l’emploi des professionnels de la station. Il a fallu 80 rotations d’hélicoptère pour monter la neige. Cela a coûté entre 5 000 et 10 000 euros », explique François Piquet, directeur du domaine skiable.

Il ne faut pas cependant s’arrêter là! La neige amenée était considérée par la station comme… du « stock »! Il s’agit même de « neige de production », réalisée au moyen de « canons à neige », comme on l’apprend sur Francetvinfo!

Jointe par francetv info, Anne Marmottan, directrice de l’Office du tourisme de cette station de ski de la Tarentaise, affirme que « le débat est clos » et « ne souhaite pas alimenter la polémique ».

« Amener la neige par chenillettes plutôt que par hélicoptère aurait demandé trop de rotations », explique-t-elle. L’opération visait « à réeneiger une piste tout en haut qui risquait de ne plus être praticable dans sa partie du milieu. A force de passer dessus, les skieurs usent la neige, les cailloux affleurent. Si nous ne faisons rien, nous sommes obligés de fermer cette piste qui maintient l’axe du sommet à l’arrivée ».

Elle précise qu’il s’agissait d’une « neige de production déplacée d’un point à un autre en hélicoptère ». Plus précisément, d’eau transformée en neige, en novembre, avec des canons à neige, et stockée au cas où l’or blanc viendrait à manquer.

Toujours prêt à se lancer dans l’obséquiosité, voici encore ce que dit la responsable au sujet des hélicoptères, qui sont là pour le confort!

La responsable tient à pointer un émoi qu’elle juge hors de propos : « L’hélicoptère, c’est un moyen de transport qu’on utilise beaucoup en montagne, pour les secours, les refuges … On s’en sert quand on en a besoin. »

Elle note qu’on s’interroge moins sur les pratiques d’héliski (où l’hélicoptère emmène le skieur jusqu’au sommet d’une pente), théoriquement interdites, mais autorisées par des pays voisins, ou sur la façon dont les sodas servis frais en terrasse sont amenés aux skieurs, dans ces stations d’altitude. « Les touristes sont habitués au confort ».

Elle précise également, dans son grand élan de générosité pour le droit des bourgeois à skier :

« Spontanément, nous n’avons pas eu de remarques [des vacanciers]. Mais il y a des répercussions de cette affaire montée en épingle par les médias sur les réseaux sociaux, sur Facebook. Loin, dans les villes, les gens face à leur ordinateur y vont de leurs commentaires. »

Voilà au moins qui est franc ; la minorité aisée de ce pays peut lui remettre la médaille du dévouement. On peut difficilement faire pire dans le réactionnaire, le beauf, l’anti-Nature.

De manière plus intéressante, voici le point de vue à ce sujet du facebook Humans of Chamonix qui a été créé il y a quelques mois par une personne habitant là-bas et qui raconte la vie des gens, ce qui se passe, etc.

Je suis guide de haute-montagne et fondateur de TVMountain, une chaine de télévision spécialisée dans les reportages montagne. J’aime aussi dire ce que je pense et même si cela ne plait pas toujours à tout le monde, dans ce microcosme qu’est Chamonix, je continue de m’exprimer.

Hier après-midi, j’étais dans la benne du Prarion quand on m’a dit qu’il y avait des rotations d’hélicoptère pour transporter la neige sur les pistes des Houches. Les gens parlaient de ca et cela les révoltait.

Après les visites de nos ministres sur le glacier de la Mer de Glace, après la COP 21, après des dizaines de manifestations contre la pollution dans la vallée, nous, les Chamoniards, les professionnels de cette vallée, les montagnards amoureux de notre air pur, on accepte qu’on transporte la neige par hélicoptère au mépris de toute éthique écologique ? On soutient cette image de la montagne bling-bling, agenouillée devant les dollars ? Si nous ne défendons pas notre environnement et notre qualité de vie, personne ne le fera à notre place.

Bien-sûr, j’entends déjà les contre-arguments : « ce n’est pas quelques heures d’hélicoptère qui vont changer le taux de gaz carbonique » ou alors « il y va de l’emploi de nos professionnels ». Mais le changement climatique n’est-il pas l’affaire de tous ?

N’est-il pas la somme des efforts particuliers pour obtenir un résultat commun ?

Cet « or blanc » transporté à prix d’or ne donne t-il pas la pire des images de notre vallée ? Comment est ce que les gens d’ici vont encore pouvoir avoir confiance dans les politiques en place quand de tels agissements sont possibles ?

Comment vont-ils pouvoir rester motivés à faire des efforts écologiques quand d’un autre côté, on démarre l’hélicoptère quand la neige ne vient pas ?

Peut-être qu’on a là déjà un effet de la COP 21. Avant ce qui n’était pas écolo apparaissait comme non conforme à la Nature. Aujourd’hui, les gens les plus conscients comprennent, peut-être enfin, que c’est anti-Nature.

C’est peut-être une nouvelle époque qui s’ouvre, enfin! La planète n’attend que cela : que le bleu et le vert reprennent leurs droits, que l’humanité brise l’anthropocentrisme et assume le mot d’ordre « la Terre d’abord! », dans une vie collective pacifiée, faisant du véganisme une valeur universelle.

Lemmy Kilmister et Motörhead

Les médias ont été nombreux à honorer hier Lemmy Kilmister, décédé à 70 ans, après une carrière de 40 ans, chanteur et bassiste du fameux groupe Motörhead, connu pour son rock’n roll profitant de l’énergie du punk et son son puissant et heavy metal, avec les albums Overkill et Bomber de 1979 et Ace of Spades de 1980.

Lemmy Kilmister a vraiment fait avancer la musique, de par ses apports, permettant à un son lourd d’être mélodique, vraiment accrocheur. Voici son parcours en quelques chansons. Tout d’abord un groupe de space rock auquel il a appartenu : « Hawkwind ».

Voici la chanson « Overkill » de Motörhead, en live, tout un exemple de l’orientation rock en version speed heavy metal si l’on peut dire.

Voici « Love me forever », chantée par la metal queen Doro avec Lemmy Kilmister, dans la lignée de leur duo classique Alone again.

Et voici une visite de Motörhead… au journal télévisé de TF1 dans les années 1980.

Les deux dernières vidéos expriment l’énorme paradoxe de Lemmy Kilmister, rebelle sans cause exprimant d’un côté ce qu’il y a de meilleur dans l’attitude rock : la dimension sentimentale, pleine d’abnégation, respectueux de l’amitié, haïssant le mensonge, etc. Rien que de plus ouvrier, en quelque sorte.

Pour cette raison, Lemmy Kimister est devenu une figure populaire incontournable, qu’il stylisait grâce à sa voix gutturale, son micro toujours posé un peu trop haut l’amenant à élever sa bouche, ses paroles de chansons célébrant la solitude du looser tentant d’arracher à la vie des parcelles de bonheur, etc.

Cette orientation individualiste est à la base de l’autre aspect : Lemmy Kilmister a joué un rôle très négatif en cultivant une image de rocker solitaire vivant rock’n roll, tout en étant parfaitement inséré socialement, jouant à la console de jeux et se baladant en… tank dans sa propriété, alors que sa résidence était remplie d’objets nazis de la seconde guerre mondiale et en se vantant de haïr les légumes et d’aimer la viande.

Lemmy Kilmister, c’est le meilleur et le pire de l’identité du rockeur metal, dans un mélange souvent indigeste : le rappel de la valeur de l’amitié, du courage, avec une fascination certaine pour l’esthétique fasciste, une exigence populaire associée à un refus catégorique des nantis, une apologie de l’esprit d’aventure tout en célébrant les piliers de bars, la mise en avant de l’héroïsme mais un engagement social se résumant à la dénonciation des pédophiles, l’éloge de l’alcool et du sexe consommé « virilement » tout en exprimant les sentiments tourmentés les plus romantiques et les joies de la vie de famille.

Bref, tout cela ravit les journalistes, trop contents de raconter que Lemmy Kilmister expliquait qu’une guitare est « un aimant à chattes », qu’il aurait couché avec 2000 femmes, qu’il prenait des amphétamines comme des bonbons ainsi que du LSD, qu’il buvait de l’alcool fort comme personne et qu’il aurait bu 45658 bouteilles de Jack Daniel’s, qu’il aurait fumé trois paquets de cigarettes par jour, que les médecins lui auraient exigé qu’il ne donne jamais son sang tellement il était toxique et que pour cette raison on n’aurait pas pu le transfuser, etc.

Quel intérêt a ce mode de vie absolument inauthentique? Aucun, à part se gâcher et gâcher son art. Lemmy Kilmister s’est corrompu dans la posture du rebelle sans cause, finissant par mettre sa vie en scène, répétant finalement en boucle un style et une attitude, avec une approche très non-conformiste tout en étant conservateur dans les valeurs.

C’est un peu du punk metal brillant à l’origine, mais se répétant lui-même et tournant vers une dimension conservatrice, exactement comme l’ont fait les Ramones, avec au final un éloge de la dope et de la baise, de la vulgarité et de la provocation, le tout exprimé avec un « coeur d’or » de rebelle sans cause. C’est du rocker pour journaliste, à l’opposé de ce qui a été reconnu par les gens dans Motörhead.

On a là, au fond, tout ce qui distingue – ou a distingué historiquement – le rock metal du punk hardcore, tout au moins dans les années 1980 / 1990, avant que tout se noie dans un même metal – metalcore qu’on écoute au kilomètre, sans regarder forcément les valeurs transportées, que tout se perd dans l’apparence… Jusqu’à une prochaine nouvelle vague porteuse d’authenticité, de créativité artistique, de valeurs positives.

108 : « Solitary » et « Serve and defy »

Le groupe 108 a été l’une des grandes figures du Krsnacore, ce mouvement musical et culturel du début des années 1990. Au-delà de la critique religieuse du monde (avec laquelle on peut évidemment ne pas être d’accord, ce qui est bien sûr notre cas), il y a une démarche de remise en cause de la vie quotidienne égoïste qui est d’une grande efficacité, d’une très grande lucidité paradoxalement.

C’est que le culte à Krishna ne vise pas une satisfaction religieuse de manière abstraite, mais une remise de l’ego, de la vanité.

Voici la traduction de deux chansons, qui sont certainement d’une grande inspiration, et cela d’autant plus aujourd’hui alors que justement les individus cachent leurs faiblesses derrière le masque uniformisé, conforme, toujours « joyeux » des réseaux sociaux.

Être authentique, rester honnête à tout prix, lutter pour rester sincère, s’arracher à une société de fausseté, d’apparence, de quête du profit dans le mépris de la compassion, c’est une grande bataille individuelle, qui s’insère dans une utopie collective !

Condemned cell incarcerates me
No walls, no bars on this cage
It’s just me
Une cellule condamnée m’incarcère
Aucun mur, pas de barreaux à cette cage
C’est juste moi

The penitentiary is my identity
In this solitary
I learn what it’s like to be so
Alone
Ce pénitentiaire est mon identité
Dans cette réclusion
J’apprends ce que c’est d’être tellement
Seul

Crouched in a lonesome corner I shiver
Head faced to the wall my eyes
Glued to the mirror
Accroupi dans un coin isolé je frissonne
La tête faisant face au mur mes yeux
Collés au miroir

Masculinity beats the living hell out of me
Vanity is only my reality
My only cold companion
La masculinité me fait sortir entièrement de mes gonds
La vanité est ma seule réalité
Mon seul froid compagnon

Each moment without you I die
Each moment without you I die
Each moment without you I die
O, Krishna
Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
Chaque moment sans toi je meurs
O, Krishna

Try to give myself in these words,
Try to express self in song,
Try to clarify all the reasons why.
Essayer de donner moi-même dans ces mots,
Essayer d’exprimer le soi en chanson,
Essayer de clarifier toutes les raisons pourquoi.

Try to clarify why
what I said,
why I said, why.
Because I know that I know I am not body.
Essayer de clarifier pourquoi
Ce que j’ai dit
Pourquoi j’ai dit, pourquoi,
Parce que je sais que je sais que je ne suis pas corporel.

Try to give myself in these words,
Will you open up your heart to these words,
Try to clarify, try to amplify,
I got to clarify why what costume.
Essayer de me donner moi-même dans ces mots
Ouvriras-tu ton coeur dans ces mots,
Essayer de clarifier, essayer d’amplifier
Essayer de clarifier pourquoi quel costume.

