L’antispécisme et la suppression des prédateurs

Avec le grand tournant qu’a connu la question animale ces derniers mois, il n’est pas étonnant que la grande question de fond émerge de manière toujours plus prégnante. Résumons la le plus simplement possible : les gens qui comprennent que les animaux souffrent sont particulièrement marqués par cela. C’est normal.

Mais, alors, leur compréhension de cela se heurte à deux choses. D’abord, ils ne perçoivent pas le rapport à la société, l’économie, l’histoire, la culture, etc., ce qui aboutit à une forme de misanthropie, de pessimisme, etc. Cela est surtout vrai en fait pour les gens relevant du véganisme au sens le plus général.

L’antispécisme et la suppression des prédateurs

De l’autre, et cela concerne ici fondamentalement « l’antispécisme », il se pose la question de la Nature, qui apparaît en effet forcément comme odieuse, cruelle, meurtrière. L’antispécisme est, contrairement au véganisme, en effet un anthropocentrisme et partant de là il ne peut voir en la Nature qu’une ennemie.

Les Cahiers anti-spécistes – la revue historique de la mouvance veggie pride – L214 – a à ce sujet donné récemment la parole à des gens voulant « dresser » la Nature et exterminer les « prédateurs ». Ces gens ne représentent rien en termes d’organisation ou de philosophie, alors pourquoi les faire parler ? Tout simplement parce qu’ils représentent une version simplement plus conséquente sur le plan des idées que les antispécistes en général qui, d’une manière ou d’une autre, sont obligés d’en arriver là

Les Cahiers anti-spécistes le savent et aimeraient par conséquent que cela se passe de la manière la plus « douce » possible, parce qu’ils travaillent depuis vingt ans pour cela et ne veulent pas se rater…

Cependant, pour bien aborder toute cette question, voyons ce que dit Paul Ariès dans sa tribune au monde publié début janvier. Si le titre est provocateur (« J’accuse les végans de mentir sciemment »), c’est surtout parce que l’auteur de la tribune a tout à fait compris l’arrière-plan anthropocentriste de l’antispécisme et entrevoit un boulevard pour les dénoncer (et tout le véganisme avec).

Encore une fois, il faut voir au-delà du ton odieux de l’auteur de la tribune. Ce qu’il dit sur la suppression de la prédation que voudraient les vegans… est en fait une valeur inévitable de l’antispécisme, de par sa définition même. A moins de reconnaître la Nature (comme nous nous le faisons), il est inévitable que refuser qu’une espèce en profite d’une autre aboutisse à la haine de certains animaux…

Voici la tribune dans son intégralité.

Tribune. 

Le véganisme a été promu en 2018 phénomène de l’année par diverses revues. Il est essentiel que l’année 2019 soit celle où les yeux commencent à s’ouvrir ! Le véganisme n’est pas seulement une production d’alimentation farineuse mais une machine à saper l’humanisme et à tuer une majorité d’animaux. C’est pourquoi je ne suis pas antivégans pour défendre mon bifteck mais l’unité du genre humain et la biodiversité bien au-delà de mon assiette.

J’accuse les végans de cacher leur véritable projet qui n’est pas simplement de supprimer l’alimentation carnée, simple goutte d’eau dans l’ensemble de la prédation animale, mais d’en finir avec toute forme de prédation, en modifiant génétiquement, voire en supprimant, beaucoup d’espèces animales, sous prétexte que n’existerait pas de viande d’animaux heureux et que les animaux sauvages souffriraient bien davantage et en plus grand nombre que les animaux d’élevage ou domestiques.

Le fond du problème à leurs yeux n’est pas la consommation de produits carnés mais la souffrance animale ; or cette dernière étant inhérente à la vie, il faudrait réduire le vivant, en vidant, par exemple, les océans, car il ne serait plus possible de laisser encore les gros poissons manger les petits, ou en empêchant un maximum d’animaux de naître.

