Le WWF et le « capital naturel »

Les médias ont beaucoup parlé ces derniers jours du rapport du WWF, qui a comme d’habitude joué énormément sur la corde émotionnelle, sans rien assumer derrière.

Voici par exemple comment FranceTVinfos a présenté les propos du directeur du WWF en France :

Le rapport annuel de l’organisation WWF annonce la disparition de 58% des vertébrés sur la planète en seulement 40 ans. Le directeur de WWF France, Pascal Canfin, est sur le plateau de France 3 et explique que « ces chiffres sont le résultat d’analyses scientifiques qui sont menées depuis les années 70.

Ce que l’on constate c’est qu’entre 1970 et 2012, 58% des animaux sauvages ont disparu, la où il y avait 100 animaux en 1970, il n’y en a plus que 42 aujourd’hui et en 2020, il n’y en aura plus que 33 ».

Certains animaux sont plus touchés que d’autres : les éléphants d’Afrique par exemple, ont connu « une baisse sur les 10 dernières années de 25% mais cela frappe les espèces iconiques : les pandas, les tigres, les éléphants, les rhinocéros, mais c’est une réalité qui concerne toute la planète et qui est dramatique », explique Pascal Canfin.

Le plus inquiétant c’est « que nous ne sommes pas du tout dans des échelles de temps qui sont des centaines de milliers d’années qui est le rythme normal d’évolution de la nature. Nous sommes en train d’assister à une destruction massive de la vie sur notre planète qui va finir par nous affecter », conclut le directeur de WWF France.

Il y a une « destruction massive de la vie » : nous sommes bien d’accord, encore que cela soit un raccourci, car la vie triomphe toujours. Par exemple, l’urbanisation galopante de la planète amène, indirectement, à ce qu’il y ait plus de rats, entre autres.

On ne peut pas « supprimer » la vie de manière unilatérale, cela n’a pas de sens, mais, surtout, ce qu’il faut noter ici, c’est l’infecte passage suivant :

« qui va finir par nous affecter »

En effet, la seule chose qui intéresse le WWF et les gens ne défendant pas la Nature pour ce qu’elle est, c’est l’humanité, conçue abstraitement comme existante en-dehors de la Nature.

L’humanité devrait finalement mieux gérer sa destruction, évaluer ce qui lui semble utile ou moins utile, ou pas utile, etc. : telle est la logique du WWF qui, par ailleurs, n’est pas nouvelle.

Les propos de Marco Lambertini, directeur général du WWF International, s’appuient sur les mêmes considérations :

« Nous disposons des outils qui peuvent permettre de résoudre le problème auquel nous sommes confrontés : il faut maintenant les mettre en action sans plus tarder si nous tenons sérieusement à préserver une planète vivante pour notre survie et notre prospérité. Plus nous irons loin au-delà des limites de la Terre, plus nous compromettrons notre propre avenir. »

Les documents qui sont à l’origine de cette opération médiatique vont par contre très loin dans cette démarche et forment une preuve très utile aux personnes désireuses de critiquer correctement le WWF.

Le rapport du WWF « planète vivante » existe sous deux formes : une synthèse de 19 pages, le rapport en lui-même de 75 pages.

On remarquera le titre ultra-racoleur, visant à donner une image radicale, d’esprit « Gaïa », au WWF qui est tout sauf biocentriste et tout sauf considérant la planète comme un système global.

Et ces documents s’appuient sur un concept très clair, celui de « capital naturel ».

La définition de cette horreur anthropocentriste est la suivante :

« Qualifié de capital naturel, le stock disponible de ressources naturelles renouvelables ou non (plantes, animaux, air, eau, sols, minéraux, pour ne citer qu’eux) nous procure une multitude de bienfaits au niveau local comme mondial, fréquemment réunis sous le vocable de services écosystémiques. »

L’expression revient 14 fois dans les 19 pages, et dans le document de 75 pages, il revient pratiquement quarante fois, associé quelques fois au capital financier, le capital humain, etc.

Même quand le WWF essaie de se prétendre écologiste au sens strict, il n’y parvient pas, comme en témoigne ce passage contradictoire où l’hypocrisie ressort de manière patente :

« Au-delà de leur valeur intrinsèque, les espèces et les habitats de la Terre forment le socle des sociétés et des économies humaines.

C’est ce qui justifie que les efforts doivent tout particulièrement
être portés sur la protection et la restauration des grands processus écologiques nécessaires à la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique, ainsi que sur la résilience et l’adaptation au changement climatique.

Une bonne protection du capital naturel passe donc à la fois par une exploitation responsable des ressources et par un accroissement du réseau mondial d’aires protégées. Sans oublier la mise en place de mécanismes de financement permettant de gérer efficacement ces aires protégées. »

Le WWF n’arrive même pas à faire semblant : il voit par le prisme de la « gestion » anthropocentriste de l’humanité, son bien-être, etc.

Et le pire, c’est qu’il doit y avoir des gens pensant relativement comme nous qui ont contribué à ce dossier. Mais ces gens pensent que l’humanité est mauvaise, ils ne croient pas en les gens, en « le peuple », et donc ils tentent de marchander avec les puissants une gestion rationnelle allant dans leurs intérêts…

Alors qu’eux-mêmes ne pensent qu’à leur profit, obnubilés par ce qui leur apparaît une valorisation… D’où le fait que parler de « capital naturel » ne peut que les aider à aller dans le sens de l’appropriation de la Nature pour leurs besoins !

Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick propose un cursus de production de cannabis

Le gouvernement canadien a décidé de légaliser entièrement le cannabis d’ici six moi. Il l’est déjà sur ordonnance médicale, il le sera désormais entièrement.

Au Nouveau-Brunswick, deux usines de production de « marijuana médicale » sont ainsi en construction, et pour profiter de cet élan capitaliste, le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick a également mis en place un nouveau cursus universitaire.

Il formera, de manière bilingue, les étudiants… dans la production de marijuana.Il n’y a encore aucun professeur mais l’université compte le faire rapidement, afin de proposer un cursus de haut niveau devant satisfaire des besoins industriels.

Le cursus ne sera donc pas uniquement commercial, comme c’est le cas dans l’autre cursus lié au cannabis qui est lancé en Colombie-Britannique. Il s’agira surtout de la formation d’experts, comme l’explique le président de l’université :

Il y a un réel potentiel en matière de création d’emplois.

On a donc cru bon travailler de concert avec l’industrie afin de concevoir un programme visant à former ces employés, principalement pour le secteur de la production.

On parle d’horticulture, de végétation, de contrôle de la qualité, etc. Donc d’employés de terrain.

C’est quelque chose dont il faut avoir absolument conscience quand on regarde la question du cannabis. On sait bien que, avide de profit, le capitalisme produit n’importe quoi qui se vend.

Il ne regarde pas si cela est bien, si cela est mal, etc. : il regarde s’il y a des clients.

Si l’on veut une société différente, c’est la morale qui doit primer dans les choix de production. Or, la question de la légalisation du cannabis est ici entièrement appropriée par la quête du profit.

Avec l’Etat qui dit – c’est bien entendu le cas au Canada – que pour lutter de manière efficace contre le cannabis, il faut l’accepter, l’encadrer.

Un raisonnement absurde qui vise en réalité à promouvoir le libéralisme le plus complet. Et on voit la décadence du principe universitaire, quand on constate l’entière soumission du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick à l’industrie.

Normalement, une université a une histoire, propose des parcours à prétention scientifique. Même lorsque c’est commercial, il y a tout une sorte de « masque » pour prétendre à quelque chose de sérieux, dans une tradition humaniste.

Même les pires écoles de commerce tiennent un discours prétendument humaniste.

Là, on est dans une froideur totalement technique. Des gens vont être formés en horticulture, afin de produire une drogue. On touche là le fond du fond.

Il est vrai qu’on est au Canada et que l’université en question parle dans son explication sur sa « philosophie » qu’elle forme « un capital humain » devenant « une main-d’oeuvre compétente et performante ».

Mais il faut voir les choses dans son ensemble : le cannabis, comme repli individuel, participe d’une tendance généralisée à individualisme général.

Il n’y a plus de place pour le respect de soi-même au nom de valeurs universelles : il faudrait pour chacun se concevoir comme une petite entreprise, cherchant à faire du profit (au lieu de profiter de la vie), à forcer le destin (plutôt qu’à accepter la Nature), tout se vendrait, tout s’achèterait.

En acceptant de mettre en place un cursus de formation de production de cannabis, pire en le mettant lui-même en place, le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick insulte le principe même de l’université, principe même de culture, d’humanisme, avec toutes les exigences qui en sont sous-jacents.

Rabelais disait « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » : il faudrait que nos cousins d’outre-Atlantique se remettent à le lire…

Youth of today – Disengage

Voici les paroles de « Disengage », dont les paroles reflètent toute une approche de l’engagement dans la culture straight edge.

Cette chanson de Youth of today, qui date de 1990, rappelle que pour bien faire, il faut déjà aussi ne pas mal faire. Il faut savoir se couper de ce qui est destructeur si l’on veut avancer vers ce qui est positif.

Aucune utopie n’est possible sans cette dynamique. Ces paroles sont fortes, elles sont vraies, elles donnent du sens.

Well, it’s so sad to see all our good qualities
Gradually slipping away and fading
And we better act quick because I’m getting sick
Of how much it’s becoming degrading
In this age when everything’s falling apart
Eh bien il est tellement de triste de voir que toutes nos bonnes qualités
fondent et disparaissent graduellement
et nous devrions agir vite car je deviens malade
de comment tout devient dégradant
en cet âge où tout s’effondre

Disengage
Don’t think I’m crazy
For not wanting to take part
Désengage (toi)
Ne pense pas que je sois fou

pour ne pas vouloir prendre part

When morality is defeated
Compassion is deleted
All in the name of our desire
Là où la moralité est défaite
la compassion est effacée
tout cela au nom de nos désirs

And we’ve got to be blind
Or just losing our minds
If we can’t see this world’s on fire
Et nous devons être bien aveugles
ou en train de perdre l’esprit
si nous ne pouvons voir que ce monde est en feu

In this age when everything’s falling apart
Disengage don’t think I’m crazy
For not wanting to take part
Désengage (toi) ne pense pas que je sois fou
pour ne pas vouloir prendre part
en cet âge où tout s’effondre

We’ve got to disengage
Can’t you see this age
Dragging us down
Down to the ground
Nous devons nous désengager
ne peux-tu voir cet âge
nous entraîner vers le bas
Jusqu’au fond

We’ve got to disengage
Nous devons nous désengager

And I think it’s sad that our society’s gone mad
Possessed by taking more than we need
And our motivation’s a sad situation
Because it’s fueled by anger envy and greed
Et je pense qu’il est triste que notre société soit devenue folle
possédée par le fait de prendre plus qu’on a besoin
et notre motivation est une triste situation
parce qu’elle a comme énergie la rage l’envie l’avarice

« Vegan straight edge »

Les gens qui participent à La Terre d’abord! sont vegan straight edge. Ces termes ont un sens bien précis, ils sont nés dans une culture de contestation et d’exigence d’une morale positive.