Externals will suffocate me.
Don’t give me your costume.
I’ll try to reach inside.
I got to clarify, I got to amplify all the reasons
why I choose to serve and defy,
I got to clarify, I got to amplify why
what I said, why I said, why.
Les choses externes me suffoqueront.
Ne me donnez pas votre costume.
J’essaierai d’atteindre l’intérieur.
J’ai à clarifier, j’ai à amplifier toutes les raisons,
Pourquoi je choisis de servir et défier
J’ai à clarifier, j’ai à amplifier pourquoi
Ce que j’ai dit, pourquoi j’ai dit, pourquoi.

Because I know that I know I am not body.
May He Shine through these words
Parce que je sais que je sais que je ne suis pas corporel
Puisse-t-il briller à travers ces mots

L’exposition universelle de survie de 1975

Voici des documents extrêmement précieux, au sujet d’un événement qui devrait être – et qui sera – dans les livres d’histoire :  l’exposition universelle de survie, qui s’est tenue à Bruxelles en 1975.

20 000 entrées payantes et autant de personnes présentes au nom des associations : cela a été un fait marquant et on ne peut qu’être frappé de l’extrême modernité des thèmes qui y ont été abordés.

Bien sûr, on pourra toujours reprocher telle ou telle approche, tel ou tel point de vue, tel ou tel oubli. Mais comment ne pas voir que cela allait dans le bon sens, que cela tentait, de manière démocratique, de faire évoluer l’opinion publique.

Voici l’affiche de l’initiative.

Voici, en pdf (cliquer sur l’image), le dossier de presse, extrêmement intéressant, une source d’inspiration pour aujourd’hui encore, avec la variété des thèmes, le souci démocratique.

Les gens ayant été à l’origine de l’initiative ont publié un petit texte de rappel, à l’occasion de la COP 21, le voici (cliquer sur l’image).

Voilà des documents très utiles, appartenant à la grande cause qu’est notre planète, l’ensemble vivant qu’elle forme!

 

« La vaste farce de la COP 21 »

Voici une intéressante lettre du courrier des lecteurs de Clicanoo, un journal de la Réunion. Elle synthétise bien ce que tout observateur un tant soit peu sérieux peut comprendre de la COP 21.

Mieux encore, elle doit inspirer: nombreuses sont les personnes ayant compris que la COP 21 avait failli. Que vont faire ces personnes? Vont-elles se replier sur elles-mêmes, ou se lancer dans la bataille pour la planète? Comment ont-elles saisi les enjeux?

Pour les gens sans conscience, la COP 21 a été un fait divers parmi d’autres. En réalité, son impact va être immense, tant positivement que négativement : le soulèvement pour la Nature est inévitable.

La vaste farce de la COP 21

Une très longue ovation a clôturé la fin de la comédie écolo de la COP 21 aboutissant à des obligations non contraignantes telles que :

– Tous les 5 ans,un mécanisme de contrôle du respect des engagements sur la réduction des émissions des gaz à effet de serre pris par les États s’effectuera en 2025 sur la base du volontariat. Les méchants contrôleurs seront… les États eux-mêmes !

– Un fonds de 100 milliards de dollars sera abondé par les pays riches,sur la base du volontariat pour aider les plus pauvres à réguler leurs émissions à partir de 2020 ! La Chine (la nation la plus riche et la plus polluante au monde) s’est exclue de ce dispositif ! Au vu des délais, autant dire que c’est renvoyé aux calendes grecques.

Pour rappel,10% des États parmi les plus riches sont responsables de 50% des émissions polluantes de la Terre.

– Les 195 États ont jusqu’à avril 2017 pour signer ce traité et,ensuite, devront le faire ratifier par leur parlement. Enfin,cerise sur le gâteau (c’est là qu’on s’aperçoit de la force des multinationales dans leur travail de lobbying), cet accord contraignant sur la base du volontariat (sic) ne s’appliquera que si au moins 55 États représentant 55% des émissions le ratifient.

Avant la Conférence, chaque État devait dire qu’elle serait sa contribution volontaire de réduction d’ici 2030 (pourquoi pas 2060 ou 2080 ?).

Mais aucune sanction n’est prévue. Sur proposition des USA (2e pollueur mondial), une mauvaise publicité serait faite à l’encontre du pays réticent à respecter ses pseudo-engagements pour qu’il ait honte !

C’est tellement ridicule qu’on se croirait dans une cour de récréation de maternelle et ce serait risible s’il n’y avait pas l’enjeu de la survie de l’espèce humaine.

Et dire que les USA sont capables de faire signer des accords commerciaux comportant de très fortes pénalités pour les États et de les faire juger par des tribunaux internationaux de coquins à leur solde.

En cas de signature du TAFTA (Europe/USA), si un État veut restreindre l’exploitation de gaz de schiste ou veut favoriser par des incitations fiscales le développement de l’énergie solaire, toute multinationale pollueuse pourra lui demander de très importants dommages et intérêts pour tout risque de diminution de profits possibles.

L’Union Européenne a adopté un double langage au cours de cette COP 21 : favorable dans le discours, mais très réticente en coulisses vis-à-vis de toute réglementation climatique qui pourrait entraver le libre-échange commercial entre blocs économiques signataires.

La montagne a encore accouché d’une souris,elle-même déjà mal barrée pour un renouvellement de la future espèce intelligente à l’instar de celle qui a vu notre émergence (suite à une très longue évolution des espèces) après l’extinction des dinosaures il y a 65 millions d’années.

Le citoyen pas si naïf

« Fin de la Cop21 : un accord universel à suivre de près… »

Voici le point de vue d’Europe Ecologie Les Verts sur la COP 21. On remarquera qu’il est présenté de manière très technocratique, et pour cause : son auteur, Lucile Schmid, a fait Sciences-Po et l’ENA, travaillant à de multiples postes de haut fonctionnaire, membre du Parti Socialiste pendant des années, avant de rejoindre EELV en 2010.

À 19h29 le 12 décembre 2015, les 195 pays réunis à Paris ont adopté à l’unanimité un accord pour limiter le réchauffement climatique. Après 24 heures de prolongation, les points de blocage ont été surmontés.

L’accord reflète dans son équilibre général la persistance de réelles divergences dues à la très grande diversité des situations nationales.

Mais c’est un véritable succès d’avoir réussi à obtenir une approbation universelle – l’accord de Kyoto ne portait au final que sur 15% des émissions de CO2 mondiales – cet accord de Paris permet donc de trouver un socle commun de discussion et de dynamique vers une économie décarbonée pour l’avenir.

L’accord sera définitivement signé en avril 2016 et entrera en vigueur en 2020.

On peut en retenir la garantie d’un financement à hauteur d’un plancher de 100 milliards de dollars à compter de 2020 qui était un sujet essentiel pour que la confiance soit établie entre les pays occidentaux et le groupe des 77, la confirmation du mécanisme de révision tous les 5 ans à compter là encore de 2020, ou la confirmation du principe de responsabilité commune mais différenciée qui fonde l’approche des COP et conduit à reconnaître que les efforts à mener pour aboutir à l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre doivent être proportionnés aux responsabilités et moyens de chaque pays.

Les Etats insulaires ont obtenu que l’accord mentionne l’objectif de contenir en dessous de 2 degrés le réchauffement climatique si possible à à 1,5 degrés, limite au-dessus de laquelle de nombreux états insulaires seront en effet submergés.

C’est une surprise lorsqu’au début de la négociation seul l’objectif de 2 degrés était communément évoqué.

Mais cette victoire a un prix. L’objectif de réduction des émissions à long terme est particulièrement flou et ne constitue pas une contrainte.

Il est juste prévu de « viser un pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre dès que possible «.

Pour mémoire le GIEC juge nécessaire de baisser de 40 à 70% les émissions de GES d’ici 2050 pour se situer dans une trajectoire de réchauffement à deux degrés.

Jean Jouzel,  ancien vice-président du GIEC, a dans les heures qui ont suivi l’adoption de l’accord alerté sur le fait que se fixer un objectif de 1,5 degrés sans y adjoindre les contraintes correspondantes n’avait pas de sens. Il a également rappelé que le scénario de réchauffement à deux degrés était déjà extrêmement difficile à atteindre.

Il faut également remarquer que l’accord devant entrer en vigueur en 2020 et le mécanisme de révision prenant effet tous les 5 ans, l’addition de ces deux éléments nous emmènerait beaucoup trop loin dans le temps sans revue des engagements par rapport à la situation (15 ans de délai alors que le GIEC a estimé dans son dernier rapport que c’était les 20 prochaines années qui étaient décisives).

C’est pour cette raison que le groupe de pays qui s’est formé pour porter une haute ambition sur le climat (high ambition) et qui comprend l’Union européenne comme les Etats-Unis ( qui ont fait le choix de s’y joindre au cours de la négociation de Paris) ou le Brésil et des pays particulièrement vulnérables au réchauffement s’est engagé à une révision de ses engagements avant 2020.

Au vu de cette situation plusieurs orientations se dégagent :

–        D’abord la nécessité de faire d’un accord universel mais peu contraignant le point de départ d’une dynamique ce qui ne va pas de soi ;

–        Ensuite l’importance pour l’Union européenne de retravailler rapidement sur sa cohésion et son rôle de leadership et de médiation entre le Nord et le Sud dans la perspective de la Cop22 qui aura lieu au Maroc ;

–        Ensuite encore la nécessité de donner aux pays les plus impactés aujourd’hui par le dérèglement climatique (Afrique, pays les moins avancés, Etats insulaires) les moyens d’une adaptation concrète, rapide et efficace. Attendre 2020 pour mettre en place les outils d’une adaptation efficace serait criminel ;

–        Enfin le travail à effectuer rapidement pour faire le lien entre les engagements de l’accord et ceux des collectivités locales et des entreprises, comme des initiatives citoyennes.

Lucile Schmid, membre du Bureau exécutif chargée de la COP21

Décès de Jean-Marie Pelt

Les médias ont très largement repris l’annonce du décès de Jean-Marie Pelt, qui a notamment publié de nombreux livres dédiés à l’écologie, écologie dont il est présenté comme un « pionnier ».

Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’éducation a tweeté le message suivant:

Hommage à Jean-Marie Pelt, biologiste, botaniste et défenseur de notre environnement qui avait su transmettre ses passions au grand public.

EELV – qui entend par ailleurs bientôt changer de nom pour masquer son effondrement – a publié un message court et simple :

Europe Ecologie – Les Verts adresse ses condoléances à la famille du professeur Jean-Marie Pelt et rend hommage à l’oeuvre de ce botaniste passionné qui a tant apporté à l’écologie.

Fondateur de l’Institut européen d’écologie, opposant aux OGM et co-fondateur du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (CRIIGEN), défenseur d’une agriculture biologique sans pesticide mais aussi élu local passionné par l’écologie urbaine, son engagement pour l’environnement en faisait une figure incontournable de l’écologie.

Le journal orienté business Les échos titre de son côté son très court article :

Décès : DE JEAN-MARIE PELT, PRECURSEUR DE L’ECOLOGIE

En réalité, Jean-Marie Pelt était un catho-écolo, dans un tradition datant des années 1930-1940. Ce n’est pas pour rien que la ville de Metz a confié à l’Institut qu’il a créé un cloître franciscain en plein centre-ville, au sommet de la colline Sainte-Croix…

C’était un décroissant, un zadiste en quelque sorte et c’est le journal La Croix qui présente le mieux ce qu’il a été et représenté.

Accueillant et chaleureux, scientifiquement cultivé et animé par la foi, Jean-Marie Pelt s’en est allé dans la nuit du 22 au 23 décembre 2015, d’un infarctus.

Bien connu des Français au travers de plus d’une cinquantaine de livres de vulgarisation de sciences naturelles (Consommer moins, consommer mieux, Jean-Maris Pelt, Serge Papin et Céline Rouden, édition Bayard-Autrement 2009), grâce à ses interventions à la télévision ou la radio, c’est un des pionniers français de l’écologie qui disparaît au lendemain de la tenue de la COP 21 à Paris.

EXPLORATEUR EN AFRIQUE, AU VIETNAM, AU BRÉSIL ET EN AFGHANISTAN

Issu d’une famille modeste installée en Lorraine [mais petit neveu de l’évêque de Metz, tout de même], Jean-Marie Pelt fit des études de botanique et de pharmacie avant d’entreprendre de grandes explorations en Afrique, au Vietnam, au Brésil et en Afghanistan où il contribua à isoler une substance antibactérienne contre la lèpre.