J’accuse les végans de mentir en faisant croire au grand public qu’ils seraient des écolos et même des superécolos, alors qu’ils haïssent l’écologie et les écologistes, puisque les écolos aiment la nature et qu’eux la vomissent, car elle serait intrinsèquement violente donc mauvaise. David Olivier, un des pères des Cahiers antispécistes, signait, dès 1988, un texte intitulé « Pourquoi je ne suis pas écologiste ». Il confirme en 2015 : « Nous voyons l’antispécisme et l’écologisme comme largement antagonistes. »

Peter Singer, considéré comme le philosophe le plus efficace de notre époque, et ses comparses Tom Regan et Paola Cavalieri le confirment : l’écologie n’est pas soluble dans l’antispécisme et les écolos dupés sont des idiots utiles ! Le véganisme refuse tout simplement de penser en termes d’espèces et d’écosystèmes pour ne connaître que des individus (humains ou non humains). Le prototype de la ferme bio a toujours été une ferme polyvalente liant agriculture et élevage, faute de fumier, il ne reste aux végans que les engrais chimiques, sauf à accepter une baisse drastique de la population humaine.

La biodiversité n’a aucune valeur en soi, dixit la philosophe Julia Mosquera. D’autres théoriciens du mouvement, comme Brian Tomasik, estiment que mieux vaudrait encourager la pêche intensive détruisant les habitats marins, Thomas Sittler-Adamczewski demande de soutenir les lobbies pro-déforestation, Asher Soryl suggère d’éviter d’acheter des produits biologiques, puisque l’agriculture productiviste est plus efficace pour réduire le nombre d’animaux, et d’éviter de combattre le réchauffement climatique car il réduirait l’habitabilité de la planète pour les animaux. Ces mêmes végans conséquents clament que les droits des animaux sont antinomiques avec ceux de la nature.

J’accuse les végans de prendre les gens pour des idiots lorsqu’ils se présentent comme de nouveaux humanistes alors que l’humanisme reste leur bête noire, puisque, selon eux, responsable du spécisme envers les autres espèces animales, alors que toute leur idéologie conduit à déplacer les frontières entre espèces et à clamer, avec leur principal théoricien Peter Singer, que les nourrissons, les grands handicapés, les personnes âgées très dépendantes ne sont pas des personnes, que ces individus n’ont pas, au sens propre, de droit à la vie, qu’un chiot valide est plus digne qu’un grand handicapé, que tuer un nourrisson est moins grave que sacrifier un grand singe.

Trier l’ensemble des animaux (humains ou non) en fonction d’un critère quelconque (caractère « sentient ») revient toujours à recréer la hiérarchie. Proclamer l’égalité animale c’est signifier que certains animaux seront plus égaux que d’autres, donc que certains humains seront moins égaux que d’autres humains et même que certains animaux non humains.

J’accuse le véganisme d’aboutir à un relativisme éthique dès lors qu’il introduit la notion de qualité de vie pour juger de la dignité d’un handicapé, d’une personne âgée dépendante, dès lors qu’il banalise la zoophilie à la façon de Peter Singer, lequel dans son fameux « Heavy Petting » défend certaines formes de rapports sexuels entre humains et animaux, évoquant des contacts sexuels mutuellement satisfaisants. Ce sont ces mêmes végans qui se prétendent les champions toutes catégories de l’éthique face à des mangeurs de viande diaboliquement immoraux.

J’accuse les végans d’abuser celles et ceux qui aiment les animaux et s’opposent avec raison aux mauvaises conditions de l’élevage industriel car, comme le clame Tom Regan, le but n’est pas d’élargir les cages mais de les vider. Ils s’opposent donc à tout ce qui peut adoucir le sort des animaux puisque toute amélioration serait contre-productive en contribuant à déculpabiliser les mangeurs de viande, de lait, de fromages, les amateurs de pulls en laine et de chaussures en cuir et retarderait donc l’avènement d’un monde totalement artificiel.


J’accuse les végans d’être des apprentis sorciers qui, non satisfaits de vouloir modifier génétiquement les espèces animales et demain l’humanité, s’acoquinent avec les transhumanistes comme David Pearce. Il s’agit non seulement de corriger les humains, mais de corriger tous les autres animaux. Les chats et chiens carnivores sont qualifiés de machines préprogrammées pour tuer.

Ce qui est bon pour un animal (humain ou non humain) serait donc de disparaître en tant qu’animal, pour aller vers le posthumain, le chien cyborg. Le chat végan n’est qu’un produit d’appel de ce paternalisme technovisionnaire. Pearce ajoute que tout désir de préserver les animaux (humains compris) dans l’état « sentient » actuel serait du sentimentalisme malavisé.

J’accuse les végans de nous prendre pour des imbéciles lorsqu’ils répètent en boucle qu’il ne s’agit pas de donner le droit de vote aux animaux tout en diffusant, sous le manteau, le manifesteZoopolis, de Sue Donaldson et Will Kymlicka (Alma Editeur, 2016), qui se prétend aussi important pour eux que l’ouvrage fondateur La Libération animale (de Peter Singer, Payot, 2012).

