Rio+20

130 chefs d’Etat et de gouvernement vont être aujourd’hui et ce jusqu’au 22 juin 2012 à Rio de Janeiro, pour la conférence sur le développement durable, organisée par les Nations-Unies.

La conférence a été appelée « Rio+20 », en référence à la conférence qui s’est tenue il y a 20 ans dans cette même ville. Son objectif est d’arriver à la production finale d’un texte commun, déjà intitulé « L’avenir que nous voulons. »

Le texte est en fait déjà discuté, consistant en un projet de déclaration finale de 49 pages. L’objectif est d’éviter que les débats se poursuivent lorsque les chefs d’Etat sont là, n’en finissent plus et ruinent l’image des dirigeants.

Car l’ombre d’une autre conférence plane cependant : celle du climat, qui s’est tenue à Copenhague, en 2009, et a été un fiasco complet.

Nous en avions parlé (Le lamentable fiasco de Copenhague!), et aussi de Duflot qui partait à Copenhague en train devant les caméras pour revenir en avion le lendemain pour passer à la télévision

On sait déjà, en tout cas, que Rio+20 n’aura pas des objectifs supérieurs à ceux de 1992. La conférence n’est pas prise vraiment au sérieux, crise économique oblige d’un côté, et pression agro-industrielle de l’autre.

Et si Greenpeace prétend qu’il y a eu des amélioration contre la déforestation depuis, c’est de la poudre aux yeux : en Amazonie la déforestation illégale continue d’avancer, sans parler de l’écocide en Malaisie et en Indonésie pour l’huile de palme, qui ces 20 dernières années a explosé.

D’ailleurs, Obama ne viendra pas : on aurait pu penser qu’il y viendrait pour se faire bien voir pour les élections, mais justement l’écologie est « passée de mode. »

Quant à François Hollande, il viendra mais ne restera pas pour la clôture, ce qui est un signe très fort comme quoi il montre de l’intérêt pour la question, mais n’éprouve pas pour autant le besoin de s’engager.

Il y a donc d’un côté un site internet du gouvernement français consacré à Rio+20, mais aucune volonté derrière.

Ce qui n’empêche tout le monde de savoir que l’on coure à la catastrophe. Achim Steiner, le président du PNUE (programme des Nations unies pour l’environnement) résume bien ce qui apparaît comme une évidence :

« Si la tendance actuelle se poursuit, si les modes actuels de production et de consommation de ressources naturelles perdurent et ne peuvent être inversés, les États connaîtront un degré sans précédent de dégâts et de dégradations. »

Greenpeace, qui est légaliste et espère toujours pouvoir faire avancer les choses, ne peut pas dire autre chose. Le le directeur des politiques publiques de Greenpeace international, Daniel Mittler, n’a pas hésité à se lancer dans une critique complète :

«On nous avait promis « L’avenir que nous voulons » mais maintenant nous serons reconnus uniquement comme une machine polluante qui va cuire la planète, vider les océans et détruire les plantes tropicales. »

Nicolas Hulot ne sera pas à la conférence, c’est aussi un signe de toute une époque. Yann Arthus-Bertrand y sera, mais de manière dépité. Voici ce qu’il dit dans une interview au site Futura-Sciences :

Futura-Sciences : Pensez-vous qu’il sortira de bonnes choses de cette réunion ?

Yann Arthus-Bertrand : Je n’y crois pas… J’ai cru à Copenhague. J’ai cru à Cancùn. Et avant cela le sommet de Rio en 1992 avait été un énorme moment d’optimisme. Mais depuis peu de choses ont été faites. C’est le bilan que nous avons fait dans notre dernier livre, 20 ans après… La Terre ?. En France par exemple, on n’arrive pas à résoudre le problème des algues vertes en Bretagne. Et l’on commence seulement à admettre que les moteurs diesel sont dangereux… À l’échelle de la planète, la surpêche est une catastrophe, surtout avec l’explosion des pavillons de complaisance, quand 1 % de la flotte réalise 50 % des prises. Je suis persuadé qu’il faudrait une gouvernance mondiale pour régler ce genre de problème.

Des progrès ont été réalisés, tout de même, non ?

Yann Arthus-Bertrand : Oui, bien sûr, il y a eu des petits pas. Mais il faut être plus radical. Actuellement, nous sommes dans le déni collectif. C’est très difficile de demander à des pays de faire ce qu’ils ne veulent pas faire… Ici, au Brésil, les problèmes de grande ampleur, par exemple avec la déforestation et le nouveau code forestier. Ce pays en est à 3,5 ou 4 % de croissance annuelle. Dans le monde, beaucoup adoreraient polluer comme la Chine ! L’ampleur de notre impact est devenue énorme. Rendez-vous compte, l’Homme et les animaux domestiques représentent 98 % de la masse de vertébrés sur Terre.

(…)

Est-ce un combat politique ?

Yann Arthus-Bertrand : En un sens oui, mais je ne crois pas beaucoup à l’écologie politique. Pour moi, elle est morte. Il n’y a pas d’un côté les bons et de l’autre côté les méchants. On a souvent trop tendance à demander à l’autre ce qu’on rechigne à faire soi-même…

Yann Arthus-Bertrand a tort, c’est sa pseudo écologie qui est morte, dépassée par l’ampleur de la crise. Des gens comme lui ou Hulot, ou encore Greenpeace, pouvaient faire illusion ces dernières années encore.

Ce qui se passe est simple à comprendre : l’humanité s’est développée et s’est imaginée indépendante de la planète Terre. Elle a pris cette dernière pour un gros caillou, alors qu’elle forme un grand tout abritant la vie de manière équilibrée connaissant des évolutions (d’où notre utilisation du terme symbolique de Gaïa).

C’est cela la question essentielle, qui ne sera pas vue à Rio+20, qui sera ainsi un échec.

Voici enfin pour finir quelques graphiques parlants.

Tout d’abord, voici la progression de l’émission de Co2 entre 1990 et 2010, où l’on voit que l’on suit le scénario du pire…

Ce tableau montre l’érosion des sols: en rouge l’érosion est forte, en jaune elle existe, en blanc la situation est stable (en gris, la zone est sans végétation).

Voici quelques autres statistiques concernant la planète.

Voici enfin une liste de pays pollueurs, où il faut cependant bien noter qu’une bonne partie de la production de la Chine nous est destinée, comme la Chine est « l’usine du monde » travaillant pour des grands groupes d’Europe et des États-Unis. Les gens en Chine sont d’ailleurs aux premières loges pour assister à l’explosion de la pollution…