C’est un événement historique et pas seulement en raison de l’ampleur de la catastrophe de Tchernobyl, dont la centrale s’est vue ajouter un bâtiment de confinement.
C’est un exemple de la capacité de l’humanité, quand elle est unie, à faire de grandes choses, à réparer. Bien sûr, il ne s’agit pas de basculer dans l’esprit de la géo-ingénierie, qui s’imagine pouvoir « contrôler » la planète avec des moyens techniques.
Toutefois, il y a de nombreuses choses à rattraper : l’humanité peut le faire.
La catastrophe de Tchernobyl a donc, paradoxalement, contribué à unifier l’humanité sur un projet : la mise en place d’un gigantesque sarcophage confinant le réacteur numéro 4.
L’ancien, posé dans le prolongement de la catastrophe du 26 avril 1986, a connu des problèmes en 1999, chose prévue dès 1992 où un nouveau projet a été formé.
Il est désormais terminé, le sarcophage est mis en place, faisant lui-même 162 mètres sur 257 mètres, pesant 36 000 tonnes (dont les 2/3 sont en acier).
Voici une vidéo de la mise en place, très impressionnante, car le sarcophage a été mis sur rail. Impossible de le construire directement, en raison des radiations.
Il a donc été construit à un peu plus de trois cent mètres de la centrale, sur un terrain qu’il a fallu nettoyer pendant deux ans auparavant (ce qui veut dire enlever 55 000 m3 de matières contaminées et faire couler une chape de béton de 30 cm).
Au total, les coûts ont explosé, triplant même : 1,426 milliard d’euros au total, pour un projet réalisé par la société Novarka (une coentreprise de Vinci et Bouygues).
Voici une vidéo officielle, présentant l’ensemble du projet.
Par la suite, la fermeture totale et entièrement hermétique du sarcophage va être réalisée, avant la suite des travaux.
Car le sarcophage n’est pas vide : armoires plantées pour les systèmes électriques et informatiques, et à l’aide de robots des ponts roulants de 100 mètres vont aider à l’organisation du démantèlement.
Un démantèlement qu’il reste à financer, organiser… On va en entendre parler pendant un siècle…
Après une petite période de battement, la campagne pour la légalisation du cannabis reprend. Une conférence intitulée « Comment régulerait-on une économie légale du cannabis en France ? » va ainsi se tenir demain à l’Université Paris-Diderot.
On remarquera le conditionnel, qui masque le fait qu’en réalité, il s’agit bien entendu de propagande en faveur du cannabis.
La présentation est du même acabit :
En Europe, les Français sont les premiers consommateurs de cannabis malgré des politiques publiques extrêmement répressives. Coûteuse et inadaptée à la réalité des trafics et à la complexité des modes de consommation, la législation actuelle ne fait chuter ni l’offre ni la demande.
Tandis que le débat sur le cannabis a longtemps été centré autour de problématiques liées à la santé et à la sécurité, ce sont désormais ces questions économiques qui concentrent l’attention des chercheurs et des politiques.
Selon l’OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies), le marché illicite du cannabis se chiffre à plus de 830 millions d’euros par an, alors que certains pays (Etats-Unis, Uruguay, Portugal, Pays-Bas…) renflouent leurs caisses en taxant la vente de cannabis légal pour financer des politiques sanitaires de prévention, de contrôle de qualité.
Si on part de l’hypothèse selon laquelle la légalisation du cannabis en France (dans son usage aussi bien récréatif que médical) est effective, quelles seraient alors les questions qui se poseraient du point de vue des trafiquants, des institutions publiques et de la société ?
L’État devrait-il s’approprier le marché en monopole public ou bien soumettre ce commerce aux lois du marché ? Quelles seraient les mesures de régulation à mettre en place, notamment dans la qualité du produit devenu légal ?
Comment l’État gèrerait-il les recettes et les coûts engendrés par la légalisation du cannabis ? Comment ce commerce dépénalisé s’insèrerait-il dans la législation européenne ? Comment évolueraient, en France, les zones de marchés et les réseaux illégaux ? Quel impact un marché légal du cannabis aurait sur les trafics des autres drogues considérées comme « dures » ?
L’argent, la qualité, la sécurité, voilà tous les arguments de ces partisans du cannabis et du commerce débridé, de la toute-puissance du marché et de l’individualisme.
Voici d’ailleurs la liste des invités, censés justifier le côté « scientifique » de la conférence qui est un soutien ouvert à la légalisation, profitant du « prestige » universitaire :
– Christian Ben Lakdhar, Economiste de la santé et des addictions
– David Weinberger, Sociologue, Institut National des Hautes Etudes de la Sécurité et de la Justice
– HYPE, Rappeur et ancien trafiquant
– Sébastien Beguerie, Entrepreneur, PDG de Alpha-CAT
– Stéphane Gatignon, Maire de Sevran
Animation par le journaliste Yérim Sar (VICE, Première)
C’est ici la faillite complète d’une certaine morale éducative. L’université elle-même bafoue le droit, puisque le cannabis et sa promotion sont encore interdits…
C’est l’agonie de toute une prétention à avoir certaines valeurs. Voici d’ailleurs également deux vidéos de Renaud Colson, maître de conférences en sciences criminelles à l’Université de Nantes.
Ces vidéos sont des productions officielles de l’université, et on peut voir le discours d’un professeur fervent partisan de la légalisation du cannabis, qu’il présente comme étant inéluctable, une avancée pour la santé, la sécurité, etc.
Là encore, c’est inégal. Mais l’Etat a décidé d’abdiquer devant l’individualisme. L’heure est au refus de l’universel et de la culture, la mode est aux Donald Trump, aux François Fillon et aux Emmanuel Macron.
Lieu : 35 – Ille-et-Vilaine
Grosse urgence pour 100 rats mâles albinos à sauver de l’euthanasie [le terme est absolument impropre, il s’agit d’une mise à mort]. Ils sont en laboratoire et ce dernier vide le stock.
Les rats sont manipulables (car manipulés quotidiennement par les étudiants), gentils, non mordeurs. L’association Bêtes de Scène en a déjà sorti cette année, il n’y a eu aucun problème de comportement.
Nous recherchons donc des adoptants, des associations, des covoitureurs pouvant aider!
Adoptables dans toute la France, mais covoits à prendre en charge.
Pour l’adoption: adoption sous contrat associatif, don libre.
Date de réservation le 30 novembre. Date de sortie le 5 décembre.
C’est bien entendu une information qu’il faut diffuser massivement !
Il y a, en effet, une pénurie d’adoptants en général, notamment pour les animaux qui sortent des laboratoires, encore plus pour les rats mâles, et d’autant plus s’ils sont déjà âgés.
Il existe une certaine tendance de fond, par ailleurs, ces derniers temps, à la « sortie » de rats de laboratoire, soit de manière semi-officielle, soit de manière officielle (avec autorisation administrative, enregistrement administratif des adoptants, etc.).
Le problème, c’est que cela s’accompagne de plus en plus d’une tendance à « accepter » le principe de vivisection, tout au moins de ne pas le critiquer, au nom du bien-être animal.
C’est le principe de « réhabilitation », relevant de la « protection des animaux utilisés à des fins scientifiques » définie par la loi, avec trois conditions, à savoir que :
-l’état de santé de l’animal, certifié par un vétérinaire, le permette ;
– il n’existe aucun danger pour la santé publique, la santé animale et l’environnement ;
– des mesures appropriées aient été prises pour préserver son bien-être.
Ce principe de « réhabilitation » s’inscrit pleinement dans la démarche réformiste du « bien-être animal », où les activistes pro-animaux devraient entièrement s’inscrire dans les institutions.
L’association « White Rabbit » se pose ainsi directement en opposition à l’ALF :
« Limiter les initiatives personnelles isolées, illégales et risquées.
En effet, l’implication émotionnelle combinée à l’ignorance, peuvent mener à des comportements illégaux, contreproductifs et risqués (au niveaux sanitaire et écologique), comme la sortie ponctuelle, par des scientifiques ou des activistes, d’animaux qui ne répondent pas aux trois conditions cumulatives posées par la loi. »
Les militants historiques de l’ALF seraient-ils vraiment des gens combinant « implication émotionnelle » et comportements « risqués » ?
N’importe qui connaît l’histoire de la libération animale sait à l’inverse comment les actions demandent une grande froideur de raisonnement et un vrai travail de fond quant aux conséquences de ses actes.
Quant aux scientifiques qui trahissent et font sortir « en douce » des animaux, sont-ils des irresponsables à dénoncer ou ont-ils rejoint la cause de la libération animale, au moins un tant soit peu ?
Mais on connaît la manière avec laquelle les personnes rejetant la libération animale font passer ses partisans pour des gens dangereux, irresponsables, etc.
Cela ne veut bien entendu pas dire qu’il faille rejeter la bataille pour les adoptions, notamment des animaux de laboratoire. Opposer la libération animale à ces adoptions n’a strictement aucun sens, il faut la mauvaise foi réformiste pour le faire.
Car le but est d’être une partie de la solution, pas du problème. Et par conséquent, il faut savoir ne pas devenir dépendant des institutions et être amené à accepter la vivisection.
Cette situation, ce genre de dilemme, de problématique, souligne la nécessité qu’il y a d’avoir un mouvement pour faire en sorte que les actes aillent toujours dans le bon sens. Mais ce mouvement ne saurait être réformiste : il ne peut qu’être révolutionnaire. On ne transige pas sur la morale.
Revenons encore une fois sur « l’esthétique de l’infidélité » dont nous parlions hier, car il existe une autre polémique en ce moment, entre les cathos fachos d’un côté et les libéraux-libertaires de l’autre.
Là encore, on se retrouve totalement coincé, malheureusement !
Car le fait est que la campagne de prévention du VIH met en avant des affiches où l’infidélité est totalement stylisée, présentée de manière romantique.
Coucher avec n’importe qui est ici, comme chez Gleeden, non pas quelque chose de glauque, mais une « aventure », un « bonheur », etc.
On a droit ici à la caricature de l’homosexualité comme hédonisme masculin ultra-consommateur, émotionnellement superficiel, etc.
Malheureusement, ce sont encore une fois les cathos qui sont montés au créneau. Et ils sont très malins : voici ce que dit, de manière intelligente, la « manif pour tous », dans une posture pro-sentiments, avec une fausse question.
En réalité, on s’en doute bien, ce que visent les catholiques, c’est la défense du mariage selon leur conception… Mais il y aura un grand impact, car en apparence ce sont les sentiments qui sont défendus.
En apparence seulement, on l’a compris. Mais comme les partisans du sentiment – c’est-à-dire la majorité des gens – restent en-dehors de tout engagement, on n’entend que les cathos fachos et les libéraux-libertaires.
Une dizaine de villes ont d’ailleurs pris l’initiative d’interdire la campagne d’affichages (dont Angers et Aulnay-sous-Bois), tentant de surfer sur la vague « réac » représentée en ce moment par François Fillon.
Ce qui provoque inversement la colère (judiciaire) de la ministre PS de la Santé, Marisol Touraine, au nom du combat « pour la santé publique et contre l’homophobie », ce qui revient à gommer la problématique de fond ayant permis pourtant la contre-campagne : l’éloge de l’infidélité la plus froide, sous un vernis romantique.
Voici d’ailleurs ce que l’adjointe municipale en charge de la famille et de la petite enfance de la ville d’Angers, Caroline Frel, explique au site gay Têtu :
Nous ne sommes pas contre ces affiches de prévention. Ce qui nous choque, ce sont les messages plus que les photos, surtout aux abords des écoles. C’est pour cela que nous avons demandé à la société JCDecaux de les retirer dans ces périmètres.
Des parents ont été choqués qu’on puisse valoriser une sexualité débridée et d’opportunité devant l’école de leurs enfants.
Dans un contexte sensible voire hystérique pour certains, le conseil municipal a pris la décision de jouer l’apaisement. Il ne faut y voir aucune forme d’homophobie ni d’opposition aux campagnes de prévention.
D’ailleurs, lorsque que le maire était président du conseil général de Maine-et-Loire, il a participé à une campagne d’AIDES intitulée ‘Voteriez-vous pour moi si j’étais séropositif ?’.
Et le site Têtu de dénoncer « une attaque envers une évolution des mœurs jugée trop libertaire », de citer le directeur de l’association AIDES dénonçant « un renouveau de la vertu », etc.
C’est lamentable de libéralisme-libertaire et citons par contre ce commentaire plein de sagesse :
Franchement c’est le monde à l’envers.
Ce sont les homophobes qui sont choqués par ces affiches alors que ce sont les gays eux même qui devrais l’être en tout cas je suis gay et je le suis quand je vois ces affiches à chaque arrêt de tram à Nantes.
Non seulement elle stigmatise encore une fois les gays comme étant des personnes instables amoureusement mais en plus elles font passer le message qu’il n’y a que les homo qui peuvent attraper les sida et autres maladies sexuellement transmissibles.
Pourquoi les hétéros n’ont-ils pas le droit eux aussi à leurs affiches comme celles-ci un peu partout ?
Le fait de voir deux hommes s’embrasser est une bonne chose mais cette image devrait être utilisé pour une autre publicité ou une autre campagne.
C’est tout à fait vrai. Le libéralisme libertaire a pris l’homosexualité en otage, la réduisant idéologiquement à un hédonisme ultra-consommateur, ultra-commercial, une incapacité à être amoureux, assumer des sentiments, être autre chose que superficiel, etc.
Alors qu’une personne homosexuelle, si elle l’est vraiment et ne suit pas une « mode », n’est pas différente d’une personne hétérosexuelle…
Avec tout cela, on est mal parti. Notons d’ailleurs également au passage quelques exemples d’affiches remplacées, qui témoignent elles aussi de l’hyper-sexualisation des images, de l’idéologie de la consommation et de la soumission des individus (notamment des femmes) à cela…
Et histoire de déprimer, constatons également qu’on va avoir droit à cela pour les présidentielles. Le Figaro contre Libération, Cathos fachos contre libéraux libertaires, partisans du moyen-âge contre partisans de la consommation comme libération…
Le principe d’une société fondée sur la consommation sans limites, c’est justement que tout est consommable. Par conséquent, les sentiments eux-mêmes ne sont plus seulement secondaires : ils deviennent eux-même des produits de consommation.