L’expression « straight edge » provient des Etats-Unis, dans une frange de la scène punk. Le mouvement punk né en Angleterre rejetait le conservatisme et la pesanteur réactionnaire de la société, mais a rapidement sombré dans l’auto-destruction par manque de perspective.

Une scène « straight edge » est alors apparue comme sorte de mouvement punk acceptant le désengagement par rapport aux valeurs dominantes, sans toutefois basculer dans le refus nihiliste de la société.

Le premier groupe de musique emblématique fut, à partir de 1980, le groupe Minor Threat, groupe de musique dite « hardcore » dont l’une des chansons utilise l’expression « straight edge ».

Le « straight edge », c’est la voie droite, avec alors trois « X » symbolisant les refus de trois aspects destructeurs de la société : l’alcool, les drogues, les relations sexuelles en-dehors d’une relation durable.

A ce principe s’en ajouta un second dans la seconde partie des années 1980 : le végétarisme. Cette vague dite « de 1988 » fut portée par le groupe de musique Youth of Today, mettant en avant le principe du crew, c’est-à-dire de l’équipe, du collectif.

« Moi ! Toi ! L’équipe de la jeunesse !
Si la terre était plate j’aiguiserai les bords.
Je dédie mon coeur à la jeunesse positive.
Le X sur la main maintenant fais le serment
à la jeunesse positive, à la croissance positive,
aux esprits positifs, aux esprits purs et cleans.
Ce sont tous mes objectifs,
marche avec moi et mon crew »

Au début des années 1990 se produisit alors la troisième vague du mouvement straight edge, où cette fois le végétarisme fut remplacé par le véganisme.

Être straight edge était considéré comme allant de pair avec celui d’être vegan, dans une optique de remise en cause révolutionnaire de la société et d’engagement pour la libération animale par tous les moyens nécessaires.

Les groupes de musique jouant un rôle important dans la naissance de cette culture furent Vegan Reich, Refused, ou encore Earth Crisis, dont les paroles suivantes résument la philosophie :

Cette lutte acharnée, un apôtre de l’ordre qui doit être.
La nature sera laissée en paix, les animaux libérés.

La chanson « Firestorm » (« tempête de feu ») d’Earth Crisis devint également la chanson phare de la culture vegan straight edge.

Après cette vague des années 1990, qui fut surtout significative nationalement aux États-Unis et en Suède, la culture vegan straight edge a connu une phase de recul, tout en diffusant ses principes un peu partout dans le monde.

Il est temps de faire avancer cette culture à une nouvelle étape.

L’Eglise, la sépulture des défunts et la crémation

De nos jours, la crémation est de plus en plus utilisée après un décès, un tiers environ des gens choisissant cela plutôt qu’un enterrement classique.

Dans ce dernier cas, le corps met plusieurs années à se désagréger, plus d’ailleurs désormais qu’auparavant, en raison des nombreux éléments chimiques industriels ingurgités.

La crémation n’est pas l’idéal, du point de vue vegan, car outre le gâchis d’énergie pour la crémation, celle-ci détruit également les éléments chimiques qui nous composent et qu’on devrait rendre à la planète.

Les nutriments présents permettent de multiplier les bactéries, microbes et champignons, qui vont liquéfier les organes, amenant la production de gaz, alors que les insectes mangent la chair et les os , qui contiennent des protéines, se désagrègent.

La vie est rendue à la vie et le meilleur enterrement, c’est celui qui ramène à la terre, bien entendu sans fleurs, car on les préfère vivantes. Ce type d’enterrement existe déjà de par le monde, même s’il est rare.

L’Eglise est tout à fait consciente de cette problématique, de ce qui est pour elle le risque de compréhension du rapport à la Nature.

Elle tend à deux choses : tout d’abord, de s’opposer à la crémation, au moins symboliquement. Ensuite, de « sacraliser » le corps humain, au nom de l’éternité de l’âme et de la prétendue résurrection à la fin des temps.

La congrégation pour la doctrine de la foi vient donc de rendre public une « Instruction Ad resurgendum cum Christo sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas d’incinération ».

En apparence, seule la crémation est visée, mais en réalité c’est également l’enterrement de type « retour à la terre, à la nature ». Voici ce qu’on lit par exemple :

Pour éviter tout malentendu de type panthéiste, naturaliste ou nihiliste, la dispersion des cendres dans l’air, sur terre, dans l’eau ou de toute autre manière, n’est pas permise ; il en est de même de la conservation des cendres issues de l’incinération dans des souvenirs, des bijoux ou d’autres objets. En effet, les raisons hygiéniques, sociales ou économiques qui peuvent motiver le choix de l’incinération ne s’appliquent pas à ces procédés.

C’est ici clairement l’athéisme, la défense de mère Nature qui est visée. Un autre passage de « l’instruction » souligne cette dimension :

En ensevelissant les corps des fidèles, l’Église confirme la foi en la résurrection de la chair et veut mettre l’accent sur la grande dignité du corps humain, en tant que partie intégrante de la personne, dont le corps partage l’histoire.

Elle ne peut donc tolérer des attitudes et des rites impliquant des conceptions erronées de la mort, considérée soit comme l’anéantissement définitif de la personne, soit comme un moment de sa fusion avec la Mère-nature ou avec l’univers, soit comme une étape dans le processus de réincarnation, ou encore comme la libération définitive de la “prison” du corps.

Bien sûr pour l’Eglise, la défense de mère Nature relève du polythéisme, en tout cas c’est ce qu’elle prétend, afin de se prétendre l’ultime réflexion possible du rapport à l’existence.

La crémation est ainsi autorisée, à condition que les cendres terminent dans un endroit consacré religieusement. Ce n’est pas la crémation qui la dérange vraiment, car l’âme serait éternelle et donc pas concernée.

Ce qui la dérange, c’est la mort en-dehors de Dieu, c’est-à-dire placée directement dans son rapport à la Nature. Tendanciellement, disperser des cendres dans la Nature se rapproche dangereusement de la question athée, du retour à la Nature…

Pour l’anecdote enfin, cette « instruction » vient d’être rendue public. Voici pourtant ce qu’on lit au bas de celle-ci :

Donné à Rome, au siège de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le 15 août 2016, Solennité de l’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie.

Cela ne doit rien au hasard. Cette date est d’une grande importance symbolique, car l’Eglise met de plus en plus en avant la vierge Marie, pour contrer la conception de Mère Nature.

Voici comment le pape Pie XII, en 1950, donne la définition « technique » de cette date religieuse :

« Nous affirmons, nous déclarons et nous définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. »

L’âme est éternelle, nous ne serions pas notre corps : voilà le leitmotiv anti-Nature de l’Eglise.

Michel Fize définit sa candidature à l’élection présidentielle

Tout récemment, nous parlions de Michel Fize voulant se présenter aux présidentielles.

Voici la présentation qu’il fait de sa démarche, dans une tribune dans le Huffington post. Michel Fize entend défendre le vivant, ce qui est bien, mais place de manière étrange les « animaux de compagnie » au coeur de la problématique.

En fait, il veut passer par là pour gagner les coeurs… Sauf que c’est là contourner la question de la rationalité, donc du véganisme.

Pour défendre les animaux, ma candidature à l’élection présidentielle

Nous, les hommes, de France et d’ailleurs, portons la responsabilité de la survie des espèces, et d’abord des espèces animales.

Comment, me dit-on ici ou là, pouvez-vous, vous, le sociologue sérieux, vous lancer dans pareille aventure ? Comment pouvez-vous être candidat aux plus hautes fonctions de l’Etat pour y défendre cette cause animale (jugée évidemment pas sérieuse du tout dans le microcosme politico-médiatique) ?

Manière polie pour ne pas me dire : n’avez-vous rien d’autre à faire que d’aller défendre les « bêtes »?

Mais il me plaît à moi, par cette candidature, de briser le silence face à la grande misère animale qui règne dans ce pays, de dénoncer les euthanasies que subissent les animaux de compagnie (100.000 par an), les abandons (100.000 encore), les maltraitances au quotidien dans les foyers jusqu’à la mort parfois, de briser le silence face à la souffrance des animaux d’élevage dans les abattoirs, le génocide des insectes (pollinisateurs ou non), la mise aux normes (industrielles) de tous les végétaux, pour ne citer que ces quelques exemples.

La cause animale, n’en déplaise au microcosme, est une juste cause, surtout, bien sûr, quand on sait la replacer dans la bonne perspective.

La cause animale n’est en réalité qu’une facette de la grande cause du vivant, de ce vivant, partout dans les sociétés, la nôtre en tête, malmené, tourmenté, raillé, oublié, de ce vivant qui comprend l’animalité proprement dite mais aussi cette humanité, qui est mise au ban, pauvre, précaire.

Embrasser le vivant, qui est un impératif, c’est rejeter ces coupures catégorielles : nature d’un côté, homme de l’autre, monde animal, au milieu peut-être de l’une et de l’autre ?

Nous affirmons aujourd’hui que l’Homme et le reste du monde vivant ont un destin commun, que les sociétés ne pourront réellement évoluer vers le progrès social, le « juste progrès » que si elles acceptent de porter la valeur fondamentale du « respect du vivant ».

Nous, les hommes, de France et d’ailleurs, portons la responsabilité de la survie des espèces, et d’abord des espèces animales, dont beaucoup sont aujourd’hui menacées d’extinction.

Nous pouvons agir, elles ne le peuvent pas. Notre devoir est de protection à leur égard. Le temps est fini où la menace d’un « dérèglement » du fonctionnement de la planète, par l’activité économique des hommes, était lointaine, virtuelle, impalpable. Cette menace est désormais concrète, visible et de plus en plus menaçante.

Nous, membres du « Parti pour les Animaux » (PPA), ne voulons pas d’une campagne présidentielle qui ignore la protection du vivant sous toutes ses formes. Nous ne voulons pas d’une campagne présidentielle qui ignore les défis écologiques, ces défis que nous ne pourrions que subir.

