« Pour manger de la viande il faut tuer des animaux… »

Hier, nous parlions de « miss France » qui avait modernisé son discours et nous disions qu’il était difficile de ne pas se faire avoir.

En voici un exemple avec des jeunes « éleveurs » qui ont compris qu’il fallait moderniser eux aussi leur discours, et vont jusqu’à proposer de manière impensable normalement : « Nos portes sont grandes ouvertes aux associations défendant le bien-être animal. »

C’est peut-être une parole en l’air, mais sans doute pas : qui dit modernisation dit intégration des contradictions… D’où une nécessaire réflexion, sans quoi impossible de contrecarrer cette modernisation !

Et c’est plus difficile que cela en a l’air. Par exemple, nous avions re-posté il y a quelques temps un texte au sujet du cannabis. Entre-temps, le lien vers le pdf original s’est avéré… une production de l’église de la scientologie ! Pas vraiment progressiste, par conséquent…

Une belle preuve qu’on ne peut pas positiver de manière unilatérale : nous avions pensé que cela ne pouvait pas être négatif, or le texte du pdf était différent de celui du site…

Autre exemple, plus discutable, mais tout aussi intéressant : le tract américain contre les hummer, ces gros 4×4. On peut très bien penser (comme nous l’avons fait) que le tract se moque de la vision viriliste qu’ont d’eux-mêmes les possesseurs de 4×4, et qu’il s’agit de désacraliser cela. Cependant, on peut tout aussi bien penser que c’est en fait une critique viriliste…

Est-ce couper les cheveux en quatre ? Oui, si on ne fait que cela, mais dans un cadre global de critique de la société, c’est tout à fait nécessaire. On n’avance pas sans erreurs ni hésitations : la société est complexe et la libération animale ne vaincra pas simplement parce que « le spécisme, c’est mal. »

Mais voici donc ces fameux éleveurs « modernes », dans un article tiré de « La nouvelle république » :

 » Pour manger de la viande il faut tuer des animaux…  »

Installée rue Camille-Pelletan, Sovileg abat près de 240.000 agneaux, chèvres et brebis chaque année. Sans aucune raison de s’en cacher, bien au contraire.

Les responsables Mathieu Poussin et Rodolphe Lepoureau devant la toute nouvelle chaîne d’abattage de Sovileg. L’entreprise, qui travaille avec 300 éleveurs sur toute la France, a vu son tonnage augmenter de 10 % l’an passé sur un marché pourtant en baisse de près de 8 % par an.

Dans une société où l’indignation constitue souvent un moteur démocratique voire démagogique, la façon dont est préparé ce que l’on mange n’est pas une question anodine. Un sujet d’autant plus sensible en pleine campagne présidentielle, quand certains candidats misent sur les peurs et les amalgames…

« On se doutait que vous nous poseriez la question du halal (lire ci-dessous) », lancent Rodolphe Lepoureau, directeur général de Sovileg (*), et Mathieu Poussin, directeur du site thouarsais. Ce n’est pourtant pas là l’essentiel.

« En fait, derrière la question du mode d’abattage, c’est surtout celle de la traçabilité que se pose le consommateur. Il n’aime pas ne pas être informé. C’est aussi le bien-être animal qui est en question. Mais si on veut manger de la viande, il faut bien tuer des animaux… »

«  Nos portes sont grandes ouvertes !  »

Une évidence qu’il n’est jamais superflu de rappeler. Mais qui n’interdit pas la rigueur. « Tout est hyperencadré et contrôlé, poursuit Mathieu Poussin. La France est l’une des plus grandes forces en terme d’élevage et d’abattage. Mais on n’a pas de viande chlorée comme aux États-Unis ! Nous avons trois vétérinaires qui travaillent sur notre site. Ils peuvent arrêter la chaîne à tout moment s’il y a le moindre problème. »

La transparence semble désormais faire partie intégrante du métier. « Nos portes sont grandes ouvertes aux associations défendant le bien-être animal », lâche ainsi Rodolphe Lepoureau.

« Nous sommes de jeunes dirigeants, on sort de nos études et on vit dans le monde d’aujourd’hui, ajoute Mathieu Poussin. Il ne faut pas croire que l’on se moque de ces questions-là. Mais quand on parle de notre métier, cela choque les gens. C’est pourtant un métier comme un autre, tout à fait honorable et passionnant. Il y a des postes ingrats, où l’on travaille dans le sang, le froid, l’humidité. Mais nous avons aussi un pôle innovation, un pôle technique, un pôle microbiologie… »

De quoi bousculer les idées reçues. Et rappeler une évidence. « Un Français mange en moyenne 95 kg de viande par an », concluent les responsables. Une viande qui, jusqu’à preuve du contraire, ne peut aller toute seule du pré à l’assiette.

(*) Sovileg possède son siège social à Chemillé (Maine-et-Loire). L’entreprise emploie 48 personnes (dont 43 sur le site de Thouars).