La vie ne serait qu’une « aventure » où il faut non pas construire (c’est le principe de la culture), mais rechercher une certaine « ivresse ».
Le problème aujourd’hui dans notre pays, c’est que les principaux opposants à ce qu’on doit appeler une décadence libérale-libertaire, ce sont les religieux.
On est donc coincé entre les partisans du moyen-âge et ceux d’un monde où tout s’achète… L’horreur !
On a un exemple de cela en ce moment avec le procès lancé par les « Associations familiales catholiques » contre l’entreprise Gleeden.
Évidemment, ce ne sont pas les sentiments que défendent ici les catholiques, mais le mariage. Ainsi, l’entreprise est visée pour ses publicités qui ne respecteraient pas l’article du code civil rappelant « l’obligation de fidélité entre époux ».
Voici quelques exemples de ces publicités affreuses, développant directement le discours anti-sentiment, anti-morale.
C’est un éloge de la tromperie pur et simple, qui est, c’est un aspect important, totalement esthétisé. Il y a une esthétique de la tromperie, qui rendrait pour ainsi dire « beau », car on serait plus « libre », plus « authentique », plus soi-même.
Le couple, ce serait pour la forme, pour se rassurer, mais la « vraie vie » serait ailleurs. Il faut quelque chose de plus « piquant », de plus « vivant »…
Voici ce qu’on peut lire par exemple sur le blog de Gleeden, comme présentation de l’article « L’infidélité, une rencontre avec soi » :
« Dans cette chronique, Marie-Carmen Garcia, sociologue de renom et experte Gleeden apporte un regard nouveau sur l’amour adultère. Plus qu’une rencontre avec l’autre, la relation extra-conjugale, par son caractère non-officiel, serait une rencontre avec soi, ses propres désirs et sentiments. Décryptage. »
Et voici un extrait de l’article, pratiquement poétique dans son éloge de la tromperie comme retour sur soi-même, comme découverte de soi, etc.
C’est surtout un éloge de la schizophrénie :
« L’amour passionnel ne peut feindre : il contraint les amants à se dévoiler l’un à l’autre, il bouscule les certitudes sur soi et sur la vie que l’on mène.
Aimer dans la clandestinité peut ainsi conduire à faire connaissance avec une partie de soi méconnue, d’imaginer d’autres avenirs que l’horizon que dessine le couple officiel ; de se découvrir des goûts, des centres d’intérêts, des manières de faire et de voir ignorées jusqu’alors. (…)
Lorsque les sentiments sont puissants, que les corps et les esprits se cherchent inlassablement, s’exaspèrent des absences contraintes et se retrouvent avec une fougue à chaque fois renouvelée, il est à parier que le partenaires vivront une expérience inédite tout à la fois heureuse et terrifiante.
Le bonheur d’être soi, d’aimer, d’être aimé d’une part ; la crainte qu’une attirance aussi singulière et violente ne vienne mettre en question la vie que l’on a longuement et patiemment construite, d’autre part.
En amour, on ne choisit pas seulement un partenaire, on choisit aussi (et peut-être surtout) la personne que l’on veut être. Dans certains cas, la tension interne que suscite l’expérience de la passion adultère conduit les personnes à mettre fin à leur relation occulte ; dans d’autres cas, elle les conduit à mettre fin à leur union officielle mais dans de nombreux cas, elle les porte à exister de manière différente dans deux relations.
D’un côté, on continue d’une certaine manière d’être la personne « que l’on a toujours été » et l’autre on est la personne que l’on « aurait pu être » et que l’on rencontre enfin.
L’amour adultère est donc avant tout une rencontre avec un « autre soi » méconnu ou inconnu révélé dans la relation avec l’amante ou l’amant. Il peut être à la source d’un cheminement personnel fascinant ou au contraire de terribles angoisses.
Quoi qu’il en soit, dans nos sociétés où l’infidélité n’est plus condamnée que par la morale « bien pensante », l’amour adultère peut pour certaines personnes constituer un chemin vers la connaissance de soi. »
Ainsi, LTD relèverait de la morale « bien pensante »… bien qu’en fait, pour ces gens, toute morale est bien pensante.
Ce qui est juste : la morale, c’est faire la différence entre le bien et le mal. La société de consommation n’a pas besoin de cela.
Voici un exemple démontrant tout à fait la contradiction insoluble que pose la défense des animaux en restant dans le cadre de l’idéologie dominante.
La fondation 30 millions d’amis remet depuis 2004 un prix à un roman, cela s’appelle le « Prix Littéraire 30 Millions d’Amis ». Le gagnant se voit remettre 3 000 euros, qu’il doit reverser à une association de protection animale de son choix.
Le jury qui choisit le lauréat correspond à l’ambiance actuelle, où la cause animale relève d’un certain charity business, mêlant sincérité et conquête d’une certaine image.
On retrouve donc Reha Hutin, productrice et présidente de la Fondation 30 millions d’amis, mais également le misanthrope Michel Houellebecq.
A cela s’ajoutent Frédéric Vitoux, Marc Lambron et Jean-Loup Dabadie, qui sont membres de l’Académie française, les écrivains Irène Frain et Didier van Cauwelaert (qui a gagné le Goncourt en 1994), l’auteur mystico-religieux Frédéric Lenoir, l’ex-PDG de Flammarion Teresa Cremisi.
Comme il s’agit, dans cette perspective, de faire littéraire et chic, le prix est remis au restaurant Drouant, au centre de Paris.
C’est un restaurant chic, connu pour son « pâté en croûte de Drouant » ou encore son « foie gras de canard au Porto ».
Le soir, son « foie de veau poêlé, jus reduit » coûte 33 euros,tout comme son « épaule d’agneau confite ». Son « foie gras de canard aux douze épices, chutney à l’ananas » comme hors d’oeuvre 26 euros, sa « tourte de canard sauvage & au foie gras de canard » 39 euros, sa « ballotine de lièvre au foie gras de canard » 41 euros, ses « langoustines rôties » 52 euros.
Chic et traditionnel, on comprend tout de suite de quoi il en retourne. La présence significative du « foie gras » ne doit pas surprendre : le cuisinier Antoine Westermann est présenté comme le « plus méditerranéen des cuisiniers d’Alsace ».
Pourquoi choisir alors Drouant pour le prix littéraire de la fondation 30 millions d’amis ?
La raison est très simple : il s’agit du lieu historique de deux autres prix littéraires, le prix Goncourt et le prix Renaudot.
L’idée est, naturellement, de donner une sorte de légitimité, de s’insérer dans un patrimoine préexistant, de se positionner parallèlement à quelque chose de reconnu pour gagner en légitimité.
Sauf que c’est absurde, parce que la « tradition » n’est nullement démocratique et est parfaitement insérée dans un mode de vie grand bourgeois, décadent, n’en ayant rien à faire des animaux.
Les gens qui ont gagné le Goncourt gagnent d’ailleurs aussi le couvert à vie au restaurant Drouant ! Michel Houellebecq l’a par exemple gagné.
Il peut donc manger gratuitement du « foie gras », par exemple avec la fameuse Virginie Despentes (le roman Baise-moi, le documentaire Mutantes – Féminisme Porno Punk, etc.), qui est devenue membre du jury du Goncourt !
Autant dire qu’un tel panorama ne donne pas envie et reflète bien que les moeurs, la vie quotidienne, la culture, que tout cela doit être passé au crible de la morale, des valeurs correctes, afin de faire le tri et de savoir se comporter de manière juste.
Célébrer un livre en faveur des animaux – encore faudrait-il d’ailleurs que le critère de l’ouvrage choisi ait un sens bien défini – dans un endroit comme le restaurant Drouant, c’est n’avoir rien compris à la réalité, c’est être hypocrite.
Le témoignage que l’on va trouver ici est celui d’un végétarien devenu éleveur, un peu le contraire de celui d’avant-hier, avec un ancien chasseur devenu vegan.
Il s’agit des extraits les plus intéressants d’un article publié par Le Monde, avec comme titre racoleur :
« Je suis éleveur de cochons et j’ai longtemps été végétarien »
Ce qui est réellement intéressant ici, c’est que ce témoignage a été donné à Camille Labro, dans le cadre de la réalisation de son ouvrage « Fourche et fourchette » où elle fait l’éloge du savoir-faire culinaire des « petits paysans ».
Une vision totalement romantique, totalement réactionnaire et ce qui est formidable, c’est que cette journaliste indépendante a écrit pour les publications suivantes : Vogue Paris, Vogue Hommes, Beaux Arts Magazine, Air France Madame, M le magazine du Monde, Le Monde!
Comme quoi l’éloge du terroir est vraiment quelque chose qui vient d’en haut, des grands bourgeois, prêt à proposer un romantisme pour empêcher une remise en cause de la situation!
Je n’ai pas mangé de viande pendant près de vingt-cinq ans, et aujourd’hui cela m’arrive de manière très occasionnelle, notamment quand mes parents viennent dîner à la maison. Mes parents et moi, nous nous entendons bien, mais mon système agricole [bio et polyculture] est à l’opposé du leur.
Je suis paysan, fils de paysans. J’ai grandi à Coron, dans le Maine-et-Loire. Mon père a repris la ferme familiale avec ses frères dans les années 1970. Les ateliers d’élevage hors sol, c’est-à-dire les bâtiments d’engraissement des porcs, avaient été mis en place avant lui : 800 porcs et 250 veaux à viande. (…)
J’ai commencé à chercher du boulot, mais je n’avais aucune envie de travailler dans des bureaux d’études. Pendant un temps, j’ai été animateur Civam [Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural], pour mettre les petits agriculteurs en réseau et développer avec eux des systèmes agricoles cohérents.
La plupart de ceux qui se sont convertis au bio sont passés par là : on se réunit pour apprendre les uns des autres – l’un qui fait du système « tout-herbe », l’autre du pâturage tournant, du non-labour, de la permaculture… On explore ensemble et on se consolide.
Peu à peu, j’ai commencé à faire un potager, un poulailler, à aller sur les marchés. Et l’évidence s’est imposée à moi : il me fallait être paysan, cultiver, vendre et en vivre, tout ça au même endroit.
J’ai d’abord fait des légumes, un peu de pain, mais très vite je me suis rendu compte que, sans animaux, il n’y avait pas de fumure, ça ne marchait pas, et qu’il fallait pratiquer la polyculture. De fil en aiguille, je suis revenu aux cochons. Je fais ce que j’ai toujours connu, mais aux antipodes de la manière dont je l’ai vu faire.
En 2008, je me suis installé, avec ma compagne Lucie, à la ferme du Bois-Landelle, à Hudimesnil, dans la Manche. Nous nous sommes construit une yourte – un vrai palace, avec grand salon et poêle à bois, cuisine aménagée, chambres… Sur la ferme, nous cohabitons avec d’autres paysans : un éleveur laitier fromager, des paysans-boulangers, un maraîcher.
Nous sommes complémentaires, à la fois indépendants, interdépendants et autonomes. Nous n’achetons rien à l’extérieur.
J’élève, en plein air, des cochons de Bayeux, une race locale en voie de disparition, qui a une croissance deux ou trois fois plus lente que le cochon rose classique.Il faut être un peu fou pour faire ça. Comme le bayeux est rare, c’est difficile de trouver des animaux génétiquement compatibles.
Je cultive en bio toutes les céréales qui alimentent mes bêtes. J’essaie de faire au mieux, mais l’élevage de monogastriques, ce n’est pas très cohérent avec l’environnement, car il faut cultiver beaucoup d’hectares pour les nourrir. Alors je fais un petit système : j’ai six truies, qui font quarante cochons par an.
Mes huit vaches allaitantes permettent de valoriser les prairies temporaires, qui rentrent dans mes rotations de cultures. La paille sert pour les étables en hiver, le fumier pour amender les cultures. C’est un système agro-écologique circulaire. (…).
J’ai une vision assez sombre de l’avenir, je vois les centrales nucléaires qui pètent, une révolution civile, le système libéral qui se casse la gueule. Et pourtant je continue, je fais des enfants, parce que j’espère que je me trompe.
Je continue, parce que j’ai encore foi en l’humain, en sa capacité à s’entraider, à modifier son comportement. Et, quoi qu’il arrive demain, il fera toujours meilleur vivre en campagne qu’à la ville, sur un petit lopin de terre que l’on traite bien.
C’est tout à fait la démarche correspondant au pétainisme. C’est le retour à la terre, à la petite production, avec une critique du « monde moderne », avec la mise en place d’un mode de vie pseudo-alternatif (la yourte, etc.).
Faire la révolution et changer le monde ? Assumer la morale, combattre la cruauté, défendre la Nature ? Trop compliqué, la petite propriété et la petite production, c’est bien mieux !
Voici un « manifeste » de plus à l’innombrable liste de ceux-ci ces derniers mois. Cette fois, il ne s’agit pas d’un « parti animaliste », mais de la version équivalente en mode « marche dans les institutions ».
C’est la « fédération animaliste » dont rêvait il y a plusieurs années l’association « Droit des animaux » (qui a disparu en tant que structure militante pourtant très solide à un moment).
Naturellement, le prix à payer pour cela est la liquidation complète du véganisme comme valeur en tant que telle : on est ici dans la « protection animale » et le « bien-être animal » entièrement assumé.
Voici déjà la liste des 26 structures ayant signé ce manifeste, sous le nom de « AnimalPolitique ».
Alliance Anticorrida, Antidote Europe, ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages), Association Stéphane Lamart, C’est Assez !, CIWF France (Compassion In World Farming), CNSPA (Confédération Nationale des SPA de France – Défense de l’Animal), Code animal, CRAC Europe (Comité Radicalement Anti Corrida), FLAC (Fédération des Luttes pour l’Abolition des Corridas), Fondation Assistance aux Animaux, LFDA (La Fondation Droit Animal, éthique et sciences), Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 millions d’amis, FUDA, IFAW France (Fonds international pour la protection des animaux), L214, OABA (Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoirs), One Voice, PETA France (People for the Ethical Treatment of Animals), Pro Anima, Sea Shepherd, SNDA (Société Nationale pour la Défense des Animaux), la SPA (la Société Protectrice des Animaux), 269 Life France, WELFARM.