De 1956 à 1963, il collabore puis devient secrétaire de Robert Schuman (MRP), l’un des « pères de l’Europe » : une rencontre qui marquera beaucoup le pharmacien tant du point de vue politique que spirituel.

Il est nommé professeur à l’université de Nancy en 1967 puis est élu à la municipalité de Metz sur la liste de Jean-Marie Rausch (divers droite). Il crée l’Institut européen d’écologie – une association loi 1901 – dans l’ancien couvent des Récollets datant du XIVe  siècle en 1971.

Conscient de cette nouvelle charge, il s’attache alors à promouvoir l’écologie urbaine, en verdissant la ville et en maintenant des logements à dimension humaine.

UN « ÉCOLOGISTE » UN PEU PARTICULIER

Convaincu avant bien d’autres de l’existence du réchauffement climatique, il fut ragaillardi par le Grenelle de l’environnement de 2007 où, « pour la première fois », il vit des hommes et des femmes que tout séparait se mettre autour d’une table.

Jean-Marie Pelt restait quant à lui un « écologiste » un peu particulier. Un homme de discussion et de synthèse capable de défendre la nature, de promouvoir une agriculture si possible biologique – a minima avec moins de pesticides – et de soutenir les énergies renouvelables plutôt que l’énergie nucléaire.

Une attitude qui ne l’empêchait pas d’être favorable à « certains » OGM, « à condition qu’ils ne nuisent ni à la santé ni à l’environnement et que les agrochimistes n’en profitent pas pour déposer des brevets sur le vivant ».

JEAN-MARIE PELT SE VOULAIT À LA FOIS CONTEMPLATIF, LANCEUR D’ALERTE ET PORTEUR D’ESPÉRANCE

Célibataire, il n’hésite pas à prendre son bâton de pèlerin pour donner des conférences dans toute la France et, même, semer des « graines écologiques » auprès de certaines grandes entreprises de l’environnement qui s’intéressent à l’écologie industrielle et à la valorisation des déchets.

Doté d’une vision globale du monde, oscillant entre un « pessimisme joyeux et méthodique », il se voulait à la fois contemplatif, lanceur d’alerte et porteur d’espérance : « Tous les êtres vivants, du plus petit au plus grand, sont soumis à des lois naturelles, universelles. Y compris l’homme qui, par son arrogance, voudrait bien prendre la direction des opérations, maîtriser la nature, se croire Dieu », confiait-il à La Croix en 2009.

C’était « un arbre », disait de lui le journaliste Denis Cheissoux, animateur de « CO2 Mon Amour » sur France Inter. Un « arbre » qui voyait loin devant et restait bien enraciné en terre.

« Enraciné en terroir » : on voit bien ici comment l’éloge réactionnaire du terroir progresse toujours davantage et comment les catholiques basculent de plus en plus là-dedans…

« Le monde comme il va, 10 jours après la Cop 21 »

Gérard Le Puill est journaliste à l’Humanité depuis 30 ans, après avoir travaillé à la ferme dès l’âge de 14 ans et avoir été ouvrier caoutchoutier pendant quasiment vingt ans.

Il a écrit un billet intéressant sur ce qui se passe dans le monde considérant le réchauffement climatique, dix jours après la COP 21.

Le monde comme il va, 10 jours après la Cop 21

Une fois éteints le lampions du Bourget et passés les commentaires élogieux de certains médias sur le succès de la présidence française lors de la Conférence sur le climat, les mauvaises habitudes reprennent de manière accentuée dans toutes les régions du monde.

Dans le texte adopté en clôture de la Cop 21 est inscrit l’objectif de « contenir l’élévation de la température moyenne nettement en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C ».

Dix jours plus tard, les nouvelles du monde nous montrent à quel point le climat devient secondaire sous toutes les latitudes en dépit de la douceur inhabituelle de cette fin d’automne.

Qu’on en juge : A Téhéran et dans trois autres grandes villes d’Iran, il a fallu fermer les écoles en raison de la pollution de l’air résultant du chauffage et surtout de la circulation automobile.

Dans la capitale iranienne, « la pollution est provoquée à 80% par les gaz d’échappement de cinq millions de véhicules et autant de motocyclettes circulant quotidiennement dans la capitale embouteillée de manière quasi permanente et dont les effets sont amplifiés en hiver », écrit l’Agencer France Presse(AFP). Ces vastes pollutions dans plusieurs villes iraniennes succèdent à celles qui ont frappé les villes chinoises et indiennes, dont Pékin et Delhi, ces dernières semaines.

Ce mardi matin, toujours selon l’AFP, l’Australie a approuvé le projet qui fera du port d’Abbot Point « l’un des plus grands ports charbonniers du monde, capable d’exporter jusqu’à 120 millions de tonnes chaque année, deux mois après avoir approuvé un projet de mine géante présentée par le géant indien Adani ».

Les opposant au projet faisaient notamment valoir que ce n’était pas le moment de relancer la production charbonnière et que les travaux d’agrandissement du port allaient détériorer le récif corallien.

Leurs arguments n’ont pas été retenus. L’Australie est, comme l’Iran, l’une des 195 «parties » qui on accepté l’accord de Paris pour freiner le réchauffement climatique.

En France aussi, on semble avoir oublié les conclusions de la Cop 21, y compris et surtout dans les médias. Ce mardi matin aussi, l’AFP s’est mise au diapason des télés, des journaux et des radios pour insister sur l’effet d’aubaine que constitue la chute des cours du pétrole et nous suggérer que le père Noël s’appelle « gazole». Dans une dépêche matinale, l’Agence nous dit que « c’est Noël avant l’heure pour les consommateurs français ».

Elle fait témoigner plusieurs automobilistes dont une lui dit « avec les baisse des prix, je vais en profiter pour sortir plus la voiture». Faut-il croire qu’il s’agit d’un besoin pour … la voiture ?

L’AFP recueille aussi le témoignage de François Carlier délégué général de l’association de consommateurs « Consommation, Logement et Cadre de Vie » (CLCV). « En termes de pouvoir d’achat , c’est probablement la meilleure nouvelle de ces 18 derniers mois » se réjouit -il , estimant qu’en dépit de la hausse prochaine des taxe de 3,5 centimes sur le litre de gazole et de 2 centimes sur le SP95 « le consommateur restera gagnant » en raison de la baisse prolongée du prix du brut.

Faut-il obligatoirement militer pour le réchauffement climatique au nom de la défense du consommateur ? Jusqu’à présent, c’est presque toujours le cas à la CLCV comme à l’UFC-Que Choisir.

On ne niera pas ici que la baisse du prix des carburants est un soulagement pour de nombreux ménages contraints d’utiliser la voiture pour se rendre au travail et pour d’autres usages.

Mais la question première du siècle en cours est d’éviter l’emballement climatique. Rappelons que pour contenir le réchauffement à plus 2°C d’ici la fin du siècle, il faudrait diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Ce qui suppose d’en finir avec les villes embouteillée, de diviser par dix la consommation de charbon de diviser par quatre celle des produits pétroliers.

Le texte de la Cop 21 a été accepté par toutes les parties parce qu’il n’avance aucune contrainte pour atteindre un objectif de réchauffement inférieur à +2°C. La réunion finie, on continue d’agir comme avant. En France, en Australie et ailleurs.

Gérard Le Puill est journaliste et auteur, de « L’écologie peut encore sauver l’économie », mai 2015, une coédition de Pascal Galodé et de l’Humanité

Les végans et la COP 21 : un ratage

C’est l’un des aspects qui nous aura le plus frappé : il n’y a pas eu d’intérêt pour la COP 21 à s’être exprimé de la part des gens. Les médias en ont parlé, les ONG se sont beaucoup investis, mais par obligation, étant donné qu’être liés aux institutions est dans leur ADN.

Mais la passivité a été complète, notamment chez les jeunes. La COP 21 n’a absolument pas parlé chez eux, elle n’a signifié rien du tout. Chez certaines personnes, l’intérêt pour l’écologie s’est renforcé, mais c’est totalement individuel.

Il n’y a aucun mouvement de masse à s’être élancé sur la base d’une révolte contre ce qui se passe. C’est extrêmement grave et c’est quelque chose qu’on regrettera et paiera amèrement dans l’avenir.

En un certain sens, il s’est passé en France pour l’écologie ce qui s’est passé pour le véganisme : les idées ont été récupérées par les personnes ayant du savoir et des moyens financiers.

Il ne faut pas se voiler la face : le véganisme est devenu une sous-culture annexe aux hipsters et aux bobos et les couches populaires méprisent cette approche qui ne leur parle absolument pas, qui leur semble totalement étrangère.

Cette tendance était nette, mais encore pouvait-on penser qu’émerge un contre-courant, allant dans un sens alternatif : cela n’a pas été le cas. C’est au mieux la culture zadiste – éloge du terroir qui a avancé comme modèle faussement alternatif. La responsabilité des anarcho-antispécistes totalement folkloriques est ici importante d’ailleurs ; leur vidéo porno « la Terre déviante » a été un exemple tout à fait révélateur de leur approche nihiliste et contre-productive.

Il y a donc énormément de choses à penser après la COP 21, non seulement en raison de l’échec de celle-ci comme proposition historique pour freiner le réchauffement climatique, mais aussi de par l’échec des gens à se mobiliser en faveur de la planète.

Il semble vraiment que les personnes les plus âgées aient capitulées, que les gens de 40-50 ans ont conscience de la situation mais considèrent qu’ils ne peuvent plus vraiment se remettre en cause, que ceux de 25-35 ans préfèrent vivre leur vie, alors que les plus jeunes sont en dehors de toute culture de la responsabilité et de l’engagement.

Le véganisme va subir d’ailleurs un contre-coup terrible de la COP 21. Les vegans ont été inexistants, d’un silence complet. C’était pourtant l’occasion ou jamais de proposer une utopie, mais comme le véganisme est porté surtout sur un mode individualiste, de « témoignage », de réformes à la L214 c’est-à-dire sur 250 années au mieux, rien n’a pu émerger.

Les vegans ont fait comme si la question du véganisme était imperméable à la société, en dehors de la réalité. Comme si la COP 21 n’avait pas eu lieu, comme si le réchauffement climatique n’avait pas eu lieu…

Sauf que le véganisme a tout à voir avec l’écologie, car l’écologie authentique, radicale, c’est la défense de la Nature, et les animaux c’est la Nature aussi ! En résumant le véganisme à une posture individuelle de « refus », en se limitant aux élevages, les vegans français ont montré qu’ils rataient la dimension réelle de la lutte.

On ne peut pas rater une dynamique comme la COP 21 impunément. La portée historique de la COP 21, ou de ce qu’elle aurait dû être, ne peut pas être niée ou considérée comme une sorte de fait divers.

Quant au fait d’apprécier comme incroyable les avancées du véganisme en France, c’est se voiler la face sur le fait que c’était inéluctable et que cela se déroule avec des années voire des décennies de retard sur les autres pays d’Europe équivalents comme l’Angleterre ou l’Allemagne.

Tout cela montre à quel point tout reste à faire pour un véganisme démocratique, porté par la population et non pas par une minorité infirme et urbaine, faisant du véganisme une tendance semi-fashion semi-bobo, avec un zeste de témoignage chrétien et un autre de misanthropie.

Quand on voit un vrai torchon bourgeois bohème comme Libération faire un éditorial pour dénoncer le foie gras ainsi que le spécisme, et appeler le gouvernement et à avoir la « décence de se pencher sérieusement sur les questions de l’élevage, du végétarisme et du statut des animaux », on croit rêver : c’est du grand bourgeois grand guignol.

Le véganisme est en train d’être happé par les institutions, d’être transformé en sous-culture de bobos, afin d’être neutralisé : voilà ce que révèle « l’oubli » par les vegan de la COP 21 comme problématique mondiale pour les animaux.

Aux personnes conscientes de cela de faire en sorte de préserver les fondamentaux et d’aller dans une autre direction !

Les quatre lacunes principales de l’accord de la COP 21

« COP21 : pourquoi l’accord ne suffira pas pour sauver la planète » : c’est le titre très france d’un article du site Francetvinfo, lié aux chaînes publiques en France.

