Les médias ont beaucoup parlé ces derniers jours du rapport du WWF, qui a comme d’habitude joué énormément sur la corde émotionnelle, sans rien assumer derrière.
Voici par exemple comment FranceTVinfos a présenté les propos du directeur du WWF en France :
Le rapport annuel de l’organisation WWF annonce la disparition de 58% des vertébrés sur la planète en seulement 40 ans. Le directeur de WWF France, Pascal Canfin, est sur le plateau de France 3 et explique que « ces chiffres sont le résultat d’analyses scientifiques qui sont menées depuis les années 70.
Ce que l’on constate c’est qu’entre 1970 et 2012, 58% des animaux sauvages ont disparu, la où il y avait 100 animaux en 1970, il n’y en a plus que 42 aujourd’hui et en 2020, il n’y en aura plus que 33 ».
Certains animaux sont plus touchés que d’autres : les éléphants d’Afrique par exemple, ont connu « une baisse sur les 10 dernières années de 25% mais cela frappe les espèces iconiques : les pandas, les tigres, les éléphants, les rhinocéros, mais c’est une réalité qui concerne toute la planète et qui est dramatique », explique Pascal Canfin.
Le plus inquiétant c’est « que nous ne sommes pas du tout dans des échelles de temps qui sont des centaines de milliers d’années qui est le rythme normal d’évolution de la nature. Nous sommes en train d’assister à une destruction massive de la vie sur notre planète qui va finir par nous affecter », conclut le directeur de WWF France.
Il y a une « destruction massive de la vie » : nous sommes bien d’accord, encore que cela soit un raccourci, car la vie triomphe toujours. Par exemple, l’urbanisation galopante de la planète amène, indirectement, à ce qu’il y ait plus de rats, entre autres.
On ne peut pas « supprimer » la vie de manière unilatérale, cela n’a pas de sens, mais, surtout, ce qu’il faut noter ici, c’est l’infecte passage suivant :
« qui va finir par nous affecter »
En effet, la seule chose qui intéresse le WWF et les gens ne défendant pas la Nature pour ce qu’elle est, c’est l’humanité, conçue abstraitement comme existante en-dehors de la Nature.
L’humanité devrait finalement mieux gérer sa destruction, évaluer ce qui lui semble utile ou moins utile, ou pas utile, etc. : telle est la logique du WWF qui, par ailleurs, n’est pas nouvelle.
Les propos de Marco Lambertini, directeur général du WWF International, s’appuient sur les mêmes considérations :
« Nous disposons des outils qui peuvent permettre de résoudre le problème auquel nous sommes confrontés : il faut maintenant les mettre en action sans plus tarder si nous tenons sérieusement à préserver une planète vivante pour notre survie et notre prospérité. Plus nous irons loin au-delà des limites de la Terre, plus nous compromettrons notre propre avenir. »
Les documents qui sont à l’origine de cette opération médiatique vont par contre très loin dans cette démarche et forment une preuve très utile aux personnes désireuses de critiquer correctement le WWF.
Le rapport du WWF « planète vivante » existe sous deux formes : une synthèse de 19 pages, le rapport en lui-même de 75 pages.
On remarquera le titre ultra-racoleur, visant à donner une image radicale, d’esprit « Gaïa », au WWF qui est tout sauf biocentriste et tout sauf considérant la planète comme un système global.
Et ces documents s’appuient sur un concept très clair, celui de « capital naturel ».
La définition de cette horreur anthropocentriste est la suivante :
« Qualifié de capital naturel, le stock disponible de ressources naturelles renouvelables ou non (plantes, animaux, air, eau, sols, minéraux, pour ne citer qu’eux) nous procure une multitude de bienfaits au niveau local comme mondial, fréquemment réunis sous le vocable de services écosystémiques. »
L’expression revient 14 fois dans les 19 pages, et dans le document de 75 pages, il revient pratiquement quarante fois, associé quelques fois au capital financier, le capital humain, etc.
Même quand le WWF essaie de se prétendre écologiste au sens strict, il n’y parvient pas, comme en témoigne ce passage contradictoire où l’hypocrisie ressort de manière patente :
« Au-delà de leur valeur intrinsèque, les espèces et les habitats de la Terre forment le socle des sociétés et des économies humaines.
C’est ce qui justifie que les efforts doivent tout particulièrement
être portés sur la protection et la restauration des grands processus écologiques nécessaires à la sécurité alimentaire, hydrique et énergétique, ainsi que sur la résilience et l’adaptation au changement climatique.Une bonne protection du capital naturel passe donc à la fois par une exploitation responsable des ressources et par un accroissement du réseau mondial d’aires protégées. Sans oublier la mise en place de mécanismes de financement permettant de gérer efficacement ces aires protégées. »
Le WWF n’arrive même pas à faire semblant : il voit par le prisme de la « gestion » anthropocentriste de l’humanité, son bien-être, etc.
Et le pire, c’est qu’il doit y avoir des gens pensant relativement comme nous qui ont contribué à ce dossier. Mais ces gens pensent que l’humanité est mauvaise, ils ne croient pas en les gens, en « le peuple », et donc ils tentent de marchander avec les puissants une gestion rationnelle allant dans leurs intérêts…
Alors qu’eux-mêmes ne pensent qu’à leur profit, obnubilés par ce qui leur apparaît une valorisation… D’où le fait que parler de « capital naturel » ne peut que les aider à aller dans le sens de l’appropriation de la Nature pour leurs besoins !