Ici, on mélange tout et n’importe quoi. Prenons par exemple la Fondation Assistance aux Animaux. Elle rémunère le « lobbyiste » Thierry Coste, qui est même temps le grand lobbyiste… de la Fédération nationale des Chasseurs.
N’est-ce pas contradictoire avec les principes d’autres associations de la liste ?
Autre exemple, on trouve 269 Life France, dont la présentation explique que cette association « reconnaît la nécessité morale de ne pas soutenir l’élevage ». 269 se définit ainsi :
« Nous sommes abolitionnistes, c’est-à-dire que nous ne considérons aucune exploitation des animaux comme tolérable, aussi minime qu’elle puisse être considérée. »
Or, le « manifeste » part entièrement du principe d’accepter l’exploitation animale, mais de l’aménager… N’est-ce pas en contradiction complète avec l’abolitionnisme, justement ?
Regardons justement de quoi il en retourne. Il y a « 30 propositions pour mettre la condition animale au cœur des enjeux politiques ». Nous mettons le document en pdf à disposition (à télécharger ici), car dans 25 ans, cela considéré comme, non pas risible, mais pathétique par rapport aux exigences morales comme par rapport aux exigences de notre époque.
Prenons le thème « Animaux d’élevage ». Voici ce qu’on lit et c’est tout à fait clair, cela n’a aucun rapport avec le véganisme.
1. Favoriser le plein-air et interdire les cages ainsi que les conditions d’élevage incompatibles avec les besoins des animaux.
2. Mettre fin aux pratiques d’élevage douloureuses (castration à vif, écornage, gavage…).
3. Limiter la durée des transports d’animaux vivants et mettre un terme à leur exportation hors de l’Union européenne.
4. Renforcer la protection des animaux à l’abattoir et rendre systématique l’étourdissement avant toute mise à mort.
5. Faire évoluer les politiques alimentaires et agricoles par une meilleure prise en compte des animaux et de leur bien-être (étiquetage des modes d’élevage et d’abattage, alternatives végétales, …), conditionner la signature de traités de libre- échange (TAFTA, CETA…) à l’adoption de clauses en faveur de la protection animale.
Regardons le thème « Expérimentation animale ». Là, c’est pareil : l’abolition de la vivisection n’est pas demandée. Il est demandé un aménagement, avec une tendance qui irait, on le devine (mais on le devine seulement), à la fin de la vivisection.
« 6. Remplacer la terminologie de « méthode alternative » par celle de « méthode de remplacement » qui n’implique aucun animal, vivant ou tué à cette fin.
7. Créer une autorité administrative indépendante dédiée au développement et à la promotion des méthodes de remplacement.
8. Lancer un plan national des méthodes de remplacement.
9. Mettre en place des comités d’éthique d’établissement véritablement indépendants.
10. Instituer des sanctions pénales effectives et dissuasives. »
Sommes-nous sectaires, en disant cela ? Pas du tout, le manifeste est même pour l’aménagement de la chasse ! C’est la mesure numéro 23.
« 23. Réformer la chasse pour mieux protéger la faune sauvage et favoriser le retour naturel des grands prédateurs. »
C’est là une capitulation complète alors que le combat contre la chasse doit être au coeur de notre identité. Le combat contre la chasse est une clef culturelle capitale pour faire progresser notre cause !
Il est intéressant de voir d’ailleurs une autre mesure prônant inversement une « abolition » :
« 14. Abolir les corridas et les combats de coqs. »
Cela en dit long sur ce que signifie la lutte contre les corridas. C’est important, bien sûr, il faut l’abolir. Mais c’est secondaire dans le cadre général de l’exploitation animale en France. La focalisation sur cette triste réalité est devenue une fin en soi.
L’objectif de ces associations n’est pas le véganisme, la libération animale, mais leur intégration dans les institutions. La proposition numéro 30, la dernière, est explicite.
« Légitimer les politiques de protection animale en instituant un organe autonome dédié aux animaux et indépendant du ministère de l’Agriculture et donner une place significative aux associations compétentes dans les organes décisionnaires. »
L’État doit « donner une place significative aux associations » : tel est l’objectif. Pas la confrontation avec l’exploitation animale, pour la libération animale, en assumant la morale, la révolution.
Voici un témoignage d’une personne qui a été chasseur et qui est devenu végan. Il circule sur le net et donne un aperçu intéressant sur la culture propre aux chasseurs…
« Je voulais faire part de mon expérience personnelle concernant la chasse, car je vois de plus en plus de chasseurs qui se prennent pour des amoureux voir même des protecteurs de la nature et en tant qu’ancien chasseur repenti devenu vegan, ça me hérisse le poil!
En effet étant fils de chasseur, j’ai passé mon enfance à voir des animaux se faire massacrés par la beauferie humaine, le sentiment de toute puissance que provoque chez certains hommes la tenue d’une arme à feu…
A l’époque on m’avait tellement rabattu les oreilles des bienfaits du « prélèvement » et de la « régulation » que ça me paraissait normal, naturel, puis en grandissant, les cris d’un chevreuil agonisant ressemblants aux pleurs d’un bébé, le spectacle macabre d’une laie se traînant en poussant sur ses pattes arrières, les deux antérieures étant fauchées par une balle, tentant de fuir pour sa vie, tout ça sous les rires sinistres de leurs bourreaux, m’ont fendu le coeur!
Croiser le regard apeuré et en train de s’éteindre de ces animaux voulant simplement vivre à déclenché un début de prise de conscience…
Puis les discours des chasseurs et leurs comportements aux antagonistes quand ils chassent entre eux et quand ils veulent faire bien devant le monde me consternaient de plus en plus, hé oui le discours change quand lors d’une saoulerie on raconte ses anecdotes de braconnage, l’histoire de cette balle transperçant une laie allaitante, cette buse (protégé) qui a prit un coup de 4,5 dans sa gueule…
Et au cours de cette enfance, j’ai rencontré des dizaines de chasseurs, pas un n’avait l’éthique dont il parlait pourtant si bien.
Il ne faut pas chercher bien loin pour savoir ce qu’est la chasse, c’est prendre un fusil pour flinguer des animaux sans la moindre possibilité de défense, le reste c’est de la littérature !
Et encore je ne parle la que de la moins pire des chasses, la chasse devant soi, je n’ose même pas évoqué les battues ou la chasse à court…
Pour faire plaisir à mon père, j’ai ensuite passé le permis à 16 ans (oui à seize ans on peut posséder une arme à feu létale oklm) et lorsque j’ai tirer la première fois sur un être vivant, un lapin, je me suis senti tellement minable, qu’etais je censé ressentir ?
De la satisfaction ? Me sentir viril pour avoir assassiné à bonne distance un animal d’à peine 5kg?
En tout cas je n’aie rien ressenti de tout ça et là chasse à été finie pour moi, je me demande encore aujourd’hui comment j’ai pu supporter cette immersion des années durant.
Donc NON la chasse n’est pas un loisir, c’est du meurtre autorisé et de surcroît pour le plaisir !!!
C’est des animaux blessés allant parfois agoniser des jours durant, des petits animaux qui mourront de faim en attendant leurs maman qui ne reviendra jamais, du plomb dans les oreilles des chiens etc etc…
Bref les discours moraux des chasseurs sont sans fondements ni valeur, c’est une façade car comme pour les abattoirs, les « braves gens » ne doivent pas savoir, sinon ils prendraient positions !
Avec les élections présidentielles, le lobby de la chasse est très actif, bien évidemment.
C’est pourquoi Willy Schraen, président de la Fédération Nationale des Chasseurs, s’évertue à multiplier ses activités, comme aller rencontrer François Hollande et les candidats de la primaire de droite.
« Président de la fédération des chasseurs de Loir-et-Cher, mais aussi vice-président depuis septembre dernier de la Fédération nationale, Hubert-Louis Vuitton faisait partie jeudi dernier de la délégation qui a été reçue pendant 45 minutes à l’Élysée par François Hollande.
Les autres membres de cette délégation étaient Willy Schraen, le patron de la FNC et Pascal Sécula, président des chasseurs de la Côte-d’Or. »
C’est ce qui s’appelle mettre le point sur les i : en effet, la présence de présidents d’associations de chasseurs à l’échelle départementale vient appuyer la thèse centrale de Willy Schraen. Celle-ci consiste à dire que le « lobbying » des chasseurs ne doit plus se faire de l’extérieur, mais directement de l’intérieur, en plaçant ses hommes dans les appareils.
C’est plus efficace et moins risqué que de faire des pressions depuis l’extérieur. Le soutien électoral se monnaie non plus à coups de promesses, mais également d’intégration de chasseurs à différents niveaux.
C’est pourquoi par exemple Guy Harlé d’Ophove, le président de la Fédération des chasseurs de l’Oise dont nous avions déjà parlé pour sa figure caricaturale du chasseur réactionnaire (Guy Harlé d’Ophove, maître d’oeuvre d’une néo-féodalité), a été nommé à la tête de la commission environnement de l’assemblée des Hauts-de-France…
Le bastion qui existe en arrière-plan de cette offensive tout azimut des chasseurs est l’idéologie portée par l’assemblée et le sénat.
Il y a ainsi le groupe parlementaire Chasse et territoires, avec 115 membres, ainsi que le groupe sénatorial Chasse et pêche, avec 86 membres.
Les présidents du parlement (le socialiste Claude Bartolone) et du sénat (le républicain Gérard Larcher) sont tous les deux d’ailleurs des chasseurs.
Les institutions, avec leurs hommes conservateurs, carriéristes, forment un terrain tout à fait adéquat à la propagande des chasseurs, nos « Donald Trump » à nous en France.
Le profil diffusé officiellement à l’occasion de l’élection de Willy Schraen à la tête de la Fédération Nationale des Chasseurs est d’ailleurs tout à fait significatif.
On y trouve la chasse, la pêche, le business (dans les fleurs, dans l’immobilier)…
« D’abord passionné de petit gibier et de gibier d’eau pendant sa jeunesse, il a découvert après 30 ans la chasse au grand gibier qui est devenue un autre de ses centres d’intérêts cynégétiques.
Il est aussi passionné de pêche et fait partie d’un club de pêche en mer.
Amateur de chiens de chasse, il a toujours eu plusieurs fidèles compagnons pour pratiquer la chasse devant soi.
Sur le plan professionnel, il crée sa première entreprise de négoce de fleurs à l’échelle européenne à 22 ans, ce qui le conduit à parler plusieurs langues.
Autodidacte, il s’est associé avec son frère pour concevoir et développer une chaine de magasins de fleurs qui sont installés dans le Nord-Pas-de-Calais. En complément de cette activité, il est aujourd’hui très impliqué dans l’immobilier commercial dans toute la région des Hauts de France. »
C’est tout à fait le profil d’un « réac » comme la France sait en produire.
Est-ce que cela veut dire qu’il faut un contre-lobby face à la chasse ?
Pas du tout, la question animale n’a pas besoin d’un « lobby », mais d’un changement général de mentalités et de l’effondrement de l’exploitation animale.
La chasse est ignoble, mais elle n’est qu’un phénomène à la marge de l’exploitation animale en tant qu’industrie, ce que savent d’ailleurs les chasseurs.
Ils ont peur qu’une majorité s’exprime contre la chasse, car de fait une telle majorité est largement possible, beaucoup en ayant assez de leur agressivité réactionnaire particulièrement franche…
C’est pourquoi ils s’allient aux forces les plus conservatrices. Leur mouvement vers les institutions participe à la « trumpisation » de la France…
Du 7 au 18 novembre s’est tenue à Marrakech la 22ème « Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques », c’est-à-dire la COP22.
Le roi Mohammed VI a exprimé à cette occasion, dans une longue phrase :
« ses remerciements et sa Haute considération, pour les efforts louables entrepris par le Comité d’organisation et le Comité de pilotage, ainsi que par les différentes autorités locales et territoriales, la sûreté nationale, les forces militaires et auxiliaires, les acteurs du secteur privé, les organisations de la société civile et les habitants de la ville de Marrakech en général ».
La COP22 a salué dans le même esprit le roi Mohammed VI, dans une longue phrase également :
« Nous, Chefs d’États, de Gouvernements, et Délégations, rassemblés à Marrakech, en sol Africain, pour la Vingt-deuxième session de la Conférence des Parties, la douzième session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto et la Première session de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris, à la gracieuse invitation de Sa Majesté le Roi du Maroc, Mohammed VI, prononçons cette proclamation afin de signaler un changement vers une nouvelle ère de mise en œuvre et d’action en faveur du climat et du développement durable. »
Bref, on a compris qu’on était dans un environnement très feutré, très aseptisé, très technocratique, avec une dose énorme d’auto-satisfaction, perturbé il est vrai par l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis, celui-ci étant un « climato-sceptique » notoire.
Voici un exemple de ce que celui-ci peut raconter :
« Je ne crois pas au changement climatique, c’est juste de la météo. Ça a toujours été comme ça, le temps change, il y a des tempêtes, de la pluie, et des belles journées. »
Cela donne le ton, mais cela n’empêche pas non plus le gouvernement américain d’annoncer à la COP22 qu’en 2050, les États-Unis produiront 80 % de CO2 en moins par rapport à 2005.
Une promesse donc entièrement gratuite, puisque Obama part et est remplacé par Trump… Mais les promesses n’engagent, on le sait bien, que ceux qui y croient.
D’ailleurs, Donald Trump a annoncé qu’il supprimerait l’Agence de protection de l’environnement américaine. Et en attendant, il a nommé à sa tête Myron Ebell, qui dirige depuis 1997 une coalition de groupes et de réseaux combattant le « mythe du réchauffement climatique ».