Cela a le mérite d’être franc. On notera la précaution prise dans l’introduction :

« Le texte de l’accord de Paris, adopté samedi par les 196 parties au Bourget, suscite de nombreux espoirs. Pourtant, certains spécialistes et ONG doutent de son efficacité. Francetv info vous explique pourquoi. »

En pratique, il s’agit cependant d’une présentation très précise des grands points faibles de l’accord final.

Francetv info se penche, lundi 14 décembre, sur les lacunes de ce texte. Autant de points qu’il faudra trancher pour faire de l’accord de Paris un succès.

Il ne dit pas comment « décarboner » l’économie

Les ONG sont unanimes : pour atteindre les objectifs validés par l’accord, il faut entrer dans l’ère du 100% renouvelable, et donc renoncer immédiatement aux énergies fossiles. Or, les pays dont l’économie dépend du pétrole et du charbon ne l’entendent pas de cette oreille. L’Arabie saoudite, fer de lance de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et le Venezuela sont ainsi parvenus à exclure toute référence à l’instauration d’un prix du carbone.

Il est à peine évoqué en préambule, à l’alinéa 137, avec la formulation suivante : les Etats reconnaissent « combien il importe de fournir des incitations aux activités de réduction des émissions, s’agissant notamment d’outils tels que les politiques nationales et la tarification du carbone. » « Une formulation vague, décevante pour le monde économique qui s’était fortement mobilisé sur la question, » relève Challenges.

De même, l’objectif de 100% d’énergies renouvelables, qui doit être atteint d’ici à 2050 (soit le recours au solaire, à l’éolien, à la biomasse, etc.) ne figure pas dans le texte de l’accord. Au grand dam des ONG.

Il élude la question des transports

Le texte ne fait, par ailleurs, pas mention de l’enjeu des transports aériens et maritimes, lesquels pourraient, selon les experts, représenter un tiers des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050. Au moment le plus critique des négociations, le 9 décembre, la question a été retirée du projet de texte.

Le commissaire européen à l’Energie, Miguel Arias Cañete, a eu beau « se battre pour qu’[elle] soit réintégrée », le paragraphe qui la concernait a sauté. « De nombreux pays dépendent trop du transport de marchandises et de l’aviation pour tolérer la mention de ces deux secteurs, les Etats-Unis et la Chine en premier lieu », a expliqué 20 Minutes.

L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre des avions et des bateaux de marine marchande a longtemps été inscrit dans les projets d’accord. Certes, l’aérien contribue à 2,5% des émissions mondiales de CO2 et le maritime à 2,2%.

Mais leurs rejets augmentent deux fois plus vite que ceux de la moyenne mondiale depuis 1980, rappelle la revue Nature Climate Change, citée par Le Figaro. Or, « selon les professionnels, le trafic aérien de passagers devrait doubler, le fret aérien tripler et le trafic maritime de conteneurs quadrupler d’ici à 2030 », explique le quotidien.

Il n’est pas intégralement contraignant

L’accord de Paris n’est pas véritablement contraignant, déplorent les ONG. Elles auraient notamment souhaité la création d’un « comité de contrôle du respect des dispositions [prises par chaque Etat] », ainsi que la mise en place d’un mécanisme de sanctions, capable de pénaliser les pays récalcitrants à tenir leurs promesses.

Mais attention, cela ne signifie pas que l’accord n’a pas de force juridique. « Les contributions nationales livrées par les pays (…) n’ont pas de valeur contraignante, étant volontaires dans leur ambition et ne faisant pas partie de l’accord stricto sensu, explique Le Monde.fr. En revanche, chaque Etat a malgré tout l’obligation d’en établir une, de la mettre en œuvre, et surtout de la réviser à la hausse tous les cinq ans, selon les articles 3 et 4 de l’accord. »

Le quotidien met par ailleurs en lumière l’article 13 du texte, lequel « prévoit un mécanisme de transparence, qui conduira un comité d’experts internationaux à vérifier, publiquement, les informations fournies par les pays en termes de suivi de leurs émissions et des progrès accomplis pour les réduire. »

Il ne sécurise pas à long terme les pays les plus vulnérables

Pendant quinze jours, les négociateurs ont débattu autour de l’épineuse question du financement de la transition et de l’adaptation dans les pays en voie de développement. Et pour cause, ils sont bien souvent les plus violemment impactés par les conséquences du réchauffement climatique (sécheresse, typhons, etc.). Un fonds vert de l’ONU, alimenté par les pays riches à hauteur de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, doit permettre aux pays pauvres de réaliser les investissements dont ils ont besoin. Problème : le texte indique que ce fonds doit être réévalué en 2025. A la hausse ? Pas forcément, s’inquiètent encore les ONG.

La COP 21 et les objectifs pour 2100

La COP 21, comme on le sait, a eu lieu en considérant qu’il fallait freiner le réchauffement climatique. C’est l’année 2100 qui sert de référence, tout au moins c’est ce qu’ont expliqué les médias et les commentateurs.

Quand on parle des fameux 2°C, on veut dire par là qu’il s’agit des 2°C de plus entre l’ère pré-industrielle – avant la révolution industrielle, environ autour de 1870-1880 – et l’année 2100.

Voici les passages de l’accord abordant cette question. On notera que l’accord ne cache pas du tout que les promesses faites par les États de baisse des émissions de CO2 ne suffisent pas du tout pour cet objectif de 2°C, qui est en plus présenté comme une sorte d’étape vers un autre objectif qu’il serait idéal d’atteindre et qui serait de 1,5°C.

« Insistant avec une vive préoccupation sur l’urgence de combler l’écart significatif entre l’effet global des engagements d’atténuation pris par les Parties en termes d’émissions annuelles mondiales de gaz à effet de serre jusqu’à 2020 et les profils d’évolution des émissions globales compatibles avec la perspective de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C »

« Note avec préoccupation que les niveaux des émissions globales de gaz à effet de serre en 2025 et 2030 estimés sur la base des contributions prévues déterminées au niveau national ne sont pas compatibles avec des scénarios au moindre coût prévoyant une hausse de la température de 2 °C, mais se traduisent par un niveau prévisible d’émissions de 55 gigatonnes en 2030, et note également que des efforts de réduction des émissions beaucoup plus importants que ceux associés aux contributions prévues déterminées au niveau national seront nécessaires pour contenir l’élévation de la température de la planète en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels en ramenant les émissions à 40 gigatonnes ou en dessous de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels en ramenant les émissions à un niveau devant être défini dans le rapport spécial mentionné au paragraphe 21 ci-après »

On remarquera la taille de la phrase précédente, qui en dit long sur le caractère technocrate et non démocratique de l’accord final de la COP 21…

« Invite le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat à présenter un rapport spécial en 2018 sur les conséquences d’un réchauffement planétaire supérieur à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels et les profils connexes d’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre »

« Contenant l’élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, étant entendu que cela réduirait sensiblement les risques et les effets des changements climatiques »

Sans parler de la question de comment – nous avons vu qu’ici c’est vide – la COP 21 a affirmé l’objectif de 2°C de réchauffement climatique entre 1880 et 2100. C’est considéré par les ONG comme la très bonne nouvelle, le point de départ psychologique d’un nouveau cours (psychologique, car rappelons qu’il n’y a rien de contraignant pour aucun État).

N’est-ce pas pourtant contradictoire que les mêmes qui disent qu’il faut aller à 2°C, voire 1,5°C, comme objectif aient rendu des listes d’objectifs de leur part qui permettent seulement d’avoir comme objectif au moins 3°C ?

Les mêmes disent qu’ils regrettent que leurs propres efforts sont insuffisants : n’est-ce pas là quelque chose d’absurde, voire de franchement démagogique ?

On peut alors voir le verre à moitié vide ou à moitié plein. Une anecdote très parlante consiste justement ici en deux communiqués du 12 décembre 2015 de l’AFP au sujet de la COP 21, qui se contredisent dans leur évaluation. L’AFP ne savait pas trop s’il fallait pencher dans un sens ou dans l’autre, alors elle a fait les deux!

Le titre du premier communiqué était le suivant, dans une veine triomphaliste :

Accord historique à Paris pour sauver la planète du désordre climatique

Le titre du second communiqué dit précisément le contraire :

COP21: 187 pays ont fait des promesses, insuffisantes pour tenir les 2°C

Voici, enfin, deux graphiques permettant de mieux comprendre ce qui se passe sur ce plan.

Le premier montre les émissions de CO2 et leur évolution malgré les conférences de Rio, Kyoto, Copenhague et Doha. Nous sommes en 2015 et donc Paris est à mettre à ce niveau. On voit que la tendance ne va pas dans le sens des 2°C…

Cet autre graphique est sans doute plus parlant. Au-delà des discours, ce qu’il faut c’est la science. Il est très compliqué de comprendre tous les aspects du réchauffement climatique, surtout quand on nie Gaïa comme concept. Mais on a tout de même différents scénarios…

On remarquera que ce graphique montre que même si on arrive à commencer à stocker du CO2 en plus de ne plus en produire, on aura tout de même un réchauffement climatique.

Gaïa, inéluctablement, fait face à la folie humaine, se rappelant à l’humanité au-delà de sa vaine prétention à vivre coupée, séparée, voire contre la Nature.

Bilan de la COP 21 selon la Fondation Nicolas Hulot

Elargissons notre horizon et approfondissons notre compréhension de la COP 21, en voyant ce que dit la Fondation Nicolas Hulot. C’est un point de vue bien sûr très différent du nôtre.

LES POINTS POSITIFS :

+ Pour la première fois, un accord universel sur le climat impliquant 195 pays qui devront tous agir pour lutter contre les changements climatiques.

+ Des contraintes différentes selon le niveau de développement et de responsabilité des Etats, les pays développés continuant à assumer le leadership de l’action et des financements.

+ Une ambition forte : limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C en poursuivant les efforts pour ne pas dépasser 1,5°C par rapport à l’époque pré-industrielle. Au delà des 1,5°C certains des pays les plus vulnérables pourraient purement et simplement disparaître.

+ Pour atteindre cet objectif, la science (GIEC) a démontré que les émissions mondiales de gaz à effet de serre devront diminuer de 70 à 90 % d’ici 2050 bien que ce ne soit pas explicitement dit dans l’accord qui reste regrettablement très flou sur ce point.

+ Des Etats qui devront tous soumettre des contributions nationales contenant des engagements détaillés et vérifiables de réduction de leurs émissions de gaz à effet des serre. Aujourd’hui, 187 pays ont déjà soumis une première contribution qu’ils devront confirmer ou mettre à jour en 2020. Ces contributions devront être renouvelées tous les 5 ans à partir de 2025, toujours à la hausse.

+ Les pays développés devront continuer à faire acte de solidarité, après 2020, en finançant à part égale le développement soutenable et l’adaptation aux conséquences du changement climatique des pays en développement. Ce financement sera au moins de 100 Milliards par an jusqu’en 2025 et devra continuer ensuite. Au delà, d’autres pays, dont la richesse a augmenté ces dernières années, sont invités eux aussi à financer le développement des pays du Sud. La Chine a par exemple déjà promis 3 Milliards.

+ Les pertes et dommages (catastrophes naturelles accentuées par le réchauffement, déplacement de population etc) déjà subis par les pays les plus vulnérables sont reconnues dans l’accord. Un soutien financier et une meilleure gestion des déplacés climatiques sont prévus.

+ Pour la première fois, 195 Etats reconnaissent l’intérêt de donner un prix au carbone pour accélérer la réduction des émissions de GES. En marge de l’accord, de plus en plus de pays rejoignent la coalition pour un prix du carbone et mettent en place de telles politiques au niveau national.

LES POINTS NEGATIFS :

– Si l’accord contient de nombreuses dispositions contraignantes (transparence, soumissions régulières de nouveaux engagements de réduction et de nouveaux engagements financiers entre autres), il n’introduit pas de contraintes sur le respect des engagements pris ni de sanctions.

Il ne permet pas non plus de s’assurer d’une cohérence entre l’ambition de l’accord et celles des engagements nationaux. Ainsi, les contributions nationales soumises par les Etats avant le sommet de Paris ne sont pas cohérentes avec l’ambition de l’accord. Si elles étaient respectées, elles entraineraient un réchauffement de plus de 3°C. L’accord ne prévoit pas d’en réhausser l’ambition avant 2025 bien que chaque Etat puisse décider, à n’importe quel moment, d’augmenter son effort.