Ces végans entendent bien faire des animaux domestiques des citoyens à part entière, en les dotant de représentants, en créant une législation analogue à celle des humains – pourquoi n’auraient-ils pas de congés payés et de Sécurité sociale ? Le danger n’est pas d’élever les droits des animaux mais de rabaisser ceux des humains. Les humains les plus faibles feraient les frais de ce passage de la communauté humaine à une communauté mixte « humanimale ».

J’accuse les végans de cacher que l’agriculture tue vingt-cinq fois plus d’animaux « sentients », que l’élevage est largement responsable de la disparition de 60 % des insectes ; qu’ils sont les faux nez des biotechnologies alimentaires, notamment des fausses viandes fabriquées industriellement à partir de cellules souches, avant de s’en prendre demain à l’agriculture génératrice de souffrance animale. J’accuse les végans, sous couvert de combattre la souffrance, de recycler en plein XXIe siècle un vieux fonds religieux, celui de la gnose considérant que la matière est en soi mauvaise, ce qui conduit les plus conséquents d’entre eux à prôner, avec le manifeste OOS (manifeste récent pour la fin de toutes les souffrances, sigle de The Only One Solution, lancé par d’anciens activistes de l’Animal Liberation Front), le suicide de masse.

J’accuse les végans de mentir et de le faire sciemment. Brian Tomasik ne cache pas la dissimulation nécessaire : « Il est peut-être dangereux d’évoquer la cause des animaux sauvages avant que le grand public ne soit prêt à l’entendre. » Abraham Rowe, un autre théoricien de l’antispécisme, surenchérit : quand vous vous adressez au grand public, évitez de plaider pour la déforestation, évitez de parler d’élimination de masse des prédateurs, évitez de parler des programmes consistant à tuer des animaux.

Le véganisme est une pensée racoleuse mais glissante, car elle ouvre des boulevards aux idéologies les plus funestes mais terriblement actuelles. Le grand mystère de l’anti-anthropocentrisme végan proclamé est de déboucher sur un hyperanthropocentrisme transhumaniste nourri de fantasmes de toute-puissance. 

https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/01/07/paul-aries-j-accuse-les-vegans-de-mentir-sciemment_5405784_3232.html

Cela pique ! Mais malheureusement Paul Ariès – qui est un ennemi, n’en doutons pas un seul instant – ne dit pratiquement que des vérités… au sujet des antispécistes, et non des « vegans ». Malheureusement pour lui, tout le monde n’est pas antispéciste, il y a les vegans qui sont bien pire pour lui, car faisant de la planète Terre une mère et raisonnant en termes d’écosystèmes, de biocentrisme ! Et cette démarche implique l’inéluctabilité d’un affrontement total avec toutes les forces de destruction, de la manière la plus implacable…Paul Ariès connaît cependant tout cela aussi, très certainement, et c’est son choix de critiquer les antispécistes de manière réactionnaire et non révolutionnaire, car il défend simplement le mode de vie « à l’ancienne ».

L’antispécisme et la suppression des prédateurs

A-t-il toutefois raison dans ce qu’il affirme au sujet des auteurs qu’il mentionne ? Quiconque les a lus sait bien que oui… mais il est vrai que pas grand monde ne lit quelque chose, à part des apprentis universitaires ou des gens rêvant de devenir les « intellectuels » de l’antispécisme. Paul Ariès a d’ailleurs bien profité ici des deux derniers Cahiers antispécistes. Les numéros (disponibles au format PDF uniquement) 40 et 41 d’avril et mai 2018 donnent en effet la parole aux tenants d’un pseudo mouvement « RWAS (Reducing Wild-Animal Suffering) »

Les Cahiers antispécistes se gardent bien de prendre partie ou contre ces gens voulant exterminer les prédateurs, se masquant derrière le débat intellectualo-universitaire, le « brouillard » de la réflexion, la complexité des questions, etc. Il y a pourtant de quoi devenir fou de rage à lire face à des gens qui veulent exterminer des animaux qui seraient « méchants » ! Que les antispécistes soient des gens croyant en un « spécisme » est une chose déjà assez lamentable, mais s’ils commencent à se poser en redresseurs des torts de la Nature, là il faut s’y confronter de la manière la plus claire…

Mais pour montrer à quoi cela ressemble, voici un extrait de « Sur le droit à la vie des prédateurs », de David Olivier, une figure très connue de l’antispécisme français. Les personnes habituées à lire LTD comprendront immédiatement pourquoi nous n’avons cessé de dire que les antispécistes n’aiment pas les animaux, que ce sont des libéraux libertaires raisonnant en termes d’individus…

On devinera évidemment facilement que Paul Ariès a lu cet article de David Olivier et que sa tribune en est notamment un écho.

