Collectif Nopalme à Port la Nouvelle

Pour nous à LTD, refuser systématiquement l’huile de palme fait partie du quotidien. Il était temps de créer une catégorie rien que pour cela, tellement il s’agit d’un produit infernal exactement conforme à la mentalité des dominants: destruction de la Nature, massacre des animaux, maladies pour les personnes consommatrices…

Voici une info concernant un collectif s’opposant à ce qu’une raffinerie d’huile de palme s’installe dans le Languedoc Roussillon…

La multinationale agroalimentaire Sime Darby Unimills a investi dans l’huile de palme. Elle s’illustre de par le monde en tentant de dissimuler sous de fallacieux prétextes humanitaires l’exploitation éhontée qu’elle fait des populations des pays producteurs qu’elle spolie de ses terres et réduit à la misère notamment au Libéria.

Le conseil général de la région Languedoc- Roussillon tente d’imposer aux habitants de la région l’implantation d’une raffinerie d’huile de palme appartenant à Sime Darby et un stockage d’huile de palme appartenant à la société hollandaise Vopak en investissant 200 millions d’euros d’argent public pour favoriser cette installation dans le port de Port la Nouvelle en méditerranée.

La population de la région a réagi en créant un collectif : Nopalme afin de contrer ce projet.Un collectif local a aussi été créé à Port la Nouvelle.

Conscients des manipulations dont ils font l’objet ( promesses d’emplois dérisoires, prétexte d’extension du port) les habitants savent que le partage d’un tel budget au niveau régional permettrait à d’autres acteurs économiques, plus respectueux des besoins des populations et de l’environnement de se développer.

La population n’a jamais été consultée ni informée, le conseil général et Sime Darby espérant la mettre devant le fait accompli. Avertie par des « fuites », la population revendique son droit de regard et d’expression dans l’organisation de sa vie , dans l’utilisation de budgets auxquels elle contribue ainsi que la considération de ses propres facultés à estimer ce qui est réellement bon ou mauvais pour elle, sur son propre terrain et en solidarité avec le peuple du Libéria et toutes les populations d’ici ou d’ailleurs exploitées par les multinationales sans scrupules. Pour plus d’infos :

http://nopalmepln.tumblr.com/

Voici également un questions-réponses concernant la situation là-bas:

Non à l’huile de palme

Confédération Paysanne Languedoc – Roussillon      
Une usine d’huile de Palme à Port La Nouvelle : les points qui posent problème…

1. L’huile de palme : quel avantages et inconvénients par rapport aux autres huiles végétales?L’huile de palme, extraite de la pulpe des fruits du palmier à huile est l’huile végétale la plus consommée au monde (25 %).

Ingrédient traditionnel des cuisines d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie, elle est désormais surtout utilisée par l’industrie : 80 % dans l’agroalimentaire, 19 % pour les cosmétiques et, encore marginalement à ce jour, 1 % pour les biocarburants. La moitié des aliments transformés – chips, biscuits, lait pour bébé, sardines en boîte, mayonnaise, sauce tomate, céréales, chocolat, fromage rapé…- en contiendrait, car elle leur confère du moelleux et facilite leur conservation.

En raison de sa haute teneur en acides gras saturés après cuisson, cette huile est cependant fortement suspectée de favoriser les troubles cardio-vasculaires. Le nutritionniste Jean-Michel Cohen a même utilisé le terme de « scandale alimentaire » pour dénoncer la trop fréquente dissimulation de l’huile de palme sous un étiquetage général « huile végétale ».

2. A qui et à quoi serait destinée l’huile de palme qui arriverait à Port la Nouvelle ?

La croissance de la consommation mondiale d’huile de palme pourrait quasiment doubler entre 2010 et 2020, en raison du développement de la filière des agrocarburants (avec, pour rappel, l’objectif posé par l’Union Européenne de remplacer 20% de sa consommation de carburants fossiles par des agrocarburants d’ici 2020).

De grosses raffineries d’huiles de palme ont d’ores et déjà été développées sur différents points stratégiques du monde.

La raffinerie de Darwin en Australie, ouverte en 2008 pour produire 800 millions de litres de biodiesels à partir d’huile de palme peut sans doute donner une idée du projet de Port La Nouvelle comme usine d’agrocarburants à destination du marché européen.

Son principal avantage pour les industriels par rapport à d’autres huiles végétales réside en fait dans son faible coût de production, avec un rendement de 5000 litres/ha/an contre environ 600 litres pour l’huile de tournesol et l’huile de colza. Cette filière exige cependant énormément de main-d’œuvre pour la récolte, ce qui la rend uniquement viable dans des pays à très bas salaires.

3. Où serait produite l’huile de palme qui arriverait à Port La Nouvelle et dans quelles conditions ?

L’huile de palme serait importée par la multinationale malaisienne Sime Darby qui produit déjà de l’huile de palme sur 530 000 ha en Malaisie et Indonésie.

Mais c’est probablement au Libéria que serait produite l’huile de palme qui arriverait à Port La Nouvelle, sur les 220 000ha obtenus par la signature en mai 2009 d’une concession de 63 ans entre le gouvernement libérien et Sime Darby, contre 800M$ et la promesse de 20 000 emplois et d’infrastructures (écoles, centres de santé) pour les employés. Les terres du Liberia présentent en effet l’avantage d’être moins chères qu’en Asie et plus proches du marché européen.