Ce n’est donc évidemment pas un accord miraculeux qui va résoudre à lui tout seul le problème du changement climatique. Certains le lui reprochent. Mais la FNH n’attendait pas un tel miracle de l’accord de Paris ! Comment l’espérer quand cet accord réunis des pays pétroliers ou les Etats Unis qui ont un congrès plus ou moins climato-sceptique ?

Obtenir un outil commun à l’ensemble des Etats qui transcrive dans le droit international une mobilisation sans précédent de toutes les composantes de la société, voilà ce qu’était notre objectif ! Cet outil nous l’avons.

Cette mobilisation ne devra pas faiblir, et c’est elle qui nous permettra de réussir ce à quoi les Etats ne peuvent pas s’engager sans elle ! Le métier est prêt, il ne reste plus qu’à tisser les motifs de la transition énergétique point après point. Partout les citoyens doivent continuer à faire pression ! Nous sommes le fil conducteur.

La COP 21 et le développement durable

Regardons maintenant ce que dit la COP 21 sur le développement durable, alors qu’hier le cuisinier Marc Veyrat, qui avait cuisiné pour les chefs d’État lors de la conférence, a été condamné dans un procès pour avoir défriché 7.000 m2 de bois et de forêt sans autorisation, ainsi que pour avoir porté atteinte à des zones humides sur une surface de plus de 10.000 m2.

Une bonne idée, en théorie, pourrait être de lire ce que dit Céline Ramstein, chef de projet COP21 à l’Institut du développement durable et des relations internationales.

Cet institut est en fait un projet réalisé par Sciences Po à Paris, le CNRS, l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie, mais aussi EDF, GDF-Suez, Véolia. Sa fondatrice, Laurence Tubiana, est même une des 26 personnes membres du Conseil consultatif scientifique de l’Organisation des Nations unies.

Tout cela est on ne peut plus « sérieux » et donc, la chef de projet COP21 de cet institut, déclare dans une longue interview à touteleurope.eu :

« Plus généralement, il faut bien dire que cet accord est bon, alors même que, jusqu’au dernier moment, c’était assez tendu. (…)

Le monde et le climat ne sont pas sauvés, mais la COP21 offre un cadre et une vision de long terme pour mettre en place les politiques publiques nécessaires dans les différents pays. (…)

La COP21 n’allait jamais, d’un coup de baguette magique, régler le problème climatique. »

C’est étrange, nous pensions justement que c’était la mission de la COP 21 que de tracer une voie pour régler justement le problème climatique…

Enfin, passons et regardons ce qui est dit sur le développement durable, afin de se faire une idée.

Or, le problème, c’est que dans cette longue interview, cette personne qui est chef de projet COP21 à l’Institut du développement durable et des relations internationale… ne parle pas une seule fois de la question des énergies renouvelables !

C’est tout à fait étrange… Ou peut-être pas tant que cela. Aussi, allons voir ce que dit l’accord final de la COP 21. Que trouve-t-on sur le développement durable.

Déjà, contrairement à ce qu’on a pu voir pour d’autres concepts, celui-ci est bien présent, étant même une expression revenant régulièrement et sur laquelle l’accord s’appuie pratiquement.

Voici quelques exemples de phrases :

« Considérant la nécessité de promouvoir l’accès universel à l’énergie durable dans les pays en développement, en particulier en Afrique, en renforçant le déploiement d’énergies renouvelables »

« Reconnaît l’intérêt social, économique et environnemental des mesures d’atténuation volontaires et leurs retombées bénéfiques sur l’adaptation, la santé et le développement durable »

« Soulignant qu’il existe des liens intrinsèques entre l’action et la riposte face aux changements climatiques et à leurs effets et un accès équitable au développement durable et à l’élimination de la pauvreté »

« Reconnaissant également que des modes de vie durables et des modes durables de consommation et de production, les pays développés parties montrant la voie, jouent un rôle important pour faire face aux changements climatiques »

« Recommande à la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris d’adopter les règles, modalités et procédures applicables au mécanisme pour le développement durable »

« Les Parties reconnaissent que certaines Parties décident d’agir volontairement en concertation dans la mise en œuvre de leurs contributions déterminées au niveau national pour relever le niveau d’ambition de leurs mesures d’atténuation et d’adaptation et pour promouvoir le développement durable et l’intégrité environnementale. »

« Les Parties, lorsqu’elles mènent à titre volontaire des démarches concertées passant par l’utilisation de résultats d’atténuation transférés au niveau international aux fins des contributions déterminées au niveau national, promeuvent le développement durable et garantissent l’intégrité environnementale et la transparence, y compris en matière de gouvernance »

« Il est établi un mécanisme pour contribuer à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et promouvoir le développement durable, placé sous l’autorité de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris »

« Promouvoir l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre tout en favorisant le développement durable »

Cette dernière phrase est sans doute la plus importante. Il faut d’un côté atténuer les émissions, de l’autre favoriser le développement durable.

En fait, l’un ne va pas sans l’autre, mais il s’agit ici d’arracher diplomatiquement la reconnaissance de la mise en valeur du développement durable.

Mais comment peut-on parler de développement durable sans parler des énergies qui en sont le moteur ? On ne trouve pas un mot sur l’énergie solaire, les éoliennes, l’énergie hydroélectrique !

Une preuve que, comme les médias sérieux l’ont reconnu, la COP 21 a été un succès diplomatique, sans perspective concrète.

La COP 21 et les énergies fossiles

Voici un thème qui, logiquement, devrait être bien plus facile à expliquer et bien moins « polémique » que d’autres thèmes, aux yeux de certains : les énergies fossiles.

Qu’est-ce qu’on entend par cette expression ? Voici la définition de wikipedia, bien synthétique :

« On appelle combustible fossile tous les combustibles riches en carbone — essentiellement des hydrocarbures — issus de la méthanisation d’êtres vivants morts et enfouis dans le sol depuis plusieurs millions d’années, jusqu’à parfois 650 millions d’années. Il s’agit du pétrole, du charbon, de la tourbe et du gaz naturel. »

Ce sont des énergies qui, comme on le sait, ont massivement été employées par l’humanité, tout au moins certains pays, ceux ayant connu la révolution industrielle, à part pour le nucléaire qui est plus tardif et ne produit pas directement de CO2 en tant que tel, ce qui est d’ailleurs le grand argument des industriels de ce secteur pour la valoriser.

Aujourd’hui encore, ce sont les énergies les plus communément utilisées : 35 % environ de l’énergie utilisée dans le monde provient du pétrole, 25 % du charbon, 20 % du gaz naturel. On les utilise d’ailleurs toujours davantage, comme le montre le graphique suivant.

Voici les projections pour le futur, avec différents scénarios.

Or, l’utilisation de ces énergies a joué et joue encore un rôle essentiel dans le changement climatique. Voici un graphique montrant comment le réchauffement climatique correspond directement à la révolution industrielle.

Enfin, voici un graphique montrant les émissions globales de carbone fossile par type de combustible, de 1800 à 2000, ce qu’il est toujours utile de connaître.

On peut donc s’attendre à ce que la COP 21 ait abordé de front cette question. Selon Nicolas Hulot, la COP 21 a été un succès sur ce plan là : « Le glas des énergies fossiles a été sonné » a-t-il expliqué.

C’est même une « révolution » qui est en cours selon lui :

« Le coup est parti. Vous allez voir qu’on est à l’aune d’une révolution. Mais est-ce qu’elle ira assez vite, parce que la fenêtre est très étroite et le temps est compté ? Seul l’avenir le dira. »

Thierry Lepercq, président de Solairedirect, développeur et exploitant de centrales photovoltaïques acquis par Engie récemment, a expliqué de la même manière à l’Usine nouvelle, une très importante revue du milieu industriel :

« On peine à trouver dans le texte d’accord mention des énergies renouvelables…

Le terme « énergie » ne figure pas dans le texte, le mot « carbone » à peine… On peut le regretter mais il y a un point qui me paraît en revanche très clair, c’est que l’arrêt de mort des énergies fossiles a été décrété. L’accord vise la neutralité carbone dans la seconde moitié du siècle.

Or, en l’état actuel des technologies, la neutralité carbone veut dire ne plus émettre de carbone, donc ne plus brûler d’énergies fossiles. C’est la première fois qu’on a un message stratégique radical porté par toute la communauté internationale.

Ce message qui annonce la fin des énergies fossiles, sera-t-il entendu ?

Il sera entendu par les financiers, les investisseurs. Quand ils investissent dans un projet de centrale électrique, c’est un investissement sur trente ou quarante ans. L’accord parle de la seconde moitié du siècle, mais ce n’est pas si lointain pour les investisseurs. Cette échéance concerne leurs investissements aujourd’hui à l’étude. Le message de la COP21 ne peut que les détourner des fossiles. »

Tout cela est très bien et très joli, mais ce sont là les propos d’un agent commercial, qui déduit que même si on ne parle pas de son produit, c’est d’autant plus une raison qu’il soit le meilleur.

Car on si regarde l’accord de la COP 21, tout est bien différent. Ce qui compte, au-delà des intentions finales, ce sont les moyens. Or, là, comme il est constaté dans l’interview cité, il n’est pas parlé des énergies fossiles dans l’accord de la COP 21.

N’est-ce pas, là aussi, totalement fou ?

Il serait très facile, pour des scientifiques sérieux, des humanistes, de dire : bon, puisque ces énergies fossiles contribuent en grande majorité au réchauffement climatique, il faut s’en passer le plus vite possible.

Mais comme les représentants de nos pays ne sont ni l’un ni l’autre, ils ne le disent pas. Ils ne peuvent pas le dire, car leur modèle économique s’appuie dessus fondamentalement, ils ne veulent pas le dire, quand il s’agit de pays comme l’Arabie Saoudite, le Qatar, le Venezuela, la Russie, etc.

On peut alors bien sûr faire des contorsions intellectuelles comme on veut et dire qu’on peut en déduire qu’il faut cesser d’utiliser des énergies fossiles, sans quoi la COP 21 ne rime à rien.

Mais selon nous, de manière cohérente, il faut plutôt dire que la COP 21 ne rime rien justement parce qu’elle n’affronte pas cette question essentielle de savoir comment cesser le plus rapidement possible l’utilisation des énergies fossiles.

Et pour cela, il faut une population consciente et assumant l’écologie, donc la reconnaissance de la Nature, une humanité unie sans divisions nationales… Il y a du travail !

La COP 21, le changement climatique et les changements climatiques

Cela peut sembler une anecdote, mais ce n’en est pas du tout une. Les conséquences sont mêmes énormes sur le plan intellectuel et scientifique. Au sens strict, on peut même considérer que l’accord de la COP 21 n’a aucune valeur rien qu’avec cela !

On ne peut qu’être très surpris d’ailleurs que cela n’a pas été remarqué, tellement c’est important. Mais il est vrai que si on ne reconnaît pas la planète comme « Gaïa », comme un ensemble, on ne peut vraiment le remarquer.

De quoi s’agit-il ? En fait, le document français parle des changements climatiques, le document anglais du changement climatique. Dans un cas cela désigne par conséquent les événements relevant de modifications du climat, dans l’autre cela désigne un phénomène général et unique, avec plusieurs aspects qui en découlent.

Les deux concepts s’opposent : dans le premier cas, il y a des soucis divers ayant un dénominateur commun, devant donc être résolu séparément. C’est traditionnellement la conception française de réduire chaque problème à sa spécificité, de nier qu’il y ait un ensemble, cela remonte à Descartes, notamment.

Dans l’autre cas, on a une vision globale, on part du tout pour aller au particulier, on a une vue d’ensemble.

La COP 21 a ainsi, en français, été une « Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques », mais en anglais cela donne « United Nations Framework Convention on Climate Change ». Dans le premier cas, la page wikipedia ne donne d’ailleurs pas de lien vers l’expression « changements climatiques ».

La page en anglais le fait par contre, vers l’expression « climate change » et si l’on regarde la version française de cette page, on a bien « changement climatique », au singulier.

Il apparaît bien qu’il y a ici une erreur essentielle de traduction, remontant d’ailleurs à plus loin que la COP 21. Cela relève d’un manque de sérieux assez grossier.

On pourrait dire cependant qu’on coupe les cheveux en quatre, que c’est bien trop philosophique et que cela ne change pas grand-chose. Or, justement, nous allons voir qu’il n’en est rien et que les conséquences sont fondamentales.

