L’article précédent de LTD date de mars 2020 (Coronavirus Covid-19: la vengeance de Gaïa), afin de marquer le coup, d’une idée-force : l’humanité se voit remettre en cause.
Jamais il n’y a eu autant de réflexions sur cette question, primordiale, et même si elle est passée à la trappe devant son envergure (la peur du changement !), elle va revenir en force, car l’humanité doit entièrement changer son existence. La perspective ouverte est immense et exige qu’on pose de bonnes bases pour être à la hauteur du défi!
Alors que commence un second confinement, voici un témoignage du premier confinement, qui dit finalement tout ce qu’il y a à dire quant au rapport nécessaire aux êtres vivants, à la Nature. Tout est là, tout est digne, tout est bienveillant : c’est l’avenir qui se présente ici.
En avant vers l’Eden !
Aussi loin que je puisse me souvenir, j’ai toujours vécu et grandi avec des animaux. Au long de mon enfance et adolescence, à la maison, nous avons eu 3 chats, 2 chiens (dont un, Westie, toujours à la maison de mes parents), et je ne sais plus combien de Mandarins. L’époque de l’adolescence est plutôt lointaine pour moi : j’aurai 40 ans d’ici quelques mois, bien qu’il faille retirer pas mal d’années d’âge mental dans certains cas.
Bref. J’ai toujours eu des animaux. J’ai énormément d’affection et d’empathie pour nos amis à plumes et à poils. Leur faire le moindre mal est pour moi rigoureusement impossible.
Les derniers mois écoulés ont été marqués par ce « confinement » dû à ce que l’on sait. Je déteste rester coincé entre 4 murs par obligation et, ayant la chance de disposer d’une petite terrasse en continuité de l’appartement que j’occupe, ce petit bol d’air fut salutaire.
Salutaire, mais également instructif, car cela m’a permis de constater que beaucoup de pigeons occupaient les corniches, toits, et autres gouttières jouxtant la terrasse.
Ils étaient déjà là avant que je n’occupe l’appartement, très probablement, pour certains. Connaissant la rude vie qu’ont ces oiseaux dans nos villes, je me décidai à leur mettre à disposition eau fraîche et alimentation quantitative et qualitative, bien en évidence, sur la table de la terrasse.
Cela me permit de les observer, très discrètement. D’ailleurs, ils n’ont de cesse de m’observer depuis leurs perchoirs. Ces oiseaux, au demeurant magnifiques et gracieux, sont très attendrissants (pour moi, en tout cas). On a littéralement l’impression qu’ils lisent en nous comme dans un livre ouvert et nous connaissent bien mieux qu’on ne les connaît. Personnellement, je suis devenu un amoureux des pigeons.
Ma terrasse est donc devenue, en peu de temps, une sorte de buffet à volonté pour ces pigeons, doublée d’une aire de repos. Un buffet qu’on a rapidement nommé « The Balcony » (« Le Balcon »). Bien qu’ils s’enfuient souvent en me voyant (ne cherchant aucunement à les apprivoiser), certains reviennent quand ils voient que je remets de quoi manger, quoique restant distants (à 1m). Ce sont des habitués, à présent. :)
Parmi ces habitués, il y a de tous âges … Des « jeunes », des adultes, et des âgés. Et cette histoire concerne (hélas ?) un pigeon âgé, affectueusement nommé « Vaillant », que vous pourrez voir sur la photo ci-jointe.
J’avais vu ce pigeon un certain nombre de fois et, ces derniers temps, il me semblait plus calme, moins vif.
Il existe une sorte de « rituel » à chaque matin : j’ouvre les rideaux de la porte-fenêtre menant à la terrasse et déverrouille cette même porte-fenêtre, afin de remettre des graines dans la (grande) mangeoire et changer l’eau des gamelles.
Jeudi (le 1er Octobre), lors de ce même rituel, je constatai qu’un de ces habitués ne s’était pas envolé comme les autres à mon apparition. Il a bien essayé, mais n’a pas réussi, atterrissant 1m plus loin et cherchant à s’isoler dans un recoin, à l’abri. J’ai compris qu’il avait un souci, et j’appelai immédiatement un centre dédié au soin des oiseaux à côté de chez moi (littéralement, à 10 min de marche dans une réserve naturelle) pour connaître la marche à suivre.