De toutes manières, Donald Trump a également raconté que les Etats-Unis devaient sortir des COP. Alors, quand on voit cela, les promesses américaines…
Mais les autres pays riches sont de toutes façons également sur la même longueur d’onde, avec plus d’hypocrisie, un style différent.
Par exemple, chaque année, de 142 à 178 milliards d’euros sont donnés comme aides publiques pour l’usage des énergies fossiles par les 34 pays les plus riches.
C’est une somme gigantesque, qui montre bien que les priorités restent économiques.
Rappelons au passage que les mesures de la COP21 ne sont nullement obligatoires pour les pays l’ayant signé. Cela en dit long sur l’authenticité de l’engagement dans la COP21. En fait, tant qu’il y a un semblant d’unité, il y a quelques pas en avant, mais dans le fond la démarche n’est pas nécessaire et à la première grande occasion, ce sera le chacun pour soi.
Les mentalités sont déjà prêtes, d’ailleurs, vu le succès des populistes nationalistes, de Trump à Poutine ou Marine Le Pen ici, qui prône le refus de voir les choses autrement que de manière la plus étroite, dans le respect des « traditions », du conservatisme, etc.
Cette ambiance n’empêche pas la « déclaration de Marrakech » de faire dans le satisfecit complet :
« Cette année, nous avons assisté, à un élan extraordinaire en matière de lutte contre les changements climatiques, partout dans le monde, ainsi que dans de nombreux fora multilatéraux.
Cet élan est irréversible – il est guidé non seulement par les gouvernements, mais également par la science, par le monde des entreprises ainsi que par une action mondiale de tous types et à tous niveaux. »
Ce qui est absolument fascinant dans cette explication, c’est que la population n’est pas mentionnée. On a les gouvernements, les scientifiques, les entreprises, une bien mystérieuse « action mondiale de tous types et à tous niveaux ».
Mais on n’a pas les gens. La population est totalement laissée à l’écart, ce qui est logique : si le refus du réchauffement climatique était populaire, alors ce serait la révolution, car les gens verraient qui est qui, qui fait quoi.
On l’a bien vu avec la COP21 à Paris : la population est restée à l’écart. On l’a mise à l’écart, mais il n’y a également eu aucune mobilisation populaire, dans le sens d’une lutte sérieuse.
Le contexte des attentats n’explique pas tout et après tout la mobilisation contre la loi travail a bien eu lieu. Non, le fait est que les gens font confiance aux dominants, tout comme à l’arrière-plan ils acceptent le principe comme quoi les intérêts de son propre pays doivent être privilégiées.
L’égoïsme de Marine Le Pen est ici le pendant de l’hypocrisie de François Hollande pendant la COP21. Ce dernier était d’ailleurs à Marrakech, pour la COP22… Mais en même temps pour le sommet des chefs d’État et de gouvernement Africains !
On reconnaît ici le sens des priorités, l’horrible pragmatisme des dominants, qui ne font même pas vraiment semblant…
Voici également ce que François Hollande a entre autres expliqué :
« La France, vous le savez, avait présidé la COP21 et avait été très fière qu’à Paris, il puisse y avoir un accord universel contraignant qui engage le monde.
Donc, venant ici à Marrakech dans un contexte que chacun connait, où il pouvait y avoir à la fois de l’espoir et des doutes, il était très important qu’au nom de la France, mais aussi au nom des 110 pays qui ont ratifié l’Accord de Paris, je puisse affirmer que cet Accord est irréversible.
Il est irréversible en droit, parce qu’en moins d’un an il a pu entrer en vigueur, irréversible dans les faits, parce qu’il y a un mouvement, une mobilisation des acteurs privés, publics, gouvernements, entreprises, organisations non gouvernementales qui fait que ce mouvement est irrépressible, inarrêtable et inaltérable.
Et puis, il est irrépressible aussi parce que dans les consciences, il est maintenant acté que l’enjeu climatique est un enjeu commun et qu’il concerne aussi bien des îles qui sont menacées pour leur propre survie que des grands continents, des pays immenses qui sont touchés par des catastrophes. »
C’est naturellement de la poudre aux yeux, car il n’y a rien de contraignant. Mais voici également ce qu’il précise, et qui montre très bien ce que signifie la COP21 pour la France : une manière de se renforcer économiquement en Afrique…
« Nous sommes à Marrakech, au Maroc, il y aura d’autres rendez-vous avec l’Afrique mais ici l’Afrique était représentée au plus haut niveau parce qu’elle avait compris qu’elle était au cœur du projet climatique.
C’est également notre intérêt commun. Pas simplement un acte de solidarité, pas simplement une volonté -qui suffirait d’ailleurs- de préserver la planète, mais parce que c’est aussi la sécurité de nos deux continents qui est en cause.
Si nous voulons limiter ou réduire ou empêcher l’immigration c’est en luttant contre le réchauffement climatique et en assurant la sécurité du continent. Si nous voulons qu’il y ait un développement en Afrique qui puisse être une source de croissance en Europe c’est à travers le plan que nous pouvons lancer aujourd’hui.
Si nous voulons qu’il y ait ce partage des technologies, c’est avec l’Afrique que nous devons l’engager et la France est particulièrement bien placée pour jouer ce rôle. »
La France est « particulièrement bien placée » : voilà ce qui compte. L’écologie n’est qu’un faire-valoir économique, permettant de se donner une bonne image (comme souvent aux dépens des Etats-Unis), d’organiser des investissements nouveaux, d’élargir son influence…
Une écologie néo-coloniale, opportuniste, sans contenu, ce qui ne doit pas nous étonner !
C’était il y a douze ans : en tentant de s’opposer à un convoi de déchets nucléaires, Sébastien Briat perdait la vie.
Bichon est mort pour ses convictions
Quelques semaines auparavant il s’était décidé avec plusieurs d’entre nous à agir pour rendre publique la vulnérabilité d’un tel convoi [de déchets nucléaires provenant d’Allemagne, le 7 novembre 2004]. Le fait qu’il soit mort ne doit pas faire oublier que cette action était non violente, réfléchie et volontaire.
Contrairement à ce que ce drame peut laisser transparaître, en aucun cas notre acte était irresponsable et désespéré. Notre engagement est le fruit de convictions profondes quant au danger certain et réel que représente le nucléaire depuis trop longtemps.
Cette action était parfaitement planifiée, collectivement, incluant des repérages précis des lieux, et en respectant des procédures d’arrêt éprouvées. Nous avions longuement envisagé toutes les possibilités y compris un non arrêt du convoi.
Placés en sortie de courbe, nous pouvions être amenés à quitter les rails très rapidement, du fait d’une visibilité réduite.
Nous étions quatre couchés sur les voies ayant chacun un bras passé de part et d’autre d’un tube d’acier glissé sous le rail extérieur de la voie permettant ainsi un départ d’urgence plus rapide. En aucun cas nous n’étions cadenassés et nous avions la possibilité de nous dégager rapidement de ces tubes.
Malheureusement l’équipe chargée de stopper le train 1500m en amont n’a pas pu agir. L’hélicoptère de surveillance précédent en permanence le convoi était absent, « parti se ravitailler en kérosène » ; or cette équipe comptait essentiellement sur sa présence qui signalait l’arrivée du train.
Enfin, conformément à ce qui était convenu les stoppeurs ont renoncé à arrêter le convoi car il était accompagné de véhicules de gendarmerie le précédent à vive allure sur le chemin les séparant de la voie.
Le convoi est donc arrivé à « 98 km/h » selon le procureur n’ayant pu être arrêté par les militants ni averti par l’hélicoptère. Ces multiples causes réunies nous mettaient en danger.
De ce fait, les personnes couchées sur les rails n’ont bénéficié que de très peu de temps pour s’apercevoir que le train n’avait pas été stoppé et par conséquent n’avait pas réduit son allure. Nous nous étions entraînés à une évacuation d’urgence de l’ordre de quelques secondes.
Sébastien à été percuté alors qu’il quittait les rails, et en aucun cas, son bras n’est resté bloqué à l’intérieur du tube [sa jambe a été sectionnée alors qu’il tentait d’éviter le train, il est mort à 21 ans alors qu’il était amené à l’hôpital].
La vitesse de l’événement nous a dépassé et personne parmi nous n’a eu le temps de lui venir en aide.
Avant que cela n’arrive, nous sommes restés dix heures de suite cachés en lisière de bois à trente mètres de la voie, gelés et ankylosés par le froid.
Durant cette attente, nous n’avons pas été détecté par le dispositif de sécurité, ni les guetteurs postés à une quinzaine de kilomètres du lieu du blocage et chargés de nous prévenir de l’arrivée du train, ni les stoppeurs chargés de l’arrêter, ni les bloqueurs qui avaient préalablement installé les deux tubes sous le rail aux environs de cinq heures du matin.
Il est clair que la part de responsabilité de chaque protagoniste doit être établie. Y compris la nôtre.
Pour l’heure nous sommes face à l’un des pires moments de notre existence. Malgré ce que beaucoup de personnes peuvent penser nous avions des raisons certaines d’être là.
En premier lieu la sauvegarde de la planète, dont nous assistons au déclin d’années en années, mais également le rejet de cet État monolithique refusant toute remise en question.
Nous n’avons pas décidé d’arrêter ce train par immaturité ou par goût de l’aventure, mais parce que dans ce pays, il faut en arriver là pour qu’une question de fond, enfin, entre dans le magasin de porcelaine.
Sébastien est mort par accident, il ne l’a pas choisi, personne ne l’a souhaité. Il n’est pas mort au volant en rentrant ivre de discothèque, mais en agissant pour faire entendre ses convictions. Et c’est sans conteste pour cela que son décès ne sera jamais, pour nous, un fait divers.
Face à une situation où nous étions si perdus, nous n’imaginions pas recevoir tant de soutien. Nous remercions particulièrement amis et parents, de nombreuses associations, mais également les milliers d’anonymes allemands et français ayant organisé des manifestations et des commémorations en sa mémoire.
L’ampleur de la solidarité nous dépasse autant qu’elle nous touche. Le plus important, nous semble de pleurer un frère et de soutenir sa famille et non d’instrumentaliser son image.
Bichon était certes à la recherche d’un monde moins fou, mais avant tout un jeune homme rempli de joie de vivre, d’énergie et amoureux des gens. Ce texte n’est ni une confession, ni une agression, nous voulons seulement par celui-ci rétablir la vérité des faits.
Que veut dire l’expression « Charity business », bien connue aux Etats-Unis ? Que des gens pratiquent la charité, en obtenant quelque chose en retour : une bonne image dans le public, une notoriété plus grande, etc.
C’est exactement le fond de la démarche de Rémi Gaillard qui, comme le constate Midi Libre, a été « surmédiatisé pendant quatre jours ».
Du grand spectacle, du jeu sur les émotions, dans le mépris de la rationalité, dans le refus de l’universalisme au sens où la compassion doit aller à tous les animaux…
Cela a été un véritable exemple de ce qu’on peut appeler l’américanisation de la société française (non pas qu’il faille, bien sûr, réduire l’Amérique à ce type de travers).
Car Rémi Gaillard n’est pas un amateur du genre : ses vidéos fonctionnent sur le principe de la provocation.
Voici un exemple, avec une vidéo entièrement anti-animaux, en l’occurrence anti-pigeons. 17 millions de personnes ont pu voir Rémi Gaillard déguisé en pigeon géant salissant une voiture venant d’être lavée…
Rien que cette vidéo est moralement intolérable et inacceptable. Notre morale n’est pas divisible et malléable selon l’opportunisme du moment.
Chez Rémi Gaillard, le style consiste d’ailleurs justement en des vidéos agressives et gratuites dans la provocation, avec des dérapages ignobles, comme en 2014 lorsqu’il a mimé des actes sexuels sur des femmes.
Rémi Gaillard n’est donc nullement un progressiste : c’est un de ces « humoristes » qui sont le produit du relativisme général, du divertissement gratuit.
C’est le sens de son opération de charity business : prétendre donner du sens. Il s’est enfermé pendant 86 heures dans une cage de la SPA de Montpellier, appelant à soutenir financièrement la SPA locale (liée à la SPA dite de Lyon, et non pas de Paris) et à adopter les 300 chiens présents.
150 chiens ont été adoptés, 200 000 euros récoltés. C’est le point positif.
Mais à quel prix ? Car là où c’est pervers, c’est que la bataille est bien plus grande.
Au niveau des refuges, déjà : au lieu de valoriser les anonymes, qui travaillent tout le temps, au lieu de mobiliser de manière rationnelle et prolongée, Rémi Gaillard joue sur les sentiments pour le coup d’éclat.
Or, la cause animale paie un prix énorme à ce type d’actions, qui empêche un mouvement rationnel, dans la durée, sur des valeurs claires.
Les fait sont là : les refuges tiennent à bout de bras et ce ne sont pas des aides médiatisées ponctuelles qui changent la réalité.
Le système français des refuges est au bord de l’effondrement et il y a un besoin de soutien pratique, organisé et surtout… fiable, dans la durée !
Ce n’est pas la démarche de Rémi Gaillard, qui ne fait que prolonger sa démarche « vidéo ».
Voici quelques uns de ses propos, larmoyants et émotionnels, à mille lieux des exigences de lutte pour la planète et les animaux :
« Des gens sont venus m’accompagner la nuit, un boulanger m’a apporté des croissants tous les matins, un gars de la sécurité a pleuré en voyant une gamine m’offrir sa tirelire, d’autres m’ont offert leur doudou…
La cagnotte a avancé à coup de centimes même si nous avons eu plusieurs gros donateurs comme Louis Nicollin ou le groupe Shaka Ponk. Des gens sont venus de Nantes, Strasbourg, Melun en train.
Cette chaleur humaine m’a aidé à supporter les nuits. Cette expérience m’a réconcilié avec le genre humain. »
C’est bien beau, mais le genre humain n’est pas la question ici. Il faudrait justement qu’il sache s’effacer !