Regardons, en effet, l’accord de la COP 21. On pourrait s’attendre à ce que l’expression « changement climatique », ou bien « changements climatiques » donc, revienne souvent, puisque c’est le thème même de la conférence.

Ce n’est pas le cas, justement ! Et la raison en est que le changement climatique n’est pas expliqué, conceptualisé, il s’agit d’une sorte de fourre-tout.

L’expression « changements climatiques » (« changement climatique » dans la version anglaise) ne revient que quatre fois dans le document de 39 pages…

« Reconnaissant que les changements climatiques représentent une menace immédiate et potentiellement irréversible pour les sociétés humaines et la planète et qu’ils nécessitent donc la coopération la plus large possible de tous les pays ainsi que leur participation dans le cadre d’une riposte internationale efficace et appropriée, en vue d’accélérer la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre »

« Reconnaissant également qu’il faudra fortement réduire les émissions mondiales pour atteindre l’objectif ultime de la Convention et soulignant qu’il est urgent de faire face aux changements climatiques »

« Considérant que les changements climatiques sont un sujet de préoccupation pour l’humanité tout entière, les Parties devraient, lorsqu’elles prennent des mesures pour faire face à ces changements, respecter, promouvoir et prendre en considération leurs obligations respectives concernant les droits de l’homme, le droit à la santé, les droits des peuples autochtones, des communautés locales, des migrants, des enfants, des personnes handicapées et des personnes en situation vulnérable, et le droit au développement, ainsi que l’égalité des sexes, l’autonomisation des femmes et l’équité entre les générations »

« Décide d’adopter l’Accord de Paris en vertu de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (ci-après dénommé «Accord») figurant dans l’annexe »

Le terme « climatique » revient, en tout et pour tout, deux fois seulement en plus :

« Convenant de soutenir et de promouvoir la coopération régionale et international e afin de mobiliser une action climatique plus forte et plus ambitieuse de la part de toutes les Parties et des autres acteurs, y compris de la société civile, du secteur privé, des institutions financières, des villes et autres autorités infranationales, des communautés locales et des peuples autochtones »

« Invite le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat à présenter un rapport spécial en 2018 sur les conséquences d’un réchauffement planétaire supérieur à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et les profils connexes d’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre »

N’est-ce pas totalement aberrant ? Il ne peut, de ce fait, y avoir qu’une seule raison : le changement climatique n’a pas été conceptualisé, il est pris au sens de « dérèglements divers et variés provoqués par les émissions de CO2 », mais sans aucune vue d’ensemble.

Comment peut-on alors résoudre cette question planétaire si, à la base même, on la fragmente, on la tronçonne, on la divise ?

C’est impossible, et cela correspond malheureusement à la logique d’une approche d’une humanité divisée en multiples nations et niant la Nature comme grand ensemble. C’est là le point essentiel.

Notons enfin, pour conclure, les quelques pages abordant la question du singulier ou du pluriel de changement climatique.

Sur la page de discussion consacrée à la page wikipedia sur la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatique, une personne répond à la question de savoir s’il faut un singulier ou un pluriel de la manière suivante :

« La traduction des Nations unies est belle et bien Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Voir ce lien : http://unterm.un.org/dgaacs/unterm.nsf/WebView/584E8ECC6D9176CD852569FA0000DB06?OpenDocument. Par ailleurs, comme le climat n’évolue pas également à la grandeur du globe, il est préférable d’utiliser le pluriel. »

Cette personne se contredit, pour au moins deux raisons.

D’abord, pourquoi ne pourrait-on pas considérer qu’il existe un climat général pour la planète, dont les autres climats sont des expressions secondaires ? Ensuite, s’il faut obéir au choix de l’ONU, pourquoi prendrait-on la version française plutôt que la version anglaise ?

De plus, si la version française est bonne, la version anglais est alors fausse et la personne devrait le dire, ce qu’elle ne fait pas car elle prétexte l’ONU – en français – pour justifier son interprétation !

C’est la même interprétation qu’on a sur une page avec quelques articles d’une traductrice français-anglais, avec un petit topo sur cette opposition singulier/pluriel de l’expression, qu’elle a également remarqué. Elle dit qu’au niveau local (ville, région, etc.) il y a un changement climatique, et que si on parle de ces multiples changements climatiques, forcément on utilise le pluriel.

Sauf que c’est là, également, nier l’unicité du phénomène, c’est encore le tronçonner, et donc perdre sa substance même, qui est générale, tout comme la planète est une et non pas composée de plusieurs éléments indépendants…

Mais on aura compris que pour saisir cette unicité du changement climatique, il faut avoir saisi la planète comme « Gaïa »…

En voici une preuve de plus avec le site Planète saine, qui n’est plus mis à jour, et qui aborde dans un article plus simplement la question et de manière bien plus pertinente.

L’article de ce site explique que l’expression « changement climatique » peut être utilisé de deux manières, soit comme chez la traductrice mentionnée plus haut, comme ensemble des changements climatiques différents, soit comme nous nous pouvons le faire, comme vision générale.

L’article, au nom du slogan « Think global, act local », considère qu’il faut parler de « changements climatiques » au pluriel, ce qui est évidemment contradictoire puisqu’on est censé penser globalement, et donc en terme de « changement climatique » comme phénomène général !

Encore une fois, on en revient à la question du général et du particulier. Et on voit que pour combattre les changements climatiques, encore faut-il subordonner ce concept à celui de « changement climatique », à considérer la planète non pas comme un gros caillou où les phénomènes existent indépendamment, tous comme les pays existeraient indépendamment, mais comme un grand tout, une seule entité : Gaïa.

La COP 21 et l’élevage

La COP 21 a abouti à un accord visant à freiner le réchauffement climatique. Si l’on regarde les choses de manière objective, alors on peut penser que, en toute bonne logique, l’élevage serait particulièrement étudié.

Si l’on prend l’alimentation, la fermentation gastrique, le transport, etc., l’élevage est la cause de 14,5% des émissions anthropiques (c’est-à-dire ayant comme origine des activités humaines) de CO2.

Il serait donc logique de penser que la COP 21 a abordé cet aspect, surtout si l’on pense que la COP 21 raisonne à l’horizon 2100.

Même sans considérer, comme nous nous le faisons, que l’élevage devrait être aboli, on pourrait s’imaginer qu’au moins la COP 21 demanderait à ce que cela soit mieux gérer. C’est ce qu’a fait la FAO par exemple en 2013.

Pourtant, il n’y a strictement rien à ce sujet dans l’accord de la COP 21. Pas une ligne, pas un mot, absolument rien, aucune indication.

N’est-ce pas totalement illogique ? C’est bien le cas pour quiconque est rationnel. C’est forcément choquant, au moins étonnant. Et il ne peut s’agir d’un oubli, vu les panels d’experts!

Il y a ici une contradiction fondamentale, qui ne peut avoir qu’une seule explication. C’est la suivante : l’exploitation animale est une composante même du capitalisme et de ce fait, elle est invisible ou intouchable. Le capitalisme ne peut pas se mutiler.

Nous avons toujours été d’une clarté complète sur ce point, contrairement à bien d’autres niant les faits pour masquer leurs faiblesses, leur capitulation : l’exploitation animale est en croissance pratiquement exponentielle.

Voici deux graphiques présentant l’extension de l’exploitation animale à l’horizon 2050, dans les pays développés et dans les pays en voie de développement.

Ce qui en découle est inévitable : l’exploitation animale va être généralisée comme système mondial, avec toujours plus d’animaux dans les élevages, toujours plus de ressources dédiées à cette production criminelle.

Le seul obstacle est, pour utiliser une formule un peu grandiloquente mais tout à fait juste dans son contenu, est l’insurrection généralisée, la révolution.

A part cela, strictement rien ne peut s’opposer à cette tendance de fond.

Il est très hypocrite, par conséquent, d’imaginer que la cause avance parce qu’une petite partie de la population devient végane dans les pays développés, alors que l’exploitation animale gagne en même temps des parties toujours plus significatives du reste du monde !

Découpler l’analyse de l’exploitation animale de la situation mondiale est vide de sens.

Voilà pourquoi la COP 21 n’a pas parlé de l’élevage : si elle aborde la question, la contradiction avec ce qu’elle était censée défendre sauterait aux yeux, et de toutes manières l’exploitation animale est tellement présente dans la nature même des systèmes économiques des pays qu’une remise en cause n’est même pas envisageable.

L’association L214 a d’ailleurs, encore une fois, montré qu’elle était une machine à diffuser des illusions. Elle a payé afin d’avoir 170 exemplaires d’une de ses affiches dans le métro parisien pendant une semaine.

On notera que deux autres modèles d’affiches de L214 avaient été refusées par l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité), au motif que cela serait trop vindicatif, culpabilisateur, etc.

C’est là une initiative doublement fausse.

D’abord, parce que cela donne l’illusion que la COP 21 a été un lieu de débat où le réchauffement climatique a été abordé sérieusement. Or, pas une seule fois l’élevage n’a été mentionné, ce qui est logique de par la nature même des systèmes économiques.

Ensuite, parce que se concentrer sur les animaux d’élevage seulement revient à nier les animaux dans la Nature, ce qui est le grand travers des gens en France s’engageant pour les animaux, célébrant les actions-témoignages, les habits en noir, le rejet misanthrope du monde, etc.

Il faut au contraire comprendre que jamais l’affirmation positive d’une utopie à réaliser n’a été autant nécessaire, autant rendu possible. Ce système est intenable, instable, incohérent : il faut que les gens le voient, assument leurs responsabilités et la bataille pour la Nature.

La COP 21 et l’océan

Après avoir regardé les forêts dans l’accord de la COP 21, regardons ce qu’il en est de l’océan. On sait tous et toutes que la Terre est souvent surnommée la « planète bleue », de par l’importance de l’océan, qui recouvre 71,1 % de sa surface.

On s’imagine bien que le réchauffement climatique a un impact sur l’océan, qu’il existe de toutes manières dans un certain rapport à l’océan. Bref, on ne peut pas contourner cette question.

Il en va pourtant tout autrement : l’accord de la COP 21 n’en parle pas. Il ne mentionne qu’une fois le mot, comme en passant :

« Notant qu’il importe de veiller à l’intégrité de tous les écosystèmes, y compris les océans, et à la protection de la biodiversité, reconnue par certaines cultures comme la Terre nourricière, et notant l’importance pour certaines de la notion de « justice climatique », dans l’action menée face aux changements climatiques »

On notera d’ailleurs, c’est une anecdote, mais elle est significative, que la version anglaise du document, qui sert de base, n’utilise pas l’expression de « Terre nourricière ». En anglais, il y a marqué « Mother Earth ».

L’expression « certaines cultures » désigne des cultures amérindiennes, qui comme on le sait, emploient cette expression, tant en Amérique du Nord que du Sud. Cette mauvaise traduction révèle bien la mentalité des personnes ayant traduit !

Pour en revenir à l’océan, il est transformé en « les océans » et n’est mentionné qu’en passant, en tant qu’écosystème.

Cela signifie que les océans sont précisément de la même manière que les forêts dont nous parlions hier. L’océan est découpé en zones ayant comme fonction, si l’on veut, de stocks, d’entrepôts, voire de réfrigérateurs.

Comme hier, demandons nous ce que cela a comme conséquence. Ne serait-ce pas idéaliste de voir l’océan comme un grand tout, comme un ensemble qu’on ne peut pas découper ?

Absolument pas, puisqu’on sait qu’il y a le processus d’acidification de l’océan. Citons ici un document, relativement clair et tout à fait institutionnel, puisqu’il est de l’Institut océanographique qui est une fondation montée par le prince de Monaco.

« La totalité du CO2 que nous produisons tous les jours ne reste pas dans l’atmosphère. Environ un quart du CO2 émis est absorbé par nos océans.

Sans les océans, la quantité de CO2 dans l’atmosphère, et donc le réchauffement, seraient encore plus importants. On a donc de la chance d’avoir des mers et des océans ! [sic!]

Les chercheurs ont longtemps pensé que cette absorption du CO2 serait sans conséquence importante pour les océans et pour les organismes qui y vivent.

Mais ils se sont rendu compte, il y a une quinzaine d’années, que la dissolution du CO2 dans l’eau de mer entraîne des changements chimiques : une diminution du pH (mesure de l’acidité d’un liquide) et de la quantité d’ions carbonates (CO3 2– ) qui sont l’une des briques nécessaires aux plantes et animaux marins pour fabriquer leurs squelettes, coquilles et autres structures calcaires.

