On connaît la ville de Venise comme ville des amoureux, eh bien il faut aussi la connaître pour son amour des chats. Il y a 2000 chats sauvages à Venise, protégés par la population et considérés comme relevant du patrimoine national italien, pas moins !
Interdiction par conséquent de s’en procurer un, d’en « acheter » un, ce qui est un intéressant rapport établi entre les humains et les animaux ici, avec des « mamme dei gatti » (mères des chats) qui viennent les nourrir.
Même si, comme pour le chien ou les vaches en Inde, c’est un rapport d’utilité qui a amené ce rapport aux animaux. Ainsi, à partir du 13ème siècle, les assureurs de Venise exigent que les transports de denrées et de tissus par navire aient à chaque fois des chats avec eux…
La ville elle-même s’est procurée plein de chats pour les rongeurs, ce qui a donné naissance au type de chat « soriano », le nom voulant dire « syrien », en raison de ses origines. En vénitien, on l’appelle le suriàn.
La République de Venise avait donc besoin des chats et les vénérait, mais l’effondrement de la République amena la perte de leur statut pour les chats. Leur situation devint de plus en plus mauvaise, même si certains devinrent célèbres, comme Nini.
Nini habitait au Caffe dei Frari, mais devint une personnalité locale, et même internationale au point que le café tenait un livre d’or pour Nini, signé par exemple par le roi d’Italie, le Tsar de Russie, le pape Léon XIII…
Le café existe toujours et au mur, on peut voir une représentation de Nini.
Néanmoins, tous les chats n’avaient pas le privilège de servir la jet set et les touristes, et leur situation ne cessa de se dégrader. C’est alors qu’une anglaise, Helena Sanders, monta avec la vénitienne Gina Scarpabolla une association d’aide aux animaux, appelée Dingo (du nom du premier animal sauvé, un chien) et fondée en 1969.
En 1989, la ville reconnut la valeur de l’association et a fourni une petite île comme terrain servant de refuge pour les chats. Cependant, le refuge a dû déménager et il se situe désormais à Malamocco (Lido), et on peut le visiter.
Dingo organise également les stérilisations pour éviter la surpopulation, ce qui fait qu’il y a beaucoup moins de chats qu’il y a 40 ans à Venise.
Cependant, si Dingo s’occupe de 500 chats et trouve un foyer à 200 d’entre eux par an, il y en a encore sans doute au moins 2000 dans la partie moderne de la ville. Dingo mène un travail en ce sens et effectue de nombreuses campagnes, notamment en direction des écoles, rendant l’association incontournable à Venise.
C’est un très intéressant exemple pour nous qui voulons nous ouvrir à la Nature et établir un rapport positif aux animaux; il y a certainement beaucoup à apprendre, vue l’importance qu’ont déjà les chats dans les sociétés humaines.