Dernier avertissement : attention, si on aime les animaux, la lecture des lignes suivantes implique une envie de vomir assurée.

Faut-il moralement tuer les lions afin de sauver les gazelles ? L’idée selon laquelle remettre en cause la prédation implique de vouloir tuer les lions nous est souvent lancée en tant que réfutation par l’absurde dès que nous abordons la question de la souffrance des animaux sauvages.

Nous-mêmes tendons alors à récuser une telle idée, expliquant que nous préférons des moyens plus « doux », comme le développement de préparations alimentaires végétaliennes adaptées pour les lions, ou la modification

progressive de leur génome (par des technologies type gene drive par exemple) pour qu’ils cessent de devoir et vouloir tuer, ou encore par l’extinction progressive de leur espèce par la stérilisation. En tout cas, nous ne voulons pas tuer les lions. Quels militants animalistes serions-nous, si nous appelions à tuer des animaux !

Ceci pourtant est en dissonance avec le fait qu’un seul lion tue un grand nombre d’autres animaux au cours de sa vie. En nous abstenant de tuer un lion, nous tuons de nombreuses gazelles. D’un point de vue conséquentialiste, il semblerait préférable de tuer un lion plutôt que de tuer (indirectement) tous ces autres animaux ; et préférable de le faire immédiatement, plutôt que de compter sur des solutions impliquant un long délai – solutions plus douces, mais pour le lion seulement !

Certes, d’autres conséquences – éventuelles – sont à prendre en compte, comme la surpopulation des gazelles qui peut (ou non) résulter de l’absence de prédateurs. De telles questions méritent d’être discutées pour elles-mêmes. Il reste que nous avons bien de fortes inhibitions face à l’idée de tuer les lions, indépendamment de toute conséquence indirecte.

Je pense que ces inhibitions sont infondées, et sont l’effet de la manière dont nous tendons à décrire la situation dans le cas de la prédation, différente de la façon dont nous décrivons les interactions humaines. (…)

Revenons maintenant aux lions et aux gazelles. Les uns comme les autres ont un droit à la vie. Si nous envisageons ce droit comme nous le faisons habituellement pour les humains, il s’agit d’un droit-liberté, et d’un droit-créance seulement de façon limitée.

Le lion doit recevoir des antibiotiques si c’est ce dont il a besoin pour survivre. Mais le droit à la vie d’un lion lui permet-il d’exiger d’une gazelle qu’elle lui cède ses organes – de fait, son corps entier ? Je ne vois pas comment cela pourrait se justifier.

Si nous appliquons les normes que nous appliquons aux humains, nous ne devons pas tuer les lions ; mais nous ne devons pas non plus leur permettre de manger les gazelles. Et si les lions ne peuvent survivre sans manger les gazelles, ils mourront. Cela ne signifie pas que nous les aurons tués, mais seulement que nous les aurons laissés mourir.

Quand on nous accuse de vouloir tuer les lions, peut-être devrions-nous répondre qu’en l’absence d’un autre choix – d’aliment végétalien pour lion, par exemple – nous ne devons pas tuer les lions, mais les laisser mourir. Permettre aux lions de manger les gazelles n’est pas un choix envisageable ; les gazelles ne leur appartiennent pas.

La raison pour laquelle nous n’envisageons généralement pas les choses ainsi tient, je pense, à notre biais cognitif du statu quo.

Il nous semble normal que le lion mange la gazelle. Au contraire, il ne fait pas partie du statu quo, et n’est pas vu comme normal, qu’un humain s’attribue les organes d’un autre pour survivre. Mais imaginons que les lions aient initialement été des herbivores, et soient brusquement devenus – sous l’effet d’un virus, par exemple – des carnivores obligés, ne pouvant survivre sans la chair des gazelles ? Les gazelles seraient-elles tout à coup à leur disposition ? Pourquoi le seraient-elles ?