Le Liberia a également une certaine « pratique » des cultures d’exportations puisque c’est dans ce pays que, dès les années 20, l’entreprise américaine Firestone, après signature d’un accord de concession avec le gouvernement libérien, a remplacé cultures de riz et de manioc par d’immenses cultures d’hévéas pour la production de caoutchouc/ pneus. Un soit-disant modèle de développement qui n’a pas vraiment fait ses preuves depuis les années 20…

L’implantation de Sime Darby au Libéria n’est donc que la continuation de politiques coloniales d’exploitation des ressources d’un pays au profit d’entreprises privées et d’une certaine élite locale et au détriment des populations locales. Une pratique « d’accaparement des terres » qui a connu depuis 2008 un développement exponentiel dans de très nombreux pays du monde…

La production d’agro-carburants est concurrentielle à celle de l’alimentation sur le terrain pour les populations autochtones mais aussi sur l’ensemble des prix mondiaux, cette tension étant utilisée par les spéculateurs pour des rentes de situation développées sur le dos des plus pauvres. Ainsi le nombre des personnes sous alimentées est passé de 850 millions à plus d’un milliard en 5 ans.

En janvier 2011, des manifestations de populations locales ont eu lieu dans une des zones d’implantation de Sime Darby au Libéria (Cape Mountain) accusant l’entreprise de procéder à des plantations illégales sur le territoire de 27 villes et villages, de rendre l’eau impropre à la consommation et de ne pas respecter les droits des travailleurs (payés 3$/jour). Ils ont posé un ultimatum de 60 jours pour une renégociation de l’accord entre le gouvernement libérien et Sime Darby, accord auquel les populations locales n’ont jamais été associées.

4. La Production d’huile de palme est-elle négative pour l’environnement ?

Les critiques des mouvements écologistes n’ont cessé de s’amplifier au cours des dernières années, accusant les compagnies productrices d’huile de palme d’abattre massivement les forêts d’Indonésie et de Malaisie pour les remplacer par une monoculture de palmiers, détruisant ainsi la biodiversité locale et l’habitat naturel de certaines espèces protégées. Selon Greenpeace, 87% des forêts tropicales détruites en Asie du Sud-Est entre 1995 et 2000 l’ont été dans le but de créer des plantations d’huile de palme.

Les entreprises et les gouvernements concernés ont réagit en mettant en place des certifications garantissant une exploitation « durable » des ressources, la plus connue étant le RSPO (Round Table on Sustainable Palm Oil) signé par plus de 250 organisations internationales (dont le WWF, Oxfam International, le CIRAD…) et de nombreux transformateurs (L’Oréal, Yves Rocher, Nestlé, Heinz, Ikea…)

Selon plusieurs autres organisations cependant (World Rainforest Movement, Greenpace, Amis de la Terre…) ce « verdissement » de la production d’huile de palme autour de critères environnementaux dits « minimums » (respect des lois locales, non utilisation des pesticides les plus dangereux, consultation avec les partenaires…) ne remet pas en cause le fait central de production d’huile de palme : la transformation de milliers d’hectares de forêts en immenses exploitations de monoculture. L’exploitation serait « durable » mais la destruction initiale aussi.

5. Quels bénéfices pour le Languedoc-Roussillon ?

Les bénéfices attendus pour la population du Languedoc-Roussillon suffiraient-ils à compenser tous les impacts négatifs notés ci-dessus pour les autres populations du monde ? Quels sont donc ces avantages ? 200 emplois –selon le Conseil Régional- ou 50 –selon Sime Darby- devraient être crées à Port La Nouvelle. Dans le contexte actuel, cet argument écrase tous les autres. A noter cependant que la raffinerie de Darwin (800 millions de litres) n’emploie actuellement que… 20 personnes, avec un potentiel de développement à 40…

L’usine pourrait également permettre à certains agriculteurs du Languedoc-Roussillon (du Lauragais en particulier…) de valoriser leurs production de colza et de tournesol. Mais pour quoi faire ? Compléter l’huile de palme qui prend elle-même la place de leurs huiles dans l’alimentation? Produire de l’huile à destination de nos véhicules?

Selon quelles conditions de volume et de prix ? Là encore, le flou le plus total règne sur ces conditions…L’usine permettrait enfin d’utiliser certaines capacités de stockage sous-exploitées sur le port ? Mais a-t-on vraiment exploré toutes les possibilités d’utilisation de ces équipements, alternatives à l’huile de palme ?

C’est pourtant sur ces hypothèses floues, que Robert Navarro a passé, selon ses dires, son premier coup de fil après sa nomination comme vice-président, pour rassurer Sime Darby : « la région, leur ai-je dit, tiendra tous ses engagements, à travers une convention de quarante ans ». Mais, en sens inverse, quels engagements –sociaux, environnementaux, en terme d’emploi…- sont demandés sur 40 ans à la compagnie Sime Darby ? Qui peut dire comment évoluera la production d’huile de palme d’ici 40 ans ?

La position du Conseil Régional LR témoigne en fait d’un rapport de force dégradé des institutions publiques par rapport au pouvoir économique. « S’ils ne viennent pas à Port La Nouvelle, ils iront ailleurs ». Le Conseil Régional doit-il entrer dans un jeu de concurrence entre territoires dont les règles et les exigences sont posées par des entreprises comme Sime Darby ? Et si le Conseil Régional Languedoc-Roussillon lançait enfin un message fort pour un minimum d’éthique dans le commerce international ? Sime Darby irait ailleurs ? A moins qu’ailleurs aussi, des personnes et collectivités s’appuyant sur le positionnement fort du Conseil Régional disent aussi « non » et obligent le commerce international à changer dans ses pratiques destructrices. Il faut bien commencer quelque part…