Suspension provisoire du projet routier à travers le parc national TIPNIS en Bolivie

Le président bolivien Evo Morales a été obligé de céder devant la vague de révolte de milliers d’Indiens amazoniens : le projet routier devant traverser un parc national a été provisoirement suspendu.

Ce projet de 300 kilomètres de routes passe en effet par le parc national Isiboro Secure, également appelé Tipnis pour Territoire Indigène et Parc National d’Isiboro Sécure.

Ce parc fait 1 million d’hectares et est le lieu de vie de 15 000 Indiens amazonien (Chiman, Mojeño et Yuracaré, qui seraient en partie déplacés).

On peut voir ici sur un site militant quelques photos des nombreux animaux qui y vivent et ici de la flore; on trouvera également ici un site de soutien à la lutte.

Ce projet routier, financé à 80% par l’Etat brésilien dans l’élargissement de sa zone d’influence, est durement combattu depuis le départ.

Une marche de 1700 personnes, partie le 15 août de la ville de Trinidad dans le nord-est du pays, parcourt 600 kilomètres afin d’arriver à la capitale, La Paz.

Elle affronte une dure répression. Ce samedi la marche a dû forcer un barrage policier, et ce dimanche ce sont des contre-manifestants qui ont tenté de bloquer la marche.

La police est alors intervenue, soit disant pour empêcher les affrontements, mais surtout pour attaquer les manifestants au gaz lacrymogène, les forçant à monter dans des cars. Il y a eu des blessés et un bébé est apparemment mort suite aux gaz.

On peut voir ici une vidéo de cette répression brutale.

Plusieurs centaines de personnes ont ensuite été amenées de force à l’aéroport pour être ramenées dans le nord du pays, mais il y a eu un vent de révolte et la piste a été occupée par la population locale afin d’empêcher le décollage !

L’événement est marquant en Bolivie, où le président Morales marquait un certain « espoir » : il est indigène, dans un pays où les gens le sont en majorité (les indigènes de l’Amazonie représentent 10% des 10 millions de personnes en Bolivie).

Ici sur ce graffiti Evo Morales est accusé matricide.

L’émotion est grande et la ministre de la défense a même démissionné pour se démarquer de la répression. Il y a encore deux mois, le ministre des Travaux Publics rejetait les écologistes de cette manière : « S’ils étaient cohérents, ils devraient s’opposer aux mines, aux puits, aux centrales hydroélectriques, et nous devrions nous contenter de regarder la nature. »

Voici à l’inverse le point de vue de primitivistes d’Amérique latine :

À propos du problème du TIPNIS en Bolivie

La perspective éloignée de la civilisation en référence au problème du TIPNIS [Territoire Indigène Parc National Isiboro Sécure]

Affronter les problèmes de manière éloignée fait que la domination soit perdurable. Le point réside dans la spécialisation des rôles et des devoirs en faveur du système et de par la satisfaction de nécessités au sein de la civilisation.

L’éloignement des problèmes provoqués par la civilisation amène à chercher trivialement les réponses les plus adaptables, cohérentes avec la technologie et les intérêts communs de la civilisation. Ainsi, surgissent les alternatives « possibles » de l’exploitation de la terre.

Entrant dans le problème du TIPNIS, celui-ci surgit avec la IIRSA (Initiative pour l’Intégration Régionale de l’Amérique du Sud : un projet d’autoroutes joignant les différents pays d’Amérique du Sud) et ce projet affecte visiblement des « lieux protégés », « peuples originaires et indigènes » pour qui la position de la résistance n’est pas changeante.

Surgissent à cause de cette menace régionale représentants et défenseurs externes et internes, dans le cas du TIPNIS, ils ont proposé des routes alternatives, quatre projets qui doivent être, selon eux, approfondis par l’État.

Ils ont donc ainsi informé de la présence de la diversité biologique existante, comme échantillon de l’inventaire scientifique et se sont « défendus » à travers les lois mises en place par l’État. Cette attitude réformiste ne fait que reconnaître l’autorité de l’État et la domination qu’il exerce et ne sert qu’à intensifier sa capacité de contrôle et de décision.

Si l’on analyse bien les choses, la plus grande menace pour le TIPNIS provient des mêmes personnes qui le défendent aujourd’hui. Si, bien que cela sonne contradictoire, ces personnes qui aujourd’hui défendent le TIPNIS et se solidarisent avec la Nature et l’environnementalisme sont elles-mêmes les provocateurs de l’exploitation du sauvage au nom des richesses naturelles ; quand leurs consciences deviennent trop lourdes, ils réforment l’exploitation, la rendent moins évidente et la camouflent avec des alternatives via des négociations avec les parties intéressées.

De la même manière que quelques-uns défendent seulement le TIPNIS, il y a aussi ceux, qui suivant la même mode, s’intéressent uniquement aux animaux du TIPNIS, d’autres seulement à la flore et d’autres aux indigènes. Les activistes et leurs stratégies réformistes doivent disparaître, les animalistes doivent disparaître, les écologistes, les défendeurs des droits indigènes entre autres…

Pourquoi doivent-ils disparaître ?

Car simplement les entreprises, les gouvernements et les États seulement répondent aux intérêts de ceux qui les nourrissent, produisent et font les lois. Et tous deux sont les artifices de la structure civilisationnelle fonctionnelle. Et les activistes sont les éteints-feu par excellence, car ce sont eux qui incitent de manière éloignée au soulèvement des consciences et ce sont eux-mêmes qui bénéficient des résultats.

Cet éloignement des problèmes est ce qui inévitablement, provoque la destruction du TIPNIS et tous les espaces profitables à la commercialisation en faveur du système techno-industriel qui offre tous les biens et services confortables à chaque homme, femme et enfant au sein du système social.

L’effondrement de la civilisation est inévitable, l’expansion actuelle du système techno-industriel et de la civilisation vers le sauvage pour éviter sa chute est le fruit pourri de ce système, mais cela est insoutenable, il n’existe pas deux TIPNIS dans le cas de la Bolivie, il n’existe pas non plus de liberté dans un monde qui renforce le contrôle et la production du système techno-industriel.

Enfin, l’heure de choisir, de lutter et de vaincre est arrivéE !
Insurrection Sauvage !