Nous ne voulons pas d’une société qui ignore la souffrance des animaux qu’elle élève. Une société qui nie le droit de l’animal au respect et au bonheur, mais aussi tout simplement à la vie, est une société qui s’apprête à renoncer au progrès réel : ce progrès social qui permet à l’humanité d’aller toujours vers une vie meilleure.

Nous ne voulons pas d’une écologie politicienne et réductrice qui ne s’intéresse qu’aux méfaits des machines sur la vie des hommes.

L’écologie naturelle, celle du vivant, ne peut faire l’économie de la protection aussi des animaux qui partagent nos vies, peuplent nos campagnes, errent dans nos montagnes, l’économie des droits des « bêtes ».

Notre société, inégalitaire, injuste, brutale, est devenue une grande société dépressive. La fonction des animaux de compagnie, surtout auprès des personnes en difficultés, est ici essentielle.

Une société pleinement vivante ne peut faire l’impasse sur l’importance de cette relation homme-animal. Les « sans domicile fixe », les personnes âgées ont souvent recours, on le sait, à l’animal pour ne pas souffrir de leur solitude.

De la même façon, les personnes en situation de handicap, les jeunes en détresse, peuvent utilement profiter d’une présence animale de tous les instants.

Les animaux portent les plus belles des valeurs : l’amour, la fidélité, le courage jusqu’à l’abnégation. Il nous faut aujourd’hui mieux organiser le partenariat avec eux, dans notre intérêt mutuel.

Autour de 25 propositions qui forment l’armature du programme du Parti pour les Animaux, que nous divulguerons le moment venu, nous entendons bâtir ce destin commun entre les hommes et les « bêtes », nous entendons avancer vers une société plus équitable, moins dure, ouverte vraiment à la différence.

Nous pensons possible et urgent de porter, politiquement, cette cause animale, cette « écologie du vivant ». Comme disait Auguste Comte, le monde est « un grand Tout » où chacun doit trouver sa juste place.

La politique est imparfaite, l’écologie, ou plutôt l' »EGO-logie », devrais-je dire, est imparfaite. Changeons l’une et l’autre. Quelle plus belle cause fédératrice que la cause animale !

Pierre Rabhi dit aux végans : « Bouffez un bifteck et soyez heureux! »

Pierre Rabhi est une figure de plus en plus médiatique ces derniers temps ; avec son air affable et ses origines algériennes, il permet de faire passer plus aisément une écologie tout à fait dans l’esprit des années 1930.

Extrêmement médiatisé, voici ses propos dans une interview accordée au Figaro, où il attaque de manière frontale le véganisme, de manière particulièrement agressive :

N’y a-t-il pas une nette évolution dans notre manière de nous nourrir?

Le bio est une manifestation du besoin des consommateurs de revenir aux produits sains. Le bio, c’est mieux que des plantes qui ont poussé sur des sols dénaturés, certes, mais est-ce un changement suffisant?

De l’alimentation, nous avons pris la substance mais pas la sémantique. Nous faisons le plein de nos estomacs comme celui de nos voitures, en oubliant le caractère sacré qui, historiquement, a toujours été associé à la nourriture.

L’écologie politique a aussi fait cette erreur.

Elle a oublié de nous dire que nous avons besoin d’une nature belle, mystérieuse et porteuse d’esprit. La nourriture doit aussi nous parler par le cœur, nous faire vibrer, car c’est grâce à elle et à la terre nourricière qui la produit que nous sommes vivants.

Il y a de plus en plus de produits sans gluten, sans protéines, sans lactose… Quel est votre regard sur cette tendance?

Parce que l’alimentation est devenue suspecte, elle entraîne des raidissements mentaux excessifs.

J’ai pu entrer dans des restaurants où la radicalité alimentaire était de mise et j’ai vu des gens tristes.

Je ne porte pas de jugement, mais j’ai parfois envie de dire: «Bouffez un bifteck et soyez heureux!»

La joie de dîner entre amis ou en famille est essentielle.Beaucoup de gens pensent que je suis végétarien, mais ça n’est pas le cas.

Ceux qui font ce choix ne doivent pas le vivre comme une contrainte, mais comme un élément nécessaire à leur bonheur. J’insiste sur un point: garder un état relaxé par rapport à la vie. Et c’est évidemment vrai pour la nourriture.

L’exploitation animale ? L’écocide planétaire ? Ce n’est pas grave, restons « relax », ce qui compte, c’est la convivialité par le retour à la terre.

Tout le reste est « radicalité », c’est-à-dire « révolution » et par conséquent, pour Pierre Rabhi et les bobos et grands bourgeois qu’il fréquente, le mal absolu !

L’argument de Pierre Rabhi – les végans sont tristes – n’a aucune originalité, c’est une vieille accusation, qui s’appuie sur la pression sociale terrible contre les individus aimant les animaux.

Et il est vrai que certaines personnes se complaisent dans une posture misanthrope, glauque. Cependant on peut avoir une option totalement différente positive…

Ce n’est pas le point de vue de Pierre Rabhi, qui préfère lui appuyer les pires valeurs conservatrices françaises, celles des années 1930 et du début des années 1940.

Et, fort logiquement, ça marche. Cet esprit réactionnaire de « retour à la terre », dans la logique bien française du pétainisme, a un grand succès.

Du côté de Pierre Rabhi, cela donne toute une mouvance et un phénomène d’édition. Son ouvrage de 2010 « Vers la sobriété heureuse » a par exemple été vendu à 315 000 exemplaires.

Le documentaire « Demain » sorti en 2015 et reflétant sa perspective a également fait un million d’entrées, remportant même un « césar » cette année.

Le co-réalisateur du documentaire est d’ailleurs Cyril Dion, porte-parole du mouvement de Pierre Rabhi, les « colibris ».

Participent à ce mouvement une collection de livres chez Actes sud (« domaine du possible »), un éco-village, une école, un centre de recherche et de formation, un magazine (« Kaizen »), etc.

Tout cela forme un immense groupe de pression travaillant l’opinion publique contre le véganisme et son universalité.

Cela, la ZAD, le discours sur le « bien-être animal », sans parler de l’extrême-droite… est en train de geler toute progression du véganisme en France, le terme étant déjà comme on le sait galvaudé de-ci de-là par les hipsters et les bobos.

C’est dire l’importance qu’il y a de rester à des valeurs morales strictes…

Poésie en prose au camp militaire du Larzac

Quand on pense au Larzac, on pense à la lutte contre l’agrandissement du camp militaire du Larzac, qui devait passer de 3 000 à 17 000 hectares…

Pratiquement cent mille personnes se rendirent sur place, au fur et à mesure d’une lutte qui s’étala de 1971 à 1981…

Les temps ont changé et il y a un net recul de la conscience de l’engagement comme ayant une dimension universelle. On réduit son combat à soi-même…

Par exemple, en Suisse, un jeune végan a fait un procès… car il voulait faire l’armée tout en restant végan. S’il y a une guerre ou une révolution à réprimer, ses meurtres en tant que soldat seront-ils végan pour autant ?

Cette déconnexion d’une vision du monde un tant soit peu général est terrible. Il faut dire également que tout est fait pour liquider le patrimoine de lutte.

C’est le cas au Larzac, où le camp militaire transforme son existence… en mode « écologiste ». Le Figaro titre l’information de la manière suivante :

Légion : la «13» installe sur le Larzac le premier camp militaire «vert»

« Vert » ? La 13e demi-brigade de Légion étrangère n’est naturellement pas devenue une unité végan organisant un maquis.

Initialement basée à Abu Dhabi, elle déménage au Larzac.

On peut penser qu’elle ne changera pas pour autant son chant intitulé « sous le soleil brûlant d’Afrique », ni ses paroles (Sous le soleil brûlant d’Afrique Cochinchine, Madagascar Une phalange magnifique A fait flotter nos étendards etc.).

Elle se contentera de profiter de l’agriculture biologique en circuit court de la région, s’approvisionnant chez les producteurs locaux, des fermes traditionnelles seront préservées, etc.

Tout le patrimoine historique de lutte anti-militariste est vendu par les petits producteurs locaux, afin de satisfaire leur commerce…

L’armée est très satisfaite, allant jusqu’au lyrisme :

De la poussière d’Abu Dhabi aux plaines verdoyantes du Larzac

Les propos suivants de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, sont impressionnants également dans leur genre :

« Les relations entre le Larzac et l’institution militaire ont été particulières.

Au vu de cette histoire, l’installation pérenne d’un régiment ne semblait pas aller de soi, mais cette rencontre entre un territoire unique par son patrimoine et ses engagements, et une unité qui l’est tout autant, est riche de sens et devrait offrir une alchimie magique. »

C’est beau. Il faut croire d’ailleurs que les propos délirants tiennent au lieu, car voici ce qu’a expliqué Alain Fauconnier, président du Parc naturel régional des Grands Causses.

«Cette installation qui paraissait impossible est devenue possible grâce à la volonté manifestée localement et au plus haut niveau de l’État de réconcilier ce territoire, ses habitants et l’armée.

Des hommes et des femmes se sont battus, il y a quarante ans, pour défendre un modèle de développement rural et agricole qui a démontré sa pertinence.

Aujourd’hui, ce modèle n’est en rien remis en cause, bien au contraire.»

Finalement, ce n’est pas si étonnant : le culte du terroir est réactionnaire et peut très bien s’allier à des choses réactionnaires comme l’armée française.

Le masque « alternatif » ne va jamais bien loin et on le voit bien chez les zadistes dont le contenu écologiste, ou même engagé, se résume à « Il faut cultiver son jardin » du Candide de Voltaire…

Nucléaire : falsifications, malfaçons, réacteurs à l’arrêt…

Il y a trente ans, le nucléaire français était un bastion imprenable de l’Etat et des médias : le remettre en cause était une opinion interdite de droit de cité, c’était un tabou complet.

Aujourd’hui, le nucléaire n’est pas seulement critiqué, il connaît une crise profonde. Sortir du nucléaire a dressé une carte tout à fait claire de ce qui se passe actuellement, avec les dernières décisions.

L’Autorité de sureté nucléaire rue en effet dans les brancards et a demandé de mettre à l’arrêt de nombreux réacteurs d’EDF, qui sont 58 en tout…

La situation est tellement grave que Ségolène Royale a, en tant que ministre (de l’énergie et de l’écologie), envoyé une lettre au directeur d’EDF, avertissant qu’il était hors de question d’accepter des coupures de courant.

« La sécurité d’approvisionnement du territoire français en électricité doit être assurée. EDF, premier producteur d’électricité en France, est dépositaire d’une forte responsabilité dans la garantie de cet approvisionnement »

La remise des calculs de prévision de la gestion de l’électricité – rassemblant des millions de données – a dû être repoussée de deux semaines.

