Delphine Wespiser apporte la bonne parole

On sait à quel point une « miss France » doit être « dans l’air du temps », aimable et moderne, pleine de bonne volonté et de bonnes intentions, etc.

C’est donc bien sûr le cas de Delphine Wespiser, l’actuelle « miss France. » Et ce qui nous intéresse ici, c’est qu’elle parle des animaux (enfin, surtout des animaux dits de « compagnie »).

Et quand on lit l’interview accordée à 20 minutes, on y voit pas forcément grand chose à redire si on jette un regard sympathique. Et c’est bien là le problème, car cela ne peut pas coller.

Quand on y réfléchit bien, on a ici un exemple flagrant d’une « miss France » modernisée. Elle se place en aiguillon, en conscience sociale et morale, les gens étant pris de haut et considérés comme devant s’améliorer… Cela n’est pas formulé ouvertement, c’est tout l’arrière-plan formulé dans un discours rodé, un peu culpabilisant, un peu moralisant, mais toujours sous la forme de l’aiguillon, ne cherchant jamais la rupture avec la vie quotidienne traditionnelle.

D’où justement « l’oubli  » de toute l’exploitation animale… Qui fait que justement nous, nous voulons que les gens changent, et Delphine Wespiser apporte quant à elle la bonne parole, car elle veut que les gens « s’améliorent »…

Il y a ici un élitisme, un esprit « aristocratique » présentant finalement indirectement le véganisme à l’échelle de la société comme impossible et même pas concevable. C’est très mauvais et pernicieux. Les gens sont ici, par définition, considérés comme « arriérés » et nécessitant l’apport d’une morale qui devrait être déjà la leur sauf qu’ils ne sont pas à la hauteur. Le rapport positif aux animaux serait possible… si les humains n’étaient pas « mauvais » ou égoïstes, etc.

Ce qui est absolument chrétien…

La libération animale est, quant à elle, une idée neuve, elle n’est pas une conception immédiate et spontanée que les gens pourraient avoir sur le tas et sans remise en cause générale de leur démarche personnelle.

L’interview de Delphine Wespiser est révélatrice de comment l’exploitation animale utilise la « bonne parole » pour empêcher l’émergence du véganisme comme rupture ! Delphine Wespiser est une « miss France » moderne, la « belle fille » idéale: engagée mais pas trop, « belle » mais intelligente aussi, avec des valeurs mais ambitieuse individuellement quand même, etc. Les animaux ne sont ici qu’un faire-valoir très utile…

Comment est née votre envie de protéger les animaux? 
Etant petite, j’allais récupérer toutes les limaces du jardin avant que mon père ne tonde le gazon pour qu’elles ne meurent pas! J’allais aussi très souvent à la ferme de mon grand père où j’étais entourée de lapins, de poules, et de chiens… On m’a inculqué le respect des êtres vivants. Et puis, j’ai aussi du attendre jusqu’à mes sept ans pour avoir mon chien, Paypper, donc je l’ai désiré pendant longtemps!

Vous mettez en avant votre désir d’aider les animaux. Comment cela se concrétise-t-il? En quoi votre statut de Miss France vous aidera-t-il?
J’ai décidé de devenir végétarienne très jeune. Aujourd’hui, être Miss France me permet d’officialiser mes petits combats d’autrefois: je suis l’heureuse marraine de l’association IFAW qui lutte pour que la cohabitation entre les hommes et les animaux soit plus sereine. Beaucoup d’associations me font d’ailleurs des dons pour que je les utilise dans mes projets. L’un d’entre eux se fera avec le Samu Social de Paris dont la directrice m’a fait part d’une idée : créer un chenil pour les chiens de SDF. La plupart des personnes vivant dans la rue sont accompagnées d’un ami à quatre pattes qui est généralement le seul lien qui leur reste. Souvent, les SDF n’acceptent pas d’aller se faire soigner parce qu’il n’y pas d’endroit prévu pour leurs chiens. Je pense donc utiliser les dons que je reçois pour réaliser un de mes rêves: créer un endroit pour le bien être animal.

Vous évoquez le IFAW (Fonds international pour la protection des animaux) dont vous êtes devenue marraine fin janvier. Pourquoi avoir choisi cet organisme?
J’ai décidé de me battre auprès d’IFAW car c’est une association très réactive et dynamique qui traite les problèmes à la base: elle crée des moyens d’enseigner le respect des animaux aux enfants. Ce sont eux, les générations futures, qui pourront tout changer! Il faut les sensibiliser.

De nos jours, qu’est-ce qui vous choque le plus en matière de  mal-être animal?
Les horreurs infligées aux animaux de compagnie! Les gens sont de plus en plus éduqués et normalement civilisés, et pourtant si vous saviez. Les bureaux juridique des associations de protection animale débordent de dossiers et d’affaires macabres …

Néoplanète est très sensible à la thématique de la fourrure. Qu’en pensez-vous?
Je suis absolument contre la fourrure et c’est vrai que dans un milieu de mode, il est très difficile d’imposer cette idée. A mon niveau, c’est par les réseaux sociaux que j’essaye d’agir. Sur mon Twitter (@WespiserD), j’ai par exemple posté une affiche disant «Fourrure, signe extérieur de cruauté» et ça a fait son effet!

Vous êtes investie dans d’autres bonnes oeuvres: le don du sang, avec La caravane de la vie, l’aide aux personnes âgées avec l’Apamad (Association pour l’accompagnement et le maintien à domicile) et la défense des langues régionales, comme l’Alsacien. Depuis quand?
J’ai toujours aimé le contact et l’ambiance de solidarité dans les associations et c’est donc tout naturellement que je me suis rapprochée de celles qui défendent les mêmes valeurs que moi. En Alsace, nous avons des projets pour l’année prochaine avec la Caravane de la vie et l’Apamad. Cette année, je me consacre à mon amour des animaux car mon planning est très chargé et que je ne pourrai pas tout gérer en 2012.

Comprenez-vous les gens qui pensent que l’élection de Miss France véhicule une image de la femme «objet» uniquement jugée sur son physique?
Les femmes d’aujourd’hui sont libres et ambitieuses, dans leur vie professionnelle et personnelle. Elles se doivent de mener leur vie comme elles l’entendent! Concernant Miss France, je pense que le concours ne véhicule en aucun cas l’image de femme objet, au contraire! La preuve: j’ai été élue grâce à mon discours.