On peut objecter qu’il serait moins cruel de tuer le lion que de le laisser lentement mourir de faim. Cela peut bien être vrai, et dans ce cas l’euthanasie serait justifiée. (…)

Il est sans doute préférable, stratégiquement, de concentrer nos efforts sur la prédation commise par les humains, c’est-à-dire sur leur consommation de viande. Cependant, la manière dont nous voyons la prédation et les solutions que nous nous permettons d’imaginer ne sont pas sans conséquences. Il y a une forte valeur symbolique, il me semble, à affirmer qu’il serait juste de prévenir la prédation, même au prix de la vie du prédateur. Cela peut aussi nous aider à nous sentir plus à l’aise concernant les interventions limitées que nous pouvons dès à présent pratiquer dans la nature, par exemple pour protéger une souris d’un hibou. Nous pouvons nous sentir mal à l’aise en nous demandant à la manière de Kant si nous pouvons vouloir que la maxime de notre acte soit une loi universelle, ce qui impliquerait que le hibou meure de faim. Accepter qu’en effet nous pouvons vouloir l’universalisation de cette maxime peut nous permettre d’agir plus sereinement.

Ce raisonnement peut se retrouver assez aisément, pour prendre l’exemple du hibou : il y a des gens qui veulent bien aider les animaux… mais refusent d’aider ceux qui sont des prédateurs. Ils « choisissent » les animaux qui sont bons et ceux qui sont mauvais. Comme ils nient la Nature, ils se prennent pour des dieux, et ils « choisissent ». Ils ne prennent pas en compte la réalité, ils rejettent ce qui existe, au nom d’une évaluation abstraite, qui tourne en roue libre dans leur tête.

Quiconque fait face aux faits ne s’empêtrent pas dans ces aberrations. Dans un refuge, on aide tous les animaux. Et il est vrai qu’il est regrettable que dans la Nature, des animaux en tuent d’autres. Mais la Nature ne vit pas encore le « communisme », et s’il est tout à fait possible de considérer la Nature avance en cette direction, en attendant ce n’est pas le cas et il faut donc faire avec !

Cela signifie donc se soumettre à la Nature. C’est précisément ce que ne veulent pas les antispécistes, pas plus d’ailleurs que l’ensemble de l’humanité, très satisfaite de son béton, de son pétrole, de ses drogues et de son mode de vie de plus en plus fictif. Les gilets jaunes qui veulent à tout prix en sont bien un triste exemple.

Le mode de vie vegan straight edge rompt avec cela. Pas de cigarettes, pas d’alcool. Aucune drogue, pas de produits en général rendant dépendants. Pas de sexualité hors du cadre de la construction d’un couple, toujours être franc, s’édifier dans le refus du culte de l’ego et des apparences, dire non à qui emporte l’esprit dans l’absence de raisonnement. Avoir la plus grande méfiance à ce que propose une industrie capitaliste de l’alimentation avec son sucre et sa chimie.

Assumer la compassion la plus grande, non seulement passivement mais activement : aimer tous les animaux, la vie en général, voir comment elle triomphe toujours et comment elle avance à plus de beauté, de richesse. Soutenir matériellement les animaux, développer sa propre sensibilité, sa propre capacité à l’empathie. Se forger dans la rupture avec la destruction, dans la célébration de la vie… Assumer que l’humanisme le plus grand aboutit à concevoir l’être humain comme une simple composante de la Nature, et concevoir notre planète comme une mère qu’il faut protéger à tout prix !

L’antispécisme et la suppression des prédateurs

En défense de la zone humide de Sallanches

Voici le texte très intéressant lu lors d’un rassemblement d’une centaine de personnes pour protéger la zone humide de Sallanches, le 6 janvier 2019. La construction d’un centre commercial, dénommé « The snow », doit la détruire.

Aussi y a-t-il une opposition qui s’est formée et il y a quelque chose d’exemplaire dans tout cela, à tous les niveaux.

The Snow zone humide

En apparence, du point de vue dominant, c’est en effet absurde : on a des gens refusant la destruction de quatre hectares de zone humide pour laisser la place à un centre commercial. Si pourtant cette zone est compensée, que cela crée des emplois, pourquoi se révolter ?

N’est-il pas dans l’ordre des choses de bétonner et de proposer un certain type de consommation, allant avec un style de vie ?

Le maire, d’ailleurs, s’est empressée de porter plainte à la gendarmerie pour les affiches collées appelant au rassemblement… On ne plaisante pas avec les lois du marche !