Et cet anthropocentrisme révèle, c’est le second aspect, qu’il n’y a ici rien pour les animaux en général. Rémi Gaillard n’est pas végan et l’assume clairement, comme ici dans Paris Match :
En juin 2016, vous étiez la voix de la vidéo choc de L214 à propos de l’abattoir de Pézenas et de celui du Mercantour, épinglés pour maltraitance. Depuis, êtes-vous devenu végétarien ?
J’ai arrêté le poulet, le cochon, mais je mange encore du bœuf de temps en temps. J’ai une copine végane qui m’initie. Je n’ai pas encore trop fouillé le sujet pour remplacer totalement la viande.
On retrouve la démarche « animaliste », « antispéciste », etc. qui nie la question du socle moral nécessaire à la cause, au nom d’un « progrès » aux contours flous.
Cependant, nous sommes en 2016 et l’humanité pratique un terrorisme général contre les animaux. C’est quelque chose qu’il faut comprendre rationnellement.
Il n’y a pas de place pour la manipulation des émotions, qui sort de la raison, de la morale.
Rémi Gaillard a payé le prix de cela, d’ailleurs. Le fait de rester quatre jours dans une cage est très dur, il a été sous le choc. Il a souffert notamment des aboiements des chiens : c’est un être sensible, il a compris la cause de l’adoption.
Il s’est mis en jeu émotionnellement, clairement. Lui-même a salué de manière ininterrompue la mémoire de son ami canin qui l’a quitté en 2012. La dignité est réelle.
Toutefois, cette mise en jeu est aussi une mise en scène.
Car ce qu’il a fait est un témoignage typiquement chrétien, s’enserrant parfaitement dans sa stratégie médiatique.
Lui-même ne veut rien changer : il n’est pas devenu vegan, il ne prône pas la libération animale, il n’appelle pas à la bataille. Il témoigne.
C’est là du catholicisme, pas de la révolution.
Alors, évidemment, Rémi Gaillard ce n’est pas l’ALF. Mais posons la question : quelle crédibilité y a-t-il pour quelqu’un mangeant de la viande, portant du cuir, à jouer sur la corde sensible au sujet des animaux ?
Est-ce moral, ou de l’usurpation ?
Ce qui ramène à la question du charity-business.
La société Bravoloto a été un sponsor (il s’agit d’un loto en ligne gratuit pour gagner des bons d’achat, qui a d’ailleurs choqué il y a deux mois pour une publicité graveleuse).
Il y a des stars des NRJ music awards qui ont fait une vidéo de soutien à la va-vite et sans trop savoir vraiment de quoi il en retournait, il devait sortir de la cage en direct au 20h sur le Grand Journal de canal+, en profitant de cette occasion, pour pratiquer le populisme en demandant que Bolloré double la cagnotte pour qu’il sorte. Il n’est pas sorti, expliquant ensuite que les chiens adoptés ne sortent pas devant les caméras et expliquant : « la télé je les encule, ils peuvent pas m’acheter, je sortirai pas devant les caméras ».
Il a d’ailleurs traité avec la même vulgarité Elie Semoun qu’il a accusé de ne pas pouvoir le soutenir, recevant alors naturellement au passage le soutien de Dieudonné.
Parmi ses soutiens, notons Louis Nicollin, président du club de football de Montpellier connu pour ses dérapages verbaux agressifs et accessoirement 311e fortune de France…
On est ici en plein charity-business quasiment féodal… Sur un fond de jeu émotionnel, de pseudo rébellion populiste, avec aucun contenu rationnel…
Et à ce panorama il faut ajouter les comédiens Jérôme Commandeur et Jarry, Brigitte Bardot, les joueurs de football Geoffrey Jourdren, Laurent Pionnier et Hatem Ben Arfa, les chanteurs Soprano, Christophe Maé, LEJ, Shaka Ponk et Black M, Sylvie Tellier (ex miss france 2002)…
Faut-il être naïf ou faussement naïf pour croire ou faire croire que les beaufs et les riches vont aider à changer les choses…
Voici enfin, pour conclure, le communiqué final de la SPA de Montpellier, plein d’anthropocentrisme, au point qu’on a l’impression que c’est le communiqué de la fin d’une production de cinéma sur un ton un peu « simplet ».
Clap de fin pour Rémi en cage !
Après 4 jours passés en conditions réelles de vie de chien abandonné dans notre refuge, le box 612 est vide, fini la tristesse et l’ennui pour Rémi qui à été adopté ! Certainement un coup de pouce de « Titou » (son poilu disparu) qui veille de là haut sur lui! Car en ce soir de Super lune du 14 novembre 2016, certains vœux se réalisent…
Comme tous nos loulous qui ont eu cette chance, il va pouvoir retrouver enfin une vie de chien normale: la chaleur d’un foyer, la liberté, une nouvelle vision sur le monde sans barreaux à l’horizon, de l’amour et de l’affection…
Merci à Rémi pour cette expérience humaine inédite et très touchante ! Des moments forts en émotions ! Merci pour eux qui ne parlent pas mais ressentent tout ! Merci à tous de l’avoir soutenu !
Les adoptions qui ont eu lieu durant cet évènement ont toutes été méticuleusement encadrées par les bénévoles puis validées par les responsables d’adoption par souhait de qualité des placements, tant pour les animaux que pour leurs futurs propriétaires. Les suivis des adoptions seront bien évidemment effectués comme habituellement. Merci aux adoptants ! Et merci pour les premières nouvelles parvenus.
Merci à chacun d’avoir apporté « sa petite pierre à l’édifice »; très touchante mobilisation et formidable chaîne de solidarité qui permettra d’améliorer les conditions de vie des animaux en détresse ou en transit dans le refuge.
Merci aussi aux sponsors, à l’équipe technique, aux vigiles, aux bénévoles, aux animaliers et personnels du refuge…
Téléchargez et jouez gratuitement sur l’appli bravoloto qui reverse 1 centime par grille pour vous.
http://bit.ly/SauvezRemi
Pour résumer, on a eu ici un refus de la raison, une célébration des attitudes régressives, une logique de témoignage chrétien, une pseudo hargne rebelle, une recherche du spectaculaire…
La société française est, tout simplement, infantile.
Une initiative similaire s’est fondée hier en France, sous le nom très simple et direct de « parti animaliste » (le site, le facebook).
En fait, et à vrai dire, c’est une initiative de plus parmi les innombrables structures qui se sont fondées ces dernières années, se présentant pour beaucoup immédiatement comme de dimension nationale, seule représentative, etc.
En août s’était également fondé, de manière plus confidentielle, un Parti antispéciste citoyen pour la transparence et l’éthique (PACTE).
N’importe quelle personne observant cela y verra un produit de la crise traversant la France, avec une fuite dans des valeurs refuges pas très claires, même si liées aux animaux.
Voici par exemple ce qu’on trouve justement dans le FAQ du « parti animaliste » :
Où vous situez-vous sur l’échiquier politique ?
La question animale est transversale, elle concerne toutes les familles politiques, toutes les catégories sociales, les ruraux comme les urbains, les jeunes comme les personnes âgées, …
Il y a là de quoi faire sauter au plafond toute personne ayant une conscience sociale dans notre pays et comprenant qu’il existe des classes dominantes réactionnaires.
Dans un contexte de progrès immense de Marine Le Pen, il y a ici une dépolitisation et une acculturation politique qui lui est très utile…
On peut remarquer que, d’ailleurs, le responsable du « PACTE » mentionné plus haut tient le même discours :
Les membres du PACTE ce sont plutôt des ouvriers ? Des artisans ? Des hommes de loi ? De riches industriels ? Des employés ?
Nous sommes des véganes extra-bien-terrestres ! (rires) Venant de la société civile, beaucoup d’entre-nous sont engagés dans des causes caritatives, on compte des étudiants, des profs, des employés, des juristes, des artistes etc. Le milieu et l’origine sociale n’importent pas. On peut tous avoir un bon cœur qui rend le cerveau généreux.
Tout cela n’est rien d’autre qu’une continuation de la grande OPA bobo-hipster sur le véganisme, concept d’ailleurs désormais « dépassé » au nom de l’antispécisme, de l’animalisme, etc.
Ce n’est pas pour rien, évidemment, que la présentation des fondateurs du « parti animaliste » ne précise jamais s’ils sont végans ou pas.
Il y a des chances qu’ils le soient d’ailleurs (ce serait dans l’ordre des choses), mais ce genre de définition ne les intéresse pas. Aux yeux de ces « modernistes » liés aux couches intellectuelles urbaines, il ne faut pas avoir de valeurs « strictes », afin d’enclencher une sorte de mouvement qui changerait les institutions (et leur garantirait des places sociales de valeur).
Tout cela conduit à la réduction des exigences du « bien-être animal ». Voici par exemple ce que propose entre autres le « parti animaliste » et l’on ne sera guère étonné que L214 ait salué leur fondation.
Les animaux élevés
Renforcer la protection des animaux d’élevages
Créer une Direction de la Protection des animaux d’élevage au Ministère de la Protection animale.
Accorder un droit de visite inopinée des élevages et des abattoirs aux associations de protection animale visées à l’article 2-13 du code de procédure pénale.
En finir avec les pratiques particulièrement génératrices de souffrance
Interdire les mutilations (épointage du bec, castration, amputation de la queue, écornage…) pratiquées en élevage.
Abolir la pratique du gavage et abroger l’article L 654-27-1 du code rural et de la pêche maritime. Interdire l’importation de produits issus de l’alimentation forcée d’animaux.
Interdire la production, l’importation et le commerce de la fourrure et la dépilation à vif.
Interdire le broyage des poussins et des canetons.
Interdire les sélections génétiques causant des souffrances (poulets souche à croissance rapide, etc).
Protéger davantage les animaux durant leur transport
Limiter la durée totale du transport des animaux vivants (8H pour les mammifères, 4H pour les oiseaux).
Interdire les exportations d’animaux vivants de l’UE vers les pays tiers.
Protéger davantage les animaux dans les abattoirs
Interdire toute possibilité d’abattre un animal sans insensibilisation préalable.
Interdire le gazage au CO2, utilisé notamment pour l’abattage des cochons.
Installer des caméras de contrôle dans les abattoirs sur les postes de déchargement, d’attente, d’amenée et d’abattage des animaux, avec contrôle par une autorité indépendante et transparente, constituée à parité d’inspecteurs vétérinaires et de membres désignés par des associations de protection animale visées à l’article 2-13 du code de procédure pénale.
Accompagner l’évolution des filières d’élevage
Instaurer un moratoire sur les élevages en cage (interdire l’installation de nouveaux élevages en cage ainsi que l’extension des existants), et interdiction totale sous 10 ans.
Instaurer un moratoire sur les élevages en bâtiment sans accès à un libre parcours (interdire l’installation de nouveaux élevages sans accès à l’extérieur ainsi que l’extension des existants), et interdiction totale sous 10 ans.
Conditionner toute installation d’exploitation à l’aménagement d’un accès à un libre parcours pour les animaux, avec bassin pour les espèces semi-aquatiques comme les canards.
Former davantage les professionnels de l’élevage, les vétérinaires et les personnels des services de contrôle sur les besoins physiologiques des animaux.
Accompagner et aider la reconversion d’éleveurs vers l’agriculture végétale.
Accompagner l’évolution des pratiques alimentaires
Inciter les collectivités locales à intégrer le « bien-être animal » parmi leurs critères d’attribution des marchés publics en matière de cantines scolaires et de restauration collective.
Abroger le décret « restauration collective » et l’arrêté du 29 septembre 2011 qui impose des produits d’origine animale à chaque repas.
Former les professionnels de la santé sur l’équilibre nutritionnel d’une alimentation végétale adaptée aux différents âges et activités de la vie (grossesse, croissance, seniors, sportifs…).
Former davantage les professionnels de la restauration et du tourisme à la gastronomie végétale et à notre patrimoine culinaire végétal.
Mettre en place un menu végétal alternatif dans la restauration collective publique et privée (Proposition de loi n°3142 enregistrée le 14 octobre 2015).
Mettre en place un repas végétarien hebdomadaire pour tous dans la restauration scolaire.
Fixer un objectif national de réduction de la consommation de produits animaux (viande, poisson, œufs, lait) de 25% en 2025 par rapport à 2015 par des politiques publique de santé incitant à modérer la consommation de produits d’origine animale, au regard notamment de ses effets sur les animaux, le climat, l’environnement et la santé (la Chine vise une diminution de moitié de sa consommation de viande par rapport aux prédictions de croissance de cette demande) Développer les connaissances nutritionnelles, favoriser la découverte et la connaissance de la gastronomie végétale.
C’est ici un réformisme typique du bien-être animal, à ceci près que, comme L214, il ne se veut pas anti-végan ; il y a également plein d’autres mesures exigées que toute personne végane soutiendra, comme par exemple « Renforcer les aides d’Etat aux refuges, créer des refuges publics en remplacement des fourrières ».
Cependant, la libération animale ne saurait consister à appeler à « Encadrer l’élevage, le transport et l’acquisition des poissons d’ornement ».
La libération animale, c’est la libération des animaux, par tous les moyens, en connaissance que c’est une bataille qui est menée contre une exploitation animale très bien organisée et amenant l’humanité à nier la Nature.
C’est le seul point de vue qui ait un sens, sinon on bascule forcément dans l’antispécisme qui envisage les choses du point de vue réformiste, avec un programme sur mille ans, alors que la destruction de la planète progresse manière accélérée, que toujours plus d’animaux sont tués à l’échelle mondiale.
L’humanité est à un tournant historique ; ce n’est pas avec des faux-semblants et des excuses réformistes qu’elle sera à la hauteur.
Prenant comme prétexte le rapport récent de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice sur l’argent de la drogue (nous en parlions ici), Le Figaro s’est lancé dans la question du cannabis.
Son choix est très clair et reflète la stratégie présidentielle de la droite.
Face à la gauche sociétale à l’américaine, le choix est celui d’apparaître comme le garant de l’ordre face au chaos.
C’est très exactement la ligne qui a amené le succès de Donald Trump, de l’extrême-droite en Europe, etc. La droite française voit une brèche, il s’y engouffre… Et on peut être certain que cela va marcher en bonne partie.