Vous connaissez certainement déjà des aliments acides, par exemple le citron ou le vinaigre.

Il se trouve que le CO2 est un gaz acide. Il est présent dans toute boisson gazeuse ; les petites bulles dans le soda sont des bulles de CO2.

Lorsque le CO2 est absorbé dans l’eau de mer, il se dissout et provoque une acidification. Attention, cela ne va pas dire que les océans deviendront acides (nous allons toujours pouvoir nous baigner !) [sic!], mais la chimie des océans change un petit peu (on va vers une acidité plus importante).

L’acidité d’un liquide est déterminée par sa concentration en ions H+ (protons). Ce n’est pas très pratique de parler de la concentration en protons car les valeurs sont très faibles. Pour simplifier, on utilise l’échelle de pH, qui va de 0 à 14.

Plus le pH est faible, plus l’acidité du liquide est importante. On dit qu’un liquide à pH 7 est neutre, celui avec un pH inférieur à 7 acide, et celui avec un pH supérieur basique. C

ette échelle de mesure est un peu particulière, comme l’échelle de Richter utilisée pour mesurer les tremblements de terre : un liquide de pH 6 est 10 fois plus acide qu’un liquide de pH 7, 100 fois plus acide qu’un liquide de pH 8 et 1 000 fois plus acide qu’un liquide de pH 9 !

Pourquoi ce phénomène s’appelle-t-il l’acidification des océans ? puisque les océans ne deviendront jamais acides ? L’acidification fait référence à un processus : la diminution du pH (augmentation des ions H+ et de l’acidité).

Le mot « acidification » fait référence à l’abaissement du pH de n’importe quel point de départ vers tout point final sur l’échelle de pH. On peut comparer cette terminologie avec celle que l’on utilise pour la température : si la température de l’air passe de –20 °C à –10 °C, il fait toujours froid, mais nous parlons de « réchauffement ».

L’acidité des océans a augmenté de 30 % en 250 ans (baisse de pH de 8,2 à 8,1), soit depuis le début du développement industriel. Des simulations ont montré que, au rythme des émissions actuelles, l’acidité des eaux de surface de l’océan pourrait tripler d’ici la fin du siècle.

Cette absorption du CO2 se produit à une vitesse 100 fois plus rapide que ce qui s’est produit naturellement au cours des 300 derniers millions d’années ! Impacts sur les organismes marins

Lorsque le CO2 se dissout dans l’eau de mer, cela entraîne donc une augmentation de protons (ions H+ ) mais aussi la diminution de certaines molécules, les ions carbonates (CO3 2– ), nécessaires à de nombreux organismes marins pour fabriquer leur squelette ou coquille calcaire (coraux, moules, huîtres…).

Ces plantes et animaux auront donc de plus en plus mal à fabriquer ces structures calcaires. Leurs squelettes et coquilles sont aussi menacés de dissolution. En effet, au-dessus d’un certain seuil d’acidité, l’eau de mer devient corrosive vis-à-vis du calcaire, la matière dont les squelettes et coquilles sont fabriqués. »

L’impact sur les poissons est également significatif ; l’acidification de l’océan est la boîte de Pandore de l’écocide, en quelque sorte.

On peut donc voir que l’acidification de l’océan est dûe au réchauffement climatique et que la COP 21 n’en parle pas, pas plus que de l’océan d’ailleurs en général.

On peut être certain que, vu du futur, cela paraîtra comme totalement insensé !

La COP 21, les forêts et les animaux

La COP 21 a été un événement d’une importance mondiale, aussi y a-t-il lieu de vraiment regarder la signification de chaque point en particulier. Pour commencer, regardons un point qui est essentiel à nos yeux : la situation des animaux.

Quel rapport avec les émissions de CO2 et le réchauffement climatique, demanderont certains. C’est précisément en cela qu’ils ont totalement tort, tout d’abord moralement, ensuite dans leur vision de la planète.

Ce qui compte déjà, en effet, à nos yeux, ce n’est pas simplement que les humains soient moraux et laissent les animaux tranquilles. Cela c’est très bien, mais c’est un point de vue limité, anthropocentriste, voire franchement individualiste. Être vegan pour soi-même, pour ne pas faire de mal, est quelque chose qui revient finalement à être au centre des préoccupations et non plus les animaux.

Ce qui compte vraiment, parce que nous aimons les animaux, c’est que les animaux puissent exister en tant que tel, sur une planète qui doit être bleue et verte.

Regardons justement ce qui relève de la couleur verte, avec les forêts.  Qu’en dit la COP 21?

On sait tous et toutes qu’il existe un phénomène important qui est la déforestation.Voici ce que dit le parlement européen à son sujet dans son rapport aux émissions de CO2 :

« Le rôle des forêts dans la lutte contre le changement climatique n’est plus à démontrer. Elles stockent le dioxyde de carbone. Cela va cependant au-delà : la déforestation provoque des rejets de CO2 à hauteur de 20 % des émissions mondiales. »

Soit, mais voyons les choses de manière plus concrète encore. Qu’est-ce que la déforestation ? C’est la destruction de la vie végétale et de la vie animale qui va avec.

Et que voit-on ? Que la COP 21 n’en parle pas. Or, on sait tous et toutes que le réchauffement climatique trouble la vie des animaux, tout comme des végétaux. Cela amène des déséquilibres, des perturbations, dont la figure la plus tristement célèbre est la situation de l’ours polaire.

Cela est donc également vrai pour les forêts, qui forment tout un équilibre, que le réchauffement climatique vient perturber. C’est un thème très complexe, qui devrait être étudié.

Ce qu’on voit pourtant est que c’est totalement oublié. L’accord de la COP 21 ne parle absolument jamais des animaux, ni de la vie sauvage, qui connaissent des situations de plus en plus terribles.

C’est là la première énorme faiblesse de la COP 21. Elle n’aborde pas la question de la vie sauvage. Les forêts sont considérés uniquement dans leur rapport au CO2.

Voici ce qu’on peut lire dans l’accord de la COP 21 au sujet des forêts :

« Reconnaît l’importance de ressources financières adéquates et prévisibles, y compris des paiements liés à des résultats, s’il y a lieu, aux fins de la mise en œuvre de démarches générales et d’incitations positives visant à réduire les émissions imputables au déboisement et à la dégradation des forêts, du rôle de la conservation et de la gestion durable des forêts et du renforcement des stocks de carbone forestiers, ainsi que d’autres modes d’action, tels que des démarches communes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts »

« Les Parties devraient prendre des mesures pour conserver et, le cas échéant, renforcer les puits et réservoirs de gaz à effet de serre comme le prévoit l’alinéa d) du paragraphe 1 de l’article 4 de la Convention, notamment les forêts. »

« Les Parties sont invitées à prendre des mesures pour appliquer et étayer, notamment par des versements liés aux résultats, le cadre existant défini dans les directives et les décisions pertinentes déjà adoptées en vertu de la Convention pour : les démarches générales et les mesures d’incitation positive concernant les activités liées à la réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts, et le rôle de la conservation, de la gestion durable des forêts et de l’accroissement des stocks de carbone forestiers dans les pays en développement; et d’autres démarches générales, notamment des démarches conjointes en matière d’atténuation et d’adaptation pour la gestion intégrale et durable des forêts, tout en réaffirmant qu’il importe de promouvoir, selon qu’il convient, les avantages non liés au carbone associés à de telles démarches. »

Tout cela veut dire que les forêts n’existent que dans leur rapport au CO2 et jamais en tant que forêts. Les animaux ne sont jamais mentionnés dans l’accord de la COP 21, pas plus que la reconnaissance d’une valeur en soi à la vie végétale.

C’est là un problème essentiel, cela montre que la COP 21 est incapable de rompre avec la manière dominante de voir les choses, qui consiste à considérer la Nature comme une sorte de puissance se résumant à fournir des ressources dont on peut faire ce qu’on veut.

Certains diront alors : oui, mais la COP 21 ne s’intéresse qu’au réchauffement climatique, voire même en fait seulement au CO2. C’est déplacer la question que de raisonner en termes de forêts en tant que lieux de vie des animaux, voire en tant que vie végétale.

A quoi il y a une réponse toute simple qui peut être faite. Le fait que les forêts ne soient pas reconnues comme nous nous le faisons a une conséquence essentielle : elles n’apparaissent pas dans l’accord de la COP 21.

Il y a les passages que nous avons cités ici, mais il n’y  a aucun chiffre et aucune forêt du monde n’est mentionnée.

Quelle est la raison de cela, si ce n’est que la forêt est considérée abstraitement, de la même manière qu’un supermarché gère ses stocks ?

Le fait de ne pas parler des animaux et des végétaux anéantit la possibilité de parler des forêts en ce qu’elles sont des forêts, que ce soit en Amazonie, en Indonésie ou au Congo. Cela empêche de les protéger.

La COP 21 échoue déjà sur un plan essentiel : en ne reconnaissant pas les forêts, les animaux des forêts, elle ne comprend pas le sens réel de la déforestation et ne peut donc pas s’opposer aux émissions de CO2 qui en découlent.

COP 21 : le treizième jour

La version finale du document officiel de la COP 21 a été publiée, enfin. Un dernier contre-temps a été provoqué par les États-Unis, exigeant qu’un « doit » soit remplacé par un « devrait » concernant le fait d’aller dans le sens de la réduction des gaz à effet de serre, afin que la majorité républicaine au congrès ne bloque pas le texte.

Cela sous-tend que le document issu de la COP 21 n’a pas de valeur légale, juridiquement contraignante, sinon le congrès des États-Unis devrait le voter. Or, bizarrement cette contrainte légale a été le grand mot d’ordre de la COP 21 depuis le départ : c’est donc bien qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Essayons de résumer cela de manière très simple, car pas facile de s’y retrouver dans 39 pages de discours juridiques abscons. Nous allons revenir dans les jours qui suivent sur les différents points importants, un par un.

Voyons cependant quelle est la ligne générale, l’optique choisie. Si on prend la version finale du document comme une sorte de témoignage qu’il faut aller à une transition vers une économie durable, alors c’est un bon document, voire un excellent, de ce point de vue.

En forçant le trait à la Nicolas Hulot (et il ne s’en prive pas, jusqu’à l’absurde), on peut effectivement y voir un poteau indicateur pour la suite. Il y a beaucoup d’appels à faire ceci ou faire cela dans les prochaines années, des invitations à aller de l’avant, etc.

On peut idéaliser la lecture du document et les médias ne s’en sont pas privés, les ministres à la COP 21 non plus, se congratulant les uns les autres, s’embrassant, etc.

Pour résumer, dans cette logique, cela donne : enfin les pays du monde sont ensemble, ont décidé d’aller dans le bon sens, même si c’est insuffisant c’est un début, etc.

Voici un extrait, la toute fin précisément, du discours final de François Hollande, à la clôture de la négociation :

« Mesdames et messieurs, la présence ici aujourd’hui de 196 délégations -vous êtes le monde- après tant de mois de travail, est sans précédent dans l’histoire des discussions sur le climat. Un espoir considérable s’est levé.

Le monde s’est mis en marche, pas seulement dans cette salle mais bien au-delà. Des actions immédiates ont été engagées par les collectivités locales, les citoyens, les chercheurs, les entreprises.

Des coalitions se sont formées, des initiatives ont été prises dans tous les continents et je pense notamment sur les énergies renouvelables à ce qui a été fait pour l’Afrique, ce que l’Inde a porté. Je sais aussi combien nous nous sommes mobilisés sur le prix du carbone. Nous sommes donc capables d’assurer la lutte contre le réchauffement climatique et le développement.

Voilà ! L’Histoire arrive, l’Histoire est là, toutes les conditions sont réunies et elles ne le seront plus avant longtemps. Nous sommes, vous êtes sur la dernière marche, il faut se hisser encore à la hauteur de l’enjeu.

Il n’y aura pas de report, il n’y aura pas de sursis possible, l’accord décisif pour la planète c’est maintenant. Et il ne tient qu’à vous, à vous seuls au nom de ce que vous représentez, l’ensemble des nations du monde, d’en décider.

Le 12 décembre 2015 peut être un jour non seulement historique mais une grande date pour l’humanité. Le 12 décembre 2015 peut être un message de vie et je serai personnellement heureux, presque soulagé, j’en serai même fier que ce message-là soit lancé de Paris, parce que Paris a été meurtrie il y a tout juste un mois, jour pour jour.