C’est cette fausse rationalité à laquelle les opposants se confrontent, qui plus est dans la vallée de l’Arve, marquée par une terrible pollution. Car, comme l’a expliqué un opposant à la presse :

« On ne peut pas remplacer le résultat de milliers et de milliers d’années d’évolutions naturelles complexes à coups de pelleteuses en quelques mois. »

Espérons que cette mobilisation parvienne à se renforcer, alors que pour l’anecdote, les gilets jaunes sont passés lors du rassemblement en espérant happer le mouvement, mais l’opération a heureusement échoué.

The Snow zone humide

Prise de parole lors du rassemblement du 06/01/2019


Bonjour et merci à toutes et à tous d’être présent a ce rassemblement pour défendre la Zone humide de Sallanches.


Si nous sommes réunis ici c’est pour exprimer une nouvelle fois notre refus du projet de centre commercial « The Snow » qui vise la destruction de plus de 4 hectares de zone humide à la Paccoterie.


Ce rassemblement a pour objectif de remettre à monsieur le maire, Georges Morand, la pétition d’opposition au projet qui a été créée à l’automne 2017 et a recueilli plus de 2 150 signatures. C’est un véritable succès populaire qui rappelle que l’enjeu écologique est pris au sérieux par la population locale. Précisons qu’avec cette pétition, nous adressons également une lettre exigeant du maire une mise au point publique et complète sur l’avancée de ce projet.


Nous l’adressons à Mr Morand en tant que Maire de la commune mais aussi en tant que membre de la Commission Départementale d’Aménagement Commerciale (CDAC), lors du vote qui a validé le projet en décembre 2016. Malgré les multiples alertes sur l’intérêt écologique fondamental de la zone humide de la Paccoterie, les autorités, dont le préfet qui est président de la CDAC, ont voté ce projet en toute connaissance de cause.


Les autorités locales peuvent-elles prendre le risque de maintenir un projet qui se révèle être anti-écologique et anti-démocratique ? Non, mais ne nous leurrons pas !


Au vue de l’avancée du projet, cette pétition bien qu’importante n’est qu’une bien maigre pierre dans l’édifice immense que doit être la mobilisation populaire pour sauver la zone humide.


En effet, d’un point de vue purement légal, plus rien ne s’oppose au commencement des travaux de ce village commercial car tout a été validé par les commissions et les instances référentes.


Malgré que les zones humides soient reconnues et protégées par les différentes lois dites sur l’eau, les intérêts capitalistes parviennent toujours à contourner les obstacles légaux qui s’opposent à leur marche mortifère.


Pour contourner les contraintes des lois sur l’eau, la classe dirigeante a élaboré la nouvelle loi du 8 août 2016 intitulée « pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages ». Cette loi contient le principe dit E.R.C qui signifie « Éviter, Réduire, Compenser ». Ce principe permet de détruire une zone humide à condition qu’elle soit compensée à 200 %.


Ce nouveau cadre législatif annule donc de fait les lois sur l’eau qui plaçaient les zones humides comme d’intérêt général devant être protégés de manière absolue. La classe dirigeante prouve ici son désintérêt profond et son mépris affiché pour la Nature, la vie sur la planète, et l’avenir des générations futures.


C’est pourtant sur ce nouveau cadre législatif que s’appuient le promoteur immobilier, la mairie et la préfecture pour maintenir la construction du centre commercial « The Snow » prévu à la livraison cette année 2019.


Pourtant, les zones humides sont des espaces naturels qui se sont formés au cours de plusieurs dizaines de milliers d’année grâce au mouvement de l’eau. Elles servent d’espace de filtration et de stockage de l’eau ainsi que de zone de transition entre la terre est l’eau pour des milliers de micro-organisme. Une zone humide c’est tout simplement une zone tampon fondamentale où la vie naît, se développe et se reproduit.


Quelle pure folie de penser qu’une telle complexité naturelle puisse être « recréée » à coup de pelleteuse !


Si l’on peut se dire qu’un tel projet se paiera cher pour la majorité sortante lors des prochaines élections municipales, il n’en reste pas moins que la zone humide sera quant à elle détruite à jamais. Il nous faut donc réfléchir collectivement dès maintenant sur toutes les manières d’agir pour s’opposer aux travaux qui menacent de commencer.


Mais alors, sommes-nous des opposants animés par la seule envie de « critiquer » ? Non. Nous sommes ici pour réclamer un droit des plus élémentaires et démocratiques dans notre époque.