Voici le communiqué de Sortir du nucléaire.

Scandale des anomalies dissimulées : l’ASN fait arrêter 5 réacteurs supplémentaires. La sortie du nucléaire en urgence est l’unique solution

Alors que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé la mise à l’arrêt de 5 nouveaux réacteurs suite au scandale du Creusot qui a fait apparaitre des falsifications de documents et des malfaçons dans l’acier de pièces fondamentales pour la sûreté, une sortie du nucléaire doit être engagée en urgence.

Le 18 octobre, l’Autorité de sûreté nucléaire a demandé à EDF la mise à l’arrêt sous trois mois de cinq réacteurs nucléaires (Civaux 1, Fessenheim 1, Gravelines 4, Tricastin 2 et 4) équipés de générateurs de vapeur suspects, dont l’acier présente un taux de carbone trop élevé.

Cette anomalie constitue un risque permanent de rupture brutale qui conduirait à une perte de réfrigérant du réacteur puis à un accident grave. Ce problème est d’autant plus grave que la rupture de ces pièces est normalement censée être exclue.

Cette décision survient alors que 21 réacteurs sont déjà arrêtés, dont une grande partie dans le cadre de contrôles liés à des pièces présentant potentiellement des malfaçons. Entre autres, la centrale de Fessenheim se retrouvera à l’arrêt intégral.

Une sortie du nucléaire doit être enfin planifiée !
Alors que les équipements concernés sont essentiels pour la sureté et que la liste des réacteurs impactés est encore susceptible de s’allonger, il serait inacceptable que la politique énergétique ne change pas de cap. Il est hors de question que soient avalisés les projets d’EDF de prolonger à grands frais la durée de fonctionnement de ses réacteurs, alors même que des pièces plus fragiles que prévu y sont découvertes.

La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, actuellement vide de contenu sur le volet nucléaire, doit être revue en urgence pour intégrer ce nouveau contexte et prévoir enfin des arrêts effectifs et définitifs de réacteurs autres que Fessenheim, ainsi qu’une accélération des économies d’énergie et du développement des énergies renouvelables.

Même si cette situation ne devrait pas déboucher sur un black-out, elle démontre qu’EDF, faute d’avoir accepté d’envisager une réduction de la part du nucléaire pourtant réalisable sans efforts [1], devra se préparer à subir une sortie en urgence.

La « sûreté nucléaire » s’avère un mythe
Ces arrêts sont le prolongement de scandales à répétition dans des usines où des erreurs ont été sciemment dissimulées lors de la fabrication de pièces destinées à l’industrie nucléaire.

Ces scandales illustrent de manière éclatante les limites du système de contrôle de la sûreté nucléaire, où l’on postule que les industriels sont de bonne foi et déclareront d’eux-mêmes les problèmes. Et au vu du manque de moyen de l’ASN et des pressions qu’elle peut subir de la part d’EDF [2], on peut craindre que de nombreuses pièces défectueuses ne passent quand même les contrôles.

N’attendons pas que ce système défaillant nous mène à un accident. Les réacteurs concernés doivent être arrêtés définitivement et une sortie du nucléaire engagée dès maintenant !

Notes

[1] En 2013, interrogée dans le cadre d’une enquête parlementaire, la Direction Générale de l’Énergie et du Climat avait reconnu que les tendances actuelles d’économies d’énergie et de développement des renouvelables devaient conduire à un « non-besoin » d’une vingtaine de réacteurs à l’échéance 2025.
[2] https://www.mediapart.fr/journal/france/181016/flamanville-l-autorite-de-surete-nucleaire-est-dans-la-main-d-edf

Un « secrétariat à la condition animale »

Et un manifeste de plus publié dans Le Monde, un de plus ! Et encore une fois il n’est pas accessible en ligne, étant réservé au lectorat du Monde !

Pour, encore une fois, prétendre défendre les animaux sans assumer le véganisme, juste pour contribuer à l’aménagement de l’exploitation animale…

Sauf qu’à force de publier de tels appels, ce mélange universitaire/hippie/religieux/intellectuel/journaliste se démasque chaque fois plus, puisqu’on voit bien qu’il est un simple accompagnement de la généralisation de l’exploitation animale à l’échelle mondiale…

L’appel a été signé « un collectif de personnalités », dont voici les « éminents » membres qui considèrent que le peuple est trop vil pour eux, le véganisme inabordable, et qui donc préfèrent publier dans Le Monde, ce qui est bien plus « chic ».

Les résultats du premier tour de la primaire d’EELV

Les résultats du premier tour de la primaire d’EELV (avec quatre personnes candidates) sont tombés et les médias en ont beaucoup parlé, puisque Cécile Duflot s’est faite éjecter avec un score très faible.

Voici ce que cela donne en pourcentage des voix :

– Yannick Jadot : 35,61%
– Michèle Rivasi : 30,16%
– Cécile Duflot : 24,41%
– Karima Delli : 9,82%

Pour Cécile Duflot, qui se voyait déjà à la présidentielle, c’est un désaveu total. Il faut dire que le personnage a toujours été insupportable, carriériste et horripilant.

Ces derniers temps, elle en a même ajouté à son passif (voir Coup de force de Cécile Duflot à EELV pour les présidentielles, Cécile Duflot : « Je suis née écologiste », Caroline De Haas directrice de campagne de Cécile Duflot pour la primaire écologiste).

Elle est donc passée à la trappe, parce qu’elle était devenue une caricature d’elle-même et sa défaite provoque une vague de joie certaine.

Ceci dit, les deux personnes qui seront candidates au second tour des primaires ne sont pas bien mieux. Yannick Jadot et Michèle Rivasi sont deux technocrates de l’écologie, passés par Greenpeace.

Tous deux raisonnent en termes associatifs, c’est-à-dire en parasites du système et tous deux avouent d’ailleurs qu’il n’y a guère de différences entre eux…

Voici comment Michèle Rivasi a présenté cela hier après les résultats, à PublicSénat :

Je continuerai à faire le lien avec les associations, les combats de terrain et à dépasser le parti EELV en jouant sur l’autonomie et pas sur une alliance avec le PS.

Yannick Jadot n’est pas clair avec le PS. Créons plutôt une dynamique citoyenne. Il a dit qu’il peut y avoir des alliances avec le PS aux législatives.

Moi, je suis plutôt pour une plateforme de la société civile en vue des législatives. Je ne fais plus d’alliances avec le PS. Ça va ! Je suis pour l’autonomie.

Je suis pour élargir très vite, aller vers le peuple de l’écologie et aller au-delà et dépasser les parties politiques, qui n’apportent plus l’innovation. Il faut mettre de l’humain, du lien et de la construction. Les partis sont dépassés.

Il ne faut pas prendre les mots de Michèle Rivasi au pied de la lettre : Yannick Jadot a la même stratégie, comme en témoigne sa toute récente participation à une tentative de hold up sur les associations de défense animale (voir EELV lance une OPA sur la question animale).

Il y a un tournant : de parti électoral satellite du Parti Socialiste, EELV va devenir une sorte de magma associatif – citoyenniste.

C’est le chemin déjà parcouru dans le passé par le Parti Socialiste Unifié, qui dans les années 1970 a également tenté cette voie parallèle « associative » afin de se diluer justement dans le milieu associatif.

C’est très classes moyennes urbaines des centre-villes comme dynamique et quelqu’un comme Aymeric Caron y aurait tout à fait sa place, d’ailleurs.

C’est l’écologie et « l’antispécisme » comme pseudo voies alternatives pour réformer le capitalisme, aménager la vie des classes moyennes de manière plus moderne, faire s’abaisser les tensions sociales, etc.

Sur le plan du contenu, le rapport à la Nature est inexistant, sans parler du véganisme comme utopie universelle réalisable par la révolution…

Une forêt détruite pour construire une poubelle nucléaire ?

Voici un communiqué lié à la lutte à Bure qui est très important, car il pose la question de la définition légale de forêt. Non pas qu’il faille faire de la loi un fétiche, bien loin de là, mais il est important de voir comment le profit sait habilement détourner, modifier les lois, quand ça l’arrange.

Modifier la loi sur les forêts est une chose capitale dans le processus de bétonnisation et cette question dépasse largement la question de Bure…

Une forêt détruite pour construire une poubelle nucléaire ?
Bure : 9 associations et 4 habitants attaquent en justice l’arrêté préfectoral retirant le Bois Lejuc du régime forestier

Communiqué commun du Réseau “Sortir du nucléaire“, ASODEDRA, BureStop55, Bure Zone Libre, Cedra 52, France Nature Environnement, Les Habitants Vigilants du Canton de Gondrecourt, Meuse Nature Environnement, MIRABEL -Lorraine Nature environnement… et des opposant-e-s et habitant-e-s en lutte contre Cigéo de Bure et d’ailleurs.

Communiqué du 17 octobre 2016

Le Bois Lejuc, près de Bure, est censé devenir le lieu d’implantation des puits d’accès et de ventilation de CIGÉO, ce projet d’enfouissement en profondeur des déchets radioactifs les plus dangereux.

Pour y réaliser ses travaux, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA) a obtenu par arrêté préfectoral que ce bois ne soit plus soumis au régime forestier et a déjà commencé à détruire la forêt.

Associations et habitants viennent d’attaquer devant le tribunal administratif cet arrêté illégal et illégitime.

L’Andra fait main basse sur un bois communal

Le 6 janvier 2016, l’Andra est devenu propriétaire du Bois Lejuc, ancien bois communal du village de Mandres-en-Barrois.

Elle en avait obtenu la cession, malgré l’opposition de la majorité des habitants exprimée en 2013, suite à une délibération rocambolesque du Conseil municipal contestée en justice.

Le même jour, le Préfet de la Meuse avait adopté un « arrêté de distraction du régime forestier » pour le Bois Lejuc.

Cet arrêté était censé permettre à l’Andra de passer outre les règles de bonne gestion de la forêt afin de pouvoir, si les travaux préparatoires à CIGÉO le demandaient, détruire ce bois de 222 hectares, planté de hêtres et de chênes depuis au moins 1732 et situé à proximité d’une zone Natura 2000.

Un bois qui faisait partie de l’histoire de la commune depuis le XVIIIème siècle, et où les habitants avaient coutume de se promener, ramasser des champignons et faire leurs affouages…

Une décision illégale qui a autorisé la destruction de la forêt
Or, selon le Code forestier, les forêts détenues par des établissements publics se doivent d’être soumises au régime forestier.