Alors mesdames et messieurs, la France vous demande, la France vous conjure d’adopter le premier accord universel sur le climat de notre Histoire.

Il est rare d’avoir dans une vie l’occasion de changer le monde, vous avez cette occasion-là, de changer le monde. Saisissez-la pour que vive la planète, vive l’Humanité et vive la vie. »

Les slogans employés à la fin par François Hollande ne peuvent que laisser un goût amer…

Maintenant, soyons sérieux et non pas dupes des apparences et de la mise en scène. Si on regarde le document en y cherchant des choses concrètes, on n’en trouve aucune. Au sujet des émissions de CO2, il n’y aucun chiffre de donné, aucune date concrète, aucune contrainte légale.

On peut chercher comme on veut, le document n’engage à rien du tout. Peut-être qu’il engagera… à condition que les prochaines réunions décident de quelque chose, et que les pays l’acceptent.

Voilà déjà pour l’esprit général, nous allons dans les prochains jours regarder cela point par point.

COP 21 : le douzième jour

Le document final de la COP 21 sera finalement rendu demain, on peut s’attendre au pire.

Car, finalement, qu’aura-t-on vu dans les journaux ? Des centaines de gens, parfois en chaussettes ou assis par terre, en train de tapoter sur leur ordinateur.

Mais que peuvent-ils bien être en train de faire ? En quoi cela a-t-il un sens ?

L’ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko a expliqué qu’elle ne dormait que « 2 heures et demie au plus par jour ».

Comment est-ce possible ? La COP 21 n’a-t-elle pas été prévue depuis bien longtemps ? Le contenu des discussions n’est-il pas connu, depuis plus de quatre années ? Mais qu’ont-ils bien pu négocier ?

En quoi ces milliers de personnes négociant changent-ils vraiment les choses, dans le document et dans la réalité ? Quelle peut être la mentalité de quelqu’un qui, les yeux fixés sur son écran, fait défiler des données, envoie des mails ?

Tout cet étalage d’activités est écoeurant dans la mesure où, demain soir, on pourra s’apercevoir que le document rendu est vide de sens.

On sent que la nuit de jeudi à vendredi, il y a une offensive de la part de certains pays, comme l’Arabie Saoudite, qui a refusé d’accepter le principe de « bien en-dessous de 2°C ». Le Koweït s’est mis dans la partie, la Russie a dit qu’il n’y avait aucune base scientifique pour 1,5°C seulement, etc. Si ce n’est pas du sabotage, qu’est-ce que c’est ?

Il faut arrêter les illusions (tout comme il ne suffit pas de nier la COP 21 pour supprimer les problèmes, comme l’ont fait les zadistes).

Sylvain Angerand, de l’ONG les Amis de la Terre, a accordé une interview à Libération. Voici ce qu’il explique quand on lui demande son avis sur la dernière version du document encore en cours d’élaboration :

« Je m’inquiète. Il n’y a rien visant à laisser les énergies fossiles dans le sol. Rien non plus permettant de réduire concrètement les émissions de gaz à effet de serre dès l’an prochain. C’est donc se foutre de nous que de brandir l’objectif de 1,5 ou 2 degrés. Aujourd’hui, personne ne peut dire que ces limites suffiront. Mais rester sur l’objectif de 1,5 degré permet de minimiser les risques.

C’est pour ça qu’on le réclame depuis des années. Il s’agit de ne pas franchir le seuil d’emballement climatique, car à un moment, on ne contrôlera plus la machine. C’est vraisemblablement dans les dix prochaines années que ça se joue. Ensuite, les impacts seront impossibles à gérer pour les pays vulnérables.

Deux degrés de réchauffement, ça signifie clairement que des zones deviendront inhabitables, qu’il y aura d’importantes vagues de migration, que l’insécurité alimentaire s’aggravera… On pousse donc pour que chaque pays fasse sa part. »

C’est là reconnaître que c’est la catastrophe, et « espérer ». Voici une question que Libération pose et sa réponse :

Vous appelez la société civile à se mobiliser samedi. Qu’en espérez-vous ?

« Samedi, on ne sera pas là pour s’amuser. Ça fait vingt ans que les négociations n’avancent pas. On veut avoir le mot de la fin. »

Cela ne va pas être le mot de la fin, mais bien le début d’une nouvelle époque. Les leçons de la COP 21 sont faciles à tenir :

– la division de l’humanité en nations est un obstacle ;

– un gouvernement mondial est inévitable ;

– il faut centraliser les initiatives et les imposer ;

– il faut des chiffres, des bilans, le tout de manière publiée, disponible, avec des discussions à ce sujet dans toute la population mondiale ;

– tout cela passe par une remise en cause de l’anthropocentrisme et la reconnaissance de la Nature.

Voici, pour conclure en attendant demain, une image tirée de la bande dessinée « Mother Sarah », un manga qui permet une très profonde réflexion sur l’engagement pour la défense de notre mère la Terre. Elle exprime ce qui se produira certainement : la condamnation des générations qui n’ont rien fait, qui ont trahi la vie sur la planète !

COP 21 : le onzième jour

On avance vers le dénouement de la COP 21. Son président, Laurent Fabius, a ainsi déclaré hier :

« Nous sommes extrêmement proche du terme, et il nous faut désormais accomplir les derniers mètres pour aboutir à un accord universel, juste, ambitieux, juridiquement contraignant et durable. Nous le devons et nous le pouvons. »

C’est assez étrange comme formulation puisqu’on sait déjà qu’il n’y aura rien d’universel, ni de juridiquement contraignant, voire même pas de durable…

Hier soir, à 21 heures, on avait en effet une nouvelle version du texte final disponible. Initialement, elle devait être rendu public à 15 heures, puis à 17 heures, finalement elle est arrivée en soirée.

Elle aurait dû être la version finale en tant que telle, mais elle est présentée comme l’avant-dernière, avant le document final censé être présenté aujourd’hui, la COP 21 fermant dimanche.

Cette version fait 27 pages, avec 26 articles, dont une dizaine sont déjà considérés comme « acquis », étant par conséquent envoyés aux commissions traduction d’un côté, vérification juridique de l’autre.

On peut remarquer, outre les choses mentionnées hier, que la référence aux droits humains a été enlevé, ainsi que celle concernant l’égalité des sexes, ou plus exactement des « genres » dans le texte. L’appel à une transition vers une économie durable qui soit « juste » a été éliminé du document également.

On ne sait toujours pas qui financera quoi et comment.

Le document dit qu’il faut aller « bien en-dessous des 2 degrés » et faire des « efforts pour limiter la hausse des températures à 1,5 degré ». En même temps, on ne trouve aucun chiffre concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Et rappelons que les chiffres donnés par les pays pour la conférence ne permettent en aucun cas un tel objectif…

En tout cas, on aura normalement aujourd’hui en soirée la version finale.

Voici, pour conclure, une précision très intéressante donnée par Les échos concernant la différence de 0,5°C à l’horizon 2100 :

« Encore non résolu, jeudi, le choix du niveau d’ambition sur le réchauffement – 1,5 degré Celsius (objectif A) ou 2 degrés (objectif B) – a des conséquences bien différentes.

En 2100, selon la récente étude d’Earth System Dynamics Discussions, le niveau de la mer aura augmenté de 40 centimètres dans le premier cas (A) ou de 50 centimètres dans le second (B). L’intensité des fortes précipitations augmenterait de 5 % (A) ou de 7 % (B) environ.

Concernant l’accès à l’eau dans les pays méditerranéens, d’Amérique centrale et d’Afrique du Sud, la réduction serait de 15 à 20 % avec un objectif de 1,5 degré et de 25 % à 30 % si l’on vise 2 degrés.

La durée moyenne des canicules s’élèverait à un mois ou un mois et demi, au niveau mondial. Sous les tropiques, elle pourrait atteindre jusqu’à deux mois (A) ou trois mois (B).

Sur le plan des récoltes, il faut s’attendre à une baisse de 14 % (objectif A) à 19 % (B) de la production de blé pour la moitié des pays producteurs. Les chiffres s’élèvent à 8 % et 12 % respectivement pour la production de maïs et, pour le soja, de 10 % et 12 %. »

En fait, on connaît les grandes lignes de la catastrophe en cours. Mais l’humanité ne se donne pas les moyens de faire face aux défis… ni à elle-même. Elle n’est pas prête, encore, à abandonner son anthropocentrisme…

COP 21 : le dixième jour

Les élections régionales – et l’ambiance délétère à laquelle elles correspondent dans ses résultats – fait que la COP 21 est passée à la trappe. Alors que justement c’est un événement d’une importance capitale, dont le contenu devrait captiver tout le monde !

Il est vrai que rien ne filtre et que tout est parfaitement rendu lisse. C’est une question de prestige pour l’Etat français. Anne-Laure Barral, journaliste de France Info, confie ici au Nouvel Observateur :

« Au fur et à mesure que les jours passent, c’est de plus en plus tendu avec les Français. On sent qu’ils veulent qu’on dise du bien, que tout se déroule parfaitement, qu’il n’y a aucune anicroche, que tout le monde est tombé d’accord.

Évidemment, on interroge d’autres sources pour avoir d’autres éclairages. Mais le fait est que les langues se délient peu. Il n’y a pas de coup de gueule. »

Hier, une nouvelle version du document final a été rendu public. Il reste 320 mots ou expressions entre crochets, donc quatre fois moins qu’au départ.

Il reste donc beaucoup de travail, cela ne présage rien de bon. On sait que les discussions se prolongent tard dans la nuit et que la fatigue prédomine largement chez les membres des négociations…

Où en est-on, pour ce qu’on en sait?

Il apparaît pour l’instant qu’on en reste aux engagements annoncés par chaque État, ce qui est en contradiction avec l’objectif des 2°C, sans même parler de 1,5°C, puisque avec les chiffres fournis, on aura au moins 3°C de plus à l’horizon 2100, par rapport à 1880.

Tout cela sera réévalué… d’ici 2020. On repousse donc ce qui devait être fait justement à la COP 21.

Il en va de même pour la question du financement : tout est repoussé concrètement à l’horizon 2020. Les contradictions semblent trop fortes et le document ne fixera rien.

Dans un même ordre d’idée, un bilan mondial sera effectué… en 2024. Il aurait peut-être fallu commencer par là, pourrait-on dire! Mais rappelons que les pays devaient en accepter le principe pour éventuellement en reconnaître les résultats… La division de l’humanité saute ici aux yeux.

Pareillement, la réévaluation régulière de la situation de chaque pays semble très mal partie. Pour formuler la chose plus clairement : on a quand même le tour de passe-passe en ce moment que la COP 21 accepte le principe d’une réévaluation tous les cinq ans, sans que ce qui soit évalué à la base ne soit décidé!

Et sans qu’un organisme puisse contraindre à ce que chaque pays obéisse à ce qu’il a signé… Car, de toutes manières, il n’est pas prévu d’organisme mondial ayant un pouvoir décisionnaire ou servant d’arbitre, comme par exemple l’Organisation Mondiale du Commerce.

Dans tous les cas, les pays seront contraints… à ce qu’ils auront eux-mêmes choisis de faire…

Conformément à cela, la nécessité de procéder à une évaluation du carbone, pour lui donner un « prix », est en train de passer à la trappe. Cela serait rendre universelle la question, alors que chaque pays est censé participer pour ainsi dire individuellement, chaque cas se voulant particulier.

Les énergies renouvelables ne sont pas présentées comme un objectif nécessaire de manière concrète, de manière chiffrée. Mais comment alors avancer vers une production conforme à l’écologie?

Donc pour résumer, en l’état actuel des choses, on peut déjà penser que le bilan sera vraisemblablement :

– il n’y aura pas de données chiffrées précises sur ce que chaque pays devra faire, le tout devant être évalué ;

– il n’y aura aucune instance contraignante obligeant à quoi que ce soit ;

– la question des financements ne sera pas réglé, ce qui sera masqué derrière une future évolution de la situation générale, ainsi que de chaque pays.

En fait, tout le monde est d’accord… pour être d’accord, ce qui a donné un démarrage assez bon, mais les contradictions ont primé, et surtout personne n’est prêt à donner de chiffres, et encore moins à accepter une dimension contraignante.

La division de l’humanité et la non-reconnaissance de la Nature semblent l’emporter clairement… comme on pouvait malheureusement s’y attendre.