Le droit que nous réclamons c’est celui de léguer une nature riche et variée aux générations futures pour avoir un cadre de vie épanouissant.


Quel épanouissement peut-on avoir dans ces horreurs bétonnées à la périphérie des villes ? Que lien social authentique peut-on espérer dans ces zones où priment l’individualisme et une consommation superficielle ?


A l’heure où la biosphère et les formes de vie sont chaque jour piétinés et saccagés par un mode de production capitaliste toujours plus chaotique, nous exprimons ici notre volonté de bâtir une société respectueuse de la nature, basée sur la dignité et la solidarité humaine.


Pour nous, la situation environnementale de la vallée de l’Arve est alarmante. Nous sommes sur un territoire où la qualité de l’air est la plus exécrable de France, où la pénurie d’eau sévit toujours alors que les canons à neige sont déjà à l’œuvre pour une clientèle richissime, où le réchauffement climatique peut se constater à l’échelle d’une petite vie humaine, où partout règne le primat destructeur du béton sans aucune vision à long terme…


En tant qu’habitants d’une vallée à l’avant-poste du drame écologique, nous avons une grande responsabilité à assumer. En ce sens, la Zone Humide de la Paccoterie doit être vue est défendue pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une zone sans aucune valeur marchande, rare et précieuse, irremplaçable, et à la source même de la vie.


Par conséquent, le projet « The Snow » doit être abandonné et la zone humide doit devenir un espace préservé de toute activité humaine en devenant un sanctuaire pédagogique.


Notre combat doit servir d’exemple. Il doit apprendre à celles et ceux qui ne le savent pas encore qu’un espace qui semble n’être qu’un « champ » est en réalité une zone où il y a toute une dynamique naturelle que l’on se doit de respecter sans tergiverser.


Pour l’abandon du projet « The Snow »,


Pour la sanctuarisation de la Zone humide,


Organisons-nous et soyons exigeant !


Luttons ! Résistons !

zone humide

Multiples actions de l’ALF et d’autres groupes

Voici les communiqués de multiples actions menées ces dernières semaines en France. Aux communiqués de l’ALF (que nous publions depuis toujours) s’ajoutent des communiqués de type « antispéciste ».

Le 31 décembre 2018, à l’occasion de la nouvelle année :

Nous, activistes de l’Animal Liberation Front, revendiquons une action anti chasse la nuit du 31 décembre 2018 dans le Sud-Est de la France (Bouches-du-Rhône 13).

Ceci est un nouvel avertissement que nous adressons aux chasseurs et à leur fédération ; ces derniers se revendiquant comme les premiers écologistes de France.

Iels participent au massacre programmé d’animaux sentients en les élevant, les relâchant, pour les éliminer au nom d’une tradition et d’une dite « régulation ».

Volières, centres d’élevage, cabanes de chasse, palombières et miradors seront systématiquement détruits.

Saboter les activités des tueurs d’animaux et libérer ces derniers sans constamment supplier les institutions qui ne veulent rien changer ! Jusqu’à la libération de tous les animaux.

A.L.F Sud-Est France. »

Durant la même nuit, une boucherie a été dégradée à Norrent-Fontes, près de Lille. Des vitres ont été brisées, « Stop spécisme » et « Assassins » tagués sur la devanture.

Il y a ce communiqué du 30 décembre, mais nous ne savons pas à quoi il correspond.

« Nous, activistes antispécistes radicales et radicaux, avons décidé de mener une action politique de sabotage contre la FICIF (Fédération Interdépartementale des chasseurs d’Île-de-France) et contre le système spéciste.

Le spécisme est une idéologie oppressive envers les personnes qui n’ont pas le privilège d’être humaines.

Le spécisme est injuste, tout comme le sexisme, le racisme, le capitalisme… il doit donc être aboli.

En usant de modes d’actions offensifs et directs, nous n’attendons pas des oppresseurs privilégiés qu’ils libèrent leurs victimes : nous pratiquons la légitime défense pour autrui.

Nous allons faire usage de la force, dernière sommation ! »

Dans la nuit du 24 décembre 2018 :

« Le soir du 24 décembre, une tour de chasse a été détruite, et un ‘STOP SPÉCISME’ a été tagué dessus. »

Fin décembre 2018 :

« La nuit dernière, en France.