En prononçant cet arrêté de distraction, le Préfet de la Meuse a commis un acte illégal pour permettre la construction de CIGÉO. Par ailleurs, l’Office National des Forêts n’avait donné son accord qu’en exprimant de lourdes réserves (dont le non-respect, pour la jurisprudence, vaut refus), insistant sur l’obligation de gestion durable de la forêt [1].

Mais l’Andra n’a pris aucune mesure pour assurer la bonne gestion de la forêt. Bien au contraire, dès le mois de juin, elle avait commencé par défricher et passer à la broyeuse 7 hectares de feuillus !

Réalisés en violation du code forestier, sans demande d’autorisation auprès de l’administration concernée et sans étude d’impact, ces travaux de défrichement illégaux, qui ont fait l’objet d’une plainte des associations le 22 juin, ont d’ailleurs valu à l’Andra une condamnation en référé par le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc.

Le 1er août, la justice a sommé l’Andra de se mettre en conformité avec la réglementation dans les 6 mois… ou de remettre le site en l’état [2] !

Refusant cette destruction de la forêt, dès le 30 juin 2016, huit associations et quatre habitants de Mandres-en-Barrois avaient déposé un recours gracieux demandant le retrait de cet arrêté préfectoral.

L’arrêté n’ayant pas été retiré, 9 associations [3] et quatre habitants ont déposé le 13 octobre un recours devant le tribunal administratif de Nancy pour le faire annuler.

Détruire une forêt… pour installer une poubelle nucléaire !
Il est inacceptable que cette forêt soit rasée pour laisser place à un projet d’enfouissement de déchets radioactifs démentiel, aussi coûteux que dangereux, et qui n’a reçu aucune autorisation administrative à ce jour.

Et il est insupportable que l’Andra se permette par ailleurs de donner des leçons d’écologie, en organisant dans son laboratoire une exposition intitulée « Découvertes en forêt » où sont exposés des arbres… en plastique.

Face à cette agence qui défriche, détruit et porte des projets mortifères, c’est en toute légitimité que des militants, cet été, ont occupé la forêt pendant trois semaines pour la défendre, puis abattu le mur qui prétendait dissimuler des regards les travaux de l’Andra.

Le Bois Lejuc ne doit pas être détruit, CIGÉO ne doit pas être construit !

Consulter la requête : http://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/requete_bois_lejuc.pdf
Contacts presse :

Pour les associations – 03 29 75 19 72

Avocat – 06 01 95 93 59

Chargée de communication :

Charlotte Mijeon – 06 01 95 93 59

Notes

[1] L’ONF insistait sur l’obligation de gestion durable de la forêt et de respect des engagements financiers attachés aux subventions perçues pour la reconstitution des forêts après la tempête de 1999. Par ailleurs, le projet CIGÉO n’ayant pas encore été officiellement entériné, l’ONF demandait à pouvoir en assurer la gestion jusqu’en 2018 et après, dans le cadre du plan d’aménagement encore valide.
[2] Voir la décision de justice : http://www.sortirdunucleaire.org/Travaux-illegaux-dans-le-Bois-Lejuc-depot-d-une
[3] ASODEDRA, BureStop55, Bure Zone Libre, Cedra 52, France Nature Environnement, Les Habitants Vigilants du Canton de Gondrecourt, Meuse Nature Environnement, MIRABEL – Lorraine Nature Environnement, Réseau “Sortir du nucléaire“.

Jean-Luc Mélenchon pour la légalisation du cannabis

Le programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon est censé être encore en débat, mais on sait déjà qu’il y aura la légalisation du cannabis.

C’est une information qu’on ne trouve pour l’instant qu’à un seul endroit, dans un article du quotidien Le Monde intitulé Nouvelle Constitution, sortie du nucléaire, UE : ce que contient le programme de Mélenchon.

Parmi la liste des points du programme, on a ça :

La légalisation du cannabis et le droit à la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes (mais refus de la gestation pour autrui) complètent l’ensemble.

Il n’est pas étonnant que les deux mesures soient mises en avant sur le même plan, puisqu’il s’agit de la même démarche sociétale. De la même manière qu’une femme a le droit de « faire un enfant toute seule », un individu aurait le droit de fumer « s’il le veut ».

C’est tout à fait conforme à l’idéologie libérale-libertaire qui gangrène toute la société.

Le fait que cela soit dans le programme de Jean-Luc Mélenchon peut étonner, puisque celui-ci se veut anti-libéral. Mais en France, la gauche est sociale en économie et libérale en termes sociaux, et la droite est libérale en économie et conservatrice en termes sociaux.

Dans les deux cas, rien à voir avec l’utopie nécessaire.

En ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, sa position n’est pas tout à fait une nouveauté. En avril 2016, il avait écrit sur son blog un article intitulé « La loi du pétard contre celle des flingues » où il définissait sa position.

On y retrouvait déjà la ligne actuelle : pour être contre le cannabis, il faudrait le légaliser ! Voici les principaux passages de son article.

« Coïncidence : le jour de mon arrivée au Québec, le gouvernement canadien annonçait son intention de légaliser la consommation du cannabis à partir de 2017.

Une bonne occasion pour moi de m’intéresser de nouveau à ce sujet. Il revient régulièrement dans le débat en France. Et L’ONU vient de conclure à la défaite de la lutte par la prohibition.

La légalisation du cannabis est une promesse de campagne de Justin Trudeau, le chef du gouvernement de droite canadien. La légalisation, cela signifie l’autorisation. Ce n’est pas la seule dépénalisation qui tolère ou limite les sanctions à de petites amendes.

C’est donc bien un changement radical dans la manière d’aborder la question. Qu’on en juge. L’annonce n’a pas été faite par le ministre de l’Intérieur ou de la Justice. Mais par la ministre de la Santé.

C’est déjà tout un symbole dans l’ambition affichée. Et elle n’a pas fait cette annonce n’importe où. Elle l’a faite à la tribune de l’ONU. (…)

Le premier point que je retiens, c’est la volonté d’aborder la question du cannabis en partant des enjeux de santé publique. En 2012, j’avais déjà donné mon point de vue.

Je soutenais que le cannabis devait être appréhendé dans le cadre plus global de la lutte contre les addictions et en intégrant le taux très élevé de recours aux anxiolytiques et antidépresseurs dans notre pays. Les choses doivent être dites clairement.

Fumer du cannabis n’est pas souhaitable du point de vue de la santé. En annonçant la légalisation de la consommation de cannabis, la ministre n’a pas appelé à en fumer. Bien au contraire.

Elle a déclaré « nous allons introduire une législation pour empêcher la marijuana de tomber entre les mains des enfants, et les profits de tomber entre les mains des criminels. (…) Nous sommes convaincus qu’il s’agit de la meilleure façon pour protéger nos jeunes tout en renforçant la sécurité publique. » Donc la légalisation annoncée est loin d’être totale. (…)

Le deuxième argument de la ministre canadienne est que la légalisation va « renforcer la sécurité publique ». Comment ? C’est le point essentiel à mes yeux. En tarissant les trafics. (…)

Au Canada, environ 100 000 infractions en lien avec le cannabis sont recensées chaque année. Mais dans les deux tiers des cas, il s’agit seulement d’interpellations de personnes en possession d’une petite dose de cannabis.

On peut en dire autant chez nous en France ! Les forces de police sont-elles plus utiles à courir après un fumeur de joint où à démanteler des réseaux mafieux ?

Légaliser non seulement la consommation mais aussi la vente permettrait de « couper l’herbe sous le pied des trafiquants », comme le disent de nombreux spécialistes de sécurité publique.

Et l’argent public est-il mieux dépensé en patrouilles pour saisir quelques grammes de shit ou dans des campagnes de prévention et d’accompagnement de ceux qui veulent sortir de la consommation ?

Et au retournement rééducatif des trafiquants repentis qu’il faut organiser pour que l’assèchement du trafic puisse assécher toute la chaîne des agissements que la prohibition rend rentable ! »

Lorsqu’en décembre, la légalisation du cannabis sera officielle dans le programme de Jean-Luc Mélenchon, on comprendra alors qu’il ne s’agit pas d’une revendication issue de débats au sein de la gauche, mais des exigences du libéralisme libertaire…

Le passage en force du cannabis dans la société française révèle bien des choses sur le plan des valeurs !

« Dans la forêt libérée de Mandres-en-Barrois »

Voici un appel à une initiative à Bure. Le document est explicitement écologiste, d’où l’étonnement que l’on peut connaître en voyant que l’initiative est mise en parallèle avec la ZAD, qui est devenu un simple projet communautaire.

De Bure à la ZAD, du Nord au Sud, l’appel des arbres fait écho contre les aménageurs !

À partir du 24 octobre, chantier de construction dans la forêt libérée de Mandres-en-Barrois

Ici, les hiboux de Bure s’opposent à Cigéo et défendent le Bois Lejuc à Mandres-en-Barrois contre un projet mégalomaniaquede poubelle nucléaire.

Là, les tritons s’opposent à un aéroport et occupent le bocage de la ZAD contre un autre méga-projet inutile et imposé.

Ailleurs, les marmottes de la Haute-Durance rongent des pylônes THT (1).

Le 14 août 2016, la destruction collective du “mur de la honte“ de l’ANDRA a été le point d’orgue d’un fol été d’urgence consacré à la défense du Bois Lejuc, menacé de destruction par des travaux préliminaires au projet CIGEO.

Depuis cette date, la forêt de Mandres est libérée du joug des nucléocrates. Les travaux de défrichement, condamnés par le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc le 1er août, sont suspendus.

Un millier de stèles en béton désarmé gisent à terre, et la militarisation du territoire s’est atténuée. Sur les ruines du nouveau monde, des cabanes se sont à nouveau réinstallées, discrètement, dans des hêtres et des chênes majestueux.

Mais depuis quelques semaines l’ANDRA a commencé sa contre-attaque. Campagne de communication offensive, portes ouvertes du laboratoire. Déjà la gendarmerie fait des contrôles ciblés, tandis que les vigiles de l’Andra reviennent rôder sur les chemins, bâtons en main. Ce matin même, 11 octobre, à l’heure où nous rédigeons cet appel, l’huissier est venu avec des vigiles filmer nos quelques constructions existantes.

Le 20 octobre se tiendra le jugement de l’appel de l’ANDRA contre la décision de suspension des travaux du 1er août : au mieux, elle obtiendrait des délais plus longs pour avoir les autorisations, au pire elle obtiendra l’annulation du jugement précédant, et tout pourrait alors aller très vite.

Tandis que les menaces d’expulsions planent sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, à Bure aussi une destruction de cabanes et forêt estpotentiellement imminente, ainsi que la reprise de travaux : défrichement, fouilles archéologiques, « sondages géotechniques », mur d’enceinte en béton… Les engins de destruction pourraient reprendre leur ballet mortifère, même en hiver.

