« C’est ton devoir d’aider la végétation à recouvrir ses droits, par tous les moyens »

En ce qui concerne la remise en cause de la domination urbaine sur la nature, Friedensreich Hundertwasser (1928-2006) est un des principaux penseurs et artistes du 20ème siècle… de notre point de vue.

Voici l’un de ses textes, qui met en avant le droit à la fenêtre pour l’humain, et le droit de la nature à se réapproprier tout ce qui est horizontal.

Nous étouffons dans nos villes, en raison de l’empoisonnement de l’air et du manque d’oxygène.

La végétation, qui nous laisse vivre et respirer, est systématiquement détruite.

Notre existence immédiate devient indigne de l’être humain.

Nous courons le long de façades de maisons grises, stériles, et nous n’avons pas conscience d’avoir été mis dans des cellules de prison.

Si nous voulons survivre, tout un chacun doit agir. Tu dois toi-même former ton environnement.

Tu ne dois pas attendre l’autorité et une autorisation.

Non seulement tes habits, et l’intérieur, les pièces, mais également tes murs extérieurs t’appartiennent.

Toute façonnage individuel est mieux que la mort stérile. C’est ton droit de façonner ta fenêtre et, tant que ton bras est assez long, la façade extérieure, comme cela te convient.

Il faut mettre de côté les règlements interdisant ou limitant ce droit à la fenêtre.

C’est ton devoir d’aider la végétation à recouvrir ses droits, par tous les moyens.

La nature libre doit grandir partout là où tombent la neige et la pluie ; là où tout est blanc l’hiver, tout doit être vert en été.

Ce qui est horizontalement sous le ciel, libre, appartient à la nature.

Les rues et les toits doivent être peuplés de forêts.

On doit pouvoir de nouveau respirer l’air en ville.

Le rapport être humain – arbre doit atteindre des dimensions religieuses. Alors on comprendra enfin la phrase : la ligne droite est sans Dieu.

Friedensreich Hundertwasser

Düsseldorf,

27 février 1972