Citrons et orangeries

Le citron est un fruit aujourd’hui très connu, mais il est arrivé récemment en France (comme en Europe), et il a d’ailleurs joué un certain rôle pour les jardins.

Le citron est le fruit du citronnier ; son origine est méconnue, mais l’on pense à l’Inde du Sud, le nord de la Birmanie ainsi que la Chine. La médecine traditionnelle indienne l’utilise, tout comme la cuisine indienne d’ailleurs. Par la suite, le citron a été cultivé en Perse, puis dans l’Irak actuel et l’Egypte.

Il est néanmoins déjà connu en Europe à l’époque de la Rome antique, mais pas vraiment cultivé. Et sur le plan symbolique, ce sont surtout les jardins islamiques qui le mettront en avant.

On notera d’ailleurs que les fameuses pommes du jardin des Hespérides sont en fait des bigarades, également appelées oranges amères, fruit grosso modo entre l’orange et le citron. Les citrons et les bigarades sont alors devenus le symbole de la vie éternelle, et les jardins de l’époque baroque ont mis en place ce qu’on appelle des orangeries.

Aujourd’hui donc, les orangeries désignent les bâtiments abritant les plantes fragiles, et les orangeraies les plantations d’oranges. Au 17ème et 18ème siècle en Europe, les citronniers étaient mis dans des bacs mobiles, et transportés dans un bâtiment spécial : l’orangerie. John Parkinson en explique le principe dans Paradisus in Sole (1628).

Les orangeries actuelles ne sont cependant pas des serres : le bâtiment est en dur, et il a une fonction sociale (fêtes, banquets, expositions…) ; il est d’ailleurs nécessairement une composante d’un jardin.

De telles orangeries sont le prolongement des orangeries existant déjà comme symboles bourgeois ou aristocratique de grande richesse. Sous Louis XIV, l’orangerie du palais du Louvre abritait pas moins de 3000 orangers.

Puis, au 18ème-19ème siècle, les orangeries sont passées de mode dans les élites bourgeoises, alors que les serres se sont généralisées pour permettre aux plantes exotiques de pousser, grâce à une maîtrise plus avancée et généralisée des techniques du verre.

De nombreuses orangeries sont conservées néanmoins pour le patrimoine ; à Paris, l’orangerie du palais des Tuileries est devenue un musée.