Le film « La planète des singes : les origines » (2011)

« La planète des singes : les origines » a fait un grand tabac médiatique, et il y a même eu de-ci de-là des points de vue considérant que ce film faisait la part belle à la révolte des animaux.

Qu’en est-il vraiment ? Rien de cela, vraiment rien. Le film est même totalement anti-vegan, avec une vision du monde totalement dans le style de l’extrême-droite, dans la droite ligne de la nouvelle à l’origine, « La planète des singes » de Pierre Boulle, paru en 1963.

C’est en fait le titre canadien francophone qui résume le mieux l’esprit du film. « La Montée de la planète des singes » est d’ailleurs la traduction littérale du titre en anglais (sauf qu’il s’agit des grands signes, « ape », et pas des singes, « monkey »).

Voyons ce qu’il en est avec dès le départ, la mise en place du vivisecteur « sympa. » On a en effet un jeune chercheur, présenté comme candide et idéaliste, cherchant à tout prix à soigner la maladie d’Alzheimer, dont son père souffre par ailleurs.

Ce vivisecteur est donc en opposition avec les responsables des laboratoires où il travaille, car eux ne pensent qu’à l’argent. C’est une vision du monde extrêmement perverse et qui vise à dédouaner les vivisecteurs de leur responsabilité cruciale.

Une couche en est rajoutée avec le soigneur des grands singes qui, comme par hasard, est présenté comme les aimant vraiment, etc., ce qui ne l’empêchera pas d’en tuer certains, de continuer l’organisation des tests sur d’autres, etc.

C’est la première chose qui choque vraiment et qu’on a un film reflétant vraiment le point de vue que les vivisecteurs tentent de nous faire avaler depuis quelques temps.

Surtout que c’est le point de départ de l’histoire : le soigneur décide de ne pas tuer un bébé, le vivisecteur le cache chez lui… On a ici un scénario vraiment invraisemblable.

C’est justement là qu’on passe au délire d’extrême-droite, qui va passer au premier plan et constitue même le cœur du film.

En effet, le bébé en question devient super intelligent car sa mère a subi des tests et un « gène » serait passé chez lui. C’est ici quelque chose de très grave : une telle conception ce n’est ni plus ni moins que la théorie du « tout génétique » telle que véhiculée par l’extrême-droite.

Preuve de cela, le bébé devenu adulte, après des aventures rocambolesques, diffuse le gaz anti-alzheimer à d’autres grands singes, qui alors deviennent eux aussi intelligents, du jour au lendemain !

Le singe en question, du nom de César, fait alors en sorte de devenir le « mâle alpha. » Il devient le chef, le chef de guerre, avec un objectif : rassembler des troupes !

On a ici exactement la vision de l’extrême-droite, qui s’appuie sur le principe inventé par Nietzsche : la « volonté de puissance. »

Toute la fin du film consiste en César se transformant en chef de meute, puis en chef de guerre.

Il y a la même chose dans la nouvelle de Pierre Boulle : « fatiguée » par la société de consommation, l’humanité se ferait chasser par « plus forte » qu’elle dans le cadre de la guerre de chacun contre chacun que serait la nature.

C’est la conception nazie de la nature, où le plus fort triompherait, en tant que prédateur toujours à la recherche de plus de pouvoir et d’espace.

La scène finale du film annonce d’ailleurs l’offensive des grands singes contre l’humanité…

Cela reflète totalement le point de vue délirant comme quoi la nature est mauvaise, avec les animaux qui pulluleraient si on les laissait faire (pensons aux cafards, rats, sangliers, etc. et là les singes).

Et il faut noter que la non utilisation de chimpanzés dans le film n’est pas une chose qui serait « bonne » en soi. Au contraire, cela reflète déjà une vision dénaturée : les mouvements des acteurs humains imitant les chimpanzés ne sont pas du tout crédibles.

Ensuite, c’est pour renforcer le côté « la menace est proche » et faire peur aux spectateurs…

Après un tel film, un spectateur ne peut que se dire : dans la recherche il y a des gens nobles et la vivisection est moche mais nécessaire (ce qui est faux), les entreprises pharmaceutiques sont des pourries (ce qui est vrai), les animaux sont bizarres, vite agressifs et une menace potentielle…

D’ailleurs, le gaz anti-alzheimer se révèle mortel pour les humains et la cause potentielle d’une pandémie sur fond de révolte des grands singes… on a tous les ingrédients paranoïaques et ultra individualistes, tout comme dans le film « 28 jours plus tard. »

L’une des scènes finales où César se tient sur un cheval au galop, le visage hargneux et le poing levé, lançant la bataille, est exemplaire d’une vision du monde totalement barbare, d’un monde qui ne serait que le lieu d’une lutte sans fin, menée par ceux qui ont la « volonté de puissance »…