Ne pouvant se déplacer (crise sanitaire, effectifs réduits), ils m’ont conseillé sur ce que je pouvais faire pour pouvoir leur apporter ce pigeon.
Le fait est, ce pigeon n’avait du tout l’air en forme. Un pigeon qui cherche à s’isoler dans un recoin à l’abri n’est jamais bon signe (j’avais déjà lu votre article il y a quelques temps). Blessé, malade, ou … trop âgé et vivant ses derniers moments. Celui-ci n’était intéressé ni par les graines que je disposai à côté de lui, ni par de l’eau fraîche. Ce n’était vraiment pas bon signe, il semblait vraiment « sur la fin ».
Suivant les conseils du centre de soins, je tentai de l’attraper délicatement. Bon, j’avoue lui avoir parlé pour tenter de le rassurer pendant … 20 bonnes minutes, avant. Il m’a regardé, alerte, pendant toute cette durée et, bien que visiblement affaibli à cause de son âge, son regard en disait long et il m’implorait de l’aider.
L’attraper ne fut pas spécialement facile, uniquement parce que ça me fendait le cœur de devoir faire ça. Néanmoins, au bout du second essai et toujours en lui parlant, je réussis à le prendre, très délicatement, le corps enroulé dans une serviette bien au chaud, et à le déposer doucement dans une boîte cartonnée suffisamment grande dont le fond avait été couvert par une seconde serviette, avant de créer une obscurité pour le rassurer.
A aucun moment il ne s’est débattu, un peu comme s’il m’avait choisi *moi* pour lui venir en aide. C’est de là que lui vient ce nom, j’imagine, ayant décidé de faire confiance à un Humain pour son bien.
Je filais ensuite, aussi vite que possible et bravant la pluie, au centre afin de confier Vaillant aux soigneurs, remplissant une fiche avec mes coordonnées afin d’avoir des nouvelles quant à l’évolution de sa santé. D’après les soigneurs, Vaillant n’avait aucun signe de blessure ou autres. Si tout allait bien, il serait relâché dès qu’il serait remis/reposé.
Je décidai donc de laisser passer un peu de temps et, le 3 Octobre (hier), je retournai au centre pour avoir des nouvelles et peut-être le revoir. J’y allai, mais avec un nœud colossal au cœur, sans savoir pourquoi.
Malheureusement, le couperet tomba : la vie avait quitté Vaillant dans la nuit de Jeudi à Vendredi. Les soigneurs m’ont expliqué que son état général, lié à son âge, s’était dégradé rapidement et qu’il refusait toute nourriture. Il cherchait donc un coin pour partir en paix, et ma terrasse était idéale pour lui … C’était un lieu familier, isolé, qu’il appréciait.
Bien que les soigneurs m’assurent que j’ai fait ce qu’il fallait (à savoir : leur apporter Vaillant pour qu’ils puissent l’aider mieux que je n’aurais pu), je garde un certain sentiment d’échec de cette expérience. Un certain échec et une douleur conséquente.
Bien sûr, il reste tous les autres habitués (Rony le bagarreur, Louis … Certains ont des petits noms). Et j’ai beaucoup d’affection pour chacun d’entre eux. Mais je n’aurais pas pu/su aider Vaillant comme j’aurais voulu, il y avait un lien spécial, et c’est très très dur à encaisser. Je verse d’ailleurs toujours des larmes à la rédaction de ce message.
Bien que cette histoire soit triste /in fine/, je me dis qu’il a au moins vécu ses derniers moments « en douceur » … avec un humain qui a tenté son possible, et au chaud avec d’autres congénères oiseaux et des humains qui ont fait leur maximum pour le remettre sur pied.
Croyez bien que si j’avais pu moi-même l’accompagner jusqu’à la fin (si j’avais eu une grande cage aménagée …) avec douceur/confort/amour, chez moi, c’est sans hésitation aucune que je l’aurais fait.