Le Canada se retire du protocole de Kyoto

A peine a-t-on eu droit à l’échec du sommet de Durban que voici une nouvelle enfonçant le clou : le Canada se retire du protocole de Kyoto. C’est ce qu’a annoncé le ministre canadien de l’environnement Peter Kent, à peine rentré de Durban !

Un acte d’une provocation extrême, justifié à grands coups d’arguments paniques, et qui est le premier acte du torpillage généralisé de l’écologie institutionnel sur la planète.

Car c’est une boîte de Pandore ouverte avec ces phrases :

« Kyoto, pour le Canada, est chose du passé. Nous invoquons notre droit reconnu par la loi de nous retirer officiellement de Kyoto. »

Le Canada est le premier pays à le faire, et soyons certains qu’il ne sera pas le dernier. Et ce qui est vraiment très fort, c’est l’excuse trouvée.

Alors que le Canada devait diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 6 % par rapport aux niveaux de 1990, celles-ci ont augmenté du tiers…

Les émissions actuelles sont officiellement d’un peu plus de 700 mégatonnes ; elles auraient dû être de 607 mégatonnes en 2020, elles seront sans doute de 785 mégatonnes…

Le Canada devant éventuellement payer des pénalités, le pays se retire tout simplement du protocole de Kyoto.

Ce qui montre bien que ces accords n’engagent que les personnes assez naïves pour leur accorder de la valeur.

Seulement évidemment, Peter Kent ne peut pas dire cela, même si en une année il a rencontré des représentants écologistes à 9 reprises, et des représentants d’entreprises pétrolières et gazières à… 23 reprises.

Alors Peter Kent explique que le protocole de Kyoto « n’est pas une voie vers une solution globale au changement climatique, c’est plutôt un obstacle » ; il « ne couvre pas les deux plus grands pays émetteurs, les Etats-Unis et la Chine et donc ne peut pas fonctionner. »

Ainsi donc, si la Canada se retire du protocole, c’est pour sauver un accord global ! C’est la même chose qui a été dit par tous les ministres de l’écologie à Durban : mieux vaut un (hypothétique) accord avec tous qu’un excellent accord avec peu (comme si l’alternative était finalement celle-là et pas une autre).

Et derrière cela, le ministre canadien de l’écologie fait dans la démagogie la plus lourde. Voici un extrait de son discours, où l’on retrouve trois thèmes nationalistes :

  • suivre Kyoto c’est en revenir à la bougie
  • suivre Kyoto c’est payer pour d’autres
  • suivre Kyoto ne sert à rien, car nous sommes petits et les grands ne font rien.

« Bien que notre gouvernement ait pris des mesures énergiques depuis 2006 pour réduire les émissions, en vertu de Kyoto, le Canada se trouve aux prises avec des choix radicaux et irresponsables s’il veut éviter de verser PLUSIEURS MILLIARDS de dollars en paiements punitifs.

Le respect des objectifs fixés pour 2012 dans le cadre de Kyoto équivaudrait à :

  • retirer l’ensemble des voitures, camions, VTT, tracteurs, ambulances, voitures de police et véhicules de tous genres en circulation sur les routes canadiennes;
  • ou à éliminer tout le secteur agricole et couper le chauffage dans toutes les maisons, tous les bureaux, hôpitaux et immeubles et dans toutes les manufactures au Canada.

Quel serait le coût si ces mesures radicales et irresponsables n’étaient pas prises?

La perte de milliers d’emplois et le transfert de 14 MILLIARDS DE DOLLARS provenant des poches des contribuables canadiens à d’autres pays – soit l’équivalent de 1 600 $ par famille canadienne, sans que cela n’ait aucune incidence sur les émissions ou sur l’environnement.

Voilà le coût de Kyoto pour les Canadiens.

En outre, et c’est là le nœud du problème, les émissions mondiales vont continuer d’augmenter parce que le Protocole de Kyoto ne s’étend pas aux grands pollueurs, comme les États-Unis et la Chine, et voilà pourquoi il est voué à l’échec. »

Plus de voiture, plus de pompiers, plus d’ambulances, plus de chauffages : voilà le genre de démagogie utilisée contre l’écologie, contre Gaïa.

Et cela sera de pire en pire ! Le « repli » sur soi, l’individualisme, le nationalisme, le « suvivalisme » vont revenir en force avec la crise, niant la possibilité et la nécessité d’unir ses forces en faveur de Gaïa !