La rancoeur de Nicolas Hulot

Nicolas Hulot est un mauvais perdant, mais à ce petit jeu là, c’est toute l’écologie qui trinque. Parce que rien n’est pire que la personnalisation. Bien sûr, des gens peuvent représenter des idées et donc alors parler de ces gens c’est parler des idées qu’ils représentent.

Mais là, on a beau chercher, on ne voit pas de contenu. Ainsi, Nicolas Hulot a accordé une interview à un magazine, « Bretons », qui est sorti hier en kiosques (mais l’interview date… du 10 juillet, soit deux jours avant la victoire d’Eva Joly (dont il se doutait néanmoins bien entendu).

Il se plaint de plein de choses, notamment de ces personnes membres d’EELV:

«conditionnés par la façon traditionnelle de faire de la politique». «Ils aiment les formules, ils aiment les ennemis désignés. Prononcez cinq fois le mot Sarkozy dans un discours: vous provoquez des orgasmes…»

Il faut dire que quand le Canard enchaîné révèle que Hulot continue d’utiliser son appareil électrique l’aidant à avoir des abdominaux, cela ne fait pas très crédible niveau chasse au gaspi…

Mais, surtout, ses plaintes sont personnelles. Il ne se plaint pas comme quoi il aurait des idées différentes, par exemple comme quoi les gens d’EELV n’en ont rien à faire des animaux ou de la Nature, comme quoi il y a urgence, etc.

Non, il exprime simplement de la rancoeur:

A quoi bon me faire la danse du ventre pendant des années pour que je vienne les rejoindre ?

C’est tout le paradoxe de leur attitude, affirme Nicolas Hulot en parlant des cadres de la formation politique.

De Jean-Vincent Placé à Dany Cohn-Bendit, en passant par Cécile Duflot et Noël Mamère, ils n’ont eu de cesse de me demander de les rejoindre.

Mamère m’a dit que j’étais le seul candidat possible. Et pourtant, il fut le premier à m’envoyer des banderilles à partir du moment où je me suis présenté.

On a ici une complainte tout ce qu’il y a de plus personnel, or dans l’ordre des choses, on devrait parler de contenu: tant Cohn-Bendit que Duflot ou Mamère représentent des points de vue différents sur l’écologie, et d’ailleurs Hulot ne se « plaint » pas du fait qu’une de ces grandes « figures » d’EELV l’ait rejoint: José Bové!

Ce qui casse tout de même la démarche de Hulot de se plaindre, car il a « joué », et il a perdu, voilà tout!

Est-ce que cela veut dire justement que Hulot va abandonner Eva Joly et EELV? Il le laisse planer:

«Si je ne leur apporte pas grand-chose, cela ne sert à rien d’insister. Il vaut mieux que je reprenne une autre forme d’engagement. »

Ce qui montre bien non seulement que toute cette « primaire de l’écologie », a été du n’importe quoi, mais qu’en plus, des gens comme Stéphane Lhomme et les « décroissants », qui ont critiqué Hulot mais jamais Joly, ont aidé à ce que « l’écologie » bobo ait un boulevard….

Alors qu’en plus on va continuer à avoir Hulot dans les pattes!

Tout cela en raison du refus d’avoir du contenu, de donner des définitions, de prétendre servir l’écologie en général, sans avoir aucun critère de vérification.

Mais quand on nie la Nature, l’existence même des animaux, comment justement ne pas vouloir de définitions? Car sinon il ne serait plus possible de masquer son opportunisme et son carriérisme derrière l’urgence qu’il y a: notre planète est train d’être assassinée!