Nous devons nous tenir prêt-e-s : la machine s’apprête à creuser, bloquons-là !

Au sol, derrière les barricades ! En l’air, perché-es dans les arbres, protégeons le bois Lejuc !”

Alors que la ZAD menacée fait appel “aux ami-es des arbres”(2), nous l’appuyons, la relayons, et lui faisons écho : Ici aussi, à Bure, nous voulons continuer à enraciner la résistance et nousrelançons un appel pour tisser entre elles les branches des arbres, en faire des nids, des cabanes de lutte et de partage.

Que vous vous y connaissiez ou non dans la construction d’habitats légers et éphémères, dans les techniques de grimpe, de blocage et autres enrayages de machines destructrices, venez et apprenons ou partageons nos savoirs-faire pour défendre des forêts, des bocages, des morceaux de vies menacées.

Créons des arches et voyageons d’arbres en arbres, de résistances en résistances :

de la ZAD, rejoignons-nous ensuite dans la Meuse à partir du 24 octobre

pour une nouvelle saison de construction en forêt » (et beaucoup plus si affinités !).

Toutes les expériences et volontés sont les bienvenues dans les mois qui viennent et qui vont être déterminants pour la poursuite de la lutte contre Cigéo et son monde !

Relayons cet appel massivement de réseaux en réseaux, et signifions ensemble à l’ANDRA que son retour dans le Bois Lejuc ne sera pas facile et que nous serons nombreu-ses à les attendre de pied ferme !

“Et La forêt elle est à qui ? Elle est à nous !” (3)
Les Chouettes Hiboux de Bure
Questions logistique :

! Important ! Liste de nos besoins matériels : cliquer ici. Nous n’avons que peu de moyens de transport, si vous pouvez nous déposer le matériel directement, cela nous aidera précieusement ! Si vous ne pouvez pas, prévenez-nous quelques jours avant pour que nous puissions nous organiser. Merci.

Hébergement : Il est important de prévoir le plus possible votre autonomie en sachant que deux lieux peuvent accueillir : La maison de la Résistance à Bure et un autre terrain de lutte non loin, à Luméville-en-Ornois. Ces lieux ont leurs propres limites, c’est pourquoi il est préférable de nous contacter avant votre venue. Il est aussi possible de prévoir tout de suite d’investir la forêt et de s’y installer même sous tente !

Ravitaillement : Là aussi, les habitant-es de la forêt essayent d’être le plus autonomes possible même si nos différents lieux de vie sont liés et solidaires question bouffe bien sûr. Si vous ramenez des victuailles, ce ne sera pas de trop.

Pour nous contacter :

Email : sauvonslaforet[at]riseup[point]net / n° Info forêt : +33(0)7 54 22 18 80 / Presse : +33(0)7  53 54 07 31 / Maison de la résistance (Bure Zone Libre) : +33(0)3 29 45 41 77

(1) Une ligne THT qui augure la vente encore plus massive de sinistre énergie nucléaire à l’Italie, en détruisant les Alpes sur leur chemin (semaine d’action et soutien décentralisée du 10 au 17: maintenant !!!https://notht05.noblogs.org/post/2016/09/22/10-1710-france-appel-du-lac-de-rama/ ).

(2) Appel aux ami-es des arbres et de l’escalade pour la défense de la zad  de Notre Dame des Landes dès le 9 octobre :http://zad.nadir.org/spip.php?article4066

(3) Cri de ralliement des hiboux de Bure

Octobre 2016 : « cascade » de colloques au sujet du cannabis

Voici un article édifiant de l’association Chanvre et libertés, qui se félicite de la « cascade » d’initiatives ayant trait au cannabis en ce mois d’octobre…

Il est vrai que la liste est édifiante!

France & cannabis : cascade de colloques en octobre

Que de rendez-vous exceptionnels en ce mois d’octobre, où au Sénat le 10 octobre, à l’EHESS le 11 octobre, puis à la Faculté de Pharmacie de Strasbourg le 21 octobre, trois colloques éclaireront sous un jour véridique le cannabis, et sans aucun doute sous un jour favorable à la réforme de son statut légal dans la société française du 21ème siècle.

10 Octobre : Rencontre Sénatoriale
Tout d’abord, le lundi 10 octobre 2016, de 9h à 19h30, au Sénat, salle Clémenceau, 15 rue de Vaugirard (Paris VI), Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne et directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne), auteure de la proposition de loi « Légalisation contrôlée du cannabis », Didier Jayle, professeur titulaire de la chaire d’addictologie du Conservatoire national des Arts et Métiers, et Henri Bergeron, professeur, chaire Santé de Sciences Po, en partenariat avec la Fédération Addiction organisent un colloque “Légalisation du cannabis: l’Europe est-elle condamnée à l’impasse ?”.

En point d’orgue de cet événement, le directeur de la Drug Policy Alliance à New York, Ethan Nadelmann viendra présenter le bilan des actions réformatrices aux Etats Unis et notamment comment le cannabis thérapeutique a ouvert la voie à sa légalisation sur le continent américain.

Bien que la liste des intervenants soit pléthorique, on ne peut que regretter l’absence des experts de la consommation du cannabis que sont les usager-e-s… qui garniront l’assistance pour l’audition publique.

Nota bene : L’inscription est gratuite mais obligatoire en adressant un courriel avant le 5 octobre. Pour trouver toutes les modalités d’inscription et le programme détaillé de cette rencontre, consultez le site de la sénatrice EELV Esther BenBassa.

11 octobre : Paris, Conférence à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)
Reprenant son cycle de séminaires réguliers “Consommations et prohibitions de drogues : approche transversale”, Alessandro Stella, directeur de recherche au CNRS (TH) (CRH-GEI) nous invite chaque deuxième jeudi du mois du 10 novembre 2016 au 8 juin 2017 de 17h à 20h (amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris).

La première séance se tiendra au lendemain du colloque sénatorial, le mardi 11 octobre de 14 h à 17 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris) sur la thématique suivante : De la guerre à la drogue aux nouvelles pistes de régulation.

Ethan Nadelmann le Directeur Exécutif de la Drug Policy Alliance s’exprimera à Paris le 10 et 11 octobre.
Toujours avec Ethan Nadelmann (Drug Policy Alliance), « Quelles stratégies de sortie de la prohibition ? L’exemple du continent américain » et Marsha Rosenbaum (sociologue, directrice émérite de l’Office of the Drug Policy Alliance de San Francisco), « Just say Know. Apprendre à consommer », en présence d’Anne Coppel (sociologue) pour animer la discussion.

Comme le souligne l’introduction de ce séminaire disponible sur le site de l’EHESS, où l’on retrouvera l’ensemble du programme détaillé :

“Ce séminaire se veut avant tout un lieu de réflexion et de recherche collective,visant la synergie des sciences humaines et sociales avec le savoir accumulé par les usagers de drogues et les professionnels de la santé. Une approche transversale innovante, dans sa méthodologie et ses contenus, mixant à la fois les disciplines, les compétences théoriques et les savoirs pratiques. Nous souhaitons que cette mise en commun de connaissances et d’analyses d’expériences puisse servir à une meilleure appréciation tant de la phénoménologie des usages des drogues que des politiques publiques qui les encadrent.”

A noter que toutes les vidéos de chacune des séquences du séminaire 2015-2016 sont consultables sur la chaine de l’EHSS via le site de Canal U (la vidéothèque numérique de l’enseignement supérieur).

21 Octobre : Strasbourg, conférence internationale sur l’utilisation des cannabinoïdes en médecine
Pour la cinquième année consécutive, la conférence internationale UFCM I care se tiendra le vendredi 21 octobre 2016 de 9h00 à 17h00.

Cet événement se déroulera pour la première fois dans les locaux de la Faculté de Pharmacie de Strasbourg. Il est parrainé par son doyen le Professeur Jean-Pierre Gies Professeur des Universités, qui introduira ce symposium en compagnie deBertrand Rambaud, Président de l’association organisatrice UFCM-I care.

Dr Ethan Russo, neurologue et chercheur en psychopharmacologie fera partie des nombreux invités du colloque de cette année.
Le programme de cette journée extraordinaire rassemblant les professionnels, experts, spécialistes et chercheurs de la communauté internationale du cannabis médicinal réunira deux des plus grands scientifiques reconnus, le Dr Ethan Russo avec le Dr Franjo Grotenhermen.

Ces scientifiques sont auteurs de livres essentiels pour la reconnaissance et les applications du Cannabis et des cannabinoïdes en médecine. Par ailleurs, ils ont co-écrit le guide pratique du Cannabis thérapeutique (Handbook of Cannabis Therapeutics) et l’ouvrage phare «Cannabis and cannabinoids, pharmacology, toxicology, therapeutic potential », publié par « Hawroth Press » en 2005.

Pour s’inscrire à la conférence de Strasbourg :

L’inscription est gratuite ; la participation est réservée en priorité aux professionnels de la santé et de la recherche, et éventuellement aux patients concernés par le cannabis et l’utilisation des cannabinoïdes en médecine.

Consultez le programme et inscrivez vous avec le document PDF mis à disposition par l’UFCMed.

D’autres rendez-vous en ce mois d’octobre 2016 :
Par ailleurs, la Fédération Addiction organise plusieurs rendez-vous :

Comme par exemple, le 7 octobre une journée nationale pour les Consultations Jeunes Consommateurs, puis cette rencontre le samedi 8 octobre « Faire avec les addictions, quelles pratiques? », sans oublier le second séminaire portant sur le thème « du lien social à l’épreuve des consommations de produits ».

Enfin, les amateurs de dates inscriront également à leur agenda cette journée du 12 octobre qui correspond à la célébration du chanvre/cannabis/marijuana le 21 vendémiaire, dans le calendrier républicain français. En apprendre plus sur le 21 vendémiaire sur Wikipédia.

7 novembre 2016 : procès à Paris pour des autocollants

Quelques autocollants collés se voient qualifiés de « dommages graves » et sont accompagnés de 24 heures de garde à vue : face à une telle répression, la solidarité est de rigueur.

Voici l’appel à l’aide des personnes concernées, expliquant l’affaire.

Mobilisation nationale jusqu’au 7 Novembre pour le procès des autocollants !

Le 6 août 2016, alors que nous commencions le jeûne action contre la bombe nucléaire* (triste anniversaire des bombes lâchées sur Hiroshima le 6 et sur Nagasaki le 9), nous avons décidé de faire un die-in devant le siège du parti Les Républicains, rue de Vaugirard à Paris.