Pour les gens, même pour des gens tolérant la « fumette », légaliser le cannabis serait vraiment la démission complète de la culture…
Quand on voit d’ailleurs qu’Arte va diffuser une série en décembre intitulée Cannabis, sur le trafic entre la France et l’Espagne, on voit la décadence entretenue par les libéraux-libertaires…
Voilà comment la droite parvient, malheureusement, à être populaire et avoir à une bonne image.
Voici ce que cela donne sur la page internet du Figaro. Rappelons qu’elle est extrêmement lue, Le Figaro étant d’ailleurs pratiquement le quotidien le plus vendu.
Voici le début du premier article, qui présente un panorama affligeant :
Le trafic de drogue ne cesse de progresser en France, gangrenant de plus en plus de villes et empoisonnant la vie de leurs habitants.
En 2015, les saisies de cannabis ont augmenté de 65% (60,8 tonnes de résine et 16,8 tonnes d’herbe) mais le «marché» criminel reste immense, entretenu par une demande en hausse constante. «Deal» au vu et au su de tout le monde, vandalisme pour détruire les caméras de vidéosurveillance, règlements de compte en pleine agglomération…
Les maires sont aujourd’hui désarmés face à cette explosion de violence. D’autant plus désarmés que la riposte policière n’est pas toujours efficace et que la réponse judiciaire est jugée insuffisante par nombre d’édiles.
Désemparés, les élus sont aujourd’hui partagés. Certains, à gauche surtout mais aussi à droite, prônent la dépénalisation (réduction ou assouplissement des peines prévues par la loi), préférant une amende à une longue procédure. D’autres, plus rares, sont partisans de la fin de la prohibition en «légalisant» le cannabis.
Les derniers, une opinion majoritaire à droite, veulent une répression accrue et surtout une riposte judiciaire plus dure. Dans l’intervalle, le fléau continue ses ravages.
Le message est clair : le cannabis va être un thème de campagne. Puisque la gauche se la joue sociétale et se coupe des gens, et qu’il lui faut concurrencer l’extrême-droite sur le terrain de l’ordre, la droite va se la jouer « dure ».
En expliquant que les partisans d’une telle ligne sont majoritaires à droite, la tendance est officialisée.
Un petit billet de Yves Thréard vient en appui à cette ligne, le voici.
Cycle infernal
La récente attaque au cocktail Molotov de quatre policiers dans l’Essonne a une nouvelle fois braqué les projecteurs de l’actualité sur le trafic de cannabis.
Partout en France, de plus en plus de quartiers vivent au rythme de cette juteuse économie parallèle. Ils sont aux mains de mafias organisées qui imposent leur loi. Régulièrement, des maires, excédés et dépassés, tirent la sonnette d’alarme.
Ainsi, depuis des années, revient le débat sur la légalisation du cannabis ou la dépénalisation de son usage, présentées l’une et l’autre comme de possibles solutions. Et nul doute qu’il se trouvera des candidats à la présidentielle pour le relancer.
La prohibition, disent ses détracteurs, favorise la délinquance sans empêcher la hausse de la consommation. À les écouter, l’État aurait intérêt à mettre la main sur ce commerce. Le trafic diminuerait et la santé des clients serait mieux contrôlée.
Même les finances publiques y gagneraient. Les promoteurs de cette politique tentent d’étayer leur démonstration sur quelques exemples étrangers. Aucun de leurs arguments ne tient la route.
Pas plus que les expérimentations menées ici ou là ne sont convaincantes. Le marché noir du cannabis existera toujours et il serait intolérable que l’État devienne le partenaire commercial des caïds qui le développent…
Les choix sont faits : la gauche libérale-libertaire de François Hollande pense triompher aux présidentielles, au moins en partie, en se positionnant en faveur de la dépénalisation. La droite va se poser en tendance contraire.
Dans tous les cas, les partisans de l’utopie seront perdants, bloqués entre Charybde et Scylla, entre les conservateurs réactionnaires et les libéraux-libertaires.
« La fille du coupeur de joints » est la chanson qui en France a joué un rôle immense dans la valorisation du cannabis. Hubert-Félix Thiéfaine chantait alors une folk poétique délirante plutôt sombre, alternée de chansons décalées.
« La fille du coupeur de joints » appartient à ce dernier type, sur l’album « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir » de 1978.
Or, Hubert Felix Thiefaine n’était pas alors une figure commerciale comme aujourd’hui ; il restait entièrement à l’écart des circuits officiels, tout en ayant un succès très puissant dans la jeunesse « alternative ».
La conséquence en a été une influence massive et mauvaise sur celle-ci. Loin des grandes poses inacessibles du dandy tourmenté fricotant avec le suicide et les drogues dures, « La fille du coupeur de joints » synthétise par son texte et son approche musicale la figure du gentil je m’en foutiste pseudo-alternatif.
Wikipedia présente la chanson ainsi :
L’une de ses chansons les plus connues, La Fille du coupeur de joints, figurant sur son premier album, traite, sous un aspect enjoué, de l’amour et de la consommation de cannabis. L’imagerie des « consommateurs de substances psychotropes » est un des thèmes récurrents de son œuvre, notamment dans Solexine et Ganja, Exil sur la planète fantôme, Narcisse 81, Cabaret Sainte-Lilith…
En 1978, Hubert Félix Thiéfaine en finit avec les maquettes : il sort « Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s’émouvoir… ». Ce n’est pas le titre d’une chanson, mais celui de son premier album. Le disque, comme le titre, est difficilement abordable. Mais « La fille du coupeur de joints » qui aborde, de manière légère et festive, la consommation de cannabis, se fait une place sur les ondes.
En voici les paroles.
Elle descendait de la montagne
Sur un chariot chargé de paille
Sur un chariot chargé de foin
La fille du coupeur de joints
La fille du coupeur de joints
Elle descendait de la montagne
En chantant une chanson paillarde
Une chanson de collégien
Et nous, on était cinq chômeurs
A s’lamenter sur notre malheur
En se disant qu’on se taperait bien
Elle descendait de la montagne
V’là qu’elle nous voit vers les murailles
Et qu’elle nous fait « Coucou les gens »
Ben, v’là qu’elle nous prend par la taille
Et qu’elle nous emmène sur sa paille
Elle nous fait le coup du zeppelin
Ben nous on était cinq chômeurs
À s’payer une tranche de bonheur
Un’ tranche de tagada tsoin-tsoin
Quand on eut passé la ferraille
Elle nous fit fumer de sa paille
Sacré bon Dieu que c’était bien
Plus question d’chercher du travail
On pédalait dans les nuages
Au milieu des petits lapins
Elle descendait de la montagne
En chantant une chanson paillarde
Une chanson de collégien
La fille du coupeur de joints
Voici également une version live avec Tryo et Didier Wampas, Hubert-Félix Thiéfaine ayant décadé à ce niveau. Il a d’ailleurs même essayé d’écrire des chansons pour Johnny Hallyday !
Aïcko est mort. C’était un dauphin du parc animalier «Planète Sauvage», situé à Port-Saint-Père, à côté de Nantes.
Ses conditions de vie ont été terrifiantes et sa souffrance atroce, en raison de la captivité empêchant des rapports naturels entre les dauphins.
Voici le communiqué de l’association One Voice, qui a défendu ce pauvre dauphin, expliquant quelle a été la situation.
AÏCKO, LE « PETIT AMOUR » OUBLIÉ
À Planète Sauvage, Aïcko dépérit. « Jamais je n’ai vu un jeune dauphin aussi mal en point » écrit la Dre Naomi Rose [Docteure en biologie animale de l’University of California] dans son rapport sur le delphinarium, après sa visite du 29 octobre, à l’invitation de One Voice qui va déposer un complément de plainte pour petit Aïcko.
La petite crevette que tout le monde aimait
« C’est un dauphin qui ressemble à une crevette, tellement il paraît petit et chétif entouré de sa maman et de sa marraine. Aïcko est né samedi et déploie depuis ses nageoires dans les bassins du Parc Astérix. Le bébé pèse 12 kg, contre 180 kg pour ses parents, la jolie Aya, 14 ans, et le séducteur Guama. »
Guama, qui est aussi le papa de Galéo. Pour éviter les dangers, Aïcko peut compter sur sa mère poule Aya et sur sa vieille marraine de 35 ans, Beauty : « Elles le suivent à la trace. Beauty se met sur le côté pour éviter qu’il se cogne au bord et, dès qu’il y a de l’agressivité dans le bassin, Aya accourt et prend en sandwich Aïcko pour qu’il ne reçoive pas de coups des autres dauphins », nous raconte Christel, sa soigneuse » (1).
C’est ainsi que la naissance d’Aïcko, « petit amour » en japonais, était annoncée en août 2010.
Pour dégager de la place et éviter que « ces jeunes mâles ne se reproduisent pas avec leur mère et/ou leurs sœurs », comme l’avoue le Parc Astérix (alors qu’en mer, aucun dauphin ne songerait à violer ses parents !), Aïcko a pourtant été vendu, avec son demi-frère Galéo, à Planète Sauvage en janvier 2015.
Ici, plus de jolie maman Aya, plus de marraine pour le protéger : il est livré à l’arbitraire de Péos à la gueule cassée, un grand mâle qui lui aussi a subi de graves traumatismes durant son enfance et qui agit comme un caïd, victime de sa propre histoire.
Aïcko s’enfonce dans le désespoir
C’est ainsi que l’a trouvé la Dre Rose, qui s’est rendue à la Cité Marine le 29 octobre dernier avec One Voice. Elle y a découvert un petit Aïcko maigre à faire peur. « Jamais durant toute ma carrière, je n’ai vu un jeune dauphin captif aussi chétif ».
Comme Galéo il y a quelques mois, Aïcko présente des signes de malnutrition graves et son corps de profondes morsures en râteau, toujours à vif.
À l’exception des deux nouveau-nés, Aïcko est le plus jeune dauphin du parc. Ce n’est encore qu’un delphineau de six ans, placé tout en bas de la hiérarchie féroce qui règne à Planète Sauvage.
En liberté, les dauphins subalternes peuvent aisément fuir les interactions agressives avec des individus plus âgés. Rien de tout cela en captivité, où règne un ordre démentiel dans un huis clos infiniment trop petit.
Pendant le spectacle bruyant et si peu naturel, Aïcko n’obéit pas ou bien se lance à corps perdu à la rencontre de son demi-frère qui nage avec un dresseur.
Tout indique chez lui une grande confusion et un stress immense. Peut-être y survivra-t-il, mais il est affligeant de devoir traîner un delphinarium en justice pour qu’il s’occupe correctement de ses détenus à vie.
La visite de la Dre Ingrid Visser semble pourtant avoir eu cet effet. Galéo va un peu mieux, il a repris du poids et ses blessures cicatrisent.
Mais quelle vie atroce ! Il n’est pas normal, assène Naomi Rose, que le parc laisse ainsi ses dauphins subadultes à la merci d’adultes agressifs.
Arrêtez les bébés !
La Dre Rose s’inquiète aussi de l’avenir d’Amani et Nouma, les deux petits mâles nés à la fin de l’été.
Quelle vision du monde vont-ils pouvoir se faire, enfermés jour après jour avec leurs mères terrifiées, tandis que Péos vient claquer rageusement des mâchoires devant la porte qui les sépare du bassin principal ?
Les parois du bassin de maternité où ils grandiront se couvrent d’une algue noire, qu’on laisse croître sur le substrat d’excréments pour diminuer la réflexion solaire. Pourquoi ne pas leur donner de l’ombre à tous avec un simple auvent, alors que les dauphins captifs, toujours en surface, souffrent gravement des rayons UV ?
Les deux delphineaux ne pourront se développer normalement dans ce bassin, conclut Naomi Rose, et Planète Sauvage devrait renoncer une fois pour toutes à la reproduction. Mais voilà ! Un bébé qui naît, c’est tant de clients en plus !
Alors, tant pis si les « petites crevettes » si populaires à la naissance deviennent ensuite les souffre-douleur de dauphins rendus fous par la captivité et l’ennui ! Ici, la compassion n’a pas sa place.
Voici la carte des Etats-Unis, avec la situation juridique du cannabis dans les différents Etats.
En vert foncé sont indiqués les Etats où le cannabis était déjà légalisé, en vert clair où le cannabis vient d’être légalisé.
En vert sont indiqués les Etats où le cannabis médical est accepté, en gris là où le cannabis est intérieurement interdit. En rouge est indiqué l’Etat où le cannabis n’a pas été légalisé lors du référendum ayant eu lieu en même temps que les élections présidentielles.
Voici également la réaction surréaliste (et illégale) d’Esther Benbassa, grande partisane de tout ce qui est libéral-libertaire.
L’idée d’Esther Benbassa est très simple : le cannabis serait de gauche et cool, le refus du cannabis forcément un conservatisme.
D’où l’exemple de la Californie, bastion du libéralisme libertaire (avec l’industrie de la pornographie notamment).
Regardons les résultats électoraux pour voir si elle dit vrai.
Les quatre Etats ayant légalisé le cannabis sont la Californie, le Massachusetts, le Maine et le Nevada ; celui qui a refusé est l’Arizona.
Quels ont été les résultats dans ces Etats ?
Dans deux Etats, Clinton était largement devant : 61,5 % en Californie, 60,8 % dans le Massachusetts.
Quand on voit cela, la thèse d’Esther Benbassa pourrait apparaître comme correcte.
Mais dans le Maine, Clinton a eu 47,9 % et Trump 45,1. Dans le Nevada, leurs résultats ont été respectivement de 47,9 % et 45,5 %.
Cela signifie qu’une partie des gens ayant voté Trump ont voté pour la légalisation du cannabis. En Alaska, le cannabis était déjà légalisé, Trump a pourtant gagné.
Dans la tradition de décentralisation libérale, Trump a d’ailleurs expliqué que chaque Etat devait avoir sa position sur le cannabis, que cela ne regardait pas l’Etat central.
Mais est-ce qu’Esther Benbassa n’a pas raison, au fond, d’une certaine manière ? Justement oui, mais pas dans le sens qu’elle pense.
