De Monsanto au Titanic agricole

La multinationale Monsanto – 11 milliards de dollars de chiffre d’affaires – a été reconnu coupable par le tribunal de Lyon dans l’intoxication d’un céréalier charentais par un puissant herbicide, en 2004. Ce dernier avait été rendu malade par des vapeurs du désherbant « Lasso » en ouvrant la cuve d’un pulvérisateur (un an de troubles en raison du solvant).

C’est une manière pour l’Etat de se dédouaner, et en passant de tacler les Américains, toujours une cible facile pour la démagogie de la France profonde et du terroir. Car le « Lasso » était interdit dans plusieurs pays depuis les années 1980, mais ne l’a été qu’en 2007 en France. Et ce genre d’empoisonnement n’a rien d’exceptionnel: ici, l’Etat condamne pour l’exemple, mais cela ne change rien à la situation de fond: le poids des multinationales, dont évidemment des françaises.

Voici un texte tiré du site de Kokopelli (Libération des semences et de l’humus), qui lutte justement contre la mauvaise dynamique dominante en ce domaine, et qui la présente ici.

Titanic Agricole

Nous sommes tous les réfugiés d’une immense catastrophe écologique d’amplitude planétaire dont les déferlantes mettent la biosphère à l’agonie, inexorablement: désertification, érosion des sols, déforestation, perte de la biodiversité, raréfaction de l’eau douce, pollution des nappes phréatiques, archi-contamination des organismes humains et animaux par les polluants chimiques, etc, etc.

Le Titanic Agricole est en train de sombrer et il entraîne toute la biosphère dans son naufrage.

Eu égard au fait que:

– l’agro-chimie a empoisonné les sols, les eaux, l’air et les aliments issus de son agriculture mortifère; laquelle agriculture mortifère fait la fortune des multinationales de la chimie. Avec la complicité des Etats Occidentaux.

– l’agro-chimie a confisqué le vivant (brevets, biopiratage, vol des ressources génétiques cloisonnées dans des “banques” de semences non accessibles aux peuples); laquelle confiscation fait la fortune des multinationales de la semence. Avec la complicité des Etats Occidentaux.

– toute la recherche agronomique, depuis un siècle, a été orientée vers la création de marchés captifs (hybrides F1, clones et chimères transgéniques), vers la promotion de l’agriculture de synthèse (avec des variétés ne “fonctionnant” qu’avec le “package” des intrants de la chimie), vers la promotion de systèmes d’irrigation intensive et surtout vers la création, depuis 1905, de variétés agricoles hautement susceptibles, à dessein, à de nombreuses pathologies (voir les travaux de l’agronome Canadien Raoul Robinson “Return to Resistance”); lesquelles variétés débiles font la fortune de la mafia des pesticideurs.

Avec la complicité des Etats Occidentaux et des organismes de “recherche publique” tels que l’INRA (si l’on considère, du moins, les directives qui ont présidé à ses activités depuis sa création car il existe, bien sûr, une minorité d’insoumis dans toutes les structures, fussent-elles d’Etat).

– la grande majorité des variétés agricoles modernes pompeuses d’eau, pompeuses d’intrants de synthèse, et pompeuses de pesticides, produisent non seulement des aliments toxiques (qui, générant cancers et autres pathologies, font la fortune des industries pharmaceutiques) mais aussi, de par une sélection variétale inconsidérée, produisent des aliments déficients en éléments nutritionnels; lesquelles variétés déficientes, par ricochet, engendrent la fortune des industries de compléments alimentaires qui, sous l’égide du Codex Alimentarius, vont se retrouver sous la coupe des multinationales de la pharmacie, “protection” du consommateur oblige.

D’où l’équation: agronomie moderne= malnutrition + poison. Pour plus d’informations voir, par exemple, l’étude réalisée par l’USDA et l’Université du Texas, portant sur plusieurs décennies et 43 espèces potagères.

– le machiavélisme des multinationales de la semence va jusqu’à proposer des variétés résistantes au “réchauffement climatique”, aux bouleversements du même acabit et à la sécheresse après avoir détruit ou confisqué la grande majorité des ressources génétiques traditionnelles et résilientes. (Les “agronomes” après avoir réalisé la prouesse de transformer le maïs, plante C 4 et résistante à la sécheresse, en une chimère assoiffée d’eau qui en nécessite de 1000 à 1500 litres pour produire 1 kilo de grain sec, nous proposent leur nouvelles variétés trafiquées pour résister, prétendument, à la raréfaction de l’eau!).

– l’agriculture biologique est officiellement et légalement contaminée par les chimères génétiques.

– malgré les “promesses” de l’Etat (une pratique politique permettant aux démocraties déliquescentes de perdurer pendant des dizaines d’années) pour limiter les pesticides dans l’agriculture, tout est fait pour ne rien faire et cela fait des années que le cirque perdure: les extraits fermentés ne sont toujours pas “libérés” à l’usage des jardiniers (ou des paysans d’ailleurs).

– les premières vagues des tsunamis alimentaires sont déjà là, en train de remodeler les territoires et de provoquer encore plus de souffrances.

– ce sont les mêmes multinationales qui contrôlent la semence, l’agro-chimie, les pesticides, la pharmacie, les compléments alimentaires…

– il aura fallu à la société Occidentale deux siècles, seulement, d’agriculture intensive et d’industrialisation pour saccager la biosphère.