Cette action non-violente avait pour but d’exprimer notre refus des armes nucléaires et de dénoncer le coût exorbitant de leur modernisation alors qu’il se prépare actuellement un traité d’interdiction des armes nucléaires à l’ONU. Nous voulions interpeller les candidats de droite comme de gauche sur cette question.

À peine nous étions installés, les forces de police sont arrivées : c’est que ce lieu est « sensible » nous dit la police.

Deux interpellations ont lieu : Sophie pour avoir écrit à la craie « Non au financement de l’arme nucléaire : 4 milliards d’euros par an à économiser !!! » et Rémi pour avoir collé 15 autocollants « abolition des armes nucléaires » sur la vitre du local du parti.

Une garde à vue de 24h est appliquée suivi d’une présentation devant le procureur de la République, soit 28h30 de privation de liberté.

Une inculpation est prononcée pour « dommages graves » et un procès aura lieu le lundi 7 novembre à 9h devant la 29è cour du Tribunal Correctionnel de Paris (4 boulevard du Palais 75001 Paris).

C’est un procès politique, c’est le procès de l’armement nucléaire. Ce n’est pas un hasard si la réaction politique et policière a été si forte, voire illégale, compte tenu de l’absence de dégradation.

Alors que les candidats du parti Les Républicains annoncent vouloir passer le budget de modernisation de l’armement nucléaire de 3,5 à 6 milliards d’euros par an, dénoncer cette arme de destruction massive est apparemment un crime de « lèse majesté » en France !

Appel à soutien
Action nationale de collage d’autocollants contre l’arme nucléaire le samedi 5 novembre

Le 5 novembre, pour montrer notre solidarité avec Sophie et Rémi, une action décentralisée de collage d’autocollants contre l’arme nucléaire est prévue. Des mobilisations sont déjà prévues à Nantes, Rennes, Tours, Paris, Montpellier, Bordeaux. Pour vous inscrire et recevoir vos autocollants gratuitement : man.lyon@nonviolence.fr

Vos selfies de solidarité d’ici le 5 novembre

Chacune et chacun est invité(e) à se prendre en selfie en collant des autocollants sur les sièges des principaux partis politiques (Les Républicains et Parti Socialiste). Vos photos seront publiées sur la page www.facebook.com/procesautocollants.

Le jour du procès

Vous êtes invité-e-s le 7 novembre à 8h45 à être présents au tribunal pour soutenir les inculpés !

À l’occasion du procès et pour montrer que nous ne sommes pas les seuls à refuser l’arme nucléaire en France, nous déposerons à l’Assemblée Nationale les pétitions « France sans Arme Nucléaire » (plus de 10 000 signataires sur fsan.fr).

Contact, renseignement : Serge PERRIN – 06 03 80 39 95

man.lyon@nonviolence.fr

Ce message est à diffuser largement dans vos réseaux. Merci.

* le jeûne-action est organisé chaque année du 6 au 9 août par le collectif « Armes nucléaires stop » avec le soutien du Réseau Sortir du nucléaire, le Mouvement de la Paix, le collectif des Désobéissants, le Mouvement pour une Alternative Non-violente, la Maison de vigilance, le réseau ICAN.

Le point de vue du président de la Commission d’enquête parlementaire

Olivier Falorni, député de Charente-Maritime, est le président de la Commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs dont nous avons beaucoup parlé ces derniers temps.

Il vient de remettre ses « propositions de Loi relatif à la protection animale en abattoir » à Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, donnant à cette occasion une interview au Figaro.

Rien que le nom de ces propositions montre, évidemment, que le projet est opposé par définition à la libération animale. L’initiative a pourtant été portée par l’association L214 et toute sa mouvance : il y a ici une césure historique flagrante avec les personnes refusant cela, une césure qui aura des retentissements pour au moins les cinq prochaines années.

En arrière-plan, il y a la question de savoir si non pas simplement le réformisme, mais la participation à l’exploitation animale est acceptable.

Car c’est bien de cela dont il s’agit. Voici par exemple ce qu’explique Olivier Falorni au Figaro :

Pour assurer davantage de transparence sur le fonctionnement des abattoirs nous préconisons la mise en place d’un comité national d’éthique dans les abattoirs qui rassemblera les professionnels de ces entreprises, des représentants des agriculteurs ainsi que des associations des consommateurs et du bien-être animal. (…)

Deux nouveautés supposent un changement de la loi.

La première concerne l’obligation de la présence d’un agent des services vétérinaires au poste d’étourdissement et de mise à mort dans les abattoirs de plus de 50 salariés pour éviter les dysfonctionnements.

Par ailleurs on veut systématiser l’installation des caméras dans les abattoirs à toutes les étapes où les animaux sont manipulés: de leur arrivée jusqu’à leur mise à mort.

La finalité exclusive de ces installations est la protection animale. (…)

Les associations de bien-être animal pourront se constituer partie civile pour toutes les infractions relevant du Code rural, et plus particulièrement la maltraitance des animaux dans les transports et dans les abattoirs. Elle constitue un délit pénal depuis un amendement voté dans le cadre de la Loi Sapin.

Cela constituait une forte attente des associations. Il s’agit de convaincre le ministre du chemin que l’on fera ensemble!

Par ailleurs, je souhaite à titre totalement personnel la constitutionnalisation du droit des animaux, le développement de l’enseignement du droit animalier dans les facultés de droit et pourquoi pas la création d’un ministère de l’Agriculture et du Bien être animal.

Quand on voit la teneur de ces propos, on se demande franchement comment ceux qui au nom des animaux ont soutenu une telle chose pourront l’assumer demain.

Ce qui ressort, en effet, c’est la présence de caméras dans les abattoirs (de plus de 50 salariés seulement!), des rencontres entre assassins de l’industrie et des associations, la participation des dites associations à la gestion juridique d’une mise à mort industrielle « moderne », et enfin un appel d’air universitaire en faveur de l’idéologie du « bien-être animal ».

Quel rapport avec un programme de libération animale, même réformiste ? Strictement aucun : on est ici dans une sorte d’auto-intoxication où les avancées sont fictives, virtuelles, ne servant que de faire-valoir.

D’ailleurs, la « veggie pride » qui est une expression de la mouvance L214 n’a eu aucun impact, malgré le côté « festif » rassemblant quelques centaines de personnes. La presse n’en a pas du tout parlé.

La vidéo montrant le cortège a eu simplement 310 vues sur youtube en une semaine, soit plus de moitié moins que la vidéo « Végane ET sans sucre : Galbe ton cul avec conviction » postée un jour après…

La « Convention sur la protection animale » de Marine Le Pen

Marine Le Pen, dans le cadre de sa campagne électorale, a tenu une « Convention sur la protection animale ».

En arrière-plan, il y a l’appui d’un collectif  dédié à ce sujet et valorisant Marine Le Pen (voir Le collectif Belaud Argos, rouleau compresseur du Front National).

C’est la seconde du genre, la première ayant eu trait à l’éducation. Elle a un agenda très complet, puisqu’il y a quelques jours, elle rendait visite au « sommet de l’élevage », à Cournon-d’Auvergne…

Lors de cette convention, dont la vidéo est postée ici un peu plus bas, Marine Le Pen est des plus subtiles. Elle fait mine d’accorder à la question animale une grande importance… tout en disant qu’il ne sera pas possible d’y parler pendant la campagne !

Une contradiction qui provient de sa position, intenable, puisque son noyau est celui des gens les plus réactionnaires, férus de chasse, sans parler de ses liens avec les milieux d’affaires, et donc l’exploitation animale.

Il lui faut donc se contenter d’ouvrir un espace, en espérant agglomérer autour d’elle une partie des gens de la protection animale. EELV ne tente pas autre chose ces derniers jours. On est dans les deux cas dans la tentative de récupération.

Marine Le Pen est toutefois plus subtile. Elle est plus lyrique, il y a davantage de travail en amont, elle a le sens de la formule. On a droit, par exemple, à une chose comme :

« L’absence de la question animale dans le débat public est pour moi le signe d’un angle mort de la réflexion écologique. »

C’est joliment tourné, tout à fait vrai, mais ne se situe dans aucune perspective réelle en ce qui la concerne. Elle explique elle-même qu’elle rencontre régulièrement les « professionnels de la viande » et son mot d’ordre reste, comme pour tout, le renforcement de l’État.

Il faudrait appliquer les lois, donner les moyens à l’Etat. C’est son discours systématique sur tous les thèmes et ici la protection animale devrait se mettre au service de cela.

Bien entendu, elle parle du halal et des abattoirs, surfant sur l’esprit réformiste à la L214 dans l’air du temps. Cependant, elle n’en reste pas là, elle tente d’appuyer la tendance « terroir ».

Les « paysans » sont donc présentés comme la base de la « conscience idéologique » française et la petite production est portée aux nues (de manière donc strictement parallèle ou équivalente des zadistes).

L’ennemi, ce serait la production « à l’américaine », la grande distribution. Rien de bien original ici, c’est exactement la même démarche idéologique que dans les années 1930.

De la même manière, d’ailleurs la vivisection est critiquée, mais sans être entièrement dénoncée : il s’agit, comme dans les années 1930 où ce thème existait déjà en Allemagne, de trouver un moyen pour se donner une image pro-animaux, tout en voyant les luttes concrètes possibles être le plus éloignées possibles…

De manière rassurante, Marine Le Pen a d’ailleurs conclu en parlant de la « zoothérapie ».

C’est très bien structuré, c’est totalement vide et les gens de la protection animale peuvent le voir aisément, d’ailleurs.

Le but est certainement de cibler les gens autour de la protection animale, éloignée des pratiques concrètes et de la connaissance du débat d’idées, en profitant de la dépolitisation du type Fondation Bardot et L214.

Cannabis : la capitulation de Marisol Touraine

Notre « prévision » se réalise entièrement, avec une cadence toujours plus forte. Cette fois, c’est Marisol Touraine, ministre de la Santé, qui appuie la tendance par une interview à Libération hier.

Naturellement, la ministre de la Santé ne dit pas qu’elle est favorable à la dépénalisation du cannabis. En 2014, elle s’exprimait même encore contre.

Mais nous avons souligné à quel point la tendance à la légalisation du cannabis prolonge une certaine vision du monde individualiste, libérale-libertaire, commerciale…

A moins de s’y opposer franchement et radicalement, en défendant la Nature, impossible de ne pas céder du terrain… et de finalement capituler.