Un piège à échelle a été saboté à plusieurs endroits avec un coupe-boulon, et un « Stop Spécisme » a été tagué dessus.

Les pièges à échelles sont utilisés pour attirer les corbeaux et corneilles, et les laisser mourir de faim (ou les tuer d’une autre manière).

Le piège est appâté, les corbeaux / corneilles atterrissent sur l’échelle et sautent dans le piège.

Cependant, les trous dans l’échelle ont une certaine taille et sont suffisamment hauts pour que lorsqu’ils/elles tentent de s’en échapper, ils/elles doivent déployer leurs ailes et ne puissent donc pas sortir de l’espace par où ils/elles sont entré.e.s…

Vous pouvez les trouver à côté des champs de maïs (n’oubliez pas d’apporter votre coupe-boulon avec vous !).

Ce type de piège coûte environ 1000-2000 €.

Les humains leur enlèvent leur vie uniquement parce que les corbeaux / corneilles peuvent interférer avec leurs cultures et diminuer leurs profits…

Leur vie contre de l’argent.

STOP CAPITALISME et STOP SPÉCISME ! »

A la mi-décembre, des miradors ont été détruits par l’ALF en Seine-et-Marne.

Le 8 novembre :

« Dans la nuit du jeudi 8 novembre 2018 au vendredi 9 novembre, en Belgique, en Suisse, et un peu partout en France, des tours de chasse sont tombées, des pièges ont été détruits, des cabanes saccagées. P

our la première fois, des activistes antispécistes ne se connaissant majoritairement pas et ne s’étant jamais rencontré·e·s ont agi de concert pour attaquer des outils servant le système spéciste.

Mais ne vous y trompez pas, cette action internationale coordonnée n’est pas qu’une action anti chasse, la chasse n’est qu’une des nombreuses briques soutenant le système spéciste, y concourant, le banalisant. Notre cible principale est bel et bien ce système dans son entier.

Par cette action d’ampleur, nous vous annonçons notre détermination radicale et irrévocable à nous opposer, par tous les moyens possibles, à vos logiques, habitudes et traditions mortifères qui font des autres animaux vos choses.

Notre espèce a créé et cultivé l’impuissance de toutes les autres pour faire de leurs vies des objets de jeux, de loisirs, de décoration, d’alimentation, d’outils à essais techniques et toxicologiques. Nous révoquons cet humanisme de guerre, cruel, injuste, macabre, immoral et indécent.

Nous soutenons les membres des autres espèces dans leur lutte de libération et leur résistance rendue quasi impossible par notre espèce et ses structures oppressives.

Là où beaucoup verront du vandalisme facile et des dégradations purement gratuites, nous revendiquons un geste militant et politique servant à rendre visible et tangible l’opposition et le refus. Un geste militant et politique, proclamant notre solidarité avec tous les individus non humains victimes de la stupidité crasse, des traditions cruelles, des habitudes aveuglantes, des plaisirs morbides et sadiques, de la violence cultivée et valorisée.

Parce que tout meurtre, quel qu’il soit, devrait être condamné et interdit ; parce que le plaisir pris à tuer devrait toujours être combattu et soigné ; parce que tout individu, humain ou non humain, devrait voir son intérêt à vivre reconnu, protégé et garanti : aucun geste d’opposition ne sera jamais inutile, aucun refus ne sera puéril, aucun sabotage fait aux structures oppressives ne sera jamais simple vandalisme.

Cette action organisée de façon simultanée entre plusieurs pays et régions contre les objets de la chasse n’est qu’un début, une simple entrée en matière. Pour que le spécisme cesse, nous appelons toutes celles et tous ceux partageant ces idées à entrer dans la lutte et à multiplier les actions directes, petites et grandes. Du simple bris de vitrines aux abattoirs incendiés, tous ces gestes sont politiques.

Nous sommes nombreux et nombreuses, de plus en plus ; nous nous organisons, de mieux en mieux ; nous ne faiblissons pas, au contraire ; nous sommes radicales et radicaux, oui, car radicalement opposé·e·s à l’exploitation, aux meurtres et à l’appropriation des êtres sentients,
radicalement opposé·e·s à la pensée extrémiste ayant pour nom spécisme. »

Fin novembre, des miradors, des pièges et des agrainoirs ont été détruits en Seine-et-Marne. « ALF » et « Stop spécisme » ont été tagués.

A la mi-novembre, l’ALF a détruit des miradors et une cabane, dans le sud de la France.