L’Arizona a refusé le cannabis le même jour que les élections présidentielles, et justement là-bas Trump a fait 49,6 %, Clinton 45,3 %.
Ce qui fait qu’on peut renverser la proposition : les gens opposés au cannabis tombent dans les bras de la droite, alors qu’ils ne sont eux-mêmes pas forcément de droite.
La même chose va arriver en France, car seuls Juppé, Le Maire, Sarkozy, etc. c’est-à-dire la droite conservatrice s’oppose au Cannabis, alors que Mélenchon, Macron, Hollande etc. y sont favorables.
Cela ne veut pas dire que la droite conservatrice soit sincère, mais elle joue sur le thème afin de se présenter comme porteur d’une certaine morale, de certaines valeurs.
Il n’est pas bien difficile de voir que tout le succès de Marine Le Pen provient également de là…
La gauche n’a pas de contenus, seulement une tolérance finalement libérale-libertaire, la droite a des valeurs pourries mais, au moins, des valeurs, tout au moins c’est ainsi que les gens raisonnent.
Esther Benbassa a donc tort : le cannabis est tout à fait soluble dans le capitalisme, et la conception comme quoi le cannabis serait un progrès ne fait que servir à renforcer les conservateurs, qui ont beau jeu de dénoncer une décadence à laquelle eux-même participent…
Concluons sur un exemple de cela : on sait que la présidente du Conseil régional d’Ile-de-France Valérie Pécresse est farouchement anti-cannabis. Elle a même voulu que les lycéens fassent des tests de dépistage.
Or, son fils a été arrêté avec du cannabis en septembre…
La droite conservatrice joue à avoir des valeurs, mais n’en a pas. La lutte contre le cannabis ne peut avoir comme base que la lutte pour une vie naturelle, collective, tournée vers un esprit positif !
C’est une structure institutionnelle, mais « indépendante », censée servir les pouvoirs publics. Elle vient de publier un document de 108 pages, intitulé « Usage de drogues et droits de l’homme« , appelant dans ce cadre à légaliser le cannabis !
Quelle plaisanterie… Mais bon, on sait comment le capitalisme sait inventer des « droits de l’homme » quand il s’agit d’élargir les possibilités du marché.
Voici ce que cela donne, niveau verbiage et vernis idéologique pour faire passer la légalisation du cannabis :
« Il est urgent de sortir de logiques binaires opposant usager-délinquant et usager-malade, répression et dépénalisation, qui ne fonctionnent pas, pour adopter résolument une approche de la régulation de l’usage de drogues en France fondée sur les droits de l’homme. »
Beau tour de passe-passe pour faire d’une drogue un « droit de l’homme ».
Et nous n’exagérons nullement : la posture libérale-libertaire est entièrement assumée. On lit ainsi page 38 :
« Pour la CNCDH, la liberté individuelle suppose la possibilité de pouvoir faire des choix sur son propre corps et sur son mode de vie, même si ceux-ci sont minoritaires.
Il en va de l’épanouissement de la personne et de son droit à l’autodétermination. «
La drogue, quel « épanouissement », en effet… En réalité, voilà bien une capitulation entière devant l’individualisme le plus complet et le plus sordide, dans la négation complète de l’universalisme et de la possibilité d’une vie heureuse naturellement.
On est ici dans l’idéologie universitaire à la « queer » faisant l’éloge de n’importe quelle minorité qui, parce qu’elle est minorité, représenterait la subversion, le progrès, etc.
Ce délire fantasmatique touche même aux drogues… C’était bien entendu le cas déjà dans les années 1970, où les comportements marginaux pouvaient être stylisés en rébellion la plus authentique.
Mais, là, c’est un document institutionnel, c’est l’Etat qui parle !
Il est même parlé de la « stigmatisation sociale » des « usagers de drogue »… Comme si la société n’avait pas le droit et le devoir de dénoncer des comportements auto-destructeurs et potentiellement dangereux pour les autres !
Le triomphe du libéralisme libertaire est ici sans limites : interdiction de critiquer quoi que ce soit, car « chacun fait comme il l’entend »…
Et d’ailleurs, on lit même que :
« l’usage de stupéfiants est un délit sans victime »
Phrase d’une philosophie de haute volée…
Voici d’ailleurs une sorte de présentation graphique faite par la Commission nationale consultative des droits de l’homme. On peut difficilement faire pire dans la normalisation du cannabis… A ce niveau, c’est carrément de la propagande.
Naturellement, on retrouve le discours sur la « prévention » : c’est une constante de la propagande en faveur de la légalisation du cannabis.
L’individu aurait le droit de consommer du cannabis, d’être reconnu comme tel, c’est un droit de l’homme, il doit pouvoir être soigné et donc reconnu comme tel…
Une logique libérale implacable, qui conduit l’humanité droit dans le mur.
Hier, on n’a pas seulement appris la victoire de Donald Trump aux présidentielles américaines. Il y avait en effet de nombreuses autres questions juridiques posées dans certains États, dont également celle de la dépénalisation du cannabis.
Les Etats suivants ont ainsi approuvé la légalisation du cannabis :
– la Californie, à autour de 55%. On notera que le Nouvel Observateur donne l’information suivante, très intéressante :
« La campagne pour cette légalisation avait été portée par l’investisseur et fondateur de Napster, Sean Parker, et le milliardaire George Soros, qui avait investi près de 16 millions de dollars. »
C’est là en fait la clef des campagnes pro-cannabis : l’argent a coulé à flot.
Ce que cela donne est alors facile à comprendre : en 2016, la campagne en faveur de la légalisation du cannabis en Californie a reçu 19 821 000 dollars de dons, celle contre a reçu 2 480 015 dollars seulement…
On devine comment le capitalisme a poussé à fond pour la légalisation, précisément d’ailleurs dans cet Etat.
Barack Obama avait déjà annoncé en effet il y a peu que si la Californie supprime l’interdiction, la répression à l’échelle des États-Unis ne serait plus tenable.
La Californie a joué un rôle clef dans la mise en avant d’un capitalisme plus « moderne », libéral libertaire dans tous les domaines…
– le Massachusett, à environ 53%. Les partisans de la légalisation ont récolté 3 585 756 dollars, pratiquement entièrement de groupes pro-légalisation.
Les opposants n’ont récolté que 1 633 300 dollars, dont 75 000 dollars… de l’industrie locale de l’alcool.
– le Maine, à entre 50,3% et 51%. Ici la différence dans la récolte des dons a été énorme.
Les partisans de la légalisation ont obtenu 1 286 770 dollars de dons, contre 79 050 dollars seulement pour les opposants. Dans les deux cas, l’argent a été récolté par des groupes partisans.
– le Nevada, à environ 53%.
Ici c’est très intéressant : les pour et les contre ont reçu chacun environ deux millions de dollars de dons en 2016. Les contre n’ont reçu quelque chose pratiquement que de dons individuels, tandis que les pour ont reçu la moitié des dons d’entreprises liées au cannabis, le quart de groupes pro-cannabis.
L’Arizona a par contre refusé la légalisation du cannabis, à 52,2%. C’est la seule bonne nouvelle et ici aussi la question des moyens pour faire campagne a été flagrante.
Dans ce cas particulier, les « pour » avaient reçu 2 562 888 dollars de dons, pour une très bonne part des entreprises liées au cannabis.
Les opposants ont eu par contre 4 569 319 dollars de dons, ce qui est clairement plus, et pour moitié d’entreprises, dont Insys Therapeutics qui fait des recherches sur du THC synthétique pour les thérapies.
La marijuana « thérapeutique » a par contre été acceptée en Floride, en Arkansas, au Montana, en Dakota du Nord.
Rappelons également que la marijuana « récréative » était déjà légale en Alaska, au Colorado, en Oregon, à Washington et Washington D.C.
Au total, 20% des Américains pourront désormais profiter de celle-ci… On devine que ce n’est qu’un début, que le cannabis est en passe de devenir un bien de consommation comme un autre…
A moins qu’une opposition franche et nette parvienne à se développer !
C’est une chronique sordide, mais qu’il est nécessaire malheureusement de reprendre régulièrement, afin de souligner une chose simple : rien n’a changé dans le panorama juridique français concernant les animaux.
On connaît le discours des partisans du « bien-être animal » : l’animal serait reconnu comme un « être sensible » par le droit, donc un progrès est inévitable, etc.
Or, que voit-on ? Que le meurtre, la torture, même dans les cas où c’est interdit, ne sont pas condamnés.
Hier avait lieu un procès dans l’Aisne : une personne a tué son chien à coups de marteaux, pour soi-disant arrêter la souffrance provoquée par son eczéma.
Verdict : six mois… avec sursis, ainsi que 500 euros de dommages et intérêts pour préjudice moral à chacune des neuf associations de défense des animaux qui s’étaient portées parties civiles.
Autre procès, il y a deux jours, à Caen. Un homme laisse mourir de faim et de soif un poney, au milieu de détritus, immobilisé par un fil.
Voici son explication :
« Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je ne me l’explique pas moi-même. J’allais la voir tous les jours, mais un jour il a plu, ça m’a découragé et je ne suis pas allé la voir puis un jour repoussant l’autre… J’avais ensuite peur d’aller la voir et de la découvrir comme les gendarmes l’ont retrouvée. Je dormais mal à cette idée. »
« Il est mort dans des souffrances atroces ! », a expliqué le parquet.
Verdict : deux mois de prison… avec sursis, ainsi que 100 euros pour défaut de puce électronique sur le poney, 150 euros pour privation de soins, 1 800 euros à verser à la Fondation d’assistance aux animaux.
Autre procès, à Nantes, hier. « Deux chiens très affaiblis, attachés, sans eau ni nourriture. Un autre blessé. Des cadavres de lapins, chats, poules et coqs. Trois chiots à l’agonie… »
Verdict : 6 mois de prison… avec sursis, interdiction de détenir un animal pendant cinq ans, 3 400 euros à verser à des associations.
Autre procès, à la fin du mois dernier, dans le Morbihan : celui de « l’élevage de l’horreur », dixit les services vétérinaires.
« Malnutrition, retard de croissance, bâtiments inadaptés, environnements souillés, les 200 vaches laitières, génisses, taurillons et autres animaux vivaient dans une très grande souffrance, privé d’eau, de fourrage, vivant entourés d’excréments, et souvent couverts de blessures et d’infections. »
Le verdict :
48 bêtes avaient été placées, et le parquet avait réclamé la confiscation du reste du troupeau« pour les mettre à l’abri ».
Le tribunal a maintenu la confiscation des 48 animaux, mais l’éleveur peut conserver le reste de son cheptel. Sa société est condamnée à verser 11 176 € à l’association protectrice des animaux, et devra s’acquitter de plusieurs amendes pour un montant total de 4 850 €.
Il y a deux jours, procès à Marmande de l’asphyxie de 24 chiens ayant eu lien en 2014, lors d’un transport de la SPA de Tarbes à Paris (nous présentions ce drame ici).
L’entreprise de transport est condamnée à 7 500 euros d’amende, dont 2 500 avec sursis, pour « transport d’animaux à but lucratif sans agrément et sans autorisation ».
Le chauffeur du véhicule est condamné à deux mois de prison avec sursis, la SPA n’a rien.
L’information explique donc que l’amende est donnée en raison de l’absence d’autorisation, sans plus…
Et comme on le voit avec les exemples cités plus hauts, seules les amendes sont données, et encore existent-elles en raison surtout d’associations.
Cela montre bien que rien n’a changé, que les partisans du « bien-être animal » mentent, que les associations se fourvoient dans une posture juridique utile mais qui devient une fin en soi, une obsession, bloquant l’émergence d’une conscience générale du problème.
Il faut être à la hauteur de notre époque, à la hauteur morale, en confrontation avec l’exploitation animale !
17 146 personnes étaient inscrites pour les primaires d’EELV, 80,76% ont voté, 3,66 % des bulletins étaient blancs, Yannick Jadot a obtenu 57,11% des voix, Michèle Rivasi 42,89%.
Dans la foulée, un site s’est ouvert, avecjadot.fr.
On y trouve une sorte de biographie, intitulée « 25 ans d’engagement pour l’écologie« . Les photographies qu’on y trouve sont assez géniales de par leur côté Tintin et Milou, c’est-à-dire l’engagement vu par une sorte de bourgeois catho, entre commisération et spectaculaire, avec un fond néo-colonial.
La biographie est, comme on peut le deviner, un éloge d’une sorte de réformisme associatif où, à vrai dire, on ne voit pas trop le rapport avec l’écologie.
Yannick Jadot milite au syndicat UNEF-ID, pépinière de cadres du Parti Socialiste à l’époque. Il va au Burkina Faso et au Gabon pour l’aide au développement, c’est-à-dire pour la coopération, sorte de service militaire néo-colonial et sans armes.
Lui-même est obligé, d’ailleurs, d’en convenir dans ce qu’il raconte :
Je pars au nom du Ministère de la Coopération en 1992, et reviens avec un rapport implacable sur les relations incestueuses et financières entre la Compagnie Forestière du Gabon en cours de privatisation, le géant français du bois François Pinault, son ami Chirac, le RPR, et leur bon camarade à tous, Omar Bongo. Mon rapport à peine remis, mon chef me convoque dans son bureau et exige que je lui remette toutes les copies existantes de ce rapport. « Tout cela n’existe pas », me signifie-t-il : ces enjeux nous dépassent tous les deux totalement.
Il va ensuite au Bangladesh, missionné par la Communauté européenne, fréquente le milieu des ONG, devient par conséquent un « altermondialiste » comme on disait à l’époque (nous sommes passés des années 1980 à 1990 et 2000), rejoint les Verts, Greenpeace et ensuite EELV.
Ce qui est formidable, c’est que dans ces deux derniers cas, Yannick Jadot explique qu’il a rejoint une structure… Parce qu’on lui a proposé :
« Quand Bruno Rebelle me propose de rejoindre Greenpeace, je connais déjà l’organisation »
« Au printemps 2008, Jean-Paul Besset et Pascal Durand me proposent de tenter l’aventure Europe Écologie avec Dany Cohn-Bendit. Ma réponse est immédiate : OUI ! »
« OUI ! »… pour être élu député européen, puisque Yannick Jadot le fut directement à son arrivée.