Marisol Touraine capitule donc. En tant que ministre, elle se contente d’appuyer sur la question de la prévention… Mais pour finalement appeler à modifier la perspective légale au sujet du cannabis…

Alors que comme le note fort justement Europe 1, elle y était auparavant farouchement opposée !

En septembre 2015, lors de l’examen du projet de loi santé au Sénat, elle s’était opposée à un amendement présenté par LR et visant à punir d’une contravention de troisième classe un premier usage de stupéfiants. Elle déclarait :

« La contraventionnalisation du premier usage de stupéfiants serait un mauvais signal à adresser. »

Un mauvais signal que désormais elle assume entièrement, participant même à cette lame de fond pro-cannabis dont nous ne cessons de parler ces derniers temps.

D’ailleurs, Marisol Touraine accorde son interview à Libération qui est favorable à la dépénalisation, au lendemain d’une conférence au Sénat qui a également été ouvertement favorable à la légalisation, avec en parallèle un sondage IPSOS censé démontrer que les gens sont prêts pour cela, avec aussi un document du think tank Terra Nova proposant une solution concrète pour la légalisation en prenant comme modèle les jeux d’argent…

C’est ce qu’on appelle un « timing » parfait.

Mais que dit Marisol Touraine exactement ? La courte interview de Libération a comme prétexte l’ouverture d’une « salle de shoot » à Paris. Libération s’en félicite et se félicite que Marisol Touraine s’en félicite.

Puis, on passe à deux questions sur le cannabis, de telle manière à faire en sorte que :

a) Marisol Touraine appelle à ouvrir le débat, ce que Libération souligne et apprécie,

b) le dit débat s’intègre aux présidentielles, ce qui bien entendu est un objectif forcené de la gauche libérale-libertaire, comme nous l’avons plusieurs fois souligné.

« Sur le cannabis. on vous sent crisper. Vous dites que ce serait un mauvais signe de dépénaliser, mais quid de ces centaines de millions d’euros dépensés pour la répression, alors que la France a le niveau de consommation le plus fort en Europe?

A l’évidence. un débat sur cette question s’impose, mais un débat de santé publique.

Dire, comme le prétendent certains, que la consommation ne comporte aucun risque et qu’une évolution s’impose pour des raisons d’ordre public. Cela me parait irresponsable, et surtout cela ne règle pas le problème de santé publique.

Comme ministre de la Santé, je veux qu’un débat ait lieu. On ne peut pas dénoncer les effets du tabac ou de l’alcool et ouvrir le marché du cannabis.

La question de la nature de la sanction doit être posée, en lien avec le renforcement des politiques de prévention. Contrairement à ce que l’entends, des progrès sont réalisés, grâce aux Consultations jeunes consommateurs.

On observe une diminution de la consommation, mais cela reste insuffisant.

Comment voyez-vous ce débat? Lors de la présidentielle?

Il faut un débat de santé publique Je connais trop les crispations dans ce pays pour ne pas savoir qu’une campagne présidentielle risque d’hystériser ces questions. Mais je ne veux pas tout mélanger, notamment les salles de consommation à moindre risque et la question du cannabis.

Certains vont encore pointer un je ne sais quel laxisme. Je le redis, la salle de consommation à moindre risque s’adresse a des personnes en dehors de tout, éloignées du système de soins, qui ne bénéficient d’aucun accompagnement. Il faut rétablir un lien avec elles. Et comment peut-on se satisfaire que dans certains immeubles des seringues traînent, que l’on se shoote à la vue de tous?

Habile Marisol Touraine, qui prétend ne pas vouloir ne pas parler de la question de l’ordre public, ne pas mélanger la question du cannabis et des personnes se shootant, et qui le fait pourtant !

Qui s’est empressée, d’ailleurs, la matinée même de la publication de l’interview d’aller répéter le même discours chez BFM TV, soulignant la question de l’inefficacité de la répression…

Notons au passage que Libération et BFM TV ont le même propriétaire (SFR).

Et comprenons que l’offensive pro-cannabis passe en ce moment par une logique où il est prétendu le combattre, le contrôler, le maîtriser…

Esther Benbassa et son pseudo sondage pro-cannabis

Hier s’est tenue la Conférence au sénat pour la légalisation du cannabis, organisée par la députée EELV Esther Benbassa.

L’impact médiatique a été certain, y compris sur le site de la chaîne officielle du Sénat, Public, où on a pu lire notamment les propos du  pneumologue Bertrand Dautzenberg proposant sa drôle de philosophie :

« Depuis la loi Evin de 1991 : il y a moins 50% de consommation de tabac, moins 25% de consommation d’alcool et plus 60% de consommation de cannabis.

Ne pas avoir de cadre légal empêche la prévention, empêche le contrôle.

Ceux qui sont contre le cannabis doivent être pour la légalisation immédiate du cannabis. »

Quand on est contre le cannabis, on doit être pour ! Ben voyons !

Mais on aurait dû s’en douter : il n’y aurait pas que la proposition du think tank Terra Nova pour soutenir cette initiative (Cannabis : Terra Nova veut que soit repris le modèle des jeux d’argent).

Il y a eu également un sondage fait par Ipsos, à la demande du colloque lui-même. Au programme : questions savamment orientées pour faire croire que l’opinion publique modifie son point de vue.

Regardons ce qu’il en est avec deux graphiques, proposés dans le compte-rendu du sondage.

Le premier graphique s’appuie sur la question suivante :

 Personnellement, êtes-vous d’accord pour que l’on autorise la consommation de cannabis sous certaines conditions, en maintenant l’interdiction dans certains cas, par exemple avant de conduire, ou pour les mineurs ?

En apparence, on a ici deux blocs, montrant que la cause de la légalisation du cannabis est tout fait « jouable ». Sauf que tout est dans le « sous certaines conditions ».

Le bloc principal serait le « plutôt d’accord », qui pourrait l’emporter sur les « plutôt pas d’accord », isolant les « pas du tout d’accord ».

Mais comment faire pour les convaincre ? Le sondage est ici très technique et voici justement un second graphique.

Voilà la solution : jouer sur l’inefficacité de l’interdiction telle qu’elle existe, afin de prétendre qu’il faut être d’accord avec ce que dit le pneumologue Bertrand Dautzenberg cité plus haut, et qu’être contre le cannabis… signifie qu’on doit être pour ! Pour, officiellement, son encadrement…

Mais il en va de même ici que pour la Gestation par Autrui (les mères porteuses), Uber et tout ce qui relève de l’individualisme : d’abord, on laisse faire, ensuite on prétend qu’interdire est impossible ou ne marche pas, puis on prétend « encadrer » afin de l’emporter en ayant semé la division des gens qui sont contre…

Le sondage, pourtant, est obligé de reconnaître que 47% des personnes interrogées ne pensent pas que « la vente de cannabis sous le contrôle de l’Etat serait plus efficace que
l’interdiction pour lutter contre le trafic ».

Car les gens contre le cannabis ne sont pas des gens forcément réactionnaires, très loin de là : ils considèrent que c’est une question de culture et considèrent que la répression par en haut n’est pas démocratique, ne prend pas le problème à la base, etc.

Tout cela n’est pas pris en compte par le sondage, bien entendu, car le cannabis est toujours réduit à une question de santé publique ou de droit individuel, l’aspect de la question de société est toujours gommé.

Veut-on un pays où la fuite dans les paradis artificiels est non plus seulement tolérée, mais encouragée par un encadrement institutionnel ?

Veut-on que l’individualisme forcené se renforce ? Veut-on que la négation de la possibilité d’une vie heureuse, car naturelle, devienne la norme officielle (ce qu’elle est par ailleurs déjà, mais dans le non-dit) ?

« Tant que nous ne connaîtrons point l’homme naturel… »

Voici deux citations de Jean-Jacques Rousseau très connues, mais qu’il fait toujours plaisir de relire.

Quand on les lit, on se dit toujours : c’est vrai, Rousseau a raison c’est l’un des nôtres, lui aussi il aime la Nature, il veut être naturel, il pense que nous sommes naturellement pleins de compassion, ayant « une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables »…

« Tant que nous ne connaîtrons point l’homme naturel, c’est en vain que nous voudrons déterminer la loi qu’il a reçue ou celle qui convient le mieux à sa constitution.

Tout ce que nous pouvons voir très clairement au sujet de cette loi, c’est que non seulement pour qu’elle soit loi il faut que la volonté de celui qu’elle oblige puisse s’y soumettre avec connaissance, mais qu’il faut encore pour qu’elle soit naturelle qu’elle parle immédiatement par la voix de la nature.

Laissant donc tous les livres scientifiques qui ne nous apprennent qu’à voir les hommes tels qu’ils se sont faits, et méditant sur les premières et plus simples opérations de l’âme humaine, j’y crois apercevoir deux principes antérieurs à la raison, dont l’un nous intéresse ardemment à notre bien-être et à la conservation de nous-mêmes, et l’autre nous inspire une répugnance naturelle à voir périr ou souffrir tout être sensible et principalement nos semblables.

C’est du concours et de la combinaison que notre esprit est en état de faire de ces deux principes, sans qu’il soit nécessaire d’y faire entrer celui de la sociabilité, que me paraissent découler toutes les règles du droit naturel ; règles que la raison est ensuite forcée de rétablir sur d’autres fondements, quand par ses développements successifs elle est venue à bout d’étouffer la nature.

(préface au Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes)

« Tant que les hommes se contentèrent de leurs cabanes rustiques, tant qu’ils se bornèrent à coudre leurs habits de peaux avec des épines ou des arêtes, à se parer de plumes et de coquillages, à se peindre le corps de diverses couleurs, à perfectionner ou à embellir leurs arcs et leurs flèches, à tailler avec des pierres tranchantes quelques canots de pêcheurs ou quelques grossiers instruments de musique, en un mot tant qu’ils ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et à des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux autant qu’ils pouvaient l’être par leur nature, et continuèrent à jouir entre eux des douceurs d’un commerce indépendant.

Mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre, dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire et les vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser de la sueur des hommes, et dans lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons.

La métallurgie et l’agriculture furent les deux arts dont l’invention produisit cette grande révolution.

Pour le poète, c’est l’or et l’argent, mais pour le philosophe ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain.

Aussi l’un et l’autre étaient-ils inconnus aux sauvages de l’Amérique qui, pour cela, sont toujours demeurés tels; les autres peuples semblent même être restés barbares tant qu’ils ont pratiqué l’un de ces arts sans l’autre; et l’une des meilleures raisons peut-être pourquoi l’Europe a été, sinon plus tôt, du moins plus constamment et mieux policée que les autres parties du monde, c’est qu’elle est à la fois la plus abondante en fer et la plus fertile en blé. »

(Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes)