Jardin secret et Hortus conclusus

En français, l’expression « jardin secret » désigne une sorte d’endroit dans son esprit que l’on préserve, que l’on protège, et ce afin d’y exprimer ses sentiments que l’on considère comme étant les plus personnels.

L’expression est désormais « consacrée », mais à l’origine il s’agit vraiment d’un jardin. Le jardin d’ailleurs dans son histoire a souvent été un endroit préservé, mis à l’écart, une sortie de petit paradis, dans le prolongement des influences persanes.

Ainsi, un « giardino segreto » pour l’expression italienne historique désigne un jardin près d’une villa ou d’un château et entouré de murs.

Ces murs font que personne ne peut voir ce qui se déroule dans ce parc particulier, qui est donc d’accès totalement réservé.

On a également utilisé l’expression latine « Hortus conclusus » pour désigner ce jardin fermé, et cette expression a été employée pour l’associer, durant le Moyen-âge et la Renaissance, à la figure religieuse de la Vierge Marie.

La raison en est que l’on trouve ces lignes dans le texte religieux « Le cantique des cantiques » (4:12) :

« Tu es un jardin fermé, ma sœur, ma fiancée,
une source fermée, une fontaine scellée. »

Il y a évidemment une dimension « mystique » dans cette conception de rattacher une figure du « nouveau Testament » à un passage de « l’ancien Testament », la Vierge Marie étant ici assimilé à la pureté, au Paradis, etc.

Le petit jardin paradisiaque est d’ailleurs le titre de ce tableau allemand connu et datant de vers 1410, et dont l’auteur reste pour le coup inconnu.

Deux autres tableaux allemands historiques représentent une image très similaire.

Tout d’abord « La Vierge à la roseraie » de Stefan Lochner, vers 1450.

Ensuite, le tableau au même titre, de Martin Schongauer (vers 1473)

Il s’agit en fait du thème de la Vierge Marie comme « rose sans épines », et donc on la représente avec une roseraie. On appelle aussi cette représentation « La Vierge au buisson de roses. »

En voici une autre, de Sandro Botticelli, peinte vers 1469-1470 :

Finissons enfin avec ce tableau intitulé « La Vierge du chancelier Rolin » de Jan van Eyck, où le jardin est caché en arrière-plan, comme symbole comme quoi il faut trouver un chemin « spirituel » pour y aller.

Au-delà de l’imagerie religieuse propre à une époque révolue, on peut voir que le jardin est donc à la fois très personnel pour un individu qui laisse s’envoler ou se dérouler ses pensées, ses réflexions, et en même temps le jardin est censé être naturel, donc forcément ouvert sur la nature à nos yeux aujourd’hui: voilà une question qui donne à réfléchir!