Et c’est là qu’on voit toute l’ampleur du problème. Yannick Jadot, ce n’est pas « 25 ans d’engagement pour l’écologie », mais « 25 ans d’engagement par l’écologie ».
A chaque étape de son engagement, Yannick Jadot a obtenu reconnaissance sociale et salaires significatifs. Son engagement s’est déroulé uniquement par en haut, jamais par en bas.
C’est de l’écologie de technocrate, et par conséquent c’est une écologie de technocrate : il n’y a ni morale, ni question animale, ni reconnaissance de la Nature, uniquement une posture.
D’ailleurs, que trouve-t-on sur avecjadot.fr, à part cette biographie ? Deux choses : un appel aux dons, un appel à contacter un élu pour qu’il parraine Yannick Jadot (il faut 500 parrainages pour pouvoir se présenter aux élections présidentielles).
Et le programme ? Où est le programme ?
Il n’y en a même pas !
C’est dire la nature de cette « candidature », le sens de ce qu’est EELV. On touche ici le fond du fond, on est dans le vide le plus complet. Ces gens ne savent même plus faire semblant.
Voici un article absolument terrible donnant un aperçu sur les fermes de poules sans cages. L’approche est à la fois réformiste et radicale, tentant de prendre en compte la dimension économique tout en essayant d’amener à changer les choses de l’intérieur du système.
Une contradiction en soi, bien sûr, mais cela ne nuit pas aux informations fournies par ce texte publié sur le Huffington post canadien.
«Elles se font dévorer vivantes»: ce que j’ai vu dans une ferme de poules sans cages
Wayne Hsiung
Avocat, ancien professeur de droit à l’Université Northwestern et enquêteur en chef de l’Open Rescue Network du Direct Action Everywhere
La première chose que j’ai entendue, dans la noirceur, c’est un cri. Je me suis demandé s’il y avait des enfants. Ça sonnait comme un bébé qui pleure.
Mais, avec un peu de lumière, j’ai compris d’où venait ce cri. À l’autre bout du bâtiment, des poules hurlaient parce qu’elles se faisaient attaquer. Plusieurs d’entre elles – une douzaine, selon les données de la ferme – n’allaient pas passer la nuit. Dans cette ferme de Costco, où il n’y a pas de cages et les poules sont «en liberté», elles s’étaient fait dévorer vivantes.
Des centaines de grandes bannières se mettent à l’élevage sans cages, croyant offrir aux animaux un cadre de vie plus humain. Mais en tant qu’enquêteur en chef de l’Open Rescue Network du Direct Action Everywhere, je vois les choses autrement. Je suis habité par l’horreur. Parce qu’en allant au-delà de l’aspect marketing de l’opération, on se rend compte que l’élevage sans cages est loin d’être inoffensif pour les poules.
Mise en garde : la vidéo ci-dessous montre des images crues de poules blessées et tuées. Certains passages pourraient choquer.
Le cannibalisme est le premier côté sombre de l’élevage de poules sans cages
Une étude démontre que le taux de cannibalisme augmente de 3 000 % dans ces conditions. C’est une façon horrible de mourir. Le cloaque de la poule (l’équivalent du vagin) est pris pour cible parce qu’il est mou, charnu et couvert de fluides de l’œuf. Rendues un peu folles par la surpopulation, les volailles attaquent cette partie et, ce faisant, tirent des organes internes hors de la poule. Les victimes de ces attaques meurent à petit feu. À la ferme de Costco, j’ai regardé un oiseau – en sang et incapable de marcher – traîner son corps dans un tas de fumier pour tenter de s’enfuir. Malgré les efforts de notre équipe, cette poule n’a pu être sauvée.
Le cannibalisme n’est que la pointe de l’iceberg. Sur presque tous les points de vue, de la qualité de l’air jusqu’aux fractures, les poules se portent moins bien dans un système sans cages. Trois fois plus de poules meurent prématurément. Si de telles statistiques pesaient sur une prison, ses directeurs seraient poursuivis en justice.
Voici le principal problème auquel les poules font face : dans les fermes sans cage – comme dans celles avec cages – les oiseaux sont entassés dans un espace pas plus grand qu’une feuille 8,5 x 11. Imaginez passer toute votre vie dans votre douche. Maintenant, imaginez passer toute votre vie dans votre douche… avec une foule d’étrangers! Cage ou non, les conditions sont atroces.
Les fermes sans cages ne sont pas bonnes pour les animaux, mais elles profitent à l’industrie
Bloomberg a démontré que le consommateur moyen était prêt à payer plus du double pour une douzaine d’œufs venant de poules élevées dans une ferme sans cages. Une prime de 2 $ par douzaine d’œufs. Mais les coûts reliés à cet élevage n’augmentent que de 0,15 $ par douzaine. Si tous les œufs étaient produits dans des fermes sans cages, l’industrie verrait ses profits augmenter de 7 milliards de dollars!
Ces chiffres ne sont pas que spéculatifs. Après une année marquée par plusieurs passages au système sans cages, l’American Egg Board projette un accroissement de 5 % de la consommation d’œufs par habitant. Les investissements dans la production d’œufs ne cessent d’augmenter. Ce qui veut dire que des millions de poules vivront dans des conditions horribles sur des fermes d’œufs dites modernes. La ferme de Costco, où nous avons enquêté, vient de recevoir une aide d’un million de dollars pour agrandir ses installations.
La solution à ce problème n’est pas de changer les pratiques des entreprises, mais bien les systèmes à la prime qui se cachent sous ces pratiques.
Les entreprises vivent dans un monde où les actionnaires veulent des profits, où les animaux sont des «choses» qui aident à atteindre ces profits et où les réglementations sur le fait de transformer ces animaux en profits sont inexistantes. Ce n’est donc pas une surprise si –contrairement au monde financier – les réformes volontaires sont sans cesse sapées. Avec le système actuel, les entreprises ont les mains liées. Celles qui tentent de faire les choses correctement sont punies par le marché pour avoir mis leur argent au mauvais endroit.
C’est exactement ce qui se produit avec les productions sans cages. Les sociétés trouvent des moyens ingénieux pour entasser plus d’oiseaux dans des espaces déjà trop exigus. Tant que le système ne changera pas – en donnant un semblant de droit légal aux animaux – ces abus vont se poursuivre.
Le vrai changement ne peut dépendre d’entreprises comme Costco. Le changement viendra, comme de grands mouvements nous l’ont prouvé par le passé, en changeant les règles politiques. L’idée d’avoir une Déclaration des droits animaux semble utopique, mais c’était le cas aussi, il n’y a qu’une génération, du mariage entre conjoints de même sexe ou du droit de vote pour les femmes, au tournant du 20e siècle. Pourtant, nous avons fait du progrès.
En résumé, nous devons «libérer les poules», comme l’a si bien dit Bill Maher à Costco l’an dernier. Mais cette liberté ne viendra pas en faisant la promotion de l’élevage sans cages. Elle viendra quand nous reconnaîtrons la liberté, la dignité et même la personnalité des animauxsur des bases légales.
Voici un appel de scientifiques, consistant en une tribune dans Le Monde, en défense des éléphants emprisonnés dans les cirques.
Le ton se veut mesuré et réformiste, alors que le texte explique clairement que les éléphants subissent un véritable terrorisme dans les cirques.
Certains diront que c’est pour que le message passe mieux… On est libre de penser que c’est une mise en conformité avec un réformisme apparent, masquant l’explosion de l’exploitation animale à l’échelle mondiale.
Nous avons besoin d’une insurrection morale et il n’y a pas de raison de séparer la cause des éléphants de celle de tous les animaux.
« La situation des éléphants dans les cirques est gravement préoccupante »
A la lumière des connaissances scientifiques actuelles, nous, éthologues, zoologistes et vétérinaires, lançons un appel d’urgence sur la situation, gravement préoccupante, des éléphants dans les cirques et demandons l’arrêt immédiat de leurs représentations.
Tout d’abord, ces éléphants ont tous, sans exception, été arrachés à leur pays d’origine, ainsi qu’à leur famille lorsqu’ils n’étaient que des bébés.
C’est ainsi qu’un animal sauvage se dresse : très jeune, isolé des siens pour le briser psychologiquement, alors que, de surcroît, les éléphants sont des animaux extrêmement sociaux. C’est un premier traumatisme qu’ils n’oublieront jamais.
Ensuite, ces individus, isolés, subissent au quotidien des souffrances physiques et psychologiques, dans des structures itinérantes non conformes à leurs impératifs biologiques et sociaux.
L’histoire de l’éléphante Samba illustre cruellement ce tragique destin. Elle est capturée à l’âge d’un an, au Kenya, après que sa famille a été tuée par des braconniers.
Samba est alors vendue à un dresseur. Commence un intense dressage au moyen de piques métalliques qui, créant un climat de peur, permettent de dominer et de forcer les animaux, par la violence, à prendre des positions humaines (se tenirdebout par exemple).
Au début des années 2000, Samba commence ses représentations dans les cirques. Le 20 mai 2003, à Rochefort-du-Gard (Gard), elle refuse de faire son numéro : mimer sa propre mort.
Après le spectacle, son dresseur la roue de coups. Des enfants assistent à cette scène d’une rare violence et, en pleurs, le supplient d’arrêter.
Malgré une plainte de l’association de défense animale One Voice, elle continue à subir la captivité et le dressage. Samba passe la majorité de son temps dans un enclos de 100 m2.
A cela s’ajoute la promiscuité avec d’autres espèces comme les tigres ou les primates, l’interaction forcée avec le public, le transport routier régulier, la musique et les applaudissements bruyants et des lumières agressives lors des représentations.
Cette situation est d’autant plus inquiétante que les éléphants sont des animaux d’une grande sensibilité sensorielle et émotionnelle, comparable aux orques.
En 2004, le cirque qui la détient change de nom et Samba aussi. Désormais, ses dresseurs l’appellent Tania. Le 8 septembre 2013, à Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne), la détresse de Samba est telle que l’éléphante jette une bâche sur le fil électrique de sa clôture et s’échappe en tuant accidentellement un homme dans sa course folle.
Malgré un procès, la justice ne modifiera en rien cette situation : Samba continuera à être exploitée et vivre sa vie d’éléphant martyr dans le Cirque d’Europe.
Le cas de Samba n’est pas sans nous rappeler celui de Tyke qui, en pleine représentation, à Honolulu (Hawaï), s’était évadée d’un cirque en tuant son dresseur et blessant un employé du cirque.
L’éléphante s’était alors retrouvée en pleine rue et la police l’avait criblée de balles sous le regard terrifié des passants.
Les numéros de cirque exigés des éléphants les poussent au désespoir.
Des acrobaties non adaptées à leur morphologie : la douleur physique
Les numéros exécutés régulièrement sont une source de blessures aux articulations (principalement du coude et du genou), aux disques intervertébraux et peuvent causer des fissures dans les ongles. Faireasseoir un éléphant fait partie des numéros classiques.
Pourtant, cette position humaine conduit à une pression excessive sur le diaphragme pouvant causer une hernie. C’est un état grave qui peut entraîner la mort.
C’est la raison pour laquelle, afin d’éviter cette pression interne, les dresseurs imposent par la violence à leurs éléphants de déféquer avant d’entrer en piste.
La captivité et l’isolement : la douleur psychologique
Comme tout animal de cirque itinérant, les éléphants passent leur vie attachés et enfermés dans des remorques pendant les transports.
Un cirque sillonne jusqu’à 10 villes par mois, ce qui représente des milliers de kilomètres chaque année et de longues heures durant, sans eau ni nourriture.
Les éléphants sont des animaux grégaires : à l’état sauvage, ils peuvent former des groupes sociaux de 30 à 40 individus. Il est temps de prendre en compte les besoins fondamentaux des éléphants détenus par les cirques.
Accepter cette situation, c’est cautionner la condamnation de ces animaux si majestueux.
Rappelons que la Fédération des vétérinaires d’Europe, qui regroupe 46 organisations dans 38 pays, recommande l’interdiction de l’utilisation d’animaux sauvages dans les cirques en déclarant dans un communiqué de presse en date du 6 juin 2015 : « Leurs exigences physiologiques, mentales et sociales ne peuvent être atteintes de manière adéquate ».
Aujourd’hui, 23 pays ont interdit les cirques avec animaux (dont 9 pays européens).
Une retraite bien méritée…
Au vu de ces éléments, nous recommandons vivement que les éléphants détenus dans les cirques soient placés dans une structure adaptée à leurs besoins fondamentaux liés à leur espèce, comme Elephant Haven.
Située dans le Limousin et fondée par des spécialistes des éléphants, Elephant Haven est un sanctuaire européen destiné aux éléphants captifs pour leur offrir un havre de paix. Les éléphants n’y seront jamais enchaînés ou contraints par la force.
Ce sanctuaire ouvrira ses portes dès 2017. Il s’agit donc d’une formidable chance de mettre un terme heureux au calvaire de ces « éléphants clowns », enfin !
Les actes de résistance de Samba sont fréquents et préoccupants. Avoir une mémoire d’éléphant n’est pas seulement une expression populaire. Les éléphants n’oublient jamais et encore moins lorsqu’ils ont subi des traumatismes multiples.
Allons-nous attendre que Samba soit la nouvelle Tyke pour que l’Etat agisse ?
Dorothée Aillerie, vétérinaire.
Thierry Bedossa, vétérinaire, comportementaliste et président de l’association AVA (Aide aux vieux animaux).
Norin Chaï, vétérinaire.
Philippe Devienne, vétérinaire et philosophe.
Claire Fournier, vétérinaire.
Yann Huchedé, directeur du refuge animalier de l’Arche.
Julie Lasne, éthologue.
Cyril Leduc, éthologue et président de l’association Les Félins.
Joël Minet, biologiste, Muséum national d’histoire naturelle.